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00:00Je suis toujours dans ce studio avec Charlotte Dornela, journaliste au JDD, Jean-Christophe Gallien, politologue et communicant.
00:06On a tous, tous les trois évidemment, été extrêmement touchés par les mots du sénateur renaissance de Mayotte qui était avec nous il y a quelques instants dans ce studio.
00:13Saïd Omarouali, on se dit les choses, on va vers une catastrophe je pense dont on ne mesure pas pour l'instant l'ampleur Jean-Christophe Gallien.
00:21Mayotte c'est, on découvre quelque chose qui était déjà sous une tension absolue de tout.
00:28D'abord d'une tension migratoire, ça a été dit, à peine dit, quand on parle de bidonville.
00:32Il faut le savoir, c'est les plages qui sont occupées par des gens qui viennent des Comores, d'à côté d'autres îles.
00:38On parlait de Swahili, des côtes africaines parfois même aussi.
00:41Pourquoi ? Parce que c'est un territoire de France, c'est la France dans l'océan Indien.
00:45Et la suite c'est quoi ? C'est une maternité qui est la plus grande d'Europe, ça a été dit aussi.
00:49Vous avez tous ces enchaînements.
00:50Pour autant, l'infrastructure de l'état de la France dans ce territoire, même si elle est nettement supérieure à ce qu'on peut trouver dans d'autres îles voisines,
00:59voire sur le continent africain voisin, là aussi, elle ne peut pas répondre à l'accident qui, à ce moment-là, bascule dans le chaos.
01:07Ça fait basculer cette tension, cette série de tensions multiples, qu'on ne veut pas forcément voir tout le temps, dans le chaos.
01:15Et là on est dans le chaos, c'est pire que la crise, c'est pire que la catastrophe.
01:19C'est le chaos qui est arrivé dedans, parce qu'on parlait de ce qui est en train de se passer.
01:22Les enfants, évidemment, ça c'est clair. Pourquoi ? Parce que leurs parents, où est-ce qu'ils sont ?
01:26Ils ont été protégés en partie.
01:27Ça c'est incroyable ce qu'il a raconté le sénateur.
01:29Les gens ont 250 km heure, un bidonville.
01:32Ils ont eu peur, mais ils ne se sont pas protégés.
01:35Mais il n'y a pas de mur.
01:36Mais ils ne se sont pas protégés les parents.
01:3780% qui ne parlent pas français.
01:40C'est comme si vous aviez une grande partie de l'Est africain qui était transposée dans un territoire français.
01:47Mais au fond, si vous voulez, l'infrastructure, la manière dont les gens sont préparés, éduqués, acculturés,
01:53elle demeure, si vous voulez, quelque chose qui correspond à cette zone géographique.
01:57Et aujourd'hui, et là je ne critique rien, c'est simplement l'idée que quand vous faites face à ça,
02:02vous pouvez considérer que les éléments comme la nature, ça fait partie de votre vie et que ça ne va pas tout changer.
02:08Effectivement, vous avez peur aussi pour votre statut.
02:10Oui, quand vous êtes irrégulier, vous ne voulez pas vous rendre dans un rendez-vous officiel parce que vous avez peur d'être attrapé.
02:15Je vous prie de m'excuser.
02:17On va écouter dans un instant François Bayrou en direct.
02:21Le Premier ministre qui sort de cette cellule de crise interministérielle, réunion de crise à Beauvau,
02:29pour faire un point sur la situation à Mayotte et surtout trouver des solutions.
02:34On va l'écouter en direct sur Europe 1.
02:37Dès que le Premier ministre va commencer à parler, il va tirer évidemment les enseignements de cette crise.
02:47On va écouter François Bayrou dans un instant, si on peut le passer en direct.
02:53François Bayrou.
02:54Mayotte, situation qui croise plusieurs facteurs de risque immédiats et de moyen terme.
03:08Tout le monde a bien compris ce qui se passait, un cyclone d'une violence inattendue, des vents à plus de 200 km heure.
