Le monde bascule-t-il dans une nouvelle ère géopolitique ? Dans ce numéro, Alain Juillet, ancien chef du renseignement à la DGSE et expert en intelligence économique, décrypte les récentes secousses internationales : la chute de Bachar el-Assad en Syrie, l'ascension d'Abou Mohammed al-Joulani à la tête du pays, et leurs implications pour les équilibres mondiaux.
Dans cette émission :
🔹 Syrie : un renversement orchestré ? Le rôle des groupes armés, les soutiens extérieurs, et les intérêts en jeu (États-Unis, Russie, Iran, Israël…).
🔹 Sanctions et effondrement : Comment l’embargo et la guerre économique ont précipité la chute d’Assad.
🔹 Bascule globale : Du Proche-Orient à l’Ukraine, quel avenir pour l’Europe face à la montée des BRICS et au recul du dollar ?
🔹 Donald Trump et la Syrie : Le futur locataire de la Maison Blanche parviendra-t-il à faire taire les velléités guerrières des néoconservateurs ?
🗣 Alain Juillet revient aussi sur l’affaiblissement du "bloc chiite" (Iran, Hezbollah) que d’aucuns nomment "Axe de la Résistance" ainsi que sur les ambitions de la Turquie et d’Israël dans la région. Quels enseignements tirer de cette nouvelle configuration ? Une analyse passionnante et sans concessions.
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🔹 Syrie : un renversement orchestré ? Le rôle des groupes armés, les soutiens extérieurs, et les intérêts en jeu (États-Unis, Russie, Iran, Israël…).
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00:00:00Depuis 12 ans, TVL fait figure d'exemple face à des médias du système
00:00:04toujours plus soumis aux élites financiarisées.
00:00:07À chaque occasion, TVL a montré son indépendance totale
00:00:11mais aussi sa capacité à lire le monde et à se projeter.
00:00:15À TVL, nous sommes constants et cohérents.
00:00:20Nous refusons la facilité et le prêt-à-penser
00:00:23pour vous offrir les clés de compréhension d'un monde complexe
00:00:27où les mécanismes de pouvoir cherchent toujours à vous abrutir
00:00:31pour vous asservir.
00:00:32TVL, c'est votre dose de vérité, votre cocktail vitaminé
00:00:36pour renforcer votre libre-arbitre.
00:00:38Dès à présent, aidez TVL à votre mesure.
00:00:41Chaque geste compte.
00:00:43En donnant à TV Liberté, vous façonnez un journalisme libre,
00:00:46votre consentement éclairé,
00:00:48et vous vous offrez la liberté de penser.
00:00:51Alors, je compte sur vous.
00:01:28Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau numéro du samedi politique.
00:01:35Cette semaine, vous l'imaginez, on a beaucoup de pain sur la planche.
00:01:38On va s'intéresser bien sûr au bouleversement géopolitique
00:01:41depuis la guerre en Ukraine jusqu'aux derniers événements au Proche-Orient
00:01:44et tout particulièrement en Syrie.
00:01:46Mais on va essayer de comprendre aussi les conséquences économiques de tout cela.
00:01:51On va donc s'intéresser à cette grande bascule mondiale
00:01:54qui est en marge depuis plusieurs mois.
00:01:56Mais avant toute chose, vous le savez,
00:01:58je compte sur vous pour le succès de cette émission.
00:02:00Aussi, pensez à cliquer sur le pouce en l'air, c'est capital.
00:02:04Et puis bien sûr, écrivez-moi dans les commentaires.
00:02:06Je vous lis chaque semaine, vous le savez.
00:02:08Et n'oubliez pas de relayer cette vidéo.
00:02:10C'est parti, à tout de suite.
00:02:22Et à mes côtés aujourd'hui, Alain Juillet.
00:02:24Bonjour Monsieur.
00:02:24Bonjour.
00:02:25Merci beaucoup d'être à nouveau avec nous, Alain Juillet.
00:02:28On vous connaît désormais bien sur TV Liberté.
00:02:30Vous êtes diplômé de HEC, de l'IHEDN, de Stanford.
00:02:33Vous avez été officier dans les commandos parachutistes du SDEC.
00:02:38Vous avez été le patron du renseignement de la DGSE.
00:02:42Vous avez également œuvré à la tête de plusieurs grandes entreprises.
00:02:45Et vous avez aussi conseillé plusieurs premiers ministres,
00:02:48Raffarin, Villepin, Fillon,
00:02:50puisque vous êtes aussi le père de l'intelligence économique en France.
00:02:55Et ça nous sera utile pour cette émission.
00:02:57Pour terminer cette présentation,
00:02:59je dirais aussi que les téléspectateurs peuvent vous retrouver sur YouTube,
00:03:02beaucoup plus souvent que sur le samedi politique,
00:03:05sur votre propre chaîne YouTube, Openbox TV,
00:03:08qui a d'ailleurs déjà franchi les 150 000 abonnés.
00:03:11Absolument.
00:03:12Alors Alain Juillet, dimanche dernier,
00:03:14le pouvoir de Bachar el-Assad a été renversé.
00:03:17Une chute qui s'est accélérée en quelques jours à la tête de la Syrie,
00:03:21désormais incertain Abouhamed Al-Joulani,
00:03:24du groupe islamiste Hayat Tahir Al-Sham.
00:03:28Je vous propose pour commencer d'écouter rapidement son portrait.
00:03:32Il était inconnu du grand public il y a encore une semaine.
00:03:35Pourtant, ses activités djihadistes ont commencé il y a bien longtemps.
00:03:39Abouhamed Al-Joulani est né à Riyad, en Arabie saoudite, en 1982.
00:03:45Mais il est présenté comme syrien.
00:03:47Lorsque l'invasion américaine en Irak commence en 2003,
00:03:50il quitte la Syrie pour rallier Al-Qaïda sur place,
00:03:53puis la branche locale de l'État islamique.
00:03:56En 2005, il est détenu dans la prison américaine de Kambouka,
00:04:00comme Aboubaker Al-Baghdadi, un des califs de l'État islamique.
00:04:05C'est d'ailleurs ce dernier qui ordonnera à Al-Joulani de rentrer en Syrie
00:04:09quand la guerre éclate en 2011.
00:04:11Il y fondera un an plus tard le front Al-Nosra,
00:04:14celui que Laurent Fabius ne tardera pas à féliciter pour le bon boulot.
00:04:18Mais quand Al-Baghdadi veut fusionner Daesh et Al-Nosra,
00:04:21Al-Joulani refuse et rejoint Al-Qaïda
00:04:24jusqu'à ce que de nouvelles tensions le poussent à fonder en 2017
00:04:28Hayat Tahir Al-Sham, une organisation à partir de plusieurs groupes islamistes.
00:04:33C'est cette année que le département d'État américain promet 10 millions de dollars
00:04:37pour toute information sur Aboumohamed Al-Joulani,
00:04:41avec la mention « Stop these terrorists ».
00:04:44Hayat Tahir Al-Sham devient bientôt la milice islamiste dominante en Syrie
00:04:49jusqu'à parvenir à reprendre les villes d'Alep, Homs et Hama,
00:04:55puis Damas, où il arrache le pouvoir des mains de Bachar el-Assad le 8 décembre dernier.
00:05:07Alors Alain Juillet, que pensez-vous du profil de ce « nouvel homme fort »
00:05:12comme nous le disent les médias Al-Joulani ?
00:05:15Je crois qu'il faut être très clair, c'est un djihadiste, ça a été un djihadiste,
00:05:22c'est un djihadiste, ça restera un djihadiste, il ne faut pas se faire d'illusions.
00:05:26Il y a plusieurs éléments d'ailleurs dans ce que vous dites qui le montrent bien.
00:05:31Il n'est pas syrien, comme la plupart des djihadistes d'origine,
00:05:36il vient d'Arabie Saoudite,
00:05:38parce qu'il ne faut pas oublier que c'est venu d'Arabie Saoudite au départ.
00:05:43Vous aviez toutes les équipes qui étaient en Afghanistan et ailleurs,
00:05:47et c'était des équipes qui venaient d'Arabie Saoudite.
00:05:50Donc premier point, c'est un saoudien.
00:05:52Bon, maintenant bien sûr, il se dit syrien à 100%, ça c'est de bonne guerre.
00:05:56Bon, le deuxième élément, c'est qu'il a été le chef de groupes djihadistes reconnus,
00:06:03et on oublie maintenant, parce que dans ce qu'on disait tout à l'heure,
00:06:05parce qu'on vous l'expliquait, quand il était au début,
00:06:11avant de créer Al-Nusra, quand ils étaient eux-mêmes,
00:06:13bon, qu'est-ce qu'ils ont réussi à faire croire déjà à l'époque ?
00:06:16C'est que c'était des djihadistes mais gentils,
00:06:19à tel point que selon certains auteurs d'études qui ont été faites sur cette époque-là,
00:06:26il semble bien que les alliés, les américains et peut-être les français et d'autres,
00:06:31aient parachuté des armes à ces gens-là pour les aider à lutter contre Bachar Al-Assad.
00:06:37Quand vous savez que ce sont des islamistes, ça fait froid dans le dos quand même.
00:06:41Mais pourquoi ? C'est parce qu'à l'époque, ils disaient,
00:06:43oui, on est un peu, mais on n'est pas trop.
00:06:45En réalité, ils l'étaient totalement.
00:06:47Et aujourd'hui, moi j'avoue que je le trouve absolument merveilleux
00:06:51de le voir arriver tout à fait en chef de guerre à la fille d'El Castro.
00:06:57D'ailleurs, il a un peu la même allure, le même costume, la même barbe et tout.
00:07:01À la fille d'El Castro, ils disaient, mais non, mais nous, on est là pour être gentils.
00:07:04Alors, il y a une chose quand même que les gens devaient regarder,
00:07:07c'est qu'Al Jolani, il était le patron des djihadistes qui ont envahi la Syrie.
00:07:14Il était en partie d'Idlib, de la zone d'Idlib.
00:07:17A Idlib, c'était lui qui était le chef depuis que les américains
00:07:20avaient tué les différents chefs successifs, vous savez, sur place qu'il y avait, d'al-Qaïda.
00:07:26C'était le chef… Bon, qu'est-ce qu'on appliquait à Idlib ?
00:07:29La charia, à ma connaissance, elle est appliquée à Idlib.
00:07:34– Mais c'était une charia modérée peut-être ?
00:07:36– Vous plaisantez, il y a eu des plaintes et Amnesty International en a parlé.
00:07:41Il y a eu des plaintes pour torture, séquestration, enfin tout y est passé.
00:07:45Alors, on vous dit, ah non, mais il était, alors ça devient sublime,
00:07:48il était bien avec les chrétiens parce qu'il appliquait,
00:07:51ce qu'on appelle les dîmis en arabe, il appliquait la règle traditionnelle,
00:07:55c'est-à-dire que les chrétiens doivent payer des impôts en plus
00:07:58pour pouvoir rester puisque ce sont des mécréants,
00:08:01puisqu'ils ne sont pas, donc il faut qu'ils payent.
00:08:05Bon, ça c'est pour les chrétiens,
00:08:06moi j'aimerais savoir ce qui se passe pour les Yazidis,
00:08:09pour les jeunes femmes Yazidis,
00:08:11j'aimerais savoir ce qui se passe pour les Kurdes,
00:08:13parce qu'à ma connaissance, au Nord, ils continuent à se taper dessus.
00:08:17En réalité, on a quelqu'un qui pratique ce qu'on a,
00:08:21le Coran appelle la taqiyya.
