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Avec Eric Piolle, maire Écologiste de Grenoble

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-12-18##

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Transcription
00:00— SUDRADIO, l'invité politique Jean-Jacques Bourdin.
00:07— Éric Piolle, notre invité ce matin. Bonjour. — Bonjour.
00:10— Éric Piolle, maire de Grenoble. Je ne dis pas député maire de Grenoble. C'est impossible d'être député et maire.
00:17Mais le cumul des mandats... C'est juste une parenthèse que je fais pour commencer.
00:23Vous êtes favorable ou pas au cumul des mandats ? Vous aimeriez être député maire ?
00:27— Non. Je crois que le cumul des mandats, à la fois simultanément et d'ailleurs dans le temps, n'est pas bon.
00:34Je pense que maire de mandat, c'est bien. C'est pour ça que j'avais annoncé dès 2040 que vous arrêtiez en 2026.
00:40Donc je m'arrêterai en 2026 de ma fonction de maire. — Sans regret.
00:43— Bon, avec des regrets, évidemment, parce que c'est passionnant. Mais je pense que politiquement, c'est intéressant de changer.
00:49Et ce cumul de parlementaires et de maires ou de présidents de départements était une calamité.
00:56Donc je comprends pas pourquoi le sujet revient sur la table. Personne ne le demande.
00:59— Vous allez abandonner la politique, Éric Piolle ? — Non. Je l'espère porter ma pierre à la construction d'un édifice collectif
01:07qui nous permette aujourd'hui cet espace humaniste, écologiste de gagner la confiance des Français.
01:15— En prenant des responsabilités au sein des écologistes ? — Ça peut, effectivement.
01:19— En étant, je sais pas, moi, un candidat à la présidence de la République au nom des écologistes ?
01:23— Je l'ai été. Et je crois structurellement que la prochaine fois, ça sera beaucoup plus collectif que 2022, d'une part.
01:32Ça sera beaucoup plus transpartisan. Ça sera avec la société civile.
01:35Et idéalement, pour être un peu en phase avec l'époque, ça serait bien qu'on ait une femme candidate.
01:41— Oui, transpartisan, alors là, Éric Piolle. Transpartisan, ça, c'est un vœu pieux.
01:45— C'est pas un vœu pieux. C'est le chemin de la victoire pour proposer un projet qui soit enthousiasmant.
01:51On est beaucoup sur la défensive, alors qu'en pratique, nos propositions améliorent la vie des gens.
01:56C'est pas juste faire moins pire. C'est améliorer la vie des gens, retrouver un enthousiasme politique qui semble parfois avoir disparu.
02:03— Bien. Parlons de Mayotte. Je reviendrai sur la politique, évidemment. Parlons de Mayotte ravagée.
02:08La reconstruction sera longue. Manque d'eau, manque de nourriture. Des efforts sont faits.
02:15L'État fait des efforts. Mais il y a cette urgence incroyable. Des dons arrivent de tous les côtés.
02:21— Est-ce que la ville de Grenoble, l'agglomération grenobloise, vont donner à Mayotte pour Mayotte ?
02:25— Il va y avoir sans doute des citoyens qui vont donner après les collectivités.
02:29— Mais aucune initiative de la ville ni des collectivités.
02:31— Nous avons fait une minute de silence lors du Conseil municipal. Je suis frappé de cette question.
02:35Nous sommes en France. Nous sommes en France. Donc est-ce qu'il faut qu'il y ait de la solidarité financière entre collectivités ?
02:42La question se posera. Elle se posera sans doute un peu partout. Ce qui me frappe aujourd'hui, ce n'est pas ça.
02:48Ce qui me frappe, c'est à la fois que c'est la plus grande catastrophe naturelle en France depuis un siècle.
02:52— Oui. Oui. — Depuis un siècle. Il y a eu l'Espagne avec ses plus de 200 morts en 2024.
02:58Il y a eu les inondations en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique qui ont fait aussi plus de 200 morts en 2021.
03:05Là, c'est majeur. Ça va être des centaines ou des milliers de morts et avec une situation sanitaire désastreuse.
03:12Peut-être une aide à demander. J'ai vu que les États-Unis proposaient leur aide.
