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C'est une visite très polémique, y compris au sein même de la communauté juive : le président du Rassemblement national Jordan Bardella est en visite pour deux jours en Israël, à l'invitation du gouvernement de Benyamin Netanyahu. Et c'est une première : jamais un leader d'un parti d'extrême droite français n'avait été reçu en Israël. Écoutez l'analyse de Boaz Bismuth, député israélien, membre du Likoud, soutien du Premier ministre Netanyahu, et l'avocat français Patrick Klugman, coordinateur du collectif Freethem.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 26 mars 2025.

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00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:04C'est donc une visite très polémique, y compris au sein même de la communauté juive.
00:08Le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, est en visite pour deux jours en Israël à l'invitation du gouvernement de Benyamin Netanyahou.
00:15C'est une première. Jamais un leader d'un parti d'extrême droite français n'a été reçu dans le pays officiellement.
00:20Bonsoir, Boaz Mismuth. Vous êtes député israélien, membre du Likoud et soutien du Premier ministre Netanyahou. Merci de nous rejoindre.
00:27Bonsoir.
00:28J'accueille également l'avocat français Patrick Klugman, coordinateur du collectif Free Them, Libérez-les en français.
00:34On connaît vos combats, notamment avec SOS Racisme. Bonsoir, Patrick Klugman.
00:38Bonsoir.
00:39Boaz Mismuth, comprenez-vous le débat que suscite cette invitation, en tout cas en France ?
00:44Non, très franchement non. Et je m'explique. C'est un leader d'un parti qui a évolué.
00:51C'est un leader d'un parti qui a évolué. S'il venait du FN, je dirais différemment.
00:56Lorsque j'étais correspondant à Paris avant d'être un homme politique, j'étais invité au congrès national du Front National en 97.
01:02C'était à Strasbourg. Je suis resté exactement 7 minutes. Ce n'était pas ma place. Je trouvais ça, franchement, c'était à vomir.
01:08C'est en 97. Mais depuis, les choses ont beaucoup changé. Ce parti, quand même, s'est nettoyé.
01:12En fait, tous ces, comment on va dire, tous ces extrémistes, tous ces racistes ont été envoyés sur le parti.
01:16Quand vous dites la communauté juive de France, il y a aujourd'hui un débat. Et puis, il y a ceux qui s'opposent.
01:23Il y a très, très peu qui s'opposent, très franchement. Parce que tous mes amis juifs de France que je connais,
01:27qui soutiennent Israël, soutiennent aussi ceux qui soutiennent Israël.
01:31Donc, avec tout le respect, ils sont beaucoup plus choqués aujourd'hui par de Chevènement et de son parti et de ses collègues
01:38que d'un parti qui est le RN qui a évolué et qui soutient Israël dans un de ses moments les plus difficiles.
01:43Alors, vous avez cité Monsieur Chevènement. Je pense que vous vouliez évoquer Jean-Luc Mélenchon.
01:48Mais nous sommes bien d'accord. Voilà. Donc, est-ce que vous venez de nous dire que personne ne proteste en Israël ?
01:54Très clairement. Alors d'abord, je m'excuse encore une fois pour la mémoire de Monsieur Chevènement.
01:57J'ai beaucoup de respect. Mais je reviens à Mélenchon et son parti. Et je pense comme ça.
02:03Quand on écoute les partis, on va dire un petit peu les juifs de France, que je respecte, que j'aime beaucoup.
02:08Bien sûr, il ne faut pas oublier aussi le côté politique. Ceux qui vont aller à l'encontre de cette visite et qui vont la trouver peut-être choquante,
02:14aussi, ils ont une étiquette politique. N'oublions pas, ce sont quand même des personnes de gauche.
02:18Et aujourd'hui, Israël, avec tout le respect, on n'a pas des milliers d'amis.
02:21Le 7 octobre, on pensait avoir un soutien international, mais on ne l'a pas eu.
