Lancé en 2012, le site parodique, suivi par 4 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux », sort son best-of annuel.
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00:00Votre invité Média, Céline Baille d'Hercourt, c'est le fondateur et directeur d'un site internet unique en France, le Gorafi sort son livre annuel
00:08qui reprend ses meilleurs articles de 2024, ses marques de fabrique,
00:12la satire et les fausses informations.
00:15Bonjour Sébastien Liébus. Bonjour. Le Gorafi bien sûr en référence au Figaro, plus d'un million de visites chaque mois,
00:214 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux, vous parodiez l'actualité, vous la tournez en dérision avec des articles aux titres très percutants et
00:27généralement très drôles, alors j'ai noté quelques exemples.
00:30Elisabeth Borne démissionne pour se consacrer à la culture de ses 49.3,
00:34Boeing cesse son partenariat avec Lego pour la construction de ses 737 et alors moi mon préféré,
00:40l'homme qui lisait, alors il faut avoir la ref, il ne faut pas être trop trop jeune, l'homme qui lisait toutes les conditions
00:46générales vient de terminer son inscription à Caramail.
00:50Celui-là il me fait beaucoup rire. Vous avez un titre préféré vous dans le meilleur du Gorafi 2024 ?
00:55Le 747 avec le Lego et Cyril Hanouna qui s'échappe en Corée du Nord. Il demande l'asile politique en Corée du Nord.
01:03C'est un de mes préférés.
01:04La raison d'être du Gorafi c'est de pointer l'absurdité
01:07de nos dirigeants, de notre société, de notre époque ? Oui mais c'est une satire globale et la satire c'est une satire politique,
01:14c'est un miroir
01:15comptant de la réalité qui parfois n'est pas forcément agréable à voir.
01:19Donc voilà on satire à peu près tout ce qui c'est, ça va être la politique, l'actualité immédiate mais aussi la vie quotidienne.
01:24On va parfois tourner en dérision
01:26les petits tracas du quotidien, les comportements des gens, les habitudes, ça permet de à la fois faire une actualité on va dire immédiate et en même temps
01:34quotidienne, donc une absurdité de la vie du quotidien. Et l'absurdité peut-être aussi des journalistes quand vous écrivez
01:39pourquoi la petite phrase de Macron sur ces connards de français fait polémique ?
01:43Ça c'est pour vous moquer des formules journalistiques ? On se base sur ces formules journalistiques parce qu'en fait il y a une musicalité
01:50et nos lecteurs, pour les, on va dire pas les piéger mais pour les accrocher, on va utiliser la musicalité des titres de presse
01:57et les gens en permanence ils sont bombardés de titres de presse, donc votre cerveau enregistre cette musicalité presque
02:03inconsciemment et nous quand on fait ce titre on va reprendre cette musicalité qui fait que
02:06le lecteur au premier abord il va dire ah mais on dirait un titre normal mais en le relisant plusieurs fois il va comprendre qu'il va y avoir un titre.
02:12Ah bah là du premier coup on comprend quand même !
02:14Qui n'a pas pu dire ça Emmanuel Macron ? Est-ce que le Gorafi est un média politique et politiquement engagé ?
02:19Alors c'est un média de satire politique et même satire politique c'est un peu un pléonasme
02:23parce que la satire est politique par essence, c'est un coup de poing qui part de bas en haut pour s'attaquer au pouvoir, pour
02:30démystifier le le pouvoir et un pouvoir qui soit militaire, politique ou
02:34financier, c'est vraiment tous les pouvoirs et pour défendre ceux qui sont oppressés. On va dire après
02:40engagé, oui on va dire qu'on est dans le sens de l'histoire, on est progressiste même si ce terme là nous a aussi
02:46été volé en quelque sorte, mais on est progressiste, on va pas se mettre soudainement à faire des blagues sur les minorités, sur les gens qui
02:52ne peuvent pas se défendre parce que ça n'a aucun sens, ça serait juste du harcèlement, du bully comme on dit en anglais et juste
02:58méchant au premier degré.
03:01Comment est-ce qu'il est né le Gorafi, il faut nous rappeler un peu ?
03:04Alors c'est né durant la campagne présidentielle de 2012 et à la base c'est né comme une parodie
03:09on va dire du Figaro
03:11mais qui a élargi très très rapidement pour faire une parodie plus large des médias et pas juste de ce journal que je respecte profondément
03:18et qui nous a, on va dire, lancé.
03:20Et vous avez des équivalents, vous avez été regarder un peu ce qui se passe à l'étranger ?
03:24Oui mais on a même, on va dire, on a créé une association avec d'autres sites satiriques
03:27dans le monde, en Irlande, en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas.
03:32Le modèle c'est l'américain quand même.
03:34Le modèle c'est Zionion qui est notre cousin qu'on a rencontré aussi à plusieurs reprises et on a pu voir leur méthode de travail parce que
03:40je dis souvent, oui on fait de la satire mais on le fait sérieusement.
03:42C'est du boulot ?
03:43Oui c'est vrai.
03:44Et voilà.
03:45Comment vous fonctionnez justement ?
03:46Alors on a des conférences de rédaction deux fois par semaine où les auteurs arrivent avec leur titre et non des idées.
03:51Ça c'est important.
03:52On va pas faire une idée à base, tiens on pourrait raconter que ceci, ceci, ceci.
03:55Non, il me faut le titre parce que 90% du succès du Gorafi c'est les titres.
04:00D'ailleurs les gens ne lisent que le titre.
04:02Et je pense qu'aujourd'hui ils sont surpris de comment ça...
04:04Il y a des articles en plus ?
04:05Et oui.
04:06Mais si les gens ne lisent que le titre, pourquoi vous ne vous contentez pas du titre ?
