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00:00Donc pour cette prise de parole du Président Macron, il se trouve à Mayotte, il a répondu aux questions des journalistes
00:07en évoquant un certain nombre de choses, d'abord les mesures d'urgence, très prudents sur le bilan,
00:1331 morts pour l'instant, mais il dit voilà il y a des blessures qui ont été occasionnées par le cyclone qui pourraient dégénérer
00:20et donc provoquer encore d'autres morts. Il a souhaité aussi mettre fin aux bidonvilles,
00:26parce qu'on sait que l'essentiel des personnes qui sont décédées vivaient dans des habitations avec de la tôle ondulée,
00:35et puis il a dit quelque chose, Louis de Ragnel qui nous a interpellé, je vous salue Louis de Ragnel qui est avec nous sur le plateau,
00:41Nicolas Baverez nous a rejoint aussi, bonsoir, merci, on évoquera votre livre au sursaut, quatre inéditorialistes,
00:47Philippe Guibert, Aminel Kadmi, il a invoqué cette création d'un établissement public en charge de la reconstruction,
00:57ça veut dire quoi pour Mayotte, Louis de Ragnel ?
01:00Très concrètement, ça veut dire que cet établissement public doit être créé avec une loi,
01:05et ça doit permettre de pouvoir reconstruire Mayotte en se faisant totalement abstraction,
01:12une loi d'exception qui fait abstraction de la réglementation des contraintes, des normes et même des anciennes lois,
01:18et de ce point de vue-là il a tout à fait raison, et donc Emmanuel Macron veut s'appuyer sur les précédentes lois qui ont été votées d'ailleurs,
01:25à l'occasion à la fois des Jeux Olympiques et de la rénovation, la restauration de Notre-Dame de Paris.
01:31Il a fait allusion à Notre-Dame de Paris à plusieurs reprises pendant cette première journée,
01:35il a dit qu'on a fait Notre-Dame en cinq ans, on peut arriver à reconstruire Mayotte.
01:39Ce qui est par ailleurs une illustration du fait qu'en France on ne peut faire des choses que quand on fait des lois d'exception.
01:44Et quand on sort de la bureaucratie, c'est l'aveu que lorsqu'il y a urgence, besoin d'efficacité, besoin d'aller vite et d'obtenir des résultats,
01:57on a conscience que le cadre normal ne va pas le permettre parce qu'il va falloir la vie de telle commission,
02:03de tel chef, de tel sous-chef, de tel recours, de telle consultation publique,
02:08et donc on décide de sortir du cadre normal pour faire des exceptions et ça marche.
02:14Et en l'occurrence, pour les Jeux Olympiques et pour Notre-Dame de Paris, ça a marché.
02:18Quel aveu d'impuissance à ce moment-là ! Nicolas Baverez, peut-être que vous avez un commentaire ?
02:23Non mais ça veut dire que l'État, dans son rôle normal, ne fonctionne pas !
02:27J'ai passé la parole à Nicolas Baverez.
02:30Ce qui me semble avec Mayotte, c'est que d'abord, ça montre une nouvelle fois chez Emmanuel Macron
02:35l'énorme décalage entre les mots et les choses.
02:38Parce qu'il a annoncé beaucoup de choses, mais on est quand même dans un pays où il n'y a pas de gouvernement,
02:44il n'y a pas de budget, et donc y compris pour créer un établissement public, il faut des lois, il faut un gouvernement,
02:49et derrière il faut des budgets.
02:51Donc on n'a rien dit sur le coût de cette reconstruction,
02:56mais on sait qu'aujourd'hui, on a un État qui est en quasi-faillite,
03:01et dont on ne sait pas trop comment, il n'a pas de budget,
03:03et il va avoir de gros problèmes pour lever de l'emprunt.
03:08On a déjà, en Nouvelle-Calédonie, 8 milliards de PIB, 2,5 milliards de destruction,
03:13et pour l'instant, pas de reconstruction possible, on n'assure même pas la sécurité.
03:18Et donc, moi, ce qui me frappe, c'est que, évidemment, cet événement est une tragédie épouvantable,
03:26mais qu'on a quand même un État qui nous annonce tout ça,
03:30et qui, c'est quand même un département français,
03:32ça fait des années que l'État n'est plus capable d'assurer les services de base,
03:36c'est-à-dire l'eau, l'électricité, la sécurité publique,
03:41qui avait été abandonnée depuis très très longtemps.
03:44Et c'est ça qui, finalement, est extrêmement gênant,
03:50et que, comme souvent, l'Outre-mer est un miroir un peu grossissant des problèmes de notre pays,
03:57et que ce qui s'est passé, ce qui se passe aujourd'hui quand même à Mayotte, ça veut dire quoi ?
04:02Ça veut dire que, dans les missions fondamentales de l'État, il y a la réassurance des risques majeurs,
04:08et que, comme en Nouvelle-Calédonie, pour des crises très différentes,
04:13il n'y a pas eu d'anticipation, il n'y a pas eu de gestion,
04:16et derrière, on annonce des choses mirifiques,
04:19mais donc, clairement, aujourd'hui, on ne voit pas trop comment...
04:23On n'a pas le début du financement.
04:24On a les moyens de les tenir.
