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La ministre de l'Agriculture Annie Genevard était l'invitée de 20H BFM ce lundi pour évoquer la colère agricole.

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00:00Et bonsoir Annie Gennevard, merci d'être là, je vous laisse le temps de vous installer, on est allés rencontrer les agriculteurs aujourd'hui,
00:07Rebecca Blanle-Lelouch qui est à vos côtés, bonsoir Rebecca, sera avec nous dans un instant pour son reportage, juste une chose,
00:13ils vous demandent quelque chose de tout bête les agriculteurs, ils vous disent rencontrez-nous, on veut voir François Bayrou, vite, avant la semaine prochaine,
00:20pourquoi ne pas leur accorder ça à la coordination rurale ?
00:22Mais vous savez, la coordination rurale, je la rencontre comme les 4 autres syndicats agricoles en permanence depuis 4 mois,
00:31je suis leur interlocutrice très régulièrement, je les écoute, je les visite sur le terrain, j'apporte des réponses pratiques, concrètes à leurs revendications,
00:45On ira dans le concret dans une seconde.
00:47Ils ne sont pas inconnus pour moi, ils ne le sont pas non plus pour le Premier ministre.
00:51Non, il aurait suffit de dire, ok, on vous reçoit, on accélère, la rencontre est prévue la semaine prochaine, vous auriez pu accélérer.
00:57Mais ils le savaient que la rencontre était prévue la semaine prochaine et le Premier ministre va les recevoir, ça fait partie des premières professions que le Premier ministre va recevoir.
01:06J'ai travaillé encore avec lui cet après-midi sur les questions agricoles, elles sont en permanence présentes à notre esprit et dans notre plan de charge,
01:16donc les agriculteurs ne sont absolument pas négligés, ni par leur ministre, ni par le Premier ministre.
01:22Madame la ministre, Rebecca Blanle-Lelouch à vos côtés.
01:24Et Rebecca, vous étiez ce matin au contact des agriculteurs du côté d'Orvaux dans les Seines, c'était un des points de rassemblement,
01:30puisque la coordination rurale avait pour ambition de protester dans Paris, qu'est-ce que ça a donné ?
01:34Oui, nous les avons suivis, les agriculteurs qui étaient présents de pied ferme ce matin,
01:39on est arrivé à 6h35 avec Dorine Jarnias au point de blocage organisé par la coordination rurale,
01:44et les agriculteurs s'apprêtaient à franchir les barrages des gendarmes.
01:49Ça y est, ils nous ont bloqués sur la Nationale.
01:52Ils ont des ordres, si on leur a dit de mettre les plots puis d'arrêter le véhicule, on ne leur demande pas de réfléchir, on leur demande d'obéir.
01:58Je te laisse, je suis avec les journalistes, à tout à l'heure.
02:00Je ne sais pas de quoi ils ont peur, on n'a jamais dit qu'on allait casser quelque chose, on n'est pas des black blocs,
02:05on demande seulement d'avoir un rendez-vous pour supprimer la surtransposition, c'est-à-dire ne pas avoir des normes franco-françaises contre les agriculteurs.
02:13On est vraiment dans le dur, il y en a qui sont dans le dur, il y en a qui seront cet après-midi dans la galette.
02:20Je ne sais pas comment ils peuvent faire, nous on ne pourrait pas.
02:23Ensuite, nous avons rencontré Sébastien, un autre agriculteur.
02:26Il était là depuis hier soir, il a dormi dans son tracteur cette nuit et il s'est confié à nous sur sa détresse.
02:32Trop de dettes, trop de paperasse et des inondations qui ont détruit ses récoltes.
02:37C'est un enchaînement qui fait que ça vous tombe tellement dessus, ça vous prend tellement au trip que vous vous dites c'est bon, on ne veut plus de moi, je n'ai plus rien à faire là.
02:47Et plus tard, le ton est monté entre les agriculteurs de la coordination rurale et les forces de l'ordre.
02:52Certains parviennent à passer en force malgré les barrages de police et les véhicules blindés installés.
02:57Mouvement de foule, tout le monde s'agite et un agriculteur se fait évacuer assez violemment.
03:07On est fouillés là.
03:09On a fait ça comme tout le monde.
03:12C'est bien là.
03:14Bien fait pour le golfe.
03:16Juste sur cette image madame la ministre, pourquoi ne pas les laisser passer ?
03:19Pourquoi ne pas les laisser aller jusqu'à Paris pour manifester ?
