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Avec Arnaud GALLAIS

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##BRIGITTE_LAHAIE-2025-01-13##
Transcription
00:00:00Bonjour à tous, nous allons passer ces deux heures ensemble sur Sud Radio et nous allons
00:00:10démarrer la semaine en revenant sur un sujet délicat, douloureux pour certains mais indispensable
00:00:16si on veut que les choses bougent.
00:00:18Arnaud Gallet est avec nous durant ces deux heures, il travaille activement pour les droits
00:00:23de l'enfance.
00:00:24Il le dit, il l'a écrit, il a été lui-même abusé durant son jeune âge et il nous expliquera
00:00:29comment on peut mieux prévenir et protéger les enfants afin qu'ils puissent se défendre
00:00:34des pédocriminels.
00:00:35On va travailler donc sur la question de la sexualité et quand on travaille sur la question
00:00:41de la sexualité, on comprend très vite à quel point notre rapport au corps dépend
00:00:45de la manière dont il a été respecté ou pas durant notre enfance.
00:00:49Actuellement, il serait temps qu'on puisse comprendre pourquoi tant de femmes ont des
00:00:53difficultés sexuelles puisque parmi ces femmes, une grande partie ont subi des abus sexuels
00:00:59d'un de leurs proches durant l'enfance.
00:01:01Et puis, je n'oublie pas les hommes parce qu'on sait aussi que de nombreux hommes ont
00:01:06été abusés.
00:01:07Alors, on va en parler parce qu'en parler, c'est déjà une première étape pour aller
00:01:11mieux.
00:01:12Donc, je vous invite, si vous avez envie de témoigner, de nous appeler au 0 826 300 300.
00:01:17Arnaud Gallet, merci, bonjour d'être avec nous durant ces deux heures.
00:01:21Alors, vous avez travaillé aussi sur cette commission qui a beaucoup fait avancer les
00:01:29choses sur la civise.
00:01:30On avance, ça, c'est plutôt une bonne nouvelle, mais il reste encore énormément de travail
00:01:36à faire quand on sait le nombre d'enfants.
00:01:38Je crois que c'est 160 000 par an.
00:01:40C'est un chiffre, mais si ça se trouve, un enfant toutes les trois minutes qui est abusé
00:01:45par souvent, souvent quand c'est des enfants, c'est par des proches.
00:01:49Exactement.
00:01:50Dans 80 % des cas, c'est par un proche, une personne de la famille.
00:01:53Dans 80 % des situations.
00:01:55Alors, justement, vous avez lancé en ce début d'année une campagne.
00:02:00J'ai le petit ruban rose, si je puis dire, entre les mains.
00:02:05L'éducation affective et sexuelle, c'est ton droit.
00:02:07Réclame le à tes profs.
00:02:09Vous pensez que le fait qu'on puisse, dès très jeunes, expliquer aux enfants que leur
00:02:14corps leur appartient, ça peut faire bouger les choses, c'est à dire que ça peut permettre
00:02:18à des enfants abusés d'aller se plaindre ?
00:02:20Ah oui, ça fait partie des préconisations qui ont été faites par la commission indépendante
00:02:24sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants et puis au-delà de ça,
00:02:27c'est inscrit dans la loi.
00:02:28C'est-à-dire que nous, on fait ce sticker en début d'année sur l'éducation et la
00:02:32vie affective, relationnelle et sexuelle pour rappeler qu'il y a une loi qui date de 2001
00:02:36et qu'aujourd'hui, malgré tout, on n'a que 15 % des enfants qui en bénéficient,
00:02:40des élèves.
00:02:41Alors, quand je dis des enfants, il faut savoir que cette éducation et la vie affective, relationnelle
00:02:44et sexuelle, elle est pour des enfants qui sont âgés au collège et lycée et pour les
00:02:50plus petits, il y a de l'éducation et la vie affective, rationnelle et intime.
00:02:53C'est le fameux mon corps, c'est mon corps, mon corps m'appartient, normal, pas normal,
00:02:56ce que font les Québécois depuis 1970 et ce qu'on peine à faire en France parce qu'on
00:03:03se dit qu'il y a des obstacles, etc.
00:03:04Bref, nous, on est là pour dire avec MoveEnfant, nous sommes le Greenpeace de la protection
00:03:07de l'enfance.
00:03:08Les solutions, on les connaît en réalité.
00:03:10C'est-à-dire qu'il y a une loi, la loi, elle est opposable, elle doit être appliquée.
00:03:13C'est comme ça et malheureusement, les établissements privés et publics qui relèvent de l'éducation
00:03:18nationale ne l'appliquent pas.
00:03:19Et ça, c'est inacceptable.
00:03:20Alors, il y a différentes raisons, c'est sûrement des questions aussi de moyens parce
00:03:23qu'on voit bien que les enseignants ne sont pas forcément formés, etc.
00:03:26Oui, c'est pas si simple d'aller parler à des enfants de sexualité ou même d'affectif.
00:03:32Moi, j'ai été regarder sur le site du gouvernement.
00:03:37Je trouve que le projet actuel, il est plutôt bien.
00:03:41Il n'y a pas de question qui pourrait être embêtante par rapport aux différents âges.
00:03:49En plus, c'est très, très ciblé par rapport aux âges des enfants.
00:03:52Non, puis en plus, c'est des questions qui sont quand même assez actuelles.
00:03:55C'est parler aussi de la question du consentement, c'est parler aussi de la question de l'identité
00:03:58de genre.
00:03:59Alors, les gens, des fois, se disent identité.
00:04:00Enfin, il n'y a pas si longtemps, on parlait du jeune Lucas qui a été victime de harcèlement
00:04:03parce qu'il était homosexuel à l'école, sa mère en parle sur les plateaux, etc.
00:04:07C'est de ça, en fait, dont il faut parler.
00:04:09Il faut parler aussi de ce qui est normal et de ce qui ne l'est pas, de ce qui ne l'est
00:04:12pas notamment.
00:04:14Mais c'est important aussi de renvoyer au message, un message aux enfants, un message
00:04:17d'amour.
00:04:18On a le droit de s'aimer.
00:04:19La question du plaisir existe aussi, etc.
00:04:21Et je pense qu'il y a une telle confusion sur le sujet qu'on confond des fois sexualité
00:04:26et violence sexuelle.
00:04:27Il faut qu'on arrête avec ça.
00:04:28Et c'est pour ça qu'il faut commencer dès le plus jeune âge.
00:04:30Il faut que nous, déjà adultes, on soit au cœur.
00:04:32Oui, mais Arnaud Gallais, je crois que la vraie raison qui fait qu'il y a tellement
00:04:36de gens qui sont tout de suite inquiets ou voire complètement contre, c'est parce que
00:04:41les gens ne sont pas très à l'aise dans leur sexualité.
00:04:44Ça les renvoie à des trucs qu'ils n'ont pas du tout travaillés et ils ont l'impression
00:04:50qu'on va pervertir les enfants.
00:04:51Exactement.
00:04:52Non, mais c'est exactement ça.
00:04:53Et je pense que c'est pour ça qu'il faut quelque chose de beaucoup plus large.
00:04:55Il faut appliquer la loi et il faut aussi être en capacité de voir comment au niveau
00:04:59de la société est-ce qu'on parle de tous ces sujets-là, quand on parle notamment des
00:05:03violences sexuelles.
00:05:04Et c'est important de le rappeler.
00:05:05Quand on est victime, comme moi je l'ai été, comme bien d'autres enfants, on a des séquelles
00:05:09quasiment toute sa vie.
00:05:10Donc ça signifie que c'est important en fait de...
00:05:13Des séquelles, notamment sur le plan de la santé, je crois que c'est ça qui est important.
00:05:17Et ça, je peux le confirmer depuis que je travaille sur ce sujet, pratiquement toutes
00:05:22les personnes qui ont été maltraitées, pas forcément par abus sexuels, maltraitées
00:05:27physiquement, psychiquement, ont une santé plus précaire et ont parfois même des graves
00:05:33problèmes de santé à cause justement d'une maltraitance, d'un manque de sécurité durant
00:05:37l'enfance.
00:05:38Et d'ailleurs, la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites
00:05:42aux enfants l'a démontré.
00:05:43On nous a dit que uniquement dans 8% des cas, on a recueilli 33 000 témoignages, dans
00:05:488% des cas, uniquement les personnes ont bénéficié d'un soutien social positif.
00:05:54C'est-à-dire qu'on a dit à un enfant, je te crois, je te protège, d'accord ? Et quand
00:05:57on a dit à un enfant, je te crois, je te protège, dans 62% des situations, il n'y a aucun impact
00:06:03sur la santé physique et psychique.
00:06:04Ça veut dire quoi ? Ça veut dire dans 92% des cas, donc plus de 9 fois sur 10, on dit
00:06:08très souvent à un enfant, je te crois, mais je ne te protège pas parce que ça va faire
00:06:11exposer les familles, parce que tu l'as peut-être cherché, c'est un enjeu, tout ce qu'on veut,
00:06:14tout le truc qui nous arrange…
00:06:15C'est pas si grave…
00:06:16C'est pas si grave…
00:06:17T'es pas la première…
00:06:18C'est du passé, tout le truc.
00:06:19Voir que t'es un menteur, t'es une menteuse.
00:06:21Et là, on se rend compte de quoi ? Dans 100% des situations, il y a un impact sur la santé.
00:06:25Alors, quel est l'impact ? Une personne sur deux déclare avoir fait une tentative de
00:06:29suicide.
00:06:30On prend des risques beaucoup plus grands aussi, en tant qu'adolescent, par exemple, au moment
00:06:35de l'adolescence.
00:06:3640% des personnes déclarent avoir une ou plusieurs addictions.
00:06:38Une personne sur deux déclare également avoir des troubles alimentaires.
00:06:42Il y a encore eu des témoignages, là, récemment, de personnes qui disaient effectivement avoir
00:06:46un rapport au sucre, etc., différentes choses, en lien, justement, avec des violences sexuelles
00:06:50vécues.
00:06:51Bref, il y a des tabous par rapport à ça.
00:06:5240% des femmes, important aussi, disent avoir des troubles gynéco.
00:06:55Bref, on est sur un problème de santé publique majeur qui fait que malheureusement, en France,
00:06:58et c'est le cas d'ailleurs de la situation, d'ailleurs, pour rester un peu dans l'actu,
00:07:02avec Gisèle Pellicot, je veux dire, elle rencontre des personnes, personne se dit au bout d'un
00:07:06moment, tiens, il y a peut-être quelque chose derrière.
00:07:07Non, non, on reste aux symptômes, etc., sans se dire à un moment donné qu'il peut y avoir
00:07:10autre chose.
00:07:11Il faut qu'on arrête, en fait, avec ça.
00:07:12Donc, il faut des vraies politiques publiques qui permettent, au bout d'un moment, de dépister,
00:07:16tout simplement, de se dire que derrière certains symptômes...
00:07:18Et parce que, je crois que dans cette émission, on en parle souvent, si on comprend pourquoi
00:07:23on a tels symptômes au niveau du corps, on arrive à avancer et à aller mieux.
00:07:28Exactement.
00:07:29Donc, c'est quand même essentiel.
00:07:30Exactement.
00:07:31Et donc, on peut.
00:07:32Et donc, ça, c'est un message d'espoir aussi.
00:07:33Moi, c'est le message que je porte aussi aujourd'hui en tant qu'enseigne victime, c'est-à-dire
00:07:36que je pense qu'on peut, et c'est important, vivre avec, tout du moins, et se dire que
00:07:40ça fait partie de notre construction.
00:07:41Et donc, il y a des réponses qui peuvent être apportées.
00:07:43Par contre, ce qui est sûr aujourd'hui, c'est que ça relève uniquement des capacités
00:07:46de résilience de chacun.
00:07:47Et ça, ce n'est pas normal.
00:07:48Dans un État de droit, dans un État de providence, on devrait être en capacité, théoriquement,
00:07:51de se dire, tiens, finalement...
00:07:52Oui, enfin, on n'est pas égaux.
00:07:53On le sait très bien, on n'est pas égaux face à la dépression, on n'est pas...
00:07:56Oui, bien sûr, mais enfin, quoi qu'il en soit, il y a quand même des gens qui ont...
00:08:00Enfin, moi, j'entends des personnes qui ont subi des choses bien plus graves et qui s'en
00:08:04sortent, et d'autres qui ont subi des choses moins graves et qui, pourtant, sont complètement
00:08:08effondrées.
00:08:09Donc, ça, c'est aussi...
00:08:10Je suis entièrement d'accord.
00:08:11Malheureusement, on n'est pas égaux, mais, en effet, on pourrait, au moins, tous avoir
00:08:18la possibilité d'être aidés et d'être pris en charge, évidemment.
00:08:22Et puis, ce que je crois qu'il faut bien comprendre, les blessures qu'on a subies
00:08:26durant l'enfance, ça laisse des traces, ça laisse des cicatrices, mais on peut toujours
00:08:30aller mieux et ça va être, peut-être, ce qu'on va essayer de transmettre durant ces
00:08:33deux heures, Arnaud Gallet.
00:08:34Ça vous va ?
00:08:35Exactement.
00:08:36Très bien.
00:08:37Merci.
00:08:38Bon, et bien, si vous avez envie de témoigner, vous, nous appelez au 0 826 300 301, tout de suite.
00:08:41Arnaud Gallet est avec nous, membre de La Civise et on évoque, donc, les violences
00:08:57sexuelles sur les enfants pour, justement, faire tomber ce tabou et puis aider ceux
00:09:05qui nous écoutent à aller mieux.
00:09:07Belinda, merci de témoigner.
00:09:09Bonjour.
00:09:10Bonjour.
00:09:12Bonjour.
00:09:13Bonjour.
00:09:14Bonjour.
00:09:15Belinda, on entend déjà à votre voix et à la façon dont vous commencez le témoignage
00:09:21que vous avez été victime, évidemment.
00:09:23Oui, j'ai été victime, il y a six ans.
00:09:26Six ans.
00:09:27J'ai été victime, donc, d'abus sexuels par mon père et mon grand-père.
00:09:32D'accord.
00:09:33Quand vous dites votre père et votre grand-père, c'est-à-dire qu'en même temps, j'imagine,
00:09:40les deux ont abusé de vous, c'est ça ?
00:09:43Oui, alors, c'est pratiquement en même temps.
00:09:47Mais, je veux dire, ils étaient conscients tous les deux de le faire ou est-ce que c'était
00:09:53séparément ?
00:09:54Alors, c'était séparément, mais je pense que mon père avait, de son côté, subi des
00:09:58abus sexuels au sein de l'âme.
00:10:01Oui, c'est ça, d'accord.
00:10:02C'est-à-dire que votre grand-père avait l'habitude d'abuser les enfants et votre
00:10:08père, ayant été abusé, vous a abusé.
00:10:11C'est ce que je pense, après, je n'ai pas de certitude.
00:10:16Non, non, mais c'est fort probable, bien sûr.
00:10:18Quand on parle des pires traumas, effectivement, ce qu'il en reste quand on grandit, c'est
00:10:25qu'on a besoin d'une lumière pour dormir.
00:10:26Oui, ça c'est vrai, c'est important ce que vous dites.
00:10:30Oui, on a besoin d'une lumière pour dormir, on a besoin d'avoir la porte ouverte.
00:10:35Ça peut même créer des insomnies importantes pour certaines personnes.
00:10:43On a aussi, par rapport au rapport sexuel qu'on peut avoir avec un homme après, besoin
00:10:47qu'il soit en caleçon mais qu'il ne se promène pas tout nu.
00:10:50Bien sûr.
00:10:51Pour moi, c'est dans les pires traumas.
00:10:54C'est quelque chose.
00:10:55Et après, il y a le corps.
00:10:57Comme vous l'entendez parler tout à l'heure, il y a le corps où, au niveau du corps, on
00:11:05a énormément de complexes, on ne s'aime pas, on n'aime rien, on a tendance à avoir
00:11:10recours à la chirurgie optique pour plein de choses.
00:11:13Et je me rappelle...
00:11:15Oui, alors, ça dépend des personnes, mais vous, en tout cas, vous avez eu un dégoût
00:11:20de votre corps, on pourrait dire, on pourrait aller jusqu'à là.
00:11:23Ah oui, oui, oui, encore aujourd'hui, d'ailleurs.
00:11:26Donc, on ne le respecte pas, j'imagine.
00:11:29Tout à fait, ça.
00:11:31Ce qui est sûr, c'est que quand on est victime d'inceste, on parle très souvent d'un crime
00:11:36contre l'humanité du sujet, c'est-à-dire que vous avez et cette question de violence
00:11:40sexuelle qui est fondamentale avec toutes les répercussions que ça peut avoir sur
00:11:42vous, sur votre grandissement, sur votre vie par la suite de femmes, etc.
00:11:45Et puis, par ailleurs, vous avez aussi cette question du lien d'attachement, c'est-à-dire
00:11:49que les personnes qui commettent ces actes sont des personnes qui, théoriquement, devraient
00:11:52justement vous apporter une forme de sécurité.
00:11:54Donc, ça signifie que pour l'enfant, on ne le dira jamais assez.
00:11:57Et donc, pour l'adulte par la suite, donc l'enfant qui devient adulte, ça a des conséquences
00:12:01qui sont terrifiantes et vous avez raison, le fait, vous voyez, moi-même, j'ai donc
00:12:05été victime d'un double inceste, je vois très bien ce dont vous parlez, c'est vrai
00:12:08que le fait de rester la porte ouverte, d'avoir la lumière, etc., des choses comme ça, c'est
00:12:12des choses qu'on peut avoir et qu'on garde, qu'on peut garder très souvent, sur lesquelles
00:12:15on peut travailler aussi avec des psys, etc.
00:12:17C'est important de le rappeler.
