Si certains secteurs agricoles, comme les vignerons, y voient des opportunités, d'autres, comme les éleveurs, craignent des pertes.
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00:00Emmanuel, est-ce que cet accord est catastrophique en soi ?
00:03Non, et c'est bien ça la difficulté. On le voit d'ailleurs au niveau européen. Pourquoi beaucoup de pays ne veulent pas rejoindre la France ?
00:10C'est tout simplement parce qu'ils vont profiter de cet accord. Et même en France, vous avez en fait une majorité de secteurs qui vont profiter de cet accord.
00:19Et là où c'est encore compliqué, c'est qu'au sein même de l'agriculture, vous avez des secteurs qui vont profiter de cet accord.
00:27Alors si on reprend par exemple les réclamations des éleveurs, les chiffres qui sont cités, l'importation sans droit de douane de 180 000 tonnes de poulet,
00:3799 000 tonnes de viande de bœuf, ça paraît des chiffres considérables. Sauf que ces 180 000 tonnes de poulet, c'est 1,2% des poulets élevés en Europe.
00:48Les 99 000 tonnes de bœuf, c'est 1,2% de la production européenne. Donc en fait la réalité, c'est que pour ces éleveurs, le Mercosur, c'est un peu la goutte d'eau
00:59qui fait déborder un vase, mais un vase qui est déjà bien plein et bien plein de ras-le-bol. Par quoi ? Par tout ce qu'on sait déjà, c'est-à-dire le poids des impôts,
01:08la lourdeur administrative, les contraintes écologiques, la pression de la grande distribution. Et c'est ça qui fait que ça devient extrêmement compliqué pour eux.
01:17La filière sucre, attention, serait sans doute aussi perdante, puisqu'elle devra notamment supporter une hausse des importations d'éthanol.
01:24D'autres agriculteurs sont plutôt contents.
01:26Eh bien oui, c'est ce qu'on disait. Les vignerons, par exemple, voient d'un meilleur œil ce projet, puisque le vin, le champagne, le cognac sont aujourd'hui souvent taxés
01:34à hauteur de 30% en Amérique latine. Cet accord leur ouvrirait les portes d'un marché en croissance, tout en faisant tomber les barrières douanières.
01:43L'industrie laitière, elle aussi serait plutôt satisfaite avec un volume d'exportation supplémentaire sans aucun drap de douane de 40 000 tonnes de fromage
01:52et de 10 000 tonnes de poudre écrémée.
01:55Et pour les autres secteurs ?
01:56Globalement, plutôt gagnant aussi. Vous savez, c'est toujours l'échange qu'on fustige entre les voitures et l'alimentation pour caricaturer.
02:06Il faut rappeler, et c'est un fait assez rare parce qu'il n'y a pas beaucoup de zones avec lesquelles on a un commerce extérieur excédentaire,
02:11mais la France est excédentaire aujourd'hui vis-à-vis du Mercosur et donc beaucoup d'industriels devraient profiter de cette ouverture.
02:19Rappelons-le, c'est un marché de 280 millions de consommateurs, donc l'automobile, la chimie, les produits de luxe, les produits pharmaceutiques, les cosmétiques
02:27devraient voir leur vente progresser. Et puis n'oublions pas que derrière ces accords, il y a l'ombre de la Chine et que si nous, Européens,
02:35ne signons pas des accords commerciaux avec le Mercosur, croyez bien que les Chinois le feront. Et donc ça veut dire quoi ?
02:41Ça veut dire que les Chinois profiteraient de droits de douane très bas, pas nous, et donc comment allons-nous vendre nos produits là-bas face à la concurrence chinoise ?
02:49Donc c'est tout ça qu'il faut prendre en compte. En revanche, la vraie question qu'il faut se poser, c'est qu'est-ce qu'on peut trouver comme compensation
02:55pour ceux qui seraient les perdants de ce Mercosur ? Est-ce que c'est à travers des compensations financières ? Mais ça, les agriculteurs ne veulent pas en entendre parler.
03:04Mais par contre, il y a d'autres moyens de les rendre plus compétitifs. Et c'est vraiment là-dessus qu'il faudrait travailler aujourd'hui.
03:10– Merci Emmanuel.