03:21Alors, nous avons dit très clairement que manifester c'est un droit, exprimer sa détresse, sa colère, ses attentes, ses revendications.
03:29C'est quelque chose qu'il faut entendre, c'est ce que je fais depuis 4 mois, en permanence.
03:34J'ai délivré un certain nombre de mesures, les aides de soutien à la trésorerie, le fonds d'urgence pour l'indemnisation des animaux malades.
03:42J'ai mis en place des mesures de simplification.
03:47C'est presque un demi milliard d'allègements de charges sociales et fiscales.
03:52Mais là, ils vous disent symboliquement, laissez-nous aller à Paris.
03:54Alors, ils avaient dit, nous voulons bloquer Paris.
03:57Non, on ne bloque pas Paris.
04:00Le mouvement de la coordination rurale, c'est le seul syndicat qui est aujourd'hui présent, à la fois en Ile-de-France et sur l'agglomération lyonnaise.
04:10Nous avons en France 400 000 agriculteurs.
04:13200 agriculteurs sont aujourd'hui mobilisés.
04:16Nous leur avons toujours dit, pas de violence, pas de blocage, ne pas s'en prendre ni au bien ni aux personnes.
04:24Mais en revanche, nous vous écoutons, nous vous entendons, nous vous recevons.
04:29Et c'est ce que fera le Premier ministre la semaine prochaine.
04:32La présidente de la coordination rurale, je l'avais au téléphone aujourd'hui,
04:37elle m'a soumis le cas particulier d'un agriculteur qui était particulièrement dans la détresse,
04:42auquel nous avons apporté une réponse.
04:45C'est apporter des réponses concrètes, c'est être à leur écoute.
04:48Mais pas de blocage, pas de violence, pas s'en prendre au bien aux personnes et pas bloquer.
04:53Aujourd'hui, c'est jour de rentrée scolaire.
04:56Vous ne dites pas aujourd'hui, pas de blocage aujourd'hui.
05:00Pas de blocage aujourd'hui, pas de blocage.
05:03Je ne suis pas certaine que les agriculteurs se rendent plus populaires auprès des Français
05:07s'ils les empêchent d'aller travailler ou s'ils les empêchent de circuler librement.
05:12Rébecca, on a Horvod avec vous.
05:14Pour terminer et revenir sur cette interpellation, cet homme a ensuite été arrêté et menotté
05:20pour s'être positionné devant le camion des gendarmes qui lui était en pleine action
05:23et fait partie des 7 agriculteurs qui ont aussi été interpellés dans la foulée aujourd'hui à Horvod.
05:2924 heures de mobilisation pour la coordination rurale et un slogan qui a retenu notre attention,
05:35qui nous a suivi tout au long de ces rencontres aujourd'hui.
05:37Agriculteurs, petits on en rêve et grands on en crève.
05:40Petits on en rêve, grands on en crève. Cette interpellation, vous le disiez.
05:44Il y a plusieurs, sur le fond il y a plusieurs choses et on va en parler ici avec Camélie.
05:49Je dis aux agriculteurs, et c'est un sujet de préoccupation extrêmement important pour moi,
05:54ils ont vécu une année très difficile, un été épouvantable, où toutes les crises se sont cumulées.
06:01Crises météorologiques, sur fond de crises climatiques, attaques sanitaires d'écheptelles.
06:06Franchement, une telle conjonction de crises, c'est invraisemblable.
06:11Les trésoreries sont en berne.
06:13Mais ce que je voudrais dire, c'est que toute l'agriculture française ne se résume pas à cela.
06:20Et si nous voulons donner des perspectives à l'avenir de notre pays en matière agricole,
06:26si on veut donner envie aux jeunes de s'engager pour l'agriculture, il faut aussi leur donner des perspectives.
06:32Voyez, on est à un mois et demi du Salon de l'agriculture.
06:35Les Français aiment beaucoup aller au Salon de l'agriculture.
06:37C'est vraiment un moment privilégié de rencontre entre les Français et les agriculteurs.
06:41Le thème, c'est la fierté française, la fierté nationale.
06:45Mais là, ils vous disent deux choses, les agriculteurs.
06:47Et après, je vous promets, je vous laisse la parole.
06:49Ils vous disent deux choses, les agriculteurs, ceux de la coordination rurale qui a entendu Rebecca aujourd'hui.
06:53D'abord, pas de surtransposition.
06:55Il n'y a pas plus de normes en France qu'en Europe.
