• il y a 5 mois
"Se mettre en short, les premières fois, c'est pas facile…"

Percuté par une voiture qui a pris la fuite, Richard a été amputé d'une jambe. Aujourd'hui, il n'a plus peur du regard des autres, et il s'est même lancé un défi : courir 10 km. On a passé la journée avec lui.

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Transcription
00:00Je réapprends à courir suite à mon amputation il y a quelques années.
00:04Ça fait 13 ans que je n'ai pas couru.
00:06Let's go !
00:07C'est parti !
00:07Donc là, on va au stade à côté de chez toi.
00:09Yes.
00:16En 2011, j'ai eu un accident de la voie publique en scooter.
00:20Une voiture a grillé un feu et m'a percuté et a pris la fuite malheureusement.
00:25Deux mois après cet accident-là, c'est là où j'ai subi ma première amputation au niveau des orteils.
00:29Et après, vu que j'ai eu une luxation du genou, il fallait récupérer la flexion du genou.
00:34Je me suis battu pendant 6 ans en trentaine d'opérations, en centre de rééducation pendant des années.
00:41Et quand on m'a proposé l'amputation en 2017, c'était une décision pas simple à prendre.
00:47Soit j'ai resté jambes tendues toute ma vie ou soit c'était l'amputation.
00:53Donc j'ai décidé de choisir l'amputation parce que je savais que j'avais tout tenté.
00:58Hop, on pose la première, tranquillement.
01:06Le petit manchon.
01:12Dans les différents stades, il y a toujours quelqu'un qui vient me poser différentes questions.
01:17Sur si ça fait longtemps que je cours, si c'est difficile, etc.
01:20Donc je donne mon propre ressenti et je leur explique que je débute dans la course
01:25et que je m'entraîne pour faire le 10 km dans un an.
01:28Ils sont vachement motivés et j'en ai motivé un qui m'a dit qu'il allait venir.
01:32Donc avec grand plaisir, ça permet aussi d'avoir cette communion.
01:36Et je pense que j'ai l'impression que ça ramène beaucoup de monde avec moi,
01:40des personnes amputées, des personnes en situation de handicap, des valiers, des amis.
01:45Ils veulent tous courir avec moi et me soutenir dans ce projet.
01:48Quand je me suis lancé sur les réseaux et que je suis resté sur les réseaux,
01:52le but, c'était de transmettre un message positif et un message de bienveillance
01:59pour montrer que les personnes en situation de handicap sont capables de tout, déjà.
02:03Je reçois des messages tous les jours de personnes qui vont se faire amputer
02:06ou qui sont amputées et qui me considèrent un peu comme leur référent.
02:12Et je suis très content qu'ils se filent à mes vidéos, comment apprendre à marcher,
02:17à monter des escaliers, à voyager, etc.
02:20Donc ils ont cette appréhension de la vie après l'amputation.
02:24Et je suis content d'être cet exemple-là.
02:27Je me lance ?
02:29Allez !
02:35La première fois que j'ai mis la lame de cours, j'ai fait chuter une ou deux fois
02:39parce qu'il n'y a pas de frein, il n'y a pas de sécurité.
02:42Il faut savoir comment poser le pied au sol pour pouvoir se déplacer assez facilement.
02:47Et c'est une appréhension, on a peur de se lancer, on a peur d'aller de l'avant et de courir.
02:53Tu vois cette rotation, là il bloque par exemple.
02:57Il me permet de me revenir, de bloquer, de me relancer plus facilement.
03:00Le sport c'est vraiment une libération.
03:03La première fois que j'ai couru, il y a quelques mois, au bout de 13 ans,
03:07je flottais en fait, le sourire, j'étais ému, donc j'attendais ça pendant tellement longtemps.
03:17Les premières choses que je me suis dites une fois que j'allais courir,
03:20c'était vraiment cette appréhension d'aller au stade.
03:22Il faut se déshabiller, enlever la prothèse pour remettre la prothèse de course.
03:26J'ai eu la chance de tomber sur une collection Zalando
03:29qui était totalement adaptée aux personnes en situation de handicap.
03:32Il n'y a plus ce temps où on est obligé d'enlever le pantalon, d'enlever la prothèse, d'enlever la basket,
03:39de remettre la prothèse dans le short, de remettre sa basket et là on peut enfiler la prothèse.
