C'est un phénomène qui touche la Polynésie, un pays d’Outre-Mer français, souvent décrit comme paradisiaque. Mais, quand on regarde de plus près, on peut découvrir de nombreuses et vastes ruines de béton. Ce sont des restes d’impressionnants hôtels, complètement abandonnés et qui pourrissent sur place…
Qu’est-ce qui peut expliquer la multiplication de ces friches ? Quelles conséquences entraînent ces ruines ?
Qu’est-ce qui peut expliquer la multiplication de ces friches ? Quelles conséquences entraînent ces ruines ?
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00:00Penchons-nous sur ce vaste hôtel.
00:01A première vue, il a l'air tout droit sorti d'une carte postale.
00:04Pourtant, après quelques années à peine, voici ce qu'il est devenu.
00:07Et c'est loin d'être le seul, vous allez voir.
00:09Salut, c'est Lucas.
00:11Ce phénomène, il touche un pays d'outre-mer français,
00:14souvent décrit comme paradisiaque.
00:15Côté carte postale, on retrouve des paysages sauvages et épurés,
00:19des lagons turquoises, des cocotiers et des plages de sable blanc.
00:22Mais quand on regarde de plus près,
00:23on peut tomber sur ce type de vastes ruines de béton,
00:26souvent comparées à des verrues.
00:28Ce sont des restes d'impressionnants hôtels qui pourrissent sur place.
00:31Et il n'y en a pas juste un ou deux, vous allez voir.
00:33C'est un phénomène de grande ampleur.
00:35C'est à peu près 45% des emplacements qui sont en friche.
00:40Pour tenter d'explorer cette situation peu commune,
00:43on va notamment se plonger dans des cartes satellites.
00:45Alors, qu'est-ce qui peut expliquer la multiplication de ces hôtels abandonnés ?
00:49Quelles conséquences entraînent ces ruines ?
00:51Je vous explique.
00:56Nous sommes en août 2024.
00:58Ce groupe d'adolescents se filme en train de pénétrer dans l'un de ces hôtels abandonnés.
01:01Ils nous embarquent dans d'impressionnants bâtiments rongés par le temps.
01:05Ici, ils se frayent un chemin jusqu'au toit
01:07et débouchent sur la vue assez extraordinaire
01:09dont bénéficient plus de 100 chambres avec balcon juste en dessous.
01:18Ce lieu, il a été abandonné il y a 26 ans, en 1998.
01:21On l'a retrouvé sur des images satellites datant de 2009.
01:24Si on avance dans le temps, on voit que le toit de ce grand édifice
01:27s'effondre de plus en plus, tout comme d'autres bâtiments.
01:30Le bâti est un peu livré à lui-même et en fonction des aléas climatiques,
01:34eh bien, il se dégrade.
01:35Je me suis rendu compte que c'était loin d'être un cas isolé.
01:38Dans ce magnifique archipel,
01:40j'ai commencé à trouver de plus en plus d'hôtels abandonnés,
01:42dont certains encore plus impressionnants.
01:49Déplaçons-nous en plein océan Pacifique, à cet endroit.
01:52Ce phénomène d'hôtels abandonnés,
01:54il frappe la Polynésie française ou Fenoa en polynésien.
01:57C'est un ensemble de plus de 70 îles habitées et d'atolls,
02:00dont certains ressemblent à ça.
02:02On voit d'abord le rêve,
02:03puisque Tahiti et ses îles, c'est quand même une destination un peu mythique.
02:06L'accueil polynésien garante l'image de marque du territoire
02:10qui vit plus du tourisme que de la perle de culture ou du copra.
02:13C'est à la fois ces paysages paradisiaques,
02:15et puis c'est aussi ce peuple polynésien
02:19marqué par cette tradition d'accueil qui est souvent mis en avant.
02:23Dans ces cadres naturels grandioses,
02:24de nombreux grands hôtels se sont développés pour attirer les touristes.
02:27Bienvenue dans l'intercontinentale Maria Resort & Spa.
02:32Avant de finir en ruine pour une partie significative d'entre eux.
02:35J'ai l'impression de voir quelqu'un à l'article de l'amant,
02:40et je ne comprends pas pourquoi cet hôtel n'a pas été repris.
02:45Pour s'en rendre compte de l'ampleur du phénomène,
02:47dans cet article de 2021, le géographe Philippe Bachimont
02:50tente de recenser ces hôtels abandonnés.