06:57Est-ce que ça, vous dites oui, ok, on arrête ?
07:00Mais oui, mais mille fois oui.
07:02C'est vraiment un mal français, la surtransposition.
07:06C'est un mal français.
07:08Et ceux qui se livrent...
07:09Donc ça, vous leur dites c'est fini ?
07:10C'est fini, il faut...
07:12C'est plus facile de surtransposer que de désurtransposer.
07:16Et ce qu'une loi a fait, une loi seule peut le défaire.
07:22Et je peux vous dire que je n'arrête pas de traquer la complexité administrative
07:29et la simplification, c'est vraiment inscrit, c'est une bannière de mon action.
07:33Et la surtransposition, c'est vraiment mettre des boulets au pied de nos agriculteurs
07:38et c'est insupportable.
07:39Donc cette revendication, non seulement je l'entends, mais je la partage.
07:42Les normes, Christophe Barbier.
07:44Les normes, parce que les agriculteurs, notamment la coordination rurale,
07:48affirment que vous pouvez comme ministre, sans passer par la loi, par des décrets,
07:52par des circulaires, par des ordonnances, arrêter cette surtransposition,
07:56revenir au niveau européen en donnant des consignes aux administrations,
08:00notamment en limitant les contrôles.
08:01Est-ce que c'est vrai ?
08:02Mais c'est vrai.
08:03Mais le premier mois, au bout du premier mois, j'ai mis en œuvre quelque chose
08:08qui demande depuis très longtemps.
08:10Le contrôle administratif unique.
08:12Un seul contrôle par an et par exploitation.
08:15Et l'administration suit ?
08:16Et l'administration, non seulement.
08:18Alors je peux vous dire que vraiment, un ministre, c'est le patron de son administration.
08:23Et moi, j'ai dit à mon administration, c'est-à-dire au préfet, au préfet de département,
08:27qui sont l'administration déconcentrée de l'État sur le territoire,
08:31de mettre en œuvre une mission inter-service administrative.
08:36C'est-à-dire que le préfet est chargé d'organiser le plan de contrôle
08:43avec toutes ses administrations, de sorte qu'il n'y ait pas plus d'un contrôle par an
08:48et par exploitation, hormis les contrôles fiscaux et judiciaires.
08:53Parce que ça, ce ne sont pas des contrôles administratifs.
08:57Je voudrais qu'on parle du revenu, Amélie.
08:59Oui, parce que vous parlez de fierté, c'est vrai que c'est le thème du salon de l'agriculture,
09:03mais la fierté ne nourrit pas.
09:04Et il y a un an et demi, il est vrai que lorsque les agriculteurs étaient descendus
09:08dans la rue avec leur tracteur, ils parlaient beaucoup de ce choc de simplification
09:11qui n'a pas eu lieu à la hauteur de leur espérance.
09:14Mais aujourd'hui, ce qu'on entend aussi beaucoup chez les agriculteurs, c'est le revenu.
09:18Et c'est de pouvoir vivre de son métier.
09:20Je rappelle quand même qu'il y a un agriculteur sur quatre qui vit en dessous du seuil de pauvreté.
09:23Et que par ailleurs, être agriculteur, c'est s'exposer à un risque de surmortalité par suicide.
09:27Donc c'est quand même une vraie question.
09:29Comment vous faites aujourd'hui, comment vous répondez à cette revendication
09:32qui est devenue la première, presque, au-delà du choc de simplification.
09:35Et ce, je l'espère, avant la fin du quinquennat.
09:38Donc la question du revenu, elle est effectivement majeure, vous avez raison.
09:41Il y a trois choses qui déterminent le revenu.
09:43Il y a les charges, il y a la production, les volumes et les prix.
09:49Sur les charges, c'est presque un demi milliard d'allègements de charges
09:52qui sont prévus au budget, pour autant que nous ayons un budget.
09:55C'est la raison pour laquelle la censure a été très préjudiciable aux agriculteurs.
10:00Deuxièmement, c'est la production. Il faut pouvoir produire.
10:03Alors, le ciel s'impose.
10:05Quand vous avez une météo épouvantable, évidemment, ça a une incidence sur la production.
10:10Trop d'eau ou pas assez d'eau, il y a moins de production.
10:13Et puis, il faut pouvoir traiter aussi.
10:17Quand il n'y a pas de traitement, ça impacte naturellement le volume des productions.
10:21Et la troisième chose, c'est le revenu de la matière première agricole.
