• il y a 4 jours
Mardi 19 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Anne-Laure Frischlander-Jacobson (Fondatrice Evvest et enseignante à l’université Paris Dauphine) , Vincent Guenzi (Directeur de la Stratégie d'Investissement, Cholet Dupont Oudart) , Léa Dunand-Chatellet (Gérante et directrice de l'investissement responsable, DNCA Investments) et Hervé Amourda (Économiste, ProBTP Finance)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez
00:15en direct à la télévision via vos box, émission que vous retrouvez par ailleurs
00:19chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes
00:24préférées.
00:25A la fin de cette édition de ce soir, une séance d'aversions majeures aux risques
00:29avec de nouvelles escalades et une nouvelle escalade de tensions entre la Russie et l'Ukraine
00:35puisque l'Ukraine a utilisé des missiles longs portés pour frapper des cibles sur
00:40le territoire russe et que le côté russe Vladimir Poutine, comme il l'avait signalé
00:45il y a quelques semaines, quelques mois à peine, a assoupli les contours de la doctrine
00:49nucléaire russe.
00:50Il n'en fallait pas moins pour remettre le conflit sur le devant de la scène, en tout
00:54cas sur le devant de la scène pour les investisseurs bien sûr et des marchés qui ont réagi à
00:59cette situation avec, on le disait, des valeurs refuges qui ont été sollicitées aujourd'hui
01:04que ce soit les obligations d'Etat américaines en premier lieu ou encore les devises refuges
01:09traditionnelles que peuvent être le Yen japonais ou encore le franc suisse.
01:14Du côté des marchés actions, on va dire que la baisse reste limitée, on a vu moins
01:19de 2% sur les actions européennes qui sont en train de réduire un petit peu les pertes
01:24du jour avec une baisse quand même qui sera autour de 1% au moins pour les actions européennes
01:30et les indices actions en Europe ce soir, vous aurez tous les détails dans un instant
01:34avec Pauline Grattel.
01:35L'autre affaire qui intéresse les investisseurs, ce sont les nominations du cabinet de Donald
01:41Trump avec un poste clé qu'il n'a pas encore trouvé de nominé même si beaucoup de noms
01:47circulent et encore plus depuis quelques heures, le poste de secrétaire au Trésor,
01:52on parle, les dernières rumeurs indiquent que c'est le banquier d'affaires, patron
01:58de Cantor Fitzgerald, Howard Lutnick, qui pourrait être nommé secrétaire au Trésor
02:03de cette nouvelle administration Trump, un choix parmi d'autres prétendants qui restent
02:08encore à confirmer mais c'est un point important effectivement dans les nominations de la nouvelle
02:13administration Trump, discussion bien sûr sur l'effet Trump et les limites de l'effet
02:18Trump sur les marchés avec nos invités de Planète Marché dans un instant et puis dans
02:21le dernier quart d'heure de Smart Bourse, nous reprendrons le fil de la grande histoire
02:25de la démocratisation des actifs privés, du private equity en particulier, l'idée
02:29étant de faire un point sur cette vague de démocratisation qui est à l'oeuvre en France,
02:33en Europe depuis quelques années maintenant, quels sont les enjeux, quelles sont les limites
02:38aussi potentielles de la rétablissation des actifs privés, nous en parlerons avec Anne
02:43Laure Frischlander-Jacobson qui est aujourd'hui consultante indépendante mais qui a une longue
02:47expérience en matière de management dans l'industrie de la gestion d'actifs en France,
02:52elle sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
03:05D'abord, le point sur les marchés, tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart
03:09Bourse, Pauline Grattel est avec nous, comme chaque soir, bonsoir Pauline.
03:12Bonsoir.
03:13Journée Rizkov sur les marchés avec une nouvelle escalade de tensions entre la Russie
03:18et l'Ukraine.
03:19Oui, après le feu vert accordé par les Etats-Unis, l'Ukraine a utilisé aujourd'hui des missiles
03:24longue portée pour frapper des cibles en Russie, de son côté, comme annoncé en septembre
03:28dernier, Vladimir Poutine a modifié la doctrine nucléaire russe, élargissant ainsi les possibilités
03:33de recours à l'arme nucléaire, dans ce contexte, l'ensemble des bourses mondiales
03:38Le CAC 40 lâche presque 2% au cours de la séance, sous les 7200 points.
03:42Bon, sans surprise, un compartiment et un secteur qui a réagi positivement est celui
03:46de la défense, bien sûr.
03:48Oui, Dassault Systèmes et Thalès étaient en petite hausse au sein du CAC 40, le pétrole
03:52s'est envolé hier sur fond de crainte d'escalade du conflit et se stabilise aujourd'hui avec
03:56un baril de Brent autour de 73 dollars, l'or reprend quelques couleurs, au-delà de 2640
04:02dollars l'once.
04:03Quelles sont les réactions qu'on a pu observer sur le marché obligataire, Pauline ?
04:06Comme souvent, en cas d'aversion au risque, les obligations d'Etat redeviennent un refuge
04:09pour les investisseurs.
04:11Ainsi, le rendement américain à 10 ans se détend aujourd'hui d'une dizaine de points
04:15de base autour de 4,35%.
04:17En Europe, la détente est un petit peu moins importante avec un disant allemand autour
04:21de 2,35%.
04:22Côté devise, l'euro dollar est stable autour de 1,0570.
04:26Une statistique mise à jour aujourd'hui, l'indice des prêts à la consommation en
04:30zone euro pour le mois d'octobre avec la deuxième estimation qui a été publiée.
04:35Oui, l'inflation ressort parfaitement conforme à la première estimation.
04:38A 2% sur un an en octobre, on reçoit une progression de 0,3% sur un mois.
04:43L'inflation cœur hors alimentation et énergie est confirmée à 2,7% sur un an.
04:48La star du jour à Wall Street s'appelle Walmart après la publication de ses résultats.
04:52L'entreprise relève pour la troisième fois consécutive ses prévisions de bénéfices
04:56et de ventes pour l'ensemble de l'année.
04:57Avec Target et Amazon, les trois géants de la distribution ont lancé la saison des achats
05:02de Noël plus tôt que d'habitude.
05:04L'action Walmart ouvre en hausse de 4% et porte sa progression depuis janvier à 60%
05:09au plus haut historique.
05:10Selon le Financial Times, le groupe Trump Media souhaite racheter Bakkt.
05:14Bakkt, c'est une plateforme d'échange de cryptos qui serait donc en discussion pour
05:18être rachetée par Trump Media, groupe dans lequel le nouveau président américain détient
05:23une participation majoritaire.
05:25Hier, le titre Bakkt a bondi de plus de 160% à Wall Street pendant la séance.
05:29Et le titre ouvre aujourd'hui en hausse de 13%, Trump Media en repli de 10%.
05:34Enfin, Nvidia s'échauffe avant l'événement de la semaine demain soir.
05:38Oui, tous les regards sont évidemment tournés vers Nvidia qui va publier ses comptes trimestriels
05:42demain après la clôture de Wall Street.
05:45Le marché attend une hausse de 80% du chiffre d'affaires à suivre demain.
05:49Mis à part Nvidia, on prendra connaissance de l'inflation au Royaume-Uni pour le mois
05:53d'octobre, attendue en hausse de 2,2% sur un an.
05:57Tendance mon ami, chaque soir, le résumé du jour sur les marchés, les infos-clés
06:01de la séance avec Pauline Grattel en ouverture de Smartboard sur Bsmart for Change.
06:16Chaque soir, trois invités avec nous pour débattre et décrypter les mouvements de
06:20la planète marché.
06:21Nous accueillons ce soir Léa Dunant-Châtelet, directrice de l'investissement responsable
06:24de DNCA.
06:25Bonsoir Léa.
06:27Vincent Genziane, directeur de la stratégie d'investissement de Cholet-Dupont-Houdard.
06:31Bonsoir Vincent.
06:32Bonsoir Grégoire.
06:33Et Hervé Amorda qui nous accompagne également, économiste chez Pro-BTP Finance et membre
06:37également du think-tank BSI Economics.
06:39Bonsoir Hervé.
06:40Bonsoir Grégoire.
06:41Merci d'être là.
06:42Commentaire obligé en lien avec l'actualité du jour et cette réescalade de tensions entre
06:49la Russie et l'Ukraine.
06:50J'ai l'impression quand même que les affaires internationales ressentent déjà le poids
06:55de Donald Trump avant même son installation à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain.
07:00Rappelons qu'on a un G20 qui se tient également à Rio avec sans doute un communiqué qui
07:05va montrer une très nette diminution du soutien offert par le G20 en l'occurrence à l'Ukraine.
07:11Qu'est-ce qu'on peut dire de cette situation de tensions et où nous mène-t-elle si on
07:16suit en tout cas les promesses et la logique d'un Donald Trump ? La paix par la force
07:21avec l'idée qu'en haut de l'agenda de Donald Trump, il y a la résolution rapide
07:28du conflit entre la Russie et l'Ukraine.
07:30Léa ?
