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00:00À 7h20 sur Europe 1, avec Dimitri Pavlenko.
00:03Olivier Babaud, bonjour.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:06Alors, ça a été une mauvaise surprise du week-end,
00:09l'agence de notation Moody's a dégradé sa note de la dette souveraine française.
00:14Et vous nous dites ce matin, Olivier, qu'il s'agit du dernier avertissement
00:18avant une crise majeure de nos finances publiques.
00:20Oui, Dimitri, l'agence de notation Moody's,
00:22comme ses consœurs Standard & Poor's et Fitch,
00:25attribue tous les 6 mois une note au bon du trésor des différents pays.
00:28Normalement, la prochaine notation devait tomber en avril.
00:31Mais aux yeux de l'agence, le blocage politique est si total en France
00:34qu'il a motivé une dégradation d'un nouveau cran
00:37de notre note de A à 2 à A à 3 dès samedi dernier.
00:41Et pourquoi cette dégradation surprise et surtout maintenant ?
00:44L'agence a tout simplement compris que depuis la censure du gouvernement Barnier,
00:48la probabilité que nous entamions les réformes nécessaires
00:50au redressement de notre pays était désormais très très faible.
00:53Le profil du nouveau Premier ministre,
00:54qui n'a jamais brillé par une quelconque fougue réformatrice
00:57ni brillé tout court d'ailleurs, n'a pas probablement rassuré à cet égard.
01:01Et vous dites qu'on est sur un toboggan ?
01:04Oui, on est désormais dans une forme de toboggan sinon d'un précipice.
01:09Il faut bien comprendre que nous sommes désormais
01:11au dernier cran de notation double A chez toutes les agences.
01:15C'est-à-dire que, à la prochaine dégradation,
01:17nous sortirons pour la première fois de la zone des obligations de haute qualité.
01:21Nous serons considérés comme des obligations de qualité moyenne,
01:25supérieures, bien, mais pas top, si vous voulez noter, simple A.
01:28Oui, nous comprenons bien, mais en quoi ça devrait accroître nos problèmes ?
01:32Olivier, ce n'est pas la première dégradation que nous connaissons.
01:34On a eu petit à petit depuis dix ans.
01:36Oui, on est habitué, mais ça, ça change vraiment quelque chose.
01:39Les investisseurs institutionnels ont pour règle
01:41de n'investir que dans les obligations de haute qualité.
01:44Ça voudrait dire qu'une prochaine dégradation de notre note
01:47pourrait diminuer sensiblement la demande pour la dette française.
01:50Or, nous ne savons pas vivre sans recours massif aux prêteurs.
01:53Souvenons-nous qu'en 2025, pour faire rouler notre dette,
01:56nous allons devoir emprunter sur les marchés 300 milliards d'euros.
01:59C'était 285 en 2024.
02:01À titre de comparaison, je rappelle que l'ensemble des recettes fiscales,
02:03c'est 350 milliards d'euros seulement.
02:05Autrement dit, les grands fonds de pension américains, japonais, etc.,
02:09pourraient se détourner de nos dettes.
02:11On risquerait de ne pas trouver l'argent dont on a besoin.
02:13En fait, ils ne pourraient plus les acheter parce qu'ils doivent acheter
02:15uniquement de la haute qualité.
02:17Sinon, ils ont l'impression de dégrader la qualité de ce qu'ils ont.
02:21Dans un premier temps, le risque, c'est plutôt que la rareté
02:24alimente un alourdissement rapide du coût de la dette.
02:27Des prêteurs plus rares, ça signifie des taux plus élevés
02:29pour obtenir les ressources dont on a besoin.
02:31Or, la charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts que nous payons chaque année,
02:34s'élève déjà cette année à 52 milliards d'euros.
02:37Ça devrait atteindre en 2072 72 milliards d'euros.
02:40C'est un cercle vicieux qui pourrait se déclencher.
02:42Charge de la dette devenue hors de contrôle,
02:44alourdissement des impôts pour y faire face,
02:46perte de compétitivité, moindre croissance,
02:49recette en baisse, ce qui alimente le doute sur notre solubilité,
02:52augmente les taux exigés, etc.
02:54Comment on brise ce cercle vicieux que vous venez de nous décrire ?
02:56On a en fait encore la confiance des marchés,
02:59mais une confiance désormais non seulement inquiète,
03:01mais surtout conditionnelle.
03:02Nos prêteurs n'accepteront plus de simples promesses.
03:05Ils vont avoir besoin de preuves concrètes
03:07que nous pouvons retrouver une trajectoire raisonnable
03:09pour nos finances publiques.
03:10La balle est dans le camp du futur gouvernement.
03:13Signature européen, Olivier Babaud.
03:15Merci beaucoup, Olivier.

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