Le ministre de l'Economie Antoine Armand était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Antoine Armand.
00:02Bonjour Sonia Mabrouk.
00:03Et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:05Merci de votre présence, monsieur le ministre.
00:07Vous êtes le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie.
00:10Beaucoup de questions à vous poser.
00:12Et tout d'abord, votre objectif dans l'immédiat, bien sûr,
00:14comme celui du Premier ministre, c'est de faire adopter le budget.
00:17Le texte revient demain à l'Assemblée, dans un contexte social qui se tend,
00:21avec des appels à la mobilisation, notamment dans la fonction publique hospitalière.
00:25Est-ce que, Antoine Armand, vous pouvez tenir ainsi ?
00:27Ou est-ce que le 49.3 est inévitable pour sortir de l'ornir social ?
00:32On est en plein débat démocratique.
00:34Débat parlementaire à l'Assemblée, bientôt au Sénat.
00:37Et j'entends que ça interroge.
00:39Mais je me rappelle aussi qu'il y a un an, on disait comment ?
00:42On ne va pas laisser vivre le débat ?
00:44Il ne va pas y avoir pleinement un débat à l'Assemblée nationale ?
00:46Je crois que c'est vital, démocratiquement, que le débat ait lieu.
00:48Pourquoi ?
00:49Parce qu'on a une Assemblée qui est à l'image de ce qu'ont souhaité les Français.
00:52Une Assemblée diverse.
00:53Qui débat ?
00:54Ensuite, est-ce que ce gouvernement, est-ce qu'en tant que ministre des Finances,
00:58j'accepterais, à la fin, un budget irresponsable,
01:01qui conduit au matraquage fiscal ?
01:03Jamais.
01:04Et je le dis ici sans suspens, sans volonté d'effet de manche.
01:07Les Français, les entreprises, les gens qui travaillent,
01:10ceux qui font tourner le pays, ils attendent de nous de la responsabilité.
01:13Et si, après l'ensemble du débat parlementaire,
01:16le matraquage fiscal est au rendez-vous,
01:18nous serons aussi au rendez-vous de nos responsabilités pour l'éviter.
01:21Qu'est-ce que vous appelez débat démocratique ?
01:23Amendements à foison, guerre de tranchées budgétaires,
01:25il reste encore 1500 amendements et on est déjà à 40 milliards d'impôts en plus.
01:30Est-ce que c'est ça la démocratie ou c'est la bordélisation de l'Assemblée ?
01:34Je suis ministre de la République, je n'ai pas à critiquer ou à parler
01:38de la manière dont les débats se font à l'Assemblée nationale.
01:41Ce que je constate, c'est qu'il y aura aussi un débat dans quelques jours au Sénat.
01:44Et que j'espère que ce débat se tiendra dans des conditions
01:47qui sont plus proches de ce que vivent les entreprises.
01:49Parce que quand en quelques jours, mais que dis-je en quelques jours,
01:53en quelques heures, vous avez des milliards ou des dizaines
01:56de milliards d'impôts qui sont votés sur les entreprises.
01:58Mais qui fait monter les enchères ?
02:00Visiblement, c'est une alliance entre le Nouveau Front Populaire
02:03et le Rassemblement National.
02:05Et là, je crois qu'il y a un changement assez...
02:06Les deux ?
02:07C'est quand vous regardez les votes, notamment en Commission des Finances
02:09sur les impôts sur les entreprises, ce sont des dizaines de milliards
02:12d'impôts qui sont votés.
02:13Et ça, c'est quelque chose d'assez nouveau parce que le Rassemblement National
02:17se disait plutôt libéral.
02:19On constate que sur les sujets économiques et d'impôts des entreprises,
02:22le Rassemblement National rejoint l'extrême gauche.
02:24Donc matraquage fiscal de LFI et du RN, dites-vous.
02:27Sur les grandes entreprises, visiblement, c'est ça qui est le cas.
02:29Mais il faut rappeler que nous, on demande une contribution aux entreprises
02:33et que les grandes entreprises, elles sont volontaires.
02:35Mais elles sont volontaires jusqu'à un certain niveau.
02:38L'asphyxie, ça mène à quoi ?
02:40Ça mène au chômage, ça mène au départ des entreprises.
02:42Alors, parlons-en parce qu'Antoine Armand, vous avez eu une phrase importante
02:45ce matin dans les échos.
