Jeudi 19 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Alexis von Tschammer (Directeur général, Lactips) , Romain Vergne (Directeur mobilier, Quadrilatère) , Guirec Le Gagne (Président, Tertio) et Brune Poirson (Directrice du développement durable, Groupe Accor)
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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:13Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Brune Poirson, la directrice du développement durable chez Accor.
00:18On va parler d'éco-certification des hôtels et de l'engagement du groupe pour préserver le patrimoine culturel mondial.
00:25Dans notre débat, on va analyser les enjeux de l'aménagement des bureaux, comment y intégrer de plus en plus de mobiliers de seconde main,
00:32à quels défis sont confrontés les entreprises qui veulent justement des meubles reconditionnés ? Réponse tout à l'heure.
00:38Et puis dans notre rubrique « Start-up », vous découvrirez Lactips qui promet un plastique soluble qui ne laisse aucune trace dans l'environnement.
00:47On verra si c'est vraiment possible. Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est Smart Impact.
00:52Smart Impact
00:58L'invité de ce Smart Impact, c'est Brune Poirson. Bonjour.
01:02Bonjour à vous.
01:02Heureux de vous retrouver, directrice du développement durable du groupe Accor.
01:06Vous étiez déjà venue nous parler dans une longue interview de toute la stratégie RSE.
01:10Là, on va vraiment se concentrer sur deux thèmes, l'éco-certification des hôtels et puis l'engagement d'Accor pour préserver le patrimoine culturel.
01:18Et d'une certaine façon, ça pose la question du surtourisme et des effets du surtourisme.
01:23Je commence par ce label. En juin dernier, vous annonciez avoir passé le cap des 1 000 hôtels éco-certifiés.
01:29Alors j'imagine que ça continue. Vous en êtes où 6 mois plus tard ?
01:32Absolument. Je ne peux pas encore vous donner les chiffres officiels. Mais ce que je peux vous dire, c'est que ça avance très bon train.
01:38On s'apprête presque à doubler le nombre d'hôtels qui sont éco-certifiés. Pour nous, c'est vraiment une priorité. Pourquoi ?
01:46Parce que c'est une façon à la fois d'embarquer le personnel des hôtels, mais aussi et surtout de montrer à nos clients,
01:52quels qu'ils soient, propriétaires d'hôtels comme ceux qui viennent dans nos hôtels, qu'on fait des efforts et surtout que les hôtels sont prêts à continuer à aller de l'avant.
01:59Et ce n'est pas nous qui le disons. Ce sont les labels. Parce qu'évidemment, il y a tout un processus. C'est long. Ça ne se fait pas du jour au lendemain.
02:05C'est aussi audité. Et donc, c'est une tierce partie qui détermine si l'hôtel est vraiment en chemin pour accélérer sa mue environnementale et sa mue sociale.
02:14— Avec des labels qui ne sont pas forcément les mêmes d'un pays à l'autre. C'est ça ? — Absolument. Évidemment.
02:20— Il faut s'adapter. On n'a pas la même exigence en fonction des pays. — Alors je dirais que quand même, le niveau d'exigence tend à être presque partout similaire.
02:27C'est plutôt presque une question de confiance. Il y a des régions comme par exemple la Chine ou d'autres parties en Asie qui préfèrent avoir leur propre label.
02:37Ce sont des labels au niveau d'exigence important et que nous, on a vérifiés, évidemment. Parce que vous imaginez qu'il y a pléthore de labels de par le monde sur ce sujet-là.
02:46Mais nous avons fait une sélection extrêmement fine et précise pour ne travailler qu'avec quelques-uns. Et normalement, ce sont des labels internationaux,
02:53pour qu'ils puissent être compris et reconnus par l'ensemble de nos clients où qu'ils soient. C'est le principe. Mais évidemment, il y a certaines régions
03:00qui tiennent à un label plus qu'à un autre. Et à condition qu'ils passent par les fourches codines de notre niveau d'exigence, à ce moment-là, on les accepte.
03:08— Donc si j'ai bien compris, vous allez vers les 2 000 hôtels certifiés. Ce qui représente quoi ? J'ai pas bien travaillé. J'ai pas vérifié.
03:15C'est combien d'hôtels dans le monde, le groupe Accor ? — Alors d'abord, le groupe Accor, c'est 5 700 hôtels dans le monde. On en ouvre, on pourrait dire,
03:21pour simplifier, un hôtel par jour. Donc vous imaginez le défi. C'est de passer d'une croissance volumique, peu à peu, à une approche très centrée sur la qualité.
03:30— Donc c'est un processus long, volontariste. C'est-à-dire que pour faire passer les hôtels les uns après les autres, c'est vraiment un programme que vous avez mis en place ?
