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Avec Laurent Chevalier, médecin nutritionniste, auteur de "Faites votre révolution alimentaire " (Éditions Fayard), et médecin attaché au CHU de Montpellier et en clinique

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##C_EST_BON_A_SAVOIR-2024-10-30##

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Transcription
00:00Parlons de notre santé ce matin. Près de 6000 produits alimentaires rappelés en France en 5 ans pour des risques sanitaires.
00:11Une alimentation contrôlée, mais aussi de plus en plus transformée, voire même infectée par des substances cancérigènes.
00:18Bonjour Laurent Chevalier.
00:19Bonjour.
00:21Merci d'être avec nous ce matin en direct sur Sud Radio.
00:23Vous êtes médecin nutritionniste attassé au CHU de Montpellier et en clinique.
00:28Hier, on a évoqué le cas de ce thon qui a été épinglé par deux ONG pour une présence de mercure.
00:35100% des boîtes analysées, contrôlées, étaient contaminées au mercure.
00:40Faut-il vraiment s'inquiéter, docteur, de cette présence de ce mercure dans le thon ?
00:45Il y a plusieurs aspects à voir. Du mercure dans le poisson, il y en a toujours eu.
00:51Il y en avait même à la préhistoire. Pourquoi ?
00:53Il y a du mercure, il y a un petit peu de mercure, il y a un peu d'arsenic.
00:56Tout ça, c'est des produits que l'on a, je dirais, entre guillemets, naturellement, puisqu'ils sont à la surface du globe.
01:02Donc le fait qu'il y ait du mercure, ce n'est pas forcément ça qui est inquiétant.
01:06Mais là, en l'occurrence, quand il y a trop de mercure, effectivement, ça devient problématique.
01:15Alors, vous savez que c'est un sujet qui est quand même surveillé par les autorités sanitaires
01:20et qui préoccupe la communauté scientifique depuis longtemps.
01:23Et notamment, ce qui s'est passé en 1950 avec Minamata, au Japon, où il y avait une grosse intoxication au mercure.
01:31Par ailleurs, quand vous regardez un petit peu ce qui se passe, et moi, je me souviens très bien,
01:35en 2009, à Nairobi, dans le programme des Nations Unies pour l'environnement,
01:40on voulait mettre en place des outils contraignants pour limiter les émissions et le déversement de mercure,
01:47notamment qui vient de rejets industriels dans les océans.
01:50Donc là, effectivement, c'est un vrai sujet qui n'a pas été complètement maîtrisé et qui doit l'être au niveau mondial.
01:59Ensuite, quand on regarde un petit peu l'exposition au mercure, il y a plusieurs aspects à prendre en considération.
02:07Le premier, c'est qu'on n'est pas tous égaux pour éliminer le mercure de notre organisme.
02:11Il y a des personnes qui ont un gène qu'on appelle la peau E4, et ces personnes-là ont plus de difficultés à éliminer le mercure.
02:21Et puis, je vous rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, il y avait quand même, et il y a encore beaucoup de gens qui ont,
02:28des amalgames dentaires qui contiennent aussi du mercure, donc on a du mercure en bouche.
02:32D'ailleurs, quand on enlève des amalgames, il faut faire extrêmement attention,
02:38il y a tout un protocole maintenant pour ne pas que, justement, le mercure diffuse au niveau de l'organisme.
02:45Est-ce qu'on doit quand même, peut-être pas s'arrêter de manger du thon, peut-être pas en aller jusque là,
02:50mais au moins réduire peut-être notre consommation et être beaucoup plus vigilant ?
02:54Alors, ça dépend de quel est le degré de consommation que vous prenez.
03:02Qu'est-ce que vous préconisez, vous, docteur ?
03:04Alors, moi, je pense que les gens peuvent consommer un petit peu de thon.
03:10Est-ce que les normes admissibles concernant la réglementation et le taux acceptable de mercure,
03:17qui est de 1 mg par kilo, est correcte ?
03:20Ça, c'est une vraie discussion.
03:23Après, il faut affiner, parce que vous savez, on a parlé, on dit, c'est le méthylmercure.
03:26Alors, le méthylmercure, c'est quoi ?
03:28Le mercure se dépose au fond des mers, les bactéries vont transformer ce mercure en méthylmercure,
03:34mais il y a deux types de méthylmercure quand on affine les choses,
03:37donc celui à cystéine et celui à chlorure.
