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Et si on pouvait payer ses courses avec sa carte vitale ? C'est un petit peu le concept qui est testé en ce moment à Bordeaux.
Une Sécurité sociale alimentaire pour que tout le monde puisse manger plus sain, plus équilibré et favoriser les commerçants de quartier et les producteurs locaux. 150 étudiants le testent en ce moment, voici comment ça marche.

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00:00Et si on pouvait payer ses courses avec sa carte vitale ?
00:03C'est un petit peu le concept de la Sécurité Sociale de l'Alimentation
00:06qui est testée ici à Bordeaux pour la première fois en France depuis septembre
00:10sur un panel de 150 étudiants.
00:12Ça m'a permis surtout de diversifier, de prendre un peu plus de bio.
00:15Je mange plus sain, même du coup la viande, j'en mangeais très rarement.
00:19Là c'est de la viande, je sais que ça va être de la qualité, c'est bio,
00:23c'est des éleveurs qui sont responsables.
00:25C'est hyper important je pense aujourd'hui.
00:28La Sécurité Sociale de l'Alimentation est à l'initiative du CREPAC,
00:32une organisation citoyenne gérondine,
00:34avec l'aide de la GEM, les émetteurs de la monnaie locale.
00:37On a été les voir dans leur bureau pour essayer de comprendre
00:40comment et pourquoi ils avaient mis ça en place.
00:41L'idée de la Sécurité Sociale de l'Alimentation,
00:44elle a émergé il y a quelques années par un collectif national.
00:47Elle repose sur trois piliers.
00:48L'universalité, donc elle concerne tout le monde
00:50et pas uniquement les personnes en situation de précarité,
00:53comme la Sécurité Sociale de la Santé aujourd'hui.
00:55Le conventionnement et la cotisation.
00:57Donc le but, c'est que chacun cotise à hauteur de ses revenus
01:01et les bénéfices sont répartis à parts égales entre tous.
01:07En gros, c'est comme une mutuelle.
01:09C'était à partir de 10 euros.
01:10Et en fait, il fallait estimer combien de nous on pouvait mettre.
01:13Et moi, je paye 20 euros tous les mois.
01:16Et en échange, j'ai 100 euros de GEM.
01:18Donc c'est un gain de 80 euros personnellement pour faire des courses.
01:23La GEM, du coup, c'est la monnaie locale en Gironde.
01:26Du coup, les magasins partenaires de la GEM,
01:29c'est des magasins qui sont, oui, qui sont bio,
01:31qui vont être plus responsables.
01:32Ça va être des petits épiciers de quartier.
01:35Je n'allais pas du tout dans ce genre de magasin
01:37parce que je n'avais pas les moyens.
01:39Je...
01:41J'allais plutôt voir les premiers prix sans me soucier de la provenance.
01:46Si je devais donner quelques objectifs vraiment clairs
01:49sur la Sécurité Sociale de l'Alimentation,
01:52ça serait déjà garantir le droit à l'alimentation pour tout le monde,
01:55avoir une meilleure santé aussi de la population
01:57parce qu'une bonne alimentation, c'est une bonne santé.
02:01Ça serait mettre en valeur le commerce de proximité
02:03et le commerce local et l'agriculture paysanne de nos territoires.
02:06La question de la juste rémunération des agriculteurs,
02:09elle est au centre vraiment du projet SSA.
02:16Avant, c'était impossible financièrement de consommer plus responsable.
02:20J'étais en précarité étudiante quand je suis arrivée sur Bordeaux.
02:24En plus, je suis arrivée en période Covid, c'était un peu compliqué.
02:27J'ai découvert les paniers alimentaires qui étaient mis en place par le CRUS.
02:32Et en fait, ça me permettait de vivre parce que j'avais 50 euros
02:36pour manger, mais aussi payer mes factures.
02:38Après, du coup, je me suis mise en couple avec mon copain
02:41et on a habité ensemble.
02:42Donc là, déjà, ça allait mieux.
02:43Mais là, ça va encore mieux parce que je peux payer mes courses.
02:47Là, le constat qu'on fait ces dernières années,
02:49c'est que vraiment, les produits les plus accessibles
02:52ne sont souvent pas les produits de meilleure qualité.
02:54Donc, c'est le problème qu'on rencontre.
02:57Les populations les plus précaires vont se nourrir
03:00avec des produits de moins bonne qualité que les populations aisées.
03:02Et la population étudiante, elle, elle est particulièrement touchée
03:05par la précarité puisqu'on a vu les files d'attente
03:07des associations d'aide alimentaire augmenter considérablement
03:10en ces dernières années, notamment depuis la crise du Covid.
