Les informés de franceinfo du matin du 6 novembre 2024
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00:00Et nous sommes en direct sur France Info Radio, France Info Télé également pour la poursuite de cette édition spéciale La Nuit Américaine qui très rapidement a vu le suspense s'émousser puisque c'est quasiment maintenant une certitude Donald Trump est en passe de devenir le 47e président des Etats-Unis, de revenir à la Maison Blanche.
00:27C'est l'événement que nous allons analyser maintenant avec vous Salia Braklia, Renaud Dehli et ses informés.
00:32Nos informés version US avec Renaud Dehli. Hello Renaud, j'ai envie de vous dire ce matin.
00:36Hello Salia.
00:37Et good morning aussi à nos informés qui nous accompagnent ce matin.
00:40Alex Gilden, grand reporter à L'Express, bienvenue.
00:43Et Philippe Golub, professeur de relations internationales, bienvenue à tous les deux.
00:48On va essayer d'y voir plus clair avec vous sur les conséquences d'une victoire de Donald Trump aux Etats-Unis.
00:54Mais d'abord les derniers résultats Renaud Dehli.
00:56Effectivement, il n'y a plus de suspense Salia, même si l'annonce officielle n'a pas encore été faite.
01:01Le 47e président des Etats-Unis sera donc le même que le 45e.
01:05Donald Trump is back.
01:07C'est d'ailleurs le premier président à réussir ce comeback après une défaite depuis un président démocrate à la fin du 19e siècle.
01:13Un incroyable comeback de Donald Trump, donc une victoire nette et sans bavure.
01:17A l'heure qu'il est, il est officiellement à 267 grands électeurs.
01:19On sait qu'il doit atteindre le seuil de 270.
01:22Mais il n'y a plus de suspense d'ailleurs.
01:23Emmanuel Macron lui-même a d'ores et déjà reconnu dans un message la victoire de Donald Trump.
01:28Lequel Donald Trump s'est d'ailleurs exprimé il y a quelques minutes et a fait un long discours de victoire.
01:32Comme attendu, ce sont les fameuses 7 swing states qui font la différence.
01:36Donald Trump a déjà officiellement empoché la Pennsylvanie, la Caroline du Nord, la Georgia.
01:40Il pourrait faire le grand chelou et remporter les 7 Etats en question.
01:44Plus inattendu encore, il devrait remporter le vote populaire.
01:47Ce qui n'avait pas été le cas en 2016 lors de sa victoire contre Hillary Clinton.
01:51Aujourd'hui, les Républicains empochent également la majorité.
01:54Une majorité claire aussi au Sénat.
01:56Bref, Donald Trump qui aura les mains libres.
01:58Et avant de nous informer, on va tout de suite faire un saut à Washington
02:01pour retrouver l'un de nos envoyés spéciaux, Nicolas Taylor,
02:03qui se trouve devant l'un des lieux les plus importants de la démocratie américaine
02:09et de l'histoire des mandats de Donald Trump.
02:12Puisqu'il s'agit du Capitole, Nicolas.
02:14Oui, le Capitole, je l'ai même laissé derrière moi.
02:16J'espère que vous savez ce que j'ai sous les yeux.
02:19C'est la Maison-Blanche.
02:20Parce qu'il va y revenir, Donald Trump.
02:22Il connaît bien les lieux.
02:23Il y a passé 4 ans et on a senti dans son discours ce soir
02:27beaucoup de jubilation.
02:29On était très loin du Donald Trump amère, aigri de quitter la Maison-Blanche
02:33il y a 4 ans quand il a refusé de reconnaître les résultats.
02:37Il n'aura pas besoin d'état des lieux.
02:39Et la Maison-Blanche, elle est déjà entourée d'estrades d'installation
02:43prévues pour l'investiture qui aura lieu à la fin du mois de janvier
02:48pour le grand retour triomphal de Donald Trump ici à Washington.
02:52Je ne vous propose pas d'écouter l'ambiance.
02:53Il n'y en a pas.
02:54La Capitale Générale s'est zombifiée ce soir.
02:58C'est Walking Dead.
02:59Même les écureuils qui s'ébrouent habituellement dans les pelouses
03:02autour de la Maison-Blanche sont allés se coucher.