02:46Vous dites qu'il faut travailler plus d'heures.
02:48Plus d'heures dans l'année.
02:49Il faut travailler plus pour financer notre modèle social.
02:52Est-ce que vous pouvez nous dire clairement, ce matin, sur ces News Europa,
02:55quel est le risque ?
02:56Sinon, c'en est fini, notre modèle social ?
02:59C'est exactement ça.
03:01On a aujourd'hui un modèle social auquel vous, moi, tenons énormément.
03:04Alors, bien sûr, on a des désaccords, on a des discussions sur les retraites.
03:07Mais au fond, à chaque fois qu'on en discute, qu'est-ce qu'on dit ?
03:10Qu'on veut garder notre sécurité sociale.
03:12Qu'on veut garder les retraites par répartition.
03:14Qu'on veut garder une protection quand il y a un problème.
03:17Le système social le plus coûteux.
03:19Ce que je dis aujourd'hui, c'est que la quantité d'heures qui est travaillée dans ce pays,
03:23la quantité de travail qu'il y a en France,
03:25ne suffit plus aujourd'hui à financer notre modèle social.
03:28Et que si on veut le conserver, il faudra travailler davantage.
03:32C'est un constat.
03:34Et c'est aussi une conviction politique.
03:36Et donc, ce que je dis, c'est que dans la situation dans laquelle on se trouve,
03:39où on risque un décrochage par rapport aux Etats-Unis, par rapport à l'Asie,
03:42qui ont des taux de croissance trois fois, cinq fois supérieurs à ceux de l'Europe,
03:47il faut qu'on se réveille et il faut qu'on travaille davantage collectivement.
03:51Sinon, c'est la faillite de notre système social.
03:53Sinon, c'est un risque. Sinon, c'est les déficits qui filent.
03:56Et quand les déficits filent, et c'est ce qui s'est passé ces dernières années,
04:02on est moins fort. La France est plus vulnérable.
04:04Et quand je dis travailler davantage,
04:06je ne veux pas mettre une catégorie de population plutôt qu'une autre,
04:10je dis simplement qu'il faut qu'on fasse cet effort ensemble.
04:12Vous nous direz si vous visez par exemple les fonctionnaires.
04:14Mais tout d'abord, et avant de rentrer dans le détail, Antoine Armand, expliquez-nous.
04:18Vous voulez donc augmenter le taux d'emploi.
04:20En réalité, pourquoi alors votre budget pénalise les entreprises ?
04:24C'est quelque chose qu'on ne comprend pas,
04:25entre la nécessité d'augmenter les heures travaillées
04:28et en même temps d'alourdir le coût du travail.
04:31Ce qui pénalise le plus les entreprises, c'est la situation des finances publiques.
04:36Parce qu'une économie en bonne santé,
04:38ce n'est pas une économie qui a 6% de déficit.
04:41Donc réduire le coût de financement de la dette,
04:43avoir des finances publiques qui fonctionnent,
04:45c'est le premier service qu'un État doit rendre aux entreprises.
04:47C'est le tout premier.
04:48Et pour y arriver, on demande un effort aux entreprises.
04:51Je note que les grandes entreprises se sont dites prêtes
04:53sur la surtaxe, sur l'impôt sur les sociétés, à participer.
04:56Il y a la question du coût du travail.
04:58J'appartiens à une sensibilité politique qui a baissé le coût du travail.
05:01Pourquoi ? Parce que, je le dis à vos téléspectateurs, vos auditeurs,
05:05on veut que la différence entre ce que ça coûte à l'employeur
05:07et ce que touche le salarié à la fin du mois,
05:09cette différence, elle se réduise.
05:10Pour ça, on fait des réformes et on baisse le coût du travail.
05:13Et j'ai entendu ce qui a été dit notamment par beaucoup d'entreprises,
05:16par des chefs d'entreprises, notamment de TPE, PME,
05:18par le groupe Ensemble pour la République.
05:20Nous allons réfléchir à moduler cette mesure
05:25à ce que les hausses de cotisations soient moins importantes,
05:28notamment pour les bas salaires.
05:30Mais à nouveau, je le dis ici...
05:31Vous allez réfléchir, vous ne pouvez pas ce matin...
05:33On fera une proposition.
