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Gérard Carreyrou, journaliste éditorialiste et spécialiste des États-Unis, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l'élection américaine, de la nette victoire de Donald Trump face à Kamala Harris et des enjeux de ce scrutin pour la France.

Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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News
Transcription
00:00Bonjour Gérard Carréron. Bonjour Sonia. Et bienvenue à la grande interview sur ces
00:08news des Europe 1. Vous êtes une grande voix historique d'Europe 1. Les Etats-Unis sont
00:12votre seconde patrie. Vous analysez depuis 50 ans la vie politique américaine. Nous vivons
00:17depuis ce matin et cette nuit évidemment un moment historique. Donald Trump qui se
00:21dirige vers une victoire donnée gagnant déjà par la chaîne américaine Fox News. Il pourrait
00:26y avoir Gérard Carréron un résultat incontestable dans quelques instants quelques heures et pas du
00:31tout comme cela avait été annoncé et étalé sur plusieurs jours. Comment vous analysez ce matin
00:35à cet instant précis cette tendance lourde ? Je l'analyse de la manière suivante. On ne peut
00:43pas tricher avec le peuple. On essaye parfois de tricher avec le peuple et c'est ce qu'a fait
00:48l'establishment je dirais politico-médiatique américain. Français aussi d'ailleurs sur le
00:55même sujet. C'est-à-dire faire croire que Trump est un fasciste, faire croire que s'il arrivait par
01:03malheur au pouvoir ça serait la fin de l'Amérique etc. On a essayé de faire avaler toutes ces
01:08balivernes au peuple français mais d'abord au peuple américain. Et le peuple américain n'est
01:13pas tombé dans ce piège. Moi j'ai passé comme tous les étés effectivement depuis 50 ans j'étais
01:18aux Etats-Unis. Je me suis promené, j'ai fait les courses avec le caddie, j'ai vu ce qu'était
01:23l'inflation, j'ai vu des gens qui effectivement ne pouvaient plus payer les produits de base. J'ai
01:29vu les gens se plaindre à la pompe à essence en disant nous pays qui produisons notre pétrole,
01:34on paye de plus en plus cher etc. Les américains se sont prononcés d'abord je dirais par leur
01:40caddie et leur porte-monnaie premièrement et deuxièmement parce que le gouvernement qu'ils
01:46ont depuis Biden, je ne veux pas imputer à Kamala Harris, elle a été inexistante dans les dernières
01:52années. Elle a surgi à faveur de l'esquive de Biden mais donc la politique qui a été suivie ne
02:01leur a pas plu, ne leur plaît pas et ils se sont insurgés. Vous allez nous parler de cette Amérique
02:06profonde, l'Amérique des pick-up et truck. Gérard Carreiro, je le précise à nos auditeurs d'Europe 1
02:11et les téléspectateurs de CNews Le Voix, cette image où Donald Trump va s'exprimer depuis la
02:16Floride dans quelques instants à West Palm Beach et près de sa résidence de Mar-a-Lago. Nous
02:20attendons et vous pourrez le suivre évidemment en direct sur CNews et Europe 1. Ses premières
02:24paroles sont scrutées par le monde entier et déjà des premières réactions tombent. Cette Amérique
02:30profonde, Gérard Carreiro, est-ce que Trump est devenu son porte-drapeau ? Vous avez vu Donald
02:35Trump démarrer en politique. Comment est-il devenu, racontez-nous, le représentant de ces
02:41laissés-pour-compte ? Il est entré, vous connaissez l'histoire, je ne vais pas vous la raconter,
02:46de cet homme milliardaire dans l'immobilier, coureur de jupons et tout ce qu'on peut. Et puis,
02:54tout d'un coup, il a décidé de faire de la politique. Moi, il se trouve, c'était un été,
02:58l'été de 2014, il y avait des primaires pour les candidatures républicaines. Il a décidé d'être
03:05candidat, lui qui n'avait jamais touché vraiment à la politique. Il avait même donné de l'argent
03:09aux démocrates. Il s'est engagé. Il y avait 22 candidats. Il les a démolis l'un après l'autre.