00:08:23Alors la taqiyya, en arabe, on a le droit, selon le Coran,
00:08:27vous avez le droit de mentir totalement,
00:08:30et vous êtes pardonnés par Dieu, par Allah,
00:08:33si ce mensonge est fait pour vous permettre de gagner
00:08:37et de prendre, au nom d'Allah, le contrôle de la situation.
00:08:42Donc on est exactement dans cette situation-là,
00:08:44il applique la taqiyya, merveilleusement bien,
00:08:47il est bien, tout ça, gentil et tout,
00:08:50en réalité, la chape de plomb va tomber sur la Syrie,
00:08:54une chape de plomb dans laquelle, qui vont être les victimes ?
00:08:58Bien entendu, les minorités, et entre parenthèses,
00:09:01les minorités qui ont permis à Bachar de tenir,
00:09:06parce que quand tout le monde disait, il y a maintenant longtemps,
00:09:08déjà il y a près de dix ans, quand tout le monde disait
00:09:11Bachar va se casser la figure, c'est que tous les Occidentaux
00:09:13oubliaient que Bachar était appuyé par les chiites,
00:09:19bien sûr les alawites, puisque c'était la secte musulmane
00:09:23dans laquelle il faisait partie, les chrétiens et les juifs,
00:09:26parce qu'il les protégeait, parce que de l'autre côté al-Qaïda
00:09:29disait, tous ces gens-là, il faut les éliminer,
00:09:32alors maintenant, changement de figure,
00:09:34on dit, on ne va pas les éliminer, mais attendez,
00:09:36il y a ceux qui dominent, nous, et puis il y a le reste,
00:09:40et c'est pour ça aussi que je pense que quand je vois,
00:09:45alors on a eu au tour européen, ça y est,
00:09:48maintenant c'est une Syrie libre, laissez-moi sourire,
00:09:52après ce que je viens de vous dire…
00:09:53– C'est la fin de la barbarie aussi, selon Emmanuel Macron.
00:09:56– Oui voilà, la fin de la barbarie, alors il faut arrêter,
00:09:58parce que d'autre côté, ils pratiquent la barbarie aussi,
00:10:00donc il faut, c'est n'importe quoi,
00:10:03alors ça ne veut pas dire que Bachar était un ange,
00:10:05je ne suis pas en train de vous dire ça, bien au contraire,
00:10:07mais ce que je suis en train de dire,
00:10:09c'est qu'on est dans un système qui arrive où,
00:10:12d'un côté, les Européens disent,
00:10:14ah ben maintenant il est temps que les émigrés reviennent en Syrie,
00:10:19et c'est vrai, ceux qui sont partis,
00:10:21parce qu'ils étaient poursuivis par Bachar,
00:10:23les Arabes sunnites, parce que c'est ça,
00:10:25les Arabes sunnites qui ont été chassés par Bachar,
00:10:27ils vont vouloir revenir,
00:10:29mais les autres, en Syrie, qu'est-ce qui va se passer ?
00:10:32Eh ben les chrétiens, les Kurdes, les Yazidis,
00:10:35tous qui n'est pas Arabes sunnites, eh ben ils vont partir.
00:10:39– Et accessoirement, dans les Syriens sunnites qui sont partis,
00:10:42tous n'ont pas envie de devenir islamistes, rigorisques.
00:10:46– Exactement comme partout ailleurs,
00:10:47dans les sunnites, vous avez la plus grande partie,
00:10:50qui n'est pas du tout djihadiste, qui n'est pas wahhabiste,
00:10:54qui n'est pas salafiste, qui pratique un islam normal,
00:10:57et ceux-là, ils n'ont aucune envie de revenir
00:10:59pour voir appliquer la charia avec tout ce que ça comporte.
00:11:02Donc on voit bien que, ce qui me frappe d'ailleurs,
00:11:06c'est le fait que les gouvernants de nos pays,
00:11:11de la plupart de nos pays, certains quand même ont mis des réserves,
00:11:14mais la plupart de nos pays se comportent vraiment
00:11:17comme la souris devant le Boa, un regard un peu fasciné,
00:11:24et puis on ne veut pas voir la réalité en face,
00:11:26mais la réalité on la connaît.
00:11:28Alors, il faut être prudent aussi, parce qu'à côté de ça,
00:11:32ils ne sont pas arrivés tous seuls à nos petits camarades.
00:11:34– Alors justement, pour parler de ce point Alain Juillet,
00:11:38on a quand même le sentiment, on a parlé tout à l'heure,
00:11:41vous avez dit un chef de guerre qui a renversé Bachar el-Assad
00:11:44avec ses milices, pour autant on a le sentiment
00:11:46d'avoir une machine de guerre en termes de communication,
00:11:49parce que comme on l'a vu dans le sujet sur le portrait,
00:11:52il y a eu un relooking qui s'est fait du personnage.
00:11:55– Oui, c'est une opération qui a été montée
00:11:59et qui ne s'est pas préparée en 8 jours,
00:12:01et je vous en donne une preuve toute bête,
00:12:05vous avez toutes les émissions de télévision,
00:12:08tous les films qu'on a pu voir,
00:12:11on a vu dès le premier jour arriver à Damas,
00:12:15on a vu partout fleurir le nouveau drapeau syrien avec 3 étoiles.
00:12:21Est-ce que vous pensez sérieusement qu'il peut y avoir
00:12:23des centaines et des milliers de drapeaux 3 étoiles
00:12:27faits en une journée au moment de la prise de Damas ?
00:12:30Bien sûr que non, ils ont été distribués,
00:12:33on les avait préparés à l'avance et ils ont été distribués.
00:12:36Donc on voit bien que c'est une opération qui a été préparée
00:12:39dont la finalité était de prendre le pouvoir.
00:12:42– Évidemment la question qui se pose Alain Juillet,
00:12:44c'est préparer par qui ?
00:12:45– Alors, là c'est ça qui est intéressant.
00:12:48Il y a un grand vainqueur, c'est sûr, c'est le Turc, c'est Erdogan.
00:12:54Erdogan il contrôlait la zone d'Iblis,
00:12:57c'est lui qui avait imposé le savoir à Bachar et à tout le monde d'ailleurs,
00:13:03qu'il y ait une zone au nord, à la frontière de la Turquie,
00:13:06une zone dans laquelle les djihadistes puissent se réfugier.
00:13:10Alors il y avait l'accord des Russes,
00:13:11tout le monde était d'accord pour dire oui,
00:13:12on crée une zone où ils peuvent se réfugier et où ils seront tranquilles.
00:13:17Alors ils bougeront un petit peu mais on surveille les frontières, on ne rentre pas.
00:13:21C'était l'accord qui avait été passé.
00:13:23Alors c'est vrai que Bachar et ses troupes, ils ont essayé de rentrer, ça c'est sûr.
00:13:27Mais surtout Erdogan lui, qui a un million d'émigrés syriens chez lui,
00:13:33qu'est-ce qu'il dit ? Au moins un million, au moins un million.
00:13:36Qu'est-ce qu'il dit ? Il dit, ben moi je veux que ces gens-là repartent en Syrie.
00:13:40Donc lui, en aidant les djihadistes d'Al-Nostra, enfin de Manon Tariq al-Sham,
00:13:48en les aidant à prendre le pouvoir en Syrie,
00:13:52ça va lui permettre de renvoyer tous ces gens-là de l'autre côté.
00:13:55Donc pour lui, c'est une excellente opération.
00:13:58Deuxième opération qu'il ne faut pas oublier non plus,
00:14:00c'est que les Chinois avaient obtenu un accord entre les Saoudiens et les Iraniens
00:14:07pour se répartir le Moyen-Orient.
00:14:09À l'époque où il y a eu la négociation des accords d'Abraham avec les Américains.
00:14:15Les Iraniens, l'Empire Perse, si vous voulez, gardait l'Iran, l'Irak, la Syrie
00:14:22et, sous contrôle, le Liban.
00:14:26– Et les Saoudiens… – Et le Hezbollah, donc ?
00:14:27– Oui, et le Hezbollah, bien sûr, qui était dans leur mouvance,
00:14:32si vous voulez, qui était partout.
00:14:33Le Hezbollah était en Syrie, au Liban, il était partout.
00:14:37Et de l'autre côté, il y avait les Saoudiens, il y avait le Sud.
00:14:40Avec cette histoire-là, Erdogan a réussi à casser l'accord qui a été passé
00:14:45puisque lui, maintenant, c'est lui qui contrôle la Syrie.
00:14:48Erdogan étant, comme vous le savez, très proche des frères musulmans,
00:14:51s'il ne l'est pas lui-même,
00:14:53parce qu'il y a des grandes questions là-dessus depuis longtemps.
00:14:56Donc, on voit bien qu'il y a…
00:14:58– Vous dites qu'il contrôle la Syrie, il contrôle une partie de la Syrie ou… ?
00:15:01– Maintenant, il contrôle la Syrie
00:15:03puisque ils ont pris le pouvoir à Damas à travers la…
00:15:05Il est le sponsor, si je peux dire, de l'opération, c'est clair.
00:15:11Ça, c'est très clair.
00:15:12Alors après, il y a des autres qui ont fermé les yeux, bien sûr.
00:15:16Il y a une question, je m'étonne d'ailleurs qu'on n'ait pas beaucoup parlé
00:15:19ces derniers temps, enfin ces derniers jours, parce qu'elle est très importante.
00:15:22C'est la position russe.
00:15:25Parce que les Russes en Syrie, qu'est-ce qui les intéresse en Syrie ?
00:15:29Il faut dire, ce n'est pas la Syrie.
00:15:32Ce qui les intéresse en Syrie, c'est d'avoir une base navale à Tartus,
00:15:36dans le nord de la Syrie, et à côté, une base aérienne.
00:15:41Parce que ça leur permet d'avoir un port en Méditerranée,
00:15:46alors que le détroit du Bosphore est enfermé, comme vous le savez, par Erdogan.
00:15:50Ils ne peuvent plus descendre de la mer Noire vers la Méditerranée
00:15:53que pour venir par la mer Baltique, l'océan Atlantique,
00:15:57et le détroit du Bosphore, c'est très long.
00:15:58– Il est fermé par Erdogan à cause de la guerre en Ukraine.
00:16:00– Exactement.
00:16:01Alors donc, ils ont une base.
00:16:02Pour eux, c'est formidable, ils ont leur base en Méditerranée,
00:16:05qui leur permet de travailler sur la Méditerranée.
00:16:08Ils veulent la garder, bien entendu.
00:16:09Ça, pour eux, c'est important.
00:16:10– Ils l'ont évacuée, là.
00:16:12– Alors justement, de l'autre côté, ils avaient la base aérienne.
00:16:17Bon, jusqu'à maintenant, ils ont toujours dit
00:16:20qu'en Syrie, ce qu'ils voulaient défendre, c'était ça et cette zone-là.
00:16:23Quand il y avait eu des combats contre Daesh il y a quelques années,
00:16:26ils avaient bien dit à Daesh, vous faites ce que vous voulez en Syrie,
00:16:29mais vous n'approchez pas à moins de 50 km de nos bases.
00:16:32Or là, on a vu qu'ils sont en train, d'après ce qui se dit,
00:16:35ils sont en train de les évacuer.
00:16:37Donc, on peut se poser la question,
00:16:39est-ce que la Russie est tellement fatiguée, militairement parlant,
00:16:45par les efforts qu'elle fait en Ukraine,
00:16:47qu'elle ne peut plus maintenir une défense
00:16:51sur un port essentiel pour son avenir, au point de vue stratégique ?