05:35Vous avez une proposition en tête, je suis franche.
05:37C'est une promesse, monsieur le ministre ?
05:39Parce que vraiment, la colère est importante.
05:41Je dis que nous sommes en train de regarder à comment faire.
05:43Pourquoi c'est délicat ?
05:44Parce que, je vous l'ai dit à l'instant,
05:45on est dans une situation de finances publiques extrêmement préoccupante.
05:48Donc, comme ministre des Finances,
05:50si je mets sur la table une mesure qui coûte de l'argent,
05:54je dois avoir une mesure qui permet de créer de l'activité,
05:57de créer de l'emploi, de créer du travail en France
05:59parce qu'on en a besoin.
06:00Alors, Antoine Armand, dans l'objectif d'augmenter
06:02la fameuse durée du travail,
06:03vous dites être favorable à l'ouverture du débat
06:05sur l'abandon d'un jour férié supplémentaire
06:07que vous appelez deuxième journée de solidarité.
06:10Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui vous disent
06:12impôts déguisés en réalité ?
06:15Ce que je dis, c'est que chaque année,
06:17les Français travaillent globalement moins que nos voisins.
06:21C'est-à-dire sur la durée...
06:22Sur la durée annuelle du travail.
06:24C'est un maquis statistique sur ce temps-là.
06:27Une manière très simple de le dire,
06:28c'est qu'en moyenne,
06:29un Français travaille nettement moins que ses voisins.
06:31Sur une année.
06:32Et qu'est-ce que ça a comme conséquence ?
06:34Ça a comme conséquence moins de cotisations,
06:36donc moins de financement de notre modèle social,
06:38moins de recettes aussi,
06:40et puis, évidemment, moins d'emplois,
06:42moins de travail, moins de croissance.
06:43Or, c'est cette croissance qui crée de la richesse.
06:45Je veux le dire ici parce que vous savez,
06:47quand vous discutez avec certains,
06:49notamment dans des oppositions d'extrême-gauche,
06:51vous avez le sentiment que tout est gratuit.
06:53Mais les cotisations, le modèle social qu'on a,
06:55c'est parce qu'il y a des gens
06:56qui, tous les jours, travaillent en France.
06:58Et donc, travailler un petit peu plus,
07:00collectivement, en commençant par s'assurer
07:02que chacun respecte la durée de travail
07:05qui est fixée, évidemment, dans tous les secteurs,
07:07c'est indispensable.
07:09Mais, monsieur le ministre,
07:10est-ce que c'est tant cette durée du travail
07:12ou le fait qu'il n'y a pas assez de Français qui travaillent ?
07:15Ce sont souvent les deux extrêmes d'âge.
07:17Moins de 25 ans et les fameux seniors.
07:20Vous avez tout à fait raison de différencier les deux sujets.
07:22La première chose, c'est le taux d'emploi.
07:24Comment est-ce qu'on fait pour que plus de personnes
07:26de la société française soient au travail ?
07:28C'est le principe de la réforme des retraites.
07:30C'est le principe de l'apprentissage, les jeunes.
07:32Et c'est le principe de la réforme du RSA.
07:34Accompagner les gens qui sont au RSA
07:36pour s'assurer qu'ils retrouvent un emploi.
07:38C'est le principe de la réforme de l'assurance chômage ?
07:40Non, non, elle n'est pas enterrée.
07:42Elle est, en ce moment, en train d'être examinée
07:44par les partenaires sociaux.
07:45Et d'ici la fin de l'année,
07:47dans les toutes prochaines semaines,
07:48les partenaires sociaux feront une proposition.
07:50Et s'ils ne se mettent pas d'accord,
07:52l'État, comme c'est le cas dans les négociations,
07:54reprendra la main. Pourquoi ?
07:55Parce que je ne peux pas vous dire, en début d'interview,
07:57il faut travailler davantage,
07:59et ensuite vous dire, les prestations,
08:01les personnes qui touchent une allocation
08:03quand elles ne travaillent pas, on n'y touche pas.
08:05Il faut de la justice. Il faut de l'équité.
08:07Je l'entends, je pense que vous l'entendez aussi
08:09tous les jours, je suis élu en Haute-Savoie,
08:11les gens nous disent, il faut plus de justice,
08:13il faut aider ceux qui travaillent, et que le travail paye mieux.