02:52Si on se rend sur l'île de Tahiti, on retrouve donc l'hôtel Tahara.
02:56C'est le nom de celui que je vous ai montré tout à l'heure.
02:58Voici à quoi il ressemblait quand il était en activité.
03:00Mais sur Tahiti, le géographe cite aussi par exemple
03:03les restes du Maeva Beach fermé en 2012.
03:05En 2020, c'est l'Iaora Beach Resort,
03:07avec ses bungalows typiques sur le lagon, qui ferment également.
03:13À environ 180 kilomètres de là, dans les lagons de Wainé,
03:17une autre île touristique, il repère notamment le Sofitel Eyva,
03:20logé sur cet îlot.
03:21L'hôtel Sofitel du Wainé s'est implanté dans un site superbe
03:25au bord d'un des plus beaux lagons, les îles Soulevent.
03:28On a retrouvé cette photo de 1992,
03:31qui donne un bon aperçu de ce lieu avant la fermeture dans les années 2000.
03:34Aujourd'hui, sur place, on trouve encore cette piscine,
03:37ces structures en béton de bungalows plantées dans l'eau,
03:39ou encore quelques éléments de décoration.
03:43Même les derniers, le Royal Wainé par exemple,
03:47c'est le dernier qui soit ouvert et fermé.
03:49J'ai même pas pu y accéder d'ailleurs, tellement c'était clos.
03:54Enfin, si on se rapproche de Tahiti, sur l'île de Moréa,
03:57il cite entre autres l'impressionnant Intercontinental fermé en 2020.
04:01Au total, dans les îles les plus touristiques de la Polynésie française,
04:04le géographe comptabilise environ 30 hôtels non démolis
04:07qui sont fermés ou en friche.
04:09D'après mes calculs, dans les années 2020,
04:12c'est à peu près 45% des emplacements qui sont en friche.
04:17J'ai donc voulu comprendre pourquoi cet archipel est frappé
04:19par une prolifération d'hôtels en ruines.
04:21Pour commencer, j'ai regardé ce qu'il se passait concrètement dans ces ruines.
04:29Plongeons à Wainé, ici, où ont été prises ces photos.
04:32En regardant bien, vous verrez les restes de l'hôtel Anahiti fermé en 1994.
04:37Les ruines, elles se sont détériorées au fur et à mesure.
04:40Il n'y a presque plus rien maintenant.
04:41Celui-ci est désormais en très grande partie recouvert par la végétation
04:45et assez peu visible de l'extérieur.
04:47L'abandon, il ne faut pas que j'exagère,
04:49mais c'est pratiquement bénéfique.
04:50Là, on est en milieu tropical, donc tout va très vite.
04:52On retrouve par exemple du récif qui repousse sur des blocs de béton
04:57qui sont au fond de l'eau, par exemple, des choses comme ça.
04:59Mais toutes les friches sont loin d'être aussi invisibles.
05:02Retournons à Morea, au bord de ce magnifique lagon.
05:04Nous sommes dans l'un des plus grands hôtels en friche.
05:06C'est l'ancien Club Med de Lille.
05:08À 7 minutes d'avion de Tahiti,
05:10Morea, au lieu de vacances, a retrouvé sa vocation et son animation
05:14avec la réouverture du Club Med.
05:18Comme la plupart de ses hôtels en Polynésie,
05:20c'est une sorte de village composé de bungalows.
05:22Voilà un énorme lobby.
05:24C'est une sorte de grand navire de nef à l'envers.
05:28Vous voyez, c'est des terrains de tennis,
05:30un domaine de plusieurs dizaines d'hectares avec un îlot en face.
05:34Depuis sa fermeture dans les années 2000,
05:36il est lui aussi tombé en grande partie en ruine.
05:38Ces vidéos tournées en 2024 nous permettent d'entrer à l'intérieur
05:42pour découvrir plus précisément ce qu'il est devenu.
05:44On devine ici une grande salle,
05:46peut-être le bar ou le restaurant.
05:48Tous les bâtiments vidés se dégradent ou s'effondrent
05:50laissant apparaître de vastes ruines de béton.
05:52Ce délabrement bien visible sur un vaste espace,
05:54on le retrouve dans plusieurs cas.