04:09Et bien en fait parce que le titre, l'article rajoute une plus-value.
04:13Ça permet de développer, d'approfondir, de raconter une histoire.
04:16Et moi j'aime beaucoup dans les commentaires, vous allez voir il y a des gens qui vont dire
04:19« Ah tiens ce passage-là de l'article m'a fait beaucoup rire ».
04:22Et c'est toujours assez une grosse satisfaction de voir que la personne elle est allée lire l'article en entier,
04:27elle est allée chercher soit la blague, soit le participe passé qu'on a raté.
04:30Ça arrive souvent aussi.
04:31C'est la différence entre le Gorafi et le Figaro, c'est le nombre de fautes d'orthographe.
04:35Vous dites les auteurs, ce ne sont pas des journalistes ?
04:38Absolument pas, ce sont des comédiens, des auteurs de stand-up, de sketch.
04:42Principalement des gens qui naviguent dans l'univers de la comédie, des comiques,
04:46et qui connaissent l'univers, l'humour dans lequel nous on pratique.
04:49On a essayé les journalistes.
04:51Ce n'est pas drôle ?
04:52Non, mais ils sont très conditionnés.
04:54Alors il y en a un qui marchait très bien avec nous, c'était Pascal Praud,
04:57mais il nous a été piqué par une autre grande chaîne, donc un peu triste.
05:00Mais il avait une belle carrière devant lui je trouve.
05:02J'ai une question de journaliste, vous avez vu ce qu'il y a marqué tout autour de vous,
05:04France Info, c'est l'info juste.
05:06Qu'est-ce qui différencie un site parodique, des articles parodiques d'une fake news ?
05:11L'ambiguïté dans le titre.
05:13Nous, il n'y a aucune ambiguïté.
05:15Il y a toujours un petit élément qui va vous attirer l'attention et vous dire
05:19ok, ça, ce n'est pas possible.
05:21Il y a aussi nous en amont qui font un travail.
05:23Quand on fait un verbatim de ministre, on s'assure que ce verbatim va être suffisamment grossier
05:27pour qu'il ne devienne pas une rumeur.
05:30C'est arrivé ça ?
05:31Oui, c'est arrivé justement.
05:33Il y a eu des sites satiriques ou des comptes Twitter qui parfois ont fait des verbatims
05:37qui parfois pouvaient être trop crédibles.
05:39Et vous avez des ministres qui après ont dû se justifier à l'Assemblée
05:43ou même dans des émissions en disant non, je n'ai jamais dit ça.
05:45Parce qu'il y a des médias sérieux qui ont repris des articles qui étaient nés dans le Gorafi
05:50et qui l'ont pris vraiment en vrai.
05:52Vous avez par exemple Christine Boutin qui est arrivée sur BFM TV
05:55en citant un de nos titres sur le mariage pour tous par exemple
06:00disant mais si le gouvernement il recule.
06:02Je viens de le lire sur internet et elle lit le tweet qu'on avait fait
06:05qui était en fait une parodie de langue de bois
06:07disant non le gouvernement ne parle pas de reculade
06:09mais de stratégies différées, d'avancement temporaire.
06:13Et elle le lit avec son post-it.
06:15Donc je dis souvent la différence entre la fake news et nous
06:18c'est que la fake news vous avez Donald Trump à la Maison Blanche
06:21et la satire vous avez Christine Boutin à la télévision.
06:24Y a-t-il des sujets plus porteurs que d'autres ?
06:28Beaucoup. Dès qu'on traite l'actualité immédiate
06:30c'est-à-dire souvent on a remarqué que par exemple
06:33quand il y a la censure du gouvernement
06:35les gens vont voir comment France Info va le traiter
06:37comment Le Figaro va le traiter
06:39et ils vont ouvrir une fenêtre chez nous pour voir...
06:41Donc il y a un pic d'audience quand il y a une forte actu politique.
06:43On répond. On a fait par exemple pour l'élection américaine
06:45on a fait une nuit spéciale où on envoyait un article
06:48toutes les heures en plus de tweets
06:50pour suivre l'actualité comme un live
06:52comme un média traditionnel.
06:54Qui sont les gens qui viennent voir le Gorafi ?
06:56Toutes les classes d'âge en fait.
06:57Et ça c'est assez intéressant parce qu'on va dire
06:59on est entre les 20-35 ans
07:01mais en dédicaces ou même dans des messages
07:03je reçois des gens qui ont connu
07:05qui connaissent la satire par exemple
07:07par Le Petit Rapporteur de Jacques Martin
07:09par Pierre Dac.
07:10Donc c'est pas des jeunes.
07:11Donc c'est pas tout à fait des jeunes
07:12mais ils reconnaissent les mécanismes d'humour.
07:14En fait on a un mécanisme d'humour qui est relativement universel
07:17qui n'est pas juste avec des références par exemple
07:19on va pas faire que des références à Kaamelott
07:21parce que tout le monde ne connait pas Kaamelott.
07:22J'aime beaucoup Kaamelott.
07:23Mais si vous faites que ça vous perdez beaucoup de gens.
07:26En fait c'est pas un humour qui est référencé
07:28c'est un humour sur l'actualité immédiate
07:30et pour peu que vous suiviez l'actualité
07:32vous comprenez un petit peu sur quoi nos blagues vont être faites.
07:35Humour plutôt parisien ?
07:37Alors beaucoup de lecteurs parisiens.
07:39Après on commence à être un petit peu connus en province
07:43mais on a beaucoup de lecteurs à Marseille, à Lyon, à Bordeaux.
07:46On essaye d'élargir la rédaction
07:48et de pas rester trop sur un parisiano centré.
07:50Merci beaucoup d'être venu Sébastien Libus.
07:52Merci à vous pour cette invitation.
07:53Merci Sébastien Libus et merci Céline.