08:15Plus de justice, justement.
08:17Comment ne pas donner le sentiment, quand même, aux Français,
08:19Antoine Armand, d'une punition collective ?
08:21Car, mis à part les augmentations d'impôts,
08:23les augmentations du délai de carence,
08:25qui passeraient à trois jours pour le remboursement
08:27des arrêts maladie chez les fonctionnaires,
08:29est-ce que vous êtes, vous-même, qui venez de la sphère de la gauche,
08:31à l'aise avec ça ?
08:33Oui.
08:35Est-ce que
08:37aligner le secteur public
08:39sur le secteur privé, c'est autre chose qu'une
08:41mesure de justice ? Je ne crois pas.
08:43Je crois que ce que nous faisons, ce que fait Guillaume Casbarian,
08:45avec beaucoup de courage, parce que vous entendez
08:47régulièrement, il en faut beaucoup.
08:49Vous voyez que
08:51Guillaume Casbarian est l'objet d'attaques,
08:53alors que les Français sont majoritairement pour.
08:55Pourquoi ? Parce que l'idée, c'est que
08:57lorsque vous avez des jours de carence
08:59dans le secteur privé, il n'y a aucune raison
09:01qu'il n'y ait pas le même nombre de jours dans la fonction publique.
09:03J'entends, les conditions de travail
09:05ne sont pas les mêmes, le statut ne sont pas les mêmes,
09:07les conditions de travail non plus.
09:09Donc, je dis, attention,
09:11essayons de voir les choses pour ce qu'elles sont.
09:13Quand il y a un déséquilibre entre le secteur public et le secteur privé,
09:15on le corrige précisément
09:17pour ce que vous avez dit.
09:19Il n'est pas question
09:21de laisser des déséquilibres
09:23d'un autre âge
09:25prospérer dans un monde où on a besoin
09:27tous de travailler plus.
09:29Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent, en particulier
09:31la leader de la CGT, vous faites justement
09:33du bashing fonctionnaire ?
09:35Quand il y a une différence
09:37factuelle entre deux situations,
09:39ce n'est pas du bashing.
09:41Je n'ai pas inventé la différence de deux jours de carence
09:43entre les deux.
09:45Soit on se met dans une posture de responsabilité
09:47et on cherche à travailler sur les conditions de travail
09:49des fonctionnaires, sur l'attractivité des métiers.
09:51Soit, dès qu'on fait une mesure de justice,
09:53on vous dit, pas du tout,
09:55laissez tomber. Vous savez,
09:57cette extrême gauche qui s'éloigne de la réalité
09:59du travail, de la réalité des entreprises,
10:01elle ne fait pas du bien
10:03aux salariés.
10:05Ça fait trois fois que vous dites, Antoine Armand, depuis le début de l'entretien,
10:07l'extrême gauche. On se souvient, vous avez commencé
10:09en étant à Bercy,
10:11en festigeant plutôt le rassemblement national.
10:13Aujourd'hui, le véritable danger
10:15pour vous, c'est l'extrême gauche ?
10:17Je ne vais pas rentrer dans ce feuilleton.
10:19J'ai dit ce que je pensais, j'ai dit mes valeurs, mes convictions.
10:21Ce que j'observe, et c'est le cas
10:23de ce que vous indiquiez tout à l'heure,
10:25c'est quand on défend aujourd'hui l'économie
10:27française, quand on défend les entreprises,
10:29on doit voir la réalité telle qu'elle est.
10:31Et je crois qu'il y a beaucoup de responsables syndicaux
10:33qui peuvent nous accompagner dans cette démarche
10:35de faire le constat. Est-ce qu'on sera
10:37d'accord sur tout ? Bien sûr que non.
10:39Mais est-ce qu'on pourrait, avec les partenaires sociaux,
10:41travailler sur la question de la durée
10:43du travail, des aides aux entreprises ?
10:45Moi, je le crois, je suis déterminé à ce qu'on avance
10:47ensemble parce que c'est le pays.
10:49J'ai parlé tout à l'heure du climat social, il y a aussi un climat
10:51économique, vous l'avez rappelé, monsieur le ministre
10:53de l'Economie, c'est un véritable refroidissement
10:55de l'économie que l'on vit.