03:16C'était comme le jeu de massacre. Il y avait des débats et chaque fois, il y en a un qui restait
03:20au tapis et c'est Trump qui gagnait. Et du coup, on voyait en même temps qu'il gagnait tous ces
03:25débats, on voyait le peuple américain qui se mobilisait. On voyait effectivement, je vais
03:29citer l'exemple des pick-up trucks, ces véhicules que tout le monde, dès qu'on met le nez en Amérique,
03:37dans n'importe quel état, on voit tous les jeunes dans ces pick-up trucks. Ça fait partie des films
03:43américains, c'est l'Amérique. Et on voyait les lignes de gens qui venaient à ces meetings. Il y
03:50en avait 5 000 au départ, puis 10 000 à chaque meeting, puis 20 000, puis 30 000. J'avais compris
03:54qu'il allait être élu. Je l'ai dit quand je suis rentré en France à l'époque, on était trois ou
03:58quatre. J'étais pas tout seul, mais on était trois ou quatre à l'avoir senti. Et tout le reste des
04:03médias le traitaient comme si c'était d'abord quelqu'un qui n'avait rien à faire de la politique.
04:07Il y a eu un peu le même phénomène cette fois-ci. Là, c'était pire. On disait en plus, vous voulez
04:12réélire ce type qui va être condamné, qui a déjà été condamné une fois, qui va l'être, etc. On a
04:18essayé de transformer quelqu'un qui n'a pas... Ce n'est pas mon idéal d'homme politique. Je préfère
04:24le personnage du général De Gaulle à celui de Donald Trump. Mais il a un tempérament politique,
04:30c'est un colosse, c'est une sorte... Alors, quand on a des bonnes manières, on dit c'est une sorte
04:36de buteur dans la politique. N'empêche que c'est quelqu'un qui sait parler au peuple.
04:42Buteur qui est devenu phénix et vous racontez justement, Gérard Caout, parce que vous racontez
04:46ce que vous avez vu dans cette Amérique profonde, cette Amérique aussi des grandes villes, les gens
04:51qui adhéraient, qui allaient aux meetings de Trump comme on va assister à des énormes shows avec une
04:55dose d'exubérance, un zeste d'optimisme et un personnage qui ne déçoit pas ses fans quand il
05:00danse. Ce n'est pas anecdotique. Il n'y a pas de danse, même maintenant, qui est passée dans
05:05l'histoire, si je puis dire, l'essaie, parfois très osée. Est-ce que cet aspect du showman également
05:10qui n'existait pas, pour Kamala Harris, on va en parler aussi, a pris le dessus ?
05:14Ça joue, évidemment, parce que comme il a fait de la télé, de la télé-réalité depuis son émission
05:19qui avait un énorme succès, l'Apprentice, il sait y faire. L'exemple typique, c'est dans la campagne,
05:26là, de ce qui s'est passé avec l'histoire des ordures. Quand on dit il y a des ordures, etc.,
05:32il prend le volant, évidemment, très rapidement. Rappelons que Biden a traité les électeurs d'ordures.
05:38Biden a refait l'erreur tragique de Hillary Clinton qui avait parlé des gens qui étaient
05:46non fréquentables. Sauf que les non fréquentables, c'est des dizaines de millions d'Américains qui
05:54simplement ne sont pas passés forcément par Harvard ou n'ont pas dix mille dollars tous les
06:00mois à dépenser. C'est ça, les infréquentables. Du coup, Trump a aussitôt sauté dans le camion
06:07poubelle et il a marqué des points parce que le peuple s'y retrouve. Le peuple aime bien ce genre de choses.
06:13On poursuit, Gérard Clareau, notre entretien sur CNews et sur Europa. Ceux qui nous rejoignent ce matin.
06:18Les dernières informations, 265 grands électeurs pour Donald Trump. La Pennsylvanie qui tombe dans
06:25son escarcelle. La chaîne américaine pro-Trump, mais pro-républicaine surtout, qui annonce sa
06:31victoire. Le fait qu'il pourrait y avoir un résultat incontestable dans quelques heures, alors qu'il
06:36avait annoncé quasiment une guerre civile aux Etats-Unis. Comment il peut y avoir une telle
06:42distorsion entre parfois les sondages, ce qui est annoncé, et la réalité telle que vous l'avez vu, tout simplement ?
06:48Je crois que le camp démocrate faut de mieux à jouer sur la stratégie de la peur. On a fait peur aux gens en leur disant
06:56attention, si par malheur Trump est élu, vous allez voir ce que vous allez voir. Et on a présenté
07:04le portrait robot, le fasciste, l'homme qui allait faire des guerres. C'est d'ailleurs la première réaction
07:11à l'instant de la classe politique française à gauche. Marine Tendelier, Raphaël Glucksmann, Yannick Jadot
07:16qui s'inquiètent des pleins pouvoirs éventuels. C'est le fascisme à nos portes de l'autre côté de
07:21l'Atlantique. Mais c'est faux ça. Est-ce qu'il a quand même gouverné l'Amérique pendant quatre ans ?