00:16:55– Quel était l'intérêt justement de la Russie d'avoir ce port de Tartus ?
00:16:59– Parce qu'on est dans la compétition mondiale, si vous voulez,
00:17:03ou les bras de fer mondiaux entre les grandes puissances,
00:17:06en Méditerranée, tout le monde se trouve en Méditerranée.
00:17:09Vous avez les Chinois, vous avez bien sûr les Américains,
00:17:12vous avez les flottes occidentales,
00:17:15et pour les Russes, c'est bien d'avoir aussi un point
00:17:18qui permet d'avoir des bateaux, d'aller observer,
00:17:22et puis aussi de soutenir un peu des actions,
00:17:26des bateaux russes, des alliés, des alliés de la Russie.
00:17:31Donc, c'était stratégique, si vous voulez.
00:17:33Là, visiblement, il y a un gros problème.
00:17:36Alors, il reste les Américains, mais les Américains…
00:17:39– Justement, à ce sujet, je vous propose d'écouter, une fois n'est pas coutume,
00:17:42Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF,
00:17:44qui revient sur ces questions.
00:17:46– Il y a des puissances étrangères, les USA, la Turquie, Israël,
00:17:50qui jouent aux apprentis sorciers, en faisant tomber ce dictateur.
00:17:54Parce qu'aujourd'hui, en faisant ça, on voit bien que c'est pour attaquer,
00:18:02c'est pour pénaliser la Russie, affaiblir la Russie, affaiblir l'Iran.
00:18:06– Donc derrière les rebelles, il y a les Américains, les Israéliens ?
00:18:09– Oui, les Israéliens qui occupent une partie de la Syrie, sur le Golan.
00:18:13C'est aussi pour affaiblir le peuple palestinien,
00:18:16dans son combat pour son peuple.
00:18:19Et donc, c'est un billard à deux bandes extrêmement dangereux
00:18:22qui est en train de se passer là-bas.
00:18:24– Alors, il évoque ce grand bloc, enfin, occidental, entre guillemets,
00:18:33j'allais dire les États-Unis et Israël.
00:18:35Pour vous, quels sont les intérêts américains en Syrie ?
00:18:38– Alors, je crois qu'il faut bien différencier,
00:18:42on ne peut pas dire les intérêts américains,
00:18:45il faut dire les intérêts du clan Biden ou les intérêts du clan Trump.
00:18:48– Vous avez raison, bonne distinction, absolument.
00:18:51– Là aussi, il y a quelque chose qui se passe, mais c'est partout pareil actuellement.
00:18:54Les néoconservateurs, qu'il soit le clan Biden,
00:18:58il est entre les mains des néoconservateurs.
00:19:01Les néoconservateurs américains voulaient la guerre à outrance en Ukraine et partout.
00:19:06Donc, on voit qu'avant la fin du mandat de Biden,
00:19:10ils sont en train de se déchaîner partout.
00:19:12On reviendra, si vous voulez, dans la partie nord de l'Europe.
00:19:15Ils sont en train de se déchaîner partout.
00:19:17Ils veulent, en définitive, eux, ce qu'ils voudraient,
00:19:20c'est créer l'irrémédiable.
00:19:22Si ils pouvaient aller jusqu'à une guerre généralisée, ça ne les dérangerait pas.
00:19:27Ils sont dans un processus terrible.
00:19:30– Jusqu'au bouddhiste, quoi.
00:19:31– Jusqu'au bouddhiste.
00:19:32Et dans le même temps, vous avez l'autre clan, le clan Trump,
00:19:35qui lui dit, moi, je n'en ai rien à faire, ça ne m'intéresse pas.
00:19:39Vos histoires de Syrie, ça ne m'intéresse pas,
00:19:43parce que ce n'est pas le problème de l'Amérique.
00:19:45On ne va pas se mettre là-dedans, ce n'est pas notre problème.
00:19:47– À l'annonce de la chute de Bachar el-Assad, il a fait un tweet,
00:19:50comme toujours, assez long, et la fin a été,
00:19:52la Syrie est un désastre mais elle n'est pas notre amie
00:19:55et les États-Unis ne devraient pas s'en occuper,
00:19:57ce n'est pas notre combat, laissons-les se débrouiller,
00:20:00ne vous impliquez pas.
00:20:01– Exactement.
00:20:02On voit bien les deux positions, si vous voulez,
00:20:05ceux qui sont les jusqu'au bouddhistes qui disent,
00:20:08on y va, on fait la guerre et tout, et les autres.
00:20:11Et alors, dans le clan des jusqu'au bouddhistes, bien entendu,
00:20:14on a Benjamin Netanyahou, qui fait des choses invraisemblables.
00:20:21Alors, il en a profité, si on regarde les choses froidement, si vous voulez.
00:20:26La Syrie s'éloigne de chez lui, à part le Golan,
00:20:29il n'a pas de frontières avec la Syrie.
00:20:31La Syrie n'a jamais attaqué Israël, les commandos du Hezbollah,
00:20:35oui, ont attaqué Israël, mais jamais la Syrie, jamais.
00:20:41Bon, or, qu'est-ce qu'on découvre ?
00:20:43Alors, avant, ils attaquaient en Syrie les gens du Hezbollah.
00:20:46Mais là, on découvre qu'ils ont attaqué 75 cibles, hier ou avant-hier,
00:20:52des bateaux et des systèmes de défense de la marine syrienne.
00:20:56Excusez-moi, quel est le rapport avec tout ce qu'on vient de dire ?
00:21:00En réalité, c'est pour détruire un pays qui est à côté.
00:21:04C'est absolument illégal, ce qu'ils font.
00:21:06Il n'y a aucune motivation pour pouvoir le faire.
00:21:08Quand ils tapent sur les usines chimiques en disant,
00:21:11ils n'ont jamais, les Syriens n'ont jamais mis,
00:21:15n'ont jamais utilisé du chimique contre Israël.
00:21:20Bon, et qui vous dit, si le Hezbollah est si gentil,
00:21:24enfin, si Al-Jolani est si gentil qu'on le dit,
00:21:27mais il ne va pas utiliser les chimiques.
00:21:30Ou alors, ce qu'on me racontait, pas vrai.
00:21:32Vous voyez ?
00:21:33Donc là, il y a une, et on découvre d'ailleurs,
00:21:36j'entendais hier que sur le Golan, le plateau du Golan,
00:21:41qui a été déjà récupéré par Israël à la suite d'une guerre précédente.
00:21:46– C'est un territoire qui est discuté encore.
00:21:49– Comment ?
00:21:50– Qui est annexé, mais qui est discuté.
00:21:51– Oui, il y avait une zone tampon.
00:21:52Pour qu'il n'y ait pas de problème entre les Syriens et les Israéliens,
00:21:55il y avait une partie récupérée par Israël,
00:21:58et il y avait une partie tampon où personne ne devait aller.
00:22:01Qu'est-ce qu'il a fait ?
00:22:02Il a occupé toute la zone tampon avec son armée.
00:22:04Donc il vient encore d'annexer des territoires syriens,
00:22:07sans rien dire à personne.
00:22:08Il a fait une annexion, ce qui est totalement illégal,
00:22:11et il n'y a aucune raison.
00:22:13Donc, vous voyez, et derrière ça en plus,
00:22:16il y a, au-delà de la position américaine…
00:22:18– Donc là, si on reste juste sur cette question du Golan,
00:22:21typiquement, Israël voit plutôt son intérêt
00:22:24dans la chute de Bachar al-Assad pour récupérer ses territoires.
00:22:26– Mais bien entendu.
00:22:28Seulement Israël, qui connaît quand même mieux le Moyen-Orient
00:22:31que, visiblement, nos diplomates…
00:22:34– Ce n'est pas difficile.
00:22:36– Oui, ce n'est pas difficile, vous me direz.
00:22:38Israël sait très bien qu'avec Al-Jolani, il y a un risque.
00:22:42Et il sait très bien qu'avec Erdogan,
00:22:45avec qui ils ont des relations des fois très bonnes,
00:22:47des fois très mauvaises, ça aussi, selon les époques,
00:22:50mais qui est un frère musulman, il faut faire attention.
00:22:53Donc, on voit bien qu'eux, ils font du préventif.
00:22:57Israël est en position préventive,
00:22:59et en profite pour conforter ses positions.
00:23:02Mais ce n'est pas, sur le plan de la logique
00:23:06des relations internationales, c'est inacceptable.
00:23:09– Si je peux me permettre, on a le sentiment quand même
00:23:11qu'Israël et les États-Unis ont plutôt favorisé
00:23:15l'émergence d'Al-Jolani à la tête de la série.
00:23:19– Oui, bien sûr, mais ils n'ont pas favorisé.
00:23:22Ils ont laissé faire.
00:23:24Quand on allait à Iblis, c'était une zone djihadiste.
00:23:28Bon, la moindre des choses, il y a la charia à Iblis,
00:23:31on applique la charia, c'est une zone islamique,
00:23:35mais avec un accord quasiment général.
00:23:38Bon, il est évident qu'on l'a laissé faire,
00:23:43et on était à côté.
00:23:46Les Américains, ils ont des forces américaines là-bas.
00:23:50Alors, on vous dit, les forces américaines
00:23:52sont vers la frontière irakienne, vers Deir el-Zor.
00:23:56Bon, moi, ce que j'aimerais qu'on dise,
00:23:58c'est qu'à côté, il y a des puits de pétrole
00:24:00qui sont exploités par des sociétés américaines.
00:24:03Dans la totale illégalité, parce qu'on est dans un pays souverain,
00:24:08la Syrie, et il y a des compagnies qui exploitent
00:24:12sans l'accord du gouvernement central syrien,
00:24:15qui exploitent des puits de pétrole au profit de compagnies américaines.
00:24:18– Pas qui exploitent, là, vous pensez que ça va se poursuivre ?
00:24:21– Non, ça va être intéressant de voir ce qui se passe.
00:24:23Parce que si ça continue et que les troupes américaines
00:24:27dans le coin restent comme ça,
00:24:29on peut se dire que dans ces conditions-là,
00:24:31ça veut dire qu'il y a eu des accords, effectivement,
00:24:33comme le disait M. Roussel,
00:24:35il y a un accord, tacite ou pas, entre les Américains,
00:24:39les Israéliens, les Turcs et les envahisseurs.
00:24:43Donc si vous voulez, c'est extrêmement compliqué.
00:24:46Et alors, là-dedans, nous, on a tout intérêt.
00:24:49Trump, il a raison.
00:24:51Devant la complexité et les règlements de compte
00:24:53qu'il peut y avoir là-dedans, il ne faut surtout pas s'en mêler.
00:24:55– Enfin, si je peux me permettre, Trump est américain,
00:24:57nous, on est européens et les risques pour l'Europe
00:24:59ne sont pas les mêmes que pour les États-Unis.
00:25:00– Ah mais bien sûr.
00:25:01– Notamment en matière migratoire.
00:25:02– Ah mais c'est clair.
00:25:03Mais c'est bien, c'est pour ça que je vous disais tout à l'heure,
00:25:06attention sur le plan migratoire,
00:25:08même si nos pays européens pensent qu'ils vont pouvoir,
00:25:12ils l'ont fait dans plein de pays, ils ont annoncé que ça y est,
00:25:14qu'ils allaient arrêter les visas,
00:25:16qu'ils allaient renvoyer les émigrés en Syrie,
00:25:20mais risque d'avoir une autre vague d'émigrés qui vont arriver.