10:57Les agences de notation qui évaluent et notent
10:59la dette de la France commencent à avoir des perspectives
11:01négatives, ce qui va faire
11:03automatiquement augmenter nos taux
11:05d'intérêt. Vous gouvernez aussi en regardant
11:07ce tableau de bord avec des voyants
11:09rouges qui s'allument aujourd'hui ?
11:11On ne gouverne jamais pour une agence de notation
11:13mais ne pas écouter et regarder ce que disent
11:15les analyses, ce serait complètement
11:17déconnecté. Moody,
11:19en l'occurrence, cette agence, elle dit deux choses très
11:21importantes. La première, la France a mené
11:23des réformes depuis dix ans et elle
11:25doit continuer. Vous voyez, ce n'est pas moi
11:27qui le dis, ce n'est pas un ministre qui se flatte du bilan
11:29de ses prédécesseurs, c'est une agence de notation
11:31indépendante. Et la deuxième chose qu'elle dit
11:33et c'est ce que je dis sur ce plateau
11:35ce matin, c'est qu'il y a
11:37un risque de dérapage. Si
11:39aujourd'hui, on ne contrôle pas nos finances
11:41publiques, demain, après-demain, il y a un risque de dérapage
11:43et c'est pour cela qu'on fait un budget
11:45que les gens disent difficile
11:47et je vais vous dire, je n'ai pas peur d'utiliser
11:49ce mot. C'est un budget difficile.
11:51C'est un budget qui demande des efforts. Pourquoi ?
11:53Parce que revenir sous les 5% en 2025,
11:55ce n'est pas une lubie de ministre, c'est une
11:57nécessité pour nos comptes publics. La question, c'est à qui il demande
11:59des efforts ? Ce n'est pas forcément toujours
12:01au même, vous nous le direz, mais est-ce que vous pouvez
12:03faire la promesse, si je puis dire, on va porter la garantie
12:05ce matin, Antoine Armand,
12:07qu'il n'y aura pas la même situation
12:09qu'il y a eu il y a quelques temps, puisqu'il y a
12:11une commission d'enquête,
12:13c'est la commission des finances
12:15qui va évaluer ce qui s'est passé pour ce
12:17dérapage énorme du budget. Est-ce que
12:19vous pouvez dire ce matin, ça ne se
12:21reproduira plus ? C'est une question de
12:23crédibilité. Ce que je peux vous dire,
12:25c'est que c'est effectivement une question de crédibilité
12:27et que depuis le jour de ma nomination,
12:29je fais tout ce qu'il est en mon pouvoir
12:31pour que ça ne se reproduise plus. Deux mots.
12:33Le premier, c'est que c'est arrivé à nos voisins. Les Allemands
12:35ont eu plus de 30 milliards.
12:37Donc ils ont menti aussi ?
12:39Non, je dis que simplement,
12:41quand nous sommes dans des situations de crise, il peut y avoir des
12:43écarts de prévision très importants. Ça, c'est la première
12:45chose. Aussi important que ça ? Pardon, mais
12:47l'Allemagne avait prévu 1,6% de croissance.
12:49Ils sont à moins 0,2%.
12:51J'interroge le ministre de l'économie français.
12:53Je le dis parce qu'on est dans un contexte. On n'est pas
12:55isolé dans le monde. Et la deuxième chose,
12:57vous avez raison, c'est que c'est une question de crédibilité
12:59et de transparence. J'ai lancé le jour
13:01de ma nomination un plan d'action pour, un,
13:03comprendre ce qui s'est passé. J'ai annoncé un comité scientifique
13:05pour que, indépendamment,
13:07les personnes puissent regarder le travail,
13:09par ailleurs excellent, des agents de Bercy.
13:11Je vous le dis ici, qui n'est pas en cause.
13:13Je parlais d'un refroidissement de l'économie.
13:15Possiblement, dans quelques jours,
13:17il pourrait y avoir deux usines Michelin
13:19qui pourraient fermer, l'une à Vannes
13:21et l'autre à Cholet. Ça concernerait
13:23plus d'un millier de salariés.
13:25Qu'est-ce que vous pouvez dire à ce sujet ce matin ?
13:27Je laisserai l'entreprise
13:29évidemment d'abord s'exprimer vis-à-vis
13:31des salariés, dire que mon ministère
13:33suit l'ensemble des dossiers industriels.