03:15Nous, nous avons bien envoyé nos avions pour aider Portugal lors des incendies cet été.
03:19— Bien sûr. — Peut-être qu'il faut accueillir de l'aide, parce que la situation...
03:22— Il faut accueillir de l'aide internationale, oui. — Quand on est débordé, là, la situation sanitaire sur place,
03:28terrible en termes d'eau, en termes de choléra, en termes de maladies, en termes de reconstruction.
03:32C'est le signe aussi d'un sous-investissement total de la France dans ce département français, je le rappelle.
03:41Un sous-investissement total. Et puis l'autre point majeur, c'est les propos ignobles de M. Retailleau.
03:48— Alors qu'a-t-il dit ? « La reconstruction ne pourrait être faite sans traiter la question migratoire de toute urgence ».
03:57Est-ce qu'il n'a pas raison ? — C'est dingue. C'est dingue. C'est la plus grande catastrophe qui touche la France depuis un siècle.
04:06Et lui, il dit quoi ? « Non, le problème, c'est les migrations ». Il est ominé. — Non, non, il dit « la reconstruction » pour...
04:11— Mais on n'en est pas là. On n'en est pas là. S'il y a plus de 40% de la population qui vit dans des abris de fortune,
04:19s'il y a les trois quarts – nous sommes en France – des habitants de ce département français qui vit sous le seuil de pauvreté,
04:27c'est bien par le sous-investissement de la France. C'est pas le problème migratoire qui fait qu'on manque d'eau...
04:33— Les clandestins, les 100 000 ou 150 000 clandestins qui sont venus... — Le recensement est passé de 200 000 en 2012.
04:42On a dépassé les 300 000. Ça, c'est bien un recensement de la population française. Il est obnubilé pour moi.
04:51Et d'ailleurs, ça sera un signe politique, là, de François Bayrou. S'il reconduit M. Retailleau...
04:55— Vous êtes contre. — Je ne vois pas la différence, en fait, idéologique entre M. Retailleau et le Rassemblement national.
05:00— Bruno Retailleau est reconduit au ministère de l'Intérieur. Les écologistes voteront la censure.
05:07— Les députés décideront. Je pense que M. Bayrou, il a fait un début qui est, bon, de l'avis de tout le monde, un peu désastreux.
05:13C'est dommage. Il rêvait de ce poste depuis des années. Là, il va avoir le temps de se poser. Il va faire sa déclaration de politique générale
05:20mi-janvier. Donc il a quelques semaines pour se poser et se remettre en selle de façon plus cohérente, avec, pour les écologistes,
05:28Marine Tondelier, Guillaume Gontard, Cyril Chatelain, Londy, hier, nos présidents de groupe et notre responsable de parti,
05:35avec des lignes claires pour nous. Donc il faut pas qu'il s'en faire... — C'est quoi ? C'est quoi, les lignes claires ?
05:41— Eh ben évidemment, l'abrogation de la réforme des retraites. Évidemment... — Abrogation, quoi qu'il arrive.
05:47— La taxe... Des taxes sur les plus aisés, évidemment. Évidemment, des lancements de politiques environnementales.
05:54Mais tout cela... Enfin le but n'est pas de bordéliser la France. Même si la censure du gouvernement Barnier était nécessaire,
06:02évidemment... — Elle a bordélisé la France. — Mais ce qui a bordélisé la France, c'est la dissolution.
06:05— Oui, mais... Oui, ça... Mais... — Ce qui a bordélisé la France... — La censure, c'est la conséquence de la dissolution, non ?
06:09— Non, non, non, non. Excusez-moi, mais l'impasse dans laquelle nous sommes, c'est l'impasse du président de la République qui, avec une politique
06:17qui est au service des puissances de l'argent, au service des plus riches depuis 2017, en fait, envoie la France dans le mur.
06:23Il y a une radicalisation des puissances de l'argent. Et je suis d'ailleurs étonné que François Bayrou ait suivi cela,
06:28parce que ce n'est pas son histoire. Avant 2017, il n'était pas sur ces puissances de l'argent. Donc il a opéré un virage.
