Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire.
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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans les belles figures de l'histoire. Grand soldat de la
00:04première guerre mondiale, catholique fervent, le général Edouard de Castelnau a été quelque peu
00:09oublié ou occulté par la mémoire nationale. Homme de combat, il a eu le courage de défendre ses
00:16convictions chrétiennes lorsque celles-ci étaient attaquées par un anticléricalisme virulent. En
00:22quoi son engagement public a-t-il valeur d'exemple pour aujourd'hui ? On en parle avec Benoît Chenu.
00:28Bonjour, merci d'être avec nous. Vous êtes spécialiste d'histoire militaire et aussi un
00:33des 84 arrière-petits-enfants auteurs de notamment le quatrième maréchal aux éditions de l'artilleur
00:39et puis votre dernier livre en date 1918, Le piège de l'armistice, toujours chez l'artilleur. Bien
00:45sûr, Véronique Jacquet est avec nous. Bonjour Véronique. Bonjour Aymeric, bonjour à tous.
00:48Et cette émission est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique. Alors tout
00:54de suite, pour mieux cerner la personnalité du général de Castelnau, eh bien nous allons nous
00:59rendre sur ces terres à Sainte-Afrique. C'est en Aveyron et c'est là où il est né. Regardez
01:05ce reportage signé Éloi Rochebrune. C'est ici qu'est né Édouard de Castelnau en 1851 dans
01:13cette modeste maison de Sainte-Afrique. Au-dessus de la porte, une statue de la Vierge, symbole
01:18d'une famille catholique fervente. Il avait une foi chrétienne très très ancrée qu'il n'a jamais
01:23dissimulé, qu'il n'a jamais caché d'ailleurs. A droite, cette plaque a été posée en 1919 en
01:29l'honneur du général. Le mot général deux fois est juste, je dirais, peint légèrement en blanc
01:35alors que le reste est gravé parce que les habitants de Sainte-Afrique étaient persuadés
01:40que le général de coeur de Castelnau allait devenir un maréchal de France. Donc ils avaient
01:46laissé ça un peu en blanc. Un maréchal oublié, aujourd'hui mis à l'honneur dans sa ville natale.
01:51A la maison de la mémoire, on conserve des objets militaires lui ayant appartenu, des képis,
01:57des uniformes ou encore sa malle d'officier, témoignage de sa brillante carrière comme ce
02:02manteau gris orné des trois étoiles. C'était le manteau qu'il devait porter en 1915. Il y a
02:09trois étoiles qui ont le plus haut grade de l'armée française avec un petit liseré or qui
02:14montre qu'il commandait une armée et puis le bandeau noir en signe de deuil car il avait déjà
02:23perdu un fils dans les premiers jours de la guerre, un Saint-Syria. Le général perd deux autres fils
02:29pendant la grande guerre. Leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts de la commune. Xavier de
02:35coeur de Castelnau, Hugues de coeur de Castelnau et Gérald de coeur de Castelnau, tous les trois
02:40fils du général tombés glorieusement au champ d'honneur, c'est à dire qu'ils sont morts en
02:46combattant. En 1960, Saint-Afrique inaugure cette statue équestre en bronze, dernier honneur pour
02:52Castelnau, l'un des plus grands généraux de la première guerre mondiale. Voilà alors Véronique,
02:59on a vu cet enracinement à Saint-Afrique dans l'Aveyron du général de Castelnau mais pour mieux
03:03comprendre sa personnalité, dites-nous de quelle famille il vient ? Alors il vient d'une vieille
03:08famille de France, une très vieille famille qui a un arbre généalogique prestigieux. On l'a vu,
03:13il est né à Saint-Afrique mais le fief ancestral est à quelques kilomètres de là, à Saint-Eulalie,
03:18dans la terre du roue-ergue au nord de l'Aveyron où se trouve le château médiéval. Et l'arbre
03:22généalogique donc des curières de Castelnau remonte à 1264. Edouard a des ancêtres qui ont
03:29participé aux croisades, c'est l'une des plus vieilles familles de France donc au passé glorieux
03:34mais 1789 est passé par là. Le grand-père des Argentais a délaissé le fameux château et le père
03:40d'Edouard, Michel de Castelnau, va donc s'établir à Saint-Afrique et en devenir le maire. Du côté
03:46de la mère d'Edouard, les Barthes, on vient du sud de l'Aveyron, bourgeoisie qui compte des notaires,
03:51des médecins mais aussi trois oncles ecclésiastiques et ça, ça va peser dans la balance si j'ose dire,
03:57de la mémoire familiale. Edouard va entrer à Saint-Cyr mais son père ne va pas voir d'un
04:02bon oeil le fait qu'il affectionne la chose militaire et les fameux trois abbés non plus.
