Avec Frédéric Dabi, directeur général de l'IFOP et auteur de "Parlons nous tous la même langue ?" (Editions de l'Aube)
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##L_INVITE_POLITIQUE-2025-01-02##
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NewsTranscription
00:00SUDRADIO, l'invité politique Jean-Jacques Bourdin.
00:07— Bien, j'avais envie de débuter l'année, non pas avec un invité purement politique,
00:12mais avec un invité qui va nous parler de politique, mais autrement.
00:16On a le temps, hein. Avant de recevoir des politiciens, je vais les recevoir, évidemment,
00:21comme nous l'avons fait tout au long de l'année 2024, mais nous le ferons, évidemment, en 2025.
00:26Notre invité ce matin, Frédéric Dhabi, bonjour.
00:29— Bonjour, tous mes voeux. — Tous mes voeux. Vous êtes directeur général de l'IFOP.
00:32Votre dernier livre, « Parlons-nous tous la même langue ? », aux éditions de l'Aube, avec Brice Socol, c'est cela ?
00:40— Tout à fait. — Et vous avez reçu le prix de Garefort, d'ailleurs, pour ce livre.
00:44Bien. Nous allons regarder la vie politique et nous allons réfléchir à ce que pensent et ce que croient les Français.
00:51Et vous savez combien nous sommes attentifs, ici, à SUDRADIO. Vous connaissez bien SUDRADIO
00:55parce que nous sommes partenaires de l'IFOP, Fille du Ciel, SUDRADIO, partenaires maintenant historiques,
01:02historiques de SUDRADIO, Frédéric Dhabi. Et donc nous savons vous analyser les sentiments des Français,
01:08la satisfaction, la satisfaction aussi, les désirs des Français en ce début d'année 2025.
01:14Il est bon de réfléchir à tout cela et de commencer avec ce monde politique qui est en pleine ébullition,
01:20cette vie politique. Alors les voeux d'Emmanuel Macron, je vais commencer,
01:23puisque en fait il a lancé l'année politique, Emmanuel Macron, mardi soir. Il dit « Je voudrais soumettre aux citoyens
01:31des sujets déterminants pour la nation ». Alors « soumettre aux citoyens des sujets déterminants pour la nation »,
01:37ça veut dire quoi ? Il n'a pas prononcé le mot « référendum ». C'est peut-être le mot de ce début d'année, référendum, Frédéric Dhabi.
01:44— Oui, vous avez raison, surtout que 2025, c'est 20 ans après Jean-Jacques, le dernier référendum,
01:48le fameux référendum du 29 mai. Vous l'aviez suivi comme journaliste, moi comme sondeur. C'était une période incroyable où,
01:54rappelez-vous, sur un texte très compliqué, on a eu le pays qui s'est passionné, qui est rentré dans sa dispute nationale
02:00avec 70 % de participation. Et il y a eu, on le voit encore dans nos enquêtes qualitatives quand on fait parler
02:06les Français sur l'histoire politique, une déception parce que, dans un sens, les résultats de ce référendum
02:11n'ont pas été vraiment respectés avec le traité de Lisbonne 3 ans après. Mais c'est vrai que le président n'a pas...
02:16— Les Français avaient dit non. — Non, à 55 %. — À 55 %, et finalement, ça a été oui.
02:21— Oui, ça a été non. Mais finalement, il y a eu un traité bis qui a été voté par le Parlement. Maintenant, c'est vrai qu'il a parlé...
02:28Ça fait... Il est fréquent qu'il parle de référendum. Il en a parlé au moment des Gilets jaunes, au moment du Grand débat,
02:33au moment des entretiens de Saint-Denis. Là, il a été beaucoup plus clair. Il a dit c'était la troisième partie
02:41de son intervention des vœux. Après ce clip vidéo assez intéressant, ces images innovantes...