05:56Première conséquence, ces friches ont un impact assez négatif
05:59sur l'image des sites qu'elles occupent,
06:01en particulier sur les activités d'hébergement
06:03et de commerce à leur voisinage.
06:05C'est ce qu'indique ce document des autorités de la Polynésie française
06:08publié en 2019.
06:10Mais ce n'est pas la seule conséquence.
06:12Cette plage d'environ 300 mètres était la plage du Club Med.
06:14En Polynésie française, ce type d'hôtel
06:16dispose généralement d'une plage privée.
06:18Cela offre au client un accès direct au lagon
06:20et permet de proposer des activités nautiques ou de la plongée.
06:25On peut priver, privatiser une plage
06:27et même la garder privée une fois qu'on a pu d'usage.
06:30Souvent, ce sont les plus belles plages,
06:33parfois même les seules,
06:35les seules qu'il y a à des kilomètres.
06:38Ici, on voit d'ailleurs le reste des barrières
06:40qui ont continué à fermer l'accès pendant très longtemps.
06:42Le document des autorités polynésiennes
06:44indique que souvent, ces hôtels abandonnés
06:46bloquent l'accès du littoral aux populations riveraines.
06:49Suite à la publication de vidéos d'Urbex dans l'hôtel Tara,
06:52le média tahitien TNTV indique notamment
06:55qu'au-delà des risques liés à la vétusté,
06:57il s'agit d'une violation de propriété privée
06:59et que les visiteurs s'exposent à une amende
07:01pouvant aller jusqu'à 45 000 euros et 3 ans d'emprisonnement.
07:04Donc clairement, l'objectif de cette vidéo
07:06ce n'est pas d'encourager à visiter ces lieux
07:08dont l'accès est souvent interdit et qui peuvent être dangereux.
07:10D'ailleurs, en plus des barrières,
07:12certains de ces hôtels fermés ont également
07:14un ou plusieurs gardes.
07:15Ce gardiennage s'effectue avec des meutes de chiens
07:18qui, véritablement, empêchent d'accéder.
07:21On le voit dans beaucoup d'hôtels, finalement,
07:23ce genre de choses.
07:25Le Anahiti Hawaine, c'est un peu particulier.
07:27Alors, c'est un gardien qui, lui, est ouvert, quoi.
07:30C'est-à-dire que les croisiéristes
07:32peuvent accoster sur la plage
07:34et il leur vend des colifichets,
07:36il leur fait visiter les ruines,
07:38ce genre de choses, quoi.
07:40Parce que c'est un site absolument extraordinaire.
07:42Les gardes, ce ne sont pas les seuls habitants
07:44potentiels de ces lieux.
07:45Regarder ces images récentes,
07:47on se rend compte qu'il y a plusieurs traces de vie.
07:49On s'aperçoit que certains des Bengalos
07:51sont aujourd'hui tout à fait entretenus.
07:53La végétation n'a pas repris ses droits.
07:55Pourquoi ? Parce que souvent,
07:56ce sont des familles qui, du coup,
07:58quand l'hôtel a été abandonné
08:00ou a été fermé,
08:02ont réinvesti ces Bengalos.
08:04Ces réappropriations de friches touristiques
08:07peuvent se faire dans l'illégalité
08:09si c'est pour un usage de résidence principale,
08:11théoriquement.
08:12Autre enjeu, le géographe Anthony Chekémian
08:14pointe des risques pour l'environnement
08:16et notamment de potentielles pollutions
08:18ou contaminations.
08:19Alors on peut imaginer des fuites
08:21de produits chimiques,
08:22les déchets qui viennent s'accumuler,
08:24la contamination par des matériaux de construction.
08:26On peut penser à l'amiante.
08:27Il faut différents produits utilisés,
08:29des peintures, des solvants, etc.
08:30Les sites abandonnés peuvent justement
08:32se transformer en espaces
08:34où l'impact environnemental est sous-estimé.
08:36Si la végétation regagne souvent du terrain,
08:38de nombreux matériaux restent sur place
08:40et se décomposent lentement dans l'environnement.
08:42Plusieurs friches sont aussi utilisées
08:44comme décharges sauvages
08:45et certaines ont été touchées par des incendies.
08:50Autre exemple, si elles ne sont pas entretenues,
08:52certaines piscines ou surfaces bétonnées
08:54peuvent se transformer en réservoirs d'eau stagnante.
