C’est reparti ! En invitant à l’Élysée aujourd’hui les partis qui se placent dans une logique de compromis (donc ni RN, ni LFI), Emmanuel Macron réédite ce qu’il avait écrit en juillet – le 10 juillet, il y a cinq mois – dans une lettre aux Français.
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 10 Décembre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'éditopolitique Patrick Cohen à la recherche d'un compromis, saison 2.
00:04Et oui, c'est reparti, en invitant à l'Élysée aujourd'hui les partis qui se placent dans
00:08une logique de compromis, donc ni RN ni LFI, Emmanuel Macron réédite ce qu'il avait
00:13écrit en juillet, le 10 juillet, il y a cinq mois, dans une lettre aux Français.
00:17« Je demande aux forces politiques d'engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir
00:21une majorité solide, nécessairement plurielle.
00:24Flop, il n'y avait eu ni dialogue ni majorité, cette fois le Président ne se contente pas
00:28de demander, il organise, il sort de son rôle institutionnel pour tenter d'obtenir
00:33un accord politique, au moins sur une méthode, en laissant ensuite son futur Premier ministre
00:38élaborer une plateforme programmatique ». Et pourquoi ce qui n'a pas marché il y a
00:42cinq mois pourrait réussir aujourd'hui ? Le choc de la censure du gouvernement Barnier
00:47qui suscite chez un certain nombre de politiques un dilemme, que veut-il mieux porter ? Le
00:51poids du blocage ou le poids de la trahison ? Car ne vous y trompez pas, à côté des
00:55électeurs qui invitent les politiques à s'entendre, à cesser leur querelle, vous
00:59en trouverez toujours pour leur reprocher d'avoir pactisé avec l'adversaire ou le
01:03concurrent détesté.
01:04De ce point de vue, l'impopularité record d'Emmanuel Macron rend sa fréquentation
01:09radioactive et l'équation encore plus difficile, ce n'est pas seulement au debout de l'hémicycle
01:14que le macronisme est considéré comme un gros mot.
01:16« La droite LR Patrick a tout de même fini par accepter de gouverner avec les macronistes.
01:21» C'est vrai, si elle l'avait décidé plus tôt, tout aurait été différent, pas
01:24besoin de dissolution, puisqu'une majorité absolue de l'Assemblée aurait soutenu un
01:28gouvernement similaire à celui de Michel Barnier, avec des centristes et des LR, pour
01:33mesurer le gâchis, le temps perdu ou le chemin parcouru, comme on voudra, relisons comment
01:38Bruno Retailleau refusait toute idée de coalition dans une lettre au Président, datée elle
01:44aussi du 10 juillet.
01:45La droite peut-elle accepter le déshonneur de se renier pour sombrer aussitôt dans une
01:51défaite partagée avec ceux qu'elle a combattu depuis 7 ans ? Tout est dit dans cette phrase.
01:56Déshonneur, reniement, échec électoral à venir, la vie politique française semble
02:00souvent figée dans ces logiques boutiquaires pour les chefs de parti, présidentielles
02:05pour ceux qui se rêvent candidats.
02:07L'élection présidentielle ne pousse-t-elle pas, Patrick, au contraire au rassemblement ?
02:11Au second tour, seulement au second tour, au premier, tout invite à se différencier.
02:15La nouveauté, c'est qu'avec la censure, plus aucun autre que Le Pen et Mélenchon ne
02:18viendra disputer le créneau de la radicalité ou le match du premier opposant, solidement
02:23tenu par ces deux candidats, mais pour les autres, sur le fond, qui trouvera intérêt
02:28à céder, par exemple sur la réforme des retraites ? Qui, à gauche, pourrait prendre
02:32le risque d'en rabattre sur cette revendication unitaire ? Et à droite et au centre, à ce
02:37symbole de sérieux budgétaire, les retournements électoraux peuvent être terribles.
02:42Voilà la limite de ces discussions œcuméniques, le poids du blocage, sauf crise majeure, peut
02:48être effacé dans les six mois, le poids de la trahison ne s'oublie pas de si tôt.