03:38— Exactement. C'est une vision qui a émané fortement à la fois de notre PDG et de mon équipe, et surtout de tous ceux qui, sur le terrain,
03:48œuvrent au quotidien dans les hôtels. Mais c'est aussi fait en partenariat avec les propriétaires d'hôtels, parce que le modèle d'affaires du groupe Accor
03:56fait que nous ne sommes pas propriétaires des hôtels. Et donc évidemment, nous n'avons pas la main sur ce que les hôtels font. Donc avant le déploiement
04:03d'un programme comme ça, il faut aller convaincre des centaines et des centaines, voire presque des milliers de propriétaires d'hôtels.
04:09Mais je pense que tous y ont vu leur intérêt, aussi, parce que – il faut peut-être le préciser – certains des clients qui vont dans les hôtels
04:15ou qui envoient des gens dans les hôtels sont des grands comptes, c'est-à-dire d'autres entreprises qui ont elles-mêmes des engagements environnementaux,
04:22et donc qui en font une précondition que l'hôtel soit labellisé pour envoyer, si je puis dire, certains de leurs employés.
04:29— Un effet boule de neige. — Exactement. C'est l'effet vertueux, en fait. — Oui, un effet vertueux. — On se pousse tous vers le haut.
04:33— Donc ça peut être un processus assez long. Parce que qu'est-ce qu'il faut faire pour obtenir... Alors ça dépend des pays, on l'a bien compris.
04:39Mais pour que son hôtel soit éco-certifié ? — Il y a toute une batterie de mesures, évidemment. C'est d'abord changer et faire évoluer en profondeur
04:47les opérations de l'hôtel, c'est-à-dire la façon dont il est géré. Ça va évidemment de la gestion de l'énergie, avec des changements qui peuvent être
04:55assez importants. Mettre en place par exemple des détecteurs de mouvements dans les couloirs, passer aux ampoules LED. Tout ça, dans certains endroits
05:04comme la France, ça peut paraître évident. Mais croyez-moi, il y a beaucoup de pays dans le monde pour lesquels c'est vraiment une marche haute,
05:09mais même en France, d'ailleurs. Et puis c'est d'autres changements. Mettre en place le tri sélectif, c'est un vrai défi parfois dans certains pays
05:15où il n'y a pas de vrai système de services publics de gestion des déchets. Lutter aussi contre le gaspillage alimentaire, parce que dans un hôtel,
05:22plus de la moitié des déchets, c'est des déchets alimentaires. Et puis c'est aussi faire évoluer certaines pratiques sociales. Bref, c'est tout un ensemble
05:31L'économie d'eau aussi, ça doit être un peu important dans un hôtel. Absolument. Tout à fait. Installer des mousseurs par exemple sur les robinets. Et puis après,
05:37toutes ces mesures-là préparent des changements encore plus profonds au sein de l'hôtel qui exigent parfois des investissements extrêmement importants
05:45de plusieurs millions d'euros. C'est la question que j'allais vous poser, parce que vous n'êtes pas propriétaire. Ça coûte de l'argent au propriétaire.
05:50Donc vous les accompagnez. Comment ça s'est mis en place ? Exactement. On les accompagne de plusieurs façons. Soit d'abord, parfois, ce n'est pas forcément
05:59le cas en France, mais parfois pour les sensibiliser tout simplement au sujet. C'est la première marche. Former, si je puis dire, et je le dis sans paternalisme,
06:06former nos propriétaires d'hôtel pour qu'ils en apprennent plus sur la nécessité de se mobiliser sur le réchauffement climatique. Ensuite, les aiguiller vers les bons labels,
06:14ceux qui sont sérieux, qui ne sont pas du greenwashing. Puis ensuite accompagner toutes les équipes dans l'hôtel, parce qu'il y a beaucoup d'hôtels dans lesquels
06:20ce ne sont pas directement des employés à corps. Et puis ensuite les préparer à la labellisation. Et une fois qu'on est labellisé, évidemment, il faut remettre l'ouvrage sur le métier,
06:30si je puis dire, puisque c'est parfois des certifications qui doivent être renouvelées, soit toutes les années, soit tous les 3 ans à minima. Donc tout ça, c'est un processus qui est long,
06:40mais qui permet d'engager un nouveau type de dialogue avec les propriétaires d'hôtel et qui, parfois, est la première étape vers des investissements de plusieurs millions d'euros en capex
06:51pour transformer, rénover en profondeur parfois, des bâtiments. Puisqu'on sait que c'est de là que vient aussi l'empreinte carbone des hôtels, c'est du bâtiment.
