La responsabilisation des salariés, le général De Gaulle en parlait déjà en 1941 : « Il faut attribuer aux travailleurs, dans l’économie nationale, des responsabilités qui rehaussent de beaucoup le rôle d’instrument où ils étaient jusqu’alors confinés. Il faut, en outre, associer les travailleurs, à la marche de l’entreprise, afin que leur travail ait les mêmes droits que ceux que détient le capital ». [...]
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00:00La responsabilisation des salariés
00:08La responsabilisation des salariés, le général de Gaulle en parlait déjà en 1941.
00:13Il faut attribuer aux travailleurs dans l'économie nationale des responsabilités qui rehaussent de beaucoup leurs rôles d'instruments où ils étaient confinés jusqu'alors.
00:23Il faut en outre associer les travailleurs à la marche de l'entreprise afin que leur travail ait les mêmes droits que ceux que détient le capital.
00:32Alors, pourquoi est-ce si difficile de responsabiliser les salariés et ainsi développer la coopération ?
00:40Les raisons sont multiples. En voici quelques-unes.
00:44La force de la pléonexie organisationnelle
00:48Le fait de vouloir plus que sa part et son corollaire, se penser plus indispensable qu'on ne devrait et dès lors se croire légitime pour décider pour les autres, voire régenter leur vie au travail, est quasi ontologique.
01:02Pour paraphraser François Lagandré, se mêler de tout, en particulier de ce qui ne vous concerne pas, en négligeant au besoin ce qui vous concerne, semble être le terreau social des organisations.
01:15Seul un haut degré de confiance pour en venir à bout, difficile dans un monde de défiance.
01:22On ne coopère pas avec un pistolet sur la tempe.
01:26Quelqu'un qui n'est pas libre ne peut pas être responsable, car la responsabilité implique de pouvoir répondre de ses actions.
01:33Les salariés sont-ils libres alors que le contrat de travail acte en lien de subordination ?
01:38L'employeur a le pouvoir de donner des ordres, de contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements du subordonné.
01:45Quelqu'un qui ne peut pas dire non, sans conséquence fâcheuse sur son destin, n'est pas un acteur libre, si on trisme de le dire.
01:54C'est juste un client, dans le sens étymologique du terme, c'est-à-dire un vassal.
01:59N'appelle-t-on pas désormais les salariés des clients internes ?
02:03La possibilité d'un management de droit divin est induite par le droit.
02:08Développer la coopération nécessite pour le manager de renoncer à un pouvoir que lui octroie le droit du travail, par le truchement du lien de subordination.
02:17La responsabilisation préalable à la coopération nécessite ainsi de la part du chef un esprit de renoncement.
02:25Comme le note-marque Horaison dans son ouvrage Tête dure, le patron doit renoncer à sa prévalence, ce qui n'est pas aisé car, je cite, « il se discerne très vite deux niveaux.
02:37Le conscient ou l'explicite, où l'on est sincèrement préoccupé par ce renoncement.
02:42L'inconscient qui nous amène à des comportements diamétralement opposés.
02:47Le patron s'efforcera à faire participer l'ouvrier à une décision dont il est sûr que c'est la bonne.
02:53Sans mettre en question le besoin qu'il a que cette décision soit la bonne.
02:58De là, d'insondables quiproquos et des frustrations légitimes.
03:03Le manager pensera être dans la coopération en faisant l'effort de donner la parole au salarié.
03:08Le salarié vivra cela comme un épisode de communication, rien de plus.
03:13L'obstacle de la profusion des dispositifs, procédures, processus, montent opératoires.
03:18La prolifération des outils de gestion et des dispositifs de gouvernement en nombre
03:23change la nature même du sens du travail.
03:26Comment coopérer lorsqu'une procédure vous dit ce qu'il faut faire, comment il faut le faire et quand il faut le faire ?
03:33En effet, comme l'avait bien vu Gunther Anders dans son ouvrage L'obsolescence de l'homme,
03:39un moyen est par définition quelque chose de secondaire par rapport à la libre détermination d'une fin.
03:45Quelque chose que l'on met en œuvre après coup comme une médiation en vue de cette fin.
03:51Ces instruments ne sont pas des moyens, mais des décisions prises à l'avance.
03:55Ces décisions, précisément, qui sont prises avant même qu'on nous offre la possibilité de décider.
04:02Il n'y a donc pas de coopération sans possibilité de décision,
04:06c'est-à-dire sans questionner la pertinence et l'efficacité de la rivière d'outils et d'instruments
04:12qui gouvernent beaucoup de destins au sein des organisations.
04:16Il s'agit par la simplification d'instruire les conditions de la confiance là où le jugement humain est nécessaire.
04:24En conclusion, on peut dire qu'il est bien plus simple de réduire la participation à la simple redistribution aux salariés
04:31d'une partie du bénéfice réalisé par l'entreprise que d'accroître la responsabilité concrète dans le processus de production
04:39afin qu'ils se reconnaissent dans ce qu'il faut, gage de santé et de performance durable.
04:45Conviction est que tant que le lien de subordination existera,
04:49la responsabilisation, donc la coopération, sera toujours totalement tributaire de la personnalité du courage du dirigeant,
04:57c'est-à-dire intimement lié à sa volonté et donc à son bon vouloir.
05:02Ce n'est pas l'idéal pour forger les conditions d'une coopération véritable entre égaux pour le bien collectif.