03:03On vient de faire 3 kilomètres avec Florent Leiany entre le Capitole
03:06et la Maison-Blanche.
03:07On n'a pas croisé une âme.
03:09Certes, dans ce quartier plein d'administrations.
03:12Mais il n'y a personne.
03:13Et ça dit aussi quelque chose du séisme que marque le retour de Donald Trump
03:17pour des villes comme Washington, on pense aussi à New York,
03:20même si la Trump Tower est un symbole, qui sont profondément démocrates
03:24et avec qui il y avait une hostilité très claire face à l'ancien président
03:28qui, il le disait quand il était arrivé au pouvoir,
03:31voulait dégager le marécage de Washington.
03:34C'est ce qui est prévu d'ailleurs avec le projet conservateur qu'il mène.
03:38Donald Trump a plus d'expérience.
03:40Aujourd'hui, j'étais tout à l'heure dans un bar.
03:42En face de moi, il y avait la Fondation Heritage.
03:46C'est un centre de réflexion de droite qui a proposé un programme de 900 pages
03:51pour préparer le retour de Donald Trump au pouvoir.
03:55Ça sera forcément différent de ce qu'il s'est passé en 2016,
03:59il y a 8 ans, pour son retour au pouvoir.
04:02Et il y aura un enjeu économique.
04:04Parce que s'il y a très largement des démocrates dans les rues de Washington
04:08et dans le bar où j'étais ce soir, j'ai croisé quelques partisans de Trump
04:12et les mots qui revenaient le plus, c'était « taxes » et « expensive ».
04:16La vie chère de ces dernières années.
04:18L'augmentation des taxes.
04:20Trop d'Etat.
04:21Voilà le programme que réclament les partisans au nouveau président.
04:25Nicolas Teilhard qui est presque seul dans les rues de Washington.
04:29Mais on va venir vous voir régulièrement, Nicolas Teilhard.
04:31Il n'y aura pas de problème, Alex Gilden, grand reporter à L'Express.
04:36On sait ce matin pourquoi c'est Donald Trump qui a gagné.
04:39Est-ce qu'on sait pourquoi il a gagné cette élection
04:44et Kamala Harris totalement perdue ?
04:47J'ai envie de dire que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
04:50C'est-à-dire qu'on a maintenant quelque chose d'un schéma.
04:53On a vu qu'il a battu deux fois une femme, plutôt intellectuelle.
04:57La seule personne qu'il ait battue finalement, c'est Joe Biden,
05:01qui était comme lui, qui avait été choisi à l'époque
05:03parce qu'on pensait qu'il était un peu populiste comme lui,
05:06avec cette capacité à parler aux Américains, aux Américains moyens, à la classe ouvrière.
05:11Ça veut dire quoi ? Les Américains n'étaient pas prêts à mettre une femme à la Maison-Blanche ?
05:15En tout cas, je pense que le parti démocrate va devoir se poser cette question
05:20pas très politiquement correcte.
05:22Je ne sais pas si c'est parce que c'est une femme,
05:24ou c'est parce que c'est une femme de la côte ouest,
05:26ou comme Hillary Clinton est une femme de la côte est,
05:28ou si c'est pour une autre raison.
05:30Mais en tout cas, ce qui est certain, c'est que Donald Trump, lui,
05:32il sait faire campagne, vraiment.
05:34En fait, il avait des messages très clairs,
05:36qui pourraient nous paraître basiques,
05:38mais qui correspondaient vraiment à quelque chose que les Américains ressentent.
05:41C'était le pouvoir d'achat, l'inflation en particulier,
05:43et la frontière, le problème de l'immigration.
05:46La candidate Kamala Harris avait un discours un peu plus filandreux,
05:50qui a hésité entre différents axes,
05:52et dont le principal était à tout,
05:54mais à non, pas lui, pas encore lui.
05:56Donc je pense que ce n'était pas suffisant.
05:58Est-ce qu'il y a vraiment eu une campagne sur les projets Philippe Golub ?
06:01Est-ce que vraiment les candidats ont proposé des projets aux Américains ?
06:06Parce que nous, au vu de France, on a vu une campagne violente,
06:09avec des insultes dans tous les sens.
06:11Donald Trump était un symptôme qui est devenu une cause.