07:01Bien sûr. Il nous reste 4 minutes. On va parler de ce thème, cet engagement pour la préservation du patrimoine culturel mondial. Le groupe Accor, qui s'associe au World Monuments Fund,
07:09partenariat de 3 ans. C'est quoi le principe, déjà ? Le principe, c'est de travailler pour développer un type de tourisme qui est différent et qui s'inscrit par le biais d'un vrai partenariat
07:23au sein des communautés, parfois hors des chantiers battus, et qui vise vraiment à permettre à des lieux exceptionnels qui sont en train de disparaître, qui font parfois partie de l'identité
07:34première d'un peuple, d'une communauté, de les rénover, de les restaurer en partenariat à l'écoute des communautés locales. Et ça, c'est extrêmement important. Quand vous regardez les chiffres,
07:46il y a 95% de la population qui voyage, qui va dans les mêmes 5% des endroits dans le monde. C'est ce qu'on appelle le sur-tourisme. Alors évidemment, avec un partenariat comme ça,
07:55on ne va pas régler ce problème. Néanmoins, notre objectif, il est de développer des innovations et d'apprendre, parce que nous partageons les mêmes valeurs que le World Monuments Fund,
08:04pour aller protéger des lieux qui seraient en train de disparaître. — Alors, il y a deux aspects. Il y a protéger les lieux qui sont les plus visités et inciter les...
08:13Et ça va de pair, hein, inciter les clients, finalement, de vos hôtels à aller voir autre chose. C'est un peu ça, l'idée ? — En fait, c'est... Évidemment, c'est généralement les lieux
08:23qui sont extrêmement visités. Évidemment, ils sont à risque. Mais comme ils sont très visités, ils reçoivent parfois... Je ne dis pas que c'est le cas pour tous, mais ils reçoivent
08:31parfois suffisamment ou en tout cas un nombre important de ressources. En revanche, autour, soit dans les campagnes alentours, soit dans d'autres parties du territoire,
08:42il y a des lieux qui, vraiment, tombent quelque part en ruine, soit parce que les... — D'accord. Rénovons-les pour que les gens aient envie d'aller les voir.
08:47— Je comprends. — Et c'est pas que pour que les gens aient envie d'aller les voir. C'est aussi pour s'assurer que les communautés, elles restent ancrées sur leur territoire,
08:54elles préservent leur identité. Donc l'objectif, il n'est pas que de redistribuer vraiment des flux. Au contraire, il est de permettre à cette diversité culturelle
09:05et quelque part aussi de contribuer à la lutte contre la standardisation quelque part du monde. — Oui. Mais sur ce phénomène de surtourisme, mécaniquement,
09:16un groupe hôtelier aussi puissant qu'Accor, il participe. Vous voyez ce que je veux dire ? Si vous avez un hôtel pas loin du Mont-Saint-Michel, les gens qui viennent
09:23dans votre hôtel, ils vont voir le Mont-Saint-Michel. Et il y aura toujours cette foule de plus en plus compliquée à gérer autour du Mont-Saint-Michel.
09:30— Mais c'est une question d'équilibre. C'est pour ça qu'on travaille beaucoup avec les autorités locales. Et quand je dis « c'est une question d'équilibre »,
09:37c'est parce que c'est toujours la même chose. Vous savez, il y a des pays dans lesquels le tourisme, c'est 70% de la richesse qui est produite, du PIB d'un pays.
09:45Donc dans ces cas-là – et on le voit, c'est très souvent le cas –, le tourisme apporte beaucoup de ressources locales qui permettent de préserver.
09:52La question, c'est quel équilibre pour quel équilibre. Et donc comment est-ce qu'on met en place, comment est-ce qu'on travaille avec les autorités locales
09:59pour répartir les flux, par exemple, de façon beaucoup plus harmonisée ? Et ça, Accor seul ne peut pas résoudre ce problème-là.
10:05— Bien sûr, bien sûr. — C'est pour ça que nous travaillons à l'élaboration de partenariats avec toute une série d'acteurs qui ont vraiment la capacité,
10:11sur les territoires, d'orienter et de changer parfois les comportements. — C'est pas vous qui, évidemment, le décidez. Mais les leviers, si on parle d'innovation,
10:20les leviers qu'on peut activer, c'est quoi ? Parce que le levier le plus simple, c'est le levier du prix. On va rendre un site payant de plus en plus cher.
10:28Donc mécaniquement, il y aura un peu moins de... — Oui, mais là, on tombe sur la question de l'équité sociale. Les plus riches ne peuvent pas être les seuls
10:35qui sont autorisés à voyager. — D'accord. Donc c'est quoi, l'innovation ? — Il y a plusieurs innovations. D'abord, répartir dans le temps, par exemple, les voyages ou en tout cas
10:42les visites. Il y a d'autres solutions que parfois certaines villes choisissent, qui peut être de taxer pour que la taxe contribue à l'amélioration ou en tout cas
10:52à la préservation de l'environnement ou des bâtiments. En fait, il y a presque autant de mesures que ce qu'il y a de sites. Et en ce moment, il y a des réflexions
10:59extrêmement intenses sur le sujet. Et je peux pas vous en dire à ce stade plus, parce qu'on est en train de les mener et on est en train de créer des partenariats.