04:06Alors il va devenir un officier remarqué qui va épouser à 27 ans une cousine issue de Germain,
04:12Marie Barthe de Mandebourg, c'est pas facile à dire. Tout les rapproche évidemment à le milieu,
04:19la foi catholique et elle est aussi la riche héritière du château de Lacerre près de Toulouse.
04:25Les revenus de la dote vont assurer leur train de vie d'autant que les Castelnau auront 11 enfants,
04:31Lacerre ça va toujours être le refuge de la famille parce que les Castelnau vont devoir s'entasser
04:36à 11 dans un appartement parisien, coçu bien entendu parce que Edouard de Castelnau devient
04:42officier mais enfin Lacerre c'est le refuge, il écrira la famille la grande affaire de ma vie,
04:49il est plus important d'avoir un milieu sûr au point de vue moral qu'un enseignement élevé.
04:54Voilà Edouard de Castelnau c'est donc en fait l'alliance de valeurs familiales et catholiques
04:58qui tourne aussi, on va le voir, autour de la notion de devoir et de service.
05:03Le service de la France bien sûr. Merci Véronique. Alors Benoît Chenu avant de parler des exploits
05:09militaires du général de Castelnau pendant la première guerre mondiale notamment,
05:11parlez-nous de sa foi parce qu'effectivement on sent cet enracinement mais est-ce qu'on a
05:17des indications historiques sur sa pratique ? On dit qu'il était un catholique fervent,
05:22comment cela se manifestait-il ?
05:25Alors tout d'abord puisque votre émission s'appelle Belle figure de l'histoire il faut
05:32faire apporter une nuance entre belles figures et grandes figures. Les grandes figures de l'histoire
05:38sont des hommes ou des femmes qui ont présenté des qualités certes éminentes mais parfois des
05:46facettes beaucoup moins reluisantes voire même détestables. Alors ce n'est pas le cas de Castelnau,
05:51Castelnau possède à mon sens trois très grandes qualités, on pourrait même parler de valeurs,
05:58que sont la loyauté, la bienveillance et l'humilité. Et donc il fait mentir la Maxime de la Rochefouvaud
06:09qui dit qu'il n'appartient qu'aux grands hommes d'avoir de grands défauts. Je pense que les défauts
06:14de Castelnau, il en a comme toute personne humaine, sont inhibés par ses valeurs et on retrouve ce
06:21sont des valeurs qu'on retrouve notamment au coeur de la catholicité, cette loyauté c'est à dire cette
06:28fidélité aux enseignements notamment de la papauté ou des évêques, cette bienveillance, cette ouverture
06:41donc aux autres et cette humilité. Et Castelnau tout au long de sa vie montrera, donnera des preuves
06:49tout à fait considérables de cette humilité en refusant notamment les honneurs. Donc pour revenir à
06:57sa foi catholique, sa foi catholique a été très fortement imprégnée par les enseignements qu'ont
07:03reçu son père, notamment lors de son passage pour ses études à Paris, il était un très proche de la
07:11Tour du Pain, il était imprégné des... Le catholicisme social en fait. Voilà, le catholicisme social qui s'est
07:17retrouvé notamment au niveau de son frère aîné, du frère aîné du général qui s'appelait
07:23Léonce, qui a été très actif au niveau des conférences Saint-Vassone-Paul. Donc toute cette
07:28famille était donc très très fortement influencée par ses idées. D'ailleurs Castelnau n'était pas
07:36unique en son genre, le coeur de la catholicité entre les deux guerres était orienté dans ce
07:44domaine social. Ce n'est pas l'action catholique, comme on l'a dit ensuite, la démocratie chrétienne
07:49qui portait ces valeurs sociales, c'était le coeur de la catholicité. Est-ce que du point de vue
07:57politique je dirais, on peut imaginer que vu son ascendance il eût été monarchiste, mais en réalité
08:05sa condition militaire l'a fait fidèle, en tout cas acceptant le régime républicain tel qu'il
08:11était, d'une manière assez réaliste. Alors ce réalisme se trouve déjà au niveau de son frère
08:19aîné Léonce qui sera le premier président d'un groupe parlementaire républicain qui réunit
08:26les catholiques, les catholiques ralliés donc à la République. A la demande du pape Léon XIII.
