Avec Françoise Degois et Elisabeth Lévy
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##DITES_LE_FRANCHEMENT-2024-11-14##
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NewsTranscription
00:00— On en parle avec Benjamin Gleize. Benjamin, combattre Marine Le Pen se fait dans les urnes et pas ailleurs.
00:06C'est sans doute la phrase du jour. Et elle nous vient de Gérald Darmanin.
00:12— Bah oui, l'ancien ministre de l'Intérieur, qui réagit donc aux réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires du RN.
00:18Le procureur a requis, on le rappelle, contre Marine Le Pen 5 ans de prison, dont 2 fermes aménageables et 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire.
00:26— C'est important, parce que ça veut dire qu'un appel ne sera pas suspensif si le tribunal suit les réquisitions du parquet.
00:32Dans ces cas-là, Marine Le Pen ne pourra pas se présenter à la présidentielle de 2027. Réaction de la chef de file du RN.
00:38— La seule chose qui intéressait le parquet, c'était Marine Le Pen. Marine Le Pen pour pouvoir demander encore une fois son exclusion de la vie politique,
00:45puis le Rassemblement national pour pouvoir ruiner le parti. — Et Gérald Darmanin, effectivement, réagit aussi donc à ces réquisitions.
00:53« Il serait profondément choquant », écrit-il sur Twitter, « que Marine Le Pen soit jugée inéligible et ainsi ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français combattre ».
01:01Madame Le Pen se fait dans les urnes. Pas ailleurs. Voilà pour les propos de l'ancien ministre de l'Intérieur, qui font polémique la suite du procès.
01:09Les plaidoiries de la Défense, ce sera à partir de lundi. Le tribunal, lui, ne rendra pas sa décision avant plusieurs mois.
01:14— Oui, nous saurons, parce que là, ce ne sont que des réquisitions. Je voudrais le rappeler. Oui, François.
01:20— Je suis choqué par la réaction de Gérald Darmanin. — C'est populiste. C'est démago, complètement. D'abord, je rappelle qu'il a été ministre de l'Intérieur.
01:27C'est-à-dire qu'il a été ministre de l'Intérieur, un des plus hauts représentants, garant de la loi, d'une certaine manière.
01:34Il se permet d'expliquer, en gros, de mettre un coup de pression même sur la justice et d'expliquer à la justice que ce qu'elle s'apprête à faire éventuellement,
01:42puisque nous ne sommes que dans les réquisitions, c'est pas bien. Donc il alimente l'idée qu'on éliminerait politiquement Marine Le Pen par la justice.
01:50Dans ce qu'il y a dans les réquisitions, il n'y a rien de plus. Je sais qu'Élisabeth n'est pas tout... J'attends les bémols d'Élisabeth.
01:58Je voulais juste dire que la juge, la présidente du tribunal a été jugée par toutes les parties parfaitement méticuleuses et professionnelles.
02:06Donc attention à ne pas alimenter... — Attention. C'est la présidente du tribunal, il y a la procureure, et puis nous verrons ce que décideront les deux procureurs.
02:16— Vous faites pas 10 heures de réquisition. — Non, mais nous verrons. — J'ai entendu la chronique de Françoise. Alors d'abord, Gérald Darmanin fait de la politique.
02:26Est-ce qu'on va s'épanouir à ce point qu'un politique fait de la politique, quoi ? Et par ailleurs, Françoise, moi, je pense qu'il y a un sentiment très partagé,
02:41très probablement au-delà même de l'électorat de Marine Le Pen, qui est que... Je vais expliquer pourquoi il y a quelque chose de scandaleux démocratiquement.
02:50Ça veut pas dire que les juges sont les agents inconscients d'une histoire. Ils savent pas forcément l'histoire qu'ils font. Je voulais réagir sur deux choses
02:57de votre chronique, qui étaient fort intéressantes. La première, c'est que vous avez dit, et je comprends comment vous l'avez dit, ils sont pas complètement déconnectés
03:04de la politique. Évidemment, l'idéologie, c'est pas quelque chose de palpable. Ça flotte aussi, ça... Voilà. Mais ce que je pense, et vous l'avez un peu dit aussi,
03:14ils sont déconnectés de la réalité, de la vraie vie, de la vie concrète. Parce que cette histoire d'assistants, surtout à l'époque où on n'avait pas des juges partout,
03:22les gens qui travaillaient pour le parti ou pour le Parlement, en réalité, les gens sont pas saucissonnés. Donc, je pense pas que les uns ou les autres
03:30avaient le sentiment de commettre cette chose horrible d'un détournement de fond. Ils ne se sont pas mis de l'argent dans les poches, il faut quand même le rappeler.
