• il y a 2 semaines
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Transcription
00:00Merci d'être avec nous pour la suite de Culture Média, nous ont rejoint dans ce studio Sébastien Bordenave pour parler BD tout à l'heure.
00:09Bonjour Thomas, bonjour Axel, ravie d'être là.
00:11Et bonjour à Olivier Benquemont pour le cinéma.
00:14Et alors ce matin, Olivier, vous souhaitez nous revenir sur une triste nouvelle puisqu'on a appris hier la disparition de Nils Arestrup, un grand du cinéma français.
00:26Il y a quelques films à revoir d'ailleurs, mais Nils Arestrup, effectivement, c'est un regard bleu-acier, une gueule, une carrure et un caractère qui pouvaient être explosifs.
00:34Il a incarné une cinquantaine de rôles au cinéma autant qu'au théâtre pour lequel il a remporté à Molière des personnages puissants, parfois politiques, comme Churchill.
00:42Toute ma vie, j'ai pris mes désirs pour la réalité et je me suis rarement trompé.
00:47Mais je me suis donné les moyens de faire entrer les rêves que j'avais dans ma vie.
00:51Pourtant, les rêves de Nils, enfant, n'incluaient pas le théâtre, c'est un hasard.
00:55Il a grandi dans un milieu ouvrier, fils unique, un père d'origine danoise, qui rentrait de l'usine épuisé, il ne fallait pas faire de bruit.
01:01En 68, il a 18-19 ans, il tombe sur un reportage à la télé.
01:04Il est fasciné par une professeure, Tania Balachova, qu'il découvre sur le petit écran, professeure de théâtre.
01:09Il la découvre en noir et blanc, il veut la voir en couleur.
01:12Et pendant 15 jours, il va venir à son cours tous les jours à Paris, sans rien dire, simplement fasciné par ce qu'il voit.
01:20Je suis rentré dans un théâtre, rue de la Gaîté, et j'ai découvert un univers que je ne connaissais pas du tout.
01:26Des gens qui parlent très fort, des gens qui ont des livres dans les poches, des gens qui boivent des verres de rouge, des gens qui fument des cigarettes.
01:33Voilà, un peu comme ici.
01:35Il a découvert surtout des textes, des classiques, le premier c'était Caligula, ensuite il les a tous joués.
01:40C'est une voix incroyable Nils Sarastrup, on l'a immédiatement dans l'oreille.
01:45Et au cinéma, évidemment, il doit beaucoup à Jacques Audiard.
01:48Jacques Audiard qui lui a donné deux très belles partitions, récompensées du César du meilleur second rôle,
01:52de Battre mon cœur s'est arrêté en 2006, et Un prophète en 2010, où il jouait ce parrain corse qui embarque sous son aile Tahar Rahim.
01:59Il y a un mec qui t'a parlé dans les douches.
02:01Pourquoi ?
02:02Ne me regarde pas, je te dis.
02:04Parce que je veux que tu continues.
02:06Je veux que tu t'approches de lui, que tu deviennes pote avec lui.
02:09Pourquoi ?
02:11Parce que tu veux le tuer.
02:13Voilà, Nils Sarastrup, qui est glaçant dans ce rôle,
02:16qui a tourné pour Lelouch, Dupontel, Tavernier, mais aussi Steven Spielberg dans Cheval de guerre,
02:22et Angelina Jolie dans Vue sur mer.
02:24Moi, l'un de mes films préférés, c'est Diplomatie avec André Dusselier,
02:27c'est un rôle qu'il a d'abord interprété au théâtre, Théâtre de la Madeleine,
02:31avant le cinéma, c'est un face-à-face magistral entre le gouverneur nazi de Paris,
02:35qui voulait faire sauter la ville avant les libérations,
02:37et un diplomate suédois qui a réussi à le convaincre de ne pas le faire.
02:40Il y avait Quai d'Orsay aussi.
02:42Il avait été excellent dans Quai d'Orsay.
02:44Aristrupe, c'est un acteur intense, qui maniait comme personne l'art du silence entre les dialogues,
02:49qui avait aussi la réputation d'être impulsif, colérique.
02:52Il a été accusé d'avoir giflé Isabelle Adjani, ce qu'il a toujours nié publiquement,
02:55y compris dans son autobiographie, publiée en 99,
02:58d'un acteur qui voulait vivre éloigné du showbiz, qui n'aimait pas les interviews,
03:02qui doutait aussi, exemple, pour la série Baron Noir.
03:05Dans la première saison, il était le président de la République, rôle pour lequel il avait hésité.
03:09Est-ce que j'ai la tronche d'un type qui pourrait être président de la République ?
03:12J'étais très très sceptique.
03:13Puis on enfile un costume, on vous met la grande croix de la Légion d'honneur,
03:18et puis vous entendez les gardes républicains,
03:21et à un moment, vous vous asseyez sur le fauteuil et vous dites,
03:24ben voilà, maintenant, allons-y.
03:26C'est aussi simple que ça, notre président de la République, Baron Noir, saison 1,
03:30qui a été remis en ligne par Canal+, sur sa plateforme Man-Canal,
03:33où vous allez pouvoir revoir ses grands films,
03:35Laura, un prophète, Elle s'appelait Sarah, La femme flic, avec Miu-Miu encore.
03:39Donc l'excellent Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier,
03:41pour lequel Nils Arestrup avait reçu le troisième et dernier César de sa carrière.
03:46Trois Césars qui ont couronné cette magnifique carrière de Nils Arestrup.
03:50Merci pour cet hommage ce matin, Olivier Benkemoen.
03:53Dans un instant, on va retrouver notre invité, Natacha Saint-Pierre,
03:57et on va se mettre dans la magie de Noël.
04:00A tout de suite sur Enfin !