00:12:18Néanmoins, c'est vrai qu'il y a des conséquences qui sont quand même assez importantes et vous
00:12:21faites bien de le souligner, mais je me permets juste de rajouter que, vraiment, nous on l'a
00:12:25dit au niveau de la civise, c'est-à-dire que de la commission indépendante sur l'inceste
00:12:28et les violences sexuelles faites aux enfants, on parle bien d'un crime contre l'humanité
00:12:31du sujet, au sens où l'enfant est complètement dévasté aussi, parce que les adultes de
00:12:37référence sont des agresseurs et donc ça signifie que c'est un bouleversement atroce
00:12:42sur lequel on ne peut pas forcément avancer.
00:12:43Comment fait-on confiance quand on a, très jeune, ne pas pu faire confiance à notre
00:12:49père ou à notre oncle, enfin bref, à un adulte ?
00:12:52Exactement.
00:12:53Alors ça c'est compliqué parce que quand on a soi-même, après, des enfants, sur le
00:12:59fil, et bien on est toujours en train de dire à sa fille ce que vous disiez tout à l'heure,
00:13:04ton corps t'appartient, personne n'a le droit de le toucher, ni ton frère, ni ton père,
00:13:08ni ton grand-père, voilà, personne ne t'appartient et ça c'est quelque chose qu'on fait en
00:13:13répétitif et on est dans une surprotection qui n'est peut-être pas très bonne.
00:13:16Oui mais du coup vous cassez le cycle, donc ça veut dire que c'est pas très bon peut-être
00:13:22parce que des fois, mais ça veut dire que le message il est quand même bon, mieux vaut
00:13:24passer ce message-là, à mon sens, que passer un autre message qui viserait à ne rien dire.
00:13:29Alors que là finalement, certes, on peut se dire des fois on peut être un peu excessif,
00:13:33je vois très bien de quoi vous parlez, mais je pense que des fois mieux vaut être excessif
00:13:35de ce côté-là, quidès que le message passe quand même, qu'être dans le sens inverse
00:13:40où on ne fait pas grand-chose.
00:13:41Vous voyez ce que je veux dire ? Moi je pense que c'est important quand même et c'est
00:13:43une manière, et très souvent on dit d'ailleurs, parce que l'inceste on parle souvent en fait
00:13:46d'une répétition en fait par cycle au niveau générationnel etc.
00:13:50Et pour que ça soit cassé à un moment donné, il faut des personnes comme vous, comme moi
00:13:54je pense aussi et bien d'autres, qui sont en capacité de rompre ce cycle-là et finalement
00:13:58vos propos c'est ça aussi, c'est-à-dire transmettre ce message-là, c'est le message
00:14:01que vous aurez peut-être bien aimé pouvoir entendre vous, enfant, et que vous n'avez
00:14:05pas entendu et donc qui vous est exposé à votre père et votre grand-père, donc agresseur
00:14:12bien sûr.
00:14:13Mais après moi c'est vrai que bon, ce que j'ai fait, j'en ai parlé à mes enfants.
00:14:16Quand ils ont été en Asie, le poids en Asie, j'en ai parlé à mes enfants.
00:14:19C'est bien, parce que d'abord du coup ils ont compris pourquoi vous les avez un peu
00:14:23surprotégés, et puis ensuite il n'y a rien de pire que les non-dits, parce que les enfants
00:14:30sont des vraies éponges et ils devinent beaucoup de choses.
00:14:32Et vous Belinda, visiblement vous avez travaillé sur ces abus, qu'est-ce qui vous a le plus
00:14:42aidé à aller mieux ?
00:14:44Alors honnêtement, je me suis donné un coup de pied aux fesses.
00:14:53Vers quel âge à peu près ? Et qu'est-ce qui vous a fait prendre conscience qu'il fallait
00:15:01vous donner un coup de pied aux fesses ?
00:15:02Que la vie, j'avais vécu ça, de toute façon, ça ne partirait jamais, de toute façon,
00:15:10c'était quelque chose de soi, ça m'a aidé à avancer, à grandir, et à évoluer autrement.
00:15:14D'ailleurs j'ai choisi un métier qui me correspondait, puisque j'ai été famille d'accueil pour
00:15:20enfants abusés.
00:15:21D'accord.
00:15:22Oui, oui, donc vous avez réparé à travers les autres aussi.
00:15:26Alors non, je vous arrête tout ce qu'il dit, je t'ai rien réparé, pas avec les enfants
00:15:33qui ont été abusés, parce que je n'ai pas tout mélangé, leur histoire était leur
00:15:37histoire et la mienne était mon histoire.
00:15:39Bien sûr, mais d'une certaine manière, on n'est jamais quelque part par hasard, Belinda.
00:15:44Regardez-moi ce que je fais aujourd'hui, je ne peux pas dire que mon engagement sur
00:15:48la protection des enfants, ça ne concerne pas non plus l'enfant que j'étais.
00:15:51Mais le mot était peut-être un peu fort quand je dirais pareil, je comprends ce que
00:15:55vous voulez dire Belinda, je comprends, mais ce qui est intéressant quand même à dire
00:16:02Belinda, c'est qu'aujourd'hui, ça rentre quand même dans le langage courant.
00:16:08Est-ce que vous ne pensez pas quand même qu'aujourd'hui, le fait qu'on en parle dans
00:16:13beaucoup de médias, qu'il y a des films qui ont été faits, des livres qui sont sortis,
00:16:17ça permet quand même plus, peut-être que quand vous aviez par exemple, quand vous étiez
00:16:23adolescente, vous auriez peut-être plus facilement vous donné un coup de pied au cul plus tôt,
00:16:28si je puis dire ?
00:16:30Alors certainement, parce que c'est vrai que moi je me suis dit ouf, enfin on parle
00:16:34de l'inceste, enfin on parle du viol, parce qu'on parlait toujours du sida, on parlait
00:16:37de plein de maladies, mais ça on n'en parlait pas.
00:16:40Et vraiment, quand chez moi j'ai commencé à voir des choses à la télé ou des panneaux
00:16:45publicitaires qui parlaient du viol, de l'inceste, j'ai trouvé ça extraordinaire, enfin on
00:16:50peut sortir de ce silence, et ça casse un peu, moi je sais que personnellement je trouve
00:16:57ça très bien.
00:16:58C'est indispensable, parce que ça correspond quand même à beaucoup de monde, et si on
00:17:01veut que les gens aillent mieux, il faut les réparer.
00:17:05On parle de 11% de la population française, il y a un dernier sondage d'Ipsos qui est
00:17:09sorti en septembre dernier, qui nous parle de 11% de la population française, ce qui
00:17:13est quand même énorme, c'est-à-dire qu'on a, et c'est pour ça qu'on parle aujourd'hui
00:17:16de 3 enfants par classe, c'est d'où encore une fois pour revenir à la question de l'éducation,
00:17:20à la vie affective, relationnelle et sexuelle, c'est comment est-ce qu'on intervient aussi,
00:17:23comment est-ce qu'on va chercher des enfants aujourd'hui victimes chaque année, on parle
00:17:27au bas mot de 160 000 enfants, c'est vraiment au bas mot, quand on regarde bien le nombre
00:17:31de plaintes qui ont été déposées, on voit bien que c'est fourchette basse, et je pense
00:17:36qu'on a effectivement tout un travail considérable qu'il y a à faire, mais ce qui participe
00:17:40grandement, vous l'avez dit, c'est aussi je pense, et c'est pour ça que je vous rejoins
00:17:43pleinement dans votre témoignage, c'est le fait de pouvoir aussi entendre des personnes
00:17:46parler, on voit qu'il y a une forme de pouvoir d'identification très souvent, moi je l'ai
00:17:50très souvent, y compris quand je vais dans des classes pour me présenter, il y a très
00:17:55souvent des enfants qui ont le courage de parler aussi, parce qu'ils s'identifient
00:17:59en adultes, j'ai eu le cas même dernièrement pour le partager avec vous, dans un centre
00:18:03éducatif fermé avec un jeune sous main de justice, qui m'a entendu parler de mon histoire,
00:18:10il m'a dit pourquoi tu parles de mon histoire, et c'est quelque chose qui m'a vraiment marqué.
00:18:14C'est touchant, oui.
00:18:15Et oui, et je pense que ce jeune-là finalement, il nous expliquait aussi qu'il avait toutes
00:18:19les meilleures raisons, il avait été victime par son père, et il avait toutes les bonnes
00:18:23raisons de vouloir alerter la société en faisant tout et n'importe quoi, sauf qu'on
00:18:28était, encore une fois, incapable de l'entendre, et donc il avait fait toutes les structures
00:18:31de la PGJ, comme on dit, Protection Judiciaire de la Jeunesse, sauf qu'on n'était pas capable,
00:18:36nous la société, de pouvoir le protéger par rapport à ça.
00:18:38Et ce jeune-là, juste après ça d'ailleurs, juste après cet échange avec moi, est tombé
00:18:43dans une grande dépression, il n'a pas récidivé tel qu'il l'avait fait jusqu'à présent,
00:18:45je touche du bois pour le dire de cette manière-là, parce que c'était vraiment une très très
00:18:48belle rencontre, et je pense qu'on ne le dit pas assez, donc il y a quand même une vraie
00:18:52réflexion qui a mené au-delà de ça, au niveau de la prévention, sur aussi la force
00:18:55du témoignage, la force du témoignage de personnes adultes, qui renvoie aussi une forme
00:18:59d'espoir, c'est-à-dire qu'on peut vivre avec, et oui, par moments c'est difficile, et Brigitte
00:19:03le disait tout à l'heure, à juste titre, on n'est pas égaux, dans le sens où il y
00:19:06a des personnes qui des fois vont extrêmement mal, d'autres personnes, moi je suis un peu
00:19:09comme vous, je vais le dire de cette manière-là, moi aussi, je me suis mis un coup de pied
00:19:12aux fesses pour le dire de cette manière-là, en me disant, voilà, il faut absolument que
00:19:15j'arrive à faire quelque chose de ma vie, etc., parce que je ne voulais pas que mes
00:19:19agresseurs aient gain de cause, mais ça fait partie de notre manière, en fait, de
00:19:23vivre les choses, donc il faut vraiment qu'on continue, je pense, de manière assez importante
00:19:29à communiquer, à parler, à ce qu'il y ait des témoignages, etc., après, effectivement,
00:19:34la clé derrière, on voit bien qu'il y a toujours un décalage des fois entre ce que
00:19:37demande la société et là où en sont les pouvoirs publics, faisons le vœu, effectivement,
00:19:40que les choses avancent.
00:19:41Les choses avancent, absolument.
00:19:42Exactement.
00:19:43Merci en tout cas, Belinda, d'avoir pris la parole, et on se retrouve dans un instant
00:19:46avec le Love Conseil.
00:19:48Avec Arnaud Gallet, aujourd'hui, nous parlons des abus sexuels sur les enfants et comment
00:19:52agir et avancer pour les combattre.
00:19:55Vous voulez réagir, rappelez-nous au 0 826 300 300.
00:20:07Arnaud Gallet, ça va peut-être vous plaire, ce Love Conseil, la bonne manière de demander,
00:20:11parce que la manière de demander est plus importante que ce qu'on demande réellement
00:20:16parce qu'on demande quelque chose à quelqu'un.
00:20:18Si on a tendance à exiger un petit peu, on risque plus qu'on nous refuse ce qu'on
00:20:26demande.
00:20:27Donc, c'est important de bien demander, surtout si c'est quelque chose d'important
00:20:31pour vous.
00:20:32Alors, la plupart du temps, les gens qui ne savent pas bien demander, c'est parce
00:20:36qu'ils ne supportent pas qu'on leur dise non et alors ils attendent, ils attendent
00:20:38et puis tout d'un coup, ça sort de manière presque un petit peu agressive.
00:20:42Ce qui est important, c'est de faire une demande ouverte qui laisse quand même toujours
00:20:46à l'autre la possibilité de dire non, sans que ce soit non à vous personnellement
00:20:50qu'ils disent non, mais à la demande que vous avez faite.
00:20:53C'est assez important de faire la différence entre ce que l'on demande et qui on est.
00:21:00Et donc, c'est pour ça que je vous conseille toujours de bien réfléchir et de faire une
00:21:04demande suffisamment claire, suffisamment formulée.
00:21:08Et si l'autre vous dit non, c'est pas qu'il n'a pas voulu vous satisfaire, c'est
00:21:12simplement parce que peut-être d'abord, il n'a pas entendu réellement ce que vous
00:21:16demandiez, ce que vous désirez.
00:21:17Donc, parfois, c'est même bien de s'exercer à voix haute tout seul pour essayer de faire
00:21:23sa demande, surtout si vous avez tendance à être anxieux.
00:21:27Et puis, une demande qui est faite avec un peu de peur, c'est aussi souvent assez mal
00:21:34compris.
00:21:35Donc, apprenez à demander, ça s'apprend comme tout.
00:21:39C'est important, c'est d'autant plus important ce que vous dites là, que ça rejoint toute
00:21:44la question aussi du plaisir, etc., différentes choses qui sont essentielles quand même,
00:21:47dans lesquelles on a tous besoin, on a tous nos envies, bien sûr.
00:21:51Si vous appuyez sur la demande sexuelle d'un rapport sexuel, oui, vous avez raison, elles
00:21:57sont souvent mal formulées ces demandes.
00:21:59Il y a ça, mais au-delà de ça, je pense qu'il y a des fois des jeux de représentation
00:22:03qui ne sont pas évidents.
00:22:04Et je pense qu'effectivement, bien pouvoir exprimer les choses, c'est quelque chose
00:22:06qui est essentiel pour mieux comprendre et pour qu'on puisse vivre ensemble.
00:22:10Je pense que de manière globale, ne serait-ce que le sentiment amoureux, en tant que tel,
00:22:14c'est des enjeux, pour moi, je pense, de représentation et qui sont essentiels parce
00:22:18que là encore, bien souvent, on confond un peu tous les tabous et on ne redirigera jamais
00:22:22assez.
00:22:23Quand il y a conflit, il n'y a pas violence et quand il y a violence, il n'y a pas conflit
00:22:27et autre.
00:22:28Et donc, ça veut dire qu'on a le droit aussi de s'aimer et c'est important.
00:22:30C'est pour ça, je pense qu'il y a vraiment un choix de société à faire et le choix
00:22:34de société, il est de lutter contre les violences, mais il est aussi de se dire qu'on a le droit
00:22:37de s'aimer.
00:22:38On a le droit d'exprimer nos sentiments et ça, je pense que c'est important.
00:22:40Bien sûr, parce que l'amour va vers la paix et la haine va vers la guerre.
00:22:46Donc, il faut savoir si on a envie qu'il y ait plus de paix dans ce monde, il y a du
00:22:50boulot.
00:22:51Sophie, bonjour.
00:22:52Oui, bonjour Christine, bonjour Arnaud, bonjour Brigitte, pardon.
00:22:55Pourquoi vous m'appelez Christine ? C'est intéressant.
00:22:58Non, non, j'avais un document sous les yeux, je m'appelle Christine, excusez-moi.
00:23:05D'accord, d'accord.
00:23:06Merci de témoigner, c'est votre père aussi qui a abusé de vous et de vos soeurs, c'est
00:23:12ça ?
00:23:13Oui, c'est ça, exactement.
00:23:14Alors, ce que j'aurais envie de dire, c'est que le pire dans ces cas d'inceste là, alors
00:23:20bien sûr, j'imagine que tous les incestes ne se ressemblent pas, mais je pense que de
00:23:23nombreuses personnes vont se reconnaître.
00:23:25Le pire, ce n'est pas l'acte en lui-même, parce qu'on pourrait penser de Trémaborg
00:23:30que le pire est d'avoir des relations sexuelles ou intimes avec son père, mais pour moi,
00:23:35pas du tout en fait.
00:23:36Le pire, c'est la déstructuration qui accompagne l'inceste sur le long terme.
00:23:41C'est vraiment quelque chose de… c'est un mal qui vous ronge en fait, et votre personnalité
00:23:48est détruite et vous avez un sentiment d'ambivalence, du moins c'était mon cas.
00:23:53Alors, je l'ai analysé de la façon suivante, c'est-à-dire que la figure du père, c'est
00:24:00le socle un petit peu sur lequel on devrait pouvoir se reposer.
00:24:04S'appuyer en tout cas, oui.
00:24:05Voilà, s'appuyer, oui, du moins, et lorsqu'il se produit un inceste, on conçoit de la colère,
00:24:12on conçoit du dégoût, ce qui est tout à fait normal, mais par ailleurs, on aime son
00:24:16père quand même, surtout si comme le mien, il avait des qualités que je reconnais encore
00:24:23à ce jour, ce qui ne rend pas moins innommable l'inceste, mais donc on se sent coupable
00:24:30parce qu'on se sent mal de concevoir ces sentiments à l'endroit de cette personne-là.
00:24:34Je pense que ça peut induire également des sentiments, je dis ça entre guillemets, « pervers »
00:24:41dans le sens où on sait que quelque part on prend la place de sa mère, donc il y a
00:24:46peut-être une rivalité aussi qui s'installe là, et ça c'est extrêmement toxique parce
00:24:54qu'on aime aussi sa mère, mais en même temps on est jalouse, et en même temps, c'est
00:24:58un autre serpent.
00:24:59Pour moi, c'est un petit peu comme une maison qu'on est en train d'édifier, et si on
00:25:06brise les fondations, on peut continuer à construire plus ou moins, il y a des murs
00:25:10qui vont s'effondrer, il y a la toiture qui ne va pas tenir.
00:25:14Ce que vous dites là est très important, je pense que c'est aussi toute la question
00:25:21de l'emprise en réalité qui est posée, et on ne le dira jamais assez, en fait très
00:25:25souvent sur les violences faites aux enfants, violences sexuelles faites aux enfants, il
00:25:29n'y a pas forcément de violences physiques, c'est-à-dire qu'il y a une dimension d'emprise,
00:25:33et vous dites après, avec tout ce jeu qui peut être très insitueux, de se dire « on
00:25:39l'entend, on a un témoignage de rivalité avec la maman », tout ce truc-là, où normalement
00:25:44on s'accommode d'une forme de réalité, je le disais hors antenne juste avant, j'ai
00:25:48été victime entre l'âge de 8 ans et 11 ans, et j'ai cru que c'était comme ça
00:25:51qu'on apprenait à faire l'amour.