02:47— Ces vœux étaient d'ailleurs pour moi les meilleurs depuis 2017. — Je partage votre point de vue. C'était déjà innovant
02:52avec ces images. Et ce qui était intéressant, ces images, c'était la continuité parfaite de ces vœux du 31 décembre 2023,
03:00où il appelait... Et là, il avait eu le nez creux, si je puis dire. Il avait appelé à l'année des fiertés, l'année du millésime français
03:08avec Villers-Cotterêts, l'édit sur la langue, le 6 juin 44, le 80e anniversaire, ces fameux Jeux olympiques qui ont été
03:15un moment assez formidable pour le pays, et Notre-Dame. Et les images étaient la confirmation qu'Impossible n'est pas français.
03:21Puis il y a eu cette contrition. Là, il est allé beaucoup plus loin que son intervention post-renversement de Michel Barnier.
03:27Il a vraiment... Comment dire ? Confessé une erreur, même s'il l'a dit pour l'heure, même s'il a tricoté avec des éléments
03:37qui étaient moins impliquants pour lui, parce que, on le voit dans les enquêtes IFOP fiduciales pour Sud Radio, cette dissolution,
03:44cet acte du 9 juin, c'est l'acte de rupture absolue. Ça fait depuis 1958, je n'étais pas né, que l'IFOP suit la popularité présidentielle
03:52avec le JDD. On peut comparer le couple Macron-Barnier... Macron-Bayrou, pardon, avec le couple De Gaulle-Debré.
03:58Jamais une décision d'un président a été non pas rejetée à ce point. Rejetée et incomprise.
04:04On est passé du président insupportable au président insaisissable. Il doit reprendre la main en purgeant cet acte.
04:11— Alors, bon, c'est bien beau. Bon, il doit reprendre la main. Mais comment peut-il reprendre la main ? C'est toute la question.
04:17Alors référendum, moi, vous allez me dire, parce que vous analysez tout cela avec attention... Référendum.
04:26D'abord, il faut un sujet pour un référendum. Quel sujet pourrait être soumis à référendum ? Chaque parti politique a son idée là-dessus.
04:33Chacun voudrait sa question. — Bien sûr. — Bon. Donc il va falloir choisir. Qui choisit ? Qui choisit ? C'est le gouvernement ?
04:40— C'est le président. Bah oui, ça se choisit. — C'est le président. C'est le président. — Non, c'est le président et le gouvernement.
04:44C'est François Mitterrand qui décide. Enfin qui a eu une qualité sur Maastricht. C'est Jacques Chirac sur le référendum du 29 mai.
04:51On peut remonter. C'est Jacques Chirac et Lionel Jospin sur ce référendum. Rappelez-vous, ça va faire 25 ans en septembre,
04:58sur le passage d'un septennat au quinquennat. C'est vrai qu'un référendum, il y a des règles précises. Il y a l'article 11 qui faudra changer.
05:05Si on veut peut-être soumettre à référendum le sujet dont personne ne parle, qui passionne le plus les Français,
05:11qui est le sujet sur lequel il y a le plus grand décalage entre ce que disent les Français dans nos enquêtes et ce que proposent les législateurs,
05:17à savoir la fin de vie, là, il faudra changer la Constitution. Mais sur des questions économiques, sociales, il est possible de...
05:24— Ou des questions institutionnelles. — Oui, mais par exemple, sur la retraite, référendum sur les retraites.
05:29Mais il y a une grande partie de la vie politique française, des partis politiques, qui ne veulent pas de ce référendum sur les retraites.
05:36Bon, référendum sur l'immigration, c'est très difficile. Il faut...
05:40— Alors sur l'immigration, je le montre dans mon livre. C'est un sujet sur lequel le clivage gauche-droite s'est effondré dans le discours des Français.
05:47Il y a un décalage entre une classe politique – vous l'avez montré l'année dernière – hardcoboutée sur le clivage gauche-droite dans l'Assemblée
05:53et des Français qui sont beaucoup plus consensuels. Rappelons-nous une enquête IPEF et du CEL pour Sud Radio d'il y a environ un an.