06:34Ça nous met dans le mur. — Il faudra voir. — Ça nous met dans le mur. Il se radicalise de plus en plus.
06:39Et donc ils vont jusqu'au bout du système. Ils ont essayé de danser avec l'ERN. Ça n'a pas fonctionné.
06:43Qu'ils reviennent à juste une logique et dire qu'on ne peut pas envoyer la France dans le mur en continuant juste de protéger les plus aisés,
06:51c'est bon pour personne. — Éric Piolle, un mot encore sur ce qu'a dit Bruno Retailleau. Est-ce que ce n'est pas le bon sens ?
06:57On ne peut pas reconstruire cette île sans régler la question migratoire ? Franchement, ce n'est pas une question de bon sens ?
07:04— C'est le moment... Enfin, c'est incroyable. En fait, vous avez des milliers de morts. Vous êtes ministre de l'Intérieur en charge de la situation.
07:08Donc il y a des gens, il y a des secours qui arrivent ou qui arrivent peu. Il y a des problèmes de flotte.
07:14Même avant, le MEDEF envoyait des bouteilles d'eau là-bas. C'est quand même délirant que ce soit les organisations patronales
07:20qui disent « Tiens, on va envoyer des bouteilles d'eau parce que l'État n'est pas capable ». Et lui, il dit « Oh, attention, en fait, c'est les migrants ».
07:26On en revient à ce que disait il y a 18 mois. — Non, c'est pas « c'est les migrants ». Il dit « Je veux pas le défendre »,
07:29mais quand même, il y a du bon sens dans ce qu'il dit, non ? — Non, c'est du pur délire. Pour moi, c'est du pur délire.
07:35— C'est quoi ? C'est une forme de racisme ? C'est quoi ? C'est quoi le pur délire dans votre esprit ?
07:40— C'est comme il y a 18 mois, les mots de ce vice-président du Conseil départemental de Mayotte qui disait
07:45« Il faudra en tuer quelques-uns pour éviter que les autres viennent ». C'est l'histoire coloniale de la France, Mayotte, 1841, etc.
07:53C'est l'histoire coloniale de la France. Il y a un moment, il faut assumer. — Il faut assumer. Il faut aussi régler le problème migratoire à Mayotte.
08:00Vous êtes d'accord ? — Non, je refuse de parler de ça. On est en train de parler... Regardez ce qu'a dit Oxfam.
08:05Les plus vulnérables, en fait, sont en train de dérouiller. C'est eux qui ont le moins contribué au réchauffement climatique.
08:10Et pourtant, c'est les premières victimes, en France comme ailleurs. Et nous, on dit « Oh là là, le problème, c'est les migrants ».
08:16Non. Le problème, en fait, c'est les problèmes climatiques que nous avons générés, nous. Et les problèmes aujourd'hui, c'est les problèmes sanitaires majeurs
08:24sur la plus grande catastrophe qui ait touché la France depuis un siècle. C'est majeur.
08:29— François Bayrou était à Pau lundi soir. C'est une erreur politique d'être parti à Pau ou pas ?
08:36— En période de crise, tout le monde s'accorde à penser que oui. — Vous avez entendu sa défense ?
08:42— On n'a pas le droit de séparer la province et le cercle des pouvoirs à Paris. Vous êtes d'accord avec ça, j'imagine ?
08:50— Oui. Enfin, il y a une petite hiérarchie dans l'ordre des priorités. — Vous êtes d'accord avec ça, non ou pas ?
08:53— Ah, je pense que la France, effectivement, est extrêmement diverse. J'ai fait un tour de France en 2021 lors de ma campagne des primaires.
09:00Je continue à voyager partout en France parce que je sens cette aspiration du pays à autre chose.
09:06On sent à la fois la colère mais aussi cette aspiration. Donc évidemment, la France est partout.
09:11Mais je crois évidemment que quand on se voit confier les plus grandes responsabilités dans une période d'extrême crise
09:19et de désordre pour le pays, c'est dans cette responsabilité que lui a confiée le président de la République
09:29qu'il doit s'investir. — Pas de 49.3, pas de censure ?