11:08Mais quand je vous dis « on est en train », on a déjà des preuves très concrètes. Le partenariat avec le World Monument Fund, nous sommes la première entreprise
11:14de l'hôtellerie à avoir signé un tel partenariat et à s'engager vraiment dans cette direction-là. Donc pour nous, on n'a pas une approche passive. Beaucoup d'autres entreprises
11:23ont tendance à dire « et ça, c'est la responsabilité des autorités locales ». Nous, on veut travailler et y travailler main dans la main et bénéficier de l'innovation
11:31aussi qui émane de certains acteurs comme le World Monument Fund. – Et c'est combien d'argent, par exemple ? – Ça, on ne partage jamais le montant de nos partenariats.
11:41– D'accord. – Ce que je peux vous dire, c'est que c'est important à l'échelle d'un groupe comme le nôtre. – Ok. Merci beaucoup.
11:45– Merci à vous. – Brune Poirson, et à bientôt. – Merci beaucoup. – BeSmart4Change, on passe à notre débat. Et si vos bureaux, nos bureaux, étaient reconditionnés ?
11:53– On parle d'aménagement de bureaux, de reconditionnement dans notre débat avec Guéric Le Gagne. Bonjour. – Bonjour.
12:06– Vous êtes le président de Tertio et Romain Vergne. Bonjour. – Bonjour.
12:09– Directeur mobilier chez Quadrilater. On va commencer par présenter vos entreprises respectives. Tertio, en quelques mots.
12:15– Alors Tertio, c'est un industriel du reconditionnement de sièges de bureaux. – D'accord.
12:18Concrètement, on va aller chercher des sièges chez les utilisateurs, donc entreprises de toute taille, récupérer les sièges, les emmener dans notre usine,
12:26les démonter intégralement, reconditionner pièce par pièce et les remonter pour les relivrer dans un état proche du neuf,
12:32puisque « état neuf » n'est pas un terme autorisé légalement, donc un état proche du neuf, avec une garantie.
12:38– Vous faites ça depuis combien de temps ? – On fait ça depuis 9 ans.
12:40– Depuis 9 ans. On y reviendra sur le modèle et sur à quel point vous avez modifié un peu les habitudes, on va dire, du secteur.
12:47Quadrilaterre, c'est quoi votre métier ?
12:49– Alors, moi, directeur mobilier chez Quadrilaterre. – Oui, directeur de l'entreprise.
12:52– De l'entreprise, spécialiste de l'aménagement d'espaces tertiaires, on est basé à Paris.
12:56– D'accord. – Et donc on réalise des projets clés en main pour nos clients,
12:59global en conception, travaux, et notre particularité réside dans le fait que nous avons une activité mobilier,
13:04nous sommes distributeurs historiques mobiliers depuis 1989 maintenant,
13:07et on a une équipe spécialisée dans l'accompagnement client, dans la sélection de mobilier pour leurs projets d'aménagement.
13:13– Et donc vous êtes partenaire en quelque sorte, c'est ça, Yannick ?
13:16– Oui, tout à fait. En fait, la particularité de Tertio, c'est que nous n'intervenons qu'en indirect,
13:20c'est-à-dire qu'on n'intervient jamais auprès du client utilisateur, en gros, on ne le facture jamais,
13:26on passe toujours au travers d'un réseau de partenaires distributeurs, de partenaires revendeurs,
13:31dont Quadrilaterre, avec qui on travaille étroitement.
13:34– Ça veut dire que vous avez ce partenariat avec Tertio,
13:36avec d'autres entreprises qui proposent un peu la même chose,
13:40ou alors c'est finalement assez rare d'avoir un fournisseur de sièges reconditionnés ?
13:45– Non, alors effectivement, il y a plusieurs acteurs sur ce marché-là,
13:49nous, le but c'est de conseiller les clients,
13:52et on s'entoure d'un écosystème de spécialistes dans l'aménagement de bureaux,
13:56donc ça passe par effectivement Tertio qui reconditionne des fauteuils de travail,
14:01et bien d'autres choses aussi, mais aussi on a d'autres acteurs qui le font
14:04pour des pièces beaucoup plus spécifiques, qui peuvent aller du canapé à des bureaux.
14:09Aujourd'hui, on a par exemple un fabricant de tissus
14:11qui recycle ses tissus en fabriquant des plateaux,
14:14donc c'est aussi des choses intéressantes,
14:16donc voilà, on a tout un écosystème qui nous permet de conseiller au mieux notre client.