06:00Trois quarts des sympathisants de gauche favorables à l'expulsion de personnes délinquants, récidivistes, étrangers à l'issue de leur peine.
06:09Et 62% de sympathisants de droite favorables au cas par cas à la régularisation de sans-papiers dans des métiers en tension.
06:17C'est un sujet sur lequel le regard des Français... — Je comprends.
06:20— ...dans les clivages s'est beaucoup réduit. Donc peut-être qu'il pourrait y avoir plus de consensus qu'on le dit. Mais c'est vrai que c'est un sujet.
06:26Et puis on sait ce que c'est qu'un référendum. C'est toujours l'émetteur qui est jugé. Et ça peut se transformer quelque soit le sujet, Jean-Jacques,
06:33en un référendum pour ou contre Emmanuel Macron. C'est pas ce qu'il se passe.
06:36— Voilà. Mais justement, j'allais y venir, parce qu'Emmanuel Macron dit soumettre aux citoyens des sujets déterminants pour la nation.
06:42Bon, ben d'accord. Mais référendum ou convention citoyenne. Mais les conventions citoyennes, franchement, ça n'a plus d'impact sur l'opinion publique.
06:49— Et puis c'est pas un sujet de décision. C'est une consultation. Celle sur le climat a été un peu ratée.
06:54Celle sur la fin de vie était plutôt de très très bon niveau.
06:57— Puisqu'on parle d'Emmanuel Macron, est-ce qu'il peut encore se permettre de parler pour ne rien dire ? C'est fini, ça.
07:02— Ça fait longtemps que l'émetteur Macron est extrêmement abîmé. 3 quarts de mécontents dans le baromètre IFOP-JDD.
07:09Il y a un discours que je trouve extrêmement virulent à son égard. Dissolution, acte incompris.
07:15Ce sentiment de déconnexion avec cette triple critique. Un président qui ne nous connaît pas, qui ne nous écoute pas,
07:21ce qui vient de la réforme des retraites, qui ne nous comprend pas. Et puis on arrive à la dernière partie de son mandat.
07:27Les Français lui font payer l'addition. Le déclin, c'est lui. La dette, c'est lui. Il y a une virulence très forte.
07:33Et ce qui me frappe pour l'instant, ici et maintenant, c'est un président qui a su rebondir à 4 reprises depuis 2017,
07:39c'est qu'il n'y a pas de possibilité de rebond. Nicolas Sarkozy était bien sûr détesté. Mais il y avait du rebond.
07:44Il y avait des sympathisants UMP qui le chérissaient. François Hollande était très impopulaire. Mais il y avait une sympathie pour l'homme.
07:51Aujourd'hui, sur Emmanuel Macron, à part des discours de distinction, c'est peut-être le moins pire.
07:57On ne sait pas ce qu'on aurait après lui. Il y a très peu de choses qui lui permettraient, aujourd'hui, ici et maintenant, je le répète,
08:03de renouer avec les Français.
08:04– Frédéric Dhabi, vous avez raison. Et puis Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont bien senti ça, l'ont bien compris.
08:11Et eux, leur vœu, ben leur vœu, finalement, ils ont une volonté commune. C'est quoi ? C'est le départ d'Emmanuel Macron.
08:18Ils le disent, maintenant. Enfin, Jean-Luc Mélenchon, ça fait longtemps qu'il le dit. Qu'il démissionne, a-t-il dit.
08:23Et Marine Le Pen, le chef de l'État, est définitivement déconsidérée. C'est-à-dire qu'elle a encore franchi un palier vers le départ d'Emmanuel Macron.
08:31Dites-moi, ils sont alliés, ces deux-là ?
08:33– C'est aujourd'hui les deux candidats qui sont peut-être les plus prêts pour une élection présidentielle.
08:39– Ils sont tout objectivement alliés.
08:41– Trois fois perdus l'un, l'une et l'autre. Deux fois au second tour pour Marine Le Pen, trois fois au premier tour pour M. Mélenchon.