03:38Voilà. Ça, c'est la première. Et la deuxième, c'est que quoi qu'il en soit, sauf pour les crimes de sang, les choses vraiment très graves, je pense qu'il ne devrait pas y avoir de peine d'inéligibilité.
03:48C'est aux électeurs de décider quel degré d'immoralité ils acceptent chez leur dirigeant.
03:53— C'est le fond. C'est une très bonne remarque. Parce que la justice... Pardon. Mais on demande à la justice d'être sévère pour les délinquants.
04:02Je dis bien d'être sévère pour les délinquants. Tout le monde demande ça à la justice. Donc je ne vois pas pourquoi la justice ne serait pas sévère avec les politiques.
04:09— Je suis d'accord avec ce que vous dites. Non, non, non, non. — C'est pas la même chose. Je suis d'accord sur votre remarque sur l'inéligibilité.
04:15La peine de prison, pourquoi pas ? — C'est un vrai sujet philosophique. — Oui. Il faut se poser une question.
04:21— Non, mais attends. — Imagine l'ampleur de la crise politique si Marine Le Pen ne peut pas se... Voilà.
04:25— Alors je vais y venir. Je suis d'accord avec Elisabeth sur... C'est un vrai débat qu'il faudrait avoir. Est-ce qu'on peut... À part crime de sang, c'est un vrai sujet.
04:32Est-ce que l'onction démocratique, est-ce que c'est pas au peuple de décider qui il élit, sauf crime de sang ? Ça, c'est le premier point.
04:38Quand je disais « les magistrats ne sont pas déconnectés », je viens à ce que tu es en train de dire. C'est-à-dire je disais pas du tout qu'ils pratiquent une idéologie.
04:46Ils ne sont pas déconnectés de ce que leur décision va provoquer dans le pays. Bien sûr que moi, je suis juge, je vais écouter les plaidoiries et je dois rendre un jugement début février.
04:57Je sais... C'est une responsabilité écrasante, bien sûr, parce que je ne suis pas déconnecté de ce qu'est Marine Le Pen, de ce qu'elle représente dans le paysan.
05:05Je veux pas dire que je suis influencé, mais je pense qu'il faut parier aussi sur cette capacité de lucidité des juges, moi, je crois.
05:15— Oui. Enfin moi, je me rappelle justement, pour faire écho à ce que disait Jean-Jacques, dans certaines affaires, les juges ont très peur. Les magistrats vont pas vite.
05:23Je pense à l'affaire Traoré. Pourquoi ? Parce qu'ils ont peur des émeutes. Là, évidemment, si vous voulez, les juges peuvent s'inspirer sur les sentiments des électeurs
05:33et sur le fait qu'une partie des électeurs seront complètement frustrés, parce qu'évidemment, ils ont pas peur. C'est normal.
05:38— Mais Elisabeth, là, vous êtes en train de faire un procès aux juges. — Ne vous méprenez pas. C'est normal. Ce que j'essaye de vous dire, c'est que maintenant, essayez...
05:45Ça, je trouve que c'est quand même... Essayez de vous projeter. Marine Le Pen, pardon, deux fois finaliste, ne peut pas se présenter l'un et l'autre.
05:52Essayez de vous projeter. Vous croyez pas que c'est une crise énorme ? — Mais c'est pour ça que je pense que Marine Le Pen...
05:57Je pense que c'est une crise énorme. Mais je pense que Marine Le Pen a deux stratégies. Soit elle fait profil bas comme François Bayrou.
06:03Mais je ne vois pas ce que ça lui rapporte. Soit elle-même, elle crée une crise qui la protège. Une crise qui la protège.
06:08— Et elle vote la censure. — Et elle vote la censure ou du budget ou de la loi immigration. — C'est ce qui va se passer. Probablement, vous allez voir.
06:13— On en parlera. Bon. Enfin pour l'instant, on va parler économie et finances avec notre invité exceptionnel sur l'antenne de Sud Radio ce matin,
06:22puisqu'Antoine Armand, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, sera mon invité dans quelques instants.