14:19– Comment réagissent vos clients quand vous leur proposez des sièges,
14:21ou plus généralement du mobilier reconditionné ?
14:23Est-ce qu'il y a encore du scepticisme ?
14:25Est-ce que c'est difficile ?
14:27J'imagine qu'il y a toutes sortes de réactions en fonction des clients,
14:30mais est-ce que c'est plus facile de convaincre aujourd'hui qu'avant ?
14:32– Beaucoup plus facile aujourd'hui.
14:34Là, depuis trois ans, il y a une vraie démarche d'achat responsable
14:37de la part de nos entreprises, de la part de nos clients,
14:40et donc c'est une solution qui vient tout naturellement
14:44au moment où on parle d'aménagement durable,
14:47et lorsqu'on fait la conception, puisqu'on les accompagne aussi
14:50sur leur conception et leur programmation,
14:51et si on propose cette solution, c'est tout de suite bien perçu.
14:54Il y a quelques années de ça, c'était plutôt,
14:57non, c'est un projet, c'est une nouvelle identité, on veut tout changer, etc.
15:01Maintenant, aujourd'hui, on veut vraiment réemployer des choses existantes.
15:02– Il y avait des freins psychologiques ?
15:03– Il y avait des freins psychologiques, oui,
15:05et ça depuis maintenant, depuis post-confinement,
15:06on en parle maintenant régulièrement.
15:08Beaucoup de barrières se sont levées, et on arrive beaucoup plus maintenant
15:12à orienter et à accompagner nos clients dans ce type de décision.
15:14– Alors, ça démarre comment ?
15:16Ça suppose quoi, d'identifier les pièces défectueuses ?
15:18Je rentre, je mets les mains dans le cambouis là, un petit peu avec vous.
15:21– On peut y aller.
15:22En fait, ça va demander de regarder le gisement,
15:24concrètement, le stock de sièges qui sont à refaire,
15:27de faire un audit, puisqu'on est capable de refaire aujourd'hui beaucoup de pièces,
15:31c'est-à-dire que, pour vous donner un ordre d'idée,
15:32en fait, sans utilisation de pièces neuves,
15:34on a un taux de réemploi de 92%,
15:36c'est-à-dire sur 100 sièges que vous nous envoyez,
15:38sans utiliser de pièces neuves, le fait de les reconditionner une à une,
15:42nous permet de ressortir 92 sièges en état…
15:45– C'est de la réparation plus ou moins importante,
15:48il n'y a pas de pièces neuves à ce moment-là ?
15:49– Non, à 92%, il n'y a pas de pièces neuves.
15:52Après, on peut arriver à 100% via, effectivement,
15:54un achat de pièces neuves en travaillant avec les fabricants.
15:56– Il y a des sièges irrécupérables qui ont été maltraités par leurs utilisateurs ?
16:00– Il y a des utilisateurs très créatifs au terme des dégâts sur les sièges,
16:04mais, alors, irrécupérables, non,
16:06puisqu'un siège, ça reste un ensemble de pièces détachées.
16:08Donc, dans le pire des cas, un siège sera démonté,
16:10puis les pièces seront réutilisées pour aller réparer d'autres sièges.
16:13– Il faut que, pour bien comprendre votre modèle économique,
16:18vous ne vendez pas directement, il faut que les architectes d'intérieur
16:21ou les sociétés concordières d'intérieur
16:22s'approprient finalement la démarche pour que ça marche ?
16:25– Oui, c'est fondamental, c'est fondamental,
16:27parce que, si vous voulez, le réemploi, c'est quelque chose qui tranche,
16:32littéralement, avec l'historique du métier.
16:35Auparavant, le métier d'aménageur, c'est sur configurateur,
16:38comme on peut acheter une voiture neuve, par exemple,
16:40on va choisir sa couleur de bureau, choisir les dimensions,
16:42choisir les armoires, etc., type d'ouverture.
16:45Sur les sièges séparés, on va choisir les options, les accoudoirs, etc.
16:48Sur la partie réemploi, en fait, là où ça change,
16:52c'est qu'on vend plus de l'opportunité,
16:53c'est-à-dire qu'on va proposer au client ce qui est disponible.
16:57Donc, pour que ça se fasse de manière cohérente
16:59et que les aménagements soient faits de manière cohérente,
17:02il faut impérativement que le réemploi soit proposé par les designers eux-mêmes.
17:05Donc, il faut que ce soit proposé par les aménageurs.
17:07Nous, c'est pour ça qu'on a choisi le modèle indirect.
17:10Ça nous permet de venir vraiment insérer le réemploi de manière logique
17:14dans un aménagement et de manière cohérente.