08:47Non, par contre, je vais nuancer. Là où ils sont en décalage avec ce que nous disent les Français.
08:52– Ah bon ?
08:53– Oui, et quand je dis ça, je me fais un peu allumer sur les réseaux sociaux, mais j'assume complètement.
08:56D'une part, l'IFOP a refusé de poser des questions sur la démission d'Emmanuel Macron.
09:00– Vous avez refusé ?
09:02– Non, c'est pas un institut de sondage de poser ce type de questions qui pourraient être exploitées dans le champ politique.
09:08Mais surtout, j'ai parlé de virulence, de propos très parfois violents vis-à-vis du chef de l'État d'un président
09:14qui est minoritaire dans toutes les catégories, sauf dans son camp de 2022.
09:18Mais spontanément, et ma source c'est l'IFOP-JDD d'il y a une dizaine de jours,
09:23spontanément, il n'y a quasiment aucun Français qui a appel à son départ de l'Élysée.
09:28Les Français restent sur un agenda, 2027, Emmanuel Macron doit finir son mandat.
09:33On n'est pas dans cette logique carmagnolesque, si je puis dire,
09:38où les Français attendent que le président ait sa tête au bout d'une pique.
09:41– Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon représentent près de la moitié de l'électorat français.
09:45– Au premier tour, oui, au premier tour de 2022.
09:47Je rappellerai quand même que la dernière fois que la France insoumise s'est comptée à une élection,
09:52c'est 9,8% aux élections européennes.
09:54Ça permet de nuancer aussi.
09:56– Oui, Sébastien Chenu dit les deux seules offres politiques lisibles et construites
10:01sont celles du RN et de l'FI.
10:03Sébastien Chenu le dit.
10:05– Il a raison de ce point de vue-là, c'est peut-être une conséquence ultime
10:09en même temps de ce macronisme avec ce bloc central
10:12où il y a un magma avec des idées très différentes,
10:15même s'il y a quelqu'un qui ne parle pas beaucoup mais qui est très crédible
10:17chez les Français, c'est Édouard Philippe.
10:19Et c'est vrai que du côté de la gauche extrême, du côté du RN,
10:23il y a aujourd'hui des offres qui sont visibles pour les Français,
10:27même si, n'oublions pas que Jean-Luc Mélenchon est la personnalité la plus rejetée
10:32chez les Français, il a un problème de deuxième tour,
10:34encore faut-il qu'il y parvienne, il n'a jamais réussi à le faire depuis 2012.
10:38Et Marine Le Pen reste quelqu'un qui a un agenda judiciaire compliqué.
10:42– Oui, j'allais y venir, justement, bah tiens, c'est formidable,
10:46voilà la transition, on a parlé du mot-clé référendum
10:50et moi je vais vous parler de la date clé qui est le 31 mars.
10:53Le 31 mars, rappelez-nous pourquoi le 31 mars ?
10:56– Oui, le 31 mars c'est le moment où Marine Le Pen va être fixée sur son sort.
10:59– Et voilà, et là c'est essentiel, essentiel, sur le plan politique.
11:03– Alors c'est essentiel, pour l'instant il n'y a pas une prise de conscience forte des Français,
11:07j'ai été frappé dans une enquête 6 fois au Presse France
11:09sur les événements marquants de l'année,
11:11le procès de Marine Le Pen arrivait en quasiment dernière position
11:14et bien après le procès de Dominique Pellicot,
11:17s'il y a un procès qui a marqué en 2024, c'est quand même celui-là.
11:20Mais c'est vrai qu'il y a, comment dire, une épée de Damoclès sur la tête de Marine Le Pen,
11:25il y a aussi, il faut le dire, un candidat alternatif
11:28qui a réussi une année politique 2024 assez exceptionnelle,
11:31c'est Jordan Bardella qui a gagné les élections européennes
11:33et qui a mené l'ERN nettement en tête au premier tour aux législatives,
11:37mais c'est vrai que je pense que beaucoup de Français
11:40favorables aux adversaires de Marine Le Pen
11:42n'arrivent pas à se projeter dans une Marine Le Pen empêchée définitivement.
