• il y a 18 heures
Avec Sylvia Bourdon, géopolitologue franco-allemande

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-12-17##

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News
Transcription
00:00Et oui, il n'y a pas que nous qui connaissons des crises gouvernementales, l'Allemagne,
00:08l'Allemagne, vous vous rappelez, c'est le pays le plus sûr de l'Europe, le pays le
00:11plus stable, le pays le plus solide de l'Europe, et bien en ce moment, ce n'est pas vraiment
00:17vraiment le terme qu'on pourrait employer.
00:20Qu'est-ce qui se passe en Allemagne et comment ça va nous impacter ? On en parle tout de
00:25suite.
00:26Sud Radio Berkhoff, dans tous ses états, le fait du jour.
00:3099 loupes ballonnes nénas, nénas, bonjour Sylvia Bourdon, bonjour Berkhoff, alors Sylvia,
00:50vous connaissez, vous êtes née à Cologne, vous connaissez très bien l'Allemagne, vous
00:54évidemment, vous lisez l'Allemagne, vous êtes bilingue, vous êtes d'ailleurs, vous
00:58êtes trilingue, anglais, français et allemand, vous avez écrit pour plusieurs journées,
01:04vous continuez d'écrire pour Résistance Républicaine, vous avez écrit à Causer,
01:09Boulevard Voltaire et d'autres, mais alors ce que vous voudrez savoir, alors je rappelle
01:13très simplement qu'hier, hier, Olaf Scholz a perdu la confiance du Bundestag, le parlement
01:19allemand, et le vote de défiance a été massif, 394 voix pour, 207 contre et 116 abstentions,
01:29donc coalition tripartite, sociaux-démocrates, écologistes libéraux a volé en éclat,
01:35donc voilà, il y a eu grosse polémique et tout ça, et on s'attend évidemment, on
01:39va avoir des élections, en principe, en février 2025, c'est-à-dire dans deux mois, et les
01:46partis qui sont en train de guetter dans l'attente, c'est l'extrême-droite, le AFB,
01:52et le gauche, BSW, qui totalise, il faut le dire, 26% des intentions de vote. Alors,
01:59Sylvia, c'est assez rare en Allemagne, ou pas, cette crise gouvernementale en France
02:05en ce moment, et on est en troisième république, sinon en quatrième, en Allemagne c'est quand
02:10même plus stable ?
02:11Si on veut, en ce moment, c'est pas très stable. Je crois que ce renversement de Scholz
02:20par la motion de censure a été ce qu'il y a eu de pire depuis que la république fédérale
02:28allemande existe, c'est-à-dire après la guerre. Il y a déjà eu des motions de censure
02:34qui sont au nombre de 6 avec Olaf Scholz. En 1972, vous aviez eu une défiance contre
02:41Willy Brandt, SPD, parce que vous allez noter qu'il y a plus de défiances contre la SPD
02:46que contre la CDU. Ensuite, en 1982, en février, c'est Helmut Schmidt qui a dû faire face
02:56ici à l'opposé.
02:58On voit peut-être pas toutes les énumérées, mais ce que vous dites quand vous dites que
03:03c'est la pire, c'est la pire en tant qu'une majorité très nette s'est dégagée contre
03:08Scholz, ou c'est la pire parce que ce que ça implique pour la politique allemande aujourd'hui ?
03:14Pour tout, parce que c'est la première fois aussi que l'Allemagne est en récession.
03:22Elle va être en stagnation bientôt. Et tout ça parce que les dirigeants ont pris de très
03:31mauvaises décisions avec les sanctions russes alors qu'ils étaient dépendants de l'énergie
03:37russe pour pas cher. Et aujourd'hui, ils se fournissent de la même énergie via les
03:42Indes jusqu'en Allemagne, ce qui leur coûte une fortune et ce qui fait que maintenant,
03:47il y a des licenciements massifs, que ce soit surtout chez l'industrie agrochimique, qui
03:57sont extrêmement dépendants de l'énergie et qui déloquent carrément. Alors moi, je
04:05peux vous dire, par exemple, j'ai ici devant moi, je vais vous le traduire, et c'est de
04:13la Chambre de commerce en Allemagne fédérale. Alors, ils disent « Selon les informations
04:19préliminaires de l'Office fédéral de la statistique, les importations allemandes ont
04:23chuté de 2,8% en octobre 2024. Par rapport à septembre, corrigez du calendrier des variations
04:32saisonnières. Par rapport au même mois de l'année dernière, il y a également eu une
04:38diminution de 2,8%. » Et alors, le responsable du commerce extérieur de la Chambre de commerce,
04:46M. Volker Freyja, dit « Les signes d'une économie allemande orientée vers l'exportation
04:54sont mauvais. Il n'y aura pas de croissance des exportations cette année, etc. etc. ». Bref,
05:01l'Allemagne est dans une très mauvaise situation, mais je dois quand même ajouter une chose,
05:06c'est que hier, quand j'ai observé les débats au Bundestag, j'ai été vandalisé
05:11par l'intervention d'Olaf Scholz, pour lequel tout allait bien, de toute façon,
05:18il va se représenter, il promet que le ciel bleu sera éternel sous sa nouvelle chancellerie.
