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Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, le 16 décembre 2024 sur franceinfo.

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Transcription
00:00Revenons sur la priorité numéro 1 du nouveau Premier Ministre, la dette, lors de la passation de pouvoir.
00:05François Bayrou a dit que les 3250 milliards de dettes n'étaient pas seulement un sujet financier, mais aussi un sujet moral.
00:13Vous êtes d'accord avec lui ?
00:14Oui, parce que ce que j'ai appris dans quelques 40 ans de vie publique, c'est qu'on ne peut pas faire de bonnes politiques publiques
00:21si on n'a pas de bonnes finances publiques. C'est la condition sine qua non.
00:25Comment voulez-vous demain financer l'écologie, le numérique, la compétitivité et l'attractivité du pays qui sont en difficulté ?
00:33Si chaque année, vous remboursez 60 milliards, puis 70 milliards, puis 100 milliards d'euros par an, ça nous étrangle complètement.
00:41Et puis, comme le disait Pierre Madès France, les comptes en désordre sont le signe des nations qui s'abandonnent.
00:46Nous reculons avec cette dette. Cette dette, elle est un poids, elle est une asphyxie.
00:52Et il faut absolument que nous retrouvions de l'oxygène et des marges de manoeuvre.
00:55Voilà pourquoi il faut se mettre sur une trajectoire. C'est pas juste une année.
00:59Ça, je le dis, il y a une année compliquée, 2025, mais derrière, il y a des années d'efforts.
01:03Nous avons adressé déjà une trajectoire à Bruxelles.
01:06Elle est probablement un peu caduque, mais il faut qu'elle soit respectée.
01:09Un peu, parce que quand vous étiez venu en avril dernier, déjà, vous nous disiez que pour 2025, l'effort allait devoir être très important.
01:15Or, on prévoyait 5,1. On est au-delà de 6 % de déficit par an.
01:19Je parle de la nouvelle trajectoire, celle qui a été adressée à Bruxelles il y a quelques mois par Michel Barnier,
01:23qui a décalé le retour à 3 % en 2029, et c'est juste.
01:27Mais même pour faire ça, il faut des efforts, et les efforts continuent en 2025 et dans les années qui suivent.
01:32Donc oui, c'est une obligation financière, politique et morale.
01:35Et pour ça, il faut une configuration politique.
01:37Or, l'agence Moody's, quelques heures avant que vous soyez reçu par François Bayrou,
01:42quelques heures après la nomination de François Bayrou, a dégradé la note de la France
01:47en raison de la fragmentation politique.
01:49Ça s'est fait, et c'est exceptionnel, hors calendrier.
01:52D'habitude, on connaît la date longtemps à l'avance.
01:55Est-ce que ça veut dire que cette fois-ci, c'est le signe que c'est grave ?
01:59Ça veut dire que ce qui interpelle, je ne parle pas des agences de notation,
02:03mais les marchés ou la Commission européenne, et tout simplement tous ceux qui nous entourent,
02:07c'est l'instabilité.
02:09L'instabilité politique, l'instabilité financière, l'incertitude économique.
02:14Ces trois choses sont entièrement liées, et il faut les résoudre.
02:17Ce que Moody's a fait, c'est de dire, au fond, jusqu'à présent,
02:20vous aviez une note supérieure à votre degré objectif en termes de finances publiques.
02:25Maintenant, il nous a mis au niveau des autres.
02:27C'est encore une note très convenable, qui nous permet d'avoir un très bon accès au marché,
02:30mais ça veut dire attention.
02:32Ça veut dire, ce que je disais la semaine dernière, dans une autre antenne de votre groupe,
02:36que si on y prend garde, la France se périphérise, la France s'enfonce.
02:40Et c'est encore une fois la raison pour laquelle il faut vraiment traiter d'urgence,
02:44et avec beaucoup de résolution et de compétence, cette question.

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