06:16C'était le symptôme d'une transformation profonde,
06:18sociale et politique aux Etats-Unis,
06:20idéologique aussi,
06:22qui était enracinée dans un sentiment de déclassement social très profond
06:29entre des classes moyennes et des classes moyennes inférieures américaines.
06:32Le sentiment de déclassement, c'est-à-dire la position relative des gens dans la société,
06:35ce n'est pas leur situation économique absolue.
06:38Une réaction d'une majorité de la population contre ce sentiment de déclassement.
06:44Les programmes devaient adresser,
06:47il n'y a pas eu de programme justement dans la campagne, vous avez bien raison,
06:50n'ont pas adressé les questions profondes,
06:54les questions profondes liées à ces questions de déclassement économique et social,
06:59de ce sentiment d'abandon,
07:01que les démocrates n'ont pas su adresser non plus.
07:04Parce que le Parti démocrate, depuis maintenant des décennies,
07:08a changé de base sociologique.
07:10Avant, il représentait les couches ouvrières traditionnelles
07:13que Biden a su mobiliser justement dans l'Oméga et en Pennsylvanie.
07:17Mais depuis 20-25 ans,
07:19le Parti démocrate s'est dirigé vers les couches moyennes supérieures.
07:23Elle n'a pas pu, Harris, en quelques semaines,
07:27adresser un programme qu'elle n'avait pas préparé d'ailleurs.
07:31Parce qu'il faut rappeler ce qui s'est passé à l'arrivée en catastrophe
07:34pour remplacer le président sortant Joe Biden.
07:36Oui, il y a eu 4 semaines de campagne.
07:38Il y a évidemment de multiples raisons à la victoire écrasante de Donald Trump
07:41et à la défaite très nette de Kamala Harris.
07:43Il y a ce qu'expliquaient à l'instant Philippe Gelub et Axel Gilden,
07:46c'est-à-dire qu'il y a effectivement ce décrochage des classes populaires
07:48vis-à-vis du camp progressiste, du camp démocrate en l'occurrence,
07:50qui est un phénomène qui n'est pas spécifiquement américain,
07:52qu'on mesure aussi dans toutes les démocraties occidentales,
07:55y compris en France d'ailleurs et en Europe,
07:58de façon plus spectaculaire aux Etats-Unis,
08:00parce que le pays est sûrement encore plus fracturé,
08:03mais ce décrochage est net.
08:04Et puis ensuite, il y a des facteurs propres aux Etats-Unis
08:07et propres à cette campagne,
08:08et notamment le fait qu'il y a eu en quelque sorte,
08:11et sans doute les démocrates vont commencer,
08:13peut-être examen de conscience,
08:14en tout cas il faut le leur souhaiter après cette nette défaite,
08:17il y a eu aussi une forme de mensonge d'État
08:19autour de l'état de santé de Biden,
08:21qui a été prolongé par le pouvoir en place,
08:23et d'abord par Joe Biden lui-même,
08:25jusqu'au crash final qui a été ce débat catastrophique
08:27au mois de juin à la télévision,
08:28et ça, ça a forcément produit des effets dans l'opinion.
08:31Ensuite, ce retrait de Biden a été tellement tardif
08:33qu'il n'y avait de toute façon pas d'autre candidature
08:35de substitution que celle de Kamala Harris,
08:37laquelle n'avait pas fait ses preuves en tant que vice-présidente,
08:40et qui n'était pas une personnalité extrêmement populaire,
08:42qui n'a de surcroît pas mené une excellente campagne loin de là.
08:44Donc tous ces facteurs-là produisent,
08:46c'est un peu comme dans un crash d'avion,
08:47il n'y a pas eu une explication.
08:48Et puis il y a évidemment aussi le talent,
08:50la résurrection absolument incroyable de Donald Trump,
08:53et peut-être aussi en fin de campagne,
08:54d'autres erreurs en tout cas qui n'ont pas fonctionné,
08:56c'est-à-dire que dramatiser l'enjeu,
08:58reprendre par exemple le qualificatif de fasciste
09:00utilisé par M. Trump, par Kamala Harris,
09:03à l'endroit de quelqu'un qui avait déjà géré le pays pendant quatre ans,
09:06ce n'est pas forcément très efficace.
