Le Quai d'Orsay a diffusé, ce jour, un communiqué concernant le mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du premier ministre israélien, affirmant que, selon la France, Benyamin Nétanyahou pourrait bénéficier d'une immunité. La CPI a émis le 21 novembre un mandat d'arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, la France répète depuis qu'elle appliquera ses obligations au titre du droit international, mais sans dire clairement si elle arrêterait le premier ministre israélien si celui-ci venait en France. Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen Orient, éditorialiste à RTL est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 27 novembre 2024.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 27 novembre 2024.
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00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h43, bonsoir Georges Malbrunot.
00:06Bonsoir Yves.
00:07Merci de nous rejoindre sur RTL, vous êtes grand reporter au Figaro, éditorialiste dans notre radio.
00:12Notre ministère des Affaires étrangères affirme aujourd'hui qu'il promet de respecter le mandat d'arrêt émis il y a quelques jours
00:18par la Cour pénale internationale contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
00:22Mais dans le même temps, le quai d'Orsay évoque, je cite, les immunités des Etats non partis à la CPI,
00:28enfin bon, ce qui est le cas d'Israël.
00:30Soyons clairs, est-ce que ça veut dire qu'on l'arrête s'il vient en France ?
00:34Non, justement, s'il vient en France, on ne l'arrêtera pas parce que ce matin, le quai d'Orsay a publié un communiqué
00:41disant que finalement, un dirigeant d'un pays qui, comme vous le disiez, n'a pas reconnu la CPI,
00:48eh bien, ce dirigeant bénéficie d'une immunité et donc Benjamin Netanyahou, s'il venait en France, ne serait pas arrêté.
00:56Alors, c'est évidemment un revirement par rapport à ce qu'on nous disait la semaine dernière,
01:02vous vous souvenez peut-être, il y a exactement une semaine, lorsque le mandat d'arrêt a été lancé par la CPI
01:10contre Benjamin Netanyahou, la France a dit, successivement par la voix du quai d'Orsay,
01:16ensuite par la voix d'Emmanuel Macron, que la France respecterait ses engagements
01:22puisqu'elle est signataire du statut de Rome qui institue la Cour pénale internationale
01:27et donc qu'elle se conformerait à ses engagements, ce que d'ailleurs Michel Barnier, hier, avait rappelé à l'Assemblée nationale,
01:35le Premier ministre, en disant que la France remplirait ses obligations.
01:38Donc, évidemment, pourquoi il y a eu ce revirement qui est quand même assez surprenant ?
01:45Eh bien, c'est parce qu'entre la semaine dernière et aujourd'hui, il y a eu, vous en avez fait état sur RTL,
01:52un cessez-le-feu au Liban entre Israël et le Hezbollah,
01:56et que depuis des semaines, la France et les États-Unis négocient en coulisses pour ce cessez-le-feu.
02:02Simplement, d'après un site qui est bien informé, le site Axios,
02:07la semaine dernière, lorsque Benjamin Netanyahou a appris la position française concernant son mandat d'arrêt,
02:14eh bien, il a dit, puisqu'il en est ainsi, la France ne participera pas aux négociations, en tout cas aux règlements,
02:23aux comités de surveillance de ce cessez-le-feu qui est rentré en vigueur cette nuit,
02:28et que par conséquent, Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou se sont parlé au téléphone.
02:36L'Élysée, évidemment, dément, mais il y a fort à parier que Benjamin Netanyahou
02:41a marchandé, en quelque sorte, l'immunité dont la France l'assurerait s'il venait en France
02:48contre une place réservée à la France dans ce comité de surveillance du cessez-le-feu au Liban
02:55qui est intervenu la nuit dernière avec un communiqué conjoint, vous avez vu, Joe Biden-Emmanuel Macron,
03:01et ce matin, eh bien, le quai d'Orsay se fendait de ce communiqué qui est quand même extrêmement...
03:07Complexe.