03:24Des équipements publics très endommagés ou détruits, à la préfecture, à l'hôpital, à l'aéroport,
03:37rendant impossible un très grand nombre de liaisons aériennes et des risques très graves, très violents encourus pour les habitations
03:59et aussi pour les habitations précaires, bidonvilles, notamment occupées par les irréguliers.
04:09Ce qui fait que le bilan pour l'instant n'est pas très facile à faire.
04:16Le ministre de l'Intérieur va vous communiquer ce que nous avons comme renseignements.
04:24Le souci, ce n'est pas seulement le court terme et les secours et l'aide que nous pouvons apporter,
04:30mais c'est aussi le moyen terme pour l'alimentation en eau, pour l'alimentation en nourriture,
04:39notamment des équipements les plus sensibles, prisons, centres de rétention, et tout ça est évidemment un facteur de risque qui s'accumule.
04:55Comme les transports aériens ne sont pas immédiatement possibles,
05:01comme les transports maritimes prennent 4 jours à partir de la Réunion,
05:07et donc ces soucis à venir sont très préoccupants.
05:16Alors on est d'abord préoccupé pour la sécurité immédiate des personnes,
05:20et M. le ministre, qui est originaire de Mayotte, partage évidemment ses soucis,
05:30y compris pour sa propre famille à laquelle nous pensons.
05:33Mais évidemment, les loyements, les difficultés d'équipement, les usines de retraitement de l'eau, l'assainissement,
05:45tout cela crée une multiplication de crises.
05:51La seule chose qu'on a pu sentir dans cette Réunion, ou qu'on a senti à coup sûr,
05:57c'est que les services de l'État sont présents et organisés,
06:02mais que les moyens techniques et logistiques, ce sont évidemment des investissements qui ne sont pas immédiatement disponibles,
06:11et qu'on va mobiliser de toutes les manières possibles, surtout quand on aura le bilan que nous n'avons pas aujourd'hui.
06:20Alors le ministre de l'Intérieur va vous faire un point précis sur une situation dans laquelle il est très important
06:29qu'on mesure les réponses immédiates et de moyen terme.
06:36Merci Monsieur le Premier ministre.
06:39Je suis entouré, au-delà des ministres compétents, mais autour de la table,
06:44puisque c'est le Premier ministre qui présidait cette cellule intermédiaire de crise.
06:49Il y avait 13 ministres qui sont totalement mobilisés,
06:54et avec la présence de Tani, je veux dire, après ce que vient de dire le Premier ministre,
07:00notre totale solidarité avec nos compatriotes maorais qui sont vraiment durement éprouvés,
07:06et qui le seront dans les jours et sans doute dans les semaines à venir.
07:10Je pense qu'il y a une mobilisation exceptionnelle de l'État.
07:13C'est une situation vraiment exceptionnelle.
07:15Depuis 1934, il n'y avait pas eu à Mayotte un tel événement climatique qui,
07:20comme le Premier ministre l'a indiqué, a conjugué à la fois du vent, plus de 226 km heure pour les rafales,
07:28ensuite de la pluie, et vous savez qu'on a un habitat précaire qui est accroché à flanc de colline,
07:34et avec le ruissellement, avec la déstabilisation du terrain, c'est bien entendu une catastrophe,
07:39et l'entièreté de cet habitat précaire a été évidemment détruit.
07:43Et puis le troisième élément, c'était une forte houle qui a pu créer parfois des phénomènes de submersion marine.
07:50Donc un épisode climatique qui est absolument dramatique.
07:55Tout l'État, tous les services, les ministères sont absolument mobilisés.
08:01C'est la raison d'être d'ailleurs de cette cellule de crise qui, à partir de maintenant,
08:05va se réunir deux fois par jour, qui va mobiliser l'ensemble des services de l'État
08:11pour apporter vraiment une aide, d'abord de secours, pour nos compatriotes maorais.