00:25:52C'est ça, c'est exactement ça, mais qu'est-ce qu'on nous a appris ? On nous
00:25:57a appris qu'il y avait une loi, qui était la loi pour les gens, le pape, et il y avait
00:26:03la loi pour les gens comme nous, qui étaient un petit peu à part, qui comprenaient les
00:26:06choses, donc on pouvait s'accommoder d'une certaine liberté, et donc en fait c'était
00:26:13un cadeau qu'on nous faisait, et donc on était bien ingrats.
00:26:18Bien sûr, de toute façon, l'adulte, lorsqu'il abuse d'un enfant, il le manipule, il lui
00:26:27raconte évidemment des choses qui, quand on est enfant, a priori on n'a aucune raison
00:26:31de ne pas croire la parole de l'adulte, on n'a pas encore une vraie réflexion de
00:26:38ce que c'est que la vie, et donc ça fausse aussi tous les repères, mais votre mère
00:26:46dans l'histoire, vous avez l'impression qu'elle était... qu'est-ce que vous en
00:26:51diriez, parce que vous parlez beaucoup de votre père, mais...
00:26:53Alors ma mère, certaines de mes sœurs me veulent beaucoup d'avoir de l'indulgence pour
00:26:58elle, j'ai beaucoup d'indulgence pour elle parce qu'elle a été élevée au courant,
00:27:03dans une famille très traditionnelle, j'ai rien contre, ça peut avoir ses bons côtés,
00:27:08et en l'occurrence, elle était un peu nunuche, disons, et il y a une anecdote qui m'a frappée,
00:27:17qu'elle m'a racontée quand elle était déjà très âgée, elle me disait que quand
00:27:21elle était au courant, ses camarades lui demandaient, enfin, s'arrangeaient pour
00:27:26aller voler des oranges au cellier, et c'était toujours elle qu'on envoyait, et là je me
00:27:31suis dit, tiens, là, il y a quelque chose, déjà elle devait être perçue comme quelqu'un
00:27:38qui allait s'aider, c'est la soumise née, mon père l'a rencontrée, elle avait 14 ans,
00:27:45je pense qu'il l'a forgée à son image, si elle avait rencontré quelqu'un d'autre,
00:27:49elle n'aurait pas du tout été comme ça, je pense qu'elle a été dans le déni de
00:27:53tout le savier, parce qu'on a essayé toutes de lui en parler, elle n'a jamais voulu admettre
00:27:58quoi que ce soit, mais ce qui est assez classique, et moi j'ai le sentiment, c'est un thérapeute
00:28:04qui m'a ouvert les yeux, qui m'a fait beaucoup de bien ce monsieur, j'étais allée le voir,
00:28:11je crois que j'y étais 3 ou 4 fois, donc je lui ai expliqué quand j'avais connu ma
00:28:16soeur, c'est quand j'étais petite, et que ma mère n'avait jamais rien su, et là, il
00:28:22s'est mis en colère, alors je sais très bien que lui-même ne s'est pas mis en colère,
00:28:28il a voulu me montrer qu'il était en colère, pour que je percute, et j'ai percuté, il
00:28:33m'a dit absolument pas, il m'a bien expliqué, alors j'imagine que ça doit pouvoir arriver,
00:28:40qu'une mère ne sache pas, mais quand ce sont des incestes répétés comme ça sur
00:28:43le long terme, les mères savent.
00:28:46En tout cas, elles peuvent ne pas vouloir voir, mais il y a une part inconsciente forcément
00:28:53qui voit bien sûr.
00:28:54C'est ce que je veux dire, et donc, je ne le mélange pas, parce que je vous dis, il
00:28:59l'a fait à son image.
00:29:00Oui, et puis, il faut savoir aussi que chez les pédocriminels, on va répéter ce mot
00:29:07autant de fois qu'il faudra, il y a souvent une part de manipulation sur les enfants,
00:29:11mais évidemment aussi sur leurs conjointes, de toute façon, donc sur une femme comme
00:29:17vous la décrivez, soumise, c'est assez facile de la manipuler et de la mettre à côté,
00:29:23et de s'arranger pour qu'elle ne puisse pas voir.
00:29:25C'est bien pour ça qu'on parle d'une stratégie de l'agresseur, c'est-à-dire que l'agresseur,
00:29:29pour parvenir à ses fins, va agir sur tout un milieu, que ce soit d'ailleurs le milieu
00:29:34social.
00:29:35On peut prendre un exemple quand même extraordinaire, l'exemple de l'abbé Pierre, c'est exceptionnel
00:29:39quand même.
00:29:40Dans quelque chose où on a quelqu'un, on voit bien, il y a encore un reportage qui
00:29:44vient de sortir justement là-dessus, où c'est quelqu'un à qui on donnait le bon
00:29:47dieu sans confession, mais justement, c'est parce qu'on lui donnait le bon dieu sans
00:29:49confession qu'on aurait dû effectivement être génant.
00:29:51C'est comme les escrocs, ils ont toujours l'air très sympathiques.
00:29:54Et là, je regardais hier soir justement, il y a un documentaire qui est sorti, Ligne
00:29:58Rouge, et qui montrait bien qu'il y a même, on parle des personnes vulnérables bien entendu,
00:30:02on se dit, ok, on comprend la stratégie, mais même des journalistes, en se disant,
00:30:07tiens, ça y est, il y a personne qui n'osait pas parler en se disant, mais je suis peut-être
00:30:11la seule à qui il a fait ça, donc j'ai pas envie vu ce qu'il fait, etc.
00:30:14Et donc lui, il parvenait à tout faire en fait, grâce au statut social qui lui était
00:30:19donné, c'est-à-dire c'était le bon dieu.
00:30:21Donc c'est intéressant parce que le père de famille, c'est un peu la place quand même
00:30:25qu'il peut occuper.
00:30:26Vous savez bien, Arnaud Gallet, quand il y a quelqu'un qui tue ou qui fait des actes
00:30:32horribles, il y a les voisins qui disent, pourtant il était si gentil, etc.
00:30:37Les monstres ont souvent une parure d'agneau et le loup est à l'intérieur, et c'est pour
00:30:44ça qu'il peut dévorer autour de lui.
00:30:46Et c'est pour ça que la société, d'ailleurs, a du mal à avancer après en se disant, non
00:30:49mais quand même, il a quand même fait des choses bien, l'abbé Pierre c'est typique.
00:30:52Quand même.
00:30:53Quand même, oui.
00:30:54Il a été saint par personne, il se dit à un moment donné que c'est un peu d'ailleurs
00:30:56une tromperie monumentale, parce qu'au passage ça a permis de récolter quelques loups.
00:31:01Et c'est d'autant plus grave, et c'est ce que dit Sophie très justement, et merci Sophie
00:31:05d'évoquer justement l'ambivalence.
00:31:07Vous aviez un père, un bon père, gentil, sans doute brillant, et en même temps vous
00:31:13aviez le loup à l'intérieur de ce bon père, et c'est toute l'ambivalence que vous racontez
00:31:17avec beaucoup de justesse.
00:31:20Merci.
00:31:21Et c'est ça qui est dur, et je veux ajouter, ça ne sert à rien, mais que mon père s'est
00:31:26excusé auprès de moi.
00:31:27Ben si, c'est quand même pas mal.
00:31:29J'en avais à rêver, mais oui, c'est...
00:31:32Tout reste à savoir, s'il s'est excusé réellement et qu'il vous a demandé pardon, ou si c'est
00:31:38encore une manipulation de sa part.
00:31:42La question est ouverte, mais...
00:31:44Écoutez, en tout cas ça vous a fait du bien, c'est ça qui compte.
00:31:48Tout à fait.
00:31:49On est bien d'accord.
00:31:50Merci beaucoup Sophie, merci beaucoup.
00:31:52On fait une petite pause, on se retrouve dans un instant.
00:32:06Arnaud Gallet est avec nous, et nous évoquons donc l'inceste, les abus sexuels sur les
00:32:12enfants, et je rappelle que vous avez lancé cette campagne, l'éducation affective et
00:32:16sexuelle, c'est ton droit, réclame-la à tes profs.
00:32:19Ce petit sticker rose qui indique bien à quel point c'est important, dès leur plus
00:32:27jeune âge, d'expliquer aux enfants que leur corps leur appartient et qu'ils vont grandir
00:32:33avec, en principe, le respect des adultes.
00:32:38Aurélie, bonjour, merci de témoigner.
00:32:40Bonjour à vous deux, et très bonne année.
00:32:43Merci, vous aussi Aurélie.
00:32:45Merci.
00:32:46Donc vous avez, vous aussi, subi l'inceste de la part d'un oncle, c'est ça ?
00:32:52Oui, c'est ça, exactement.
00:32:54Ce qui est évidemment grave aussi, puisque c'est quelqu'un de la famille, donc quelqu'un
00:33:02qui est censé nous protéger.
00:33:04Absolument, surtout quelqu'un que je voyais très souvent, à terme, deux week-ends par
00:33:10mois, pendant de longues années.
00:33:13Donc ça commençait toujours par des moments de plaisir, et bien sûr, à la fin, c'était
00:33:16des moments de subir.
00:33:20Quand vous dites des moments de plaisir, c'est-à-dire qu'il jouait avec vous, qu'il
00:33:23vous faisait partager des choses agréables, mais qu'il n'avait rien de sexuel ?
00:33:28Non, en fait, il m'emmenait à la piscine, il m'emmenait dans un tourtement normal.
00:33:32Non, mais parce que le terme aurait pu prêter à confusion.
00:33:36Donc il y avait des moments partagés, agréables, et puis ensuite, du sexe, c'est ça ?
00:33:41C'est ça, oui.
00:33:42Il y avait une personnalité qui changeait vraiment du tout autour.
00:33:46Des choses que vous ne connaissez pas du tout.
00:33:49C'est ça.
00:33:50Donc ça, c'est intéressant, parce que j'imagine qu'à ce moment-là, ça devait provoquer
00:33:54chez vous une sorte de frayeur, quand tout d'un coup, Dr Jekyll était bien, et puis
00:34:00arrive Mr Hyde, c'est ça ?
00:34:02Oui, et puis surtout, c'est ce qui m'a complètement...
00:34:05Perturbée, bien sûr.
00:34:07Perturbée, après, dans mon adolescence, et dans la femme que je suis devenue.
00:34:11Parce que c'est des terreurs que j'ai gardées, en fait.
00:34:14Vous aviez quel âge ?
00:34:16J'avais 8 ans, jusqu'à l'âge de 12 ans.
00:34:20Et pourquoi ça s'est arrêté ?
00:34:22Alors, ça s'est arrêté parce que je l'ai repoussée en étant dans l'adolescence.
00:34:26Mais par contre, j'ai parlé qu'à l'âge de 18 ans.
00:34:29Ah oui, comme souvent.
00:34:31Et comment ça s'est passé, quand vous avez parlé ?
00:34:34Alors, en fait, c'est ma mère qui l'a appris.
00:34:37Elle a fait une réunion de famille, où elle a regroupé mon père, mes grands-parents et mon oncle.
00:34:42En fait, c'est que ma mère qui m'a soutenue, mon père, il voit toujours son frère.
00:34:47A l'heure d'aujourd'hui, il m'a toujours mis de côté.
00:34:49Il fait comme s'il ne s'était rien passé.
00:34:52Et mes grands-parents m'ont demandé, m'ont supplié de ne pas porter plainte contre leur fils.
00:34:56Et ils ont étouffé l'affaire entre eux, en fait.
00:35:00On voit encore une fois, Arnaud Gallet, comment finalement la victime est écrasée pour que la famille reste propre.
00:35:09Neuf fois sur dix, ce qu'il est important de rappeler, c'est que bien sûr qu'il faut soutenir.
00:35:13Et au-delà du soutien qui peut être apporté, on regarde la loi.
00:35:16Si on s'en tient à la loi, logiquement, c'est même des faits qu'on peut signaler.
00:35:19Et notamment quand on est face à quelqu'un qui a été enfant, au moment des faits.
00:35:24On voit bien qu'on ne le fait quasiment pas.
00:35:26Je rappelle les chiffres que je donnais tout à l'heure.
00:35:28Sur 33 000 personnes que nous avons auditionnées dans le cadre de la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants,
00:35:3392% d'entre elles n'ont pas été protégées.
00:35:37Elles ont subi ce qu'on a appelé, nous, un soutien social négatif.
00:35:41Comme celui qui est évoqué là.
00:35:43Et je pense que c'est important de le rappeler.
00:35:45Et c'est vrai qu'il y a une dimension culturelle, sociétale, sur laquelle on doit travailler.
00:35:48C'est-à-dire que finalement, qu'est-ce que ça nous coûte de dire à un enfant, je te crois, je te protège.
00:35:52Pourquoi les enfants raconteraient des histoires, etc.
00:35:55Et puis au-delà de ça, encore une fois, si on regarde la loi, il y a un truc qui ne va pas du tout.
00:36:02C'est-à-dire que la loi prévoit déjà les choses.
00:36:04Donc c'est sûrement là-dessus qu'on va pouvoir avancer, à mon sens, collectivement.
00:36:07Parce qu'il y a quand même quelque chose qui n'est pas clair.
00:36:10Sur le plan psychologique, Aurélie, qu'est-ce que vous diriez ?
00:36:14Parce que là, en fait, qu'est-ce qu'on entend ?
00:36:16On entend un père qui préfère négliger ce que vous avez subi pour rester en bons termes avec son frère.
00:36:25Comment vous interprétez ça ? Comment vous l'avez interprété, Aurélie ?
00:36:29Alors, même si aujourd'hui, je vais bien, parce que j'ai travaillé longtemps dessus.
00:36:34Ça a été des années de sentiments d'abandon, de rejet.
00:36:38Le fait aussi de ne pas m'aimer moi-même.
00:36:42Il y a le fait surtout que j'aime beaucoup le thème d'aujourd'hui,
00:36:45parce que l'enfant que je suis s'est construit comme ça en étant adulte.
00:36:49Donc j'ai gardé des terreurs nocturnes.
00:36:52Le fait que je ne peux pas dormir seule encore aujourd'hui,
00:36:55parce que j'ai l'impression qu'il va se passer quelque chose.
00:36:57Je suis dans l'hyper-méfiance.
00:37:00Je me travaille dessus encore, mais ça reviendra petit à petit, je suis confiante.
00:37:05Mais l'enfant qui a souffert, pour moi, s'il n'est pas traité de suite,
00:37:09ça garde des séquelles pour la personne adulte après.
00:37:13Bien sûr, bien sûr.
00:37:14Mais de toute façon, quoi qu'on vive dans l'enfance, ça a son importance.
00:37:20Je vais rappeler que la sexualité de qui que ce soit,
00:37:23elle se construit de manière très cognitive.
00:37:26Donc forcément, ce que vous avez subi a des influences sur votre sexualité,
00:37:31même si vous avez travaillé dessus et que ça va mieux, etc.
00:37:35Mais forcément, il y a des choses qui restent, c'est tout.
00:37:40Après, il faut l'accepter.
00:37:42Et ça, j'entends bien que vous avez fait le travail et que vous l'acceptez.
00:37:46Il faut accepter qu'on est comme ça et que de toute façon, on ne le changera pas.
00:37:50Oui, parce que je trouve beau dans votre message,
00:37:52c'est quand même qu'il y a cette dimension de l'espoir.
00:37:54Vous le dites vous-même, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est comme ça,
00:37:56mais finalement, en sous-entendant que ça peut changer demain.
00:37:59Vous avez raison.
00:38:00Je pense qu'il faut aussi que nous soyons toutes et tous conscients de ça.
00:38:04C'est-à-dire qu'on avance à notre rythme et on avance à notre rythme.
00:38:07Après, c'est vrai qu'il y a un tas de choses qui peuvent nous aider.
00:38:10Ça peut être des psys, ça peut être différentes choses, etc.
00:38:13Qu'on peut saisir.
00:38:14De parler aussi.
00:38:15De parler, bien sûr.
00:38:16Vous écrire, puisque je crois que vous avez écrit un livre, Aurélie.
00:38:18Oui, tout à fait.
00:38:19Mais on a de la résilience à ce sujet, oui.
00:38:22Super.
00:38:23Le prochain qui va traiter de l'inceste, pardon, excusez-moi.
00:38:25Je vous en prie, Aurélie.
00:38:28Excusez-moi, pour vous dire juste sur l'espoir.
00:38:31Je veux dire, c'est ce qui me restait à moi.
00:38:34C'était ça, justement, ne pas donner à cet homme cette impression de pouvoir
00:38:38qu'il pouvait garder sur ma vie de femme.
00:38:40Bien sûr.
00:38:41Donc, il fallait absolument que cet espoir, je le transforme
00:38:44et que je prenne ma vie en main
00:38:46et qu'aujourd'hui, je sois complètement heureuse et épanouie.
00:38:49Pas pour lui, mais pour moi.
00:38:51Et cet homme, je ne lui dois rien à part ma victoire sur le passé.
00:38:55C'est très bien dit.
00:38:57C'est joliment dit, en tout cas, oui.
00:38:59Mais vous ne m'avez pas répondu sur comment vous interprétez que votre père est préféré.
00:39:06Qu'est-ce que vous pensez de son rapport à son frère, justement ?
00:39:12Mon père, il est très lâche.
00:39:14C'est un homme très lâche.
00:39:16Et son frère aurait de l'emprise sur lui ?
00:39:19Alors, une emprise, honnêtement, non, je ne pense pas.
00:39:23Mais mon père, c'est un homme égoïste, lâche, qui n'aime pas les conflits.
00:39:27Ce qu'il faut savoir, c'est que...
00:39:30C'est son frère aîné ?
00:39:32Excusez-moi, c'est par curiosité que je vous pose ces questions.
