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Colère agricole, négociations sur le Mercosur : Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, est l'invitée de France Inter à 7h50. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-25-novembre-2024-2030531

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00:007h49, Sonia Devillers, votre invitée ce matin, est ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
00:07Bonjour Annie Gennevard.
00:08Bonjour Sonia Devillers.
00:09Barrage à la frontière espagnole, blocage du port de commerce de Bordeaux, saccage des locaux de l'Office français de la biodiversité à Guéret,
00:16des feux, des montagnes de poubelles déversées. Les agriculteurs n'en ont manifestement pas terminé.
00:22Leur syndicat appelle à une nouvelle semaine d'action. Risque-t-on la surenchère ?
00:27Je ne sais pas. En tout cas, il y a eu cette semaine des événements regrettables à Agen notamment,
00:32où on s'en est pris à un dirigeant d'une organisation syndicale. Je pense que ça n'est pas acceptable et je l'ai dit d'emblée, manifester c'est légitime.
00:42C'était Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, qui s'est fait alpaguer par l'autre grand syndicat qui s'appelle la coordination rurale,
00:50au point qu'il a fallu, pour lui, une escorte policière pour pouvoir rejoindre sa voiture.
00:55Oui, ça, ça n'est pas acceptable, mais on ne peut pas non plus... Alors, on ne peut pas tolérer les atteintes aux biens aux personnes.
01:01Et nous avons été très clairs au gouvernement pour dire manifester oui, bien sûr, d'autant que la crise est grave et profonde.
01:10Il y a dix mois, il y a eu ce premier épisode de crise où des engagements ont été pris.
01:16Moi, je les honore aujourd'hui, notamment par le budget. Mais cet été, il y a eu une conjonction insensée de crise.
01:24Crise sanitaire, avec des élevages touchés par quatre épidémies très graves.
01:29Crise météorologique qui a affecté les rendements des productions et donc le revenu des agriculteurs.
01:36Et puis, au-delà de ça, une crise de sens. Le monde de l'agriculture est régulièrement montré du doigt, accusé.
01:44Donc, il y a un climat que n'arrange pas, c'est vrai, ce contexte électoral.
01:49Mais ça ne justifie pas les débordements auxquels on a assisté.
01:55Le contexte électoral dont vous parlez, Madame la Ministre, c'est le fait que deux millions d'agriculteurs sont appelés aux urnes pour renouveler les chambres d'agriculture.
02:02Ça sera au mois de janvier.
02:03Ce devrait être le moment où on parle de l'avenir de l'agriculture, la vision que l'on a de l'agriculture pour les prochaines années.
02:10Donc, il y a eu ces événements tout à fait regrettables. Je comprends l'émotion.
02:16Mais est-ce que les agriculteurs, en ce moment, n'ont pas encore énormément de travail dans les champs ?
02:21Et est-ce que ce ne sont que des premières alertes ?
02:24Est-ce qu'il ne peut pas se passer exactement ce qui s'est produit au début de l'année 2024 ?
02:27C'est-à-dire une explosion de la colère et là, vraiment, une grande mobilisation à la fin du mois de janvier ?
02:33Je pense qu'on verra bien comment les choses se déroulent.
02:37J'ai le sentiment que le contexte est un peu différent.
02:41D'abord, parce qu'en effet, il y a encore des travaux au champ.
02:44Ensuite, parce que très vite, dès mon arrivée au ministère de l'Agriculture,
02:49j'ai eu le souci de délivrer des dispositifs qui répondaient à leurs attentes.
02:53Des réponses rapides, concrètes.
02:55La FNSE a ce même micro la semaine dernière, dit qu'on n'a quand même toujours rien vu venir.
03:01Concrètement.
03:02Écoutez, il y a ce qui se dit dans un contexte électoral, puis il y a la réalité des choses.
03:06300 millions d'allègements de charges qui vont être votés dans quelques jours au Sénat et au Parlement.