08:18Dans un premier temps, il a fallu assurer l'ordre public, avec les 1600 gendarmes et policiers qui sont présents,
08:25parce qu'il y a eu un début de pillage, mais très très vite on a réagi avec le préfet de Mayotte
08:31pour faire en sorte que nos gendarmes, nos policiers soient sur le terrain,
08:35et qu'ils empêchent justement ce genre d'exaction, ça c'est important.
08:39Désormais, place aux opérations de secours, bien évidemment, qui sont aujourd'hui retardées,
08:46par exemple en matière routière, parce qu'on a beaucoup d'arbres qui sont en travers des routes,
08:51mais les équipes aujourd'hui, notamment de sauveteurs, de sapeurs-pompiers, de gendarmes, de policiers,
08:57tout le monde est très très mobilisé, ainsi que les services techniques des différentes villes.
09:03Ce que je veux dire, c'est qu'en matière d'infrastructures essentielles,
09:06on a un aéroport dont la tour est détruite, malheureusement,
09:11et heureusement en revanche, je parle sous le contrôle de Catherine Vautrin, la piste est praticable.
09:17Mais ça veut dire qu'on pourra l'emprunter pour des avions militaires,
09:21pas question d'avoir des atterrissages notamment d'avions commerciaux,
09:25mais le pont aérien qu'on va pouvoir mettre en place à partir de la Réunion,
09:31ça va nous permettre en tout cas de jour d'atterrir.
09:34On va avoir deux DASH, on en a un et un autre qui va être en renfort,
09:40deux avions de type CASA et un gros avion militaire de type 400M
09:46qui vont assurer chacun leur tour et en permanence ce pont aérien pour transporter un certain nombre de choses.
09:53Donc le terminal aéroportuaire va malgré tout être utilisé pour les transports,
09:57pour acheminer par exemple l'eau, la nourriture, etc.
10:01Ensuite le terminal portuaire semble ne pas avoir été trop affecté.
10:05Là aussi la marine nationale va mobiliser des navires,
10:11notamment le Champlain et le Marion Dufresne.
10:15À partir du Champlain qui a une grosse capacité d'emport,
10:18on aura des containers, par exemple des rations de combat, etc.
10:22Et ça c'est important, je dois dire qu'on compte beaucoup aussi sur l'armée
10:26en matière de tentes, de bâches et le ministre de la Défense était aussi dans la Réunion
10:33pour nous assurer de la mobilisation de ses troupes.
10:36Pour ce qui concerne l'hôpital, Madame la ministre de la Santé,
10:40l'hôpital a été endommagé et des services importants, cruciaux de l'hôpital,
10:44réanimation, etc. ne pouvaient plus fonctionner.
10:48Au moment où je vous parle, a priori l'électricité est revenue,
10:51comme l'électricité est revenue dans la capitale Mamoudzou,
10:55mais là aussi on va dans les prochains jours amener sur place un hôpital de campagne.
11:01Bien sûr que l'hôpital va être conforté, réparé autant que faire se pourra,
11:05mais un hôpital de campagne sera amené dans les tout prochains jours.
11:09Ce que je veux dire aussi c'est que jusqu'à mercredi, d'aujourd'hui, demain, jusqu'à mercredi,
11:15il va y avoir cinq vagues successives de renforts pour la sécurité civile.
11:21Ça fait à peu près 800 personnes, et parmi ces 800 personnes, nous aurons évidemment le matériel qui va avec,
11:27tout le matériel qui va avec, les équipements aussi,
11:30mais aussi du personnel médical, 210 personnels médicaux dans un premier temps.
11:36Bien entendu, il faudra renforcer ensuite progressivement les personnels médicaux
11:42qui seront envoyés dans un premier temps.
11:45Pour ce qui concerne les réseaux, les routes, j'en dis un mot, l'électricité a été coupée,
11:51on a un problème d'assainissement et un problème d'eau.
11:53Par conséquent, il va y avoir un certain nombre d'enjeux dans les prochaines heures.
11:58Ça sera d'abord l'habitat. L'habitat précaire a été entièrement détruit, entièrement détruit.