17:15– Comment ça fonctionnait avant que vous n'arriviez sur le marché ?
17:19C'est-à-dire que ce n'était pas dans la grille de lecture, en quelque sorte ?
17:23– Le réemploi ?
17:24– Oui, le réemploi, c'était rarissime.
17:27Il a toujours plus ou moins existé,
17:29sauf que pendant toutes les années qui ont précédé quasiment le confinement,
17:36le réemploi s'était fait un peu sous le manteau.
17:38C'étaient quelques acteurs qu'on appelait des brokers
17:40et qui faisaient de l'occasion mais sans redonner un coup de neuf,
17:44sans rien du tout.
17:45Et c'était vraiment une partie infime du marché
17:48parce qu'il n'y avait pas réellement de demande.
17:50C'était vraiment l'opportunité de quelques acteurs microscopiques.
17:52À aujourd'hui, c'est ce que disait Romain,
17:54c'est qu'il y a un changement qui est fait,
17:56c'est qu'aujourd'hui, pour des questions d'engagement RSE,
17:59pour des questions d'idéologie, pour des questions d'actualité,
18:02il y a tout un tas de raisons qui font qu'aujourd'hui,
18:04les entreprises souhaitent du réemploi, y compris dans les appels d'offres.
18:07– Pour des questions de coût aussi, c'est beaucoup moins cher,
18:11un peu moins cher que du neuf ?
18:13– Sur la partie siège, puisque c'est ce qu'on connaît le mieux chez Tercio,
18:18ce qu'on peut constater, c'est que pour le client final,
18:20puisqu'on est en indirect,
18:21donc on n'a pas toujours la vue sur la facture finale,
18:24pour le client final, l'économie est située entre 30 et 50% par rapport au prix neuf.
18:28– Oui, c'est une économie importante,
18:30et donc cet argument du coût, c'est un bon argument j'imagine pour vous ?
18:32– C'est un bon argument et c'est aussi l'argument du délai,
18:35c'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous partez sur un achat neuf de mobilier,
18:38vous avez des délais qui sont presque incompressibles
18:40puisque les industriels travaillent en flux tendu,
18:42vous n'avez plus de stock.
18:44Donc aujourd'hui, proposer du réemploi du mobilier existant de nos clients
18:48et de faire un peu du nettoyage ou de changer des pièces effectueuses
18:51ou alors d'aller chercher un mobilier qui est déjà présent,
18:54qui a déjà été reconditionné,
18:55on réduit considérablement les temps d'approvisionnement,
18:58donc c'est un vrai argument pour nos clients.
19:00– Et donc, vous disiez entre 30 et 50%, donc là c'est pour les sièges,
19:04c'est vrai pour d'autres matériaux aussi ?
19:06– Bien sûr, on peut le faire pour les armoires.
19:08Aujourd'hui, on en parlait avec un autre acteur,
19:11il y a un chiffre qui est assez hallucinant,
19:13il y a plus de 600 000 armoires qui sont sur le marché de la seconde main.
19:17Vendre des armoires à un client aujourd'hui est presque une aberration,
19:21on pourrait les réutiliser, les remettre au goût du jour,
19:23faire quelques améliorations,
19:24mais voilà, c'est des choses qui peuvent fonctionner sur du métal,
19:27sur de la mélamine, sur d'autres choses comme ça.
19:29– Et si on revient à l'époque pré-Covid et je pense que c'est encore vrai aujourd'hui,
19:37le renouvellement, une entreprise qui veut renouveler son mobilier de bureau,
19:43c'est quoi, c'était une source,
19:44c'est peut-être encore une source de gâchis très importante ?
19:46– Oui.
19:48– C'est-à-dire qu'on détruisait, on balançait à la têche…
19:52– Oui, complètement, il y avait des mises en baine, effectivement,
19:54il faut savoir que la plupart des mobiliers de nos clients
19:58repartaient directement dans les baines mises en place par un organisme aussi
20:02qui a été mis en place par l'État qui est Valdélia,
20:05c'était tout simplement et purement de la mise en baine,
20:07excepté quelques mobiliers où quelques acteurs un peu regardants
20:10connaissent un peu la valeur des choses et arrivaient à les récupérer
20:12pour ensuite derrière le remettre sur le marché,
20:15mais la plupart de ces mobiliers-là partaient directement en baine.
20:17– Ce gâchis Grec-Logagne, il existe encore un peu ?
20:19– Oui, forcément.
20:21– Parce que tout le secteur ne s'est pas mis au circulaire,
20:23vous voyez ce que je veux dire, il est reconditionné.