08:31Voilà, oui enfin dès 1900, c'est donc très tôt. Donc une famille qui certes avait des affinités avec les
08:41royalistes mais qui ne s'est pas posée comme royaliste. Lorsque Castelnau a été élu député en 1919, il a été
08:49élu au sein d'un parti républicain, le parti républicain qui était majoritaire à la chambre. Il n'a
08:53jamais été royaliste au sens politique du terme. Alors on va s'intéresser maintenant à son rôle
08:58pendant la Grande Guerre Véronique parce qu'on l'a un peu oublié, c'est ce que je disais tout à l'heure
09:02aujourd'hui, mais ça a été vraiment un héros de la Première Guerre mondiale. Un héros d'abord pas dans
09:08n'importe quelle époque. En 1870, il a 19 ans. Il reçoit le baptême du feu en tant que jeune
09:14Saint-Syrien lieutenant face aux Prussiens. Il livre des batailles durant le terrible hiver 1870-1871
09:22avec l'armée de la Loire. Vous vous rendez compte, à peine 19 ans. Jusqu'à la Première Guerre mondiale
09:27ensuite il enchaîne les affectations classiques, mais il a des convictions profondes, notamment
09:32catholiques, et il se fait à ce titre beaucoup d'ennemis. Il ne se cache pas d'aller à la messe
09:37et quand ensuite il est sollicité le dimanche pour des urgences, il dit d'un air bougon, très
09:44contrarié, le dimanche s'éculte. En 1900, il est dans le collimateur de celui qui vient d'être nommé
09:51au ministère de la Guerre, le général André, et qui va tomber quatre ans plus tard pour la fameuse
09:56affaire des fiches qui stigmatisait les officiers catholiques. C'est dire quand même l'ambiance, un
10:01monde quand même très anticlérical, y compris de la part de certains dans l'armée, et Edouard de
10:06Castelnau pense donc qu'il n'obtiendra jamais ses étoiles de général. Mais en 1906, Paul Doumer,
10:12le président du conseil, le reconnaît à sa juste valeur. Il est dans un premier temps nommé général
10:17de brigade, puis général de division face à la menace de la guerre. Il plaide pour l'extension
10:21du service militaire à trois ans, et ça, ça donne lieu à de sacrés débats dans l'hémicycle de
10:27l'Assemblée nationale. Donc on voit qu'il a une voix qui porte et que quelque part, il est déjà
10:30faiseur de débats.
10:31Venons-en maintenant à son rôle durant la guerre de 1914-1918.
10:36Alors, son rôle, eh bien, il y a des actions remarquables, on ne peut pas toutes les citer. Je vais
10:40vous citer les plus emblématiques. Sa résistance dans le secteur de Nancy en 1914, qui va priver les
10:45Allemands de forces précieuses durant la bataille de la Marne. Il est nommé chef d'état-major des armées
10:51françaises en 1915. Il seconde désormais le général Joffre, évidemment, c'est pas rien. Son intervention,
10:57celle qu'on retient le plus, c'est son intervention capitale dans la défense du secteur de Verdun en 1916.