12:03Évidemment, les bâtiments publics, les écoles et autres seront réquisitionnés pour protéger les personnes,
12:09qu'elles soient d'ailleurs en situation régulière ou irrégulière.
12:12Aujourd'hui, il faut sauver des vies humaines, il faut héberger les hommes, les femmes, les enfants,
12:18quelle que soit leur situation qui se trouve à Mayotte dans ces locaux.
12:23Pour ce qui concerne l'habitat qui est l'habitat en dur, il a beaucoup souffert.
12:28Il a beaucoup souffert aussi, donc il faudra sans doute que les habitants puissent là encore se réfugier
12:35dans des bâtiments publics. Dans les heures, dans les jours à venir,
12:38il faudra sûrement étudier des solutions de campement.
12:42De même que nous allons envoyer des renforts de gendarmerie, pour militaire aussi,
12:47et il faudra bien entendu pouvoir les loger, pouvoir les nourrir.
12:51Mais les besoins essentiels aujourd'hui, au-delà des secours, les secours c'est maintenant, c'est d'urgence.
12:56Mais les besoins dans quelques heures, dans quelques jours, ce sera bien entendu les besoins en nourriture,
13:01ce sera les besoins en eau potable et c'est les besoins notamment en logement.
13:06Et ça, on y accorde vraiment beaucoup beaucoup d'importance.
13:10Voilà ce que je voulais vous dire. Il y a beaucoup d'autres choses qui ont été discutées,
13:15parce que ça concerne vraiment encore une fois tous les ministères.
13:18Mais sous l'autorité du Premier ministre, je veux dire qu'on a une entière mobilisation.
13:23C'est une situation qui est dramatique, qui est absolument exceptionnelle.
13:27Mais l'ensemble des services de l'État se tient pour porter secours à nos compatriotes.
13:34J'ai eu, et je pense le Premier ministre aussi à plusieurs reprises, le Président de la République
13:39qui se tient, heure par heure, aussi informé de la situation.
13:42Voilà, c'était Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, démissionnaire,
13:46qui s'est exprimé dans la foulée de François Bayrou, le Premier ministre.
13:53C'est le ministre de l'Intérieur qui a donné le plus d'informations.
13:56Je vais peut-être récapituler ce qu'il a dit, qu'il y avait 1600 gendarmes qui étaient mobilisés déjà à Mayotte,
14:01qu'évidemment les sauveteurs, les sapeurs-pompiers étaient en action aujourd'hui pour venir en aide à la population,
14:06que l'aéroport, la tour de contrôle est certes détruite, mais la piste est pratiquable,
14:10c'est-à-dire qu'un pont aérien va être possible avec des avions militaires,
14:14des Dachs également qui vont être envoyés, qui vont faire une rotation permanente
14:18pour pouvoir venir au secours de Lille et de ses habitants.
14:21L'électricité est revenue dans la capitale.
14:23Il va y avoir un hôpital de campagne qui sera installé dans les prochains jours.
14:26Il y a plus de 800 personnes qui vont être dépêchées sur place,
14:30évidemment avec du matériel, pour venir en aide aux secours qui sont déjà mobilisés,
14:35eux, après le passage de ce cyclone qui a tout détruit.
14:38On dit les choses.
14:39Les ministres, on va dire un mot quand même de ce qu'ont dit François Bayrou et Bruno Retailleau,
14:45et 210 personnes du personnel médical qui vont être dépêchées sur place dans les prochaines heures.
14:51C'est un drame épouvantable auquel nous allons être confrontés, évidemment.
14:54Je vais juste redonner peut-être les chiffres.
14:56Mayotte, c'est un peu plus de 320 901 habitants cette année.
15:02Ce sont des gens qui sont en situation régulière.
15:05Mais évidemment, on sait pertinemment, peut-être Charlotte Dornelas,
15:10qu'il y a un nombre de personnes qui sont en situation irrégulière considérable.