04:25Pourquoi est-ce que tout ce qui avait déjà été annoncé par Emmanuel Macron
04:29sur l'aéroport, sur la sécurité, etc.,
04:31enfin, on a eu des annonces régulières alors que l'île était debout,
04:35pourquoi est-ce que maintenant qu'elle est par terre,
04:37on va faire tout ce qu'on n'a pas fait auparavant ?
04:39Évidemment, quand tout allait plus ou moins bien.
04:41Catherine, vous venez d'écouter Emmanuel Macron avec nous.
04:44Oui, mais il a raison de dire qu'on peut faire des grandes choses
04:47quand on y met la volonté de citer à la fois les Jeux Olympiques
04:52et la cathédrale de Paris, mais là, c'est très loin.
04:59Et là, on voit le travail qu'il y a à faire.
05:02D'ailleurs, il l'a dit, d'abord les déchets,
05:03parce que toute cette île qui est encombrée de tous ces détritus
05:08qui sont inutilisables, qu'est-ce qu'on en fait ?
05:10Où on les envoie, par bateau ?
05:12Et l'ennui, c'est que, bien sûr qu'il faut aider ces gens,
05:15c'est des tragédies qu'on n'imagine même pas,
05:18puisqu'on ne les voit pas, on le subodore.
05:21Parce que, vraiment, moi, ce qui m'a frappée,
05:23c'est qu'après l'ouragan, les premières vues en hélicoptère,
05:27rien ne bougeait.
05:28Donc, est-ce qu'il y a vraiment des morts, des grands blessés ?
05:32Non, mais c'est une tragédie énorme, avec les risques d'épidémie.
05:36Donc, on va le faire, mais c'est très loin pour acheminer les choses.
05:39Pour les matériaux pour construire, il faut les acheminer de France,
05:43ou d'ailleurs, je ne sais où.
05:45C'est très compliqué.
05:46Et si on met le paquet ?
05:48D'abord, ça coûte très cher, il faut allumer.
05:50Eh bien, si c'est mieux, enfin mieux,
05:54si les choses marchent enfin mieux,
05:56ça sera encore un produit d'appel encore plus grand
05:58pour les comores qui, elles, sont encore plus pauvres.
06:02Et ont été touchées par le cyclone de la même façon.
06:04Oui, d'ailleurs, on n'en parle pas, on n'a pas d'image, on ne sait pas.
06:07Mais donc, c'est un problème qui est énorme, coûteux,
06:10enfin, je veux dire nécessaire et à la fois insoluble.
06:14Alors, Philippe Guibert, un mot,
06:15après on écoutera des séquences très fortes entre les habitants et le président Macron.
06:18Oui, le président Macron l'a dit,
06:21les prestations sociales qui sont données,
06:23parce que c'est un département français,
06:25sont supérieures au salaire,
06:27et très supérieurs au salaire qui peuvent être donnés
06:30en travaillant dans les régions avoisinantes,
06:33d'où l'attractivité considérable de l'île.
06:37Oui, bien sûr, tout ça est très difficile à gérer.
06:40Est-ce que la départementalisation ou pas est une bonne idée ?
06:43On en discutait tout à l'heure.
06:45Mais, en tout état de cause,
06:47il faudra, si on veut garder ce territoire,
06:50non seulement mettre des moyens,
06:52mais aussi résoudre le problème géopolitique et diplomatique avec les Comores.
06:56Parce que là est le cœur du problème.
06:58Mayotte faisait partie des Comores,
07:00et a souhaité rester français,
07:02ce qui en droit international est contesté.
07:04Bref, je ne rentre pas dans le détail.
07:06Donc on a une situation qui,
07:08sur le plan géopolitique et diplomatique,
07:10est extrêmement compliquée.
07:12Oui, mais l'urgence, c'est de reconstruire.
07:14On va écouter deux séquences du Président Macron.
07:16D'abord avec la députée Estelle Youssoupha,
07:18députée maoresse,
07:20qui est souvent venue sur ce plateau
07:22pour sonner encore une fois l'alarme
07:24quant à la situation à Mayotte.
07:26Très courageuse, et qui elle-même est menacée,
07:28il ne faut pas l'oublier.
07:30Et puis avec une femme qu'il a rencontrée,
07:32le Président Macron lui a dit
07:34qu'il ne lâcherait jamais Mayotte.
07:36Écoutons ces deux séquences.
07:52C'est pas mon genre.
07:54C'est pas mon genre.
07:56On a été capable de rebâtir notre cathédrale en 5 ans.
07:58J'ai vu ça.
08:00Ce serait quand même un drame qu'on n'arrive pas
08:02à rebâtir Mayotte.
08:04Et vous perdrez beaucoup si vous lâchez Mayotte.
08:06Et ça je vous le garantis.
08:08La présidence française perdrait beaucoup si il lâche Mayotte.
08:10Je n'ai jamais lâché Mayotte.
08:12Je n'ai jamais lâché Mayotte,
08:14dit Emmanuel Macron.
08:16Deuil national décrété lundi,
08:1823 décembre,
08:20avec une minute de silence dans tous les services publics,
08:22les drapeaux mis en berne.
08:24Donc la vie institutionnelle du pays
08:26sera arrêtée ce jour-là.
08:28Comores d'ailleurs avait annoncé un peu avant
08:30qu'ils avaient décrété une semaine de deuil.
08:32Donc dans la foulée, la France,
08:34pour ce qui concerne Mayotte, a décidé
08:36une journée de deuil national.