03:08Complexe et surtout qui signe, je veux dire, un revirement extrêmement politique
03:14et qui ne convainc pas et qui a entraîné d'ailleurs des critiques d'un certain nombre d'élus français.
03:21Georges Malbruneau, ça veut dire qu'au nom de la diplomatie, on ne respecte pas la Cour pénale internationale ?
03:30En tout cas, au nom d'une conception de la diplomatie, c'est-à-dire de vouloir être partie prenante
03:38à un règlement d'un conflit, ce qui est tout à fait honorable, eh bien,
03:42on marchande et on accepte de revenir sur ses engagements parce qu'encore une fois, je vous dis,
03:46depuis une semaine, si vous reprenez les déclarations successives du quai d'Orsay, de Michel Barnier
03:51et même d'Emmanuel Macron, la France, conformément à sa position traditionnelle de respect du droit international,
03:58devait se conformer à ses engagements, c'est-à-dire effectivement, lorsque Benjamin Netanyahou,
04:04si l'aventure est devenue en France, il serait arrêté. Et donc là, il y a eu du marchandage
04:09parce qu'on a considéré qu'en France, il fallait accéder aux demandes de Benjamin Netanyahou
04:16et ce qui, évidemment, jette une image un petit peu et qui conforte un petit peu.
04:20Je faisais une chronique il y a quelques semaines sur les zigzags d'Emmanuel Macron au Moyen-Orient.
04:26Là, on en a un nouvel exemple de ce zigzag qui jette évidemment une lumière un peu crue
04:33sur ce qu'est la politique française dans cette région.
04:35Alors, je précise que des pays comme l'Italie et le Royaume-Uni, Georges,
04:38eux ont annoncé qu'ils respecteraient l'engagement auprès de la CPI.
04:42Et ça veut dire qu'ils l'arrêtent, lui, et qu'ils le mettent en prison ?
04:45Ça veut dire que normalement, ils devraient le faire. Mais l'Italie et la Grande-Bretagne ne sont pas membres.
04:51On a déjà vu ça ?
04:52Non, on n'a pas vu ça à l'égard d'un Premier ministre israélien.
04:56Mais ça veut dire aussi que l'Italie et la Grande-Bretagne ne sont pas impliqués dans les négociations sur le Liban.
05:03On assiste effectivement un peu à un marchandage.
05:07On a assisté à un marchandage qui ne donne pas une image, encore une fois, très glorieuse
05:11de la position, de la posture diplomatique française.
05:15Mais bon, ça fait partie de la réalité des relations internationales
05:19qui peut nous choquer, qui doit nous choquer, mais il en est ainsi.
05:25Et Poutine dans tout ça ?
05:27Poutine, lui, effectivement, pourrait harguer que s'il venait,
05:33s'il devait, si la Russie n'a pas signé la CPI,
05:38on pourrait lui ressortir, effectivement, dire qu'il y a un article du statut de Rome
05:45qui institue cette CPI pour lui dire que vous disposez d'une immunité.
05:49Ce qu'il faut dire, c'est que cette version qui a été sortie ce matin par le Quai d'Orsay,
05:53elle est contestée, elle est ouverte à diverses interprétations de la part d'un certain nombre de juristes.
05:59Donc là, la France risque de se retrouver accusée de part et d'autre, de tous les bords,
06:06d'avoir justement une vision, une conception très, très évolutive du droit international.
06:12Merci beaucoup, Georges Malbrunot, de vos analyses grand porteur au Figaro.
06:15On retrouve votre éditorial chaque vendredi dans la matinale d'RTL,
06:18et je précise que ce soir, il sera le fait donc à peine de cette décision de la Cour pénale internationale
06:22et demande la suspension de celui-ci.
06:24Dans un instant, un homme mandaté pour nous faire rire, c'est pas compliqué,
06:28il est très en forme, il s'appelle Marc-Antoine Lebray.
06:30C'est le Breaking News.