08:56Cela peut être propice au développement
08:58de moustiques ou de maladies.
08:59Ne pas réutiliser ces terrains pendant des années,
09:01ça veut aussi dire qu'on doit trouver
09:03des espaces ailleurs pour de nouvelles constructions
09:05et donc potentiellement détruire
09:07de nouvelles zones de paysages naturels.
09:09Enfin, il y a d'autres conséquences importantes
09:11qu'on n'a pas encore citées.
09:12On a l'impression d'être sacrifiés.
09:14C'est ça qui me fait peur.
09:15S'il y a plus de soleil,
09:17on ne peut pas payer le crédit.
09:20La fermeture d'un hôtel,
09:21c'est la mise au chômage
09:23de souvent une centaine de personnes.
09:25C'est donc d'autant plus dramatique
09:28parfois que dans certaines petites îles,
09:30ce n'est pas une personne dans la famille
09:32qui est concernée,
09:33c'est parfois plusieurs personnes dans la même famille.
09:35Ces ruines, elles ont donc différents effets
09:37qui peuvent varier d'un endroit à l'autre
09:39et aller jusqu'à avoir un impact important
09:41pour les habitants ou l'environnement.
09:43Mais alors, comment en est-on arrivé là ?
09:49Voici maintenant l'île de Bora Bora,
09:51notamment prisée pour des lunes de miel.
09:53Ici, l'hôtel Hayat a fermé
09:55avant même d'avoir véritablement ouvert.
09:57Il reste les colonnes de béton
09:59qui soutenaient le lobby de l'hôtel.
10:01Il a été terminé, mais il n'a jamais ouvert.
10:03En dehors de cet exemple extrême,
10:05pour comprendre les rouages de ce phénomène massif,
10:07penchons-nous une dernière fois
10:09sur le Klummet de Montréal.
10:11En fait, Klummet n'était pas propriétaire du terrain
10:13sur lequel était construit l'hôtel.
10:15Ce terrain était détenu par plusieurs propriétaires
10:17en indivision,
10:19comme c'est souvent le cas en Polynésie française.
10:21L'indivision, ça veut dire en gros
10:23que le terrain ne peut pas être morcelé
10:25et que les décisions nécessitent un accord collectif
10:27entre tous les propriétaires.
10:29Ça a permis, en fait,
10:31beaucoup de conserver la propriété
10:33des terres en Polynésie par la population locale.
10:35Dans les années 2000,
10:37au moment de renouveler le bail
10:39pour continuer l'activité de l'hôtel,
10:41il y a désormais une trentaine de propriétaires.
10:43Et tout ne se passe pas comme prévu.
10:45Ils n'ont pas eu l'accord de tous les propriétaires
10:47pour renouveler pour 40 ans
10:49ce bail.
10:51Klummet cesse finalement les négociations
10:53et l'hôtel ferme après une quarantaine d'années d'activité.
10:55Le système d'indivision,
10:57c'est la fermeture de plusieurs hôtels
10:59au moment de renouveler le bail.
11:01En fonction des cas, les raisons peuvent varier.
11:03Ça peut être un désaccord sur la rémunération du bail,
11:05une volonté pour certains propriétaires
11:07de retrouver un accès privilégié au lagon
11:09ou encore une manière de s'opposer
11:11à l'accaparement du lieu par le tourisme.
11:13Mais selon l'article que je vous ai déjà cité,
11:15des hôtels comme le Tahara, le Cook ou le Hanaïti
11:17n'auraient pas connu ce type de situation.
11:19Vous allez voir, ces abandons peuvent être provoqués
11:21par plusieurs autres facteurs.
11:23Certains sites restent inactifs
11:25en raison de l'impact des catastrophes naturelles.
11:27On peut penser à l'érosion côtière,
11:29certes, mais aussi aux cyclones
11:31ou à des effets collatéraux,
11:33par exemple suite à la crise de la Covid-19,
11:35la crise sanitaire qui a paralysé
11:37l'industrie touristique locale.
11:39Plus généralement, un grand nombre d'hôtels
11:41ont fermé car ils étaient jugés plus assez rentables.
11:43À ce sujet, je suis tombé sur ce rapport
11:45de la Cour des Comptes publié en 2024.
11:47Il pointe le rôle des dispositifs
11:49de défiscalisation.
