"Avec la baisse de l'inflation, la baisse des taux courts, il est assez légitime que, dans la formule, on retombe sur ce chiffre qui est de 2,5", détaille, lundi 6 janvier, Benoit Grisoni, directeur général de BoursoBank.
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00:00Bonsoir à toutes et à tous, ravie de vous retrouver dans l'Invité Éco de France Info.
00:08C'est la plus ancienne des banques en ligne, elle compte désormais plus de 7 millions
00:13de clients.
00:14Bourse aux banques, ex-Boursorama, dont vous êtes le directeur général, Benoît Grisony,
00:19bonsoir.
00:20Bonsoir.
00:21Le ministre de l'Économie, Éric Lombard, a confirmé ce matin que le taux du livret
00:24A allait baisser le mois prochain, ce sera la première fois depuis 2020.
00:28Il est aujourd'hui à 3%, il devrait baisser à 2,5%.
00:31Comment les Français vont-ils réagir selon vous, sachant que c'est leur placement préféré ?
00:36Je pense que c'est d'abord une baisse qui est logique.
00:39Il faut se rappeler qu'il y a eu un bouclier des 3% du livret A, qui aurait dû baisser
00:42précédemment puisque c'est lié à une formule.
00:44Elle n'a pas été baissée, cette rémunération, pour protéger quelque part la rémunération
00:49du livret A en 2024.
00:50Pendant toute l'année, il n'y avait aucune modification.
00:52Et donc là, c'est un juste retour des choses, c'est-à-dire qu'avec la baisse de l'inflation,
00:56la baisse des taux courts, il est assez légitime que dans la formule, on retombe sur ce chiffre
01:00qui est de 2,5%.
01:01Alors même si on l'attendait, est-ce que vous pensez que les Français attendaient
01:05cette baisse ?
01:06Evidemment qu'à chaque fois, c'est plus difficile à expliquer, mais je pense qu'ils
01:08peuvent comprendre que si l'inflation est revenue à 2% ou pas très loin, sachant que
01:12c'est avec aussi un avantage fiscal sur cette rémunération, c'est très important
01:15parce que du coup, c'est un taux qui s'avoisine plutôt autour de 3% si on le compare à
01:19d'autres produits.
01:20C'est un produit sans risque et un produit liquide.
01:22C'est pour ça que les Français l'adorent, puisqu'il correspond à tous nos besoins.
01:26On a toujours besoin d'avoir une poche qui nous permet d'avoir un petit rendement
01:29sans risque.
01:30Et donc vous pensez que les Français vont réagir comment ?
01:31Je pense que ça ne va pas empêcher du tout la collecte, puisque c'est toutes choses
01:35égales par ailleurs et par rapport à d'autres produits financiers, ça reste évidemment
01:38un produit qui restera attractif.
01:39Alors sachant que la période est marquée par l'incertitude, certes il y a un nouveau
01:43gouvernement qui nous promet un budget avant la mi-février, mais qui nous promet en même
01:48temps de la rigueur budgétaire, même si la ministre des Comptes publics, Amélie
01:52de Montchalin, a promis qu'il n'y aurait pas de hausse d'impôts pour les classes
01:55moyennes.
01:56Mais tout de même, on dit souvent que les Français qui ont déjà le taux d'épargne
01:59le plus élevé d'Europe remplissent le bas de l'Aisne quand ils sont inquiets.
02:03Est-ce que vous le constatez ? Est-ce qu'en ce moment, ils consomment moins et épargnent
02:07plus ?
02:08Alors nous, on ne voit pas de baisse de la consommation.
02:10Par contre, ils ont épargné plus en 2024 qu'en 2023, puisque nous, on a une très
02:13forte croissance aussi de notre nombre de clients, donc il faut relativiser aussi en
02:16fonction de la croissance des clients.
02:17Mais on a vu qu'ils ont épargné plus de manière très diversifiée.
02:21Donc beaucoup d'épargnes réglementées dont on a parlé, sécurisées, beaucoup
02:25de livrets qui comptent à terme encore puisque les rendements étaient encore intéressants
02:28sans risque.
02:29Et ils ont aussi fait pas mal de fonds euros dans l'assurance-vie et de plus en plus et
02:33beaucoup plus que l'année dernière, en 2023, sur l'investissement, c'est-à-dire
02:36les actions, les trackers, etc.