20:25– Aujourd'hui, en fait, le réemploi c'est à peu près 3 à 3,5% du marché,
20:28donc il y a encore largement à faire, les estimations,
20:33je disais une étude d'un organisme d'études,
20:37je ne sais pas si je peux le citer, donc je vais…
20:39– Allez-y. – Oui, Xerfi pour le coup,
20:41qui disait que d'ici 3-5 ans c'est 30% de part de marché du réemploi,
20:45donc il y a encore énormément d'évolution à venir sur la partie réemploi,
20:50et ça passe par la démocratisation, ça passe par l'insertion,
20:53comme je disais tout à l'heure, dans des projets.
20:54– On recevait dans l'émission, l'invité c'était Brune Poirson,
20:57ancienne ministre, à qui on doit la loi AGEC anti-gaspi
21:01pour une économie circulaire.
21:03Votre secteur d'activité, il est concerné par cette loi ?
21:08– Pleinement, il est concerné par cette loi.
21:11Alors aujourd'hui, la loi AGEC concerne une partie un peu marginale,
21:15on va dire, des entreprises, enfin les organismes d'État,
21:19la vision plus large encore,
21:21parce que ça c'est une directive franco-française la loi AGEC,
21:24on a les directives CSRD qui viennent au niveau européen,
21:28où là ça appuie encore plus sur le bouton,
21:31donc la loi AGEC, oui, a mis une impulsion extrêmement positive
21:35sur le marché du réemploi.
21:37– Romain Verne, le fait d'intégrer finalement du mobilier reconditionné,
21:41c'est aussi bon pour la marque employeur ?
21:43Je me mets un peu à votre place quand vous vous retrouvez face à un client.
21:46– Complètement, c'est bon pour la marque employeur,
21:48parce qu'il faut savoir qu'il y a une part aussi de,
21:51j'allais dire de sentiments vis-à-vis des collaborateurs sur du mobilier,
21:54il y a un fonctionnement, il y a tout un fonctionnement interne de l'entreprise
21:58qui est lié à ce mobilier présent dans les locaux,
22:02donc effectivement, remployer quelque chose,
22:04c'est aussi ça le mobilier durable,
22:05c'est remployer des choses qui fonctionnent
22:07et qui est à l'image de l'entreprise,
22:08changer pour changer n'a plus de sens,
22:10donc effectivement, on a des clients de plus en plus qui nous disent,
22:14qui tiennent à leur aménagement, qui tiennent à leur mobilier,
22:16maintenant aujourd'hui notre travail c'est de savoir
22:18comment dans la conception, on peut rendre ce mobilier encore plus durable
22:22et comment il s'intègre mieux au bâtiment de demain.
22:25– Un dernier mot, malheureusement il reste 30 secondes,
22:27pour parler de la dimension inclusive de votre entreprise,
22:29parce que c'est un aspect important du projet.
22:32– La dimension inclusive, c'est même un aspect fondamental du projet Tertio,
22:35c'est que concrètement, pour faire simple,
22:41le reconditionnement n'existait pas avant,
22:42donc quand j'ai mis au point toutes les techniques pour le reconditionnement,
22:46je trouvais important dans cette démarche
22:48qui suivait à la partie reconditionnement des meubles,
22:51d'emmener aussi des gens qui en avaient besoin,
22:53donc l'idée c'était vraiment de bâtir un process
22:55qui permette à des gens sans aucune qualification,
22:58éloignés de l'emploi, de pouvoir se réinsérer dans la vie,
23:02aujourd'hui c'est quelque chose qu'on fait couramment,
23:04c'est-à-dire que tout le monde est formé dans l'entreprise,
23:06et qu'on va encore plus loin en permettant à des associations humanitaires
23:10également de mettre un pied dans le métier,
23:12et en travaillant également avec l'univers carcéral
23:14pour leur confier une partie des actions.
23:17– Merci beaucoup, à tous les deux et à bientôt sur Miss Smart for Change,
23:20notre rubrique Smart Ideas tout de suite.
23:30– Smart Ideas avec Alexis von Tchamer, bonjour.
23:32– Bonjour.
23:33– Bienvenue, vous êtes le directeur général de Lactips,
23:36poste que vous occupez depuis le mois de juillet 2022,
23:39entreprise spécialisée dans les polymères biodégradables,
23:42de quoi on parle, de quoi il s'agit ?
23:44– En fait c'est un polymère qui est 100% naturel,
23:48à base de protéines,
23:49qui est biodégradable dans tous les environnements,
23:51c'est-à-dire que ça se biodégrade dans les sols en moins de 30 jours,
23:55donc très rapide, et dans les rivières et océans en moins de 12 jours,
23:59donc également très rapide,
24:00et c'est un polymère qui est soluble dans l'eau,
24:03qui apporte justement beaucoup d'avantages par rapport aux applications qu'on vise.
24:06– Donc polymère c'est du plastique en fait ?