00:39:36Je trouve ça intéressant de comprendre pourquoi.
00:39:40Parce que vous êtes quand même sa fille.
00:39:42Quand on sait à quel point un enfant, pour un père, c'est quand même quand il est normal.
00:39:47Pardon, vous parliez du grand-père, oui ?
00:39:51Oui, alors mon grand-père savait déjà que son fils avait déjà des problèmes à l'enfance.
00:39:57Il y avait eu des choses qui avaient été remarquées avec mon arrière-grand-père, notamment.
00:40:02Et en fait, mon père, c'est l'aîné.
00:40:05Mon père a eu plutôt, on va dire qu'il a toujours été choyé, mis en avant.
00:40:09Et son petit frère, c'était l'inverse un peu.
00:40:12C'était celui qui ratait un peu tout, qui n'avait pas de chance avec les filles.
00:40:16Voilà, mon père, il était toujours bien vu, mis sur un pied d'escale.
00:40:20Oui, et puis c'est un réflexe finalement clanique.
00:40:23C'est-à-dire, c'est de se dire qu'on maintient l'ordre familial.
00:40:25Et au détriment, bien entendu, de la parole de sa propre fille ou quoi que ce soit.
00:40:30C'est quelque chose qu'on retrouve malheureusement de manière assez régulière.
00:40:34J'en ai moi-même d'ailleurs fait les frais au passage, mais comme énormément de personnes.
00:40:38Et finalement, on l'entend parce que c'est l'idéal type de la famille.
00:40:41C'est-à-dire qu'il ne faut surtout pas, et puis il ne faudrait pas que l'extérieur le sache.
00:40:44Est-ce qu'il ne serait pas temps que justement, on entende tous en tant qu'adultes que c'est un crime d'abuser un enfant.
00:40:52Et que donc, c'est un crime très très grave et qu'on ne peut pas passer outre,
00:40:58même si c'est son frère, même si c'est son mari.
00:41:02Je pense qu'on avancerait quand même aussi si on se rendait plus compte,
00:41:07que monsieur et madame Tout-le-Monde se rendent plus compte de ce que ça représente.
00:41:12C'est quand même, enfin je veux dire, c'est pire quoi.
00:41:17C'est en ce sens que la prise de parole d'Aurélie et de bien d'autres finalement, elle est aussi politique.
00:41:21C'est-à-dire qu'elle vient finalement interroger quelque chose de notre propre culture,
00:41:25de notre manière effectivement, dont on dysfonctionne,
00:41:27c'est-à-dire dont on fonctionne, autant dire les choses claires, mais on dysfonctionne, donc c'est important.
00:41:31Et ça, c'est essentiel.
00:41:33Et c'est vrai que très souvent, le réflexe qu'on entend très souvent,
00:41:38enfin le réflexe, la réponse qu'on peut entendre quand une personne prend la parole,
00:41:42c'est de dire « Ah, t'es courageuse, t'es courageux, etc. »
00:41:44Et très souvent, les victimes en fait demandent quoi ?
00:41:46Demandent que ça n'arrive plus du tout à d'autres,
00:41:48et donc que la société vienne s'interroger.
00:41:50Et je trouve que dans ce témoignage d'Aurélie, là où c'est fort,
00:41:53c'est qu'il y a quand même toute cette question-là aujourd'hui qui est posée,
00:41:56c'est de se dire « Bah tiens, moi j'ai subi ça, et je ne veux plus jamais, finalement,
00:42:00même si c'est pas dit comme ça, que d'autres le vivent de cette manière-là. »
00:42:03Et c'est vrai que venir interroger cette dimension sacrée de la famille,
00:42:07enfin on le voit bien quand même, qui doit quand même nous interroger,
00:42:10quand on sait que 80% des violences faites aux enfants ont lieu au sein de la famille,
00:42:13alors c'est important de dire, ça ne veut pas dire que toutes les familles dysfonctionnent,
00:42:16mais quand même, ça veut dire que quasiment quand on cherche les violences,
00:42:19elles sont quand même au sein de la famille,
00:42:21ça doit nous interroger aussi sur notre capacité à déconstruire cette idéal type
00:42:24pour éviter de se retrouver face à quelque chose
00:42:27où on a l'impression à chaque fois d'être surpris.
00:42:30Pour un petit peu secouer tous ceux qui nous écoutent,
00:42:33je vais prendre un exemple Aurélie, vous me direz si vous êtes d'accord.
00:42:36Si un adulte dans la famille coupait le bras d'un enfant,
00:42:41je crois que ça choquerait vraiment tout le monde.
00:42:43Et quelque part, Aurélie, est-ce que ce que vous avez vécu,
00:42:47ce n'est pas aussi pire que si on vous avait coupé un bras ?
00:42:50Ah oui, on m'a même coupé plus qu'un bras.
00:42:53Bon, merci de votre réponse.
00:42:55C'est normal, mais pour vous répondre à ce que vous disiez tout à l'heure,
00:42:58c'est la réponse de mon père quand il a appris ce que son frère avait fait,
00:43:01parce que son frère lui a dit en face.
00:43:03Mon oncle a tout avoué ce jour-là.
00:43:05Mon père m'a dit, viens, on va au restaurant, ça ira mieux après.
00:43:10Du coup, moi, je suis partie après dans la boulimie.
00:43:13Il a banalisé parce que c'était sans doute trop difficile pour lui de réaliser,
00:43:19donc il a été dans le déni de ce que vous avez vécu.
00:43:22Mais il a reconnu quand même, ce qui est incroyable.
00:43:24Très souvent, on a des agresseurs, pas tout le temps,
00:43:27qui sont dans le déni ou qui vont chercher à minimiser.
00:43:30Mais là, c'est le père qui est dans le déni.
00:43:32Oui, ce qui est courant, bien sûr.
00:43:34Merci beaucoup Aurélie.
00:43:36Merci beaucoup pour ce témoignage, merci Aurélie.
00:43:38On se retrouve tout de suite après les infos avec vos témoignages.
00:43:40Merci à vous de témoigner.
00:43:42Vous avez compris, c'est politique.
00:43:44Agir pour avancer dans le combat contre les abus sexuels sur les enfants.
00:43:49On en parle aujourd'hui avec Arnaud Gallet pour participer à l'émission 0826 300 300.
00:44:03Nous continuons à évoquer l'inceste avec Arnaud Gallet.
00:44:07Merci d'être avec nous, Arnaud Gallet.
00:44:09Vous savez de quoi vous parlez puisque vous avez vous-même subi ce genre de choses.
00:44:16Vous l'avez écrit dans ce livre, J'étais un enfant.
00:44:20C'est aux éditions Flammarion.
00:44:22On peut encore se le procurer, évidemment.
00:44:24Et puis, vous avez lancé aussi ce combat pour qu'on avance dans l'éducation affective et sexuelle
00:44:31auprès des enfants et des ados.
00:44:34L'éducation affective et sexuelle, c'est ton droit.
00:44:36Réclame-la à tes profs.
00:44:39Parce qu'en effet, pour l'instant, c'est largement en dessous de ce qu'il faudrait.
00:44:44Karine, vous voulez réagir, peut-être ?
00:44:46Non, je trouve ça très bien. Je suis entièrement d'accord.
00:44:48Sur toutes ces questions-là, je ne vais pas réagir en disant qu'effectivement,
00:44:51c'est quelque chose qui est essentiel et qui nous permettrait d'avancer,
00:44:54qui est prévu dans la loi depuis 2001, comme je le disais tout à l'heure.
00:44:57Mais on va laisser la parole à Karine.
00:44:59Bonjour, Karine.
00:45:00Bonjour, Brigitte. Bonjour, Arnaud.
00:45:02Bonjour.
00:45:03Merci, Arnaud. Je ne vous connaissais pas.
00:45:08Je suis allée regarder qui vous étiez, etc.
00:45:11Et bravo.
00:45:12Merci à vous.
00:45:14Et en plus, il est très beau. Il faut aller le regarder.
00:45:17Merci, Brigitte.
00:45:21Nous, les femmes, on a le droit de le dire sans être considérées comme un petit peu harceleuses.
00:45:26Alors, j'en profite.
00:45:27Les hommes aussi ont le droit et ça nous fait plaisir.
00:45:31Oui, c'est vrai que ça fait toujours plaisir. On est d'accord.
00:45:36Alors, vous êtes éducatrice, Karine, c'est ça ?
00:45:39Oui, je suis éducatrice de jeunes enfants.
00:45:42Donc, j'ai travaillé longtemps dans la petite enfance.
00:45:44Et là, aujourd'hui, je suis sociologue et énergéticienne.
00:45:47Et donc, j'accompagne des femmes aussi qui ont été abusées soit par quelqu'un de la famille, soit par un médecin de famille.
00:46:00Et donc, ça se traduit.
00:46:03J'y vais ?
00:46:04Oui, allez-y.
00:46:07J'y vais comme je le ressens. Voilà, j'y vais.
00:46:09Et en fait, oui, ça se traduit par des corps démolis, par un manque d'estime, un manque d'estime de soi énorme.
00:46:19Et beaucoup de douleurs de dos, des fibromyalgies, des maux divers et variés.
00:46:25Et des femmes qui... Alors, je parle des femmes parce que je ne vais pas parler des hommes parce que je n'en connais pas autour de moi.
00:46:35Et néanmoins, des femmes qui ont du mal avec le toucher, forcément, avec la sexualité.
00:46:40Et on parlait, vous parliez des enfants.
00:46:44Et oui, ça démolit. Alors moi, l'injustice, je suis éducatrice de jeunes enfants, l'injustice...
00:46:49En fait, il y a une phrase que j'avais... Un de mes formateurs, un jour, avait dit pendant mes études d'adulte.
00:46:57Et il avait dit que l'adulte a le pouvoir de vie ou de mort sur un enfant.
00:47:01Et ça m'a toujours... ça m'est toujours rassurée.
00:47:03Ça m'est toujours restée.
00:47:05Et je me suis dit, mais un enfant, je suis touchée en vous disant, un enfant, c'est tellement innocent.
00:47:13La maturité affective, elle n'est pas là.
00:47:16Alors, ça évolue, ça bouge.
00:47:20Et quand on entend, ça peut, on entend encore...
00:47:23Ah oui, mais il était en âge, il m'a 8 ans, à 6 ans, il était en âge de guirlande ou de machin.
00:47:29Mais un enfant, quand on... Un enfant, il aime les câlins.
00:47:33Et on confond parfois la sexualité d'un adulte avec les chances en éveil d'un enfant.
00:47:41Oui, c'est le texte merveilleux de Ferenzi, courant tendre et courant sexuel.
00:47:47Et l'enfant, bien sûr, recherche la caresse, qu'on le prenne dans ses bras, recherche l'amour même.
00:47:55Mais ce n'est pas de la sexualité.
00:47:58Et c'est à l'adulte de bien faire la différence et de stopper, je dirais même, l'enfant,
00:48:03quand il a un geste un petit peu trop sensuel qui pourrait ne pas être adapté entre un enfant et un adulte.
00:48:10Après, les choses ont changé quand même dans la loi.
00:48:12C'est-à-dire que depuis 2021, il y a eu un seuil d'âge de non-consentement qui a été introduit.
00:48:15C'est-à-dire que vous avez raison de dire ça.
00:48:17Nous, on était monté au créneau avec plusieurs associations.
00:48:19Puisque jusqu'en 2021, le 21 avril exactement 2021,
00:48:23c'est-à-dire au moment de l'adoption de la loi, loi Billon,
00:48:25on pouvait demander à un enfant, même de 4 ans, 5 ans, 6 ans,
00:48:29est-ce qu'il avait été consentant à une relation sexuelle avec son père ?
00:48:33Des trucs complètement délirants et ravageurs, forcément pour les enfants.
00:48:38Et là, c'est fini.
00:48:39C'est-à-dire que maintenant, il y a un seuil d'âge 15 ans et 18 ans en cas d'inceste.
00:48:42C'est-à-dire qu'on se dit qu'avant 15 ans, c'est non.
00:48:46C'est-à-dire que, quels que soient les arguments, il n'y a pas de relation sexuelle, on viole un enfant.
00:48:50Il s'est mis maintenant noir sur blanc.
00:48:52Alors maintenant, on est bien d'accord, une fois qu'on a dit ça, il faut que la loi soit appliquée.
00:48:55C'est tout le delta.
00:48:57Mais néanmoins, on a le cadre.
00:48:58Au moins, elle existe.
00:48:59Elle existe.
00:49:00Au moins, c'est posé.
00:49:01C'est posé.
00:49:02C'est important de le rappeler.
00:49:03Et donc, ça montre bien.
00:49:04C'est important que les adultes entendent ce que vous dites, Arnaud Bialet,
00:49:07parce qu'il y a peut-être des adultes qui nous écoutent,
00:49:10et qu'ils ont leur nièce, leur cousine ou je ne sais quoi,
00:49:14qui a 13-14 ans, qui est très très très sexuelle, entre guillemets.
00:49:19Non, ça reste encore un enfant.
00:49:22Et quoi qu'elle demande, quoi qu'elle fasse, c'est non.
00:49:25Et c'est à l'adulte de repousser la gamine
00:49:29et de lui expliquer que ce n'est pas de son âge,
00:49:32que ce n'est pas avec lui, qu'elle peut faire quoi que ce soit.
00:49:36Et puis, j'allais dire, avant tout jugement,
00:49:39il est important aussi de se poser la question.
00:49:41Effectivement, comme vous dites,
00:49:44une jeune fille de 12 ans, de 13 ans,
00:49:47qui commence à avoir même des formes, etc.,
00:49:51qu'une jeune fille comme ça,
00:49:54qui a une relation avec un homme plus âgé qu'elle,
00:49:58ou peu importe, et d'aller chercher,
00:50:01en général, je ne vais pas faire une généralité,
00:50:05mais quand même, en général,
00:50:06on sent bien qu'il y a un manque derrière,
00:50:08il y a un manque affectif.
00:50:09Et du coup, plutôt que de juger en disant
00:50:12qu'elle l'a cherché, etc.,
00:50:14moi, c'est ça qui me touche.
00:50:17Karine, je vais mettre les piliers dans le plat.
00:50:19Elle a le droit d'aller le chercher
00:50:21parce que c'est de son âge, etc.
00:50:24Mais c'est à l'adulte d'être adulte.
00:50:27Vous savez, il n'y a pas très longtemps, dans les médias,
00:50:29il y a une affaire qui est passée à la trappe.
00:50:31On parlait d'un jeune garçon de 15 ans,
00:50:35père de deux enfants, avec une femme qui a un année de 35.
00:50:40Et là, on se dit...
00:50:42En fait, c'est de la pédocriminalité,
00:50:44c'est-à-dire qu'à quel moment est-ce qu'une femme...
00:50:46Enfin, je veux dire, avoir cette relation-là...
00:50:48Alors, à ce moment-là, il avait 14 ans, etc.
00:50:50La mère se battait, justement, en disant
00:50:52que ce n'était pas possible, etc.
00:50:53La justice a retiré la garde à la mère
00:50:55et l'a filée chez le père, etc., tout le truc.
00:50:57Vous voulez dire que le garçon,
00:51:00il a fait l'amour avant 15 ans,
00:51:02pour avoir ses enfants,
00:51:03et donc elle a abusé.
00:51:05Bien sûr.
00:51:06Vous imaginez être papa de deux enfants à 15 ans,
00:51:09la folie furieuse,
00:51:10avec ce que ça peut vouloir,
00:51:12ce que ça peut renvoyer par la suite
00:51:14dans le grandissement.
00:51:15Enfin, on se retrouve dans quelque chose
00:51:16qui peut déstabiliser.
00:51:17Est-ce qu'il y a une attirance pour cette...
00:51:18J'en sais rien, moi, comment ça se passe.
00:51:19Mais comme vous le dites, Brigitte,
00:51:20à juste titre, c'est-à-dire qu'à un moment donné,
00:51:22c'est bien aux adultes de réguler l'ensemble
00:51:24et de se dire que ce n'est pas possible.
00:51:25Mais c'est pour ça qu'il faut passer ce message.
00:51:28C'est important.
00:51:29Parce que c'est vrai que des jeunes garçons,
00:51:32des jeunes filles, 13-14 ans, 14 ans et demi,
00:51:36je prends l'exemple de celle
00:51:38qui a été abusée par Roman Polanski,
00:51:41sont parfois très sexués.
00:51:43Mais ce n'est pas pour autant.
00:51:4515 ans, c'est la loi.
00:51:46Et si on ne respecte plus la loi,
00:51:48où est-ce qu'on va ?
00:51:49En tout cas, la loi est claire
00:51:51et théoriquement, elle devrait s'appliquer.
00:51:53Elle est récente, quand même, en 2021.
00:51:55Mais on avance, au moins.
00:51:57Je pense que c'est important de le rappeler.
00:51:58Bien sûr, on avance sur cette loi-là.
00:52:00C'était quand même demandé.
00:52:02Par contre, ce qui est important,
00:52:03c'est que ça ne veut pas dire que...
00:52:04Parce qu'après, il y a des gens qui s'invitent
00:52:05en disant que c'est la question du consentement.
00:52:07Non.
00:52:08Ça veut dire qu'on s'est dit
00:52:09qu'avant un certain âge, donc 15 ans,
00:52:12un enfant n'a pas la maturité psychique
00:52:14au regard de son développement, etc.
00:52:16pour se positionner sur une relation sexuelle.
00:52:18Donc, avant 15 ans, c'est non.
00:52:19Ça ne veut pas dire que c'est la question du consentement
00:52:21parce que là, on voit bien,
00:52:22on s'invite des fois dans les débats
00:52:23sur différentes choses, etc.
00:52:24Je pense que c'est essentiel de le rappeler.
00:52:25C'est prendre en considération
00:52:26qu'un enfant grandit
00:52:28et qu'en dessous d'un certain âge,
00:52:30il ne peut pas accepter
00:52:32ou donner de son plein accord
00:52:33dans une relation sexuelle avec un adulte.