11:51Alors je vous passe les détails, mais en gros,
11:53pour faciliter le développement touristique,
11:55la Polynésie française a depuis longtemps
11:57mis en place d'importantes réductions d'impôts.
11:59Pour construire un hôtel,
12:01une partie de cette somme investie
12:03peut être récupérée en cadeau fiscal,
12:05avec néanmoins,
12:07généralement, une obligation
12:09d'exploitation pendant une durée d'une dizaine d'années.
12:11Sauf que qu'est-ce qu'on observe ?
12:13On observe que finalement,
12:15pour certains investisseurs,
12:17il y a une fois la durée d'exploitation
12:19terminée, obligatoire,
12:21la personne n'avait qu'un seul objectif,
12:23c'est revendre l'exploitation.
12:25Et quand il y a eu des difficultés de revendre,
12:27ça a pu se traduire par
12:29un abandon de la structure.
12:31Si vous n'aviez pas réalisé des chiffres
12:33d'affaires qui vous permettaient de revenir
12:35dans le droit commun,
12:37à ce moment-là, il n'y avait plus qu'à revendre
12:39ou à fermer.
12:41Les problèmes de rentabilité ont parfois été renforcés
12:43par une mauvaise gestion ou par des effets de mode.
12:45Comme le montre ce graphique,
12:47entre 1990 et 2015,
12:49le tourisme en Polynésie a connu
12:51plusieurs cycles de hausse, parfois subi
12:53d'importantes baisses sur plusieurs années consécutives.
12:55Cela peut expliquer la difficulté
12:57à remplir des chambres dans certaines périodes.
12:59On peut citer parfois un manque de régulation
13:01sur les nouveaux projets touristiques
13:03qui sont parfois mal adaptés
13:05ou parfois trop ambitieux.
13:07Ça arrive aussi pour la capacité
13:09d'accueil de ces archipels.
13:11Enfin, au sein même de la Polynésie française,
13:13les lieux où les hôtels
13:15les plus à la mode peuvent évoluer.
13:17La géographe Caroline Blondy montre par exemple
13:19comment cette partie de l'île de Bora Bora
13:21a été peu à peu délaissée du tourisme.
13:23Au profit d'abord du sud de l'île
13:25dans les années 1980,
13:27puis au profit des îlots
13:29autour du lagon, appelés les Motu,
13:31pour des vacances encore plus à l'écart.
13:35Quelles que soient les causes,
13:37une fois que l'activité ferme,
13:39les installations sont souvent seulement partiellement
13:41voire pas du tout démontées.
13:43Je me suis demandé s'il y avait des solutions
13:45pour réhabiliter les sites en ruine
13:47et pour stopper de nouveaux abandons.
13:53Vous vous souvenez de l'hôtel Tahara,
13:55vous savez celui où des personnes s'étaient
13:57introduites en 2024.
13:59Et bien une vingtaine d'années après sa fermeture,
14:01il a été racheté par un groupe qui a proposé
14:03un projet de transformation.
14:09Mais selon ces articles,
14:11la commune s'est opposée à plusieurs reprises
14:13aux projets présentés, notamment par peur
14:15d'impact sur l'eau potable.
14:17Cet exemple montre les difficultés qui peuvent exister
14:19à trouver des solutions durables
14:21et profitant au plus grand nombre.
14:23Ça n'a pas toujours été la priorité que de
14:25réhabiliter les anciennes friches.
14:27Parfois, dans une volonté de faire un tourisme
14:29mieux adapté, avec des retombées directes,
14:31il y a eu des périodes
14:33où on a favorisé au contraire les petites pensions.
14:35Dès 2019, le gouvernement
14:37de Polynésie française indique
14:39qu'il faut apporter des réponses cohérentes
14:41pour permettre le recyclage des friches touristiques
14:43et faire en sorte qu'elles se reproduisent le moins possible.
14:45Il faut avoir bien en tête que
14:47dans le contexte polynésien,
14:49l'indivision mais également aussi
14:51la croissance démographique
14:53de certaines îles touristiques
14:55fait qu'il y a une pression foncière
14:57qui est extrêmement forte aujourd'hui
14:59et que donc il y a
15:01un besoin effectivement
15:03de places, entre guillemets,
15:05pour pouvoir à la fois
15:07loger les populations
15:09et construire des hôtels.