03:11L'indemnisation des surmortalités animales s'est faite, le guichet est ouvert.
03:16Le soutien à la trésorerie qui est indispensable, parce que quand vous n'avez plus de revenus, c'est l'angoisse, le désarroi.
03:23Et on ne peut pas laisser les agriculteurs dans cette situation.
03:26Les premiers décaissements se feront avant la fin de l'année.
03:29Non, les réponses.
03:30La difficulté, si vous voulez, c'est qu'entre le moment où les agriculteurs demandent, où on délivre des dispositifs qu'ils sont adaptés,
03:37et puis l'arrivée dans la cour de ferme, il y a quelques semaines, c'est vrai.
03:42Mais le concret des choses, ils le verront très très vite.
03:45Donc vous êtes confiante pour le mois de janvier, février ?
03:47Écoutez, moi je pense qu'on s'adapte aux circonstances du moment.
03:52Pourquoi avoir choisi, justement, Annie Gennevard, pour votre premier déplacement depuis le début de la mobilisation nationale,
03:58une petite commune du Pas-de-Calais, alors que ça chauffait si fort dans le sud-ouest ?
04:02Alors, je me déplace chaque semaine.
04:04Et en Occitanie, où il y a objectivement beaucoup, beaucoup de difficultés, de la sécheresse.
04:11Une sécheresse invraisemblable. Il y a des départements où il n'y a pas plu depuis trois ans.
04:16Toutes les entraves qui sont faites pour l'accès à l'eau, par exemple,
04:22par des écologistes qui ne veulent pas que les agriculteurs s'approprient de l'eau pour cultiver.
04:27Il y a un climat qui est vraiment terrible au sens propre et au sens figuré en Occitanie.
04:32J'y suis allée deux fois.
04:33Mon premier déplacement, c'était un déplacement dans la discrétion.
04:36Je suis allée voir une petite exploitation qui est assez exemplaire.
04:39Mais je suis allée chaque semaine.
04:41Vous voyez, cet après-midi, je vais dans la Sarthe où les arboriculteurs ont vu leurs arbres ravagés par les chutes de neige.
04:47Je vous dis ça parce qu'il est quand même en train de se passer des choses importantes.
04:50Il y a un vrai glissement du monde agricole d'un point de vue politique.
04:56Jordan Bardella s'est rendu le 10 novembre chez un céréalier du Lot-et-Garonne, membre de la coordination rurale.
05:02Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne, lui aussi de la coordination rurale,
05:09s'est adressé dans ses termes à Jordan Bardella.
05:12Tu es notre dernier espoir.
05:14On espère que tu n'es pas un pur produit du marketing parisien.
05:18On a besoin de quelqu'un, nous les paysans, qui nous dise voilà ce qu'il faut faire pour les 20 prochaines années.
05:23On te fait confiance, ne nous déçois pas.
05:26Vous l'entendez ?
05:27J'entends, mais ce même rassemblement national qui veut diminuer le budget français à l'Union Européenne,
05:37qui impactera de facto immédiatement les ressources du monde agricole.
05:41Tout ça n'est pas cohérent.
05:43Justement, les agriculteurs réclament quelqu'un qui leur parle pour les 20 prochaines années.
05:48Serez-vous, selon vous, Annie Gennevard, encore ministre de l'agriculture à Noël ?
05:53Ce n'est pas mon sujet.
05:54Ce n'est pas votre sujet ?
05:55Non, ce n'est pas mon sujet parce que si je ne veux pas, j'agis,
06:00j'agis mais vraiment sans relâche du matin au soir pour les agriculteurs.
06:05Aujourd'hui, ils sont dans une situation très difficile.
06:08Mon rôle n'est pas de spéculer politiquement sur l'avenir de la ministre de l'agriculture à la tête de son ministère.
06:18Mon rôle, c'est d'agir au plus vite, au plus juste.
06:20Sauf que concrètement, mettez-vous du point de vue des agriculteurs.
06:23Ils ont réclamé à feu et à sang l'année dernière des mesures.