00:52:35Clairement.
00:52:36C'est là où il y a toute l'incohérence,
00:52:39c'est-à-dire que le consentement,
00:52:41c'est sûr, on peut dire
00:52:42qu'elle était consentante
00:52:43ou qu'il était consentant.
00:52:44Néanmoins, on ne va pas chercher derrière.
00:52:47Parce qu'effectivement,
00:52:48il y a parfois des failles,
00:52:50des blessures, des manques affectifs ou quoi,
00:52:52qui fait que le jeune ou la jeune
00:52:55va aller accepter ou va chercher.
00:52:57Et c'est à l'adulte, là, de dire non.
00:53:00Voilà, exactement.
00:53:01C'est là où il est important aussi de dire
00:53:05que cette notion de consentement,
00:53:07parfois, c'est un peu gênant.
00:53:11Vous voyez ce que je veux dire ?
00:53:12Oui, vous avez raison.
00:53:13Et c'est parce qu'on ne prend pas en considération
00:53:14le fait que les enfants,
00:53:15justement, on n'a pas...
00:53:17Vous voyez, vous faites un métier
00:53:18qui est incroyable, EGE,
00:53:19éducatrice des jeunes enfants,
00:53:20on n'en parle pas assez,
00:53:21c'est important, je trouve ça bien
00:53:22que vous vous êtes présentée comme ça.
00:53:23Parce que la question
00:53:25du développement de l'enfant,
00:53:26finalement, on en parle assez peu
00:53:27et on se dit des fois,
00:53:28on se réserve à tel truc,
00:53:29hop, les EGE, c'est en crèche, etc.
00:53:31Bref, c'est des métiers...
00:53:32Pas du tout !
00:53:33Non, mais je sais bien, je sais bien.
00:53:34Oui, je sais.
00:53:35Non, mais j'ai fait exprès.
00:53:36Oui, je sais bien.
00:53:37Mais ce que je veux dire,
00:53:38c'est qu'on a une méconnaissance
00:53:39sociétale sur le développement des enfants.
00:53:41Il y a des personnes qui font
00:53:42un travail remarquable.
00:53:43En réalité, on pourrait,
00:53:44là, on l'a bien vu,
00:53:45d'ailleurs, ça avait été impulsé
00:53:46quand même un peu avec le gouvernement
00:53:47à travers le programme
00:53:48autour des mille premiers jours,
00:53:49etc., sur la manière dont
00:53:50l'impact que ça peut avoir
00:53:51sur le grandissement de l'enfant
00:53:52et on ne le dit pas assez,
00:53:53y compris la question
00:53:54des violences sexuelles,
00:53:55mais pas que,
00:53:56la précarité, etc.,
00:53:57différentes choses,
00:53:58quand même, qui avaient été
00:53:59également abordées.
00:54:00Et je pense que c'est important
00:54:01quand même de le dire
00:54:02et l'enfant, il est quasiment
00:54:03invisible dans la société,
00:54:04c'est-à-dire qu'on se retrouve
00:54:05dans quelque chose...
00:54:06On fait trop confiance aux parents,
00:54:07en fait, en quelque sorte.
00:54:08Oui, ou même aux personnes
00:54:09à qui on confie,
00:54:10le prof de sport,
00:54:11le vachin, le traître,
00:54:12le vachin qui en veut,
00:54:13et puis voilà,
00:54:14on ferme les yeux.
00:54:15Non, mais je veux dire,
00:54:16quand je dis
00:54:17on fait trop confiance aux parents,
00:54:18on croit que c'est inné d'être parent.
00:54:20Non, c'est pas si simple
00:54:21de comprendre
00:54:22quels sont les âges clés
00:54:23des enfants,
00:54:24comment l'enfant se construit,
00:54:25et peut-être que ce serait
00:54:26pas mal, de temps en temps,
00:54:27qu'on pourrait donner
00:54:28un livret aux parents
00:54:29quand ils sont
00:54:30à la maternité,
00:54:31et puis on les aiderait
00:54:32un peu à mieux comprendre
00:54:33à quel point c'est délicat
00:54:34la construction d'un enfant.
00:54:35C'est bien pour ça
00:54:36que l'éducation
00:54:37à la vie affective
00:54:38ou relationnelle et sexuelle,
00:54:39bien sûr, c'est pour les enfants,
00:54:40mais je...
00:54:41C'est pour pallier
00:54:42l'éducation à la vie affective
00:54:43ou relationnelle et sexuelle.
00:54:44C'est pour pallier
00:54:45l'éducation à la vie affective
00:54:46ou relationnelle et sexuelle,
00:54:47bien sûr, c'est pour les enfants,
00:54:48mais je...
00:54:49C'est pour pallier
00:54:50les déficiences
00:54:51de certains parents, bien sûr.
00:54:52Mais je pense, même au latin,
00:54:53ça devrait faire l'objet
00:54:54même de certains échanges.
00:54:55Enfin, je veux dire,
00:54:56faut pas qu'on fasse l'économie
00:54:57où on s'y tient d'un côté
00:54:58et paf, on met les enfants
00:54:59comme si on arrachait
00:55:00les enfants aux parents
00:55:01comme certains peuvent le dire.
00:55:02Non, moi, je pense
00:55:03qu'il y a un débat public à avoir
00:55:04sur une question
00:55:05qui est fondamentale
00:55:06qu'on se pose tous.
00:55:07Les violences,
00:55:08elles sont tellement nombreuses.
00:55:09Enfin, c'était rappelé
00:55:10justement là dans le témoignage,
00:55:11quand on parle des violences
00:55:12faites aux enfants,
00:55:13de manière générale,
00:55:14on dit quand même
00:55:15que les chiffres sont atroces
00:55:16en France.
00:55:17On parle de 160 000 enfants,
00:55:18un enfant toutes les 3 minutes
00:55:19victime de violences sexuelles.
00:55:20On parle d'un enfant
00:55:21qui meurt tous les 5 jours
00:55:22sous les coups de ses parents.
00:55:23Donc, on se dit, évidemment,
00:55:24qu'est-ce qu'on fait
00:55:25de ce truc-là, etc.
00:55:26Comment est-ce qu'on comprend
00:55:27ce qui se passe
00:55:28comme mécanisme,
00:55:29notamment dans les cas
00:55:30d'infanticides, etc.,
00:55:31qui sont terribles ?
00:55:32À chaque fois, on creuse
00:55:33et on regarde la même chose.
00:55:34C'est-à-dire que ces parents,
00:55:35il n'y a aucune excuse, bien entendu,
00:55:37ont été complètement débordés
00:55:38avec des enfants
00:55:39qui sont tout petits, etc.
00:55:40Et finalement,
00:55:41comme vous le dites à juste titre,
00:55:42c'est inné, quoi.
00:55:43Voilà, on peut y aller, etc.
00:55:44Quel soutien est-ce qu'on apporte,
00:55:45etc. ?
00:55:46Je ne suis pas en train d'excuser.
00:55:47Non, non, non.
00:55:48Mais on parle bien
00:55:49de la même chose, bien sûr.
00:55:50Mais néanmoins,
00:55:51on parle de la même chose.
00:55:52C'est-à-dire, au bout d'un moment,
00:55:53à quel moment est-ce qu'on se dit
00:55:54qu'on vit avec les enfants
00:55:55et comment est-ce qu'on les accepte ?
00:55:56Comment est-ce qu'on se dit,
00:55:57au bout d'un moment,
00:55:58voilà, comment est-ce qu'un enfant
00:56:00et aussi de s'en rendre compte
00:56:01uniquement quand il y a un drame.
00:56:02Donc, il serait peut-être temps
00:56:03d'agir de manière positive.
00:56:04D'où, encore une fois,
00:56:05la question de l'éducation
00:56:06et la vie affective,
00:56:07rationnelle et sexuelle
00:56:08qui ne parlent pas que des violences
00:56:09mais qui parlent aussi
00:56:10des questions de consentement,
00:56:11qui parlent aussi du fait
00:56:12qu'on a le droit de s'aimer,
00:56:13du plaisir, etc.,
00:56:14différentes choses
00:56:15et des choses de la vie, quoi,
00:56:16aussi, tout simplement
00:56:17et du distinguo
00:56:18qu'il y a à faire
00:56:19entre normal, pas normal.
00:56:20C'est quelque chose
00:56:21qui est essentiel.
00:56:22Et je pense que là-dessus,
00:56:23il faut vraiment qu'on arrive
00:56:24aussi à avancer collectivement.
00:56:25On avance.
00:56:26On a pris le bon chemin.
00:56:27Merci, Karine.
00:56:28Merci beaucoup d'avoir témoigné.
00:56:29On continue dans un instant
00:56:30et nous avons un homme
00:56:31qui va témoigner à son tour.
00:56:41Arnaud Gallet est avec nous
00:56:43et donc, on avance, on avance, on avance.
00:56:45Merci, en tout cas,
00:56:47de votre combat, Arnaud Gallet.
00:56:49Vous avez déjà beaucoup, beaucoup œuvré
00:56:52et vous participez à beaucoup de médias
00:56:54parce que je pense quand même
00:56:56que notre rôle en tant que médias,
00:56:58c'est aussi de fournir l'information.
00:57:02C'est quand même important
00:57:05parce qu'il y a beaucoup d'ignorance,
00:57:07au fond.
00:57:08Il y a évidemment des pervers,
00:57:10il y a des pédocriminels
00:57:11qui sont pervers,
00:57:12mais il y a aussi des adultes
00:57:15qui vont abuser,
00:57:17peut-être pas jusqu'à un abus sexuel réel,
00:57:20mais en tout cas,
00:57:21vont un peu abuser
00:57:22parce qu'ils ne sont pas suffisamment informés
00:57:25et je crois que c'est dans ça
00:57:27qu'on a un rôle aussi à jouer.
00:57:28Moi, je ne remercierai jamais assez les médias.
00:57:30Je le disais, pour moi,
00:57:31déjà dans ma propre histoire,
00:57:32j'ai entendu un témoignage d'une victime
00:57:34et c'est comme ça que j'ai compris
00:57:35que j'avais été victime.
00:57:36Et puis, au-delà de ça,
00:57:37on est dans un sujet quand même
00:57:38où on cherche socialement à invisibiliser.
00:57:41Donc, ça veut dire que si les médias
00:57:42n'étaient pas là pour porter,
00:57:44pour donner le micro, etc.
00:57:45à celles et ceux qui ont été victimes,
00:57:47et de très nombreuses d'ailleurs,
00:57:50ça signifie que ça serait un combat perdu.
00:57:52C'est-à-dire que sans les médias,
00:57:53je le dis de manière très claire, nette, précise,
00:57:55le sujet n'avancerait pas
00:57:57parce que ça devient un fait politique
00:57:59parce qu'on en parle en réalité.
00:58:01On l'a bien vu avec le mouvement
00:58:02MeToo1Cess, on l'a vu, etc.
00:58:04Avec tous ces témoignages
00:58:05qui ont été pris,
00:58:06qui sont des fois d'ailleurs un peu anxogènes,
00:58:07mais qui viennent dire quoi ?
00:58:09Normalement, ça vient mettre la pression
00:58:11aussi aux politiques,
00:58:12dire voilà, on a besoin de ça.
00:58:13C'est quelque chose qui existe,
00:58:14c'est important
00:58:15et ça permet en fait,
00:58:16c'est une chaîne en réalité.
00:58:18C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:58:19je pense qu'il y a un mouvement
00:58:20qui n'existait pas avant
00:58:21et qu'on le doit beaucoup aux médias,
00:58:22à mon sens.
00:58:23C'est-à-dire qu'on se donne un peu la main,
00:58:24c'est-à-dire qu'il y a une dimension
00:58:25de solidarité entre victimes
00:58:26qui est toujours plutôt grosse.
00:58:28C'est transgénérationnel
00:58:30et ça c'est important de le rappeler.
00:58:31Je vous le confirme
00:58:32parce que moi je parle de l'inceste
00:58:34depuis peut-être une bonne quinzaine d'années
00:58:37et au début, quand j'en parlais,
00:58:39on avait plutôt tendance à me dire
00:58:42que c'était pas très intéressant.
00:58:43Donc ça avance vraiment,
00:58:45je peux vous le confirmer.
00:58:46Laurent, bonjour.
00:58:47Oui, bonjour Brigitte, bonjour Arnaud.
00:58:49Merci d'être avec nous Laurent.
00:58:51Allez-y, je vous en prie, on vous écoute.
00:58:53Alors, écoutez, moi l'histoire est simple.
00:58:56C'est ma fille qui a vécu un inceste
00:58:58mais qui ne s'en rappelle plus
00:58:59parce qu'elle était très jeune.
00:59:01Mon beau-père, le nouveau mari de ma mère,
00:59:05lui a avoué le jour de ses 17 ans
00:59:09et elle n'a aucun souvenir du coup
00:59:12de ce principe-là.
00:59:15Parce qu'elle était toute petite, non c'est ça ?
00:59:17Oui, c'est ça.
00:59:18Elle avait quel âge ?
00:59:19Entre 3 et 4 ans.
00:59:21D'accord.
00:59:22Oui, effectivement, vous avez une forme d'amnésie
00:59:25en fait chez les tout-petits,
00:59:26vous avez raison de le dire.
00:59:28Oui, apparemment ça revient plus tard
00:59:31parce que j'en ai discuté avec une amie
00:59:33qui lui est arrivée
00:59:35que tout est remonté lors d'une agression.
00:59:38Et elle avait une quarantaine d'années.
00:59:40Donc ma fille a 30 ans à l'heure d'aujourd'hui.
00:59:44Donc voilà quoi.
00:59:46Après, en tant que parent,
00:59:48on a été un peu démunis.
00:59:50On s'est retourné de l'époque
00:59:52à peut-être la corrélation avec ça
00:59:54puisqu'elle a été suivie par un pédopsychiatre
00:59:56de Bonheur.
00:59:57Donc nous, on ne s'est jamais posé ces questions
00:59:59parce qu'on n'est pas trop au courant
01:00:01de plein de choses.
01:00:02Bien sûr, bien sûr.
01:00:03Donc elle a eu un moment donné
01:00:06où elle n'allait pas très bien, c'est ça ?
01:00:08Oui.
01:00:09Et ça correspond évidemment
01:00:12au moment où ce grand-père l'a abusé.
01:00:16Oui, voilà.
01:00:18D'après, il n'y aurait eu que des attouchements.
01:00:21Ce qui est déjà assez énorme.
01:00:23Mais vous avez eu le bon réflexe quand même,
01:00:25je me permets de le dire,
01:00:26parce que vous voyez,
01:00:27par rapport à tout ce qu'on se dit
01:00:28depuis le début de l'émission,
01:00:29le fait que vous soyez assez coté, etc.,
01:00:32que oui, bien sûr,
01:00:33qu'il y a cette question
01:00:34de ce qu'on appelle l'amnésie traumatique.
01:00:35Donc c'est ce qui fait que le cerveau
01:00:36des fois dit,
01:00:37« j'en peux pas ».
01:00:38C'est-à-dire pour survivre à un événement traumatisant,
01:00:40souvent d'ailleurs en temps de guerre,
01:00:42parce qu'on parle beaucoup de guerre en ce moment,
01:00:43c'est-à-dire que c'est quelque chose
01:00:44qui est connu chez les soldats,
01:00:45ce qui arrive aussi chez les victimes
01:00:46de violences sexuelles,
01:00:47ce qui arrive aussi, d'ailleurs,
01:00:48chez les accidentés de la route, etc.,
01:00:50pour en multiplier.
01:00:51C'est-à-dire que le cerveau,
01:00:52il y a un mécanisme qui se met en place
01:00:53qu'on appelle l'amnésie traumatique.
01:00:54Et effectivement,
01:00:55ce sont des choses qui reviennent après.
01:00:56Et ce qui me semble essentiel
01:00:57dans ce que vous dites là,
01:00:58pour éviter justement
01:00:59que le couvercle se referme complètement,
01:01:01c'est qu'à partir du moment
01:01:02où on est soutenu dans sa démarche,
01:01:04parce que très souvent,
01:01:05l'amnésie traumatique,
01:01:06on l'oppose en France,
01:01:07alors que ce n'est pas du tout connu,
01:01:08enfin, ce n'est pas du tout connu,
01:01:09ce n'est pas du tout reconnu
01:01:10justement par les médecins,
01:01:11à la théorie des faux souvenirs.
01:01:12C'est-à-dire qu'il y a certains qui disent
01:01:13« Non mais attends,
01:01:14elle nous raconte ça maintenant,
01:01:15pourquoi elle ne nous l'a pas dit avant ? »
01:01:16Pour aller très vite.
01:01:17Sauf qu'en réalité,
01:01:18vous l'avez dit à juste titre,
01:01:19et c'est là que votre témoignage
01:01:20est extrêmement important,
01:01:21c'est que confronter un événement similaire,
01:01:24et d'ailleurs pas que,
01:01:25des fois c'est un événement de la vie,
01:01:26moi c'est déjà arrivé,
01:01:27j'ai déjà entendu des personnes,
01:01:28ils ont un retour d'amnésie traumatique
01:01:29suite à une chute,
01:01:30une chute de vélo,
01:01:31un truc comme ça très grave,
01:01:32et paf, ça relance en fait,
01:01:33et il y a des souvenirs qui reviennent.
01:01:35Et je trouve que ce qui est important pour elle,
01:01:37ce que vous dites là,
01:01:38je me permets,
01:01:39vous dites « Je te crois,
01:01:41je te protège »,
01:01:42c'est-à-dire qu'il y a quelque chose,
01:01:43et puis après,
01:01:44il y a cette prise de parole
01:01:45de toute façon,
01:01:46qui est avec la reconnaissance
01:01:47effectivement des faits,
01:01:48et je trouve qu'être à ses côtés,
01:01:49c'est quelque chose
01:01:50qui est tellement essentiel,
01:01:51et bien souvent,
01:01:53l'essentiel n'y est pas,
01:01:54donc vraiment,
01:01:55moi je trouve que c'est important
01:01:56ce que vous livrez là.