03:44Le but, c'est de se sentir bien et d'aller au stade parce qu'on en a envie.
03:48Même si je me sens bien dans ma peau, bien dans mon corps,
03:51je n'ai pas envie d'être l'attraction du moment,
03:55à pouvoir montrer mon moignon, être en slip devant tout le monde.
03:59Ce n'est pas le but, c'est justement de me changer comme une personne valide se change.
04:03Elle n'a même pas besoin de s'asseoir.
04:04C'est un petit détail dans le vêtement qui change le quotidien d'énormément de personnes.
04:11Ça coûte super cher les prothèses de running, non ?
04:15Oui, ça coûte très cher.
04:17Ce n'est pas du tout pris en charge par la Sécurité Sociale.
04:21Tout ce qui est loisirs n'est malheureusement pas pris en charge par la Sécurité Sociale.
04:26Mais peut-être qu'un jour ça viendra.
04:28Par exemple, ma prothèse de marche est prise en charge par la Sécurité Sociale.
04:33Mais à un certain niveau, j'ai une prothèse de marche qui est très bien.
04:39Mais après, vous avez encore du haut de gamme.
04:41J'appelle ça du haut de gamme parce qu'il y a plusieurs options que je n'ai pas.
04:47Je dis très souvent qu'on a cette chance en France d'avoir la Sécurité Sociale.
04:52Et moi, ma personne qui m'a renversée, elle a pris la fuite.
04:56Je n'ai pas de partie adverse au niveau des assurances.
04:58Je ne peux pas me permettre de payer la prothèse que tout le monde a,
05:03la prothèse haut de gamme comme je le dis.
05:06Mais je suis très content de ma prothèse, elle est très très bien.
05:09J'étais bien dans ma peau avant l'amputation et tout d'un coup, on me regardait.
05:13Le regard est totalement différent quand on a la jambe et quand on ne l'a plus.
05:17Et ça, je peux totalement comprendre, mais ça m'a recroquevillé sur moi-même.
05:21J'ai fait une sorte de mini-dépression pendant quelques temps.
05:25Je ne sortais plus de chez moi, j'allais d'un point A à un point B.
05:28C'était vraiment assez compliqué.
05:30Je n'allais pas rester chez moi avec mon chat toute ma vie.
05:34Le but, j'ai trouvé cette idée, c'est de me mettre en avant sur les réseaux sociaux,
05:39d'allier la mode et le handicap.
05:42Je mets en avant ma prothèse que je considère comme un accessoire de mode.
05:47C'est pour ça que là, tu as plusieurs covers, on appelle ça des covers,
05:51de différentes couleurs. Je n'en ai sorti que quatre, je suis gentil.
05:54Tu en as plus ?
05:55Oui, il y en a d'autres couleurs.
05:56Est-ce que tu en as autant que des paires de baskets ?
05:58Je n'ai que quatre baskets, quatre paires.
06:00Ce n'est pas vrai.
06:01J'ai vu ton placard, c'est faux.
06:04Les covers, ça me permet aussi de me sentir bien quand j'arrive dans la rue
06:12et que les gens remarquent ma cover.
06:15Au lieu de remarquer ma prothèse, je me sens bien parce qu'ils trouvent que ma prothèse est stylée.
06:21D'habitude, avant, quand j'étais en pantalon,
06:25quand j'étais vraiment dans une cover très simple, très classique,
06:30les gens me demandaient ce qui m'était arrivé, pourquoi, etc.
06:34C'était plus pour savoir ce que j'avais comme handicap.
06:38Alors que là, on parle plus mode.
06:40On parle de moi, on parle de comment je me sens mieux dans ma vie.
06:43J'ai pu avoir plein de couleurs, plein de... créer des outfits comme je les aime.
06:49Et après, quand on arrive dehors et qu'on a un retour positif,
06:54là, on retrouve la confiance, on retrouve la motivation.
06:57Et le regard des autres, il me passe par-dessus la tête.
07:01À l'heure actuelle, je peux dire que c'était compliqué.
07:04Ça ne s'est pas fait comme ça du jour au lendemain.
07:07Mais c'est un travail sur soi-même.
07:09C'est beaucoup de sacrifices.
07:12Parce que de se mettre en short les premières fois, ce n'est pas facile.
07:16Mais je suis fier de moi.
07:19Je suis fier du parcours sur du long terme que j'ai pu faire.
07:23Je pense que j'ai eu beaucoup d'échecs dans ma vie.
07:27Maintenant, je n'ai plus peur des échecs.
07:30Je prends la vie comme elle vient.
07:33Je suis très heureux comme ça.

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