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L’économie a une part très importante dans nos vies. Croissance, chômage, pouvoir d’achat, conditions de travail, protection sociale, retraites, services publics, dette publique, sont des thèmes qui saturent l’actualité et qui donnent lieu à des décisions politiques qui pèsent fortement sur nos existences. Cette importance donne un rôle majeur aux économistes qui sont, par profession, des spécialistes de ces questions et dont on peut donc attendre qu’ils aident à prendre les meilleures décisions pour le bien-être de tous. Et ils le font, du moins c’est ce qu’ils disent. [...]

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00:00L'économie a une part très importante dans nos vies.
00:11Croissance, chômage, pouvoir d'achat, conditions de travail, protection sociale, retraite,
00:18services publics, dettes publiques sont des thèmes qui saturent l'actualité et qui
00:23donnent lieu à des décisions politiques qui pèsent fortement sur nos existences.
00:28Cette importance donne un rôle majeur aux économistes, qui sont, par profession, des
00:34spécialistes de ces questions et dont on peut donc attendre qu'ils aident à prendre
00:38les meilleures décisions pour le bien-être de tous.
00:41Et ils le font, du moins c'est ce qu'ils disent.
00:43Bien sûr, il y en a de plus ou moins bons, et comme ils ont tendance à ne pas être
00:49avares de recommandations comme conseillers du prince, il peut être utile de connaître
00:53leur réel niveau d'expertise.
00:56Or, il existe justement un prix Nobel d'économie, décerné tous les ans depuis 1969, dont on
01:03peut penser qu'il confère un label d'excellence à ceux qui en sont les récipiendaires.
01:08Pourtant, la liste est longue de ces prix Nobel qui ont marqué leur discipline davantage
01:14par leurs échecs que par leurs conseils avisés.
01:18Comme Lucas, lauréat en 1995, qui déclara en 2003, devant l'American Economic Association,
01:26que je cite « la macroéconomie a réussi son pari, son problème central, la prévention
01:32des dépressions, a pour ainsi dire été résolu, et il l'a même été pour plusieurs
01:37dizaines d'années, et ce, quatre ans avant le début de la grave crise de 2007-2008.
01:45En 1997, Merton et Schultz ont le prix Nobel pour une équation qui permet de « gérer
01:51le risque financier ». Mais bien que dirigeant associé d'un fonds de placement, leurs
01:57conseils le conduisent en 1998 à la faillite.
02:00Fidèle à son rôle d'expert, Robert Merton soutiendra après la chute qu'il n'y avait
02:06aucun risque et que c'était la faute du monde qui ne s'était pas comporté comme
02:10par le passé, rendant le modèle inefficace.
02:14Une attitude typique d'un expert qui ne s'est jamais trompé.
02:17Les travaux sur le chômage de Diamon, Mortensen et Pissarides, Nobel en 2010, n'ont guère
02:24contribué à le faire disparaître.
02:25Mais ce qui demeure, en revanche, c'est l'idée forte que relève le comité Nobel que « plus
02:32les allocations chômage sont importantes, plus le taux de chômage est élevé ». Et
02:37la durée de recherche est longue.
02:39Une idée dont l'idéologie néolibérale a fait un de ses postulats et que tant de
02:43gouvernements tentent toujours de mettre en application.
02:46Quant à ceux sur les crises de Sergeant et Sims, Nobel en 2011, ils ont été bien inefficaces
02:54pour absorber le choc de la crise de 2007-2008.
02:57En 2013, deux lauréats, Schiller et Fama, défendent les théories contradictoires.
03:05Comme le souligne Le Monde, je cite « l'économie reste ainsi toujours la seule discipline où
03:10deux personnes peuvent partager le même prix Nobel en racontant des choses complètement
03:15opposées ».
03:16Du coup, on comprend mal en quoi ces théories peuvent aider à comprendre les fluctuations
03:21des prix des actifs.
03:22Il faut bien qu'il y en ait au moins une qui soit fausse.
03:25En 2018, c'est Nordaos qui considère qu'il est urgent d'attendre pour lutter contre
03:31le changement climatique et qui juge que la température optimale est de 3 degrés,
03:37étant ainsi une conscience scientifique de l'inaction gouvernementale des États.
03:42Enfin, Jean Tirole, nobelisé en 2014, s'il n'est pas un adepte du « laisser faire »
03:49comme on le lui a parfois reproché à tort, professe un interventionnisme paradoxal, puisqu'il
03:55consiste à corriger les imperfections de marché pour se rapprocher le plus possible
04:00du marché parfait.
04:01Ainsi, l'intervention de l'État, qu'il affirme justement défendre, n'a pour seul
04:07objectif que de laisser faire des marchés qui, grâce à cette intervention, pourraient
04:12enfin montrer toute leur efficacité.
04:14Alors oui, Jean Tirole est pour l'intervention de l'État, mais au nom d'une croyance
04:20aux vertus du marché sur la foi d'une construction théorique qui n'a jamais eu la moindre
04:24réalisation dans le monde réel.
04:27C'est finalement un point commun à tous ces économistes de penser que la réalité
04:31doit se plier à la théorie, appliquant à leur discipline ce que Brecht disait du peuple
04:37« Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple ».

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