00:25:23Les chrétiens d'Orient qui vivent,
00:25:25les chrétiens, les juifs, les sunnites qui ne sont pas djihadistes,
00:25:29et ainsi de suite.
00:25:30– Et peut-être des djihadistes dans les vagues…
00:25:33– Alors que dans les libérations, effectivement, dans les prisons,
00:25:37alors là, c'est vrai que les prisons syriennes, c'était terrible,
00:25:41bon, il y a des quantités de gens qui ont été libérés,
00:25:44il y avait des droits communs,
00:25:46mais il y a aussi des gens qui étaient des djihadistes solides et convaincus,
00:25:51et que ces gens-là, ils sont libres et qu'on ne sait jamais,
00:25:54on pourrait les retrouver chez nous.
00:25:56– Parlons de prison, tiens, justement,
00:25:58Al Joulani a fait un séjour en prison, justement,
00:26:01dans une prison américaine, en Irak.
00:26:05Est-ce que finalement, des rapprochements auraient pu se faire ?
00:26:08Parce que c'est quelque chose qu'on peut entendre.
00:26:12– Écoutez, dans les prisons américaines en Irak,
00:26:17on voit avec tout ce qui s'est passé, tout ce qu'on sait maintenant,
00:26:20on sait que ce qui s'est passé surtout,
00:26:22c'est que les prisonniers ont subi des mauvais traitements
00:26:27de la part des Américains, programmés, organisés,
00:26:30enfin, il y a eu là-dessus beaucoup de choses.
00:26:32– Ça n'a pas fait les gros titres,
00:26:33comme pour les prisons de Bachar el-Assad, on vous le noterait.
00:26:35– Oui, mais justement, si vous voulez, dans ces cas-là,
00:26:39comme toujours dans ces histoires-là, ça a soudé les gens qui y étaient.
00:26:43À l'intérieur, les prisonniers se serraient les coudes,
00:26:46dans des cas pareils, ils se serrent les coudes.
00:26:48Et donc ils se sont fait amis, c'est ce qu'on disait,
00:26:51Al Joulani, c'est comme ça qu'il a connu…
00:26:53– Il a rencontré Al-Baghdadi d'ailleurs.
00:26:55– Al-Baghdadi, qui est mort, je le rappelle, à Idlib,
00:26:57parce que l'attaque contre Al-Baghdadi, ça a été fait à Idlib.
00:27:00Donc il était là-bas, il vivait là-bas,
00:27:02alors il ne vivait pas là-bas par hasard,
00:27:04ils étaient tous repliés là-bas.
00:27:07Alors on a tué Al-Baghdadi, on en a tué un autre derrière,
00:27:11mais Al Joulani a échappé.
00:27:13Alors effectivement, c'est la question que vous posiez tout à l'heure,
00:27:16qu'on peut se poser, on s'est dit, est-ce qu'Al Joulani,
00:27:19ce sympathique garçon qu'on voit maintenant là,
00:27:22est-ce qu'il est resté un vrai, ou est-ce qu'il est manipulé,
00:27:26ou on le tient, ou que certains pays le tiennent ?
00:27:29C'est possible, lesquels, on ne sait pas.
00:27:33Ou alors, est-ce qu'on va le voir dans un an, dans deux ans, dans trois ans,
00:27:37il va ressortir sous son vrai visage.
00:27:39Mais ça sera trop tard.
00:27:41Vous savez, moi ça me rappelle l'Afghanistan,
00:27:43quand on nous a dit, les talibans reprennent le pouvoir,
00:27:45mais ne vous inquiétez pas, ils vont être très gentils.
00:27:47– Ça va bien se passer.
00:27:48– Vous avez vu ce qu'il se passe.
00:27:49Les femmes, maintenant, il n'y a plus question
00:27:51des écoles, des trucs, c'est fini, tout est réglé.
00:27:53Bon, au départ, ils disaient, mais non, on est très ouvert.
00:27:56Regardez, deux ans après, regardez le résultat.
00:27:59On est d'une naïveté confondante.
00:28:01– Vous disiez tout à l'heure qu'on ne pouvait pas dire les américains,
00:28:04parce qu'il y avait d'un côté les néo-conservateurs,
00:28:06d'ailleurs pas qu'américains, puisque vous l'avez très justement rappelé,
00:28:09on peut mettre Netanyahou dedans,
00:28:11et les non-interventionnistes, on va dire,
00:28:14plutôt que les isolationnistes.
00:28:16De l'autre, Donald Trump va bientôt revenir à la maison blanche,
00:28:19mais il ne faut pas oublier qu'il y est allé, déjà.
00:28:21Pendant son mandat, il a effectivement ramené les soldats américains
00:28:25qui étaient en Syrie.
00:28:27Pour autant, une grande partie d'entre eux a été remplacée
00:28:30par des sociétés paramilitaires.
00:28:32Pas vraiment un retrait du pays ?
00:28:35– Non, mais il faut bien voir aussi la situation, si vous voulez.
00:28:39Quand Trump est arrivé au pouvoir la première fois,
00:28:42il a fait une erreur, semble-t-il, d'après ce qu'on dit moins maintenant.
00:28:46C'est qu'il n'a pas véritablement remplacé tout le monde.
00:28:50Le spoil système américain, vous savez,
00:28:52qui consiste à remplacer tous les responsables par des responsables de votre camp,
00:28:56eh bien, il a fait les remplacements,
00:28:58mais avec des gens qui n'étaient pas totalement fiables pour lui,
00:29:02c'est-à-dire qui ne jouaient pas le jeu avec lui.
00:29:04Donc, Trump, pendant tout son mandat,
00:29:06il a eu des difficultés pour pouvoir obtenir que son administration le suive.
00:29:12Et ça, c'est très important, parce que maintenant,
00:29:14quand il vient d'arriver, là, on voit qu'il annonce des changements,
00:29:18alors évidemment, qui surprennent tout le monde,
00:29:20mais en réalité, qu'est-ce qu'il met ?
00:29:22Il met à la tête, à toutes les têtes d'ailleurs,
00:29:24il met des gens sur lesquels il a une confiance absolue.
00:29:28Comme ça, il est sûr que les ordres qu'il aura sont faits.
00:29:31Et entre parenthèses, on a connu ça en France en 81,
00:29:34et bien sûr, beaucoup de gens ne s'en souviennent plus, il y a bien longtemps déjà,
00:29:38mais quand le président Mitterrand est arrivé,
00:29:40il a viré, il n'y a pas d'autre terme,
00:29:43tous les gens qui étaient dans des postes importants.
00:29:45Il a fait un spoil système à l'américaine terrible.
00:29:48On ne pouvait pas avoir un poste important dans l'administration française
00:29:52si on n'était pas socialiste, à l'époque, du front du programme commun.
00:29:57Et tout le monde a trouvé ça normal en disant,
00:30:00ils arrivent, c'est la première fois qu'ils sont au pouvoir depuis très longtemps,
00:30:03ils mettent des gens à eux pour être sûr que ça va se faire.
00:30:06Normal !
00:30:07L'erreur qu'ont souvent fait les gouvernants en France comme ailleurs,
00:30:11c'est qu'on ne va pas jusqu'au bout de la démarche,
00:30:14et qu'ensuite, quand vous voulez faire changer les choses,
00:30:17l'administration bloque en disant,
00:30:20mais nous, monsieur, on ne veut pas.
00:30:22Ou plus vicieusement, ils ne vous disent pas, on ne veut pas, mais ils ne font pas.
00:30:26En France, on a des exemples tout le temps, c'est clair, il n'y a qu'à regarder.
00:30:31Alors, justement, il serait intéressant de voir ce que fait Trump,
00:30:35parce que Trump, en disant, je change tout le monde,
00:30:38il dit, je me donne pour 3 ans la certitude de pouvoir faire la politique que je veux,
00:30:44j'ai les votes, j'ai le pouvoir au Sénat des représentants,
00:30:48j'ai le pouvoir au Sénat et j'ai le pouvoir dans l'administration.
00:30:52– Alors, à ce sujet, justement, beaucoup de commentateurs ont estimé que,
00:30:57et on le sait, Donald Trump a fait de nombreuses déclarations,
00:31:0013 en faveur d'Israël et de Benjamin Netanyahou,
00:31:03vous avez fait tout à l'heure un rapprochement qui s'explique très bien,
00:31:07entre les néo-conservateurs américains et Benjamin Netanyahou,
00:31:11par conséquent, comment lire le jeu de Trump sur cette question ?
00:31:15Typiquement, dans la question syrienne, le rôle d'Israël est important,
00:31:20notamment pour cette affaire de plateau du Golan qui peut conférer à Israël
00:31:24une certaine profondeur stratégique, il n'y en a pas,
00:31:28comment voyez-vous cela, justement ?
00:31:30– Si vous voulez, Netanyahou, au départ, c'était une guerre contre le Hamas,
00:31:38dans un deuxième temps, on voit que c'est une guerre
00:31:41où il essaie d'éliminer ou d'affaiblir
00:31:44tous ceux qui sont les ennemis d'Israël dans la région.
00:31:48La seule limite, c'est effectivement l'Iran,
00:31:52parce que sur l'Iran, il ne peut pas se comporter comme ailleurs,
00:31:55parce qu'on l'a découvert avec le deuxième tir de missiles sur Israël,
00:32:03l'Iran a des capacités de riposte.
00:32:06Oui, mais c'est très important, si vous voulez.
00:32:09Jusque-là, personne, regardez, les Israéliens,
00:32:12ils envoient les bombardiers et puis on touche des radars,
00:32:16des installations de la marine, on tourne voir des usines,
00:32:20on attaque au Liban, personne ne peut faire face.
00:32:23– Mais l'Iran peut faire face. – Sauf l'Iran.
00:32:26– Ça c'est un point très intéressant, pardon de vous interrompre,
00:32:29mais on sait qu'Israël est une puissance nucléaire,
00:32:32même si ils n'ont pas ratifié les accords de non-prolifération
00:32:35des armes nucléaires, l'Iran, on connaît tous les déboires,
00:32:38j'allais dire, des accords sur le nucléaire,
00:32:40dont Trump a voulu s'extirper, d'ailleurs, lors de son premier mandat.
00:32:43– Ah oui, mais c'est clair.
00:32:44– In fine, au vu de ce que vous êtes en train de m'expliquer,
00:32:46l'un juillet, si l'Iran n'avait pas fait le choix
00:32:48de continuer son programme nucléaire,
00:32:50on pourrait considérer qu'il y aurait eu un véritable embrasement
00:32:53dans la région, puisqu'Israël aurait eu les coups d'effort.
00:32:56– Je crois, je l'ai révélé, sur l'Iran, quand je vais vous dire ça,
00:33:02parce que je me méfie toujours de l'interprétation,
00:33:04je ne suis pas en train de vous dire que l'Iran est un pays merveilleux,
00:33:07et tout ça, pas du tout.
00:33:08Je pense à un système avec les Molas,
00:33:10le système des Molas est un système qui est en train de mourir,
00:33:13ça ne marche plus, la théocratie ugrainienne ne marche plus,
00:33:16qu'il faut attendre la prochaine étape,
00:33:18ce sera les Pasdaran qui prendront le pouvoir,
00:33:20enfin, c'est ma conviction,
00:33:22parce que c'est le seul corps suffisamment organisé
00:33:25pour pouvoir remplacer les Molas,
00:33:27et qu'en ayant tué Souleimani, qui était le chef des Pasdaran,
00:33:31un deuxième, puis ensuite l'Israélien…
00:33:33– Les Pasdaran, c'est les gardiens de la Révolution.