15:14Et d'ailleurs, Bruno Retailleau a bien dit ce soir qu'il aimerait que tout le monde sera aidé.
15:18Tout le monde sera aidé.
15:19Il l'a répété, il l'a répété.
15:22C'est vrai qu'on est face à une crise, une crise terrible.
15:25Oui, mais vous disiez la population, et c'est pour ça d'ailleurs,
15:29quand François Bayrou dit que le bilan est difficile à faire,
15:31déjà par l'encombrement généré par les dégâts du cyclone qui a provoqué le cyclone,
15:38et ensuite parce qu'en effet, quand on évoque les personnes dans les bidonvilles
15:42et l'état des bidonvilles aujourd'hui, dans les bidonvilles,
15:45vous avez énormément de personnes en situation irrégulière.
15:48Je me souviens au moment où, vous savez, tous les responsables politiques maorais
15:52s'étaient entendus pour demander la suppression du droit du sol,
15:54précisément pour cette raison, en disant on est débordé.
15:56À ce moment-là, certains évoquaient une population quasiment doublée par le nombre d'irréguliers.
16:02C'est évidemment un chiffre qu'il est difficile d'avoir.
16:05Mais aujourd'hui, dans les bidonvilles, on ne sait pas le nombre de gens qu'il y a.
16:08Donc c'est un bilan qui est encore plus difficile à faire,
16:10dans la mesure où c'est des gens qui ne vont pas forcément être réclamés,
16:13que les autorités n'ont pas identifié, qu'elles n'ont même pas compté,
16:16par la force des choses et par le flux permanent qui entre ces dernières années à Mayotte.
16:21Donc c'est évidemment, je crois que le mot là qui est à craindre dans les jours à venir,
16:26c'est le chaos qui s'ajoute à une situation,
16:28et là je rejoins absolument à une situation qui était déjà dramatique.
16:33Déjà quand on parlait de ce sujet-là sur la question migratoire,
16:37on parlait de la question de la sécurité, de la question évidemment économique,
16:40de la question de la pauvreté, de la question de la violence dans les rues
16:44et à l'égard des maorais ou entre les personnes.
16:46Vous voyez une situation qui était déjà extrêmement tendue,
16:49auxquelles vous ajoutez ce chaos et la perte de tous les biens matériels et humains
16:54qui vont s'ajouter à ça.
16:56En effet, tout à l'heure le sénateur avait peur que certains aient pillé les magasins,
17:00j'ai peur que ce soit le pillage de tous par tous,
17:02et c'est évidemment ce qu'il y a à craindre aujourd'hui.
17:04Ils n'ont rien à manger, mais c'est épouvantable.
17:06Jean-Christophe Gallien peut-être juste un mot sur l'intervention de François Bayrou et Bruno Retailleau.
17:11Oui, on avait un peu le sentiment qu'on était un peu dépassé par la situation, je dis les choses.
17:15François Bayrou, ce soir, dans la posture, la communication, il est là,
17:20mais on est un peu dépassé par la situation.
17:22Oui, puis soyons clairs, il n'a pas le profil du gestionnaire de crise,
17:26ce n'est pas la tonalité de François Bayrou.
17:28C'est vrai, c'est sa première crise, ça fait même pas mal de quatre heures qu'il est à Matignon.
17:32Il est à Matignon, il a un crash test immédiat,
17:35et donc ça veut dire qu'effectivement, on sent bien la difficulté,
17:40même dans l'expression, dans la manière de se situer physiquement,
17:45dans la manière du rythme aussi.
17:47Je parle de communiquer où vous êtes.
17:49Exactement, je pense qu'on peut le retenir même à titre de...
17:52Vous savez, la communication, oui bien sûr, mais on voit bien que c'est aussi un trait de personnalité.
17:57Ce n'est pas quelqu'un qui est dans ce temps court, de l'intensité,
18:00en tout cas, qui n'a jamais été dans cette situation-là.
18:04Je ne crois pas le connaître dans le Béarn, dont il a été président de conseil général.
