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"Pour toutes ces victimes de l'ombre, j'ai décidé de m'engager."

Le 14 novembre dernier, la députée Sandrine Josso était droguée à son insu lors d'une soirée, on appelle ça la soumission chimique. Aujourd'hui, pour son retour à l'Assemblée nationale, elle a tenu à mettre la lumière sur cette pratique. Brut l'a rencontrée.

Sandrine Josso s'engage contre la soumission chimique au côté de l'association MendorsPas.

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Transcription
00:00Le 14 novembre dernier, je suis allée chez un ami, le cœur léger, pour fêter sa réélection.
00:06J'en suis ressortie terrorisée.
00:09J'ai découvert un agresseur.
00:12Je comprends alors que j'ai été droguée à mon insu.
00:15C'est ce qu'on appelle la soumission chimique.
00:18Aujourd'hui, je ne vous parle pas en tant que femme victime,
00:24mais en tant que députée de la nation,
00:27qui s'indigne que ce sujet ne soit pas pris à bras-le-corps.
00:38Comment ça s'est passé ce retour à l'Assemblée nationale ?
00:41C'était émouvant.
00:45Difficile quand même de revenir ici.
00:48C'est plein d'émotions sur le moment.
00:49J'étais tellement fixée sur le message que je voulais faire passer.
00:54J'étais émue et en même temps, je me suis dit, garde le cap,
00:58reste concentrée pour toutes ces victimes.
01:00C'était quoi justement le message que vous vouliez faire passer ?
01:02Le premier message, c'est de dire que la soumission chimique,
01:05ça n'arrive pas qu'aux autres.
01:07Et que toutes ces victimes aujourd'hui qui sont dans l'ombre,
01:10c'est important qu'elles se sentent reconnues
01:13et qu'elles puissent être prises en charge
01:16et qu'il y ait de moins en moins de victimes
01:18et que celles à qui ça arrive,
01:20elles puissent très facilement finalement déposer plainte,
01:25être crues, avoir des résultats, des bilans sanguins immédiatement
01:30pour pouvoir prouver les choses.
01:31Parce qu'il y a vraiment ce phénomène d'amnésie.
01:33Pourquoi est-ce que vous dites que c'est le crime parfait ?
01:36C'est le crime parfait parce que d'une part,
01:39les victimes ont une amnésie,
01:41donc une sorte de blackout très souvent.
01:43Donc elles savent plus ce qui leur est arrivé.
01:45Il y a des moments de la soirée qu'elles peuvent oublier.
01:48Et puis après, c'est difficile aussi
01:50parce que la société ne connaît pas la soumission chimique.
01:52Donc quand on en parle, on n'est pas tout de suite cru.
01:55Et le dernier point, c'est que quand on souhaite aller porter plainte,
01:58eh bien on a affaire à des policiers
02:01qui peuvent être formés aux violences faites aux femmes,
02:03mais pas à la soumission chimique.
02:05Donc c'est très compliqué aussi, ne serait-ce que d'expliquer les choses.
02:09Et puis moi aussi, j'ai eu des victimes qui m'ont dit
02:12qu'elles avaient peur d'aller porter plainte.
02:15Et il faut vraiment que la peur change de camp.
02:17Quand j'étais en convalescence,
02:20j'ai été contactée par Caroline Darian de l'association M'endort pas.
02:24Et ensuite, en écoutant Caroline, en écoutant son histoire,
02:29l'histoire de sa maman, j'ai été très touchée.
02:32Et aujourd'hui, pour toutes ces victimes de l'ombre,
02:35eh bien pour cette association, j'ai décidé de m'engager.
02:39Le 14 novembre, Sandrine vit ce drame.
02:43Une semaine plus tard, elle passe dans l'émission C'est à vous,
02:45et c'est en regardant son témoignage télévisuel
02:48que je me suis dit qu'il fallait impérativement que je la contacte.
02:51Et on s'est rencontrées et en fait, on s'est tout de suite entendues
02:55sur la nécessité de faire bouger les lignes en matière de prise en charge.
03:00Le mouvement M'endort pas s'appelle la soumission chimique
03:02qui a été lancée l'année dernière pour sensibiliser,
03:06pour mieux prévenir et protéger sur ce qu'est la soumission chimique
03:10et ce fléau qui est plus largement répandu
03:13et qui consiste à droguer une personne à son insu pour abuser d'elle,
03:17à des fins criminelles ou sexuelles.
03:20Ça touche évidemment majoritairement les femmes,
03:22mais pas que les femmes, ça touche aussi les enfants, les personnes âgées,
03:27en définitive, les personnes vulnérables.

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