00:33:35– Oui, les gardiens de la Révolution.
00:33:36Et quand on a tué, dans le consulat, on en a tué deux de plus,
00:33:40bon, on a tué en définitive les chefs des Pasdaran,
00:33:44donc on a retardé la possibilité de prise du pouvoir par les Pasdaran en Iran.
00:33:49Donc on a fait en définitive les tirs faits par Israël,
00:33:52et les attentats, l'attentat fait contre Souleimani,
00:33:56en réalité n'ont fait que retarder un processus,
00:33:59et je pense que les victimes, c'est le peuple iranien, c'est clair, comme moi.
00:34:04Bon, ça c'est un premier point, si vous voulez, important.
00:34:07Mais derrière, pour aller sur votre question,
00:34:11et le sens de votre question,
00:34:16l'Iran a toujours dit, il faut lire aussi un peu,
00:34:20il n'a jamais… alors, il faut faire la part des choses,
00:34:23il y a les déclarations dans tous les pays arabes, il y a l'emphase,
00:34:27alors on vous annonce l'élimination, l'anéantissement et tout,
00:34:30mais ce sont des paroles, paroles, paroles, comme il y a la chanson.
00:34:34En réalité, on voit très bien que l'Iran veut l'arme nucléaire
00:34:38parce qu'elle veut avoir une arme dissuasive,
00:34:41parce qu'autour d'elle, vous avez la Turquie,
00:34:46l'arme nucléaire par les Américains,
00:34:49le Pakistan, l'arme nucléaire toute seule,
00:34:52l'Inde, l'arme nucléaire toute seule,
00:34:55l'Israël, l'arme nucléaire toute seule,
00:34:58en définitive, toutes les grandes puissances de la région
00:35:01ont l'arme nucléaire, sauf nous.
00:35:03Pourquoi nous, on n'aurait pas le droit de l'avoir ?
00:35:05Et entre parenthèses, les Saoudiens disent rigoureusement la même chose.
00:35:09Ce qu'il y a, c'est que les Iraniens ont commencé à faire la bombe,
00:35:12à construire, à créer le matériel, l'uranium,
00:35:16à préparer l'uranium pour la faire,
00:35:18alors que les Saoudiens, ils n'ont pas encore commencé.
00:35:22On voit bien que ce problème de la bombe, c'est un problème important,
00:35:25mais ce n'est pas le problème majeur,
00:35:27le problème, c'est de pouvoir répondre aux Israéliens.
00:35:30Alors quand vous voyez, c'est ce que je vous disais,
00:35:32dans le dernier tir qui a eu lieu,
00:35:34le tir qui a eu lieu, vous savez,
00:35:36de 180 missiles iraniens sur Israël,
00:35:41– Où les Américains avaient, semble-t-il, été prévenus avant.
00:35:45– Oui, bien sûr, et ils ont fait ce qu'on appelle un tir en saturation,
00:35:49c'est-à-dire qu'ils ont choisi trois objectifs.
00:35:52Les trois objectifs, ils ont tiré un groupe important de missiles,
00:35:56ils mettaient ce qu'il y a en 180, 60 de chaque côté,
00:35:59or le dôme de fer ne peut pas toucher tous les missiles.
00:36:04Quand on fait un tir de saturation, et on sait,
00:36:07alors, selon les indications qu'il y a,
00:36:11les informations qu'il y a d'un côté ou d'un autre,
00:36:14il semble bien qu'à peu près 30% des missiles soient passés.
00:36:17Ça fait pas mal, hein ?
00:36:19Ça fait une soixantaine qui ont touché,
00:36:22donc ça veut dire qu'ailleurs les Israéliens, avec raison,
00:36:25ont interdit les films, les photos,
00:36:27tout ce qu'il peut y avoir sur les trois sites.
00:36:29– Bien sûr.
00:36:30– La base de F-35, la base de F-16 et le site du Mossad.
00:36:34Ils ont interdit sous peine de prison.
00:36:36Il y a un journaliste qui est en prison pour ça.
00:36:39Ils ont interdit de parler de ça et de montrer quoi que ce soit.
00:36:42Mais qu'est-ce qui s'est passé après le tir ?
00:36:44C'est ça qui est intéressant, on n'en a pas parlé.
00:36:48Netanyahou qui a compris, lui, et qui a dit,
00:36:51mais attends, si on va les attaquer à Natanz ou ailleurs,
00:36:54ils vont répliquer avec des missiles, ils en ont encore 700,
00:36:58ils vont répliquer et ils peuvent nous faire un tort énorme.
00:37:01Imaginez une seconde si 180 missiles en même temps
00:37:05arrivent sur leur centrale nucléaire de Dimona,
00:37:09là où on fait les bombes atomiques en Israël.
00:37:13Qu'est-ce qui se passe s'il y en a 30% qui passent ?
00:37:18Et c'est ça, c'est ce que Netanyahou a compris après le tir.
00:37:22Et la preuve qu'il a compris, c'est qu'il a demandé,
00:37:25le surlendemain aux États-Unis,
00:37:27deux systèmes de missiles antimissiles à haute altitude
00:37:31pour compléter le dôme de fer et tirer encore plus haut les missiles qui arrivent.
00:37:36Et les Américains ont dit oui.
00:37:38Mais le temps de les livrer, ce n'est pas en un jour.
00:37:41– Bien sûr.
00:37:42– Ce qui explique pourquoi la réplique israélienne à ce tir
00:37:45a été extrêmement mesurée.
00:37:48– Modérée, encore modérée.
00:37:49– Et pour cause.
00:37:50– Bien sûr.
00:37:51– Donc si vous voulez, tout ça, il y a à la fois une puissance colossale d'Israël,
00:37:58mais d'un autre côté, il y a un déséquilibre qui s'est créé sur certains points
00:38:03qui fait qu'il va falloir penser…
00:38:05Alors, Trump là-dedans, il a un gendre, Jared.
00:38:10– Jared Kushner.
00:38:11– Jared, avec sa fille favorite, si je peux dire, qui lui sert de conseillère.
00:38:16Jared, il est très proche de Netanyahou.
00:38:19C'est lui qui a négocié les accords d'Abraham, l'union de tous les pays autour d'Israël.
00:38:27Il a un deuxième gendre qui est libanais.
00:38:29Les gens ne savent pas ça.
00:38:30Il y a une fille qui a épousé un Libanais.
00:38:32Autant vous dire que le Libanais, lui, il n'est pas pro-israélien.
00:38:36Parce que lui, ce qu'il dit, c'est regardez ce qu'ils ont fait de mon pays.
00:38:40Il n'est peut-être pas non plus pour le Hezbollah, c'est probable d'ailleurs.
00:38:43C'est certain même.
00:38:44Mais donc, Trump, il est tiraillé d'une part.
00:38:49Et Trump, on voit très bien, ce qu'il veut, c'est la paix.
00:38:53Parce que Trump, il veut la paix en Ukraine, on va en parler.
00:38:56Il veut la paix au Moyen-Orient pour pouvoir se consacrer à la Chine.
00:39:00Il l'a toujours dit.
00:39:01Ce n'est pas un secret, il l'a dit.
00:39:03Donc il veut la paix.
00:39:05Or, qu'est-ce qu'on voit ?
00:39:07Les pays arabes ont dit, récemment,
00:39:10nous, on est prêts à faire la paix dans le coin.
00:39:13On fait une paix générale.
00:39:14Mais attention, il faut un État palestinien
00:39:18et avec la protection des lieux saints à Jérusalem.
00:39:21En gros, il faut un État palestinien avec la capitale à Jérusalem.
00:39:26Est-ce que Trump, pour avoir la paix avec tous ces pays-là,
00:39:31est prêt à aller jusque-là ?
00:39:33Moi, je crois que c'est le seul, en tout cas, qui pourrait l'imposer aux Israéliens.
00:39:37Parce qu'il a la force, à tout point de vue,
00:39:40de dire, c'est comme ça.
00:39:42Et comme il est ami des Israéliens, y compris de Netanyahou,
00:39:45si les États-Unis leur disent, la solution, c'est celle-là,
00:39:49et on va organiser quelque chose pour le faire,
00:39:51on peut arriver.
00:39:52Il y a probablement une solution.
00:39:53Ce serait s'il arrêtait de livrer des armes pour continuer d'alimenter la guerre.
00:39:55Exactement.
00:39:56Et les Saoudiens ont dit, si on fait ça,
00:40:00nous, on est prêts à aller assurer la sécurité de la frontière.
00:40:04Les Français, vous avez vu le Président français,
00:40:07après avoir vu le Saoudien, c'est un signe aussi.
00:40:10Le Président français, dans l'affaire,
00:40:12il essaie de se raccrocher à ce qui se passe, pour exister.
00:40:14Oui, c'est parce qu'il doit avoir des signes dans ce que fait le Président français.
00:40:16Voilà, donc il a eu des signes en Arabie Saoudite,
00:40:19et qu'il dit, je ne veux pas être en dehors de la partie
00:40:21pour montrer que je suis important.
00:40:23Alors il dit, moi aussi, j'en serai.
00:40:25Donc, on voit que c'est en train de bouger.
00:40:28Déjà, c'est en train de bouger.
00:40:30J'aimerais très rapidement qu'on évoque un point
00:40:32qu'on n'a pas encore évoqué.
00:40:34C'est le facteur, j'allais dire, interne de la Syrie
00:40:37qui a permis la chute de Bachar el-Assad,
00:40:39c'est-à-dire son affaiblissement interne.
00:40:41Et j'aimerais qu'on écoute pour cela Didier Billon,
00:40:43il est le directeur adjoint de l'IRIS.
00:40:45Ce qu'on constate, c'est que nulle part,
00:40:47il y a eu des combats, une véritable résistance
00:40:49de l'armée fidèle, prétendue fidèle à Bachar el-Assad.
00:40:53Mais cela a un sens, ce n'est pas uniquement
00:40:55du point de vue militaire qu'il faut raisonner.
00:40:57C'est le fait que ce clan à l'Assad
00:41:01était en fait comme en état d'apesanteur,
00:41:03qu'il n'avait plus strictement aucune base sociale
00:41:06et que de ce point de vue, les soldats
00:41:08qui lui étaient souhaitant rester fidèles
00:41:10se sont littéralement débandés
00:41:12parce qu'ils n'avaient pas envie de se faire tuer
00:41:14pour un pouvoir qui en réalité n'existait quasiment plus.
00:41:17La situation de l'économie syrienne est apocalyptique.
00:41:21Nous considérons qu'à minima,
00:41:2380% des Syriens sont sous le seuil de pauvreté.
00:41:26Par ailleurs, une bonne partie des infrastructures,
00:41:29les bâtiments qui servent à la vie quotidienne
00:41:31ont été détruits par la guerre civile,
00:41:33par les bombardements nombreux
00:41:35depuis maintenant 2011-2012.
00:41:37Donc c'est un pays martyr, c'est un pays à genoux.
00:41:46Alors ce point, ça me fait penser à un point
00:41:48qui me semble crucial, c'est celui des sanctions.
00:41:51La Syrie vit sous le régime de sanctions
00:41:53depuis extrêmement longtemps.
00:41:55Ça fait forcément écho à d'autres conflits,
00:41:57on y reviendra après.
00:41:59Est-ce que finalement,
00:42:01ce n'est pas la guerre économique qui a tué la Syrie
00:42:03avant la guerre conventionnelle ?
00:42:05Mais bien sûr.
00:42:07Bien sûr, vous avez tout à fait raison.
00:42:09On a connu ça ailleurs, dans d'autres cas.
