• il y a 2 mois
#Podcast | Ce faux duo a divisé le monde de la musique.
Lors d'un instant, les fans ont cru à un événement aussi magique qu’inattendu : Drake et The Weeknd mêlant leurs voix sur un nouvel opus.

Cette chanson a été créée par un internaute utilisant l'intelligence artificielle pour reproduire les voix des deux artistes.
Si l'oeuvre impressionne par son réalisme, elle soulève des questions cruciales sur l'avenir de l'industrie musicale, les droits d'auteur et l'utilisation de l'IA dans la création.

Imaginez un monde où ces pratiques deviennent monnaie courante, où l’IA générative devient le plus gros facteur de parasitisme dans notre ère numérique.

C'est dans ce possible futur que Marine Adatto et Olivier Senot, Directeur de l'Innovation chez Docaposte, vous embraquent aujourd'hui.

Nos invités :

➡️ Marc-Olivier Deblanc, fondateur et associé chez Barnett Avocats, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle depuis plus de 25 ans.

➡️ Bruno Soulez, conférencier et animateur du podcast "If This Then Dev", explorant les intersections entre technologie et société.

Au programme :

- Exploration du réalisme et des implications éthiques des œuvres créées par IA.
- Débat : une oeuvre créé par une IA, peut-elle être considérée comme une œuvre d’art ?
- Parasitisme et la propriété intellectuelle : quels sont les impacts de l’IA ?

Ce que vous propose cet épisode :

Un éclairage sur les défis de la propriété intellectuelle à l'ère de l'intelligence artificielle, et des perspectives pour gérer ces enjeux dans l'industrie musicale et au-delà.

Et vous, quel est votre avis sur l'utilisation de l'IA pour créer de la musique ? Est-ce une innovation ou une intrusion ?

Partagez vos réflexions et rejoignez la discussion !

Cliquez sur ▶️ et préparez-vous à un épisode riche en informations qui vous permettra de mieux comprendre et gérer les défis de la propriété intellectuelle à l'ère de l'intelligence artificielle.

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#TendancesInno #Innovation #IA #DroitDauteur #PropriétéIntellectuelle