18:09Quand il a été maire de Pau, il y a eu des tempêtes dans le sud de la France, mais ça n'a rien à voir.
18:14Et là, il arrive effectivement dans un contexte où lui, il est en train de constituer un gouvernement,
18:19il agite un cocktail qui va être compliqué à assurer, à faire goûter à tout le monde autour de lui,
18:24et là aujourd'hui, il a un patatras, c'est-à-dire que, redisons-le,
18:28Mayotte, c'est quelque chose qui est déjà un problème, plus qu'un problème.
18:32C'est en crise permanente, et là, on tombe dans le chaos.
18:35Donc, il va gérer non pas une crise, mais un chaos.
18:37Et un chaos, vous savez, on parle de Mayotte, mais Mayotte, c'est aussi en partie Marseille,
18:42c'est en partie des quartiers de ce pays, c'est quelque chose d'important.
18:45Et donc, pour lui, qui n'est pas habitué à ça, qui n'a pas cette espèce de...
18:49C'est moins de l'empathie que cette capacité à incarner tout de suite, si vous voulez,
18:53oui, la temporalité de la crise, c'est Bruno Retailleau, c'est une autre génération,
18:57c'est quelqu'un dont on voit bien qu'il n'a pas le même rythme de débit non plus,
19:00qu'il est capable peut-être aussi dans la précision d'être immédiatement.
19:03Alors, c'est son rôle, les mises à l'intérieur, il est en plein dans sa mission,
19:06mais peut-être que d'autres aussi.
19:08M. Berroux, entre Retailleau et Emmanuel Macron, qui lui aussi a quand même quelque chose qui est différent,
19:14dont on va savoir demain évidemment, certainement encore quand il va s'exprimer sur ce sujet,
19:18voir s'il y va encore malgré tout, on va avoir quelqu'un qui certainement ne se déplacera pas.
19:24Si il y a quelqu'un qui va se déplacer là-bas, ce ne sera pas lui, ce sera Retailleau.
19:27C'est parce qu'il n'a pas... ce n'est pas son rythme, ce n'est pas sa personnalité.
19:31Et là, pour le coup, au-delà du contexte politique dans lequel on est, qui est déjà très troublé,
19:36ça peut être un... je parlais de test, si vous voulez, c'est plus que ça.
19:40Ça veut dire qu'est-ce qu'on est en phase avec le moment ?
19:42Est-ce qu'on est en phase avec ce qui est en train de se passer ?
19:44Alors que lui, imaginez certainement qu'il allait avoir une quinzaine,
19:48non pas tranquille, mais en tout cas de préparation apaisée.
19:53Je voulais vous poser une question politique.
19:55On a vu Bruno Retailleau effectivement intervenir ce soir.
19:57Bon, c'était Carré, ministre de l'Intérieur, certes.
19:59Sébastien Lecornu qui est également sur le front.
20:03Est-ce que ça ne leur garantit pas, pardon, une place dans le futur gouvernement ?
20:07Mais alors, on a vu cette image François Bayrou avec Assa droite, Bruno Retailleau.
20:11C'est quand même un signal, non ?
20:13C'est juste.
20:14Oui, alors... non ? Je ne sais pas ce que...
20:16Non, mais vous avez raison.
20:18Mais probablement, enfin, de toute façon, les discussions étaient déjà en cours
20:22et là, la crise va être réglée.
20:23Moi, ce qui me frappe, et c'est un peu une manière de répondre à votre question,
20:26mais ce qui me frappe, c'est que François Bayrou s'attendait à prendre le poste de Premier ministre
20:32dans un pays qui cumule déjà, je ne les compte même plus, le nombre de crises en cours
20:37que le Premier ministre doit gérer.
20:38La première étant l'adoption d'un budget, évidemment, et la situation politique,
20:42mais qui surtout cache une multitude d'autres crises dans la vie quotidienne des Français.
20:47Parce que c'est quand même ça qui est plus important que le psychodrame
20:50de qui s'entendra avec qui au Parlement.