09:34— Les députés en décideront. Ça dépend quelles lignes rouges il va placer. Mais aujourd'hui, les écologistes ne sont pas dans une logique
09:43de bordéliser pour bordéliser. Je crois que le chemin que nous proposons sur les politiques écologistes qui protègent la question sociale,
09:52qui protègent les Françaises et les Français, qui protègent notre avenir aussi et qui sont bonnes pour tout de suite et bonnes pour demain,
09:58je pense que c'est l'ordre. Et je pense que le désordre, c'est de continuer ce qui foire depuis 30 ans avec cette accélération.
10:04— Vous défendez l'ordre. — Je pense qu'un pays a besoin d'un peu d'ordre. Et je pense que le culte des puissances de l'argent, c'est le désordre.
10:10— Bien. Éric Piolle, un mot sur cet appel, parce que c'est rare, rarissime, appel du patronat et des syndicats de salariés
10:20qui disent « Attention, maintenant... » Finalement, ils vous rejoignent. Pas de désordre. Maintenant, il nous faut de la stabilité,
10:27parce que ça pèse sur les entreprises. Ça pèse sur les investissements des entreprises. Ça pèse sur l'emploi.
10:33Ça pèse sur les négociations salariales. Que leur répondez-vous ? Ils ont raison ?
10:38— Ils ont raison. Nous, avec France urbaine, l'association des maires des grandes villes de France, nous disons depuis la nomination
10:45du gouvernement Barnier... Le seul truc qui fonctionne encore dans notre pays, c'est effectivement les collectivités et les intercommunalités.
10:53Donc au lieu de leur couper les pattes en faisant cette ponction de plusieurs milliards, laissons, là, n'accentuons pas la récession,
11:01et laissons ce qui marche fonctionner. Donc effectivement, nous avons besoin d'un peu de perspective. Et puis le bazar de la Chambre,
11:09en fait, va rester. Il y a 3 blocs. Voilà. Le bloc du Nouveau Front Populaire est arrivé en tête. Mais le président de la République
11:16fait tout sauf la gauche et les écologistes. Donc c'est son premier leitmotiv. Tout sauf la gauche et les écologistes.
11:23Du coup, il ne respecte pas l'esprit, pour moi, de la Ve République. Il aurait dû nommer un Premier ministre du Nouveau Front Populaire.
11:30Bon. Il y a le bazar. Qu'il aille pas mettre le bazar ailleurs, là où ça fonctionne. Je rappelle que les collectivités locales,
11:35c'est les trois quarts des investissements publics. — Mais vous êtes arc bouté sur la réforme des retraites, pardon.
11:40— Non. Mais les retraites coûtent aux Français 360 milliards de déficit depuis 2017. 360 milliards de déficit depuis 2017.
11:50Donc il va bien falloir une réforme financière. — Tout à fait. Tout à fait. — C'est indispensable.
11:55— Oui. Donc qui passe dans la justice. La réforme qui a été passée là a frappé d'abord les femmes et les personnes qui avaient des carrières à trouver.
12:03— Et vous financez comment ? — Comment financez-vous ? — Il n'y a pas d'autre solution. On en revient.
12:06— Vous augmentez les cotisations. — Mais c'est de dire... Nous protégeons... Si le dogme, qui est actuellement le dogme d'Emmanuel Macron,
12:13c'est « Protégeons le capital d'abord », regardez les inégalités de patrimoine en France. Elles se sont accentuées.
12:18— Oui, mais je vous parle des retraites. Comment faites-vous pour équilibrer le régime des retraites ?
12:22— S'il n'y a pas de taxation de ce patrimoine, s'il n'y a pas de taxation des transactions financières, à ce moment-là,
12:27effectivement, vous vous retrouvez dans une situation qui est intenable. Il reste des hausses de cotisations.
12:32On peut discuter. Michael Zemmour avait fait des propositions très intéressantes sur le financement du système.
12:37Mais il va y avoir une question éthique. — Vous croyez que les Français accepteraient des hausses de cotisations ? Et les entreprises ?
12:43— Je crois que tout le monde sera à la retraite un jour et que tout le monde mesure que les retraites les plus basses sont à des niveaux
12:50aujourd'hui qui sont inacceptables. Donc il faut protéger ces retraites les plus basses, quoi qu'il arrive. Oui, on ne peut pas
12:56toucher les femmes et les personnes avec des carrières morcelées, ce qui était les deux victimes de la réforme des retraites du système Macron.