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Transcription
00:00:00Bienvenue dans Tendancy Know, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes
00:00:06présentées par DocaPost, le référent français de la confiance numérique.
00:00:10Je suis Marina Datto, cofondatrice de Wagmeet Trends, et j'ai le plaisir d'être accompagnée
00:00:15par Olivier Senaud, directeur de l'innovation chez DocaPost.
00:00:18Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs
00:00:22qui redéfinissent notre monde numérique.
00:00:25Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente,
00:00:30vous êtes au bon endroit.
00:00:32Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'information, au programme des découvertes,
00:00:37des défis et des solutions innovantes.
00:00:39Alors, branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers
00:00:44de Tendancy Know.
00:00:55Ce faux duo a divisé le monde de la musique.
00:00:57Lors d'un instant, leurs fans ont cru à un événement aussi magique qu'inattendu.
00:01:01Drake et The Weeknd mêlant leurs voix sur un nouvel opus.
00:01:04Cette chanson a en réalité été composée et écrite par un internaute qui a utilisé
00:01:09l'intelligence artificielle pour reproduire les voix des deux chanteurs.
00:01:12S'il impressionne par son réalisme, ce morceau interroge aussi sur l'avenir de l'industrie
00:01:17musicale, les questions des droits d'auteur et l'utilisation de l'IA dans la création.
00:01:22Imaginez un monde où ces pratiques deviennent monnaie courante, où l'IA générative
00:01:26devient le plus gros facteur de parasitisme dans notre ère numérique.
00:01:30Pouvons-nous considérer qu'un contenu créé par une IA est une œuvre d'art ?
00:01:34Parasitisme et propriété intellectuelle, quels sont les impacts de l'IA ?
00:01:38Pour répondre à ces questions, nous avons le plaisir de recevoir Marc-Olivier Deblanc,
00:01:42fondateur et associé chez Barnett Laufium, avocat spécialisé en droit de la propriété
00:01:47intellectuelle depuis plus de 25 ans.
00:01:50Vous nous connaissez, nous aimons pousser la réflexion toujours plus loin.
00:01:53Nous accueillons aussi Bruno Soulez, conférencier et animateur du podcast If TTD, If This, Then Dev.
00:02:00C'est ça ?
00:02:01C'est ça.
00:02:02Enfin, celui qu'on ne présente plus, mon sparring partner, celui que l'on pourrait
00:02:06même surnommer Vision, Olivier Senaud, le directeur de l'innovation de DocaPost.
00:02:12Préparez-vous à un épisode riche en informations qui vous permettra de mieux comprendre et
00:02:16gérer les défis de la propriété intellectuelle à l'ère de l'intelligence artificielle.
00:02:21Olivier, c'est à toi.
00:02:23Merci Marine, bonjour.
00:02:25Marc-Olivier Deblanc, vous êtes avocat depuis 99, bonjour maître, créateur du cabinet
00:02:32Barnett spécialisé dans la défense de l'industrie musicale en 2010.
00:02:37Vous ne devez pas manquer de dossiers chauds depuis novembre 2022 et l'avènement mondial
00:02:42et universel de l'IA générative.
00:02:44En plus d'être avocat, vous êtes passionné d'art au sens large.
00:02:48Vous intervenez régulièrement dans les conférences, podcasts, artistiques.
00:02:52On vous a souvent vu donner des conférences au milieu des œuvres d'art, avec des questions
00:02:58forcément lancinantes sur le droit associé à la création d'œuvres, originales ou
00:03:03pas.
00:03:04L'IA est-elle un outil ou un créateur ? Peut-il remplacer l'humain ou n'est-il
00:03:09qu'un assistant plus-plus au service du dernier rempart de l'homme face à la machine,
00:03:13à sa créativité ? Marc-Olivier, nous t'écoutons.
00:03:16Bonjour.
00:03:17Vous avez déjà posé des questions qui sont fondamentales, y compris pour le juriste,
00:03:24dans la compréhension juridique de ce qu'est une forme aujourd'hui de vertige.
00:03:29Parce qu'on a un édifice qui est l'édifice du droit d'auteur tel qu'on le connaît
00:03:33et l'édifice du copyright dans les pays anglo-saxons, qui était relativement stable,
00:03:38avec des principes qui étaient les droits exclusifs, les monopoles exclusifs, une
00:03:44sorte de lien avec une matérialité, même si je vais y revenir, le droit de la propriété
00:03:49intellectuelle, c'est ce qu'on appelle un droit incorporel, donc qui interroge l'immatérialité,
00:03:55mais il y avait une maîtrise de la chose et une maîtrise de l'objet.
00:03:57Or, on rentre dans une sorte de production effrénée et dérégulée de contenus et
00:04:05en plus, la révélation, si je puis dire, qu'on a eue de l'intelligence artificielle