11:46– Marine Le Pen, largement devant dans votre dernière enquête,
11:49il n'y en a qu'un qui résiste pas trop mal, c'est Édouard Philippe,
11:53et moi je me mets à la place des Français,
11:56comment fait-il pour résister alors qu'il ne dit rien ?
11:58– Oui, alors il y a toujours, il parle quand même un petit peu,
12:02vous avez raison, il n'est pas dans le combat politique quotidien
12:06comme le sont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon par exemple.
12:09– Ou même Gabriel Attal.
12:11– J'allais dire, comme était Gabriel Attal avant son départ de l'hôtel Matignon,
12:14c'est vrai qu'Édouard Philippe, il a réussi à être un pied dedans, un pied dehors,
12:19c'est-à-dire qu'on le crédite toujours de ce passage à Matignon,
12:24de cette gestion du Covid qui a été jugée extrêmement réussie,
12:27il a quitté Matignon en véritable état de grâce,
12:30et puis il a réussi à se descocher de l'image aujourd'hui très négative d'Emmanuel Macron.
12:37C'est Pompidou en 68-69, la difficulté c'est que Pompidou ça a duré qu'un an
12:42entre son départ de Matignon et la présidentielle,
12:46lui ça fera sans doute 7 ans entre 2020 et 2027.
12:49– Alors deux questions évidemment politiques qui vont alimenter
12:52les conversations dans les prochaines semaines,
12:54l'EPS va-t-il s'émanciper de la France insoumise ?
12:58Ça c'est une première question politique.
13:00– C'est une question absolument centrale puisque, je le répète,
13:04l'EPS a devancé la France insoumise aux élections européennes
13:08surpassée par Pertefraka du fait de la dissolution.
13:12C'est la question centrale pour l'EPS, veut-il redevenir un parti de gouvernement
13:17ou glisse-t-il toujours dans cette dimension très tribunicienne
13:21où on appelle de la France insoumise, où on appelle au départ du président,
13:25à sa démission, à renverser immédiatement dès le 16 janvier François Bayrou ?
13:31Moi je suis frappé par deux choses, la crise de la gauche,
13:34la crise de la gauche depuis 2017, la gauche aux élections nationales
13:37n'a jamais dépassé 30%.
13:39En 2012, l'addiction au premier tour, Hollande, Mélenchon, Eva Joly faisaient 43%.
13:44Deuxièmement, il faut le dire, la France insoumise
13:47est au centre de gravité de la gauche politique.
13:50Elle n'est pas au centre de gravité de la gauche des Français.
13:53Vous ne trouverez jamais, et on l'a encore reposé pour une enquête
13:56pour l'Humanité qui n'est pas un journal de droite,
13:58en septembre dernier, une majorité de sympathisants de gauche
14:02ou de gens qui se définissent comme étant de gauche,
14:04qui vont vous dire, la police tue, il y a un racisme d'État,
14:07les émeutes de 2023 étaient des émeutes sociales justifiées,
14:13que la baïa est un vêtement culturel, etc.
14:16Il y a ce problème d'inadéquation entre ce que soient
14:19les sympathisants de gauche, je le montre dans mon livre avec Brice Socol,
14:22qui sont attachés, comme les Français, à la sécurité,
14:25qui veulent être beaucoup plus durs sur la question migratoire,
14:28qui sont très attachés aux services publics,
14:30et l'offre actuelle de la gauche où, à tort ou à raison,
14:34et c'est un coup de génie, LFI reste toujours le point central,
14:38et Jean-Luc Mélenchon reste, comme le disait Françoise de Gaulle,
14:42que vous avez reçu tout à l'heure, l'homme le plus riche du cimetière.
14:45Quand je dis ça, c'est le meilleur à gauche,
14:47mais dans l'incapacité de gagner un deuxième tour.