00:42:11Le blocus économique,
00:42:13quand il avait été appliqué par exemple à l'Irak,
00:42:15les gens n'avaient rien.
00:42:17Ils crevaient la faim.
00:42:19Il n'y avait plus de médicaments.
00:42:21Les gens mouraient parce qu'il n'y avait pas de médicaments.
00:42:23Avec la Syrie, c'est exactement la même chose.
00:42:25Les sanctions sur la Syrie étaient telles
00:42:29que c'était extrêmement difficile,
00:42:31à part, comme toujours,
00:42:33pour la bonne société
00:42:35qui arrive toujours à trouver les moyens financiers,
00:42:37les combines pour s'approvisionner.
00:42:39– Ou pour partir.
00:42:41– Oui, bien sûr.
00:42:43Mais sinon, la population en général,
00:42:45elle souffre depuis dix ans,
00:42:47plus de dix ans,
00:42:49elle souffre des sanctions,
00:42:51c'est-à-dire qu'elle n'a rien.
00:42:53Quand les eaux ont été reconstruites,
00:42:55si vous voulez, c'est bien gentil,
00:42:57mais si vous n'avez pas d'engrais
00:42:59pour faire pour les sols,
00:43:01l'agriculture ne produit pas beaucoup.
00:43:03Si vous n'avez pas de produits pour faire de l'industrie,
00:43:05votre industrie ne produit pas beaucoup.
00:43:07En définitive,
00:43:09les sanctions ont tellement appauvri le pays
00:43:11que le pays y tenait.
00:43:13Je ne suis pas tout à fait d'accord avec lui.
00:43:15Le pays y tenait, mais il tenait mal,
00:43:17si vous voulez, parce que les gens étaient malheureux.
00:43:19– Et ça provoque évidemment une colère
00:43:21et donc une défiance à l'égard du pouvoir,
00:43:23petit à petit, qui est de plus en plus importante.
00:43:25– Exactement, oui, mais attention,
00:43:27parce que comme je vous l'ai dit,
00:43:29sur là, on a toujours fait l'erreur
00:43:31de croire que le peuple syrien était uni.
00:43:33Ce n'est pas vrai contre Bachar,
00:43:35ce n'est pas vrai du tout.
00:43:37Toutes les minorités ont soutenu Bachar
00:43:39depuis le premier jour,
00:43:41parce qu'elles ne voulaient pas tomber
00:43:43entre les mains d'Al-Qaïda, il ne faut pas l'oublier.
00:43:45Donc si vous voulez, même encore aujourd'hui,
00:43:47les juifs, les chrétiens et les autres,
00:43:49les baïistes, ceux-là, ils vont vous dire
00:43:51qu'ils n'étaient pas prêts
00:43:53à laisser rentrer Al-Qaïda ou autre.
00:43:55Bon, ce qui s'est passé,
00:43:57c'est qu'en définitive,
00:43:59ce qu'on voit,
00:44:01c'est que l'armée syrienne,
00:44:03elle n'a plus de moyens,
00:44:05comme le reste, parce qu'elle n'avait pas
00:44:07de moyens de s'approvisionner.
00:44:09Donc quand elle voit arriver en face d'elle
00:44:11des gens qui ont des chars,
00:44:13alors fournis par qui les chars ?
00:44:15Parce qu'il faudrait poser la question.
00:44:17Les djihadistes des Biblies,
00:44:19ils avaient des chars.
00:44:21Il serait intéressant de regarder l'origine des chars.
00:44:23Ils viennent de Turquie.
00:44:25La Turquie est dans l'OTAN.
00:44:27Ça vient d'où ?
00:44:29– Ça vient d'où alors ?
00:44:31– Ben justement,
00:44:33je n'ai pas encore la réponse.
00:44:35C'est tout ça qu'on voit apparaître.
00:44:37C'est comme le drapeau qui a fait le drapeau.
00:44:39– Il y a aussi la question des armes
00:44:41qui peuvent être fournies à ces milices.
00:44:43Il faut encore savoir les utiliser.
00:44:45On est tous les jours avec la question ukrainienne.
00:44:47– Ben oui, il faut apprendre aux gens à s'en servir.
00:44:49On est bien d'accord.
00:44:51Donc il peut y avoir soit des techniciens qui accompagnent.
00:44:53Ça arrive.
00:44:55Soit on les a formés.
00:44:57Mais ça veut dire que quelqu'un les a formés.
00:44:59Et où ? Et quand ?
00:45:01L'armée était incapable de tenir devant
00:45:03des gens qui, en face,
00:45:05avaient des moyens de moyens lourds.
00:45:07Et ils allaient très vite.
00:45:09C'est une guerre éclair.
00:45:11Celle de Al-Jolani, c'est une guerre éclair.
00:45:13Mais une guerre éclair, parce qu'en face,
00:45:15ils n'étaient pas capables de résister.
00:45:17C'est clair.
00:45:19Bon. Et alors, qu'est-ce qui s'est passé derrière ?
00:45:21Et ça, c'est la fin du système.
00:45:23À un moment, Bachar, quand il a vu
00:45:25que les Russes ne le défendaient pas,
00:45:27quand il a vu que l'Hezbollah
00:45:29ne pouvait plus le défendre… – Ne le défendait plus, peut-être.
00:45:31– Ah non, je pense que oui.
00:45:33Les Russes auraient pu intervenir
00:45:35quand les autres sont sortis d'Iblid
00:45:37pour attaquer Alep.
00:45:39D'abord Alep.
00:45:41Je vous rappelle que
00:45:43la première guerre pour Alep,
00:45:45les Russes étaient intervenus
00:45:47avec des bombardements,
00:45:49avec leurs troupes, avaient bloqué Alep,
00:45:51avaient fait un couloir
00:45:53pour que les djihadistes puissent partir d'Alep
00:45:55pour ne pas livrer bataille dans la ville.
00:45:57Et rejoignent Iblid.
00:45:59Enfin, il y avait toute une organisation.
00:46:01Là, ils n'ont absolument rien fait. Ils ont laissé passer.
00:46:03– Selon vous, qu'est-ce qu'ils expliquent ?
00:46:05– Je pense que d'abord,
00:46:07la plupart de leurs troupes
00:46:09sont occupées actuellement avec l'Ukraine.
00:46:11La Russie, ce n'est pas une très grande puissance.
00:46:13Il ne faut pas non plus oublier.
00:46:17Ils sont très occupés avec l'Ukraine.
00:46:19Et de ce fait-là, à mon avis,
00:46:21ils avaient dû dégarnir
00:46:23la zone.
00:46:25Et ils n'avaient plus les moyens
00:46:27d'intervenir efficacement en mettant vraiment
00:46:29le paquet pour bloquer les autres.
00:46:31– Est-ce que ce n'est pas tout simplement que leurs projections
00:46:33dont on a parlé tout à l'heure sur la Méditerranée,
00:46:35avec la base du coup navale de Tartus,
00:46:37quelque part, ça va dans le sens
00:46:39d'une ouverture vers l'Ouest
00:46:41et que cette ouverture vers l'Ouest,
00:46:43la guerre en Ukraine,
00:46:45n'y a mis fin définitivement ?
00:46:47– Oui, c'est possible.
00:46:49Mais je crois qu'on n'a pas encore suffisamment d'éléments.
00:46:51Vous savez, moi, je suis très factuel.
00:46:53– Pas de Madame Irma.
00:46:55– Oui, je ne suis pas Madame Irma.
00:46:57– C'est moi alors.
00:46:59– J'essaie d'être factuel.
00:47:01Donc là, je dis, il y a eu quelque chose,
00:47:03mais on ne sait pas encore exactement ce qui s'est passé.
00:47:05Ce qui est sûr, c'est que quand Bachar
00:47:07a vu que les troupes,
00:47:09vous savez, Tartus est là,
00:47:11Iblid est là,
00:47:13Alep est là,
00:47:15donc si vous voulez, les gens descendent d'Iblid
00:47:17vers Alep, passent à côté de Tartus,
00:47:19ou sont pas loin de Tartus.
00:47:21Et quand ils continuent vers Homs, c'est pareil.
00:47:23Quand Bachar constate que les Russes
00:47:25n'interviennent pas,
00:47:27Bachar comprend que c'est cuit
00:47:29du côté des Russes.
00:47:31Et en plus, Poutine a dû lui dire,
00:47:33ça on le saura,
00:47:35mais il a dû lui dire,
00:47:37l'Hezbollah a été détruit
00:47:39complètement, c'est clair,
00:47:41et donc est incapable,
00:47:43donc l'Iran ne peut pas
00:47:45envoyer l'Hezbollah.
00:47:47L'armée,
00:47:49on l'a dit, elle est très faible,
00:47:51elle n'a pas de moyens,
00:47:53elle est en très mauvais état.
00:47:55Donc Bachar, à un moment,
00:47:57il n'est pas complètement idiot,
00:47:59qu'est-ce qu'il dit ? Il dit, je fais mes valises et je m'en vais.
00:48:01Alors quand vous êtes
00:48:03dans un régime
00:48:05qui est dictatorial,
00:48:07autoritaire,
00:48:09quand le chef s'en va,
00:48:11c'est le sauf qui peut
00:48:13chez les autres, parce que les autres savent
00:48:15que si on les prend, on les tue,
00:48:17pour leur faire payer les avanis
00:48:19qui sont passés avant. Et comme vous l'avez dit,
00:48:21on le sait, dans la guerre
00:48:23contre les djihadistes,
00:48:25les djihadistes ne faisaient pas de cadeaux,
00:48:27ils faisaient brûler les gens dans des cages,
00:48:29c'est pas des enfants,
00:48:31mais de l'autre côté aussi,
00:48:33ils ne faisaient pas de cadeaux non plus dans les prisons,
00:48:35ils torturaient à outrance.
00:48:37Donc des deux côtés, les gens ont commis
00:48:39des abominations.
00:48:41Mais chacun sait, des deux côtés,
00:48:43celui qui a fait des abominations,
00:48:45il sait que s'il est pris, ça se passera mal pour lui.
00:48:47Donc, à l'évidence,
00:48:49du côté du pouvoir,
00:48:51quand ils ont appris que Bachar n'était pas parti,
00:48:53ils sont tous carapatés.
00:48:55La seule question,
00:48:57je reviens à mon histoire de Duport,
00:48:59de Tartus et des Russes,
00:49:01Tartus et la base
00:49:03aérienne sont dans la zone
00:49:05halawite, c'est-à-dire la secte
00:49:07si vous voulez musulmane,
00:49:09dont faisaient partie Bachar et son père Afez.
00:49:11La question,
00:49:13les djihadistes ne sont pas rentrés dans cette zone-là.
00:49:15Jusqu'à maintenant, ils n'ont pas voulu rentrer.
00:49:17Ils sont passés autour.
00:49:19Est-ce que cette zone-là ne va pas
00:49:21devenir une zone
00:49:23purement halawite, comme les Kurdes
00:49:25ont fait des zones kurdes au nord ?
00:49:27Est-ce qu'on ne va pas avoir une zone qui va devenir
00:49:29purement halawite, ce qui permettrait
00:49:31aux djihadistes d'éviter la bataille
00:49:33contre eux, parce que tous les halawites
00:49:35se repiraient sur cette zone-là.
00:49:37– Sauf Bachar. – Et ça rendrait bien.
00:49:39Bachar, il est parti, lui.
00:49:41Bachar, il est parti, sa famille est partie.
00:49:43Il y en a un seul dans la famille qui a dit
00:49:45on ne sait pas où il est, c'est Maher, mais les autres sont partis.
