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00:00Alors, on l'a bien compris, la situation politique du pays est grave, avec des divisions profondes sur le fond et la forme aussi.
00:07Bonjour Bernard Sananès, vous êtes politologue et président de l'institut de sondage ELAB.
00:15Alors, on l'a bien compris, entre les différents politiques actuellement, c'est difficile, c'est compliqué, ils n'arrivent pas à s'entendre.
00:24Mais les Français ont l'air quand même plutôt satisfaits de la nomination de François Bayrou. Comment vous l'expliquez ?
00:30Je ne dirais pas ça. Ils sont assez sceptiques pour l'instant. Il n'y a pas beaucoup de bienveillance.
00:36On a 4 Français sur 10 qui nous ont dit, vendredi, juste après la nomination du maire de Pau à Matignon, que sa nomination était une mauvaise chose.
00:443 sur 10, une bonne chose. 3 sur 10 n'ont pas d'avis, pour 3 raisons. On peut expliquer ce résultat le premier.
00:50D'abord, c'est parce qu'il y a une forme de lassitude dans l'opinion, qui est là, parfois même en colère, face à ce qui apparaît pour elle comme des jeux politiques.
00:58Le premier, c'est que François Bayrou est une personnalité qui est dans le jeu politique depuis 45 ans. Son image est évidemment structurée.
01:05Il a des supporters, mais il a surtout autour de lui beaucoup de gens qui lui sont défavorables.
01:11Par exemple, nous avions fait le même sondage pour l'accession de Michel Barnier à Matignon.
01:16Les électeurs de LR, les électeurs de droite ou les électeurs du RN étaient plus favorables à l'arrivée de Michel Barnier que de François Bayrou.
01:22Et puis, le troisième point, c'est vrai que pour l'opinion, alors qu'on a vu et commenté longuement ce qui s'était passé vendredi matin entre le président de la République et François Bayrou,
01:32pour l'opinion, François Bayrou, c'est un macroniste pur sucre, j'allais dire. Et comme la cote du président de la République est au plus bas,
01:39évidemment, François Bayrou partage, dès son arrivée, un peu d'impopularité d'Emmanuel Macron.
01:44Oui, mais Bernard Sénanès, François Bayrou, il est présenté comme l'homme du consensus, du compromis, ni de droite, ni de gauche.
01:53Au départ, c'est lui. Alors, est-ce que ça peut permettre à la France de sortir de cette situation, on peut le dire, assez catastrophique ?
01:59En tout cas, c'est vrai, vous avez raison, c'est un de ses atouts quand on teste, c'est ce qu'on appelle dans notre jargon, les traits d'image.
02:05C'est une des qualités, il est décrit par 54% des Français comme un homme de compromis. Et justement, ce qu'attend l'opinion aujourd'hui,
02:13c'est que l'on sorte d'un système qui apparaît bloqué, et que les uns et les autres fassent des compromis, des concessions pour mettre fin à ce qui apparaît comme une instabilité.
02:22Dans un moment, en plus, où le contexte économique apparaît comme encore plus difficile, on a un niveau d'inquiétude sur la situation économique qui est revenu au niveau du Covid.
02:31Donc, on voit bien que l'inquiétude économique est forte. Donc, c'est vrai qu'il y a une attente de compromis.
02:36François Bayrou pourra peut-être y parvenir, s'il arrive à atteindre et attirer dans son gouvernement des personnalités qui représentent, justement,
02:43ce dépassement au-delà même des partis politiques. On voit que l'attitude des partis politiques est assez ferme pour l'instant.
02:49Est-ce qu'il parviendra à faire venir, comme on dit, des poids lourds, des gens d'expérience qui symbolisent la droite et la gauche ?
02:56Et notamment vis-à-vis de la gauche, ça ne suffira pas. Il faut aborder quelques totems, notamment sur les questions sociales.
03:02Et pour y parvenir, est-ce que François Bayrou doit se démarquer quand même d'Emmanuel Macron, qui, lui, pour le coup, n'a pas vraiment la cote en ce moment ?
03:10Oui, c'est un de ses enjeux, François Bayrou. C'est un de ses enjeux. Finalement, François Bayrou doit affirmer une forme d'autonomie politique.
03:17Et il doit affirmer aussi une forme, je ne vais pas dire de rupture, mais en tout cas de changement.
03:22On évoquait dans les réactions que vous aviez passées juste avant mon interview, les réactions sur les retraites.
03:28C'est vrai que pour marquer un changement, il y a ce signal que devra envoyer le nouveau Premier ministre, notamment à la gauche,
03:35pour tourner un peu la page de la réforme des retraites, pour peut-être la suspendre, l'amender,
03:42ou alors des questions sur la justice fiscale et la justice sociale, sur lesquelles Michel Barnier s'est engagé,
03:47mais sur lesquelles il n'avait pas pu aller jusqu'au bout dans la présentation de son budget.
03:50Merci beaucoup, Bernard Sananès, pour toutes ces explications. On l'a bien compris, c'est une mission bien difficile pour François Bayrou.
03:58Merci Bernard Sananès, politologue et président de l'Institut de sondage et lab.

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