14:49– Bien, et puis autre question, est-ce que Gabriel Attal,
14:52qui est plein de rancœurs, va-t-il se désolidariser totalement
14:55d'Emmanuel Macron ?
14:57– Je vais vous dire, je me tape un peu en douche,
15:00ce n'est pas une question qui intéresse les Français,
15:02moi j'étais frappé de voir, on parlait tout à l'heure, Jean-Jacques,
15:05d'Edouard Philippe, rappelez-vous, printemps-été 2020,
15:08ça y est, le couple PM, président est en froid, il y a un divorce,
15:14les Français ne le voyaient pas, ne le sentaient pas,
15:16ça ne les intéressait pas, c'est vrai qu'on a senti des tensions,
15:19Gabriel Attal a été le principal sacrifié par la décision du 9 juin
15:23de dissoudre l'Assemblée, il a fait la campagne électorale
15:25pour le Bloc Central, et c'est quand même largement grâce à lui
15:28que le Bloc Central a été défait, mais s'en est tiré en nombre
15:31de députés, aujourd'hui il doit se réinventer,
15:34il est moins visible, il n'est plus à Matignon,
15:37le fait qu'il ait pris le parti est une très bonne idée,
15:39pour être candidat à une élection présidentielle,
15:41il faut une stratégie et une vision, il faut une offre,
15:45et il faut une organisation, l'organisation il l'a.
15:47– Bien, les Français, parlons des Français pour terminer,
15:50puisque dans votre livre vous en parlez beaucoup,
15:52Frédéric Dhabi, les Français sont insatisfaits,
15:55les Français sont souvent en colère, les Français sont distants maintenant,
15:59ont pris leur distance avec la classe politique,
16:01mais moi j'ai une question un peu iconoclaste à vous poser,
16:04comment un pays peut-il se développer quand tous les partis politiques
16:08ont électoralement intérêt à ce qu'il s'effondre ?
16:11– C'est une excellente question, je vais vous dire,
16:13les Français ne sont pas plus en colère que d'habitude,
16:16ils sont beaucoup moins en colère, on a une enquête sur le moral social
16:19des Français avec Sud Radio et Fils du Ciel depuis maintenant une dizaine d'années,
16:23la part de colère n'a jamais été aussi faible par rapport à ce qu'on voyait au moment d'Egypte,
16:27ce qui me frappe, je reprends votre terme, il y a une sorte d'indifférence,
16:30et là c'est terrible, parce que nous vivons depuis le 7 juillet
16:33ce que j'ai appelé l'éclipse du politique,
16:36depuis le 7 juillet, qu'est-ce qu'il y a eu ?
16:38Pas de traduction des résultats du 7 juillet avec cette chambre introuvable,
16:43la trêve olympique, le temps infini pour trouver un Premier ministre et un gouvernement,
16:48un Premier ministre populaire mais qui ne gouverne pas, qui ne fait rien,
16:51les Français n'attendent plus grand-chose de la serre politique nationale,
16:55parce qu'aujourd'hui, on oublie de le dire,
16:58nous sommes dans une crise économique, des valeurs, ce que l'on veut,
17:01on est aujourd'hui pour la première fois dans une crise politique,
17:04le pays est bloqué, c'est pour ça que la petite musique sur un départ du Président peut faire sens,
17:08parce que nous sommes dans une impasse,
17:11comment arriver à un gouvernement stable quand nous avons trois blocs,
17:15à peu près équilibrés à 30-40 sièges près,
17:18et où ils peuvent se liguer deux contre un, etc.
17:21Et c'est vrai que cet éclipse du politique est terrible,
17:25parce que les Français sont un peuple politique,
17:27mais la nature ayant horreur du vide,
17:29il y a deux acteurs qui s'imposent de manière incroyable,
17:32du fait de cet éclipse du national,
17:34où le politique à l'échelle nationale ne joue plus son rôle,
17:37il ne change plus la vie, il ne transforme plus la vie des Français.
17:41Citez-moi une mesure concrète qui a été...