24:08– C'est un plastique sans plastique, ce qu'on appelle un biomatériau.
24:11– Parce qu'il est biosourcé c'est ça ?
24:13– Exactement, 100% biosourcé, sans aucune transformation chimique
24:16lors de notre process de fabrication.
24:17– L'entreprise elle existe depuis 2014,
24:20c'était une entreprise pionnière à l'époque,
24:21alors je vous demande de faire appel aux mémoires des autres,
24:25aux souvenirs des autres.
24:25– Oui, c'est né d'une vision partagée en fait à l'époque,
24:29de développer une solution alternative au plastique,
24:32100% naturelle premièrement,
24:34et 100% vertueuse vis-à-vis de l'économie circulaire,
24:38pour pouvoir répondre aux enjeux environnementaux et sanitaires
24:42de la pollution plastique.
24:42– Alors qu'est-ce qu'ils deviennent ces polymères biodégradables ?
24:48Quels produits vous proposez en fait ?
24:49– Il y a deux avantages, le côté soluble premièrement,
24:52et le côté biodégradable.
24:53Le côté soluble permet de favoriser une économie circulaire,
24:57notamment dans le domaine de l'emballage,
24:59le recyclage d'un emballage sans résidus derrière,
25:03un recyclage à 100%, le réemploi dans le domaine du verre par exemple,
25:07avec l'élimination de l'étiquette, qui est une étiquette hydrosoluble,
25:10donc qui favorise le réemploi,
25:12ou dans des applications comme l'agriculture ou le sport en extérieur,
25:16dans lesquelles on peut potentiellement mettre du plastique dans la nature.
25:20– Étiquette soluble, alors ça, ça m'intéresse,
25:22donc ça veut dire qu'elle va s'éliminer quoi,
25:26entre guillemets naturellement quand on réutilise le verre,
25:28quand on le nettoie, c'est ça ?
25:29– C'est ça, ça va s'éliminer naturellement chez les laveurs,
25:32il y a des entreprises spécialisées dans le lavage des conteneurs au verre,
25:37par exemple, qui permettent justement cette élimination d'étiquette,
25:40mais souvent c'est l'adhésif qui est compliqué à éliminer,
25:43et on a développé un adhésif hydrosoluble,
25:46ainsi que l'étiquette et des encs hydrosolubles qui disparaissent dans l'eau.
25:50– Combien d'années de recherche et développement,
25:52à quel point c'est un procédé innovant que vous proposez ?
25:55– On a mis 10 ans quand même pour le développer,
25:57aujourd'hui on a industrialisé notre technologie sur une vraie ligne de production,
26:02on a un site de production entre Lyon et Saint-Etienne de 4200 m²,
26:05avec une ligne de production de 1500 tonnes aujourd'hui,
26:08et notre technologie aujourd'hui est référencée,
26:11validée sur toute la chaîne de valeur et commercialisée actuellement.
26:14– Avec un des débouchés, un marché qui est un marché mondial potentiellement ?
26:18– Oui, partout on est dans la lutte contre les microplastiques,
26:21donc on vise l'emballage alimentaire et notamment le papier alimentaire,
26:25avec une récupération de 100% des fibres de papier lors du recyclage,
26:29dans le domaine des étiquettes comme je vous ai dit,
26:30mais également dans le domaine de l'agriculture,
26:34qui utilise énormément de plastique aujourd'hui.
26:36– Alors on a reçu il y a quelques jours l'autrice d'un livre
26:41qui est sur les nanoplastiques et la santé,
26:44qui est très critique mais qui est aussi critique sur des solutions comme les autres,
26:47parce qu'elle dit de toute façon il y a toujours des nanoplastiques,
26:50on les retrouve partout, on les retrouve dans l'air,
26:51on les retrouve dans notre corps, etc.
26:54Ce qui est le cas en effet de certains matériaux pétrosourcés,
26:58mais également de bioplastiques qui sont partiellement biosourcés,
27:00et pas 100% biosourcés, nous l'avantage c'est qu'on est une protéine,
27:04donc on se biodégrade complètement et on se transforme en humus,
27:08et donc c'est quelque chose qui n'est absolument pas toxique pour l'homme.
27:10– Oui, ça reste une protéine d'une certaine façon, juste pour bien comprendre ?
27:15– Ça se transforme oui, pour faciliter comme un fertilisant naturel ou une protéine,
27:20comme vous pouvez manger, notre protéine est tout à fait comestible,
27:23donc il n'y a aucun souci de ce côté-là.
27:24– Merci beaucoup Alexis von Tchamer et à bientôt sur Be Smart For Change.
27:29Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:31Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart For Change,
27:35à la chaîne des audacieuses et des audacieux.
27:38À bientôt.
27:39– Sous-titrage ST' 501