13:03— Je me prépare à une présidentielle anticipée, dit Marine Le Pen. Macron, c'est fini ou presque. Que dites-vous de cette déclaration ?
13:12— Qu'elle attend, gentiment, effectivement. Tout profite. — Enfin, ils sont deux à attendre, elle et Jean-Luc Mélenchon, oui.
13:17— Jean-Luc Mélenchon fait un peu plus qu'attendre. Il porte fortement la démission du président de la République.
13:25— Vous la demandez ? — Non, je ne la demande pas. Je pense que dans une période d'instabilité, il faut amener un peu d'apaisement.
13:34Je pense qu'il s'est mis dans le mur lui-même. Donc de fait, il faut qu'il se replie sur les pouvoirs du président de la République qui, finalement,
13:41devraient être limités. Il faut qu'il renforce les pouvoirs du Parlement et qu'il laisse le Parlement trouver des accords sur des textes.
13:47C'est compliqué, parce qu'il y a trois espaces politiques à peu près de la même taille. Mais au moins, ça sera un travail parlementaire
13:52qui correspondra au choix des Français, le choix que les Français ont fait au mois de juin dernier.
13:57— Éric Piolle, que disent les commerçants du centre-ville de Grenoble ? Je vous dis ça parce qu'à Bordeaux, reportage ce matin diffusé
14:03sur l'antenne de Sud Radio, les commerçants se plaignent à Bordeaux. Ils se plaignent. Il y a moins de clients cette année.
14:10Nous sommes à quelques jours de Noël. Est-ce qu'à Grenoble, c'est le cas aussi ? Est-ce que les commerçants se plaignent ?
14:15— Structurellement, les deux dernières années ont été difficiles pour les commerçants. — Oui.
14:19— Parce que clairement, il y a à la fois les tendances lourdes des achats sur Internet. Il y a clairement l'inflation et la capacité
14:26à acheter des Français et des Français qui a été... — L'instabilité politique, l'incertitude.
14:29— L'incertitude. Tout ça n'est pas très bon pour le commerce. Là, il y a du monde en ville. Il y a effectivement beaucoup de monde en ville.
14:36Mais ceci dit, j'étais à Bordeaux il y a 15 jours. J'ai vu beaucoup de monde également dans le centre de Bordeaux, dans les rues pleines.
14:41Donc les gens sont là. Ils achètent pas forcément, de fait. Et il y a aussi sans doute une mutation de l'espace public du centre-ville.
14:51C'est ce que fait le maire de Bordeaux, Pierre Urmic, piétonniser, rendre accessible au transport en commun.
14:57— Ça rend fou. Ça rend fou, certains commerçants, qu'ils sont en colère. Bah si, Éric Piolle, ils sont en colère.
15:03— Vous savez bien. Ils vous le disent. Ils viennent manifester même sous vos fenêtres.
15:08— La réalité, c'est que c'est dans un centre-ville qui est plus agréable pour les piétons, pour les enfants, pour les personnes âgées
15:14que les gens veulent venir. Sinon, si c'est juste pour passer en bagnole et faire leurs achats, ils vont dans un centre commercial de périphérie,
15:21qui a rangé la France et qui continue de ranger la France. Ils continuent de s'en ouvrir.
15:25— Alors parlons de sécurité. Et revenons avec Bruno Retailleau, qui vous a un peu épinglé il y a quelques semaines en disant
15:31« Je ne comprends pas pourquoi on ne déploie pas plus de caméras de sécurité à Grenoble ». C'est ce qu'il vous a dit.
15:39Moi, je me souviens. Vous vous êtes confronté aux problèmes d'insécurité, aux rixes entre bandes rivales,
15:47aux trafics de stupéfiants dans la rue. Et qui souffre d'ailleurs de tout cela ? Ce sont les habitants des quartiers populaires.
15:54Avant tout, hein, Éric Piolle. — En partie, en large partie, tout à fait.