17:43Est-ce que le discours politique propose un récit collectif ?
17:47C'est ce que j'essaie de montrer dans mon livre.
17:49Pour l'instant, non, et donc les Français se retournent vers deux acteurs,
17:52le maire, le maire de leur ville.
17:54Jamais la sphère politique locale a été jugée aussi crédible,
17:58autant à l'écoute, en capacité.
18:00Le maire, il change votre vie, il vous écoute, il est sur le terrain.
18:04Quand il fait des bêtises, entre guillemets, vous lui dites presque de vive voix.
18:08Et deuxième acteur, l'entreprise.
18:11L'entreprise, les entrepreneurs, on le voit dans le baromètre ifo-fiducial sur le TPE,
18:16la vision du passé idéologisée, très clivée sur la gauche et la droite, c'est terminé.
18:21La TPE, 94% du tissu entrepreneurial, vous la voyez sur le terrain,
18:25vous la voyez essayée, vous la voyez être tout à fait crédible
18:29sur les questions d'inégalité femmes-hommes, sur la santé.
18:32On attend de plus en plus d'entreprises, mais le fait majeur,
18:34parce que personne ne peut le dire autour de cette table,
18:37en principe, le prochain scrutin, en principe,
18:40ce sont les municipales de mars 2026, sauf dissolution.
18:43Dans toutes les enquêtes que réalise l'IFOP à l'échelle locale,
18:46et certaines ont été publiées à Nice, à Toulouse, à Bordeaux,
18:50les maires sortants sont en position de force.
18:52– Les maires sortants sont en position de force.
18:54Ça veut dire quoi ?
18:56Ça veut dire que les Français ont besoin de stabilité,
18:59ont besoin d'autorité et ont besoin d'efficacité.
19:03Dépassant tous les clivages, si j'ai bien compris,
19:06dépassant tous les clivages politiciens.
19:08– Oui, et le drame, c'est qu'il y a une étanchéité absolue
19:11entre élus locaux et élus nationaux.
19:13Est-ce que Emmanuel Macron a parlé des collectivités territoriales ?
19:16– Non, très peu.
19:17– Il n'en a pas parlé du tout, alors qu'il y a 800 à 900 000 élus municipaux,
19:21pas seulement les maires.
19:22Vous savez qu'il n'y a que 1000 villes de plus de 10 000 habitants.
19:25L'élu municipal, c'est quelqu'un qui ne gagne rien
19:28et qui se démène pour sa ville à l'échelle d'une petite commune.
19:32Et c'est vrai que la fin du cumul des mandats
19:35a encore plus cimenté cette étanchéité.
19:38Il y a besoin d'oxygéner, ça dit politique.
19:41Il y a besoin de récits collectifs et de montrer de nouveau
19:44que la politique à l'échelle nationale peut changer la vie.
19:47Je reprends le slogan mitterrandien du PS des années 70
19:51et de ce point de vue-là, la crise du politique, elle est là.
19:54C'est une crise du résultat, le politique ne change plus la vie
19:57et c'est une crise de l'écoute.
19:59Puisque quand on regarde l'histoire politique depuis 20 ans,
20:01on a commencé notre entretien par le référendum du 29 mai,
20:04il y a eu les gilets jaunes, il y a eu la réforme des retraites,
20:06les Français ne se sentent pas écoutés.
20:08– Vous savez que les Français ne croient plus quand ils voient
20:10un homme politique aller se promener, rencontrer 3, 4 Français,
20:13on fait de belles images, c'est fini tout ça, c'est débat, c'est fini.
20:17– Alors que le maire, il a une proximité efficace.
20:19– Mais évidemment, il est constamment en contact.
20:21– Bien sûr.
20:22– Ce sera la fin de notre entretien, Frédéric Dhabi,
20:25mais c'est important, selon toutes vos enquêtes,
20:29est-ce que les priorités des Français sont toujours les mêmes ?
20:32Est-ce que c'est le pouvoir d'achat, la santé, la sécurité ?