01:01:59Oui, oui, tout à fait,
01:02:00nous on a essayé,
01:02:01c'était le but,
01:02:02le but était de,
01:02:03elle,
01:02:04pouvoir s'en sortir,
01:02:05et nous,
01:02:06nous voilà,
01:02:07quand l'affaire était faite,
01:02:08c'est clair.
01:02:09Pour ma part,
01:02:10en tant que parent,
01:02:11bon,
01:02:12c'est très très dur,
01:02:13déjà en plus,
01:02:14de ne pas avoir pu
01:02:15protéger sa fille de ça.
01:02:16Donc,
01:02:17mais après,
01:02:18ça c'est une autre histoire.
01:02:19Mais,
01:02:20comment,
01:02:22pour en revenir
01:02:23à ce que vous entendez tout à l'heure,
01:02:24je trouve quand même
01:02:25qu'on est dans
01:02:26une civilisation
01:02:27assez bizarre,
01:02:28bizarre,
01:02:29quand même.
01:02:30C'est-à-dire ?
01:02:31Qu'est-ce que vous en pensez ?
01:02:32C'est-à-dire qu'à l'heure
01:02:33d'aujourd'hui,
01:02:34bon,
01:02:35j'ai des petits-enfants,
01:02:36mais je ne suis pas en contact
01:02:37avec le niveau scolaire et autre,
01:02:38j'entends parler
01:02:39des histoires de genre,
01:02:40de tout ça
01:02:41qu'on veut inculquer
01:02:42à des enfants,
01:02:43alors qu'on
01:02:44ne les protège pas déjà
01:02:45assez de base
01:02:46de ce genre de problème,
01:02:47quand on entend
01:02:48tous les enfants
01:02:49qui sont abusés,
01:02:50etc.
01:02:51Donc,
01:02:52il y a ce niveau-là.
01:02:53Ça a avancé,
01:02:54certes,
01:02:55parce que,
01:02:56Brigitte,
01:02:57ça fait des années
01:02:58et des années
01:02:59que je vous écoute.
01:03:00Par rapport à tout ça,
01:03:01ça a avancé
01:03:02et on vous en remercie
01:03:03beaucoup en tant qu'auditeur.
01:03:04Voilà,
01:03:05je trouve
01:03:06qu'au lieu
01:03:07d'essayer
01:03:08d'être à la base
01:03:09et déjà de faire
01:03:10des choses comme il faut,
01:03:11on veut trop
01:03:12avancer sur plein de choses.
01:03:13Oui,
01:03:14j'entends ce que vous dites,
01:03:15Laurent,
01:03:16mais je pense
01:03:17que
01:03:18c'est compliqué
01:03:19parce que
01:03:20pour pouvoir
01:03:21parler clairement
01:03:22de sexualité,
01:03:23il faut être très au clair
01:03:24avec sa propre sexualité
01:03:25et ça,
01:03:26c'est quand même
01:03:27pas très fréquent.
01:03:28Et ce qui se passe
01:03:29actuellement
01:03:30avec ces mouvements
01:03:31trans,
01:03:32genre,
01:03:33etc.,
01:03:34et je comprends
01:03:35tout à fait
01:03:36votre réaction,
01:03:37c'est une réaction
01:03:38un petit peu
01:03:39excessive
01:03:40qui est trop reprise
01:03:41par les médias
01:03:42parce que
01:03:43c'est spectaculaire.
01:03:44Et c'est ça
01:03:45qui est un petit peu dommage,
01:03:46c'est que
01:03:47les médias
01:03:48vont plutôt aller
01:03:49vers tout ce qui est
01:03:50spectaculaire
01:03:51ou terrible.
01:03:52Moi,
01:03:53par exemple,
01:03:54l'affaire
01:03:55Pélico,
01:03:56je trouve qu'on en a
01:03:57trop parlé
01:03:58dans les médias
01:03:59et on en a
01:04:00souvent mal parlé.
01:04:01Moi,
01:04:02j'ai volontairement
01:04:03pas eu envie
01:04:04d'en parler
01:04:05parce que je pense
01:04:06qu'il y avait
01:04:07des choses à dire
01:04:08qui ne sont pas
01:04:09très entendables.
01:04:10Donc,
01:04:11malheureusement,
01:04:12la société,
01:04:13elle est comme ça.
01:04:14Si vous écoutez
01:04:15des gens
01:04:16qui parlent
01:04:18extraordinaire,
01:04:20parce que
01:04:21l'être humain
01:04:22est comme ça.
01:04:23Donc,
01:04:24ce qui est important,
01:04:25c'est que des gens
01:04:26comme Arnaud Gallet
01:04:27fassent le travail
01:04:28de fond
01:04:29et puis qu'on avance.
01:04:30Après,
01:04:31on a aussi besoin
01:04:32des médias.
01:04:33Il faut faire
01:04:34la part des choses.
01:04:35Et puis après,
01:04:36si vous voulez,
01:04:37pour rebondir
01:04:38sur la question du genre,
01:04:39je pense que là où c'est important
01:04:40la question du genre,
01:04:41je prenais l'exemple tout à l'heure
01:04:42et j'ai vraiment une pensée
01:04:43pour ce jeune-là,
01:04:44le petit Lucas
01:04:45qui s'est suicidé
01:04:46il y a quoi ?
01:04:47Il y a un an maintenant ?
01:04:48Je ne suis pas de bêtise.
01:04:49Enfin, je dirais peut-être des bêtises,
01:04:50mais voilà où sa maman
01:04:51a encore pris la parole
01:04:52quand même récemment,
01:04:53etc.
01:04:54On voit bien qu'à l'école,
01:04:55l'école c'est aussi le lieu
01:04:56où il y a énormément de moqueries,
01:04:57il y a du harcèlement,
01:04:58etc.
01:04:59Et c'est vrai que cette question
01:05:00finalement,
01:05:01qui n'est pas suffisamment abordée
01:05:02en société
01:05:03ou que la société a eu du mal
01:05:04à accepter pendant longtemps
01:05:05comme la question de l'homosexualité,
01:05:06c'est des choses
01:05:07qui effectivement
01:05:08sont importantes
01:05:09quand même d'aborder
01:05:10avec les enfants.
01:05:11Après,
01:05:12je suis entièrement d'accord
01:05:17C'est pas le sujet.
01:05:18On peut se dire
01:05:19qu'on a le droit de s'aimer,
01:05:20qu'il y a des personnes
01:05:21des fois du même sexe
01:05:22qui s'aiment,
01:05:23et on a le droit de se dire
01:05:24aussi que quand on s'aime,
01:05:25on n'est pas violent,
01:05:26etc.
01:05:27C'est quelque chose qui est important.
01:05:28On a le droit aussi de se dire
01:05:29qu'il y a la question du consentement
01:05:30et je pense que c'est tout ça.
01:05:31En fait,
01:05:32tout est imbriqué en réalité,
01:05:33je pense.
01:05:34Mais quand c'est bien fait,
01:05:35quand c'est fait avec
01:05:36une dimension justement éducative,
01:05:37une dimension aussi
01:05:38de vie en société,
01:05:39et là on voit bien
01:05:40que toutes ces affaires
01:05:41nous montrent quoi ?
01:05:42Nous montrent bien souvent
01:05:43un échec sociétal majeur.
01:05:44Et c'est pour ça que
01:05:45reprendre en fait
01:05:46la base de l'éducation,
01:05:47mais pas uniquement
01:05:48sur les enfants,
01:05:49c'est pour ça que moi j'y tiens
01:05:50vraiment en disant aussi
01:05:51que c'est de voir aussi
01:05:52qui, comment dire,
01:05:53dispense cette éducation.
01:05:54Et donc c'est nous aussi adultes
01:05:55qui devons être au clair
01:05:56par rapport à ça.
01:05:57Et je pense que c'est là
01:05:58que ça nécessite vraiment
01:05:59des politiques publiques majeures.
01:06:00On parlait de santé publique
01:06:01tout à l'heure à juste titre
01:06:02en se disant qu'il y a
01:06:03des impacts aussi
01:06:04qui sont assez importants.
01:06:05Et on voit bien qu'aujourd'hui
01:06:06là où le bas blesse,
01:06:07c'est qu'il n'y a pas
01:06:08suffisamment de moyens
01:06:09ou de volonté politique
01:06:10pour aller dans ce sens-là.
01:06:11Vous voulez réagir Laurent encore ?
01:06:12Oui, bien sûr.
01:06:13Alors je vous laisse juste
01:06:14patienter deux minutes
01:06:15parce qu'on est obligé
01:06:16de faire une petite pause
01:06:17et puis vous reprenez
01:06:18la parole Laurent
01:06:19dans un instant.
01:06:20Vous voulez parler
01:06:21à Brigitte Lahaye ?
01:06:220826 300 300
01:06:2314h16, Brigitte Lahaye
01:06:24Sud Radio.
01:06:25Arnaud Gallet est avec nous
01:06:26et on retrouve
01:06:27Brigitte Lahaye
01:06:28dans la salle.
01:06:29Bonjour Brigitte.
01:06:30Bonjour Arnaud.
01:06:31Bonjour Brigitte.
01:06:32Bonjour Arnaud.
01:06:33Bonjour Brigitte.
01:06:34Bonjour Brigitte.
01:06:35Bonjour Brigitte.
01:06:36Brigitte Lahaye
01:06:37est avec nous
01:06:38et on redonne la parole
01:06:39à Laurent
01:06:40qui n'a pas eu encore
01:06:41beaucoup de temps
01:06:42de s'exprimer.
01:06:43Donc allez-y Laurent,
01:06:44on vous écoute.
01:06:45Merci beaucoup.
01:06:46Alors oui,
01:06:47il ne faut pas se méprendre.
01:06:48Je n'ai rien contre
01:06:49le genre et autres,
01:06:50bien sûr.
01:06:51Ça doit être déjà
01:06:52terrible pour un enfant
01:06:53de se trouver
01:06:54dans cette situation
01:06:55et de ne pas savoir tout ça.
01:06:56Là, je dirais qu'il faudrait
01:06:57peut-être former
01:06:58un peu plus les adultes
01:06:59que de demander
01:07:00à un enfant
01:07:01cette responsabilité-là.
01:07:02Exactement.
01:07:03Et j'ai connu assez
01:07:04la méchanceté
01:07:05à l'école
01:07:06des autres enfants.
01:07:07Bien sûr.
01:07:08Donc voilà,
01:07:09ce n'est pas
01:07:10qui me dérange le plus.
01:07:11Nos énarques,
01:07:12peut-être,
01:07:13devraient se pencher
01:07:14plus sur ce genre
01:07:15de questions.
01:07:16Oui,
01:07:17mais là,
01:07:18en l'occurrence,
01:07:19encore une fois,
01:07:20la loi sur l'éducation
01:07:21et la vie affective,
01:07:22relationnelle et sexuelle
01:07:23ou intime,
01:07:24pour être plus petit,
01:07:25elle date de 2001
01:07:26et c'est une loi
01:07:27qui a été
01:07:28mise en place
01:07:29par l'Assemblée nationale
01:07:30pour l'éducation
01:07:31et la vie affective
01:07:32elle date de 2001.
01:07:33C'est-à-dire que
01:07:34nos énarques,
01:07:35comme vous dites,
01:07:36pour reprendre vos termes,
01:07:37ils feraient mieux
01:07:38de se dire,
01:07:39finalement,
01:07:40appliquons la loi
01:07:41puisque finalement,
01:07:42on a l'impression
01:07:43et c'est ça qui est terrible,
01:07:44c'est que,
01:07:45vous savez,
01:07:46on est dans une société
01:07:47à mon sens
01:07:48où on a l'impression
01:07:49qu'à chaque fait divers
01:07:50ou à chaque affaire terrible,
01:07:51il faudrait qu'on ait
01:07:52une réponse juridique.
01:07:53Mais des fois,
01:07:54on se dit,
01:07:55mais bon sang,
01:07:56quand même,
01:07:57les lois existent déjà.
01:07:58Mais appliquons-les.
01:07:59Enfin, je veux dire,
01:08:00là, par exemple,
01:08:01il y a eu un procès
01:08:02moins connu.
01:08:03Vous voyez,
01:08:04sur un procès
01:08:05au tribunal de Paris
01:08:06avec 10 jeunes filles
01:08:07qui ont été agressées sexuellement,
01:08:08harcelées sexuellement
01:08:09par l'ancien directeur du foot
01:08:10d'un club de foot
01:08:11qui s'appelle
01:08:12la Salésienne,
01:08:13d'accord,
01:08:14dans le 17ème arrondissement.
01:08:15Ça a été sourcé,
01:08:16il y a eu des enquêtes médias
01:08:17par le Parisien, etc.,
01:08:18qui montrent que,
01:08:19inévitablement,
01:08:20et d'ailleurs,
01:08:21ça a été la position
01:08:22de la ville de Paris
01:08:23qui a suspendu
01:08:24quand même la subvention,
01:08:25que le club
01:08:26n'est pas clair là-dedans
01:08:27et d'ailleurs
01:08:28que des joueuses
01:08:29avaient été expulsées
01:08:30après avoir dénoncé
01:08:31des faits
01:08:32quand même de harcèlement sexuel,
01:08:33etc.
01:08:34Le jour du procès,
01:08:35on peut se dire
01:08:36mais bon sang,
01:08:37sur le banc des accusés,
01:08:38le club doit être présent
01:08:39quand même.
01:08:40C'est-à-dire qu'à un moment donné,
01:08:41ce club-là
01:08:42qui n'a pas réagi, etc.,
01:08:43et qui a permis
01:08:44à un agresseur
01:08:45de faire autant de victimes,
01:08:46il a des responsabilités.
01:08:47On regarde la loi,
01:08:48ça s'appelle
01:08:49la non-dénonciation.
01:08:50Pire,
01:08:51le club qui n'a pas réagi,
01:08:52ça a permis
01:08:53à cet agresseur
01:08:54de se faire embaucher après
01:08:55dans une association
01:08:56de protection de l'enfance,
01:08:57donc on taira le nom
01:08:58et là encore,
01:08:59il a fait des victimes.
01:09:00Donc on se dit
01:09:01qu'il y a une responsabilité
01:09:02en cascade
01:09:03et ces gens-là
01:09:04ne sont jamais...
01:09:05Mais la loi, elle existe pourtant,
01:09:06la loi sur la non-dénonciation.
01:09:07Pourquoi est-ce que
01:09:08les magistrats eux-mêmes
01:09:09ou le procureur de la République
01:09:10ne l'appliquent pas ?
01:09:11C'est une question.
01:09:12C'est-à-dire qu'à un moment donné,
01:09:13et c'est là que c'est compliqué,
01:09:14c'est-à-dire que bien sûr,
01:09:15vous avez raison,
01:09:16les NARC, etc.,
01:09:17enfin les personnes
01:09:18qui nous gouvernent
01:09:19pour dire les choses
01:09:20de cette manière-là,
01:09:21mais moi je suis entièrement
01:09:22d'accord avec ce que vous dites
01:09:23C'est-à-dire,
01:09:24appliquons la loi
01:09:25plutôt que de se dire
01:09:26tiens, je vais avoir une loi
01:09:27à mon nom
01:09:28parce qu'on sait
01:09:29que ça leur fait plaisir.
01:09:30Encore une fois,
01:09:31la loi sur l'éducation,
01:09:32la vie affective,
01:09:33relationnelle et sexuelle,
01:09:34c'est 2001.
01:09:35Donc 2001, ça va,
01:09:36ça fait 24 ans maintenant,
01:09:37il faut qu'on arrête les histoires,
01:09:38il faudrait appliquer la loi,
01:09:39c'est la moindre des choses.
01:09:40Je pense,
01:09:41je suis d'accord avec vous.
01:09:42Mais vous savez, Laurent,
01:09:43il y a les hommes politiques,
01:09:44d'abord,
01:09:45on a les hommes politiques
01:09:46qu'on mérite
01:09:47et puis je pense
01:09:48que c'est aussi
01:09:49à tout le monde
01:09:51de se réveiller un petit peu.
01:09:53Voilà, moi je pense que
01:09:55j'aime bien ce poème
01:09:57d'un pasteur
01:09:58qui dit
01:09:59quand ils ont arrêté
01:10:00les philosophes,
01:10:02j'ai rien dit,
01:10:03quand ils sont arrêtés,
01:10:04etc.
01:10:05Et quand ils sont venus m'arrêter,
01:10:06il n'y avait plus personne.
01:10:07Et je crois qu'encore une fois,
01:10:10on est dans,
01:10:11actuellement,
01:10:12et moi je suis assez confiante,
01:10:14je crois qu'actuellement,
01:10:15il y a quand même une,
01:10:17peut-être aussi grâce
01:10:19aux réseaux sociaux
01:10:20qu'on accuse souvent,
01:10:21mais il y a quand même
01:10:22une capacité
01:10:24à chaque citoyen
01:10:25de se réveiller,
01:10:27de dire les choses
01:10:29et de faire bouger les choses.
01:10:31Donc soyons tous conscients
01:10:34du travail qu'il faut qu'on fasse.
01:10:36Il faut essayer, c'est sûr,
01:10:37mais bon,
01:10:38ce n'est pas évident, Brigitte,
01:10:39parce que quand vous êtes
01:10:40confronté à la justice,
01:10:41confronté à,
01:10:42quand on entend parler
01:10:44de femmes qui veulent porter plainte
01:10:46pour viol ou autre
01:10:47et qui arrivent à la gendarmerie,
01:10:48et qu'on leur suicide
01:10:49ils feraient pas le courant.
01:10:50Ça a beaucoup bougé, quand même.
01:10:52Moi, franchement,
01:10:53je crois qu'il faut arrêter aussi
01:10:55de croire que,
01:10:56non, ça bouge quand même beaucoup.
01:10:58Soyons positifs.
