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David Castello-Lopes est né dans un monde où le porno était rare. Et puis il a découvert la littérature érotique.

Retrouvez la question de David Castello-Lopes dans le 7/10 (8h55 - date) Retrouvez toutes les questions de David Castello-Lopes sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-david-castello-lopes

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Amusant
Transcription
00:00David Castello-Lopez, bonjour ! Comment écrire de la bonne littérature érotique ?
00:05Léa, Nicolas, Mathilde, Claude, j'ai beau être le plus jeune d'entre vous, je suis né comme vous dans un monde où le porno était rare.
00:15Bon, pour les chanceux comme moi, il y avait Canal+, le premier samedi du mois, mais dans mon cas, le décodeur était dans la chambre de ma sœur.
00:21Donc il fallait que le premier samedi tombe un jour où elle dormait chez son petite amie, ce qui arrivait à peu près une fois sur 17.
00:27Mais sinon, sinon, on devait se contenter principalement des magazines, Penthouse, Hustler, Hot Vidéos,
00:34qu'on ne pouvait acheter qu'en affrontant les sourires entendus des kiosquiers.
00:38Ah bah dites-moi, on va s'amuser les jeunes, ça fera 30 francs.
00:42Et on gardait le magazine pendant 4 ans pour ne pas avoir à subir cette honte une nouvelle fois.
00:47Et puis, il y avait la FNAC.
00:49A la FNAC, il y avait un rayon bande dessinée porno où j'ai connu notamment le déclic de Milo Manara, conseil lecture.
00:57Alors nous, on ne voulait pas passer à la caisse, donc on lisait les bandes dessinées porno assis dans les rayons,
01:02en les cachant dans d'autres bandes dessinées plus respectables, genre les schtroumpfs.
01:06Tu lis quoi ? Je lis les schtroumpfs. Tu fermes ta gueule.
01:08Et puis, un jour, j'ai découvert les romans érotiques, avec des couvertures beaucoup plus discrètes et beaucoup plus petites aussi,
01:16donc plus faciles à cacher. Et du coup, j'ai lu à peu près tout ce qui était disponible.
01:21« Ma vie secrète », œuvre d'un monsieur anonyme du XIXe siècle qui raconte en 4000 pages ses décennies de dépravations dégueulasses dans l'Angleterre victorienne.
01:30Anna Isenin, Henri Miller, Apollinaire, le Marquis de Sade et surtout, surtout, mon préféré de tous, Esparbecq.
01:38Esparbecq, non seulement c'était un super écrivain, mais surtout, il a théorisé ce qui faisait à son sens la bonne littérature porno,
01:46avec une maxime suprême, l'ennemi numéro 1 de la littérature pornographique, c'est la métaphore.
01:53Alors, peut-être que c'est un truc de mec de ne pas aimer les métaphores porno, j'en sais rien, mais moi, je suis 100% d'accord,
01:59les métaphores dans la littérature porno, c'est nul. En particulier, les métaphores qui utilisent le vocabulaire des fruits et légumes.
02:06Ça me dégoûte. Et aussi, bien sûr, tout le champ lexical de la combustion, les corps brûlants, les flammes qu'on allume,
02:15les brasiers, les étincelles, les désirs attisés, tout ça, je suis désolé, mais ça attise que dalle.
02:22Non, dans le porno, il faut une écriture transparente et sans ornements, parce que tout ornement dans un texte porno s'interpose
02:30entre le lecteur et les images que le texte cherche à former dans son esprit.
02:33Esparbecq, il résume ça en disant, si le lecteur se dit « oh là là, comment c'est bien écrit », c'est que c'est raté.
02:40Vous allez me dire, mais qui es-tu, toi, pour juger la littérature porno ? Qui es-tu ?
02:45Déjà, c'est un art assez facile à juger, parce que l'effet qu'on en attend est très clair, c'est comme le rire,
02:51si une blague fait rire, c'est qu'elle est drôle, t'as capté l'analogie. Et puis, par ailleurs, comme tout le monde,
02:57je suis écrivain de textos, des textos qui, quelquefois, peuvent devenir de toutes petites nouvelles,
03:03tout à fait acceptables, pleines de souvenirs et de projets. Personnellement, j'applique toujours à la lettre
03:08les conseils d'Esparbecq, et je ne peux que vous conseiller de faire la même chose.
03:12Merci, David Castello-Lopez. Les infos à suivre.

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