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Smaïn revient dans un son one man au théâtre "Le République" avec trois dates exceptionnelles : 4, 19 et 21 décembre.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot du 28 novembre 2024.

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00:009h42 sur RTL. Bonjour Smaïne. Bonjour, j'étais en train de vous dire merci de me recevoir.
00:07On est ravis de vous recevoir à l'occasion de ce nouveau spectacle, Smaïne, que vous jouez
00:12actuellement au Théâtre de la République à Paris. Après un peu partout en France, on va
00:17donner les dates. Spectacle qui commence comme ça. Pour les enfants qui ne me connaissent pas,
00:20voilà, je me présente, je suis le papa de Jamel et la maman de Boudet. Voilà, il faut
00:27commencer par toujours un éclat de rire. Après, on développe. Le titre du spectacle, c'est Smaïne.
00:32Oui, Smaïne, il y a plein de titres. Smaïne déconne finement. C'est un peu vieux maintenant,
00:37non ? Alors, j'ai décidé de l'appeler Smaïne ADN. ADN qui signifie Algérien de naissance. Voilà,
00:44encore un éclat de rire, je suis content. C'est fort, c'est assez efficace. Ce spectacle,
00:48c'est vous, votre vie ? Oui, j'avais besoin de me raconter. Moi, c'est enfant de Constantine,
00:53orphelin de père et de mère. J'ai décidé à un moment de ma vie d'aller en Algérie,
00:58d'aller chercher. Je n'ai pas trouvé. Donc, j'ai décidé, avec la modernité de la science,
01:03de faire un test ADN. Alors, j'ai eu les résultats. Je ne vous les dévoile pas.
01:08On va les écouter, les résultats. Non, il ne faut pas. Un enfant de la DAS. Oui,
01:14Smaïne de la DAS. Pas d'ancêtre, mais une particule de la DAS. 50% Arissa, 50% Aristo.
01:24J'ai les résultats du test ADN, ça alors ? Non, les résultats, vous les aurez à la fin. Toujours
01:30est-il, c'est que j'ai besoin d'aller sur ce cheminement de mon existence, une existence,
01:34mais très, très, très heureuse, très heureuse. Et je le dis, la phrase est toute faite. Je suis
01:38Algérien de naissance et Français de reconnaissance. Et je crois que dans RTL, il y a un mot qui est
01:42magnifique, c'est vivre ensemble. Donc, merci de me recevoir parce que nous sommes sur la même
01:46sonorité. Voilà, nous sommes dans une actualité qui est extrêmement chaude, perturbante. Et je
01:53crois qu'Alex est là aussi pour le savoir, c'est que le rire est essentiel. Rire de nous et rire
01:58ensemble. Alex Vizorek, vous avez décidé de rejouer votre sketch. Je ne suis pas raciste,
02:02je m'appelle Mohamed. Petit extrait, là encore. Les étrangers, plutôt qu'ils viennent nous
02:06emmerder ici, fera mieux d'aller s'emmerder chez eux. En plus, c'est pas loin, en avion,
02:10c'est à 3 ans de soute. Franchement, il y a trop d'étrangers. Ils sont beaucoup plus nombreux
02:15chez nous que chez eux. C'est vrai, ils se multiplient à une vitesse à croire qu'ils
02:18s'envoient à l'air sur une photocopieuse. Je ne suis pas raciste, je m'appelle Mohamed,
02:22mais bon, ça va. Qu'est-ce qui a changé entre la version originale, c'est quoi, dans les années 80 ?
02:25Oui, j'en rajoute. En gros, c'est très simple, c'est que l'humoriste est un observateur du
02:30quotidien. Moi, j'observe autour de moi et un jour, j'ai une amie qui est arrivée, qui est d'origine
02:35maghrébine, qui s'appelle Anissa, qui m'a dit « Oh, ils nous emmerdent ces arabes, il y en a trop. »
02:38J'ai dit « Mais t'es tout tué, toi ! » Et je suis rentré chez moi.
02:41Et c'est une vanne où elle le disait, sérieusement ?