00:49:47Mais on sait déjà
00:49:49qu'il y en a qui ont été pris,
00:49:51qui ont été tués par les djihadistes,
00:49:53c'est clair, il y en a qui ont été…
00:49:55Et c'est normal, ça c'est partie de la guerre.
00:49:57Et des règlements de compte, après, c'est tout ce qui s'est passé.
00:49:59Alors, on vous présente une image
00:50:01en disant ça y est, c'est la transition,
00:50:03tout ça, non.
00:50:05Il y a quand même des gens qui vont payer, il ne faut pas…
00:50:07– Bien sûr, et puis on se rappelle par exemple
00:50:09de Kadhafi, de la chute de Kadhafi.
00:50:11– Mais c'est pareil, mais c'est pareil.
00:50:13– Bachar a eu raison de partir.
00:50:15– Il y a toujours, on fait payer, qu'on le veuille
00:50:17ou qu'on ne le veuille pas, on fait payer les horreurs
00:50:19à ceux qui l'ont commise, c'est logique.
00:50:21– Je vous disais tout à l'heure
00:50:23en Madame Irma,
00:50:25peut-être que les Russes font une croix petit à petit
00:50:27sur l'Ouest, il faut dire aussi
00:50:29qu'on constate que l'Iran
00:50:31ne pouvait pas aider
00:50:33Bachar el-Assad à se maintenir,
00:50:35on constate que la Russie ne l'a pas fait non plus,
00:50:37on constate
00:50:39que la Russie aujourd'hui
00:50:41est résolument tournée vers les BRICS,
00:50:43on l'a vu avec le forum de Kazan
00:50:45qu'elle a organisé à la fin du mois d'octobre,
00:50:47l'Iran est désormais un membre des BRICS+.
00:50:49– À part entière, oui.
00:50:51– Avec des efforts
00:50:53dans le sens d'une monnaie
00:50:55au moins commune pour commercer ensemble,
00:50:57est-ce que précisément
00:50:59ce n'est pas l'émergence de deux blocs
00:51:01avec un bloc
00:51:03multipolaire presque
00:51:05qui laisserait en face
00:51:07l'Occident avec une Europe à la remorque ?
00:51:09– Ah ben c'est la position…
00:51:11je pense que…
00:51:13là on va dans la position
00:51:15trumpienne, quand Trump vous dit
00:51:17moi ça ne m'intéresse pas, ça ne me concerne pas,
00:51:19c'est que lui il considère que
00:51:21la Syrie ce n'est pas un pays qui a une quelconque
00:51:23influence dans les rapports stratégiques
00:51:25entre les BRICS
00:51:27et les Occidentaux, il dit non ça ne compte pas.
00:51:29– Ben visiblement c'est aussi la position
00:51:31des membres des BRICS.
00:51:33– Mais justement, donc on peut dire
00:51:35qu'effectivement peut-être que pour tout le monde,
00:51:37bon dans le fond,
00:51:39que l'Iran ait pris un coup
00:51:41effectivement où ça les gêne un peu,
00:51:43mais enfin ce n'est pas mortel non plus,
00:51:45bon quand on regarde
00:51:47la Syrie, malheureusement
00:51:49la Syrie ce n'est pas
00:51:51un pays clé.
00:51:53C'est nous qui en avons fait un pays clé à l'époque
00:51:55quand on a voulu attaquer la Syrie pour
00:51:57y implanter le printemps arabe,
00:51:59il faut le souvenir des débuts.
00:52:01– Quand vous dites c'est nous…
00:52:03– Les troubles en Syrie au début,
00:52:05ce sont les Occidentaux qui les ont créés.
00:52:07– Mais qui sont les Occidentaux ?
00:52:09Parce qu'on voit bien c'est un peu comme les néoconservateurs,
00:52:11il y a des… – Ah ben c'est les néoconservateurs,
00:52:13c'est la peste plus ouverte dans l'Occident.
00:52:15– Les néoconservateurs, on le sait très bien,
00:52:17les néoconservateurs ont considéré
00:52:19à un moment
00:52:21que tous les pays arabes étaient
00:52:23en train de basculer vers le djihadisme
00:52:25et qu'il fallait l'éviter.
00:52:27Alors comment faire pour l'éviter ?
00:52:29– C'est une belle réussite.
00:52:31– Ils ont dit, c'est pire que ça,
00:52:33ils ont dit on va jouer les frères musulmans.
00:52:35Donc les frères musulmans à l'époque,
00:52:37ils disaient frères musulmans on sait bien,
00:52:39c'est un peu djihadisme mais pas trop,
00:52:41c'est un peu djihadisme mais pas trop,
00:52:43ils n'avaient absolument pas vu ce que c'était que les frères musulmans,
00:52:45ils s'étaient complètement fourvoyés.
00:52:47Alors ils ont implanté les frères musulmans
00:52:49en Égypte,
00:52:51ils ont implanté les frères musulmans
00:52:53en Tunisie,
00:52:55là on a vu les résultats,
00:52:57bon, en Libye,
00:52:59là on s'en est mêlés,
00:53:01on a vu le résultat aussi,
00:53:03et puis il restait quoi ?
00:53:05Il restait la Syrie.
00:53:07Et ils ont voulu le faire en Syrie aussi.
00:53:09Et on a fait le même processus.
00:53:11– Ça a mis un peu plus longtemps mais ils y sont arrivés.
00:53:13– Ça a mis un peu plus longtemps,
00:53:15là où on s'est fait avoir,
00:53:17en Tunisie, pourquoi ça n'a pas marché ?
00:53:19Parce que les femmes tunisiennes,
00:53:21grâce au président Bourguiba,
00:53:23les femmes tunisiennes ont réagi
00:53:25très violemment
00:53:27contre les islamistes,
00:53:29en disant mais nous on est libres,
00:53:31on est des femmes libres, vous n'allez pas nous remettre
00:53:33comme on était avant que Bourguiba
00:53:35nous donne la liberté.
00:53:37Du coup, ce sont les femmes qui ont sauvé,
00:53:39pour moi, ce sont les femmes qui ont sauvé
00:53:41la Tunisie, des griffes
00:53:43des nadas,
00:53:45et que le nouveau président actuel
00:53:47qu'on critique et autres, au lieu de le critiquer,
00:53:49on devrait regarder, il se comporte
00:53:51exactement comme a fait
00:53:53Bourguiba,
00:53:55exactement, il applique les mêmes méthodes,
00:53:57les mêmes principes que Bourguiba,
00:53:59or Bourguiba c'était la grande époque
00:54:01de la Tunisie.
00:54:03En Égypte,
00:54:05si vous vous en souvenez, Morsi, c'était un échec
00:54:07total, bon résultat,
00:54:09les militaires ont repris le pouvoir
00:54:11qu'ils n'avaient normalement, qu'ils ne devaient pas perdre.
00:54:13C'était l'organisation.
00:54:15En ce qui concerne
00:54:17la Libye, maintenant,
00:54:19on a deux côtés,
00:54:21on a les frères musulmans appuyés par
00:54:23d'ailleurs Erdogan, c'est le gouvernement de Tripoli,
00:54:25et on a la zone
00:54:27de Benghazi et Aftar appuyée
00:54:29par les égyptiens, les saoudiens
00:54:31et les émiratis, là par contre,
00:54:33c'est l'autre côté. Bon, on a fait exploser
00:54:35le pays, ça ne marche pas.
00:54:37Et il y avait la Syrie.
00:54:39Et la Syrie, on a essayé toujours la même
00:54:41chose, en essayant de pousser par les
00:54:43populations mécontentes, on a essayé
00:54:45de renverser.
00:54:47Alors bien sûr, ce qui s'est passé en Syrie
00:54:49d'imprévu, c'est que les djihadistes
00:54:51ont dit, c'est du pain béni,
00:54:53ils déstabilisent le pays, on va en profiter.
00:54:55Et ils sont arrivés derrière.
00:54:57Parce qu'au départ,
00:54:59c'était l'armée syrienne libre,
00:55:01c'est une invention, une manipulation
00:55:03des occidentaux. Mais c'est derrière,
00:55:05quand on a eu... – Encore une fois, des occidentaux,
00:55:07des néoconservateurs. – Oui, néoconservateurs.
00:55:09Oui, excusez-moi, je devrais dire néoconservateurs.
00:55:11Mais ensuite, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:55:13Les djihadistes ont dit,
00:55:15mais formidable, là,
00:55:17c'est une zone formidable pour nous,
00:55:19on y va, et on va prendre le pouvoir.
00:55:21Et c'était la bataille, la grande bataille,
00:55:23où là, on s'est trouvé piégés,
00:55:25parce qu'on soutenait, nous,
00:55:27l'opposition qui, peu à peu,
00:55:29est devenue djihadiste.
00:55:31Ça devenait difficile, notre position à nous,
00:55:33face à un État qu'on voulait renverser,
00:55:35mais dans lequel toutes les minorités
00:55:37qu'il appuyait étaient de l'autre côté.
00:55:39Alors c'est un peu compliqué comme histoire.
00:55:41– J'aimerais, pour terminer cette émission,
00:55:43qu'on parle d'un point qui est crucial.
00:55:45J'ai évoqué cet affrontement de deux blocs,
00:55:47dans lequel l'Europe ne joue plus vraiment son rôle.
00:55:49On a vu, à plusieurs reprises,
00:55:51Donald Trump faire de grandes annonces
00:55:53en matière économique,
00:55:55notamment à l'égard des puissances
00:55:57qui voulaient s'émanciper du dollar.
00:55:59Je vous propose d'écouter très rapidement
00:56:01Vladimir Poutine, qui évoque justement cette question.
00:56:03– Merci beaucoup, chère Mme Rousseff.
00:56:05Vous avez mentionné que le dollar
00:56:07est utilisé comme une arme.
00:56:09Oui, en effet, nous voyons que c'est le cas.
00:56:11En fait, je crois qu'il s'agit
00:56:13d'une erreur majeure
00:56:15de la part de ceux qui le font,
00:56:17car utiliser le dollar,
00:56:19qui reste un instrument clé
00:56:21de la finance mondiale,
00:56:23pour atteindre des objectifs politiques,
00:56:25sape la confiance
00:56:27en cette monnaie
00:56:29et réduit ses capacités.
00:56:31Mais ce n'est pas nous qui faisons cela,
00:56:33ce sont les autres.
00:56:35Nous, nous ne rejetons pas le dollar
00:56:37et nous ne luttons pas contre lui.
00:56:39Mais si on nous interdit de travailler avec lui,
00:56:41que pouvons-nous faire ?
00:56:43Nous sommes bien obligés
00:56:45de chercher d'autres alternatives
00:56:47et c'est exactement ce qui se passe.
00:56:49Bon, je vous ai vu réagir
00:56:51au propos de Vladimir Poutine.
00:56:53Oui.
00:56:55Qu'est-ce que vous voulez qu'on dise ?
00:56:57Il a raison.
00:56:59Personnellement, je crois
00:57:01que les Américains,
00:57:03quand ils ont lancé
00:57:05les lois extraterritoriales,
00:57:07ont commis un abus de pouvoir
00:57:09au niveau international
00:57:11et surtout ont aggravé la situation.
00:57:13Le dollar a toujours été contrôlé
00:57:15plus ou moins par les Américains.
00:57:17On le sait, il jouait sur les taux d'intérêt et autres.
00:57:19Mais le système
00:57:21était un système international.