02:40Et donc, tout sur tous ces produits-là et donc c'est bien sur cet ensemble-là qu'ils
02:43ont décidé d'épargner et au global, ils ont plus épargné nettement par rapport
02:46à l'année 2023.
02:47Mais donc, ils ne consomment pas plus ? On ne voit pas d'incertitude dans l'épargne
02:51des Français ?
02:52Non, pas vraiment.
02:53Nous, dans nos chiffres, on ne les voit pas.
02:54Ils ont fait 17 opérations par carte bancaire et par client, c'est exactement le même
02:57chiffre.
02:58Retraités de la croissance, c'est exactement le même chiffre que l'année dernière.
03:00Donc, ils ont consommé, en tout cas chez nous, exactement la même chose que l'année
03:03dernière.
03:04Alors, Boursemont qui est une filiale de la Société Générale, 100% en ligne, pas d'agence
03:07physique, pas de conseiller, au bout d'i-file, vous êtes rentable depuis l'an dernier.
03:11Qu'est-ce que ça signifie ? Est-ce que ça signifie que la bande digitale, en gros,
03:14est devenue la norme, que les Français n'ont plus besoin de conseillers bancaires ?
03:18Non, pas forcément.
03:19Je pense qu'il y a vraiment deux types de modèles.
03:20Il y a un modèle pour des clients qui ont besoin d'être accompagnés, et pour ça,
03:24la banque de réseau, avec des conseillers personnels, reste un modèle important.
03:28C'est encore aujourd'hui 90% du marché bancaire.
03:30Et puis, il y a aussi des Français qui sont en autonomie, qui sont capables d'être autonomes
03:34dans leur gestion de leur argent.
03:35Nous, on répond à cette promesse-là, et donc, en effet, dans notre modèle, il y a
03:38des conseillers quand même au téléphone, par exception.
03:41Si vous avez un sujet, oui, bien sûr, on est toujours là pour aider.
03:44Évidemment qu'il faut qu'il y ait toujours des personnes pour pouvoir aider, mais c'est
03:48Nous, on assume totalement notre modèle, dont la contrepartie est très claire, c'est
03:51le pouvoir d'achat.
03:52C'est-à-dire que nous, on apporte un modèle où vous êtes autonomes en tant que client.
03:54La contrepartie, c'est que vous payez moins cher globalement les frais bancaires.
03:58On a des frais bancaires annuels de moins de 10 euros par an, quand le marché est à
04:01peu près à 220 euros par an de frais bancaires.
04:04C'est logique, puisqu'en fonction des modèles que vous choisissez, les coûts ne sont pas
04:07les mêmes, et du coup, les prix pour les clients ne sont pas les mêmes.
04:10Donc, c'est à chacun de se déterminer par rapport à ça.
04:12Sachant qu'il y a beaucoup de vos clients sur les 7 millions pour lesquels c'est la
04:16banque principale.
04:17Ce n'est pas une banque d'appoint.
04:18Oui, c'est à peu près la moitié des clients.
04:20Pour la moitié des clients, c'est une banque principale, aujourd'hui, Bourse aux banques.
04:23Sachant, comme je l'ai dit tout à l'heure, qu'on a recruté plus d'un million et demi
04:25de clients par an en 2022, en 2023 et en 2024, donc on est en très forte expansion.
04:31Et pourquoi ? Parce que je pense que la question du pouvoir d'achat, la question de l'autonomie
04:35vis-à-vis de son argent sont aussi des thèmes qu'on retrouve finalement dans l'actualité
04:38et dans les attentes des Français.
04:40Est-ce que ça veut dire aussi que vous avez une clientèle qui est nettement plus jeune
04:44que les banques traditionnelles ?
04:46En gros, l'âge moyen, c'est 35 ans.
04:49Il faut savoir que sur les millions et demi de nouveaux clients par an, 60% a même moins
04:53de 30 ans et pratiquement 50% a même moins de 25 ans.
04:57Donc, on a vraiment un très fort rajeunissement chaque année, avec évidemment, plus le Français
05:02est jeune, plus il a évidemment des besoins financiers qui sont plus limités et plus
05:07ça va avec le temps et plus évidemment il a des besoins qui se sophistiquent et c'est
05:10là où c'est important aussi d'être une banque en ligne, mais pas que sur le compte
05:14courant, mais d'être capable d'avoir une palette d'offres qui soit plus large.