01:11:00Parce que ce qui est embêtant, Laurent,
01:11:03c'est que quand on n'est pas positif
01:11:05et qu'on se dit,
01:11:06bon, de toute façon,
01:11:07c'est une bonne excuse
01:11:08pour ne pas bouger.
01:11:09Donc restons...
01:11:11C'est vrai qu'il y a des choses
01:11:12qui ont bougé au niveau
01:11:13des forces de l'ordre.
01:11:14Après, il y a encore beaucoup
01:11:15à faire au niveau de la justice
01:11:16et ce sont les chiffres
01:11:17qui sont eux-mêmes.
01:11:18Mais c'est vrai qu'il y a
01:11:19des choses qui évoluent.
01:11:20On voit bien,
01:11:21on peut parler de la gendarmerie
01:11:22qui les forme aussi.
01:11:23Par moment,
01:11:24il y a, comment dire,
01:11:25les maisons de protection
01:11:26des familles
01:11:27qui ont été mises en place
01:11:28qui c'est un nouveau dispositif
01:11:29comme depuis 2018
01:11:30qui se déplace dans le territoire
01:11:31alors que les moyens
01:11:32ne sont pas suffisants.
01:11:33Mais néanmoins,
01:11:34avec des personnes
01:11:35qui sont formées,
01:11:36c'est vrai qu'on devrait aller
01:11:37nettement peut-être plus loin,
01:11:38mais en se disant
01:11:39qu'effectivement,
01:11:40il y a quand même
01:11:41quelque chose
01:11:42qui va dans le bon sens.
01:11:43Après, moi, j'insiste un peu,
01:11:44parce qu'il y a un vrai sujet
01:11:45mais qui est un sujet de fond
01:11:46en réalité.
01:11:47Oui, parce qu'il n'y a pas
01:11:48que par rapport aux abus.
01:11:49Exactement.
01:11:50Et on évacue très souvent
01:11:51le sujet de fond.
01:11:52C'est-à-dire qu'en se disant,
01:11:53au bout d'un moment,
01:11:54ce n'est pas juste de dire,
01:11:55je suis désolé,
01:11:56je vais le dire ici
01:11:57de manière un peu vulgaire,
01:11:58salaud de juge
01:11:59ou quoi que ce soit.
01:12:00Ce n'est pas le sujet.
01:12:01Le sujet,
01:12:02c'est un sujet de fond.
01:12:03C'est de comprendre pourquoi,
01:12:04par exemple,
01:12:05sur la question de violence sexuelle,
01:12:06il y a 73% de classements sans suite.
01:12:07La question,
01:12:08ce n'est pas de se dire
01:12:10un juge qui s'en moque.
01:12:11C'est de comprendre,
01:12:12de se dire que 16 chiffres, etc.
01:12:13Est-ce qu'il y a un problème
01:12:14au niveau pour caractériser
01:12:15l'infraction ?
01:12:16Donc, c'est un sujet.
01:12:17Comment est-ce qu'on arrive
01:12:18à caractériser autrement
01:12:19l'infraction ?
01:12:20C'est un sujet de fond
01:12:21en termes de droit
01:12:22qui est un sujet important.
01:12:23Et on l'évacue
01:12:24à chaque fois, quasiment.
01:12:25On voit que la loi
01:12:26sur le non-consentement
01:12:27avant 15 ans
01:12:28fait forcément évoluer
01:12:29les justices.
01:12:30Bien sûr.
01:12:31À partir du moment
01:12:32où on entend quand même
01:12:33la parole de l'enfant.
01:12:34Mais c'est du mieux,
01:12:35effectivement.
01:12:36Après, le sujet de fond,
01:12:39c'est le vrai sujet de fond.
01:12:40Et tout le monde le dit.
01:12:41C'est le sujet
01:12:42qui doit y avoir,
01:12:43au bout d'un moment,
01:12:44un débat
01:12:45avec les magistrats,
01:12:46la magistrature, etc.
01:12:47Enfin, bref,
01:12:48l'ensemble sur la justice
01:12:49et sur comment
01:12:50est-ce qu'on peut évoluer.
01:12:51Et c'est normal, en fait.
01:12:52On évolue avec son temps.
01:12:53Et malheureusement,
01:12:54aujourd'hui,
01:12:55il n'y a pas suffisamment
01:12:56de déballage.
01:12:57Et c'est vrai que
01:12:58c'est important de le souligner.
01:12:59Je suis entièrement d'accord
01:13:00avec ce que disait Brigitte.
01:13:01Il y a quand même
01:13:02des évolutions,
01:13:03notamment au niveau
01:13:04des commissariats.
01:13:05Il y a encore des choses
01:13:06qui, aujourd'hui,
01:13:07satisfaire,
01:13:08on va quand même se dire
01:13:09qu'on va dans le bon sens.
01:13:10Et c'est souvent lié
01:13:11à des témoignages
01:13:12terribles de personnes,
01:13:13notamment,
01:13:14vous parlez de femmes
01:13:15à juste titre de rang,
01:13:16qui ont été
01:13:17dans des commissariats.
01:13:18Ça nous a tous choqués.
01:13:19Et je pense que,
01:13:20petit à petit,
01:13:21on arrive à avancer.
01:13:22Et on espère,
01:13:23bien entendu,
01:13:24que quand,
01:13:25tout du moins,
01:13:26cette parole
01:13:27n'est pas prise en compte,
01:13:28qu'il y ait des sanctions
01:13:29par la suite.
01:13:30Parce qu'effectivement,
01:13:31on a besoin de...
01:13:32Et moi,
01:13:33je viendrai juste là-dessus.
01:13:34Dans mon exemple précis,
01:13:35j'ai été recueilli
01:13:36par une brigadière.
01:13:37Et je m'en rappellerai,
01:13:38je pense,
01:13:39toute ma vie.
01:13:40J'ai eu deux heures d'entretien.
01:13:41À chaque fois,
01:13:42j'ai beaucoup d'émotions
01:13:43pour en parler.
01:13:44Parce que je pense que,
01:13:45si vous voulez,
01:13:46elle m'a permis
01:13:47de me faire avancer,
01:13:48peut-être même plus
01:13:49que ma psy,
01:13:50pour dire les choses comme ça.
01:13:51J'ai su ce que voulait dire
01:13:52symboliquement déposer plainte
01:13:53parce que cette personne
01:13:54était formée.
01:13:55Et maintenant,
01:13:56je me dis,
01:13:57mon affaire est en cours
01:13:58depuis plusieurs années.
01:13:59Parce que c'est les délais
01:14:00qui sont hyper longs.
01:14:01Moi, ça fait six ans,
01:14:02alors que mes agresseurs
01:14:03ne sont pas là.
01:14:04Mais ça fait partie
01:14:05un peu de ce que disait Laurent,
01:14:06sur le dysfonctionnement,
01:14:07ce qu'on vient de dire.
01:14:08Mais moi, je sais que néanmoins,
01:14:09j'ai un avant et un après.
01:14:10C'est-à-dire que cette brigadière,
01:14:11vous voyez,
01:14:12il m'a fallu peut-être
01:14:13cinq ans pour lui envoyer un mail.
01:14:14Je lui ai envoyé un mail récemment
01:14:15pour la remercier,
01:14:16pour la remercier infiniment
01:14:17parce que je pense que
01:14:18ça m'a fait passer
01:14:19une étape fondamentale
01:14:20dans ma vie.
01:14:21Et grâce à elle...
01:14:22Est-ce qu'elle vous a reconnue
01:14:23en tant que télé?
01:14:24Et son collègue
01:14:25qui était à côté,
01:14:26le co-exigu,
01:14:27un monsieur qui était
01:14:28en plus assez balèze,
01:14:29qui s'est levé au moment,
01:14:30il entendait, bien entendu,
01:14:31mes déclarations
01:14:32et il a eu l'humanité,
01:14:33je dis bien l'humanité,
01:14:34de mettre sa main
01:14:35sur mon épaule.
01:14:36Je peux vous dire
01:14:37que ce sont des choses
01:14:38qui pour moi,
01:14:39des moments de vie
01:14:40qui m'ont,
01:14:41alors que j'avais un peu peur,
01:14:42qui m'ont bouleversé,
01:14:43qui me font dire,
01:14:44effectivement,
01:14:45comme Brigitte le disait,
01:14:46que les choses évoluent.
01:14:47Alors, bien sûr,
01:14:48qu'il y a encore des choses
01:14:49à faire avancer,
01:14:50mais quand même,
01:14:51quand on en est là aujourd'hui,
01:14:52c'est qu'on peut se dire
01:14:53qu'on peut avoir espoir,
01:14:57je vais vous donner
01:14:58une petite anecdote,
01:14:59Laurent et Arnaud,
01:15:00pour vous montrer
01:15:01à quel point ça évolue,
01:15:02j'ai une très très bonne amie
01:15:03qui était journaliste
01:15:04et qui,
01:15:05dans les années 80,
01:15:06essayait de faire sortir
01:15:07un grand dossier
01:15:08de pédocriminalité
01:15:09avec des hautes sphères,
01:15:10je ne citerai pas
01:15:11de plus que ça,
01:15:12et qui a été menacée de mort
01:15:13et qui a été obligée
01:15:14d'arrêter.
01:15:15Donc, je pense qu'aujourd'hui,
01:15:16ça n'existerait plus.
01:15:17Donc, ça bouge, ça bouge
01:15:18et soyons prudents.
01:15:19Alors,
01:15:20je vais vous donner
01:15:21une petite anecdote,
01:15:22Laurent et Arnaud,
01:15:23pour vous montrer
01:15:24à quel point ça évolue.
01:15:25Donc, ça bouge,
01:15:26ça bouge
01:15:27et soyons confiants.
01:15:28Merci Laurent.
01:15:29Merci beaucoup.
01:15:30Catherine, bonjour.
01:15:31Bonjour Catherine.
01:15:32Bonjour Arnaud.
01:15:33Bonjour.
01:15:34Meilleur voeu à vous.
01:15:35Vous aussi Catherine,
01:15:36une superbe année 2025.
01:15:37Alors moi,
01:15:38oh oui,
01:15:39je le souhaite,
01:15:40je vous le souhaite
01:15:41et voilà,
01:15:42je me le souhaite aussi.
01:15:43Mais sûrement.
01:15:44Alors,
01:15:45mon témoignage,
01:15:46comment dire,
01:15:47c'est un message d'espoir
01:15:48parce que,
01:15:49c'est un message
01:15:50d'espoir
01:15:51parce que,
01:15:52c'est un message
01:15:53d'espoir
01:15:54parce que,
01:15:55donc moi,
01:15:56j'ai été,
01:15:57j'ai subi
01:15:58des attouchements sexuels
01:15:59à l'âge de 6 ans.
01:16:00Donc,
01:16:01ça reste une partie
01:16:02très floue dans ma vie,
01:16:03très,
01:16:04voilà,
01:16:05sur laquelle je niais à voile.
01:16:06Mais,
01:16:07je sais que ça existait.
01:16:08Donc,
01:16:09j'ai des scenes encore
01:16:10puisque j'étais gardée
01:16:11à l'époque,
01:16:12j'habite en Algérie à l'époque
01:16:13et j'étais gardée
01:16:14par la gardienne de l'immeuble
01:16:15avec mon frère
01:16:16quand on rentrait de l'école.
01:16:17Bon,
01:16:18voilà.
01:16:19Donc,
01:16:20ça,
01:16:21ce sont les premiers faits.
01:16:22Je ne sais pas
01:16:23si c'était le mari
01:16:24de la gardienne
01:16:25qui abusait.
01:16:26Oui,
01:16:27c'était le mari.
01:16:28Oui,
01:16:29tout à fait.
01:16:30En fait,
01:16:31elle nous mettait,
01:16:32quand on arrivait,
01:16:33déjà,
01:16:34elle nous montrait le martinet.
01:16:35Donc,
01:16:36déjà,
01:16:37il ne fallait rien dire.
01:16:38Donc,
01:16:39on se taisait.
01:16:40Il fallait rester très sage.
01:16:41On était très sages,
01:16:42d'ailleurs,
01:16:43mais bon.
01:16:44Elle me mettait,
01:16:45moi,
01:16:46à côté de Hossine
01:16:47et Olivier,
01:16:48mon frère,
01:16:49à côté de moi.
01:16:50Et j'ai toujours demandé
01:16:51à mon frère,
01:16:52parce qu'il avait 5 ans.
01:16:53Donc,
01:16:54à 4 ans,
01:16:55il avait 5 ans.
01:16:56Donc,
01:16:57ça,
01:16:58c'était la première chose.
01:16:59Et ensuite,
01:17:00de l'âge de 10 ans
01:17:01à 12 ans,
01:17:02j'ai été violée
01:17:03par le grand ami
01:17:04de mes parents,
01:17:05qu'ils considéraient
01:17:06comme leur frère.
01:17:07Ma mère travaillait
01:17:08avec lui à l'époque,
01:17:09âgée,
01:17:10toujours.
01:17:11Et donc,
01:17:12il avait,
01:17:13voilà,
01:17:14il avait,
01:17:15comment,
01:17:16la porte ouverte
01:17:17chez nous.
01:17:18Et voilà,
01:17:19il venait quand il voulait.
01:17:20Et c'est lui
01:17:21qui venait me chercher
01:17:22à l'école.
01:17:23Ce que je n'ai jamais compris,
01:17:24j'ai posé la question
01:17:25à mon père,
01:17:26parce que mon père
01:17:27était professeur de français
01:17:28là-bas,
01:17:29au lycée d'Alger.
01:17:30Et moi,
01:17:31j'ai fait ma 6e
01:17:32et ma 5e.
01:17:33Donc,
01:17:34à l'époque,
01:17:35de 10 à 12 ans,
01:17:36j'étais au lycée.
01:17:37Et je ne comprends pas
01:17:38pourquoi c'est Robert
01:17:39qui venait me chercher.
01:17:40Bon,
01:17:41bref,
01:17:42voilà.
01:17:43Donc,
01:17:44ce qui est fort probable,
01:17:45mais encore une fois,
01:17:46c'est mon hypothèse
01:17:47et mon intuition
01:17:48qui vous dit ça,
01:17:49Catherine,
01:17:50c'est que vous avez
01:17:51suffisamment manipulé
01:17:52vos parents
01:17:53pour pouvoir aller vous chercher.
01:17:54Certainement.
01:17:55Vous avez tout à fait raison.
01:17:56Oui,
01:17:57et puis après,
01:17:58ce qui est sûr
01:17:59et ce qui est important
01:18:00dans votre témoignage,
01:18:01c'est de rappeler quand même
01:18:02que le premier risque
01:18:03qu'il y a pour une victime,
01:18:04c'est d'être de nouveau victime.
01:18:05C'est-à-dire qu'on a souvent
01:18:06l'impression,
01:18:07quand on a été victime,
01:18:08de devenir agresseur.
01:18:09Je rappelle que les chiffres,
01:18:10d'ailleurs,
01:18:11au niveau de la commission
01:18:12indépendante sur l'inceste
01:18:13et les violences sexuelles
01:18:14faites aux enfants,
01:18:15nous disent quoi ?
01:18:16Que vous avez 81% des victimes
01:18:18alors on dit qu'il y a un tabou
01:18:19sur le niveau des garçons,
01:18:20etc.
01:18:21Quoi qu'il en soit,
01:18:22on a affaire en face
01:18:23à 97% d'agresseurs
01:18:24qui sont des hommes.
01:18:25Donc ça pose déjà
01:18:26la vraie question
01:18:27de la reproduction.
01:18:28Déjà en un,
01:18:29en se disant,
01:18:30s'il y avait un risque
01:18:31de reproduction,
01:18:32bien évidemment,
01:18:33on serait face à des agresseuses.
01:18:34Et puis,
01:18:35ce que nous disent
01:18:36les chiffres aussi,
01:18:37c'est que vous avez
01:18:3840% des agresseurs
01:18:39qui ont été victimes
01:18:40enfant.
01:18:41Ça veut bien dire que néanmoins,
01:18:42et vous avez un tiers
01:18:43des agresseurs,
01:18:44ça aussi,
01:18:45on n'en parle pas assez,
01:18:46donc il ne faut pas évacuer.
01:18:47C'est sur la justice des mineurs.
01:18:48Donc,
01:18:49ce qui me semble important,
01:18:50une fois qu'on a dit ça,
01:18:51c'est de rappeler
01:18:52que le premier risque
01:18:53pour une victime,
01:18:54c'est d'être de nouveau
01:18:55confronté à ce qu'elle a
01:18:56elle-même connu.
01:18:57C'est un des mécanismes
01:18:58de sidération
01:18:59et qui, malheureusement,
01:19:00l'expose de nouveau.
01:19:01Et vous l'avez dit,
01:19:02c'est peut-être d'autant plus vrai
01:19:03d'ailleurs,
01:19:04quand on a été victime
01:19:05dans un premier temps
01:19:06toute petite,
01:19:07comme vous,
01:19:08et après,
01:19:09quand on se retrouve
01:19:10un peu plus grande.
01:19:11Mais oui,
01:19:12parce que les prédateurs
01:19:13sentent
01:19:14qu'il y a une faille.
01:19:15Oui,
01:19:16ils sentent qu'il y a
01:19:17une fragilité.
01:19:18Exactement.
01:19:19C'est tout à fait ça.
01:19:20Et en fait,
01:19:21je voulais juste dire,
01:19:22bon,
01:19:23ça s'est arrêté
01:19:24parce que
01:19:25nous avons quitté Alger
01:19:26avec mes parents
01:19:27et ils sont venus
01:19:28la seule à Toulouse.
01:19:29Mais malheureusement,
01:19:30il est rentré lui aussi
01:19:31en France
01:19:32et on le voyait régulièrement.