20:36– Oui, clairement.
20:37On va reposer, comme on le fait à chaque rentrée pour Sud Radio,
20:40ça sera publié la semaine prochaine, notre hiérarchie des priorités.
20:43La santé est la première des préoccupations depuis 2009, avant Covid.
20:47L'éducation est un niveau…
20:49– La santé a première préoccupation, même avant le Covid.
20:53– Pourquoi ?
20:54Alors cet imaginaire qui parfois peut vous agacer sur le déclin,
20:56la France qui tombe…
20:57– Oui, parce que le mot déclin sans cesse, sans cesse, c'est enfant.
21:01– Qu'est-ce qu'on met derrière ?
21:02– Oui, qu'est-ce qu'on met derrière ?
21:03– Le déclin, ce n'est pas le grand remplacement,
21:07c'est une forme de déclassement,
21:08et c'est surtout le devenir de deux grands services publics,
21:11la santé, l'éducation, l'hôpital, l'école.
21:14– Deux grandes priorités.
21:15– Deux éducations, trois pouvoirs d'achat,
21:17toujours largement devant le chômage,
21:19qui, malgré la remontée du nombre de demandeurs d'emploi
21:21qui font des plans sociaux,
21:23c'est toujours évaporé du discours des Français.
21:26L'injustice, ce n'est pas être au chômage,
21:27c'est avoir un travail qui paye mal,
21:29ce qui explique que le pouvoir d'achat arrive à un niveau très élevé.
21:31– Voilà, et puis la sécurité.
21:33– Bien sûr, la sécurité où là aussi…
21:35– Du quotidien.
21:36– Du quotidien, le clivage aux droites s'est absolument effondré là-dessus.
21:40Quand on demande aux Français de raconter des faits d'insécurité,
21:44ils mettent souvent en scène des victimes
21:46qui ont une part réelle ou symbolique d'autorité de l'État,
21:49un professeur, bien sûr, vous voyez de quoi je parle.
21:51– On demande de l'autorité, les Français demandent de l'autorité.
21:53– Exactement, et l'insécurité c'est une forme d'impuissance de la part de l'État,
21:56et dans notre peuple éminemment politique,
21:58l'impuissance du politique, c'est dévastateur.
22:00– Oui, c'est dévastateur, et les Français le sentent, ils le voient.
22:04Et le reproche…
22:05– C'est un reproche majeur.
22:07– C'est un reproche majeur, l'autorité.
22:10Frédéric Dhabi, c'était absolument passionnant.
22:12Est-ce qu'on peut dire que la France est en crise ou pas ?
22:14Parce que je vois partout les titres, la France en crise.
22:17– On le dit depuis maintenant 51 ans,
22:19depuis ces 30 piteuses qui ont suivi les 30 glorieuses,
22:23le pays a de la ressource, du fait notamment de sa sphère locale.
22:26– J'ai une dernière question que j'avais oublié de vous poser,
22:28mais il y a aussi un grand moment, c'est le vote du budget.
22:32– Exactement.
22:33– C'est un moment politique très important, le vote du budget.
22:36Parce que la dette continue à courir, on est à 3385 milliards.
22:40– Tout à fait, 70 milliards depuis le renversement de Michel Barnier.
22:44La dette, on le verra la semaine prochaine dans notre enquête,
22:47pardon pour le teasing, mais en septembre 2024,
22:49le sentiment de priorité sur la dette avait gagné 11 points
22:53par rapport à septembre 2023.
22:54Les français en ont de plus en plus conscience.
22:57– Merci Frédéric David, passionnant, vraiment passionnant.
23:00Rappelez-nous le titre de votre livre.
23:02– « Parlons-nous tous la même langue » avec mon ami Brice Socol.
23:05– Voilà, aux éditions de l'Aube.
23:06– De l'Aube.
23:07– Merci beaucoup.
23:08– Merci.
23:09– Il est 8h57, vous êtes sur Sud Radio.
23:10Après les infos, Patrick Roger.