05:16Et j'ai vu que vous avez énormément de services, une cinquantaine de mémoires.
05:20Vous développez de nouveaux services avec une banque privée pour vos clients les plus
05:24aisés qui ont du patrimoine.
05:25Ça manquait, vos clients, alors on a dit que la plupart de vos clients, vous aviez
05:29une clientèle jeune, parfois qui n'avait pas beaucoup d'argent, mais il y en a qui
05:33ont des moyens.
05:34Qu'est-ce qu'ils faisaient de cet argent ?
05:35Je pense qu'avant, ils étaient dans des banques privées ou dans d'autres types de
05:38banques et nous, ce qu'on veut leur envoyer comme message, c'est pas parce qu'on a aujourd'hui
05:41principalement des clients jeunes qu'on ne peut pas aussi adresser des besoins un
05:44peu plus compliqués, un peu plus sophistiqués.
05:46On estime à 400 000 clients sur les 7 millions le nombre de clients qui correspondent à
05:50ce type d'offres de services qui va permettre d'avoir des produits un peu plus compliqués
05:54qu'on peut souscrire en ligne quand même, avec lequel il y a la même logique d'autonomie,
05:58plus un accompagnement quand même un peu plus personnalisé pour eux s'ils le décident.
06:02Et donc, c'est un lancement qu'on a fait au mois de décembre et qui vient juste de
06:05démarrer.
06:06Parce que j'imagine moi que le client connecté, jeune, urbain, il n'a pas besoin de vous
06:11et qu'il va aller tout seul sur Internet, qu'il va investir dans les cryptos, qu'il
06:14va investir à l'étranger.
06:15Oui, c'est vrai.
06:16En fait, aujourd'hui, plus vous avez d'informations, plus vous avez des outils pour comparer, plus
06:20vous allez choisir différents services.
06:22Nous, ce qu'on voit, c'est qu'il y a une plus forte partie des investissements qui
06:27vont vers les valeurs américaines, vers les ETF, ce qu'on appelle les trackers.
06:30Par exemple, Nvidia, qui est la dixième valeur la plus traitée l'année dernière.
06:33Les neuf premières sont françaises, heureusement, avec évidemment les classiques valeurs bancaires
06:39du CAC 40.
06:40Ça veut dire qu'ils investissent dans des entreprises qu'ils connaissent.
06:42Oui, voilà.
06:43Pourquoi ils choisissent les marchés américains ? D'abord, il y a une performance relative
06:45des marchés américains qui est exceptionnelle l'année dernière, donc ça explique aussi
06:48en partie ça.
06:49C'est des sociétés, des entreprises qu'ils connaissent, que c'est celles qu'ils utilisent
06:52tous les jours.
06:53Et puis, par ailleurs, l'accès à ces produits-là aussi est simplifié aujourd'hui.
06:55Vous avez beaucoup plus accès à l'information, vous participez, nous tous, avec beaucoup
06:59d'informations autour de Tesla, de Nvidia, etc.
07:02Et donc, ça participe évidemment de ce phénomène.
07:04Et dernière question, Benoît Grisonni, les cryptos.
07:06Est-ce que vous avez l'impression que les gens aujourd'hui, vos clients, quand ils
07:10enlèvent de l'argent, c'est pour aller investir dans les cryptos ?
07:12Alors, on n'en fait pas nous directement, mais on peut voir en effet que, et ça, ça
07:14a été confirmé par des chiffres de l'OCDE qui avaient été faits par aussi l'AMF,
07:18on voit qu'à peu près 10% en gros des Français utilisent, alors dans des proportions probablement
07:23assez faibles encore en montant les cryptos, mais c'est un phénomène qui est tout à
07:26fait là aujourd'hui et qui est principalement d'ailleurs utilisé par les jeunes.
07:30Donc, ça fait partie des phénomènes qu'on constate aussi.
07:32Merci beaucoup, Benoît Grisonni, directeur général de Boursobank, ex-Boursorama, 7
07:37millions de clients aujourd'hui, invité écho de France Info ce soir.