07:27Est-ce qu'il a déclenché une guerre, lui ? C'est très intéressant. Est-ce que vous iriez jusqu'à dire, Gérard
07:33Carreau, rappelons à nos téléspectateurs et auditeurs que dans l'histoire finalement, les
07:37démocrates, ce sont toujours les démocrates qui ont commencé les guerres au Vietnam. Ça a été le
07:42cas. Est-ce que vous diriez quand même que Donald Trump pourrait être l'homme de la paix en Ukraine et
07:46au Proche-Orient ? Écoutez, je l'espère, comme beaucoup de gens probablement, parce qu'une guerre qui fait
07:51autant de morts depuis maintenant presque trois ans, ça ne peut pas continuer comme ça. Donc si Trump fait
07:58ce qu'il dit, c'est-à-dire, moi je vais téléphoner à Poutine et puis je vais lui dire, voyons-nous, et
08:03puis essayons de trouver. C'est un peu son style. Coup de pied dans la fourmilière. C'est son style, oui. C'est de dire, écoutez, on n'y arrivera pas, vous
08:10gagnerez pas, moi non plus. Bon, on ne va pas dépenser autant de pognon. C'est comme on disait, le pognon magique. On ne va pas
08:17continuer à en dépenser autant. Donc, il faut trouver un accord. Il est possible que ça se passe comme ça et qu'il trouve un accord.
08:23Je ne dis pas que c'est fait. Ça ne sera pas facile. Nous vivons un moment historique. Quand on dit que le monde retient son souffle, c'est le
08:29cas. Quand l'Amérique vote et les résultats deviennent petit à petit. Ce matin, Gérard Carreau incontestable pour une victoire de
08:37Donald Trump et pour une défaite de Kamala Harris, qui ne prendra pas la parole ce soir. Comment vous analysez quand même sa campagne ?
08:44Elle est restée très générale sur beaucoup de sujets. Elle a beaucoup centré sur l'avortement et sur le danger que représenterait
08:52Donald Trump. Le tout, malgré, elle a eu une bienveillance médiatique qui n'a pas suffi. Plus que ça. Une adhésion médiatique considérable.
09:01Il y avait un argument valable qui était le vote des femmes à propos de l'histoire de la décision de la Cour suprême de changer les choses et
09:13de donner l'impression qu'on allait limiter le droit des femmes à l'avortement, etc. C'est sans doute une bonne cause, mais elle n'a pas marché comme
09:23Kamala l'espérait, en tout cas. Et ce qui a marché, effectivement, c'est plutôt les autres considérations, celles dont on parlait il y a quelques minutes.
09:32Et effectivement, donc, elle s'est un peu, comment dire, elle s'est un peu enlisée après, parce qu'il ne suffit pas de sourire.
09:40Elle a un beau sourire. Moi, j'aime bien les sourires de femmes. C'est toujours agréable de voir une femme sourire comme ça, mais ça ne suffit pas
09:47à être présidente des Etats-Unis. Or, à chaque fois qu'on lui posait une question, elle avait tendance à faire son grand sourire et puis un what's next.
09:56Il n'y avait rien après.
09:57Regardons de nouveau ces images. Je l'ai décrites à nos auditeurs d'Europe 1. On voit les partisans et aussi il a des stars autour de lui.
10:04On a beaucoup parlé des stars autour de Kamala Harris. On n'a pas parlé aussi du tissu économique et des grands, grands businessmen et patrons autour de Donald Trump.
10:12Elon Musk, qui s'est réjoui il y a quelques instants également sur X. Parlons de cette Amérique-là, qui veut la baisse des impôts.
10:19C'est très important, alors qu'il y a un débat en France de cette Amérique qui a encore en tête et dans le cœur l'American Dream.
10:26Oui, mais l'American Dream, c'est effectivement la liberté d'entreprise. C'est la liberté de l'entrepreneur. C'est le rêve américain.
10:35Ça fait partie du rêve américain. Le rêve américain, c'est d'avoir un job, une bagnole et puis pouvoir changer de bagnole éventuellement tous les cinq ans
10:42et puis d'avoir une petite maison et puis éventuellement de pouvoir l'agrandir. C'est ça, le rêve américain.
10:47Mais dans le rêve américain, il y a aussi le pouvoir d'entreprendre, de ne pas être ligoté par des règles et des normes en permanence.