13:35Dire aussi que la solution
13:37de moyen terme, c'est la compétitivité
13:39du pays. C'est la compétitivité du pays
13:41et c'est en accompagnant les entreprises,
13:43en continuant à les soutenir, en les aidant
13:45à innover, qu'on les fera,
13:47qu'on les rendra plus fortes demain et que, bien sûr,
13:49chaque emploi compte. Chaque emploi
13:51compte que c'est le travail de mon ministère
13:53avec celui du travail de suivre ces dossiers.
13:55Mais vous confirmez ces fermetures ?
13:57Je laisserai l'entreprise communiquer
13:59dans un premier temps, vous le comprendrez.
14:01Un séminaire gouvernemental est prévu
14:03aujourd'hui pour un plan moyen terme.
14:05Dit Michel Barnier, vous serez réuni avec
14:07vos collègues, notamment de l'intérieur
14:09Bruno Rotailleau, Antoine Armand qui fait
14:11beaucoup parler de lui.
14:13Il incarne selon beaucoup une ligne
14:15d'autorité et de fermeté. Est-ce que vous partagez
14:17dans les mots et dans les actes ce que dit,
14:19ce que fait Bruno Rotailleau ?
14:21Il ne vous a pas échappé qu'avec
14:23d'autres membres du gouvernement, nous avons une sensibilité
14:25qui est différente. C'est la première fois
14:27dans la Vème République qu'il y a une coalition.
14:29C'est-à-dire des partis qui ne sont pas ensemble
14:31partis aux élections et qui se retrouvent à gouverner
14:33ensemble. Donc c'est nouveau et on apprend.
14:35Il y a quelque chose que je voudrais noter dans ce que vous dites
14:37qui est très important et qu'on peut partager,
14:39quelle que soit notre sensibilité politique,
14:41c'est le besoin d'autorité. A l'école,
14:43dans la rue, vis-à-vis
14:45de nos compatriotes. Dans les finances publiques.
14:47Y compris dans la crédibilité de l'Etat.
14:49Mais les mots sont importants. Par exemple, Bruno Rotailleau
14:51dit mexicanisation. Le ministre d'Aragon
14:53dit l'étranger qui assassine dehors.
14:55Vous êtes à l'aise avec tout cela ?
14:57Je suis ministre des Finances d'un pays qui a 3000 milliards de dettes,
14:59plus de 6% de déficit.
15:01Croyez bien que je suis concentré sur
15:03cette tâche et je crois que les Français demandent
15:05aux ministres des Finances de s'occuper des finances du pays d'abord.
15:07Il est à l'aise avec les propos du ministre de l'Intérieur
15:09et autres ?
15:11Je ne passe pas mes journées à regarder ce que disent les uns
15:13et les autres. Je suis au travail
15:15sur cette question centrale
15:17et je le dis ici aussi parce que
15:19la première chose c'est de partager ce diagnostic.
15:21Est-ce qu'on travaille assez en France ? Non.
15:23Les chiffres le montrent. Est-ce qu'il faut faire un effort
15:25collectif qui ne sera pas facile ? Oui.
15:27Mais pourquoi ? Pas pour rien, pour avoir de l'industrie
15:29en France, pour que la France redevienne
15:31un pays fort et à la hauteur de l'Europe.
15:33Permettez-moi de reposer l'action parce qu'il y a une solidarité gouvernementale
15:35qui s'impose. Quand on parle d'un pays au bord de la mexicanisation,
15:37on parle de narcotrafic, on parle aussi
15:39de moyens parfois plus forts que ceux
15:41de l'État. C'est un ancien ministre de l'Économie qui le dit.
15:43Est-ce que nous sommes au bord de la rupture
15:45comme l'a dit le ministre de l'Intérieur ?
15:47Je suis élu d'une ville qui est Annecy
15:49et je constate qu'y compris
15:51dans des villes où il n'y avait hier
15:53pas d'immenses difficultés de sécurité,
15:55de trafic de drogue, ça augmente.
15:57Il faut le voir et il faut, vous savez,
15:59la phrase de Clemenceau, il faut dire ce que l'on voit d'abord
16:01pour ensuite agir correctement.
16:03Et ça vaut pour les finances publiques et l'économie.
16:05Merci Antoine Armand. Merci d'avoir été notre invité.
16:07Bonne journée et à bientôt.
16:09Merci beaucoup.