07:31Ça va être une question très difficile à répondre parce que je pense que ceux qui
07:34savent quelle sera l'issue sont très forts.
07:37Moi ce que ça m'inspire surtout c'est que ça accentue encore plus l'instabilité géopolitique
07:42de la zone européenne en fait pour faire simple et qui est criante déjà dans beaucoup
07:47de statistiques.
07:48Ersene Jung a sorti un rapport il y a deux ou trois semaines sur notamment la France
07:52qui perd en vitesse de manière très très forte depuis deux ou trois mois sur les investissements
07:57à venir des industriels et on le voit bien et la raison principale qui a été évoquée
08:02c'est l'instabilité politique qu'on connaissait.
08:04Bon je crois que malheureusement ce conflit il accentue encore plus notre instabilité
08:09dans la zone Europe qui fait finalement que la visibilité qu'on va avoir en tant qu'investisseur
08:14est réduite à peau de chagrin.
08:16La résolution d'un conflit comme celui-là de manière très rapide c'est très ambitieux.
08:23Je pense qu'il y a beaucoup d'enjeux en tout cas de notre côté par rapport à l'outre-Atlantique
08:29qui font qu'on ne va pas laisser les choses se faire aussi simplement que ça et c'est
08:33probablement ce qui va créer cette instabilité-là pendant plusieurs mois.
08:36En tout cas je ne vois pas une résolution simple, je ne vois pas une résolution rapide
08:40et je vois surtout que ça va accentuer l'incertitude qu'on a déjà en Europe et certainement
08:45pas être un booster d'économie, ça je n'y crois pas, on pourrait le voir de ce
08:49point de vue-là parfois et je pense qu'en plus les seuls moteurs que cela peut éventuellement
08:53amener d'un point de vue strictement boursier sur le secteur de la défense ont déjà été
08:57largement joués depuis plusieurs années maintenant et donc je suis dans une situation
09:03moi en tant que gérante, en tant qu'investisseur, très complexe parce que si on regarde la
09:08zone Europe ça ne fait que rajouter un élément de plus, une épée de Damoclès pour rester
09:13un tout petit peu écarté des marchés encore.
09:15L'idée c'est que, parce que tout le monde serait d'accord pour résoudre un conflit,
09:20l'arrêter etc. mais vous dites pour arriver à la résolution d'un conflit tel que celui
09:25déclenché par la Russie en Ukraine, il faudra sans doute passer par des moments comme ceux
09:29qu'on connaît peut-être aujourd'hui, c'est-à-dire des pics de tension supplémentaires
09:34qui vont venir se rajouter avant peut-être un compromis et la possibilité de signer
09:39un document autour de la table avec toutes les parties prenantes.
09:42Je pense surtout que les conditions d'une résolution du conflit rapide ne sont pas
09:48celles qu'attend le président ukrainien aujourd'hui donc il va être là le point d'accroche
09:52et à mon avis c'est ce qui va faire durer justement cette situation-là parce qu'on
09:56sait très bien quelles sont les intentions du nouveau président américain et donc je
10:00ne crois pas qu'elle soit en ligne avec la vision du président ukrainien à ce stade.
10:05Vincent Guenzi, si on en reparle, alors on n'est pas dans une émission de géopolitique
10:08je le rappelle à chaque fois mais si on reparle de ce sujet aujourd'hui c'est parce
10:12que le marché quand même réagit déjà à la situation immédiate d'escalade de tensions
10:17nouvelles entre la Russie et l'Ukraine.
10:19Oui, je souscris à tout ce qui a été dit et je rajouterai plus qu'à court terme, on
10:24voit bien que pour négocier il faut être en position de force et que Poutine profite
10:27des derniers mois qu'il reste avant que Trump soit réellement en position élue et où
10:33il ne tiendra pas forcément le langage que Poutine attend aujourd'hui comme lors de
10:38son premier mandat.
10:39Donc je pense qu'il veut vraiment être en position de force et je pense que l'erreur
10:43à ne pas commettre c'est de laisser cette position de force s'installer.
10:46Donc je pense qu'effectivement le fait de continuer à soutenir l'Ukraine autant qu'on
10:50le peut reste positif pour la géopolitique européenne et effectivement c'est vecteur
10:55de tension.
10:56Après si on doit se projeter un petit peu plus loin, imaginez que Trump arrive à faire
11:02un cessez-le-feu et qu'on fige un peu les positions.
11:04Il faut bien voir que l'objectif de Poutine ce n'est pas l'Ukraine, c'est de développer
11:10son régime, développer sa dictature entre guillemets et continuer à fragiliser l'Europe
11:17pour indirectement fragiliser les Etats-Unis.
11:19Rappelez-vous, je ne sais pas si vous avez connu cette période, mais à un moment en
11:24Allemagne il y avait les manifestations contre les missiles SS-20 que les Américains voulaient
11:29déployer en Allemagne.
11:30Donc il y avait un parti pro-paix en Allemagne qui était totalement infériorité à la Russie.
11:35L'affrontement ou la tension géopolitique ne va pas s'arrêter avec cette guerre.
11:39Et donc le langage de la force aujourd'hui de Trump, c'est à mettre exactement dans
11:45le même registre que celui qui avait eu les présidents américains au moment de la guerre
11:49du Vietnam ou Reagan en 1980 et avec un peu moins de succès et moins d'opportunisme,
11:56enfin moins de réalisme politique lors de la guerre d'Irak, monsieur Bush.
12:04Je ne suis pas certain qu'il y ait une volonté d'isolationnisme aux Etats-Unis.
12:09Je pense qu'il y a une volonté de faire en sorte que les Européens payent plus pour
12:13leur défense.
12:14Mais je pense que les Américains, notamment les think tanks et toutes les instances qui
12:19sont derrière Trump, sont bien conscients quand même que l'Europe est le meilleur
12:22allié des Etats-Unis.
12:24Et donc, comme vous le disiez tout à l'heure, je crois que bien malin est celui qui est
12:27capable de dire aujourd'hui qu'elle va être issue de tout ça.
12:30Je ne sais pas si ça vous inspire comme réflexion sur le plan macroéconomique.
12:35En l'occurrence, Hervé, si on se projette et qu'on arrive à imaginer un cessez-le-feu
12:40ou l'idée d'un conflit qui s'arrêterait entre la Russie et l'Ukraine, de quelle manière ?
12:45Je ne sais pas.
12:46Mais ça fait partie des objectifs de Trump et il faut le prendre au sérieux sans doute
12:50un minima là-dessus.
12:51Qu'est-ce que ça implique pour la conjoncture, l'économie ? Est-ce que ça ramène une dynamique
12:57économique différente pour l'Europe ou est-ce que c'est plus marginal que ça ?
13:02D'abord, moi, je suis tout à fait d'accord avec ce qui a été dit et je ne crois pas
13:08que le Trump 2.0 soit véritablement philanthrope par rapport au Trump 1.0.
13:14Je pense qu'aujourd'hui, si Trump veut arrêter cette guerre, c'est parce qu'elle coûte cher,
13:18c'est parce qu'il y a une aide à l'Ukraine qui est compliquée à expliquer aux voteurs
13:24américains que le Congrès en entier, dans sa bipartisanité la plus totale, s'oppose
13:30à cette aide à l'Ukraine et aujourd'hui, c'est ça qu'il veut arrêter, véritablement,
13:34avant même le conflit.
13:35Je pense que l'arrêt du conflit passera véritablement par une action, par une négociation de l'Union
13:42européenne.
13:43Et là où c'est positif, mais on comprend aussi l'agenda électoral que l'on voit en
13:48Allemagne, c'est le fameux coup de fil entre la Shultz et Vladimir Poutine.
13:53Et pour moi, c'est vraiment le sens du premier pas vers une négociation et vers une issue
13:59du conflit.
14:00Qu'est-ce que ça peut faire macroéconomiquement ? Voyons les impacts macroéconomiques de
14:05cette guerre.
14:06Il y a eu cette flambée des prix, alors aujourd'hui effectivement l'inflation est derrière nous
14:11mais les prix restent élevés, notamment dans la métallurgie, notamment dans l'automobile,
14:15dans beaucoup d'industries fortes dans lesquelles l'Allemagne a beaucoup de champions industriels
14:22souffrent encore des niveaux de prix.
14:24Donc ce que ça pourrait apporter, c'est finalement une relaxe dans ce niveau des prix.
14:28Est-ce qu'il y a grand chose à attendre à ce niveau-là ? Je ne suis pas certain parce
14:32que ce n'est pas parce qu'il y a un accord entre la Russie et l'Ukraine qu'il va y avoir
14:38une nouvelle ouverture entre les échanges internationaux, puisque c'est véritablement
14:43ça qui nous peine, entre l'Union Européenne et la Russie.
14:46C'est ça à mon avis qui peut-être parfois est mal compris ou mal anticipé.
14:50Ce qui nous embête finalement, c'est triste à dire, économiquement, ce n'est pas tellement
14:55la guerre, c'est vraiment l'absence de relations commerciales.