02:42Elle l'a dit vraiment. Et je me suis dit, toujours l'observation, je me suis dit « On va faire un sketch sur un arabe raciste. »
02:48Évidemment, je me moque de moi-même. C'est ça, l'humour. C'est comme l'humour juif, on se moque de soi-même.
02:53Et à un moment, je dis « Bon ben, il y a trop d'arabes. Même le matin, quand je me rase, j'envoie un dans ma glace. »
02:58L'humour, se moquer de soi, se moquer de soi. Et en même temps, ça laisse passer aussi un message.
03:04C'est essentiel pour moi.
03:06C'est essentiel pour vous de faire passer des messages ?
03:08Le rire, le rire, le rire. Parce que je suis né pendant la guerre, je suis né pendant la guerre d'Algérie.
03:13Je suis une victime, en fin de compte. Et j'ai trouvé, à travers le rire, une accroche.
03:18L'orphelin, mais pas l'arbre moyen, je veux dire, j'ai eu une enfance très, très ose.
03:24Mais quand on ne sait pas d'où l'on vient.
03:26Ce qui est merveilleux, c'est que, subitement, je recherche dans le regard de l'autre une réponse.
03:30Celui d'un père, celui d'un frère, d'une soeur, etc.
03:33On devrait être tous orphelins.
03:35Parce que c'est vrai que, moi, en étant dans cet état, je me suis construit par moi-même.
03:41Je suis vraiment un autodidacte de la vie.
03:43Et je vais toujours vers les gens qui vont m'apprendre.
03:46Je vais toujours vers les gens qui vont me réhausser.
03:49J'ai pas eu de chance, en fin de compte, à ma naissance.
03:52Mais j'ai eu beaucoup de chance de m'être construit, ce qu'on signifie.
03:56La résilience.
03:57On se remet de ça, de cette naissance ?
03:59Non, on ne se remet pas.
04:01Parce que j'ai des gros problèmes aussi relationnels de famille.
04:05C'est-à-dire l'idée du couple, la peur de l'abandon.
04:09Sans cesse, la peur de l'abandon.
04:10C'est impossible d'en guérir.
04:12Je ne pense pas.
04:14Mais on trouve des subterfuges.
04:16Et ça peut être une force.
04:18C'est la famille, c'est le public.
04:20On va chercher sur scène.
04:22La scène, pour tout artiste, il me semble,
04:25que la scène est un suicide raté.
04:27Quand on monte sur scène, on va rechercher une attention.
04:32On va rechercher de l'amour, des applaudissements.
04:34On ne peut pas savoir qu'à la fin d'un spectacle,
04:36quand les gens applaudissent, on est nourri.
04:38En gros, on a faim.
04:40On a envie d'aller manger.
04:41On a envie de se récompenser par la nourriture.
04:43Vous parlez de l'amour du public.
04:45Moi, je vous ai croisé, par hasard, il n'y a pas très longtemps,
04:47au spectacle de magie de Kamel, le magicien.
04:49C'est un spectacle formidable.
04:50J'ai vu les gens venir vers vous, vous regarder,
04:53parler, dire c'est Smaïd, c'est Smaïd.
04:55Cette popularité, elle vous a jamais, jamais, jamais quitté.
04:58Jamais.
04:59Comment vous l'expliquez, ça ?
05:00Est-ce que vous vous êtes fait discret ?
05:01On vous a moins vu.
05:02On vous a vu différemment.
05:03Oui, parce que nous sommes dans les années 80,
05:05l'éveil des minorités, Mitterrand, la marche des beurres.
05:08J'arrive au bon moment.
05:09Je suis pour certains un alibi.
05:11Mais moi, je ne suis que le petit maghrébin qui veut faire rire,
05:14qui veut retrouver dans le regard de chacun,
05:16le frère, la soeur, etc.
05:18Après, l'humour, l'humour, c'est des armées.
05:20Vous avez été l'arabe de service.
05:21Pardon de vous poser la question aussi directement.
05:23Bien sûr, mais c'est pour ça.
05:24Vous avez été instrumentalisé, y compris par les politiques.