20:53Et vous voyez, la première crise qui finalement s'impose à lui,
20:56c'est une crise qu'on ne peut plus concrète.
20:58Donc en effet, c'est Bruno Retailleau qui prend la parole, il est ministre de l'Intérieur,
21:01c'est lui qui dit, voilà, qu'est-ce qui est en place, qui on va dépêcher,
21:05mais moi, ça me frappe par l'image, en fait, le drame absolu
21:10qui s'impose comme crise autrement plus importante
21:13que la petite crise politique qui nous impose depuis maintenant...
21:17Oui, mais ça c'est certain.
21:18On ne va pas changer le ministre de l'Intérieur en pleine crise à Mayotte.
21:22C'est vrai que Charlotte a raison d'insister sur le réel de ce pays.
21:27Évidemment, le réel à Mayotte, il existait préalablement à ce réel terrible
21:31qui, encore une fois, va les faire entrer dans un chaos dans lequel ils sont déjà.
21:35Maintenant, le Premier ministre, comme le Président de la République,
21:38on vit dans un contexte aujourd'hui qui est celui d'une crise parlementaire,
21:42de gouvernement, de régime, en plein comme on veut,
21:45dans un État très affaibli.
21:46Donc c'est aussi un test pour l'État.
21:48Du coup, ils ont une porte de sortie positive entre nous
21:51pour affirmer une compétence, des moyens, ainsi de suite.
21:54Pour autant, ce que vous avez dit est très juste.
21:57Dans le petit tempo politique, dans les couloirs du politique,
22:01dans ce qui est en train de se passer,
22:02la musique qui, malgré tout, ne s'arrête pas à Mayotte,
22:04les crises, les multi-crises dont vous parlez,
22:07financières, économiques, il y en a partout, l'éducation,
22:09si on ne pourrait pas les couper les unes après les autres, c'est terrible.
22:11C'est vrai que, vous avez raison de le dire,
22:13dans le mercato qui est à l'oeuvre,
22:14parce qu'on est aussi un peu dans une sorte de football,
22:17On ne voit pas François Bayrou changer de ministre de l'Intérieur en pleine crise.
22:21Même s'il avait envie de le sortir, c'est trop tard.
22:22C'est trop tard, on est d'accord.
22:23Et M. Lecornu, même s'il avait envie de le sortir, c'est trop tard là aussi.
22:25En tout cas, ces deux-là, c'est compliqué.
22:26Après les autres, il fera faire peut-être ce qu'il veut,
22:28mais pour le coup, ces deux-là, il est mal embarqué.
22:30Mais vous pensez que quand même la gauche va comprendre,
22:32pardon, excusez-moi, je pose la question,
22:33qu'elle va dire, oui, attention, si retaille au reste, bref.
22:36Bon, la gauche était montée au créneau.
22:38C'est dur pour eux aussi.
22:39La gauche peut comprendre quand même que la situation est très particulière.
22:42Il est 20h54, on est sur Europe 1.
22:44Elle ne comprendra pas ce qu'elle dira,
22:46qu'elle gérerait mieux la crise, et c'est son rôle.
22:49Je ne veux pas lui reprocher.
22:50Mais simplement, il faudrait que le gouvernement en place.
22:53C'est pour ça, je vous disais, quand la réalité s'impose à vous,
22:56peut-être que les calculs peuvent cesser un moment.
22:58Et évidemment, à l'Assemblée, s'il y a des décisions à prendre,
23:01en passant par l'Assemblée,
23:02ce qui n'est pas sûr et certain pour gérer la crise à Mayotte,
23:06tant que ce n'est pas à l'Assemblée que les décisions doivent être prises,
23:08peut-être peuvent-ils se passer des commentaires des uns et des autres.
23:11Et si, par hasard, ça arrive à l'Assemblée,
23:13j'ose espérer qu'en effet, la politique politicienne, comme on dit,
23:18s'absentera quelques minutes pour prendre des décisions importantes
23:21et aux conséquences, évidemment, directes et urgentes.