11:03On dit que ça a été l'un des sauveurs de Verdun, mais après, voilà. Et puis, le commandement des Vosges
11:08en 1917. Voilà, donc, un grand chef, très populaire, toujours très proche de ses hommes. Il n'hésite pas
11:14à descendre dans les tranchées. Il va participer, bien entendu, après la Seconde Guerre mondiale, aux
11:18grandes festivités de la victoire. Mais attention, il ne reçoit pas son bâton de maréchal, alors que la foule
11:23scande son nom, Castelnau-Maréchal, quand il descend les Champs-Elysées, aux côtés de Joffre, de Foch et de Pétain.
11:31On le surnommera d'ailleurs le maréchal oublié. Édouard de Castelnau a d'autres préoccupations, on l'a vu à l'époque,
11:37puisqu'il pleure ses trois fils tomber au champ d'honneur, rappelant aussi qu'il perdra un petit-fils et deux petits-neveux
11:44durant la Seconde Guerre mondiale.
11:45Alors, Benoît Chenu, venons-en à cette histoire du maréchal oublié. D'ailleurs, c'est le titre également de votre livre,
11:51publié chez l'Artillerie. D'ailleurs, c'est quelque chose qui revient régulièrement encore de nos jours. En 2022, il y a eu
11:56une proposition de résolution pour le faire maréchal à titre posthume. Est-ce qu'on peut affirmer qu'il n'a pas été nommé
12:03maréchal en raison de sa foi ?
12:04Alors, je peux même vous donner un scoop. Notre nouveau ministre délégué à la Défense, Jean-Louis Thieriot, va sortir un livre
12:12dans quelques jours qui s'appelle « Castelnau, le maréchal escamoté ».
12:16Donc, ça pourrait faire tourner les choses en la faveur de Castelnau.
12:20C'est quelque chose qui revient tous les ans. Cette injustice... Castelnau devait être maréchal. C'est pour ça, d'ailleurs,
12:28que le titre de mon premier livre, qui s'appelle « Castelnau, le quatrième maréchal », on l'attendait. Et la presse l'annonçait
12:35le 22 novembre 1918, donc quelques jours après l'armistice. Et pour des raisons très difficiles à identifier, parce qu'il n'existe pas
12:47de verbatim des conseils des ministres. Il n'existe aucune trace de ce qui s'est dit au niveau du président de la République
12:56et des différents présidents du Conseil. On a tenu un colloque en 2018 à propos de la nomination des maréchaux de la Grande Guerre.
13:04Et le cas Castelnau reste un mystère. On ne sait pas. On subodore effectivement que son...
13:13Il y a eu cette fameuse phrase de Clémenceau, le capucin beauté, pour brocarder le général de Castelnau.
13:18Oui, mais comme Clémenceau lui-même a écrit dans « L'Homme libre » en 1921, cela n'aurait ni surpris ni chagriné que Castelnau
13:27fît partie de la liste des maréchaux. Et en disant « C'est à la France que ça fait le plus grand or », non, ce n'est pas Clémenceau
13:35cet Aristide Briand qui a empêché que Castelnau soit nommé maréchal parce qu'il voyait en lui un concurrent politique.
13:44Castelnau était à cette époque président de la commission de l'armée à l'Assemblée. Il avait un très grand prestige.
13:50C'était un orateur absolument remarquable. D'ailleurs, les compte-rendus de presse de l'époque disent que quand il descendait de la tribune,
13:56l'Assemblée était debout pour l'applaudir. Et ça, c'est quelque chose qui inquiétait fortement Aristide Briand et qui a donc tout fait pour que Castelnau
14:05ne soit pas maréchal. Il a nommé des maréchaux peut-être moins prestigieux et peut-être moins valeureux que Castelnau pour justement lui barrer la route.
14:14Plus communicants peut-être aussi.
14:15Exactement.