14:58Il y a quand même un risque sous-jacent, et on a parlé tout à l'heure des possibles
15:03pics, des tensions, quand on arrive justement avant d'arriver à la négociation, il y a
15:08toujours un peu ce jeu de montrer les muscles pour arriver le plus fort possible à cette
15:13table.
15:14Le risque, c'est qu'on a encore un approvisionnement qui vient de Russie sur le gaz naturel, liquéfié,
15:20non liquéfié, ça passe par la Turquie, ça passe par l'Azerbaïdjan, et ce reliquat
15:26quelque part d'énergie, il reste important pour faire tourner l'économie allemande
15:29principalement, l'économie allemande qui ne va pas nécessairement très bien.
15:33On a mis un voile pudique sur ce genre de sujet, on peut le dire, Hervé ?
15:37Totalement, oui.
15:38Côté Union Européenne, en tout cas, ça a été le cas, on a aussi des contrats...
15:41Parce que l'enjeu est trop fort ?
15:42L'enjeu est trop fort, et parce qu'on n'a pas les moyens aujourd'hui de diversifier
15:46nos sources d'énergie en un claquement de doigts.
15:49Pour la France et pour l'Autriche, ce n'est pas tellement des diversions, c'est plutôt
15:52des contrats à long terme qui ne sont pas renégociables, et donc on continue finalement
15:55d'être approvisionnés en gaz russe.
15:58Voilà, et tout ça, ça reste encore assez majeur, donc il n'y aura pas de changement
16:02du jour au lendemain.
16:03Ça restera un État, même en cas de cesser le feu et d'arrêt du conflit, on ne reviendra
16:10pas à l'État antérieur, du point de vue des prix, des coûts, de ce que vous avez
16:15pu citer, Hervé.
16:16Ça pose la question aussi de l'attitude de l'Europe vis-à-vis de la Chine.
16:21C'est-à-dire que derrière la Russie, il y a quand même aussi la Chine.
16:26L'Europe se retrouve aujourd'hui un peu pris en tenaille, avec une Amérique Trumpiste
16:32qui va lui demander forcément de faire des choix de plus en plus radicaux, durs peut-être,
16:37vis-à-vis des politiques chinoises ou autres.
16:40L'information du FTI du jour, c'est de nous dire que l'Europe, selon des officiels
16:44européens, est en train d'essayer de négocier une position commerciale avec la Chine qui
16:49passerait par l'obligation pour la Chine de transférer certaines technologies pour
16:56éviter la mise en place de tarifs en Europe, et des technologies évidemment clés.
17:02En matière de transition énergétique, d'énergie renouvelable, etc.
17:07Est-ce à dire que ces technologies-là, on les a plus aujourd'hui en Europe et que
17:10ce sont les Chinois qui les ont ?
17:11Je trouve déjà très navrant de se retrouver face au mur pour faire enfin ce constat, parce
17:16qu'on en est là.
17:17C'est-à-dire que ce n'est pas nouveau.
17:18Tout s'accélère.
17:19Trump est un accélérateur de l'histoire.
17:21Trump est un accélérateur, mais peut-être même, c'est une simple prise de conscience.
17:26Moi, je suis allée aux Etats-Unis il y a deux semaines et j'ai constaté deux choses.
17:29La première, j'étais à Washington en plus, juste avant les élections, donc peut-être
17:32même un peu plus de trois semaines maintenant, et en réalité, sur deux thématiques fortes
17:37qui avaient été mises en exergue d'ailleurs par le rapport Draghi, sur l'intelligence
17:40artificielle, la technologie de manière générale, et sur les énergies nouvelles, pas seulement
17:45renouvelables, nouveaux modes aussi de transport, ils sont extrêmement en avance et pragmatiques
17:51les Américains.
17:52On pense que les Américains sont très loin, je vais revenir sur la Chine après pour faire
17:55le parallèle, et qu'ils sont peut-être même opposés à tous ces changements finalement
18:01assez fondamentaux de la société, or vous roulez à Washington pour 50% des véhicules
18:06à l'électrique ou à l'hybride, il n'y a plus un bruit dans la rue, les parts de marché
18:10dans les ventes de véhicules électriques aux Etats-Unis sont bien plus élevées que
18:14celles qu'on observe en Europe, donc en fait, on a montré du doigt les Américains en disant
18:19de toute façon, ça ne les intéresse pas, ces nouvelles technologies-là ne les intéressent
18:22pas, et de toute façon, ils n'iront pas, et encore plus sous l'air Trump, c'est faux,
18:26ils sont déjà bien avancés, on pourra en rediscuter.
18:28Effectivement, de l'autre côté, il y avait la Chine, qui a bien avancé, je vous rappelle
18:32que les transferts de technologies, il y a 20 ans, c'était dans l'autre sens, et c'est
18:35allé beaucoup plus vite finalement, on s'est fait dépasser, on s'est fait dépasser par
18:40une politique finalement où on s'est laissé quand même imposer un bras de fer dans les
18:44négociations industrielles il y a une vingtaine d'années, où lorsqu'on allait en Chine,
18:49pour profiter d'une main-d'oeuvre moins chère, pour s'exposer à de nouveaux marchés, on
18:54faisait des JV avec des entreprises locales, et effectivement, ce petit bonhomme de chemin,
18:59il a fait quand même que la Chine n'est plus juste le grenier des ouvriers du monde, c'est
19:04vrai, ils ont beaucoup de choses, et donc effectivement, sur cet aspect purement énergie-renouvelable,
19:09ils sont à la fois sur la chaîne de valeur de l'approvisionnement des métaux, qui ne
19:13sont pas des métaux rares, critiques, mais qui sont en abondance, mal nommés rares,
19:19et c'est important de le dire, parce qu'on pense qu'il n'y a que là-bas qu'on peut
19:21en trouver, et d'ailleurs les Etats-Unis ont bien montré leur capacité à en avoir
19:27eux aussi.
19:28Reste à savoir qui, politiquement, veut assumer l'idée d'exploiter des métaux critiques
19:32dans des sols comme les sols français ou ailleurs.
19:35Evidemment, et donc du coup, effectivement, côté Asie, il y a toute cette chaîne de
19:38valeur, et puis évidemment les productions de panneaux solaires, etc., ils sont très
19:41avancés.
19:42Et donc on reste dépendant, pour une partie en tout cas de notre énergie fossile, de
19:45la Russie, comme le disait Hervé, et on est de plus en plus dépendant des technologies
19:49chinoises pour accélérer sur la composante renouvelable, qui nous permet d'atteindre
19:54un degré d'indépendance et de souveraineté énergétique, qui est un objectif pour l'Europe
19:58aujourd'hui.
19:59Oui, et je conclurai, évidemment, sur un point essentiel, la politique de Trump, en
20:03plus, est en train de fermer, d'un point de vue barrière douanière, toutes ces technologies-là
20:08aux Etats-Unis.
20:09Donc le seul moyen pour la Chine de les écouler, ça va être l'Europe, d'une part, qui est
20:12en plus pas très en avance.
20:13Et si on regarde d'un plus strict point de vue boursier, il y a quand même un phénomène
20:17intéressant, c'est qu'il y a eu un sell-off massif, toute zone géographique confondue
20:21de ces technologies, de ce thème-là, y compris, et c'est là où ça va être intéressant
20:26pour les investisseurs, à mon avis, de regarder un peu plus dans le détail, y compris, typiquement,
20:30le producteur de panneaux solaires, le leader aux Etats-Unis, qui produit aux Etats-Unis
20:34avec des matériaux aux Etats-Unis, il a baissé autant que tous les autres.
20:37Donc il va y avoir une différenciation, mais néanmoins, là, la situation, elle est complexe
20:41parce que les Chinois n'ont plus que l'Europe pour déverser leurs produits, en tout cas
20:45dans les conditions qu'ils souhaitent.
20:46Sur la situation européenne, notamment vis-à-vis de la Chine, on sent quand même que la relation
20:54Europe-Chine va être quelque chose de clé, effectivement, dans le monde de Trump demain,
21:00pour nous en tout cas, Vincent.
21:01Par voie de conséquence, oui, comme vous le disiez.
21:03Moi, ce qui m'inquiète beaucoup, c'est que les principaux négociateurs sont toujours
21:07plutôt côté allemand, et que c'est quand même le mercantilisme allemand qui est à
21:11l'origine de ces transferts de technologies.
21:14Alors, des boîtes françaises l'ont fait aussi, mais l'Allemagne, voulant vendre ses
21:18biens d'équipement en Chine, était obligée de passer, enfin, obligée, s'est sentie obligée
21:22de passer sous les fourches couronnines chinoises, et ça continue.
21:25Donc, c'est vraiment pas très rassurant sur la capacité de l'Europe à trouver une
21:30direction, à donner un sens à sa politique et à savoir ensuite la vendre à ses électeurs,
21:35dont nous parlions tout à l'heure.
21:36Une fois qu'on a dit ça, bon, parlons quand même un peu des marchés.