03:39Celui à cystéine, c'est ce qu'on trouve dans le poisson,
03:41or c'est le chlorure qui est le plus toxique.
03:43Ceci étant, en termes de précaution pour le consommateur,
03:46ce qu'on peut dire, et que j'ai déjà… on préconise depuis un certain temps,
03:52c'est de faire attention pour les femmes enceintes.
03:54Quand on est enceinte, les femmes enceintes doivent faire attention au mercure.
04:00Pourquoi ?
04:01Parce qu'on s'est aperçu que les femmes enceintes qui étaient exposées à trop de mercure,
04:04dans la descendance, les enfants avaient tendance à avoir des lésions cérébrales de type hyperactivité,
04:10et on incrimine aussi en partie l'autisme à l'exposition au mercure de la femme enceinte.
04:16Donc je pense que là, il faut faire attention,
04:18et on avait eu des études aussi qui avaient montré que les femmes qui avaient beaucoup de plombage,
04:23les anciens plombages, donc qui contenaient du mercure,
04:26avaient plus d'enfants qui présentaient aussi cette hyperactivité.
04:30Donc vous voyez, il faut faire attention.
04:31Donc je pense que pour la femme enceinte, effectivement, il faut être précautionneux,
04:35c'est ce qu'on dit d'ailleurs, parce qu'en plus, il n'y a pas que le mercure,
04:38il y a le PCB, il y a toutes ces espèces-là qu'on peut trouver dans les poissons en bout de chaîne.
04:43C'est-à-dire, c'est les poissons prédateurs, comme le thon par exemple effectivement,
04:47qui sont en bout de chaîne, et là effectivement, il y a ce qu'on appelle une bioaccumulation.
04:52Par ailleurs, l'exposition excessive au mercure peut poser des problèmes,
04:59puisque sur le plan neurologique, ça peut favoriser la maladie d'Alzheimer.
05:03Mais si vous consommez de temps en temps une boîte de thon, il n'y a pas de risque particulier.
05:09– Il faut être prudent, mais n'arrêtons pas de consommer du thon globalement.
05:13Je voulais vous faire réagir, Laurent Chevalier,
05:15je rappelle que vous êtes médecin nutritionniste,
05:17à ce qui a fait beaucoup parler ces derniers jours,
05:19sur la taxe envisagée par le gouvernement sur les produits sucrés de sucres transformés.
05:23Hier, la ministre de la Santé a fait un petit rétro-pédalage d'ailleurs sur cette question,
05:27ne parlant plus que de soda, et ne veut plus seulement que convaincre l'industrie agroalimentaire.
05:32Est-ce que vous regrettez ce choix ?
05:34– Absolument, ça fait très longtemps que nous, nutritionnistes, nous demandons
05:38qu'il y ait des taxes effectivement sur les produits industriels transformés
05:43qui contiennent beaucoup trop de sucre par exemple, et trop d'additifs.
05:46Mais attention, il ne faut pas que ça soit des...
05:48Il faut que ce soit des taxes qui aident à faire en sorte que les produits sains soient moins chers.
05:56C'est-à-dire que ce sont des taxes qui ne doivent pas rentrer dans le budget général,
05:59puisque c'est un puits à fond perdu,
06:01mais pour faire en sorte que les fruits et légumes coûtent moins cher.
06:04Donc il y a une véritable politique à réfléchir, à mettre en place,
06:08et là on voit les limites du pouvoir, parce que c'est plus simple de soigner les gens
06:14que de faire de la prévention.
06:16Et la prévention, ça peut être aussi de taxer pour que ça soit dissuasif.
06:20Et quand on taxe, il faut que ça soit vraiment dissuasif.
06:23Les produits, on dépense une fortune en soignant les gens,
06:26alors qu'il y a des mesures assez simples.
06:30Mais encore une fois, ça doit servir à faire en sorte que les produits les plus vertueux
06:34soient les moins chers, et aider les agriculteurs dans ce sens-là.
06:37Ce qui n'est pas le cas, ou insuffisamment le cas.
06:40Donc c'est tout ce qui est regrettable, qui est un rétropédalage de ce type-là.
06:44On verra ce que ça donne, vous le savez, ce sont des discussions aujourd'hui.
06:47Du côté de l'Assemblée, avant un vote, peut-être un 49-30,
06:51mais en tout cas, ça sera la suite des prochains jours.
06:53Merci infiniment Laurent Chevalier, médecin nutritionniste.
06:56Je rappelle que vous êtes également l'auteur de Fête Votre Révolution Alimentaire aux éditions Fayard.
07:01Merci beaucoup.

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