06:27On leur a fait des promesses.
06:29Comme vous dites, ils n'ont rien vu venir dans la cour de ferme.
06:32Entre temps, il y a eu une dissolution.
06:34La loi d'orientation agricole a été reculée.
06:37Ils doivent attendre jusqu'en janvier.
06:39Et là, ils ont affaire à une ministre qui ne sera peut-être plus ministre à Noël.
06:43Tout ça, ça a de l'impact.
06:46Je pense que si je n'ai le temps de prendre que 10 mesures, je l'aurais fait.
06:51Quand je vous dis que ce n'est pas le sujet, c'est parce que toute mon attention,
06:56toute mon énergie est vraiment dictée par répondre à l'urgence dans laquelle se trouve le monde agricole.
07:03Et je ne veux pas me livrer à des spéculations politiques.
07:07D'ailleurs, ils n'en parlent pas.
07:09En réalité, ils n'en parlent pas.
07:11Quand la coordination rurale en appelle au Rassemblement National, ils ne parlent pas de politique ?
07:15Non, quand ils viennent me voir.
07:17Vous savez, j'ai rencontré toutes les organisations syndicales.
07:20Toutes les filières ont pu parler avec moi.
07:22Ce n'est pas de ça qu'ils me parlent.
07:24Ils parlent de choses concrètes, de leurs difficultés sur le terrain.
07:26Et les élections, justement, pour les chambres syndicales ?
07:29Si la coordination rurale réussit à déboulonner la FNSEA, qui pour l'instant est le principal syndicat agricole,
07:37est-ce que vous aurez comme interlocuteur un syndicat qui ne refuse plus de tendre la main à l'extrême droite ?
07:43Laissons les élections se dérouler.
07:45Laissons les syndicats faire leur campagne.
07:48La seule chose que j'espère, c'est que ce débat puisse faire émerger de vraies propositions
07:53et de vraies visions pour l'agriculture française dans les années qui viennent.
07:58C'est leur rôle, c'est leur devoir.
08:01Moi, je suis démocrate et républicaine.
08:04Je respecte le dialogue syndical.
08:06C'est à eux de le conduire dans le respect les uns des autres.
08:10Une dernière question sur le Mercosur, qui est donc ce traité de libre-échange avec les pays d'Amérique latine
08:16qui vraiment concentre la colère des agriculteurs.
08:20Le gouvernement français s'y oppose.
08:22La présidente du Parlement européen a déclaré entendre les inquiétudes des agriculteurs français légitimes,
08:29je cite, jugeant crucial de prendre le temps d'y répondre totalement.
08:33Qu'est-ce que ça veut dire concrètement pour les agriculteurs ?
08:35Je n'en sais rien. En tout cas, la position de la France est très claire.
08:38Et je dois dire que j'observe, j'étais tout récemment en Pologne,
08:42que la position très ferme de la France fait bouger les lignes.
08:45Ah bon ?
08:46Oui, j'ai le sentiment que la position de la France, qui est à la fois ferme et dans une belle unanimité politique,
08:52ce qui n'est pas si fréquent en France,
08:54mais la France est regardée dans son positionnement sur le Mercosur.
08:58Le projet d'accord du Mercosur n'est pas bon, ni économiquement,
09:01parce que ça va concurrencer déloyalement l'environnement,
09:04ni sanitairement, ni sur le plan d'environnement.
09:06Et la France peut réussir à obtenir une minorité de blocage ?
09:08En tout cas, nous y travaillons ardemment avec Sophie Prima, avec Benjamin Haddad,
09:11avec le Premier ministre lui-même, qui est on ne peut meilleur connaisseur des arcanes européennes.
09:16Donc la position de la France, c'est de protéger,
09:19ne pas être dans le protectionnisme, mais la protection de nos intérêts, tout simplement.
09:23Merci Annie Gennevard.
09:25Et merci Sonia De Villers.
09:26Il est 7h58.

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