21:39Les marchés ont bien intégré tout ça, enfin, en partie, en tout cas, quand on regarde l'écart
21:43de performance, l'écart de valorisation entre les actifs américains et les actifs
21:48européens à l'issue, quasi, de cette année 2024, on est sur des écarts parfois historiques,
21:55selon certaines mesures, Vincent.
21:57Qu'est-ce qu'on peut dire de cette situation, et comment vous regardez les coûts-bénéfices
22:03de la politique Trump ?
22:05Alors, pour les marchés américains, puisqu'il faut peut-être les regarder à part, et pour
22:10le reste du monde ?
22:11Pour l'instant, c'est assez binaire.
22:13Je pense que le momentum ne devrait pas s'inverser, en tout cas, jusqu'à la mise en place de
22:20l'administration Trump, donc je pense que l'exceptionnalisme américain prévaut toujours
22:27et que ça devrait valoir une surperformance des actifs américains.
22:32Est-ce que, pour autant, ils peuvent progresser beaucoup plus maintenant, à court terme ?
22:37Là, c'est plus compliqué, parce que c'est vrai qu'on est sur des niveaux de valorisation
22:41très élevés, même si on n'est pas encore dans une bulle complète, il y a quand même
22:44des poches dans le marché qui sont excessivement chères, donc je n'irais pas forcément acheter
22:49des actions américaines aujourd'hui, mais je pense qu'il faut garder une position
22:52surpondérée, soit les États-Unis, sur l'Europe, c'est plutôt l'inverse, je n'ai pas forcément
22:56envie de vendre les actions européennes, globalement, parce qu'on a déjà pris beaucoup
23:00de coups dans la figure.
23:03De négativité, oui.
23:04De négativité.
23:05Par contre, je crois qu'il y a encore de la place pour faire des arbitrages, parce
23:10qu'il y a quand même des secteurs qui sont beaucoup plus domestiques, qui seront beaucoup
23:13moins inquiétés par, à la fois, la géopolitique internationale et la guerre commerciale,
23:20qui devraient continuer, peut-être, à attirer encore un petit peu les quelques investisseurs
23:26qui voudront acheter en Europe.
23:28C'est quoi, des secteurs plus domestiques ?
23:29Des utilities, peut-être des télécoms.
23:32Le rendement ?
23:33Peut-être des financières, un petit peu, ça dépend de l'évolution des taux.
23:38Non, mais des valeurs domestiques, il y en a dans tous les secteurs, donc on commence
23:42à voir un petit peu ces choses se mettre en place, mais ça va rester très compliqué
23:48quand même.
23:49Et puis surtout, c'est bien beau d'avoir des valeurs qui résistent, si on veut se
23:52comparer après avec l'évolution d'un MSEI World, c'est quand même compliqué avec des
23:57actions européennes.
23:58Oui, oui.
23:59C'est quoi, deux tiers des États-Unis dans le MSEI World, aujourd'hui ?
24:02Nous, on continue d'augmenter à chaque fois qu'on peut.
24:05Mais déjà, le message, arrêtez de vendre des actions européennes ! C'est déjà un
24:10premier pas.
24:11Difficile de vendre du LVMH aujourd'hui.
24:12Effectivement, mais bon, pour l'instant, l'Europe passe vraiment sur le radar.
24:17Et puis, il y a aussi, dans la cote européenne, des valeurs qui vont quand même bénéficier
24:21peut-être du surcroît de croissance espéré aux États-Unis, et de la tech aussi.
24:27Je ne parle pas de la tech européenne, mais regardez une valeur comme l'air liquide,
24:30elle est quand même très, très dépendante du secteur de la tech, donc elle n'est pas
24:34au plus haut et il y a toujours des occasions d'achat sur ce genre de belles, grandes valeurs.
24:39Ici, l'or, ce n'est pas bradé, mais voilà un très beau contre-exemple dans un secteur
24:44qui ne s'est pas si bien comporté que ça, la santé, d'une valeur qui, parce qu'il
24:48y a un peu d'avancées technologiques, attire les investisseurs, donc une très grande sélectivité
24:53dans un monde qui va nous amener beaucoup de volatilité, malheureusement.
24:56Sur l'exceptionalisme américain, comment vous regardez effectivement ce que Trump peut
25:03apporter à cette situation ? Est-ce qu'il va amplifier encore toujours plus l'exceptionalisme
25:09américain ? Est-ce qu'à un moment, Trump peut être, alors, le faux soyeur, c'est un
25:13grand mot, mais est-ce qu'il peut quand même aussi, j'allais dire, saper une partie de
25:18cet exceptionalisme américain ? Quand vous faites le programme de Trump, la capacité
25:23et les marges de manœuvre politique qu'il a à implémenter rapidement son programme,
25:28qu'est-ce que ça peut donner et quelles séquences est-ce qu'on peut imaginer aujourd'hui, Hervé ?
25:33C'est évidemment compliqué, c'est une question très facile, mais globalement, si on regarde
25:40le programme, ce qui est intéressant, et moi j'aime beaucoup comparer ce Trump de cette
25:44année avec celui de 2016, le programme de 2016 était très ambitieux et moi, ce qui
25:51me plaisait beaucoup en termes de cycle économique dans son programme de 2016, c'était le plan
25:55d'investissement de 1000 milliards de dollars.
25:57Bon, depuis on a eu le Covid et ces ordres de grandeur paraissent ridicules, mais à
26:01l'époque, 1000 milliards de dollars, c'était quelque chose de gigantesque.
26:04Il n'a jamais vu le jour, ce programme.
26:06Il a essayé et il s'est retrouvé confronté finalement au fait que les États ne pouvaient
26:10pas financer ce type de plan d'investissement de grande envergure et que l'État fédéral
26:15n'avait pas les moyens tout simplement de mettre 1000 milliards sur la table.
26:18Aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est qu'on n'a pas de plan d'investissement.
26:22Le budget est effectivement déficitaire, il va l'être sur plusieurs années et selon
26:26les estimations, on peut aller jusqu'à 7000 milliards sur 10 ans pour les estimations
26:31les plus citées aujourd'hui, donc c'est effectivement dépensier quelque part, mais
26:36simplement parce qu'on a des baisses d'impôts et on a un prolongement du TCJA de 2017 et
26:42on savait dès son implémentation que la date limite de 2025 ne tiendrait pas puisque
26:48ça représentait un mur de la dette qui était impossible, quel que soit le gouvernement
26:52et quel que soit le président à cette époque-là.
26:54Aujourd'hui, comme on n'a pas de programme dépensier, on ne va pas avoir ce fameux multiplicateur
26:58keynésien qu'on aime retrouver dans des plans d'investissement et dans des plans de relance.
27:03L'effet des baisses d'impôts tels qu'elles sont conçues, la prolongation et les baisses
27:07d'impôts supplémentaires conçues par l'équipe Trump, vous dites que l'effet ne sera que
27:10marginal sur la croissance américaine ?
27:13Parce qu'on part d'un point de départ où la croissance américaine est très forte.
27:17Le consommateur américain aujourd'hui n'a pas de problème de revenus, les salaires
27:21sont très élevés, les salaires réels progressent à une vitesse encore plus importante, le
27:25marché de l'emploi est extrêmement tendu, alors effectivement on s'est un petit peu
27:29fait peur cet été avec le rapport du mois de juillet et puis là on a un peu moins de
27:32visibilité avec tous les ouragans, mais globalement le taux de chômage reste relativement
27:36faible et d'ailleurs la faible progression du taux de chômage peut être imputée finalement
27:42à l'immigration que l'on a eue et qui a été abondante ces dernières années.
27:46Et là vraisemblablement on se dirige vers moins d'immigration, donc a priori, quelque
27:50part on est vraiment sur une économie extrêmement solide.
27:52Quand on a une économie très solide, c'est dur de la stimuler, mais en tout cas c'est
27:57moins possible et faisable avec des baisses d'impôts qui pour la majorité rappelons-le
28:01sont une extension, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'effet même de delta positif à ce
28:07niveau-là.
28:08Oui, j'entends, ce n'est pas une nouveauté.
28:09C'est ça.
28:10Oui, et donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que pour Trump, s'il doit lâcher quelque
28:17chose à un moment, c'est peut-être cette question des baisses d'impôts non financées
28:21ou mal financées qui est quelque chose sur lequel Trump n'aurait peut-être pas d'intérêt
28:27économique à insister beaucoup ?
28:30Alors, je ne suis pas certain que l'extension déjà du TCJA puisse être acceptée par
28:35l'ensemble des républicains.
28:36Les républicains qui historiquement sont quand même assez près de la rigueur budgétaire,
28:41alors on l'a vu à chaque fois qu'ils ont le pouvoir c'est un peu moins vrai, mais là
28:44on parle vraiment de montants astronomiques et on n'a rien en face.
28:48Donc il y aura des réactions, vous imaginez, dans le camp républicain ? Tout le GOP, tout
28:53le parti républicain n'est pas MAGA aujourd'hui ?