05:24Sur sa nouvelle chancellerie. Alors, qui votera, verra effectivement, on verra en février ou avant,
05:30mais je voudrais vous demander, effectivement, aujourd'hui, je crois que le chômage, enfin,
05:36encore une fois, pendant des décennies, l'Allemagne, c'était le modèle à suivre,
05:40et là, il y a des industries, on sait qu'à Volkswagen, on est en train de dégraisser très
05:47sec, on sait que BASF et compagnie vont peut-être partir pour les États-Unis,
05:51il y a vraiment une crise même de l'industrie allemande, qui était quand même le fleuron.
05:56Oui, justement, parce que c'est le fleuron, parce que l'Allemagne ne sait faire que ça,
06:02des machines-outils, des automobiles, des réfrigérateurs de grande qualité,
06:07de l'électroménager de très grande qualité, et regardez même, les papiers toilettes,
06:13là, dégraissent un maximum parce qu'ils ne peuvent plus payer l'énergie, c'est une débordage.
06:20Et alors, le ministre de l'économie quand même, vert, Robert Hamon,
06:26lui, c'était un culot monstre hier, il était très agressif dans son discours,
06:31et il veut continuer la politique qu'il mène, il trouve que tout est formidable,
06:37mais aucun des interlocuteurs n'a parlé des Allemands de leur souffrance de l'inflation,
06:44Robert a menti ouvertement hier devant le peuple allemand, qui s'est fait contredire
06:52par le chef de la FDP, qui était lui ministre des Finances, que Scholz a viré,
07:00parce qu'il n'est pas d'accord sur la politique économique à mener avec Habeck,
07:06bon ça n'allait pas, et bien Habeck a menti à l'Allemagne, à tous les Allemands,
07:13en disant qu'il n'y avait pas d'inflation, que l'industrie allait bien,
07:17non mais attendez, c'était fou de voir ça, je crois que tous les commentateurs allemands,
07:23y compris les plus adorateurs de Scholz, parce qu'il y en a, en conviennent...
07:29– On réagit, oui, et dites-moi, aujourd'hui, la population allemande,
07:36elle subit la crise de plein fouet, parce qu'on parle très peu, il faut le dire,
07:43et c'est pour ça que c'est une bonne occasion de parler de l'Allemagne,
07:46on parle paradoxalement très peu de l'Allemagne en France, sinon pour évoquer les gros chiffres,
07:51mais comment vit aujourd'hui, je ne dis pas toute la population allemande,
07:54il ne faut pas généraliser, mais enfin, est-ce qu'une partie de la population allemande
07:58était vraiment en état de précarité ?
08:01– Oui, bien sûr, parce qu'ils touchent le hartschwier,
08:05c'est-à-dire, c'est un peu les prestations sociales que nous avons ici,
08:09et qui sont maintenant massives en Allemagne,
08:14et pourquoi la AFP est en augmentation considérable ?
08:21– C'est le parti de droite, de droite extrême ?
08:23– C'est ça, qui est dirigée par Alice Weidel, qui est une femme de conviction,
08:28qui est diplômée comme ce n'est pas possible,
08:33elle a fait les séjours en Chine, aux États-Unis, enfin bref, c'est tout.
08:38C'est remarquable, il faut quand même le dire, même si elle est dite d'extrême droite,
08:43c'est-à-dire, cette femme de conviction va se présenter à la chancellerie.
08:48– Et alors, à votre avis, de ce qu'on sait, de ce que dit la presse,
08:54et tout est dans des opinions diverses, est-ce qu'on s'attend,
08:59parce que, par exemple, les positions de l'Allemagne vis-à-vis de la Russie,
09:03on connaît la position de Lavchov,
09:05mais est-ce que vous avez parlé de la personne qui est l'un de ses rivaux,
09:12qui veut, lui, envoyer des taurus, les armes taurus, les missiles taurus,
09:16à l'Ukraine, pour qu'ils l'utilisent contre la Russie ?
09:20Alors que Scholz avait été très prudent là-dessus, je crois.