01:19:33Donc,
01:19:34mon bourreau
01:19:35était toujours là,
01:19:36présent,
01:19:37mais il n'y avait plus
01:19:38parce que j'ai grandi,
01:19:39effectivement,
01:19:40et je crois que
01:19:41je ne l'intéressais plus
01:19:42parce que ce qui l'intéressait,
01:19:43c'est moi,
01:19:44petite fille,
01:19:45enfin,
01:19:46jeune adolescente,
01:19:47mais je le revoyais régulièrement.
01:19:48Donc,
01:19:49j'étais toujours posée
01:19:50face à ce qu'il m'a fait
01:19:51survivre là.
01:19:52Ce qu'il vous a fait,
01:19:53oui.
01:19:54Et donc,
01:19:55pour faire court,
01:19:56j'ai fait une thérapie
01:19:57parce que je suis tombée malade,
01:19:58j'ai eu une sclérose en plaques
01:19:59en plaques il y a 6 ans.
01:20:00Et là,
01:20:01ça a été
01:20:02le révélateur de ma vie,
01:20:03cette sclérose en plaques,
01:20:04parce que c'est là
01:20:05que je me suis dit
01:20:06qu'il y avait un problème
01:20:07avec ma vie.
01:20:08Et donc,
01:20:09je me suis dit
01:20:11parce que c'est là que...
01:20:12parce que je sais très bien
01:20:13que c'est lié à mon passé.
01:20:14Enfin,
01:20:15j'ai fait beaucoup de travail
01:20:16et de recherche là-dessus
01:20:17sur la symbolique,
01:20:18etc.,
01:20:19le sens adonné à tout ça.
01:20:20Et j'ai rencontré
01:20:21quelqu'un de merveilleux
01:20:22qui s'appelle
01:20:23le docteur Olivier Soulier,
01:20:24qui est décédé,
01:20:25malheureusement,
01:20:26l'année dernière.
01:20:27Bon.
01:20:28Et donc,
01:20:29je sais pourquoi
01:20:30j'ai eu cette sclérose en plaques
01:20:31par rapport à la loyauté familiale,
01:20:32etc.
01:20:33Et donc,
01:20:34j'ai dit maintenant,
01:20:35il faut qu'il arrête
01:20:36parce que j'étais en souffrance.
01:20:37Ma relation aux hommes,
01:20:38c'était une catastrophe.
01:20:39Je n'allais pas bien.
01:20:40Je faisais des primes.
01:20:41Enfin,
01:20:42bon,
01:20:43bref.
01:20:44Et là,
01:20:45je lui ai dit,
01:20:46bon,
01:20:47maintenant,
01:20:48tu vas t'occuper de toi
01:20:49et tu vas arrêter tout ça
01:20:50et tu vas aller consulter
01:20:51et tu vas faire
01:20:52ce qu'il y a à faire
01:20:53pour comprendre tout ça
01:20:54et pour aller mieux.
01:20:55Et donc,
01:20:56c'est ce que j'ai fait.
01:20:57Et effectivement,
01:20:58je vais...
01:20:59Ça a été une révélation.
01:21:00Donc,
01:21:01je vais beaucoup mieux.
01:21:02Je suis même devenue
01:21:03une femme très épanouie.
01:21:04Et oui,
01:21:05j'ai fait des recherches
01:21:07et aussi,
01:21:08je me suis...
01:21:09Ce que je voulais pour répondre
01:21:10à ce que vous disiez
01:21:11avec l'interlocuteur précédent,
01:21:12j'ai fait,
01:21:13malgré le délai de prescription,
01:21:14j'ai quand même écrit
01:21:15au procureur de la République
01:21:16de Toulouse
01:21:17pour demander réparation,
01:21:18c'est-à-dire pour...
01:21:19Non,
01:21:20enfin,
01:21:21pour faire porter plainte.
01:21:22Alors,
01:21:23mais c'était pour moi
01:21:24très symbolique.
01:21:25C'est bien.
01:21:26Vous avez raison,
01:21:27ça compte.
01:21:28Oui,
01:21:29c'est ça,
01:21:30de fermer...
01:21:31de fermer le livre
01:21:32d'un moment à l'autre.
01:21:33Donc,
01:21:34j'ai fait
01:21:35fermer le livre
01:21:36de ce qui...
01:21:37Voilà,
01:21:38de cette...
01:21:39de ce viol
01:21:40et de me dire,
01:21:41je vais être lue
01:21:42par quelqu'un
01:21:43qui est la loi.
01:21:44Exactement.
01:21:45Et donc,
01:21:46pour moi,
01:21:47il y aura une forme de réparation
01:21:48que je n'ai pas eu
01:21:49de la part de mes parents,
01:21:50malheureusement,
01:21:51mais bon...
01:21:52En tout cas,
01:21:53oui,
01:21:54c'est un geste
01:21:55qui, symboliquement,
01:21:56a de la puissance
01:21:57et c'est important
01:21:58de l'avoir fait.
01:21:59Je vous remercie
01:22:00de votre témoignage positif.
01:22:01Vous l'avez bien dit.
01:22:02Merci.
01:22:03Merci.
01:22:04C'est un geste positif,
01:22:05vous l'avez bien dit
01:22:06et on voit bien
01:22:07que dans votre voix,
01:22:08on l'entend.
01:22:09Ça va bien.
01:22:10Je suis juste obligée
01:22:11d'ajouter,
01:22:12je ne redirai pas le nom
01:22:13de la personne
01:22:14dont vous avez parlé,
01:22:15mais qu'il y a
01:22:16des plaintes
01:22:17sur cette personne
01:22:18pour abus.
01:22:19Donc,
01:22:20je voudrais juste
01:22:21ne pas...
01:22:22Bon,
01:22:23il s'est suicidé
01:22:24ou il est mort,
01:22:25on ne sait pas trop,
01:22:26mais voilà.
01:22:27Donc,
01:22:28je voulais juste
01:22:29signaler ça quand même
01:22:30parce que s'il y a des personnes
01:22:31qui ont été abusées par lui,
01:22:32qu'elle sache
01:22:33qu'il a été suicidé.
01:22:34Merci Catherine.
01:22:35On fait une petite pause.
01:22:36On se retrouve dans un instant.
01:22:3714h-16h,
01:22:38Brigitta et Sud Radio.
01:22:3914h-16h,
01:22:40Brigitta et Sud Radio.
01:22:41Arnaud Gallet
01:22:42est avec nous.
01:22:43Je rappelle le titre
01:22:44de votre livre
01:22:45J'étais un enfant.
01:22:46C'est aux éditions Flammarion
01:22:47si on veut mieux comprendre
01:22:48votre parcours.
01:22:49Et puis,
01:22:50je rappelle
01:22:51que vous avez lancé
01:22:52ce sticker
01:22:53l'éducation affective
01:22:54et sexuelle.
01:22:55C'est ton droit
01:22:56à l'éducation
01:22:57affective
01:22:58et sexuelle.
01:22:59C'est ton droit
01:23:00à l'éducation
01:23:01affective
01:23:02et sexuelle.
01:23:03C'est ton droit.
01:23:04Réclame-la à tes profs.
01:23:05Voilà ce que
01:23:06tous les enfants
01:23:07peuvent lire,
01:23:08entendre
01:23:09et voir.
01:23:10Séverine,
01:23:11bonjour.
01:23:12Bonjour.
01:23:13Bonjour Brigitte
01:23:14et bonjour
01:23:15à votre invité
01:23:16Arnaud Gallet.
01:23:17Bonjour Brigitte.
01:23:18Bonjour.
01:23:19Alors moi,
01:23:20pour ma part,
01:23:21je voulais témoigner
01:23:22sur le sujet
01:23:23parce que j'ai été
01:23:24concernée
01:23:25par des viols
01:23:26par deux personnes
01:23:27différentes
01:23:28des voisins
01:23:29à l'époque.
01:23:30Alors,
01:23:31ça date
01:23:32déjà d'un
01:23:33certain nombre
01:23:34d'années.
01:23:35J'étais petite,
01:23:36j'avais sept ans
01:23:37à l'époque
01:23:38et
01:23:39j'ai gardé,
01:23:40il ne fallait pas dire,
01:23:41c'était un secret
01:23:42puisque c'est ce qu'on m'avait
01:23:43demandé de dire.
01:23:44C'est les voisins
01:23:45qui vous avaient dit ?
01:23:46Oui.
01:23:47Donc,
01:23:48je n'ai
01:23:49rien dit
01:23:50et puis,
01:23:51bon,
01:23:52après,
01:23:53il y a eu
01:23:54le sentiment,
01:23:55alors à petit âge,
01:23:56je ne sais pas
01:23:57comment je réagissais
01:23:58mais toujours est-il
01:23:59que je n'ai
01:24:00rien dit.
01:24:01En tout cas,
01:24:02plus de 25 ans,
01:24:03pendant 25 ans,
01:24:04derrière,
01:24:05j'ai tout gardé
01:24:06en fuites,
01:24:07en moi,
01:24:08sans faire de déni.
01:24:09Céverine,
01:24:10il faut bien comprendre
01:24:11que quand on a sept ans
01:24:12et que des adultes
01:24:13qui,
01:24:14a priori,
01:24:15sont des gens
01:24:16que nos parents
01:24:17saluent,
01:24:18etc.,
01:24:19nous expliquent
01:24:20que c'est un secret
01:24:21et qu'il ne faut surtout
01:24:22rien dire,
01:24:23on peut les croire
01:24:24sincèrement
01:24:25et donc,
01:24:26vous n'avez pas
01:24:27à vous poser d'autres questions
01:24:28que le fait que vous étiez pure
01:24:29enfant et que,
01:24:30donc,
01:24:31on vous a manipulé.
01:24:32Oui,
01:24:33tout à fait.
01:24:34Effectivement,
01:24:35il m'a fallu un certain
01:24:36nombre d'années
01:24:37pour le comprendre
01:24:38et même l'extérioriser
01:24:39parce que je n'en avais
01:24:40parlé à personne
01:24:41puisque,
01:24:42après,
01:24:43il y a eu le sentiment
01:24:44de culpabilité
01:24:45que toutes les personnes
01:24:46qui ont vécu,
01:24:47malheureusement,
01:24:48ça ont connu.
01:24:49Donc,
01:24:50une grande culpabilité
01:24:51que j'ai eue
01:24:52pendant des années
01:24:53et très très longtemps
01:24:54et il a fallu
01:24:55un moment
01:24:56que j'aille consulter
01:24:57pour autre chose
01:24:58et puis,
01:24:59c'est sorti.
01:25:00Alors,
01:25:01pourquoi à ce moment-là ?
01:25:02Mais toujours est-il
01:25:03que,
01:25:04enfin,
01:25:05mon témoignage
01:25:06c'était pour faire part
01:25:07aux auditrices
01:25:08et auditeurs,
01:25:09d'ailleurs,
01:25:10que si jamais
01:25:11ça leur arrivait,
01:25:12il fallait surtout en parler.
01:25:13Vraiment,
01:25:14vraiment.
01:25:15Moi,
01:25:16ça m'a ouvert.
01:25:17Alors,
01:25:18ça a été un tsunami
01:25:19quand même
01:25:20au moment
01:25:21où j'en ai parlé.
01:25:22C'était assez difficile,
01:25:23violent pour ma part
01:25:24mais après,
01:25:25j'ai été accompagnée
01:25:26et j'ai été bien suivie
01:25:27et aujourd'hui,
01:25:28j'arrive à en parler
01:25:29ouvertement
01:25:30sans pleurer
01:25:31même si ça m'a mis au bout,
01:25:32ça a pris beaucoup de temps.
01:25:33Mais,
01:25:34voilà,
01:25:35j'ai découvert mon corps
01:25:36parce que pendant
01:25:37toutes ces années,
01:25:38donc quasiment plus de 30 ans,
01:25:39je me détestais,
01:25:40je me trouvais vraiment
01:25:41horrible,
01:25:42affreuse,
01:25:43je détestais faire l'amour
01:25:44et aujourd'hui,
01:25:45j'ai pris goût
01:25:46à faire l'amour,
01:25:47à apprécier,
01:25:48à prendre du plaisir
01:25:49parce que c'était ça
01:25:50aussi compliqué.
01:25:51Donc,
01:25:52j'ai découvert
01:25:53mon corps
01:25:54parce que
01:25:55pendant toutes ces années,
01:25:56je me détestais.
01:25:57Donc,
01:25:58vraiment le témoignage...
01:25:59Vous êtes réconciliée
01:26:00avec votre corps
01:26:01et c'est ça
01:26:02qui est important
01:26:03parce que,
01:26:04vous savez,
01:26:05le corps,
01:26:06il ressent les choses
01:26:07parfois différemment
01:26:08que notre tête
01:26:09ou nos émotions
01:26:10mais certainement
01:26:11que la petite fille
01:26:12de 7 ans
01:26:13quand vous aviez
01:26:147 ans,
01:26:15son corps,
01:26:16il sentait quelque chose
01:26:17de peut-être
01:26:18un peu dégoûtant,
01:26:19peut-être pas
01:26:20et donc ça,
01:26:21très longtemps,
01:26:22ça a dû être
01:26:23imprimé
01:26:25dans votre corps
01:26:26et puis,
01:26:27à un moment donné,
01:26:28vous avez réussi
01:26:29à reprendre possession
01:26:30de votre corps
01:26:31et donc,
01:26:32aujourd'hui,
01:26:33il peut avoir du plaisir
01:26:34librement,
01:26:35j'ai envie de dire.
01:26:36Ça vous va ?
01:26:37Oui,
01:26:38oui,
01:26:39oui,
01:26:40oui,
01:26:41totalement,
01:26:42oui.
01:26:43Le témoignage,
01:26:44comme vous le dites,
01:26:45le corps a imprimé
01:26:46parce que,
01:26:47pendant toutes ces années,
01:26:48j'ai fait énormément
01:26:49d'infections,
01:26:50c'était très compliqué
01:26:51physiquement.
01:26:52J'ai eu des traitements,
01:26:53j'ai été suivi
01:26:54et sans jamais trouver
01:26:55le genre de parler,
01:26:56ça s'est libéré.
01:26:57Je voudrais quand même
01:26:58dire à tous ceux
01:26:59qui nous écoutent
01:27:00et surtout aux femmes
01:27:01qui nous écoutent,
01:27:02si vous avez
01:27:03des tas de problèmes
01:27:04de santé,
01:27:05notamment au niveau
01:27:06des organes génitaux,
01:27:07si vous avez
01:27:08des problèmes alimentaires
01:27:09énormes,
01:27:10si vous avez
01:27:11des problèmes
01:27:12endoctrinaux,
01:27:13essayez quand même
01:27:14de, éventuellement,
01:27:15voir la piste.
01:27:16Ça ne veut pas dire
01:27:17forcément que vous avez
01:27:18subi des abus
01:27:19mais ça vaut le coup
01:27:20quand même
01:27:21d'aller un petit peu
01:27:22plus loin.
01:27:23En tout cas,
01:27:24ça fait partie
01:27:25des symptômes
01:27:26de comorbidité
01:27:27qui sont ceux
01:27:28quand même
01:27:29de personnes victimes
01:27:30de violences sexuelles
01:27:31et c'est important
01:27:32de le rappeler.
01:27:33Voilà,
01:27:34c'est de temps en temps
01:27:35besoin de dire les choses.
01:27:36Bien sûr,
01:27:37et là où c'est bluffant
01:27:38par moments,
01:27:39c'est que cette question
01:27:40d'amnésie traumatique
01:27:41dont on a parlé tout à l'heure
01:27:42rapidement,
01:27:43c'est-à-dire que c'est
01:27:44des souvenirs
01:27:45qui sont enfouis.
01:27:46Effectivement,
01:27:47pour la personne elle-même,
01:27:48c'est compliqué de se dire
01:27:49« Non, j'ai pas le souvenir d'eux »
01:27:50et pourtant,
01:27:51c'est des personnes
01:27:52qui ont des souvenirs
01:27:53qui reviennent peu à peu
01:27:54ou qui se doutent
01:27:55qu'ils ne les voient pas
01:27:56complètement
01:27:57et qu'ils comprennent mieux
01:27:58leur état de santé
01:27:59petit à petit.
01:28:00Les rêves
01:28:01peuvent aider aussi
01:28:02de temps en temps.
01:28:03On est en fin d'émission,
01:28:04je suis désolée Séverine,
01:28:05je vous aurais volontiers
01:28:06donné plus la parole
01:28:07mais on est contrainte
01:28:08de rendre l'antenne
01:28:09quand il faut
01:28:10sinon ça ne pourrait
01:28:11pas fonctionner.
01:28:12Merci beaucoup Séverine,
01:28:13merci beaucoup Arnaud Gallet
01:28:14et je rappelle que vous
01:28:15continuez la lutte
01:28:16et bon,
01:28:17on se retrouve
01:28:18dans une prochaine
01:28:19émission.
01:28:21N'hésitez pas,
01:28:22si je peux juste
01:28:23passer un message,
01:28:24faire le 119
01:28:25si vous avez besoin,
01:28:26c'est Allo Enfance en danger
01:28:27donc si vous avez un doute,
01:28:28dans le doute,
01:28:29pas de doute,
01:28:30appelez le 119,
01:28:31c'est un numéro
01:28:32avec des personnes
01:28:33de grande qualité
01:28:34au bout du fil
01:28:35qui peuvent vous aiguiller
01:28:36qui sont essentiels
01:28:37et puis n'hésitez pas,
01:28:38comme ça je fais ma com
01:28:39en même temps,
01:28:40à aller sur le site
01:28:41de Mouv'Enfant
01:28:42et donc à nous rejoindre.
01:28:43Vous avez également
01:28:44des petits stickers
01:28:45que vous pouvez coller
01:28:46si vous voulez,
01:28:47d'autres autocollants,
01:28:48d'autres choses
01:28:49et on peut se dire
01:28:50que faisons le vœu
01:28:51en 2025
01:28:52que les enfants
01:28:53sont notre priorité.
01:28:54Et qu'on avance.
01:28:55Merci Arnaud Gallet,
01:28:56tout de suite,
01:28:57vous retrouvez,
01:28:58c'est votre avenir.

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