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Le président Bachar al-Assad a fui la Syrie, chassé par une offensive spectaculaire des rebelles islamistes, après 24 ans au pouvoir. Si des médias d'État russe ont affirmé que le dictateur déchu se trouvait à Moscou, le Kremlin refuse de le confirmer. Qui sont les gagnants et les perdants après la chute du régime ? Réponse de notre journaliste Thierry Arnaud.  

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Transcription
00:00Qui sont les gagnants et les perdants de cette affaire ?
00:03Parce qu'il faut quand même le dire, Thierry, c'est un bouleversement dans la région hallucinant, hallucinant.
00:10La Syrie, c'était vraiment l'ami de l'Iran, proche du Hezbollah.
00:14Et là, la donne va totalement changer.
00:17La donne va totalement changer.
00:18Elle n'est pas stabilisée.
00:19C'est pour ça qu'on va parler, et c'est important de le signaler dès le départ, Eric, de gagnants et de perdants pour l'instant, au moment où on se parle.
00:26Ça se trouve, dans trois mois, dans six mois, la situation sera totalement différente.
00:30On ne sait pas vraiment ce qui va émerger de ce renversement du régime.
00:33Alors, qui perd, qui gagne ?
00:34Alors, clairement, deux perdants assez évidents, la Russie et l'Iran.
00:39La Russie, bien sûr, qui est ce pays allié du régime de Bachar el-Assad, plus qu'allié, qu'il a littéralement porté à bout de bras singulièrement depuis 2015.
00:48Et depuis ce moment, vous vous en souvenez, Eric, où on choisit de ne pas mettre à exécution, c'est la décision de Barack Obama,
00:54de ne pas sanctionner Bachar el-Assad en envoyant les forces armées américaines, parce qu'on avait déversé du gaz sarin sur les populations.
01:02Il renonce, en échange de quoi il obtient l'engagement russe, choisissant de démonter l'arsenal chimique de la Syrie, ce qui n'adviendra jamais.
01:10Mais en réalité, à partir de ce moment-là, ce qui se passe, 2015, la Russie est en position de force.
01:14Elle se déploie...
01:15– Avec des efforts considérables, militaires, pour soutenir celui qu'on pensait perdu au début, Bachar el-Assad.
01:21Une douzaine d'emplacements militaires russes sur le territoire, deux bases, en particulier la base aérienne de Tartus,
01:29qui est évidemment stratégiquement très importante, c'est l'accès pour la Russie à la Méditerranée.
01:35Juste au-dessus, une base aérienne très importante aussi, qui joue un rôle essentiel, non seulement pour la présence de la Russie dans la région,
01:43mais qui sert de relais pour transporter les troupes, les soldats, le matériel, par exemple, vers l'Afrique.
01:48Et donc, c'est tout ça qui est menacé aujourd'hui.
01:50– Ça, c'est le premier grand, grand perdant, c'est Vladimir Poutine qui avait vraiment un pays frère, un pays ami,
01:56sur lequel il pouvait compter en toutes circonstances, en la personne d'ailleurs de Bachar el-Assad,
02:02qui est, au passage, on s'en doute, même si ce n'est pas officialisé par le Kremlin, qui est, semble-t-il, à Moscou en ce moment.
02:09– En tout cas, Vladimir Poutine a donné son autorisation pour qu'il soit accueilli avec sa famille sur les territoires russes.
02:13– Alors, l'autre perdant ?
02:15– L'autre perdant, c'est l'Iran, évidemment.
02:16L'autre régime qui tenait à bout de bras ce pouvoir de Bachar el-Assad, évidemment, via le Hezbollah,
02:23considérablement affaibli, pour ne pas dire pratiquement anéanti,
02:26par les efforts et le déploiement militaire d'Israël dans le sud de Liban ces dernières semaines.
02:32L'Iran, c'est une catastrophe pour l'Iran, ce qui se passe aujourd'hui.
02:36Ce régime lui était acquis, favorable.
02:38Quand vous regardez la carte, vous avez l'Iran, la Syrie, le Liban,
02:43ce qui signifie que, si vous voulez continuer à soutenir le Hezbollah militairement, par exemple,
02:47lui faire parvenir du matériel militaire par voie terrestre, qu'est-ce que vous faites ?
02:52Vous traversez la Syrie, et à partir du moment où la Syrie n'est plus un pays ami,
02:57vous avez un véritable problème stratégique.
02:59– Parce qu'à la clé, les chiites, proches des iraniens,
03:03étaient assez minoritaires, arithmétiquement, en Syrie,
03:06et donc maintenant, ceux qui sont en train de prendre le pouvoir ne sont pas chiites,
03:10– Par ailleurs, c'est potentiellement l'arrivée d'un régime sunnite à la tête de la Syrie,
03:18ce qui pose évidemment aussi un problème à l'Iran.
03:21Une révolution, effectivement, un basculement de ces rapports de force.
03:25On voit là, à l'image, là où sont ces bases militaires russes.
03:28Alors, on ne sait pas ce qu'elles vont devenir, est-ce qu'elles vont pouvoir rester ?
03:31– En noir, ce sont les bases de l'État islamique.
03:34– Il y a des poches de l'État islamique qui restent présentes,
03:36et qui d'ailleurs ont été bombardées par les forces armées américaines,
03:40ces dernières heures, c'est bien la preuve qu'aux États-Unis,
03:43certes, on se félicite de la disparition du régime de Bachar el-Assad,
03:47mais on s'inquiète aussi de l'avenir, et on prend des précautions,
03:49pas seulement dans les déclarations, également avec des moyens militaires.
03:52– Un mot sur les gagnants, parce qu'il y a deux perdants, l'Iran et la Russie, les gagnants.
03:58– Alors, les gagnants, a priori, on est tenté de se dire que c'est évidemment une victoire,
04:02une avancée pour Israël, qui se débarrasse du régime de Bachar el-Assad,
04:06et d'ailleurs, il a revendiqué cette victoire, Benjamin Netanyahou l'a dit,
04:09c'est grâce à nous que Bachar el-Assad est tombé, ce pays, ce régime hostile disparaît,
04:14il se méfie quand même beaucoup de ce qui pourrait lui succéder,
04:18là aussi, des moyens militaires sur le plateau du Golan,
04:21et des bombardements de sites militaires.
04:24Et puis, évidemment, l'autre grand gagnant dont on parlait tout à l'heure,
04:26c'est la Turquie, la Turquie qui a trois priorités,
04:29étendre son influence sur la région, régler le sort des réfugiés syriens,
04:35ils sont 3,5 millions, un peu plus, c'était le sujet central de la campagne présidentielle
04:40qu'Erdogan a failli perdre, il a promis de renvoyer les réfugiés syriens chez eux,
04:45désormais, il en a les moyens.
04:46– Merci Thierry Arnault, merci sur ce point.

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