15:11Alors où en est-on au final ? Dans ce bilan de 2023,
15:13cette carte montre, en orange,
15:15cinq établissements alors nouvellement
15:17fermés mais temporairement,
15:19selon ce bilan. En rouge, ce sont 17 sites
15:21hôteliers fermés depuis plusieurs années
15:23et sans projet de réouverture.
15:25Alors il y a eu sans cesse des réaménagements
15:27de ces lois pour essayer
15:29soit d'accompagner la sortie de défiscalisation
15:31mais la défiscalisation existe
15:33toujours. La sortie de l'indivision,
15:35c'est quelque chose qui est accompagné
15:37par le territoire.
15:39Ce problème est aujourd'hui pris
15:41apparemment à bras le corps par
15:43cette volonté d'identifier ces friches
15:45et de voir comment les transformer.
15:47Mais là encore, c'est un peu tôt
15:49pour dire que ça sera
15:51suivi des faits dans les médias.
15:53Dans certains cas, ce sont aussi des
15:55désaccords entre les différents propriétaires
15:57du terrain qui bloquent des rénovations
15:59ou des reconversions. Toujours ce principe de l'indivision.
16:01La Cour des Comptes pointe un autre
16:03obstacle, financier cette fois.
16:05Selon son rapport, il est plus onéreux
16:07de démolir pour reconstruire
16:09que de construire directement du neuf.
16:11Si l'on reprend la carte de tout à l'heure, ces 5 étoiles
16:13cette fois montrent des hôtels engagés
16:15dans des processus de changement d'enseigne
16:17ou de rénovation. Parmi eux, il y a la
16:19rénovation de l'hôtel Cooke fermé en 1998.
16:21Ces travaux se sont notamment
16:23appuyés sur l'utilisation maximale
16:25des matériaux en place, entraînant l'économie
16:27d'environ 2000 tonnes de matériaux
16:29selon la présidence de la Polynésie française.
16:31Cet hôtel en ville par exemple
16:33a été remplacé par des parkings.
16:35Certains ont également fini par être remplacés
16:37par des maisons ou des appart'hôtels.
16:43Celui-ci, il a finalement été totalement démonté
16:45et transformé en grand parc au bord de l'eau.
16:47Donc on voit effectivement qu'il a pu
16:49y avoir des réappropriations de ces zones
16:51pour l'allusage
16:53justement des populations.
16:55Quant au Lagoon Resort Bora Bora, il a lui aussi
16:57été démonté et semble avoir complètement
16:59disparu. Donc il y a des exemples de reconversions
17:01qui sont plutôt réussies, que l'on peut
17:03observer à travers le monde. Ça pourrait permettre
17:05de constituer des leviers intéressants
17:07pour transformer ces friches
17:09en finalement de véritables
17:11atouts.
17:15Voilà, c'est tout pour cet épisode des Doc Nature.
17:17J'espère qu'il vous aura intéressé.
17:19Si vous êtes vous-même Polynésien, n'hésitez pas
17:21à nous donner plus d'infos ou à nous dire ce que vous
17:23pensez de cette situation. Et voici
17:25autre chose que j'ai appris.
17:26Ce sont des plages largement artificielles
17:28en fait. Pour que
17:30les touristes en bénéficient, il a fallu
17:32casser le Bishrock, c'est-à-dire
17:34le récif
17:36littoral, parce que
17:38sinon on ne peut pas vraiment se baigner.
17:40Et il a fallu apporter du sable.
17:42Et il faut recharger les plages
17:44assez souvent, selon
17:46les tempêtes, selon les courants,
17:48etc. Donc je ne dirais pas que
17:50c'est un cas absolument général.
17:52Il y a des cas contraires. Quand
17:54l'hôtel est abandonné, qu'est-ce qui se passe ?
17:56Tout ça s'érode en fait.
17:58C'est-à-dire qu'il y a
18:00un courant qui va emporter le sable au fur et à mesure.
18:02Le fait d'en sabler par exemple, ça a une
18:04conséquence, parce que ça va
18:06empêcher la croissance du
18:08récif.
18:09Merci à la personne qui m'a donné l'idée de ce reportage
18:11et à toutes celles et tous ceux qui ont participé
18:13ou fourni des images pour mieux comprendre
18:15cette réalité. On se retrouve dimanche prochain
18:17à 10h pour un nouvel épisode des Doc Nature.