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Xerfi Canal a reçu Emmanuelle Léon, professeure associée, ESCP Business School, Directrice scientifique de la chair « Reinventing Work », pour parler de la réinvention de la semaine de quatre jours.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Emmanuel Léon, vous êtes professeur associé au SCP Business School, vous êtes
00:14directrice scientifique de la chaire Reinventing Work, faut réinventer le travail. Les défis
00:21des managers face au travail hybride, chapitre dans le l'ouvrage le management à l'ère numérique
00:25sous la direction de Xavier Perron-Rochelot et Ariane Ollier-Malaterre, papier dans Conversation
00:32France avec Yael Hamsalem, j'aime beaucoup ce titre, semaine de quatre jours à peine née
00:37et déjà à réinventer, la fameuse semaine de quatre jours. Dites-nous tout. Alors déjà il y a
00:41une précision à avoir immédiatement, c'est de quoi parle-t-on. On dit semaine de quatre jours mais
00:46finalement quand on creuse un peu, il y a des personnes qui sont vraiment sur la logique de
00:50la semaine doit être réduite, on va dire rapidement quatre fois huit heures par exemple,
00:54et d'autres qui sont plutôt dans une logique de une semaine en quatre jours. Donc là ce que je
00:59fais c'est que je garde exactement la même durée mais je la ramasse et je comprime. Dans les deux
01:05cas, ça pose des questions. Je ramasse et je comprime, on a des entreprises qui vont dire oui
01:09mais danger, danger de qualité, danger de sécurité etc. Est-ce que c'est une bonne chose ? Et c'est
01:15légitime de se poser la question. Dans le cas de la semaine vraiment en quatre jours, là on dit il
01:21faut faire la chasse à tous les temps perdus. C'est effectivement une bonne idée, ça demande
01:26une vraie remise à plat de tous les procès, de regarder qu'est-ce qu'on peut enlever, comment est-ce
01:31qu'on peut fonctionner, parce qu'il ne s'agit pas évidemment de juste prendre ça et d'enlever
01:35huit heures. Après je trouve que ce qui peut être extrêmement intéressant aujourd'hui, je le vois
01:39par exemple dans une entreprise comme Atlassian en Australie, ce qu'ils font eux c'est qu'ils
01:44regardent les temps collaboratifs. Donc ils regardent l'intégralité d'un agenda et ils
01:49disent voilà il va falloir couper, il y a trop de réunions et donc on va commencer à rentrer non
01:54pas que dans du quantitatif mais aussi dans du qualitatif. Est-ce que tu as besoin d'être là ?
01:57Est-ce que tu as besoin de faire ceci ? Donc ça amène un lien de subordination un peu différent,
02:01c'est vrai que moi ils m'ont dit clairement que la première fois qu'on fait ça avec son manager,
02:05on ne le vit pas très très bien, mais après on s'autorise à dire non. Et donc quelque part
02:09dans la manière dont je gère mon temps, il y a cette question de est-ce que ce temps m'appartient
02:13ou pas ? Est-ce que c'est le temps de l'entreprise ou est-ce que c'est un peu le mien ? Alors
02:18évidemment ce débat-là par ailleurs s'inscrit dans toute la question du droit à la déconnexion,
02:23du droit à tout ça. On a envie de se dire mais pourquoi on raisonne encore un jour ? Est-ce que
02:28finalement c'est pas notre relation au travail qu'il faudrait presque repenser ? Parce que combien
02:34dirait si déjà j'arrivais à faire des semaines que de cinq, ce serait pas mal ? Oui c'est vrai
02:38que c'est quelque chose qu'on entend parce que quelque part ces outils mobiles qui sont aujourd'hui
02:42qui font partie de notre quotidien font que notre travail s'est immissé beaucoup dans notre vie
02:46privée. Alors on a des études qui montrent aussi que notre vie privée est allée dans le travail
02:50bien évidemment mais on n'a pas le sentiment que ce soit absolument équivalent pour le moment. Donc
02:54une des questions c'est pourquoi est-ce qu'on compte encore un jour, en heures ? Probablement
03:00parce qu'on n'est pas encore en capacité de penser une mission, un projet et de calculer le temps que
03:06ça devrait prendre aux uns aux autres. Donc ça c'est un premier problème. Le deuxième c'est
03:10effectivement cette question de ce temps qui nous échappe. Et quelque part dans ces semaines de
03:16quatre jours, dans ce droit à la déconnexion, on a quelque chose d'assez positif qui est l'idée
03:22de ce qui enferme ça protège aussi. Donc on enferme dans un certain nombre de jours, on enferme dans
03:28un certain nombre d'heures, on met de la déconnexion et ça amène à se poser la question, alors je sais
03:32que quand on parle de surveillance électronique on a souvent ce regard de oh là là on va me
03:36surveiller où que je sois, quoi que je fasse, etc. Exactement, c'est 1984. Mais il y a aussi la
03:41question de, imaginons par exemple que quelqu'un est en train de travailler, son manager continue
03:46de lui demander des choses ou des collègues et brusquement non, ça s'arrête parce que droit à
03:50la déconnexion. On est aussi en train de se dire, finalement peut-être que cette surveillance en
03:55certains cas, elle pourrait être bénéfique pour redonner un cadre. Et c'est là où ça devient un
04:00peu compliqué parce que les individus même qui revendiquent le fait de pouvoir se déconnecter
04:04sont les premiers à ne pas accepter qu'on les déconnecte, si je puis dire. Donc c'est pas simple.
04:09Effectivement, il y a des cas. Surveiller qu'un salarié prend bien ses congés, etc. n'est pas
04:16surinvesti, ça peut éviter certaines dérives qui ne sont pas au bénéfice de l'entreprise. Parfois
04:21c'est pas bon d'avoir des salariés qui ne peuvent pas couper. Des salariés qui sont surinvestis,
04:25ce que ça donne, là on a des études qui montrent en tous les cas que pour les travailleurs qui
04:29font preuve d'énormément d'esprit collaboratif, ce sont les premiers à être les plus débordés.
04:34Et ce n'est pas forcément ceux qui sont les plus valorisés par l'entreprise. Donc il y a
04:37la question de combien de temps je passe, mais combien de temps je passe à faire quoi ? Et
04:41c'est ça la vraie question de demain. C'est la vraie question. Merci Manuel Léon. Merci Jean-Philippe Denis.

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