15:57— En large partie. Que répondez-vous ? — Je lui réponds qu'il faudrait bien répondre à notre courrier.
16:03Nous lui avons demandé des effectifs de police supplémentaire, des effectifs de police judiciaire supplémentaire.
16:08Nous avons demandé un choc sur la récidive. Aujourd'hui, plus de 50% de récidive. On passe dans les prisons françaises.
16:13En fait, ça génère de nouveaux délinquants, plus durs quand ils sortent que quand ils sont rentrés. Donc notre système global est en échec.
16:22Et lui, qui est Premier ministre, qui est en charge de la lutte contre la criminalité, il dit « Non, c'est la faute des élus locaux ».
16:30Bon, c'est du foutage de gueule. Ça sert à quoi ? — Mais la sécurité, c'est l'affaire des élus locaux et l'affaire de l'État. On est d'accord.
16:36Vous êtes aussi co-responsable de la sécurité. — Nous sommes en charge d'un continuum de sécurité. Nous, nous faisons de la prévention.
16:44Nous avons des polices municipales pour la tranquillité publique. Nous faisons du lien. — Pas armé chez vous. Pas armé chez vous.
16:48— Ils sont armés de pistolets à impulsion électrique, mais pas d'armes létales, effectivement. — Et vous n'allez pas changer ?
16:53— Non, je ne vais pas changer. En tant qu'employeur, c'est ça qui correspond aux missions qui leur sont confiées.
16:59Et nous travaillons aussi sur le lien police-population. Donc nous faisons ce travail de régulation qui n'est plus fait par la police nationale,
17:05non pas parce que les policiers ne veulent pas le faire, mais parce qu'ils n'ont plus les moyens de le faire. Et ça, depuis 2002.
17:11Donc il y a un désinvestissement stratégique depuis Sarkozy. — Mais embaucher des policiers municipaux, alors ?
17:15— On en embauche. En permanence, partout en France, on en embauche. Vous regardez les courbes des polices municipales, partout en France, ça augmente.
17:21Pourquoi ? Parce que l'État se désengage. Et quand il parle de caméras de vidéosurveillance, en fait, il dit juste qu'on va s'attaquer au menu fretin.
17:29Voilà, c'est le menu fretin. C'est ça. Il y a ces espèces de guerres commerciales entre réseaux de drogue qui font des victimes toujours plus jeunes,
17:37toujours plus sur l'espace public, avec une grande violence. C'est un échec complet.
17:43— Mais c'est un échec que vous partagez. Échec, les élus locaux... Est-ce que les élus locaux doivent partager l'échec avec l'État ?
17:52— Non. Non, pas du tout. Non. — Vous n'êtes responsable en rien de la sécurité ?
17:55— Nous sommes engagés dans la sécurité. Mais c'est comme si vous disiez « La justice en France, foire, il y a des délais trop longs, c'est la faute des élus locaux ».
18:02C'est pareil. La justice et la sécurité sont des missions régaliennes. C'est comme si vous disiez « L'éducation nationale, foire, il y a trop d'élèves par classe,
18:10c'est la faute des élus locaux ». Non, ça n'est pas la faute des élus locaux. Ni à Grenoble, ni à Nice, ni à Toulouse.
18:15Quelle que soit la couleur politique, nous vivons tous les mêmes choses. Nous vivons tous cette emprise du trafic.
18:20Nous avons fait une tribune l'année dernière transpartisane pour dire à l'État « Vous vous plantez. Vous vous plantez en matière de santé publique ».
18:27Plus d'un Français sur deux a déjà fumé du cannabis. Plus d'un Français sur un a déjà pris...
18:31— Vous êtes pour la légalisation, je le rappelle. — Oui, parce qu'aujourd'hui, on est en situation d'échec sur la santé, sur la sécurité,
18:36sur les moyens de notre police, sur l'image de la République. On est en échec global. Donc à un moment, quand on se plante depuis 20 ans
18:43sur la même façon, on peut pas se dire « Tiens, on va continuer à faire pareil ». Donc il faudrait effectivement un changement de tactique.
18:48Et la légalisation peut être un moyen – ça n'est pas la panacée, il n'y a pas de solution miracle – mais peut être un moyen d'aborder frontalement
18:56le problème et de traiter aussi les questions de santé publique.