09:08Si vous dites Donald Trump est fasciste,
09:09il y a des électeurs qui se souviennent qu'il a été président,
09:11qui peuvent être même très critiques sur la présidence qu'il avait conduite,
09:15mais qui ne qualifient peut-être pas forcément ce mandat en tant que tel de fasciste.
09:19Il y avait aussi une forme de fébrilité en fin de campagne.
09:21Un adversaire politique qui pour les démocrates est très compliqué,
09:23parce que tout glisse sur lui.
09:25Parce qu'effectivement, c'est aussi une technique de prise de pouvoir
09:30qu'on retrouve chez bien des populistes,
09:33il faut dire le mot.
09:35Donald Trump, il asphyxie la campagne,
09:39il asphyxie la parole de son adversaire,
09:41dans d'autres circonstances,
09:43mais même quand il met son gilet jaune,
09:46ou quand il parle de chiens et de chats que les immigrés mangeraient au petit-déjeuner,
09:52il asphyxie le débat.
09:54Là-dedans, Kamala Harris a eu du mal à exposer des idées,
09:58elle n'en est pas beaucoup d'ailleurs,
10:00et puis il fait oublier le reste.
10:02L'avortement, on a dit que cette campagne se ferait autour de la question de l'avortement des femmes,
10:07finalement ce n'est pas le cas,
10:09et il a même réussi à faire oublier le 6 janvier 2021,
10:11ce qui est quand même une performance incroyable,
10:13parce que c'est quand même quelque chose qui est un peu majeur dans l'histoire des Etats-Unis.
10:17C'est une technique.
10:19Et là-dessus, Kamala Harris, il n'y avait pas de bonne stratégie face à Donald Trump ?
10:23C'est-à-dire que Trump est un ethno-nationaliste,
10:27c'est-à-dire un nationaliste qui mobilise autour d'une question d'une ethnicité particulière,
10:34c'est-à-dire l'ethnicité blanche aux Etats-Unis, n'est-ce pas ?
10:36Et il a réussi très bien, par des messages subliminaux et des messages explicites,
10:41à mobiliser ce nationalisme, cet ethno-nationalisme à son profit,
10:46alors que Harris, qui est une nationaliste dans son genre aussi,
10:50comme tous les Américains le sont quelque part dans la sphère politique, n'est-ce pas ?
10:54Harris a fait campagne sur la question de la défense des identités particulières,
11:00la défense des femmes, la défense des minorités, etc.,
11:03qui aujourd'hui, la question des politiques identitaires aux Etats-Unis
11:07est devenue une question secondaire par rapport aux grandes questions économiques et sociales
11:14qui travaillent leur société dans sa profondeur.
11:17Et on le voit aujourd'hui dans le vote hispanique.
11:19Le vote hispanique, il y a eu une partie significative du vote hispanique
11:22qui s'est dirigée sur Trump en dépit de l'effort...
11:26Plusieurs glissements qui se sont additionnés dans la population.
11:28Plusieurs glissements dans ce sens-là,
11:29dont les politiques identitaires côté démocrate ont démontré aujourd'hui
11:33leur incapacité à mobiliser la population américaine.
11:36Il y a eu une réaction à l'instant très attendue
11:38en guettant ce qui se passait en Ukraine.
11:40Le président Volodymyr Zelensky espère que Donald Trump aidera son pays,
11:45aidera l'Ukraine à obtenir une paix juste.
11:47On va parler justement des conséquences internationales
11:49de la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis,
11:51mais d'abord un tour à New York, au pied de la Trump Tower,
11:55avec Agathe Mahué.
11:56Vous êtes avec des partisans du nouveau président des Etats-Unis.
12:01Oui, même si cette fois, ça y est, ça se termine quand même ici,
12:04au pied de la Trump Tower.
12:06Pour tout vous dire, il commence à rester plus de journalistes étrangers,
12:09pour l'essentiel d'ailleurs, que de supporters de Trump.
12:13Les porteurs de casquettes rouges trumpistes sont rentrés pour la plupart.
12:18Il est 3h20 du matin en même temps ici à New York
12:20et c'est admis, c'est acquis depuis un moment, Trump a gagné.
12:24Trump a gagné, donc on peut aller se coucher.