02:24On a vu quand même une administration américaine, Biden à l'époque, je ne parle pas de Trump aujourd'hui, qui parlait d'embargo.
02:30On a vu un président français, Macron, qui parlait d'un embargo d'armes contre Israël.
02:33Alors, quand on a aujourd'hui des partis qui ont évolué et qui se disent amis d'Israël, est-ce qu'on va leur remettre la porte primo et deux yeux ?
02:41Avec tout le respect pour certains dans la communauté juive française de gauche qui s'opposent ou qui sont choqués par cette visite.
02:49Pour moi, Serge Klarsfeld est beaucoup plus une référence.
02:53Et je vois son fils Arnaud qui est là et qui soutient cette visite.
02:56Je pense que personne ne peut accuser Arnaud ou Serge Klarsfeld de soutenir des racistes ou des antisémites ou des gens de ce genre.
03:05Vous restez bien entendu avec nous, Boaz Bismuth. Patrick Krugman, ça vous choque cette invitation ?
03:10Bien sûr que ça me choque et ça m'attriste.
03:14Et tout est mélangé et tout est confondu.
03:19Que le parti de M. Netanyahou, auquel appartient Boaz Bismuth, décide que sur la plateforme des idées, aujourd'hui, ils sont plus proches des droites populistes dans le monde
03:32et qu'ils fassent un rassemblement mondial des droites populistes, ma foi, c'est leur droit et nul ne peut le leur contester.
03:40Mais c'est un rassemblement censément être international, gouvernemental, sur l'antisémitisme.
03:48Vous vous rendez compte ? Ils n'ont même pas invité ceux qui, en France, ont la charge de cette mission.
03:56Par exemple, la ministre Aurore Berger, qui est en charge de la lutte contre les discriminations,
04:02qui hier apostrophait à l'Assemblée nationale Jean-Luc Mélenchon,
04:08elle, qui mène le combat de la politique publique contre l'antisémitisme,
04:12qui affronte pour cette raison-là ses adversaires politiques, notamment Mélenchon que Boaz Bismuth citait,
04:18elle n'est pas digne de cette invitation.
04:21Par contre, M. Bardella, qui n'a jamais rien fait de sa vie contre l'antisémitisme,
04:25qui, quand Bernard-Henri Lévy lui demande,
04:29« Monsieur, est-ce qu'au moins vous pouvez dire que Jean-Marie Le Pen a été antisémite ? »
04:33Il n'est même pas capable de dire cela.
04:35Alors, voilà, c'est ces personnes-là qui ont un brevet.
04:39Moi, je vous dis, je suis choqué.
04:42Et tous les juifs de France sont choqués.
04:44Et tous les responsables de la communauté juive de France sont choqués.
04:48Et ils ne sont pas de gauche.
04:50Raymond Corsia, il est grand ramain de France.
04:52Il n'est pas élu du Parti Socialiste, pardon pour M. Boaz Bismuth.
04:56Et le président Ducriff n'est pas de gauche.
04:58Il est le président du rassemblement de toutes les associations et institutions juives de France.
05:03Il est choqué par cette invitation.
05:05Pas parce qu'il serait de gauche, mais parce qu'on confond tout,
05:10et on confond une réunion politique des extrêmes droites
05:13avec un rassemblement international contre l'antisémitisme.
05:16Nous, nous savons, en France, que le rassemblement national
05:21se sert de cette question comme un marchepied pour accéder au pouvoir.
05:26Il instrumentalise la lutte contre l'antisémitisme.
05:29Et nous, les Français juifs, les responsables,
05:33nous avons décidé de ne pas les laisser nous instrumentaliser.
05:37Et nous affrontons la situation la plus dure de notre histoire sur l'antisémitisme.
05:41Ce qui ne nous empêche pas, en même temps, d'affronter l'antisionisme,
05:46crétin et malheureusement assassin.
05:48Vous êtes parfaitement clair. Je me tourne à nouveau vers Boaz Bismuth.