18:58— Vous dites « La société ne peut pas... La sécurité, pardon, ne peut pas se faire au détriment de notre liberté ». C'est-à-dire ?
19:06— Oui. De fait, c'est que cette volonté de vouloir... Là, c'est plus des questions d'intelligence artificielle, les débats sur la connaissance faciale, tout ça.
19:19— Mais contre tout cela ? — Je pense qu'une société où vous allez être fliqués, vous, M. Bourdin, vous traversant dans des clous,
19:25on dira « Pourquoi ? C'est pas autorisé, on peut vous reconnaître. Pourquoi est-ce qu'on vous verbaliserait pas là ? ».
19:29Et puis, on se dit derrière, on parle de sécurité. Aujourd'hui, l'insécurité majeure, elle est en fait dans l'espace privé.
19:35200 000 viols, c'est la question de l'inceste. Donc si on dit « Tiens, il faut mettre des caméras dans l'espace public parce que, finalement,
19:43nous cherchons à juguler le trafic de drogue par ça », ce qui me semble totalement délirant comme raisonnement, mais pourquoi pas,
19:49si nous abordons les questions de sécurité, on dit « Pourquoi pas, en fait, vous filmez chez vous ».
19:52Et puis, comme ça, si vous dites le même discours qui est de dire « Si vous êtes innocents, vous ne craignez rien »,
19:56vous pourrez dire aussi chez vous « Tant que je suis innocent, je ne crains rien ». Et puis, si jamais il y a une accusation,
20:00on pourra vérifier si l'accusation est fondée ou pas. Nous avons un problème, la philosophie...
20:04— Donc plus de sécurité, plus de moyens sécuritaires... — Ça passe par l'humain.
20:08— Ça passe par l'humain. — Par l'humain. — Sinon, c'est attentatoire à notre liberté.
20:13— La démarche... Vous savez, en 2014, quand j'ai été élu, je disais « En Chine, il y a déjà la reconnaissance faciale.
20:18Nous y viendrons naturellement si nous prenons cette pente ». On me dit « Mais non, impossible, en France, nanana ».
20:24Bon, bah depuis, il y a eu l'expérimentation au carnaval de Nice, il y a eu la petite expérimentation aux Jeux olympiques.
20:29On dit « Tiens, on va prolonger l'expérimentation ». Et puis nous allons glisser gentiment vers cette reconnaissance faciale.
20:35Avec quelle cible, là aussi ? Qui on va cibler dans cette reconnaissance faciale ?
20:40Est-ce que c'est vous quand vous jetez votre mégot ? Moi, j'arrête déjà en permanence dans la rue.
20:43Je jette mon mégot, 68€, ça fait normalement de la verbalisation. Donc on vous verbalisera automatiquement ?
20:49C'est cette société-là dont nous voulons aujourd'hui ? Je pense que nous manquons d'humains, nous manquons de liens police-population.
20:57Si les policiers ont perdu le sens de leur travail, pour beaucoup, je discute beaucoup avec plein de policiers à Grenoble comme ailleurs,
21:02c'est qu'en fait, il n'y a plus d'humains. Or, la police, c'est les gardiens de la paix et les forces de l'ordre, en plus d'être un corps constitué.
21:11Et donc, il faut remettre de l'humain. C'est ça qui fait notre force. C'est ça qui fait une société. C'est l'humain.
21:16C'est le fait qu'on se regarde, nous, dans les yeux et que je vois votre langage du corps me parler. C'est comme ça que nous avançons.
21:23Et le crime organisé aujourd'hui, l'État étant faillite sur le crime organisé, et nous demandons un plan majeur qui passe aussi par cette lutte contre la récidive.
21:35Cette lutte contre la récidive, pour moi, ça devrait être le symbole du fait qu'on veut améliorer les choses, pas juste punir pour punir.
21:42Et puis après, derrière, on a deux fois plus de problèmes derrière.
21:44– Bien, merci Éric Piolle d'être venu nous voir ce matin sur Antenne de Sud Radio.
21:47Patrick Roger est là pour vous après les infos de 9h.

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