14:16Alors Véronique, venons-en à la dernière partie, la deuxième partie de la vie du général de Castelnau qui se transforme de soldat en homme politique
14:23et surtout qui combat le laïcisme du cartel des gauches.
14:27Oui. Alors à la fin de la guerre, enfin en 1919, il a 68 ans. Donc il commence à avoir un certain âge. Ça n'enlève rien à son énergie.
14:36Il choisit de servir différemment son pays. Il se lance dans l'arène politique. Il va devenir député de la Véron en rejoignant la chambre bleu horizon à l'Assemblée
14:44donc qui était classée à droite. En 1924, il est battu. Donc il va faire un mandat comme député de la Véron et il est très inquiet de la victoire du cartel des gauches
14:56qui porte en étendard évidemment l'anticléricalisme. Et là, il se dit mais comment compter ? Comment continuer à combattre en quittant l'arène politique
15:04mais en restant quand même dans le jeu ? Et donc il va avoir l'idée de monter une contre-offensive en créant la Fédération Nationale Catholique.
15:11C'est pas rien. Ça va regrouper plusieurs associations comme la Ligue des droits des religieux combattants, la fameuse DRAC qui existe toujours et qui fête ses 100 ans cette année.
15:19Et il y aura jusqu'à 2 millions de membres au sein de cette Fédération Nationale Catholique. 2 millions de membres catholiques. Vous vous rendez compte ce que ça signifie
15:28et le poids que ça avait d'ailleurs dans l'entre-deux-guerres. Et il va organiser des manifestations dans toute la France. Et comme c'est un grand orateur, comme vous l'avez dit M. Chenu,
15:38il a énormément de succès. Il est très très écouté, très entendu. Alors la Fédération Nationale Catholique, pour aller plus loin, va même créer son organe de presse.
15:46Et ça va être la France catholique. Alors le journal, comme la Fédération Nationale Catholique, vont vouloir protéger l'identité chrétienne de la France, faire la promotion bien sûr du catholicisme.
15:56Le général aura des positions qui sont loin d'être caricaturales. Il n'y a pas, et c'est pas tout blanc et tout noir par exemple, il va prendre position pour les lois sociales
16:06qui vont émaner du front populaire. Parce qu'en tant que catholique, il dit je dois œuvrer pour le bien commun. Et puis en 1940, après la défaite, il prend ses distances avec le régime de Vichy.
16:16D'ailleurs il va soutenir la résistance. Et il va s'éteindre en 1944, à l'âge vénérable de 93 ans, au château de la Serre, dans son fièvre, dans son refuge, donc non loin de Toulouse.
16:27Il n'aura pas vu sa patrie libérée. On est en 1944. Et Mgr Saliège, l'évêque de Toulouse, qui va célébrer ses obsèques, dira le général de Castelnau s'en est allé auprès de Dieu, emportant le message d'une France qui ne veut pas mourir.
16:41Voilà, ça résume bien le général.
16:42Merci Véronique. Alors, Benachenu, un commentaire, parce qu'effectivement, est-ce qu'on peut dire que le combat politique du général de Castelnau n'était pas un combat partisan, droite ou gauche,
16:52mais qu'en revanche, ce qu'il souhaitait, c'était vraiment réveiller l'âme de la France, c'est ce qu'il a écrit un jour dans le journal France Catholique.
16:59Je crois que ça va beaucoup plus loin. L'anticléricalisme du cartel des gauches était complètement artificiel. C'était le seul thème commun de ces parties.
17:09Les parties de gauche de l'époque étaient aussi divisées que ceux d'aujourd'hui, voire même antagonistes.
17:14Et donc, Édouard Hériot n'avait trouvé que ce thème très excessif et qui faisait courir un très grave danger, non seulement à la catholicité, mais même à l'Union nationale,
17:27puisqu'il pensait, par exemple, revenir sur le concordat de l'Alsace-Lorraine.
17:32Et donc, Castelnau, face à une certaine passivité du monde catholique, qui n'avait jamais su se défendre, lui, réussit cette fédération et engage un combat...
17:47C'était un vrai chef, il faut le dire.