28:56Alors non, et en l'occurrence, le chef de file des républicains au Sénat, lui, historiquement,
29:04même si dans ses dernières déclarations il met beaucoup d'eau dans son vin et il
29:07semble beaucoup plus constructif, mais c'est aussi le poste qui le veut, historiquement
29:11c'est quelqu'un qui était vraiment anti-Trump et qui ne partage pas du tout la même ligne
29:17que Donald Trump.
29:18Ce qui va néanmoins dans son sens et ce sur quoi il ne faut pas, entre guillemets, aller
29:24trop vite, c'est le fait que la majorité républicaine est là en nombre, elle est
29:29aussi là qualitativement, parce que contrairement à 2016 où finalement Trump c'était un ovni,
29:34les républicains eux-mêmes n'y croyaient pas, lors de la primaire et puis même ensuite
29:39lors de l'élection, personne n'y croyait, aujourd'hui Donald Trump il est en campagne,
29:45il l'a fait pendant tout le mandat de Joe Biden, il n'est pas sorti de la vie politique.
29:49Et tous les républicains qui ont été élus, ils ont été élus avec le spectre ou la
29:53perspective d'avoir Donald Trump en candidat et d'avoir Donald Trump président, donc aujourd'hui
29:58on a vraiment des sénateurs américains républicains qui sont beaucoup plus proches de la ligne
30:02de Donald Trump que d'une ligne plus « mainstream » que l'on pouvait avoir, et ça, ça peut
30:08jouer en sa faveur, il y a quelques mesures sur lesquelles ça va être un peu plus compliqué
30:12et notamment sur le budget, j'ai peur que tout ne passe pas dans son entièreté.
30:17Alors il y a le frein politique, l'encadrement politique avec effectivement des voix au sein
30:23du parti républicain, alors même si beaucoup ont basculé MAGA, il y a comme vous l'avez
30:27signalé des voix qui sont encore des conservateurs budgétaires plutôt traditionnels, est-ce
30:33que le marché peut être aussi une limite, et une limite j'allais dire qui se fasse
30:37entendre rapidement, face au programme Trump et à la doctrine économique d'un Donald Trump ?
30:44Oui, mais avant le marché, il y aura d'autres acteurs, il y a les lobbies américains, il y a les entreprises américaines,
30:50et bon il y a un certain nombre de grands patrons d'entreprises américaines qui ont
30:53soutenu Donald Trump, je pense qu'eux aussi n'ont pas intérêt à ce que tout explose.
30:58Donc j'en arrive au marché, la meilleure vigile c'est le marché obligataire, si on
31:07a une hausse du déficit budgétaire qui passe de 6 à 8% du PIB, ça va se ressentir quand
31:12même un petit peu au niveau des taux, comme on est déjà sur une économie qui est en
31:15tension, c'est quand même quelque chose à surveiller de près, donc je pense que
31:20le futur directeur du Trésor américain fera quand même assez attention à ça, et que
31:25c'est sans doute ça qui va insuffler du pragmatisme dans la mise en oeuvre du programme,
31:30moi je ne crois pas du tout à la mise en oeuvre ni de l'intégralité du programme,
31:35ni d'une grande rapidité, tu disais tout à l'heure qu'il avait deux ans, mais je
31:40pense qu'ils vont gérer des priorités, parce que ce programme c'était avant tout
31:44un programme pour gagner les élections, après on gère le pays, et je pense que les républicains
31:50n'ont pas envie de laisser le pays dans un état déplorable.
31:54Non, mais ça veut dire que Trump, parce que je me souviens du Trump de 2016, comme tout
31:59le monde, comme Hervé le rappelait, un des indicateurs préférés de Trump pour valider
32:04évidemment son succès permanent, c'était le Dow Jones, donc il y a quand même un moment,
32:11il faudra qu'ils choisissent entre est-ce que je mets 20% de tarifs pour le reste du
32:17monde et 60% pour la Chine, est-ce que je continue de faire des baisses d'impôts toujours
32:22plus agressives, ou en tout cas est-ce que je les prolonge, est-ce que je renverse les
32:25flux migratoires qui ont quand même considérablement permis d'assouplir l'offre de travail, etc.,
32:32ou est-ce que je choisis le Dow Jones ? Et si je choisis le Dow Jones, je ne suis pas
32:38sûr de pouvoir tout faire.
32:39Je fais un parallèle.
32:40Regarde Mélanie en Italie.
32:41Elle a quand même régularisé combien de pompiers, c'est-à-dire que Trump, il n'est
32:46pas contre l'immigration, il est pour une immigration qui est légale, qui est positive
32:51et qui est assimilée.
32:52C'est ça que veulent aussi les Américains.
32:56Donc le pragmatisme et le Dow Jones, il va venir là, quand on parlait de la baisse ou
33:01de la pérennisation du taux de l'IS par exemple, les entreprises vont se battre pour ça.
33:06Il n'y aura sans doute aucun impact économique en termes de levier, mais en termes de résultats,
33:14ça va nous laisser une situation positive.
33:16Alors que si on avait une hausse de l'IS, c'était plutôt négatif pour les résultats
33:19par action des entreprises.
33:20Donc le dernier point que je voulais évoquer, c'est qu'on connaît les grandes lignes
33:27du programme et les gros chiffres du programme.
33:29Encore une fois, à quelle vitesse il va être mis en oeuvre, dans quelles priorités on
33:33va s'inscrire, on n'en sait rien, et surtout quelles vont être les conséquences.
33:37On dit réduire l'immigration, ça va être inflationniste.
33:40C'est une hypothèse d'économiste, exacte, mais la réalité, personne ne la connaît.
33:47Donc il y a ça aussi qui fait qu'avant de prendre une décision, on se dit oui, jusqu'où
33:53on peut aller.
33:54Donc le pragmatisme, moi j'y crois déjà lors du premier mandat, il a fait preuve de
33:57pragmatisme.
33:58Les trois douanes, elles ont été négociées avec tous les pays.
34:01Oui, oui, et des exceptions pour ceux qui choisissaient de venir négocier à Mar-à-Lago
34:07ou ailleurs.
34:08Il est si inflationniste que ça Trump ou pas Hervé ? Quand on fait un peu les maths
34:12du programme, tarifs commerciaux, renversement des flux migratoires.
34:16J'étais même surpris des estimations avancées par certains économistes qui disent même
34:20s'il fait tout, allez on pourrait voir quoi, le CPA américain repartir à, moi je m'attendais
34:25à 5, 6, 7 %, 3,5 peut-être ? C'est ça Trump inflationniste ?
34:30Oui, mais c'est le problème des jeux de comparaison.
34:33On sait qu'on vient de vivre un épisode inflationniste absolument incroyable et à
34:36côté de ça, aujourd'hui, effectivement, rajouter un point d'inflation, c'est extrêmement
34:41faible.
34:42Là où ça l'est moins, c'est que ça risque finalement de pénaliser la compétitivité
34:48des entreprises américaines et cette hausse de l'inflation-là, elle peut entre guillemets
34:52faire mal alors que la hausse de l'inflation que l'on a connue, c'est une hausse des prix
34:54énergétiques qui n'étaient pas véritablement américains, alors même si les Etats-Unis
34:59en produisent, mais globalement, c'est des prix mondiaux qui avaient progressé, donc
35:02c'est des chocs exogènes.
35:03Cette fois-ci, c'est vraiment des prix domestiques qui vont augmenter et ça, c'est beaucoup
35:07plus durable et c'est beaucoup plus difficile à combattre et cette fois-ci, la Fed va se
35:11retrouver dans une sorte d'impasse puisqu'elle va devoir combattre à la fois cet effet inflationniste,
35:18essayer d'arriver auto-neutre pour éviter un atterrissage trop brutal de l'économie
35:23européenne si jamais tout était mis en place et là, ça va être un petit peu difficile.
35:26Elle n'aura pas les marges de manœuvre pour le faire aussi vite, voire pour le faire comme
35:32elle l'imaginait ou comme elle l'imagine encore aujourd'hui ?
35:35Alors moi, j'aurais tendance à découper la question en deux, c'est-à-dire aussi vite,
35:39non, pour le faire, je pense qu'elle a encore le temps de pouvoir le faire et que son objectif
35:43d'autoterminale, lui, il reste valable, c'est juste qu'on va mettre un peu plus de temps
35:46pour y arriver.
35:47On verra la mise à jour des projections de la Fed à l'occasion de la réunion de décembre.
35:52Pour la Banque Centrale Européenne, Hervé, qu'est-ce que ça implique ? Là aussi, il
35:56joue un consensus de plus en plus homogène sur l'idée que si la Fed pourrait aller
36:01plus lentement, en revanche, pour la BCE, il serait de bon ton de l'avoir accélérée
36:07ou en tout cas, ne pas sortir déjà de la ligne directrice d'une baisse de taux à
36:12chaque meeting.
36:13Alors, effectivement, et le discours de la BCE change aussi, le discours des membres
36:17de la BCE change aussi, il y a ce fameux discours qui a été cité par nombre d'économistes
36:22et d'observateurs de Cipollone, qui dit justement...