23:24Alors, la politique politicienne, puisqu'il nous reste une minute,
23:27Jean-Luc Mélenchon, le cyclone frappe Mayotte de plein fouet,
23:30une population rendue vulnérable et abandonnée
23:32est soumise à une terrible épreuve.
23:35Le pouvoir méprisant et incapable, occupé par son nombril,
23:37n'a rien prévu ni organisé.
23:39Estelle Youssoufa, députée de Mayotte, lui a répondu
23:42« Comme si un cyclone n'est pas suffisant,
23:44Mayotte doit aussi subir l'hypocrisie de Jean-Luc Mélenchon et de l'Efic,
23:48c'était opposé à la destruction des bidonvilles,
23:51qui sont aujourd'hui des cimetières,
23:53en défendant des habitats insalubres.
23:55Vous avez creusé des tombes. Hashtag honte. »
23:59Il y avait un combat sur ce terrain politique déjà,
24:03entre les tenants d'une victimisation de l'outre-marin français.
24:09Effectivement, pour certains d'entre eux, en difficulté,
24:11pour des raisons structurelles, mais aussi
24:13parce qu'il y a des mouvements, des flux migratoires,
24:15d'autres flux aussi qui viennent de l'extérieur.
24:17Maintenant, je pense que pour le coup,
24:19il y a certainement des moments pour tout,
24:21et là c'est un moment pour, je suis d'accord avec Charlotte,
24:23on va voir s'il est parlementaire, puisqu'on est dans un régime parlementaire,
24:26on ne tombe pas dans le parlementarisme du plus bas niveau,
24:30et même si lui il n'est pas au Parlement,
24:32puisqu'il y va au moment des élections de censure,
24:36là il faut qu'il se calme.
24:38Je pense qu'ils ont intérêt à se calmer, même pour eux-mêmes,
24:40parce que là, en termes de performance électorale,
24:43parce qu'ils sont très près du marketing électoral,
24:45ils sont très précis, toujours dans le rythme,
24:48là c'est une arithmie, c'est une faute à mon avis.
24:50Il s'est un peu trompé.
24:52Il s'est un peu trompé.
24:54Écoutez, nous suivrons en tout cas la situation,
24:56je rappelle juste ce qu'a annoncé Bruno Retailleau,
24:59et vous l'avez suivi en direct sur Europe 1 tout à l'heure,
25:01le ministre de l'Intérieur, 1600 gendarmes mobilisés,
25:04les sauveteurs, les sapeurs-pompiers sur le pont,
25:06évidemment à Mayotte, un aéroport,
25:08dont la tour de contrôle a été détruite,
25:10en revanche, et c'était quand même la bonne nouvelle,
25:12puisqu'un pont aérien va être possible,
25:14la piste est tout à fait praticable,
25:16il y a plusieurs avions qui vont être dépêchés sur place,
25:19et qui vont faire des rotations permanentes avec la Réunion,
25:21deux avions militaires notamment, deux DASH.
25:24L'électricité, ce soir, est revenue dans la capitale.
25:27L'hôpital de campagne aussi,
25:29l'hôpital de l'électricité,
25:31un hôpital de campagne va être monté dans les prochains jours.
25:34Alors le toit est parti, l'hôpital,
25:36c'est-à-dire que là, il n'y a plus un toit qui a tenu,
25:39il n'y a pas un toit qui a tenu, et c'est ce qu'on disait tout à l'heure,
25:41notamment avec le sénateur Renaissance de Mayotte,
25:44qui était avec nous ici même dans ce studio,
25:46il y a 800 personnes qui vont être dépêchées sur place
25:49avec du matériel, et 210 personnes,
25:53personnel médical, a dit Bruno Retailleau,
25:55plusieurs vagues de personnes qui vont arriver sur Mayotte,
25:59il y a cinq vagues qui sont prévues.
26:01Merci beaucoup Charlotte Dornela, Jean-Christophe Gallien
26:03d'avoir été avec nous ce soir.