17:48Oui, c'était de ce point de vue. D'ailleurs, il a été rejoint par des anciens officiers de son état-major et c'est eux qui ont organisé ces manifestations monstres qui ont fait tomber le cartel des gauches.
18:02Il ne faut pas oublier que Castelnau disposait d'une tribune dans le journal national L'Echo de Paris.
18:09Et quand vous voyez les éditoriaux de Castelnau de cette époque, ils sont remarquables.
18:14Et lorsque il fait tomber... Parce que c'est lui qui fait tomber le cartel des gauches, il écrit « le cartel des fraudeurs a vécu cette... »
18:21Et il y a eu un commentaire d'un des aumôniers de la Fédération nationale catholique, qui fête donc ses 100 ans cette année, disant « le catholicisme a fait la preuve qu'il n'était pas mort en France ».
18:30Tout à fait. Alors, vous l'avez souligné, Castelnau était quand même... Et d'ailleurs, c'est ce qu'en reconnaissent les historiens aujourd'hui, les historiens politiques, les René Raimond et autres, Castelnau était un modéré.
18:41Et au sein de la Fédération nationale catholique, il a fait la synthèse entre les différents courants. Il y avait un courant qui était, par exemple, favorable à l'action française.
18:52Or, l'action française a été condamnée. Et Castelnau a condamné l'action française.
18:56Il a suivi le pape.
18:57Tout à fait. Autre nuance, Castelnau aussi a voulu contrer cette « aile gauche », on va dire, de la catholicité, qui était un peu même déviante par rapport à Rome, c'est-à-dire les héritiers du Sillon.
19:13Marc Sennier, donc, au rang moderniste, on peut dire, pour résumer.
19:17Le but de ce journal France catholique était certes un journal de combat contre le cartel des gauches, mais également, et c'est son titre « Donner des racines au futur », c'est rappeler les fondations du catholicisme pour éviter ces déviances qu'on voyait apparaître via ces mouvements d'action catholique un peu extrêmes.
19:39Malheureusement, on arrive au terme de cette émission, on y passerait des heures, bien sûr, mais Véronique, dites-nous, quels sont les livres, justement, qu'il faut lire pour approfondir cette belle figure du général de Castelnau ?
19:47Alors, « Le Général de Castelnau, le soldat, l'homme, le chrétien » par Patrick de Mielin, c'est aux éditions Charles-Hérissé, un très beau livre avec beaucoup, beaucoup de photos et d'images d'archives.
19:57Alors, celui qui vient de paraître et qui est signé par Jean-Louis Thieriot, le ministre délégué aux armées et aux anciens combattants, c'est « Castelnau, le maréchal escamoté » chez Talandier.
20:06Et puis, bien entendu, on n'oublie pas le vôtre, hein, Benoît Chenu, « Castelnau, le quatrième maréchal » et ça, c'est chez l'artilleur.
20:14On n'oublie pas non plus France Catholique, qui fête ses 100 ans cette année, qui vous propose un numéro spécial où il est notamment, évidemment, question du général de Castelnau.
20:22Donc sur abonnement et sur france-catholique.fr.
20:24Un dernier mot, une citation du général de Castelnau. Voilà ce qu'il écrivait, pardon, dans France Catholique en 1940.
20:31« Un pays sans idéal est voué à la décomposition et à la destruction. L'âme de la France sera chrétienne ou elle ne sera pas. » Voilà, qui résume peut-être son combat dans toutes ces années.
20:42Et merci beaucoup, Benoît Chenu, d'avoir été avec nous. Je renvoie, bien sûr, à votre livre « Le quatrième maréchal » chez l'artilleur, on vient de le dire.
20:48Merci aussi à Thomas Leroy et aux équipes techniques de CNews.
20:52Et puis demain, dans « Enquête d'esprit », à 13h, nous parlerons de l'engagement des catholiques dans la cité aujourd'hui pour notamment former des élites.
20:59Ce sera passionnant. Rendez-vous donc demain. Et pour l'instant, l'info continue sur CNews.