12:26En somme, ça fait quelques heures qu'on célèbre la victoire du candidat républicain
12:31ici dans Manhattan, enfin précisément au pied de la Trump Tower,
12:35parce qu'ailleurs la ville qui est largement démocrate, rappelons-le,
12:39n'était pas forcément à la fête ce soir,
12:42en tout cas n'a pas organisé de grande soirée électorale.
12:46Ici, oui, il y a eu un petit groupe de personnes,
12:50mais des célébrations, un coup de grand drapeau américain,
12:53la musique très forte, des trucks, des véhicules gigantesques
12:57qui passent au pied de la Trump Tower en klaxonnant bruyamment.
13:01C'est vrai qu'ils étaient très heureux, les derniers, les irréductibles,
13:06restés là, les supporters de Trump, ils ont pour certains
13:09écouté un petit peu le discours du nouveau président tout à l'heure,
13:12en se satisfaisant d'entendre ce discours évidemment très pro-américain,
13:17les mots de Trump pour lesquels ils ont voté pour lui.
13:22La joie des supporters de Donald Trump au pied de la Trump Tower.
13:27Merci Agathe Mahué.
13:29On parlait des différentes réactions internationales,
13:32les chefs d'Etat maintenant multiplient les messages de félicitations.
13:36On a parlé d'Emmanuel Macron qui se dit prêt à travailler avec Donald Trump,
13:39on a parlé de Volodymyr Zelensky aussi qui félicite Donald Trump
13:42pour son impressionnante victoire.
13:45Cette victoire a évidemment une incidence sur le monde entier.
13:49Qu'est-ce que ça va changer ? Un nouveau mandat de Donald Trump ?
13:52Qu'est-ce que ça va changer dans les relations internationales Alex Wilden ?
13:55Alors d'abord effectivement il faut rappeler que c'est un raz-de-marée quand même.
13:58C'est un raz-de-marée qui s'inscrit dans une histoire des raz-de-marée républicains
14:01de 1972 avec Richard Nixon et de 1984 avec Ronald Reagan.
14:05Avec le vote populaire.
14:07Avec le vote populaire, avec le Sénat et avec la Maison Blanche
14:10et un certain nombre de victoires aussi à l'échelle locale.
14:13Dans son discours de tout à l'heure, il y a environ trois quarts d'heure de ça,
14:16Donald Trump n'a pas parlé beaucoup de politiques étrangères.
14:19Il a mentionné une chose, c'est qu'on a des otages à Gaza et en Iran.
14:23C'est deux seules choses qu'il a mentionnées.
14:25Donc il n'a pas parlé de l'Ukraine.
14:28On sait que ses positions au Moyen-Orient,
14:31ce qu'elles sont, c'est-à-dire que ce sont des positions très pro-israéliennes
14:35et très anti-iraniennes.
14:38Donc je pense que ça va être les deux premiers axes.
14:40Pour l'Ukraine, on sait qu'à priori sa démarche va être d'abord
14:45d'aller voir Volodymyr Zelensky, en tout cas c'est ce qu'on dit dans l'entourage de Trump,
14:48pour dire maintenant il faut venir à la table des négociations,
14:51alors que Zelensky ne veut pas en l'état le faire,
14:53et d'aller voir Vladimir Poutine.
14:55Zelensky pourrait dire que si tu ne viens pas à la table des négociations,
14:58on arrête de t'aider.
14:59Et Poutine, la même chose.
15:00Si tu ne viens pas à la table des négociations,
15:02alors on va agir sur les cours du pétrole pour asphyxier ton pays.
15:04Donc c'est ça qu'il voudrait faire.
15:06On verra s'il va y arriver.
15:07Mais quand même, on cesse de parler du côté imprévisible de Donald Trump,
15:10que ce soit pour son pays, mais aussi pour les relations avec les autres pays.
15:14Philippe Gollib, là on a parlé du cas ukrainien,
15:17il y a aussi la guerre au Proche-Orient,
15:20on connaît la proximité qu'a Donald Trump avec Benjamin Netanyahou,
15:23le Premier ministre israélien.
15:25Est-ce que ce côté imprévisible peut donner un autre dénouement
15:28à ce qu'on pense nous aujourd'hui sur ces deux guerres-là ?
15:31En tout cas, ça va donner un champ plus libre à Netanyahou,
15:36qui est en très grande difficulté interne en Israël actuellement,
15:39dans la poursuite de la guerre.