36:26Membre italien du directoire, je rappelle qu'il a pris la place de Fabio Panetta qui
36:30est allé gouverner la Banque d'Italie et donc, Piero Cipollone est le membre italien
36:36du directoire, donc une force qui compte.
36:40Oui, absolument.
36:41Et lui, si on suit un petit peu son discours sur la productivité, sur les prix, sur les
36:45salaires, il plaide pour que, justement, il y ait davantage de baisse de taux parce
36:49que peut-être que ce niveau élevé de taux qui a perduré aurait fait baisser la croissance
36:54potentielle et donc on se retrouve sur des niveaux d'équilibre qui sont un peu plus
36:57bas.
36:58Bon.
36:59Le fait que...
37:00Alors, je ne suis pas sûr d'adhérer totalement à ce discours-là, mais le fait que ce discours
37:03existe, qu'il émane du bord de la BCE à ce stade-là aujourd'hui, je pense que c'est
37:09un...
37:10C'est un débat qui s'ouvre quand même.
37:11C'est un débat qui s'ouvre et donc on est obligé d'y prêter attention.
37:12Et pour le coup, je pense que le discours que l'on avait jusqu'à présent, c'était
37:19de dire qu'on doit être prudent et on doit avancer lentement quand on s'approche du
37:22taux neutre.
37:23Avec ce nouveau discours, on se rend compte qu'il y a une autre stratégie possible, il
37:26y a une autre possibilité et donc ça devient non plus asymétrique comme ça l'était avant,
37:30mais on remet un peu plus de symétrie sur les taux.
37:32Je pense que le taux neutre, on n'en est vraiment pas loin.
37:34En Europe ?
37:35Oui.
37:36Selon nous, trois baisses de taux encore, donc autour de 2,5.
37:39D'accord.
37:40Oui, oui.
37:41OK.
37:42C'est une bonne théorie.
37:43Oui.
37:44Sauf que plus bas, moi, ça m'embête parce que ça veut dire qu'on a un taux neutre réel
37:46négatif.
37:47Alors bon, je ne suis pas particulièrement optimiste et sur la zone euro, je comprends
37:52bien qu'il y a des problèmes fondamentaux, structurels, de productivité, de démographie.
37:56Mais un taux neutre négatif, ça veut dire qu'on est quasiment comme le Japon en termes
37:59de création de richesses, de valeurs, etc.
38:02Le taux de dépôt à 1,5, ça signalerait effectivement qu'on n'est pas, qu'on est
38:07à un taux neutre réel négatif, quasi négatif.
38:10Exactement.
38:11À moins 0,5 si on prend l'objectif.
38:13Ça soulève la question de la vitesse de transmission de la politique monétaire dans le cas où
38:18on baisse les taux par rapport à la vitesse de transmission quand on les a montés, Hervé.
38:23C'est ça.
38:24Et c'est vraiment très, très important puisque aujourd'hui, les taux élevés ont favorisé
38:29deux agents, les banques, via la marge nette d'intérêt, donc une forme de profitabilité.
38:34C'est Terry Sparibus.
38:35On peut dire que la profitabilité des banques, du fait de l'action de la BCE, a augmenté
38:39dans la hausse de taux.
38:40Ce qui n'est pas forcément très intuitif.
38:42On a du mal à imaginer des acteurs qui bénéficient de ça.
38:45Et puis les épargnants.
38:46Les épargnants, et là on l'a vu plus massivement, on voit un taux d'épargne qui augmente en
38:51zone euro.
38:52Pas nécessairement parce que c'est un principe de précaution ou parce qu'il y a des inquiétudes
38:55ou des incertitudes.
38:56Parce que les revenus de l'épargne sont bons.
38:57Exactement.
38:58Et c'est vraiment très corrélé pour le coup.
39:00Voilà, ça rémunère plus et donc les ménages épargnent davantage.
39:04Ça, ça a des mauvaises conséquences économiquement parce que cette épargne financière, elle
39:09ne sert pas à la consommation.
39:10Quand on a une hausse du revenu, on a un choix qui s'offre à nous.
39:13Soit on consomme davantage, soit on place sur les marchés financiers, soit on l'épargne
39:17sur un compte courant, etc.
39:18Quand c'est une épargne financière et qu'on a des gains financiers dessus, ils sont automatiquement
39:23recapitalisés et réinvestis.
39:25Et donc on n'a pas ce temps finalement du choix et c'est ce qui fait que le multiplicateur
39:30sur cette épargne-là est très faible en termes de consommation.
39:32Léa, est-ce que ça vous inspire ? Puis je voulais bien revenir dans la série Trump
39:39et les transitions énergétiques et climatiques.
39:43Parce que vous l'aissiez entendre tout à l'heure que Trump ne serait pas forcément
39:46si négatif que ça pour la méga-tendance quand même de la transition énergétique
39:53et climatique.
39:54Je vais faire le parallèle avec Trump, je rebondis sur l'Europe quand même avec quelques
39:57éléments à mon avis importants.
39:59Je pense à l'épargne, ce que vous avez dit est intéressant parce qu'elle n'est pas dépensée,
40:03cette épargne, elle n'est pas dépensée parce que le climat social est compliqué en Europe.
40:08On voit la démultiplication, il y a des plans sociaux qui sont forts donc je pense qu'il
40:12va falloir aussi remettre dans ce contexte-là la prudence à mon avis des épargneurs européens.
40:18Elle vient en grande partie de cela et le parallèle avec ce fameux taux réel négatif
40:24et la situation japonaise, il a été fait à de nombreuses reprises, juste avant l'été.
40:28C'est vrai que l'Europe a beaucoup de signaux sur l'immobilier aussi, sur l'industrie,
40:34sur la démographie évidemment, très proche de la situation japonaise des années 90 et
40:40je pense que ça va être extrêmement compliqué pour la BCE de naviguer dans cet environnement
40:44de découplage total avec les Etats-Unis.
40:46Donc le parallèle avec les Etats-Unis et Trump et l'IRA, d'abord sous l'air Trump, le green
40:52investment de manière générale n'a jamais été aussi florissant et ça il faut le rappeler,
40:57comme ça moi ça me donne un peu d'espoir aussi, il y a tous ceux qui nous regardent
41:00et qui sont intéressés par ces thèmes, oui, le S&P Clean Energy 2018-2020 avait fait plus de 300%
41:07et même avant la première présidence de Trump...
41:10Et Exxon quittait le Dow Jones à la fin du mandat de Trump parce qu'il fallait faire
41:14tourner que l'Exxon n'était plus visiblement la capitalisation qui permettait de rester au Dow Jones.
41:19Donc on a de l'espoir et on ne se raccroche plus qu'à ça, non.
41:20En réalité c'est un plan qui a déjà maintenant quasiment deux ans d'historique avec effectivement
41:26des financements qui ont déjà été lancés au niveau privé, donc avec des difficultés
41:30de rétropédalage.
41:31La transition elle se fait avec ou sans Trump ?
41:33Oui, je pense qu'il n'y a plus de débat parce qu'en fait c'est au niveau des Républicains,
41:38si on regarde la répartition du budget de l'IRA justement, il y a quasiment les trois
41:42quarts qui sont dans les Etats-Républicains et ils ne vont pas se dédier, il y a très
41:47peu de chances.
41:48Et puis finalement c'est une approche toujours très compétitivité si on regarde ça au-delà
41:53de l'image que veut véhiculer Trump, extrêmement négative, il a nommé quand même une des
41:58personnalités qui est le pionnier des opposants à l'ESG, l'extra-financier, mais en réalité
42:04c'est complètement parti prenant de leur économie, c'est juste qu'ils ne veulent
42:07pas en faire une image de marge.
42:09Et donc les gens qu'il a nommés là, alors que ce soit l'un à la santé, l'autre pour
42:13l'administration environnementale etc, c'est quoi ? C'est des symboles, c'est juste j'envoie
42:18un signal, mais vous dites que ce n'est pas une équipe politique qui va...
42:24Qui s'y opposait en tout cas aux headlines des journaux qu'on a vus.
42:28L'exemple de la santé est très bon, c'est-à-dire qu'on a tout de suite positionné cette nomination
42:32comme opposant au vaccin dans la foulée, l'intégralité du secteur de la santé et
42:37des grandes pharmacies qui font des vaccins à ces écroulés.
42:39Le marché réagit sur les éléments qu'il a, oui.
42:41Et effectivement quand on regarde un peu plus entre les lignes, c'était l'antivax Covid,
42:47ce n'est pas un antivax de tout, et c'est là où les arbitrages vont être importants,
42:53il va falloir aller faire de la sélection là-dedans parce que tout a été embarqué
42:56sans distinction.
42:57Et donc pour la partie effectivement transition énergétique aux Etats-Unis, ils n'ont pas
43:02le choix, ils le font, ils vont le faire, ils vont continuer, et il y a des choses
43:04intéressantes à dire.
43:05Oui, mais c'est les GAFAM qui vont faire la transition de toute façon.
43:10Bon, comment on navigue dans cette période ? Alors je ne sais pas, d'ici la fin de l'année
43:14vous disiez, Vincent, il ne faut pas se mettre face au vent porteur, enfin en tout cas...