03:13On a 36% des étudiants qui déclarent sauter des repas
03:16pour des raisons financières.
03:18Il y en a la moitié d'entre eux qui disent réduire les portions
03:20de leurs repas pour les mêmes raisons.
03:22Donc là, c'est vraiment l'objectif de ce projet.
03:25C'est de montrer qu'avec un coup de pouce
03:27qui plus est orienté vers une alimentation de qualité,
03:31on peut les aider à se nourrir.
03:34Euh... Check, check, check.
03:37Ce programme, en fait, vers mars de l'année dernière, en 2023,
03:41il y a eu un appel sur leur compte Instagram à remplir un questionnaire.
03:46Et j'ai été tirée au sort pour participer au programme.
03:48Et je les remercie vraiment.
03:50Alors, au niveau des critères de sélection,
03:52ça a été défini en assemblée de caisses locales.
03:55Donc les seuls critères qui ont été retenus,
03:57ça a été les critères de parité,
03:59d'avoir autant de garçons que de filles,
04:00que de personnes non genrées.
04:02Il n'y a pas de critère de revenu et de budget à proprement parler
04:06puisque justement, le principe de la SSA,
04:08c'est d'avoir un public universel.
04:10Et donc, ça ne concerne pas uniquement les personnes
04:12en situation de précarité.
04:13Dans un projet de sécurité sociale de l'alimentation au global,
04:16si c'était une loi retenue à échelle nationale,
04:19les revenus seraient pris en compte
04:20puisque chacun cotiserait à hauteur de ses revenus.
04:23Mais par contre, la somme touchée par l'ensemble des habitants serait la même.
04:28– Vous avez un compte ?
04:29– Alors non, je n'ai pas de compte, mais je paie avec la GEM.
04:32Alors en fait, il faut juste se connecter au compte de la GEM
04:36et normalement, c'est envoyé.
04:37Très bonne journée, au revoir.
04:38– Oui, au revoir, à bientôt.
04:41– Grâce à une monnaie locale, même quand on achète dans une épicerie,
04:44l'épicerie elle-même, quand elle reçoit cette monnaie,
04:46quand elle reçoit de la GEM, elle va être influencée,
04:49pouvoir repenser un peu son réseau de fournisseurs
04:52pour intégrer de plus en plus de producteurs locaux.
04:54Le but en fait, c'est que ce titre de paiement,
04:55il ne va pas quitter son territoire.
04:57Donc nous, on circule à l'échelle de la Gironde
04:59et donc ça ne va pas quitter la Gironde
05:00et ça ne va circuler qu'entre des professionnels qui sont prestataires.
05:04Ils répondent à une charte commune,
05:05donc une charte environnementale, sociale et éthique.
05:08On voit que grâce à la monnaie locale,
05:11il y a plusieurs épiceries, plusieurs magasins bio
05:14qui justement changent de fournisseurs,
05:17qui vont par exemple en direct de fermes
05:20qui se trouvent à 20 kilomètres de la métropole,
05:22donc vers Léonian, Le Haïan, Saint-Médard,
05:25plutôt que passer par des coopératives d'achat.
05:27– Évidemment, on veut tous avoir déjà moins d'impact carbone.
05:33On veut faire attention aussi à la consommation.
05:36Effectivement, ça me permet, en tant qu'étudiante,
05:39de faire attention à quelque chose que je ne pouvais pas faire avant.
05:47– Dans le cadre de cette expérimentation,
05:49on est accompagnés par un groupe de chercheurs.
05:51Donc les étudiants, ils vont remplir des formulaires
05:55avec toutes leurs habitudes de consommation,
05:57la perception qu'ils ont du droit à l'alimentation,
06:00de la démocratie alimentaire et tous ces résultats-là,
06:04en plus des résultats qu'on aura eus
06:06pendant l'expérimentation avec l'accompagnement,
06:08vont être évalués par ce groupe de chercheurs
06:11qui devraient rendre un rapport scientifique à l'automne 2024.
06:14Alors nous, ce qu'on aimerait, à travers cette expérimentation,
06:16c'est de montrer que la sécurité sociale de l'alimentation,
06:19c'est une réponse concrète au respect du droit à l'alimentation.
06:23L'idée, c'est de continuer à faire vivre cette caisse locale de l'alimentation
06:26pour essayer, en 2024-2025,
06:28de co-construire un projet à plus grande échelle.
06:31Alors bien sûr, l'objectif final, c'est une mission de plaidoyer,
06:33c'est de montrer qu'à échelle nationale, ça peut fonctionner.
06:36L'alimentation, c'est aussi quand même une question de santé.

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