05:51Boaz Bismuth, aujourd'hui le président du rassemblement national,
05:54affirme que son parti, et je cite, le bouclier des juifs de France,
05:58c'est aussi votre avis ?
06:00Les juifs de France ne ressemblent pas comme tel.
06:02Pardon ? C'est Patrick Klugman qui vient de me répondre là.
06:04Je sais pas, je sais pas.
06:06Oui, oui, oui, j'ai bien entendu, pardonnez-moi.
06:08Puisque vous avez entendu ma question, vous pouvez répondre aussi.
06:10Je donnerai ensuite la parole à Boaz Bismuth.
06:12Je vais vous dire la chose suivante. D'abord, j'ai écouté monsieur Klugman,
06:15qui est un ami d'Israël et qui combat les antisionistes,
06:19et je le remercie pour cela.
06:20Sauf qu'il doit comprendre une chose.
06:21Nous sommes aujourd'hui ici en Israël et nous connaissons,
06:24pas moins bien que lui, un petit peu, nos frères,
06:27nos frères les juifs de France.
06:29Dès le moment où il dit une phrase comme « tous les juifs de France »,
06:31donc déjà il se discrédite de ce qu'il dit.
06:36Il se discrédite parce qu'il sait très bien que ce ne sont pas tous les juifs de France.
06:41La preuve, on les entend, on les voit, ils sont là.
06:43J'ai même cité des personnalités qui soutiennent cette visite.
06:46Non, je vous dis quelque chose.
06:47Moi, je parle d'un point de vue d'Israélien.
06:49Je vous parle d'un point de vue d'un député israélien ou d'un citoyen israélien.
06:54Le 7 octobre est quelque chose qu'on n'a pas connu.
06:56C'est d'une envergure biblique.
06:58C'est quelque chose d'énorme.
06:59C'est quelque chose dont 500 ans, on parlera encore.
07:02Malheureusement, je le dis encore, je reviens par exemple
07:04de l'Assemblée nationale, du Conseil de l'Europe.
07:07Et je vois tous ces partis, y compris de gauche et de centre,
07:12qui ne soutiennent pas Israël.
07:14Je vois les rapports qu'ils écrivent.
07:15Et puis, il y a des partis qui nous soutiennent et qui ont évolué.
07:19Et je peux vous garantir que s'il s'agissait du Front National,
07:23pas du RN, mais du FN de l'époque, que je vous ai cité, des années 90,
07:28qui auraient voulu soutenir Israël et prendre, si vous voulez,
07:30un petit peu Israël en autostop pour des raisons opportunistes,
07:33croyez-moi qu'on l'aurait su et croyez-moi que les portes auraient été fermées.
07:36Sauf que le FN est devenu le RN, je le répète encore,
07:40a fait son nettoyage, sont venus en tant qu'amis d'Israël.
07:44On regarde aujourd'hui vers, on regarde devant, on ne regarde pas derrière.
07:47Et les vrais ennemis d'Israël aujourd'hui, c'est l'extrême gauche,
07:49c'est des islamistes. Ce sont ça nos ennemis.
07:52Le monde a changé.
07:53Et si aujourd'hui, je propose à M. Klugman un livre qu'il a dû lire,
07:56je suppose, « Le monde hier » de Stefan Zweig.
07:58Le monde est en train de changer, les partis aussi.
08:01Je pense que Patrick Klugman est resté, bien qu'il soit beaucoup plus jeune que moi,
08:04est resté cloué dans des années précédentes.
08:07Nous, on avance ici en Israël parce que l'intérêt d'Israël est autant qu'important.
08:11C'est très, très bien de s'asseoir à Paris dans les très beaux cafés,
08:14comme ça de donner des leçons de morale.
08:16Nous, c'est un combat pour notre survie.
08:19Patrick Klugman, on vous laisse répondre, bien entendu.
08:21Quelques mots. Moi, j'aime bien la phrase « On avance », Kadima en hébreu,
08:26mais il ne faut pas que le fait d'avancer soit une affaire d'amnésie.