10:55Or, le gouvernement américain, j'allais dire, on sait ce que c'est en France également, c'est en permanence appliqué à enrichir le corpus de normes, de réglementations.
11:08Les gens en ont marre. Ils veulent retrouver cette liberté. Et quand on se moque des Américains pour les armes, alors évidemment, on dit
11:16« Moi, je n'ai pas d'armes, je suis contre l'idée d'avoir des armes chez soi. »
11:20Mais vous comprenez.
11:21Je comprends quand on est dans l'Amérique. On a vu la carte de l'Amérique. Il y a deux Amériques. Il y a l'Amérique des deux côtés, des deux côtés de la mer
11:30et puis l'Amérique du milieu qui représente 40 ou 45 États, c'est-à-dire toute l'Amérique. Dans cette Amérique-là, il y a parfois des kilomètres et des kilomètres,
11:39on a une maison isolée, on a des enfants. On a un peu peur, bon, on a un pistolet à la maison. Et puis s'il y a un type rentre chez vous en Amérique,
11:46on lui dit « Attention, tu sors ou alors éventuellement, moi, je prends mon fusil. » C'est ça l'Amérique.
11:50C'est passionnant de vous écouter parce qu'en vous écoutant, on a l'impression aussi qu'on feuillette un roman américain de cette Amérique-là.
11:57Alors, il y a des réactions françaises. Elles sont très nombreuses. Je vous les donne à l'instant au micro de CNews et de Rempa. Et voilà cette image.
12:05Je la décris à nos auditeurs de Rempa. Donald Trump en direct avec Melania Trump et tout le camp. D'ailleurs, Trump, ses enfants, vous voyez,
12:14avec ce crépitement de flash, tous ces téléphones qui captent un moment historique. Donald Trump qui, sans doute, en passe.
12:21Gérard Carreiro, eh bien, d'annoncer sa victoire. Victoire qui a été annoncée il y a quelques instants par la chaîne américaine Fox News.
12:29Le moment est historique. Donald Trump s'exprime sur ses news et européen. Il fait un peu durer le suspense. On voit sa famille, son clan qui s'avance
12:38et qui va se mettre en place derrière lui avec ce fond, tous ces drapeaux américains. Evidemment, Donald Trump qui pointe du doigt.
12:45Vous connaissez maintenant sa gestuelle. Sa rhétorique est à venir. Il a l'air serein. On voit aussi la détermination. Voilà ce personnage, ce phénix
12:54avec deux tentatives d'assassiner une campagne folle, avec des saïds, avec des invectifs. Peut-être quelques mots en attendant sa prise de parole.
13:03Qu'est-ce que vous inspire cette image, Gérard Carreiro ?
13:05D'abord, il a été prudent. On lui avait reproché, il y a effectivement quatre ans, d'avoir annoncé qu'il avait gagné alors que le dépouillement n'était pas fini.
13:14Là, il a attendu. C'est pour ça qu'on a attendu avec lui. Il a attendu, effectivement, d'avoir le dépouillement de la Pennsylvanie et l'assurance qu'après les deux autres états swing,
13:24comme on dit, ceux qui basculent ou pas, il a attendu d'avoir à peu près la certitude qu'il serait élu. Et donc, il a été prudent et non pas impulsif, contrairement à ceux qui le prétendent.
13:36Second mandat pour Donald Trump.
13:38Il y en a eu deux dans l'histoire des Etats-Unis. Il n'est que le deuxième.
13:42Effectivement, voilà pourquoi c'est un moment historique.
13:44En général, en Amérique, quand on est battu, on disparaît du jeu politique.
13:48Donc Phénix s'est adapté.
13:50Lui, c'est le premier de ma connaissance, c'est-à-dire moi, ça fait seulement 60 ans que je vais en Amérique, c'est le premier à faire ça.
13:58Alors je décris encore étoise la salle. Ce sont tous ses partisans, ses fans, évidemment, qui sont galvanisés, qui l'ont accompagné. Donald Trump qui a vraiment fait campagne jusqu'au bout.
14:08Jusqu'au bout de la nuit, jusqu'au bout de la campagne, peut-être aussi jusqu'au bout des forces, parce que ça a été une campagne incroyable.
14:14C'est une force de faire ça. Ce que n'a pas fait Kamala Harris.
14:18Voilà Donald Trump, moment historique à suivre sur ces news et européens.
14:21Les premiers mots très probablement du prochain président américain.

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