15:43C'est une bonne nouvelle pour Benjamin Netanyahou, la victoire de Trump ?
15:45Oui, c'était parfaitement clair de la part du gouvernement Netanyahou
15:50qu'il désirait une victoire, il désirait ardemment une victoire de Donald Trump.
15:54Mais je voudrais souligner autre chose sur les relations internationales,
15:56c'est les relations économiques internationales.
15:58Ça va avoir un impact très important sur les relations économiques internationales.
16:02Nous sommes rentrés depuis quelques années dans une nouvelle ère protectionniste,
16:07la fin du libre-échange.
16:09On est arrivé à la fin, à l'aboutissement d'une longue ère de libre-échange,
16:14dans une nouvelle ère de protectionnisme.
16:16Et Donald Trump va accentuer ce phénomène,
16:18mais il va l'accentuer d'une manière qui n'est pas subtile, n'est-ce pas ?
16:21Les deux partis politiques américains étaient dans ce nouveau protectionnisme,
16:25mais Trump a annoncé, et sans doute le fera-t-il,
16:28une mise en œuvre de tarifs douaniers très importants
16:33sur la totalité des importations entrant aux États-Unis,
16:37et surtout des importations chinoises.
16:39Et donc il y aura des très grandes turbulences, me semble-t-il, au plan économique international.
16:42Il faut s'attendre à des bras de fer, Renaud Delisle.
16:44Alors effectivement, sur ce sujet-là, il y a des mesures protectionnistes,
16:47dont évidemment la Chine sera l'une des premières cibles de la politique commerciale américaine.
16:52On peut s'attendre aussi à des taxes douanières sur l'ensemble de produits européens,
16:56les voitures allemandes, les produits français, etc.
16:58Donc il y a un bras de fer économique.
17:00Sur les autres conséquences, celles qui ne sont pas commerciales,
17:02c'est vrai que sur la guerre à Gaza,
17:04c'est évidemment un soutien fervent de Benjamin Netanyahou,
17:07donc c'est une excellente nouvelle pour le Premier ministre israélien.
17:10Notons au passage d'ailleurs, on s'est interrogé sur le comportement
17:12de la communauté arabo-musulmane lors de cette élection,
17:15notamment dans un État décisif comme le Michigan.
17:17Quand on regarde, Donald Trump l'emporte largement dans le Michigan,
17:20il est très nettement battu qu'à Malaris,
17:22et on constate dans certains endroits du Michigan
17:24que la candidate écologiste Jill Stein fait d'excellents scores.
17:27Donc il semblerait qu'une bonne partie de cette communauté
17:30se soit tournée vers la candidate écologiste
17:32pour critiquer la politique de Biden, évidemment.
17:34Résultat, à l'arrivée, ça donne le retour de Donald Trump
17:36à la Maison Blanche.
17:38Juste un dernier point, je pense que pour nous Européens
17:40et pour nous Français, c'est vrai que sur les enjeux internationaux,
17:43l'enjeu le plus décisif, c'est l'Ukraine.
17:45Et évidemment, si Donald Trump, en quelque sorte,
17:50tape dans la main de Vladimir Poutine pour régler la question,
17:54là, ça peut poser d'autres questions à l'échelle européenne, évidemment,
17:57dès lors que Vladimir Poutine gagnerait de fait la guerre en Ukraine
18:01et les conséquences pour l'Europe.
18:03Surtout avec un désengagement probable,
18:05accentué en tout cas des Etats-Unis vis-à-vis de l'OTAN,
18:07poserait la question de la défense européenne, évidemment,
18:10qui devrait se reposer de façon urgente.
18:12Avec d'ailleurs la réaction à l'instant du secrétaire général de l'OTAN,
18:14Marc Router, qui adresse ses félicitations à Donald Trump.
18:17Merci beaucoup à tous les trois.
18:18Merci à nos informés pour ce décryptage
18:20de cette victoire de Donald Trump aux Etats-Unis.
18:23Alex Gilden, grand reporter à L'Express,
18:26et Philippe Golub, professeur de relations internationales.
18:29Merci à vous, Renaud Delis.
18:30On continue de décrypter cette victoire de Donald Trump aux Etats-Unis,
18:34juste après la météo.