43:18Il faut garder.
43:19Il faut garder, voilà, garder les positions sur les marchés américains.
43:25C'est quoi le coup d'après ? Comment on réfléchit au début de 2025 ? Est-ce que l'idée notamment
43:31que les écarts, la fracturation même entre les actifs US et le reste du monde, est-ce
43:36que ces écarts peuvent quand même à un moment se résorber ?
43:38Moi je suis assez ambitieux sur les actions européennes à horizon 6-9 mois.
43:43Donc c'est bien.
43:44C'est un peu optimiste.
43:45Donc 25 l'année des actions européennes.
43:47Je pense que Trump va quand même essayer d'arracher une espèce d'armistice, dont les
43:52conséquences ne seront pas forcément si positives que ça à long terme, mais ce sera
43:58salué en bourse.
43:59Il y a quand même une sacrée prime de risques négatifs en Europe à cause de tout ça,
44:03donc on a quand même des sous-évaluations maintenant colossales.
44:07Donc tout le marché ne réagira pas, parce que la guerre commerciale sera toujours présente,
44:11mais il peut quand même y avoir un petit sursaut des actions européennes quelque part
44:15dans le premier semestre prochain, si on voit des petites lueurs d'espoir sur un arrêt
44:24des hostilités à court terme en Ukraine.
44:27Et les Etats-Unis, je pense qu'ils vont continuer à gonfler la bulle.
44:31Je pense qu'on est en train de gonfler une bulle, qu'elle est loin d'être arrivée
44:35à son sommet.
44:36On va être très vigilants là-dessus, mais pour l'instant je pense que c'est toujours
44:40les mêmes moteurs qui poussent.
44:42D'accord, mais ça veut dire quand vous dites les mêmes moteurs américains, ça veut dire
44:45là on va avoir Nvidia demain soir, il faut rester sur la tech ou est-ce qu'il y a quand
44:48même l'idée, je ne sais pas, on a beaucoup parlé des small-cap par exemple, est-ce qu'on
44:53veut jouer un peu les deux bouts du spectre ?
44:55Il faudrait qu'on ait une croissance économique américaine qui soit dopée par les décisions
44:59politiques et on a vu que ce n'est pas tout à fait le cas, donc je pense qu'il y a eu
45:01un effet de rattrapage, que la sous-performance des small-cap va peut-être diminuer.
45:10Mais je pense qu'en termes de capi et de choix, on n'a pas le choix et il faut rester
45:16aussi sur les grandes valeurs bien entendu.
45:18Et je crois qu'à ce titre-là, la publication d'Nvidia demain soir sera quand même particulièrement
45:25importante, c'est au sein du secteur des semi-conducteurs, j'ai vu le SOX, l'indice
45:29sectorel des semi-conducteurs américains a marqué un pic le 10 juillet, c'est la seule
45:32qui monte depuis le 10 juillet.
45:35Donc beaucoup, si ce n'est tout, reposent sur les épaules de Nvidia demain soir.
45:41Que ça puisse prendre 20% à la publication.
45:43La dernière publication n'avait pas été saluée par un plus 20, non.
45:48Donc réponse demain soir évidemment pour ceux qui suivront Nvidia et on en reparlera
45:52évidemment dès le lendemain dans Smart Bourse.
45:55Merci à vous trois d'avoir été des invités de Planète Marché ce soir.
45:58Vincent Guenzi, Cholet, Dupont, Houdard, Hervé Amorda, Pro-BTP Finance et Léa Dunant-Châtelet
46:03des NCA étaient nos invités en plateau.
46:05Merci.
46:16Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:19Le thème ce soir est un thème un peu fil rouge depuis quelques années dans cette émission,
46:24en tout cas celui de la démocratisation des actifs privés et du private equity en premier lieu.
46:30Nous en parlons ce soir avec Anne-Laure Frischlander-Jacobson qui est aujourd'hui entrepreneurneuse,
46:34la fondatrice d'Evest, enseignante également à Paris Dauphine dans cette nouvelle carrière
46:40qui s'offre à vous depuis quelques temps maintenant.
46:42Anne-Laure, bonsoir.
46:43Bonsoir.
46:44Je dis ça parce que vous avez, on s'est connu évidemment lorsque vous étiez à la
46:48tête d'un gérant d'actifs américain en France, en Europe.
46:52Vous avez une longue expérience évidemment de l'industrie de la gestion d'actifs au
46:56sens large et donc une expertise profonde sur des sujets d'investissement.
47:01Oui, un mot d'Evest, c'est quoi le job d'Evest aujourd'hui dans cette nouvelle vie, Anne-Laure ?
47:06C'est une plateforme digitale d'épargne qui est engagée pour l'autonomie économique de la femme.
47:12Dédiée effectivement, dédiée au genre féminin alors ?
47:17C'est principalement pour aider les femmes à s'émanciper financièrement.
47:24Il y a énormément de problématiques sur l'égalité patrimoniale entre les genres
47:29et on essaye vraiment de répondre à cette problématique grâce à Evest.
47:33Mais tout le monde...
47:34Oui, c'est ce que j'ai compris, mais on a eu l'occasion d'en parler, on a déjà fait
47:37des interviews là-dessus, mais il y a une manière spécifique effectivement de s'intéresser
47:41et de s'occuper des enjeux de l'autonomie financière des femmes aujourd'hui dans le monde.
47:45Beaucoup, beaucoup, et effectivement il faut avoir une réponse dédiée et appropriée, d'accompagnement.
47:50Je voulais que vous nous éclairiez un petit peu sur le sujet de la démocratisation du
47:53private equity.
47:54C'est vrai que ça fait plus qu'une paire d'années maintenant que j'en parle régulièrement
47:57dans cette émission, on ressent le push.
48:00Enfin moi je l'ai ressenti effectivement, le push retail comme on dit.
48:03Je voulais qu'on fasse un petit point peut-être sur l'état des lieux, où est-ce qu'on en
48:07est aujourd'hui de la dynamique qui vise à offrir du private equity à des investisseurs
48:13particuliers privés aujourd'hui, quand il était plutôt réservé à des investisseurs
48:17institutionnels en France et en Europe ?
48:19Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ?
48:20Puis on évoquera les enjeux et les limites peut-être, ou en tout cas les questionnements
48:24qu'on peut avoir derrière cette vague de démocratisation.
48:27Oui alors sur un plan global, c'est vrai que la classe d'actifs du private equity
48:33est en forte croissance puisqu'aujourd'hui c'est à peu près 5 500 milliards de dollars,
48:38mais c'était jusqu'à présent encore réservé à une clientèle qui était institutionnelle.
48:42Il y a Bain et compagnie qui tabent sur une croissance qui pourrait aller jusqu'à 13
48:48000 milliards de dollars d'ici 2032, c'est pour dire à peu près…
48:52Ah oui, c'est demain 2032, oui bien sûr, ça peut plus que doubler là encore dans
48:56les prochaines années.
48:57Et en même temps, on peut aussi se poser cette question sur la part du retail dans
49:08cette progression.
49:09Alors justement, c'est vrai que le retail dans l'industrie de la gestion d'actifs,
49:13ça a été vraiment la plus grande croissance ces dernières années et continue d'être
49:18vraiment le segment qu'elle va en poupe pour plusieurs raisons, déjà la démographie
49:25puisqu'on sait que les fonds de pension sont plus en décroissance et le retail finalement
49:32a de plus en plus accès à l'investissement de son épargne et prend le relais finalement
49:38sur la gestion de sa retraite.
49:39Donc notamment aux Etats-Unis, puisqu'aux Etats-Unis même la part retail a dépassé
49:44la part institutionnelle.
49:46Dans le private equity ?
49:48En général, dans l'univers de l'investissement.
49:50Dans l'univers de l'investissement et justement, la part du private equity, ça ne représente
49:56que 10% de l'investissement de la capitalisation boursière totale.
50:02Donc c'est rien du tout par rapport à ce qui est investi et là encore, si on prend
50:08en perspective cette part qui est finalement minimum sur tout l'investissement boursier,
50:13alors même que les entreprises, c'est-à-dire plus de 90% des entreprises qui génèrent
50:19un chiffre d'affaires de plus de 100 000 dollars, sont non cotées.
50:23D'accord ?
50:24Bien sûr.
50:25Donc le retail d'une part qui augmente, une part du private equity qui finalement par
50:29rapport au coté qui est encore très faible et si on regarde la dynamique du wealth,
50:38le wealth ça représente à peu près 50 trillions de dollars, on s'attend finalement
50:42à une augmentation des allocations de plus de 20% sur deux ans dans des poches d'allocations
50:51de private equity.
50:52D'accord.
50:53Donc c'est considérable, vous faites le calcul, c'est considérable.
50:57Mais ça veut dire qu'il n'y a plus d'autre choix que de s'y intéresser ? Enfin je veux
51:01dire, si on est un investisseur même particulier mais avec une forme de rationalité et un peu
51:09de perspective, c'est une classe d'actifs qui est devenue incontournable aujourd'hui ?