05:26Vous en avez souffert ?
05:27Ou vous avez dit, j'en fais mon affaire ?
05:29Je n'en ai pas souffert.
05:30Non, non, pas du tout.
05:31Mais moi, je ne me suis jamais considéré comme l'arabe de service.
05:33Je fais une parenthèse, c'est pour ça que j'ai quitté les inconnus.
05:35Parce que, le grand talent qu'ils ont, évidemment,
05:37je n'avais pas envie de nourrir sans cesse.
05:39Vous avez démarré avec eux au départ.
05:40J'ai démarré avec eux.
05:41Mais j'ai compris tout de suite que,
05:42j'ai pas envie d'être l'arabe de service,
05:44j'ai pas envie d'être l'arabe de service,
05:45j'ai envie que l'arabe me rende service, en gros.
05:47C'est-à-dire que, en étant seul,
05:49j'avais le choix de mes sketches,
05:50j'avais le choix du propos.
05:51Et quand j'écris mon premier sketch, aussi,
05:53parce que c'est toujours l'idée de l'observation,
05:55quand je vois dans le Figaro magazine, à l'époque,
05:57« Serons-nous français dans 30 ans ? »
05:59Je me dis, l'humour peut répondre à cette forme de stupidité.
06:03Moi, j'ai toujours, à travers l'humour,
06:06j'ai toujours fait rire.
06:07Parce que, c'est une manière aussi de se défendre.
06:10Est-ce que votre façon de faire rire
06:12a évolué au cours de toutes ces années ?
06:14Bien sûr !
06:15On entendait ce sketch, forcément, il...
06:17Oui, c'est-à-dire que, dans les années 80,
06:20j'étais un peu le troubillon, sur scène,
06:22je me baladais, et puis maintenant...
06:24Moi, je vous avais vus au théâtre de Paris, à l'époque.
06:26L'affiche, c'était les Converse rouges.
06:28Vous n'en avez pas d'heure, ce matin.
06:29Non, je ne sais pas ce qu'il y a maintenant.
06:30C'est fini ?
06:31Elles sont sur Vinted ?
06:32Non, pas du tout, elles sont sur scène.
06:33Et justement, je démarre mon spectacle
06:35avec mes vieilles baskets rouges sur scène.
06:38Oui, non, j'ai grandi, j'ai évolué,
06:40j'ai 66 ans, je les assume,
06:42et je trouve qu'aujourd'hui, maintenant,
06:44j'ai besoin...
06:45C'est Isabelle Adjani qui m'a dit une très belle phrase,
06:47il faut dompter le silence.
06:48Et d'ailleurs, en venant ici, je me suis dit
06:50est-ce qu'à la radio, on peut accepter un silence de 5 secondes ?
06:52Allez-y.
06:53Ah non, ça...
06:54Ben voilà, voyez, cette contradiction ?
06:55Vous avez dit allez-y, elle a dit non.
06:57Vous avez déclenché la bande de scores.
06:58Le comédien, quand on est sur scène,
07:00et quand on fait rire,
07:01nous avons peur du silence.
07:03Eh ben, j'essaie maintenant d'adopter le silence.
07:07C'est long, hein ?
07:08C'est long.
07:09J'ai une toute petite question encore.
07:11Est-ce que tout est vrai dans le spectacle ?
07:12Vous disiez un texto de Brigitte Macron.
07:14Je suis de tout cœur avec toi.
07:15Tendre pensée, affection,
07:16passe une bonne soirée, Brigitte Macron.
07:18Oui, mais je continue aussi.
07:19Oui, il y a un texto d'Emmanuel Macron.
07:21Non, oui, j'ai cherché une fleur,
07:24on m'a offert un jardin,
07:25j'ai cherché de l'eau,
07:26on m'a offert un océan,
07:27j'ai cherché un trou du cul,
07:29on m'a filé ton numéro.
07:32Oui, ça me fait plaisir qu'elle aille avec Cyril,
07:34parce que le rire est un rythme.
07:37Bon, vous restez avec nous.

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