10:24Et là, ce sont les lois Egalim.
10:26On a commencé avec les lois Egalim.
10:28Vous voyez, ces trois choses sont tout à fait déterminantes.
10:31Mais est-ce que l'État a encore du pouvoir sur la grande distribution aujourd'hui ?
10:34Egalim, c'est faire en sorte que la matière première agricole
10:38soit justement rémunérée dans toute la chaîne.
10:41La production, la transformation et la distribution.
10:46Annie Jalvard, il y a un éléphant dans la pièce.
10:50C'est le Mercosur, parce que ça aussi, ça fait partie des revendications des agriculteurs
10:53qui disent qu'on ne veut pas d'accord avec les pays d'Amérique du Sud.
10:57On ne veut pas des produits sud-américains en France.
10:59Emmanuel Macron l'a dit aujourd'hui.
11:01La partie n'est pas jouée.
11:02Il a même dit autre chose.
11:03Comment il le formule ? La messe n'est pas dite.
11:05Absolument.
11:06Madame la Ministre, vous êtes dans ce dossier avec le Président
11:10à l'unisson avec la plupart des agriculteurs.
11:12C'est-à-dire que vous avez pris position en étant critique vis-à-vis de cet accord.
11:17Quelles sont les garanties que vous pouvez donner
11:19que l'État français est encore en capacité de s'opposer à son application,
11:22notamment à la crainte des agriculteurs sur ces questions de normes
11:25qu'on évoquait juste avant, ce différentiel de normes
11:27qui serait plus basse dans les pays du Mercosur ?
11:30Le refus du Mercosur, c'est un combat.
11:33Ce combat, nous sommes en train de le livrer.
11:36Vous dire, vous garantir aujourd'hui qu'il sera gagné, ce serait vous mentir.
11:40C'est impossible. La France peut perdre.
11:42En revanche, on est sûr de le perdre si on ne le mène pas.
11:45Donc que fait-on ?
11:47D'abord, être à l'unisson, le Président de la République,
11:50le Premier ministre, la ministre de l'Agriculture,
11:53nous avons tous le même discours.
11:56Nous ne voulons pas du Mercosur.
11:58Ce combat, nous le menons au niveau de l'Europe.
12:00Moi, je rencontre mes homologues ministres de l'Agriculture régulièrement,
12:04à Bruxelles, en bilatéral.
12:06Je suis allée en Pologne, j'ai rencontré mon homologue,
12:09trois jours avant que le Conseil des ministres polonais
12:12ne refuse le Mercosur.
12:15Et on mène ce combat.
12:17Il y a un schéma très simple.
12:19Soit l'accord est complet, il n'est pas scindé.
12:22Il faut l'unanimité.
12:24Elle ne sera pas obtenue.
12:26Ne serait-ce que parce que la France s'y oppose,
12:28elle n'est pas la seule à le faire.
12:30Si l'accord est scindé, ce qui est probable, hélas,
12:33eh bien dans ce cas-là, il faut constituer
12:36soit une minorité de blocage,
12:38soit empêcher une majorité d'adoption.
12:40C'est ce travail que nous menons,
12:42pied à pied, avec chacun des pays de l'Union Européenne.
12:46J'ai bien compris, Anne Genevard, que vous avez dit.
12:48On livre la bataille, on n'est pas sûr de la gagner.
12:50Donc vous ne pouvez pas vous engager auprès des agriculteurs
12:52et leur dire qu'il n'y aura pas d'accord sur le Mercosur.
12:53Je ne peux pas m'engager pour 26 autres pays.
12:55Vous comprenez bien que ce combat-là,
12:57il faut le mener au niveau européen.
12:59Et c'est ce que nous faisons.
13:00Parce que le risque...
13:01Je voudrais simplement terminer.
13:03Le ministre de l'Agriculture polonais
13:06m'a dit quelque chose de très beau, que je vous livre.
13:08Il a dit qu'accéder au marché européen,
13:12c'est un ennoblissement.
13:14Et on n'y accède pas comme ça.
13:16Importer des produits qui seraient traités
13:18avec des substances que nous avons interdites
13:21ou par de la maltraitance animale,
13:23ce n'est pas possible de laisser l'accès à l'Europe
13:26de tels produits.
13:28Merci beaucoup, Anne Genevard,
13:29madame la ministre de l'Agriculture,
13:30d'avoir été l'invité ce soir du 20h BFM.
13:32Merci à vous. Merci, Rebecca.

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