51:13Alors elle n'est pas encore parce qu'elle est justement, elle a encore beaucoup de barrières
51:16à l'entrée, c'est très peu accessible, il y a peu de fonds de private equity qui sont
51:20ouverts.
51:21Mais c'est vrai que si on regarde ne serait-ce que les performances ces 20 dernières années,
51:27le private equity, le fameux TRI, le rendement du private equity, c'était…
51:31Taux de rendement interne, c'est ça.
51:33Taux de rendement interne, oui, était de 13% contre finalement l'indice MSCI World
51:39qui était de 8%.
51:40Et dans le même temps, la part des entreprises cotées en bourse a été divisée par deux
51:48en 20 ans.
51:49Incroyable.
51:50D'accord ? Donc on a des entreprises, donc si on veut…
51:53De moins en moins d'entreprises cotées et de plus en plus d'intérêts pour des
51:57entreprises non cotées.
51:58Pour des entreprises non cotées qui sont 95% finalement de l'économie réelle.
52:04Donc si on veut aujourd'hui avoir des portefeuilles diversifiés, avoir un portefeuille boursier
52:09n'est pas suffisant.
52:10Le private equity a plus que son sens, au-delà en plus de, si on parle effectivement de l'investissement
52:15des femmes, c'est vrai qu'on cherche un sens dans ces investissements et faire partie
52:20d'une entreprise qui grandit et prendre des parts de son entreprise, ça fait du sens.
52:26Donc c'est vrai qu'il y a de ça aussi.
52:28Voilà, donc oui, un grand intérêt pour le private equity qui fait sens au sens de
52:34la diversification.
52:35Maintenant, il y a quand même quelques questions, aujourd'hui c'est vrai qu'il y a beaucoup
52:42de barrières à l'entrée.
52:43C'est quoi ces barrières à l'entrée encore du coup ?
52:45Finalement, cette case active a été réservée finalement qu'aux professionnels.
52:50Il faut des tickets assez élevés.
52:54C'était des fonds qui ne sont pas forcément éligibles au retail puisque finalement la
53:01réglementation, il faut enregistrer la commercialisation en France ou en Europe et jusqu'à présent
53:08très peu de fonds ne l'offraient.
53:10Mais il y a pas mal d'initiatives qui sont en train d'être mises en place, je pense
53:14à notamment LTIF 2 qui a été mis en place récemment après le flop de LTIF 1.
53:25Donc, réglementation européenne qui supervise ces fonds d'investissement.
53:27Oui, c'est l'European Long Term Investment Fund qui permet aujourd'hui d'accéder
53:32à des fonds non cotés avec des tickets finalement qui vont être plus faibles et surtout qui
53:40vont pouvoir être distribués au retail.
53:42Donc, on va avoir l'accès, des tickets plus faibles et sur des actifs qui vont être,
53:48il y a un certain nombre de critères pour être éligibles mais ça c'est beaucoup plus
53:52assoupli.
53:53La première version était beaucoup trop rigide, là on arrive à avoir des investissements
54:01qui sont intéressants.
54:02Néanmoins, aujourd'hui le marché du private equity c'est principalement le marché américain
54:09et c'est vrai que même au niveau des performances, c'est là où on a eu le gros des performances.
54:13LTIF limite un peu encore l'accès au private equity américain donc on est encore toujours
54:21un petit peu…
54:22Il y a un manque d'offres encore aujourd'hui purement européennes ou françaises ou européennes
54:28pour répondre à une demande latente de ce point de vue-là.
54:32Le private equity américain, c'est vrai que ça fait 60 ans…
54:34Ah ben, ils ont un peu de track record, oui.
54:37En Europe, c'est récent donc il faut laisser un peu de temps mais on a encore un décalage
54:44entre l'Europe et les Etats-Unis au niveau de l'offre et au niveau du gizier tout simplement.
54:50Par ailleurs, il y a aussi une autre initiative qui est importante de noter, c'est la loi
54:55industrie verte.
54:56Bien sûr.
54:57Donc là, récemment, l'exécutif veut vraiment faire bouger en demandant finalement aux assureurs
55:04dans l'assurance-ville, le plan d'épargne retraite, d'allouer un certain nombre, un
55:08certain pourcentage dans des fonds de private equity pour financer l'industrie verte, l'écologie.
55:14Donc là, on peut s'attendre quand même aussi à quelque chose qui se passe.
55:18C'est plutôt positif pour le private equity.
55:21Néanmoins, et d'ailleurs, le plan d'épargne retraite, si on prend l'exemple du plan d'épargne
55:28retraite qui est vraiment le dernier…
55:30Grand succès depuis la loi Pacte.
55:32Grand succès depuis la loi Pacte.
55:34Enorme succès.
55:35Bien sûr.
55:36Les particuliers de plus en plus prend le relais justement sur cette retraite, un petit
55:39peu ce que je disais au début de la conversation.
55:42Donc on peut s'attendre à justement ce qui s'intéresse de plus en plus au private equity.
55:47Qu'est-ce qu'on peut dire en termes de performances que j'entends ? Les performances passées ?
55:50Oui.
55:51C'est vrai que le monde a changé.
55:53C'est-à-dire qu'on a eu 20 ans ou 30 ans de baisse des taux, la progression, dévalorisation,
55:58etc.
55:59Je ne peux pas dire que c'était facile.
56:01Mais là, on sent quand même que le niveau de financement, le niveau de taux est complètement
56:06différent.
56:07Et donc, on se demande tous si les performances dans 10 ans à l'arrivée ne seront pas un
56:12peu différentes des performances des 10 ou 20 dernières années.
56:15Les cycles économiques, on a toujours eu… Ce n'est pas tellement ça qui m'inquiète
56:19le plus.
56:20Moi, ce qui me pose question, c'est justement dans cette dynamique de démocratisation du
56:25private equity, comment la flue de liquidité qui va être donc du capital à déployer,
56:34ce fameux dry-poder, ne va pas diluer la performance quelque part ? Parce qu'au-delà,
56:40finalement, on a un track record sur quelques fonds de private equity qui étaient effectivement
56:48un très bon track record, mais ils avaient les moyens d'être très sélectifs.
56:51Là, à partir du moment où ça va être de plus en plus, dans quelle mesure on peut
56:56avoir une baisse de performance ? Il faudra être très vigilant.
56:58Beaucoup de dispersion et peut-être au global une performance qui serait en moyenne moins
57:02bonne.
57:03Oui.
57:04Mais d'un autre côté, c'est compensé par le fait que beaucoup de sociétés ne sont
57:07pas forcément sortent de la cote, donc sont disponibles au private equity.
57:11Donc ces sociétés-là vont rentrer dans des fonds de private equity et prennent le
57:16relais.
57:17Il faut rappeler quand même que c'est une classe active qui reste très très risquée.
57:21J'ai quand même une question là-dessus.
57:24J'ai aussi une autre question sur les fonds qui se lancent, les fameux fonds Evergreen
57:31qui offrent des liquidités.
57:32C'est une bonne chose pour attirer le retail parce que le retail a besoin de cette confiance,
57:38de cette possibilité de sortir.
57:39Mais en même temps, là encore, si on rajoute du liquide, qu'on dénature, on risque de
57:48diluer aussi la performance.
57:49Et ce qui ne serait pas plus intéressant, moi c'est ce que je pense, c'est de justement
57:54éduquer le particulier à avoir un investissement de bon terme sur une private equity et garder
58:00finalement une poche où je ne sors pas pendant six ans.
58:03Si je suis dans un plan d'épargne retraite par exemple, ça fait sens, je n'y bouge
58:06pas.
58:07Et là, on reste sur des fonds qui sont loqués et qui permettent d'avoir des investissements
58:11sans forcément risquer finalement.
58:13On m'a dit que le private equity c'est un mariage, ça doit être pensé comme un engagement
58:18de long terme.
58:19Et puis après, j'ai une autre réserve que je pense qu'il faut noter, c'est l'industrie
58:24de la gestion d'actifs.
58:25Aujourd'hui, c'est une industrie dont les marges souffrent.
58:28On le sait, très concurrentielle avec les ETF, la gestion d'actifs souffre, ce qui
58:33fait qu'il y a énormément de gérants additionnels qui se lancent dans le private equity parce
58:39que c'est encore là où on peut faire des marges.
58:41Et moi, j'ai très peur finalement qu'il y ait une pléthore d'offres qui ne soient
58:44pas adaptées.
58:45Il faut être très sélectif.
58:46On verra à l'arrivée, mais c'est une course de fonds, donc on verra bien effectivement
58:50comment tout ça continue de se développer et évidemment, il y aura un temps pour le
58:55bilan, le bilan en termes de performance, notamment pour ces produits qui sont désormais
58:59offerts à des clients privés et aux particuliers.
59:02Merci beaucoup Anne-Laure.
59:03Anne-Laure Frischlander-Jacobson qui était avec nous en plateau fondatrice d'Evest dans
59:08ce dernier quart d'heure de Smart Bonds.

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