08:30Alors moi, on ne va pas parler du FN, parce que j'ai compris que ça embête Boas et je le comprends.
08:34En parlant du RN, encore une fois, je répète Boas, pardon, le RN, Bardella,
08:41ce jeune leader du jeune RN, est incapable de dire que Jean-Marie Le Pen était antisémite.
08:46Ça, c'est aujourd'hui. Pas plus tard qu'il y a quelques mois, au mois de juillet 2024.
08:51Nous avons eu des élections législatives en France.
08:54Il y a eu plus d'une dizaine de candidats du RN,
08:58avec qui on a retrouvé les uns faisant le salut nazi, les autres avec un déguisement de SS, etc.
09:07Ils n'ont même pas su faire le ménage dans leur rang.
09:10Je ne vous parle pas du FN, je ne vous parle pas d'il y a dix ans,
09:13je parle d'il y a six mois, des dernières élections législatives.
09:15Donc, non seulement ils n'étaient pas prêts sur le plan politique, économique,
09:19mais surtout, même ça, même ce ménage essentiel d'enlever les néo-nazis de leur rang comme candidats,
09:25ils n'avaient pas su le faire.
09:28– Nous n'avons pas changé d'époque, Patrick Le Gman.
09:31– Excusez-moi, je ne dis pas, une seconde, et je n'ai pas de leçon de lutte contre l'antisionisme
09:38ou l'antisémitisme à recevoir, surtout de quelqu'un qui les donnerait depuis l'étranger,
09:42car je suis un militant actif sur ces questions.
09:44Je dis juste qu'il est évident que l'extrême-gauche,
09:47enfin, la LFI est entrée dans une stratégie d'instrumentalisation de cette question,
09:54mais, en l'occurrence, ce n'est pas parce que nous avons des nouveaux amis
09:58que nous avons forcément des nouveaux amis en face,
10:00et nous, juste, ne laissons pas cette question instrumentalisée,
10:03nous ne sommes pas là pour qu'il y ait la démarche politique.
10:06– J'ai 30 secondes à vous donner, Boaz Bismuth, et je confirme.
10:09– Alors, j'ai fait une question politicienne,
10:13juste à vous répondre, que quand vous parlez de l'étranger, c'est d'Israël, finalement,
10:18Israël, c'est un étranger un peu légitime, je pense, pour vous, de donner son point de vue.
10:22M. Bravella, qui arrive ici, arrive en tant qu'ami,
10:25je vous défie aujourd'hui de me donner ces nazis, entre guillemets,
10:29ou pas entre guillemets, qui se trouvent aujourd'hui,
10:31qui se situent dans son parti, je pense, encore une fois, qu'ils ont fait le nettoyage,
10:34et ma question à vous, M. Klugman, que je respecte beaucoup,
10:36elle est très simple, à moi, Israélien, expliquez-moi, moi, Israélien,
10:39est-ce que M. Klugman est plus moral, est-ce qu'il est plus adapté à me donner des conseils,
10:46plus que, par exemple, un monsieur comme Serge Glasfeld ?
10:49C'est tout ce que je vous demande.
10:52Merci beaucoup, B. Smut, d'avoir pris la parole.
10:55Patrick Klugman, je sais que c'est très frustrant, je ne peux pas vous redonner la parole,
10:58mais en tout cas, on était heureux de vous entendre débattre ce soir sur l'antenne d'RTL.
11:02Merci infiniment à vous deux.
11:03Dans un instant, le journal de 18h30, puis à 18h40,
11:06nous reviendrons sur les salaires des joueurs de foot de Ligue 1,
11:09nos confrères de l'équipe les publient, alors, qui gagne le plus, le moins,
11:12et qu'est-ce que ces chiffres, souvent faramineux, nous disent finalement aujourd'hui du foot tricolore ?
11:17Analyse avec l'un des auteurs de l'enquête, Loïc Tanzy, dans moins de 15 minutes.

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