00:57:23À partir du moment où on l'utilise comme arme,
00:57:25c'est le cas de le dire,
00:57:27pour des sanctions, pour empêcher
00:57:29certaines opérations et autres,
00:57:31il ne faut pas s'étonner que,
00:57:33en face, les gens commencent à réagir
00:57:35et essayer de trouver des solutions pour s'en sortir.
00:57:37Hein ?
00:57:39Oui, parce qu'il y a un double discours.
00:57:41On a parlé tout à l'heure de la question des sanctions
00:57:43et de leur impact sur
00:57:45le pouvoir syrien.
00:57:47On sait qu'on en parle peu,
00:57:49mais les sanctions contre la Russie,
00:57:51elles ne sont pas arrivées avec l'entrée des troupes russes
00:57:53en Ukraine en 2022.
00:57:55Elles sont arrivées en 2014.
00:57:57Ce qui est d'ailleurs amusant,
00:57:59parce que personne ne fait commencer la guerre en Ukraine en 2014.
00:58:01En revanche, les sanctions, elles, ont bien commencé
00:58:03en 2014.
00:58:05On voit bien que, d'un côté,
00:58:07la Syrie, à qui on a imposé des sanctions
00:58:09qui n'a pas réussi à s'en émanciper,
00:58:11a fini par tomber.
00:58:13Ce n'est pas un jugement de valeur, encore une fois.
00:58:15Et de l'autre côté, Vladimir Poutine,
00:58:17lui, essaie de s'en émanciper
00:58:19en créant de nouveaux blocs, de nouvelles logiques
00:58:21de coopération, à savoir les BRICS.
00:58:23Et finalement,
00:58:25ça semble être le bon chemin à prendre
00:58:27puisque Donald Trump,
00:58:29quand il annonce des droits
00:58:31de douane explosifs,
00:58:33etc., de toute façon, pour les pays qui subissent
00:58:35des sanctions, ça ne va pas avoir énormément d'incidence
00:58:37puisqu'ils ne commercent déjà plus beaucoup.
00:58:39Ah oui, mais, si vous voulez,
00:58:41au départ, les Américains
00:58:43voulaient utiliser le dollar
00:58:45comme un instrument
00:58:47confortant leur position de leadership mondiale.
00:58:49Donc, la loi extraterritoriale,
00:58:51c'est pour dire,
00:58:53c'est nous qui décidons, c'est nous qui faisons tout
00:58:55et vous n'avez rien à dire.
00:58:57Il est normal qu'un certain nombre
00:58:59de pays essaient de dire, mais ce n'est pas possible,
00:59:01il faut qu'on trouve des solutions alternatives.
00:59:03Quand les Russes,
00:59:05parce que c'est ça, les sanctions,
00:59:07par exemple, on a dit, bon,
00:59:09sanctions, interdiction pour les Russes
00:59:11de faire des transactions en dollar.
00:59:13A l'époque,
00:59:15depuis Bretton Woods et les accords
00:59:17du Quincy,
00:59:19tous les pays du monde
00:59:21faisaient les achats de pétrole
00:59:23et de gaz en dollar.
00:59:25Bon, sanctions américaines,
00:59:27relayées par l'Europe, on dit,
00:59:29à partir de maintenant, vous ne pouvez plus
00:59:31travailler avec le dollar,
00:59:33sinon on saisit l'argent, ce qu'on a fait.
00:59:35Il faut toujours le rappeler, pardon,
00:59:37mais Kadhafi voulait justement s'émanciper
00:59:39du dollar dans le pétrole.
00:59:41Ça ne lui a pas porté chance.
00:59:43Il y avait Saddam Hussein aussi qui voulait s'émanciper.
00:59:45Qu'est-ce qu'il se passe ?
00:59:47Évidemment, quand on vous dit,
00:59:49moi je vous saisis, vous voulez vendre en dollar
00:59:51le pétrole, je saisirai
00:59:53tous les dollars dont vous ne pourrez plus vendre.
00:59:55Le type, il dit,
00:59:57mais dans ces conditions-là, je vais vendre autrement.
00:59:59Vous allez me le payer en rouble.
01:00:01Ah, et là, effectivement,
01:00:03ça ne marche plus, parce qu'en rouble,
01:00:05on ne peut pas l'interdire.
01:00:07Alors les Occidentaux,
01:00:09alors là, les Européens, pardon,
01:00:11les Européens ont dit,
01:00:13nous, on interdit, on interdit
01:00:15de payer en rouble.
01:00:17OK, c'est peut-être valable pour les Européens,
01:00:19ce n'est pas valable pour les autres.
01:00:21Et les Européens, on voit qu'ils ont tous payé en rouble.
01:00:23Simplement pour
01:00:25camoufler la réalité,
01:00:27on achetait avec les dollars,
01:00:29on achetait des roubles dans une banque,
01:00:31et la banque, ensuite, elle payait en rouble.
01:00:33C'est la même date, quoi.
01:00:35– Alors justement, dans cette logique d'affrontement
01:00:37entre l'Occident,
01:00:39qui est finalement maintenant le monde américain,
01:00:41– Oui.
01:00:43– Et ses alliés réels,
01:00:45– Mais il n'y a plus grand monde, il y a nous.
01:00:47– Alors nous, on est plutôt les…
01:00:49– Les Européens.
01:00:51– Les soumis des États-Unis, dorénavant.
01:00:53– Ah ben oui, mais c'est clair.
01:00:55L'Amérique n'a jamais voulu,
01:00:57et il faut relire toutes les déclarations américaines,
01:00:59depuis Nixon et tous les autres,
01:01:01l'Amérique a toujours,
01:01:03tous les stratèges américains l'ont affirmé,
01:01:05l'Amérique a toujours,
01:01:07depuis la deuxième guerre mondiale d'ailleurs,
01:01:09l'Amérique a toujours voulu
01:01:11que l'Europe ne soit pas trop forte
01:01:13pour ne pas lui faire concurrence.
01:01:15– Mais est-ce que…
01:01:17– Donc elle a fait tout ce qu'il fallait pour contrôler l'Europe.
01:01:19– Mais ça rejoint un peu ma question, justement,
01:01:21est-ce qu'aujourd'hui, à force de jouer à ce jeu-là,
01:01:23l'Europe n'est-elle pas trop faible dans tout ce jeu ?
01:01:25– Mais bien sûr,
01:01:27l'Europe n'a pas réussi
01:01:29à se sortir du piège,
01:01:31mais il faut dire aussi que le piège
01:01:33était très bien joué,
01:01:35qu'ils ont su, que nos amis américains
01:01:37ont su toujours jouer les uns contre les autres
01:01:39en Europe de manière très habile,
01:01:41on s'est joué aussi sur les aides
01:01:43qu'ils pouvaient apporter,
01:01:45sur beaucoup de choses,
01:01:47et qu'en permanence, ils se sont débrouillés
01:01:49pour qu'aucun pays d'Europe ne puisse prendre trop d'importance.
01:01:51Bon, il faut se souvenir,
01:01:53à l'époque de De Gaulle,
01:01:55à l'époque on était la première puissance européenne,
01:01:57en point de vue avec les Anglais,
01:01:59De Gaulle leur tenait tête,
01:02:01mais c'était De Gaulle,
01:02:03et Dieu sait s'ils ont essayé
01:02:05de le faire tomber.
01:02:07Depuis, quand vous regardez,
01:02:09les Allemands,
01:02:11les Allemands étaient devenus,
01:02:13après la sortie du Covid,
01:02:15de très très loin la première puissance européenne,
01:02:17et avaient une politique mondiale,
01:02:19avec la Russie pour les énergies,
01:02:21la Chine pour l'économie,
01:02:23et la défense des États-Unis,
01:02:25les Américains ont dit c'est pas possible,
01:02:27on détruit l'Allemagne,
01:02:29et ils ont détruit l'Allemagne,
01:02:31parce que l'Allemagne est détruite.
01:02:33Et oui, en cassant
01:02:35l'axe du gaz,
01:02:37et des autres énergies aussi d'ailleurs,
01:02:39qui se faisaient
01:02:41avec la Russie,
01:02:43et en obligeant sur le plan militaire
01:02:45à être complètement dépendant
01:02:47de l'Amérique,
01:02:49ils ont réussi à casser l'Allemagne.
01:02:51Regardez la situation allemande actuellement,
01:02:53alors qu'ils n'ont pas eu de chance,
01:02:55c'est qu'en plus il y a un problème aujourd'hui en Chine,
01:02:57et tant que la Chine n'aura pas résolu
01:02:59son problème immobilier,
01:03:01il faudra encore 2-3 ans pour qu'il le résolve,
01:03:03tant que ça ne sera pas résolu,
01:03:05la Chine aura un taux de croissance trop faible
01:03:07pour permettre justement le développement
01:03:09de l'économie allemande au niveau industriel
01:03:11avec la Chine.
01:03:13Les Allemands sont dans un piège,
01:03:15mais un piège qui va très bien pour les Américains.
01:03:17– Donc les Américains finalement tirent
01:03:19encore leur épingle du jeu ?
01:03:21– Absolument,
01:03:23dans l'affaire ukrainienne,
01:03:25les gagnants c'est qui ?
01:03:27C'est les Américains.
01:03:29Là-dessus il n'y a pas photo.
01:03:31Ils nous vendent du gaz de schiste,
01:03:33interdit je vous rappelle en France,
01:03:35ils nous vendent du gaz de schiste
01:03:37à un prix supérieur
01:03:39au prix auquel il est vendu
01:03:41aux pompes américaines
01:03:43aux particuliers.
01:03:45Vous voyez un peu les marges qu'ils font ?
01:03:47Et on trouve ça normal.
01:03:51– Merci.
01:03:53– Mais ils jouent bien,
01:03:55mais il faut saluer l'artiste.
01:03:57Moi j'ai une grande admiration,
01:03:59franchement,
01:04:01pour eux, je dis toujours,
01:04:03si j'étais américain, je serais fier de l'être
01:04:05parce que je trouve qu'ils jouent bien.
01:04:07Après je ne suis pas d'accord
01:04:09avec les non-conservateurs,
01:04:11je pense qu'ils sont des bâtanguers dangereux
01:04:13et je pense que par contre Trump lui,
01:04:15la stratégie de Trump qui est très claire
01:04:17en définitive, c'est de dire
01:04:19on perd le leadership mondial
01:04:21au profit de la Chine,
01:04:23moi en prenant des mesures terribles,
01:04:25je vais démontrer, je vais reprendre
01:04:27la première place mondiale
01:04:29sans que plus personne ne puisse discuter.
01:04:31Et moi je pense que c'est bien de dire
01:04:33je vais le faire non pas par la guerre
01:04:35mais en montrant que je suis capable de le faire
01:04:37sur le plan économique, social et autre,
01:04:39moi je pense que c'est une approche
01:04:41très intéressante. Et c'est très important
01:04:43parce que s'il réussit son coup,
01:04:45ça va inspirer beaucoup de pays en Europe.
01:04:47Parenthèse optimiste, c'est assez rare
01:04:49pour conclure cette émission. Merci beaucoup Alain Juillet.
01:04:51Merci. Merci beaucoup à tous
01:04:53d'avoir été présents à ce rendez-vous.
01:04:55N'oubliez pas, c'est très important,
01:04:57si vous ne l'avez pas déjà fait, cliquez sur le petit pouce en l'air
01:04:59pour améliorer le référencement.
01:05:01Laissez vos commentaires juste en bas
01:05:03et puis rendez-vous la semaine prochaine
01:05:05pour un nouveau numéro. En attendant, portez-vous bien.
01:05:07A bientôt.