09:24– Alors Scholz, si vous voulez, c'était une pirouette électorale.
09:29Vous voyez bien que les deux femmes, Sarah Wagenknecht,
09:34qui a tenté son parti en début d'année…
09:38– Qui est plutôt à gauche, c'est ça ?
09:41– C'est un des Link, en effet.
09:43Alors, elle, elle pleine pour un rapprochement avec la Russie,
09:46et contre les sanctions, évidemment, dont souffrent les Allemands.
09:54Et pour la paix en Ukraine, ça c'est clair et net, de la part de Sarah Wagenknecht.
09:58Même son mari, Oskar Lafontaine, le dit aussi.
10:02– D'accord.
10:03– Il est guidé par son mari.
10:05Et Alice Weidel tenait, la première, ce discours-là.
10:09Et vous voyez que les Allemands y adhéraient massivement.
10:12La preuve, dans les élections de Turing, de Brandenburg,
10:17c'est que l'AFD casse la baraque, il faut le dire actuellement.
10:21Et qu'on peut continuer comme ça,
10:23si le gouvernement allemand ne change pas d'attitude.
10:26– Donc il y a une partie du peuple allemand qui dit,
10:28écoutez, ça suffit les sanctions,
10:31on veut nous vivre et un peu vivre autrement, c'est ça ?
10:34– Absolument.
10:34Alors il y a un danger, je crois en ce moment,
10:38qui est réel sur l'augmentation de la crise ukrainienne,
10:44à travers la personnalité de Friedrich Merz,
10:47qui est le patron de la CDU.
10:49– Les démocrates chrétiens, c'est ça.
10:52– Les démocrates chrétiens, ce sont des gens qui sont supposés être de droite,
10:57mais depuis Angela Merkel, je crois que ce côté droite a complètement disparu.
11:03Friedrich Merz s'est rendu il n'y a pas très longtemps,
11:06il y a quelques jours d'ailleurs seulement, en Ukraine,
11:10il a rencontré Zelensky, il a promis à Zelensky
11:14qu'il livrerait les missiles Taurus en Ukraine,
11:18en collaboration, tenez-vous bien, avec les USA et l'Union européenne.
11:25Ce qui signifie que Merz est un va-t'en-guerre,
11:28d'ailleurs je souligne qu'il était le patron de BlackRock
11:33en Allemagne.
11:34– D'accord, du grand conglomérat BlackRock effectivement,
11:38que l'on connaît, enfin dont on a beaucoup parlé.
11:40Donc effectivement, est-ce que tout ça risque de se précipiter,
11:45que dit la presse, avant l'inauguration,
11:47avant que Trump prenne réellement le pouvoir le 20 janvier 2025 ?
11:53Est-ce que les choses peuvent se précipiter à ce niveau ?
11:56Parce qu'il ne peut rien faire en tout cas,
11:58puisque les élections allemandes seront en février 2025,
12:01donc ce sera après l'élection et la prise de pouvoir de Trump.
12:06– Oui, mais on ne le sait pas vraiment si les élections pour le 23 février,
12:12elles pourraient peut-être se passer avant, c'est là où est le danger.
12:16Alors pourquoi ? Parce que le résultat des élections
12:20a été présenté au président Steinmeier,
12:22qui est en train d'étudier la question,
12:25et entre le mal de Merz et le moindre mal de Shultz,
12:33ce serait peut-être Shultz qui reviendrait au pouvoir actuellement.
12:38– D'accord.
12:39– Ça est très vaseux, et Alice Weidel a déclaré
12:43qu'elle espérait avoir suffisamment de voix durant cette élection-là,
12:49parce qu'elle est pragmatique,
12:50elle sait très bien qu'elle n'arrivera pas chancelière,
12:52quoique, il y a eu hier un chantage dans Bildt,
12:57qu'il a tiré au coude à coude avec Friedrich Merz.
13:00– D'accord, alors on va suivre absolument cela,
13:05c'est très intéressant ce qui se passe,
13:07en tout cas on voit très très bien qu'aujourd'hui,
13:10et voyez ce qui se passe avec Pierre-Éliott Trudeau au Canada,
13:13dont les bruits de démission se font de plus en plus fort,
13:16ce qui passe en France avec Bayrou qui vient d'arriver,
13:19et ce qui se passe en Allemagne effectivement,
13:22montre que ça bouge, en tout cas on verra dans quelle direction,
13:26ça bouge beaucoup beaucoup en Europe.
13:28Merci Sylvia Bourdon, on en reparle bientôt avec vous,
13:32ça va être très intéressant à suivre.
13:34– Et bien entendu, si vous avez une réaction,
13:37ou si vous voulez poser une question...

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