00:04:12générative, on l'a eue à travers ce qu'il y a de pire, c'est-à-dire à travers des
00:04:17fakes et des deepfakes, et Marine vient d'en parler, elle a donné l'exemple de The Weeknd,
00:04:23c'est-à-dire qu'on a derrière la question de l'intelligence artificielle générative
00:04:29la question des filières et la question des industries créatives.
00:04:34Alors, en me présentant, vous disiez que j'étais un spécialiste en droit de la musique
00:04:37et droit de l'art, mais moi je revendique une sorte de transversalité sur le droit
00:04:41de la création, et là, les industries créatives, elles sont touchées de plein fouet.
00:04:45Alors, elles sont touchées par différents enjeux, les enjeux techniques, comment ça
00:04:50fonctionne, qu'est-ce que ça dit de la mécanique de création, des enjeux juridiques,
00:04:57qui sont les titulaires des droits, quelle est la nature fondamentale juridique de ces
00:05:01choses, et moi, alors j'appelle ça des choses volontairement, j'opère et je suis
00:05:07en train d'opérer peut-être une sorte de distinction entre les contenus et les créations,
00:05:12est-ce que tout contenu est une création ? Toute création est un contenu, ça on est
00:05:17à peu près d'accord, mais est-ce que, sauf dans l'art conceptuel, mais est-ce que tout
00:05:20contenu est une création ? Est-ce qu'on peut y poser des droits de la propriété
00:05:24intellectuelle ? Et puis il y a une question que vous avez soulevée aussi, qui est une
00:05:27question d'ordre métaphysique et ontologique, c'est-à-dire qu'on pensait d'abord avoir
00:05:35une maîtrise totale d'une forme d'intelligence qui était le privilège de l'homme, dans
00:05:41la fameuse dialectique de l'opposition de l'homme à la machine, il y a eu des premières
00:05:46frustrations si je puis dire, c'est pas la première révolution industrielle, c'est
00:05:50plus les expériences avec des ordinateurs, l'ordinateur Deep Blue qui a une vingtaine
00:05:54d'années bat Kasparov, puis plus récemment AlphaGo qui bat le champion du monde de Go,
00:06:00mais on se dit, à la limite c'est des supercalculateurs, c'est des algorithmes, donc c'est ni plus
00:06:06ni moins que des hypermachines, et on s'est habitué avec une courbe d'évolution exponentielle
00:06:12à ce que les machines rattrapent l'homme, et en réalité ce sont des réseaux neuronaux
00:06:16et on peut reproduire.
00:06:17Mais on croyait qu'on avait un privilège, qu'était un privilège ? C'était ce truc
00:06:22incroyable qui s'appelle la création, et le mystère de la création.
00:06:25Alors je donne toujours deux exemples du mystère de la création, on a tous en tête le film
00:06:30de Clouseau sur Picasso, on voit Picasso derrière une vitre et on voit ce moment sacré de l'artiste
00:06:37qui crée, qui l'oppose fondamentalement et au monde animal et au monde de la machine
00:06:41et on se dit ça c'est irremplaçable.
00:06:43Et il y a aussi ce livre magnifique de Stefan Zweig qui s'appelle le mystère de la création,
00:06:48où ça relève ontologiquement de quelque chose qui n'est pas attribuable, qui ne peut
00:06:53pas être capté par une machine, qui ne peut pas être capté par l'industrie.
00:06:56Et on se trouve qu'il y a une sorte de dégradation de la création et de fin d'une sorte de
00:07:05monopole de ce qu'on pensait être le génie exclusif de l'humanité par une machine,
00:07:10les machines elles appliquent, maintenant les machines elles apprennent et les machines
00:07:14elles créent.
00:07:15Et c'est encore un plafond de verre sur lequel on se cogne et c'est toute la réflexion aussi
00:07:20du juriste par rapport à cette évolution.
00:07:22Et alors je rebondis sur ce que tu viens de dire Marc-Olivier, les machines elles apprennent
00:07:26et elles créent, toi c'est tout ton sujet, toi aussi Bruno, donc bienvenue Bruno.
00:07:31Merci.
00:07:32Moi ce que je vous propose c'est de démarrer histoire d'avoir une vue globale, on part
00:07:37un petit quiz on aime bien, on est joueurs, on aime bien.
00:07:40Est-ce que vous êtes prêt ?
00:07:42Allez.
00:07:43Alors, quel est le coût estimé de la contrefaçon et du parasitisme pour l'économie européenne
00:07:48chaque année ? 60 milliards d'euros, 80 milliards d'euros, 100 milliards d'euros
00:07:53et 120 milliards d'euros ? Où 120 milliards d'euros ?
00:07:56120 milliards.
00:07:57Personne ne sait autre chose ? Non, on suit Marc-Olivier évidemment, c'est 120 milliards.
00:08:01C'est une étude de 2022 de l'EIPO et donc le coût de la contrefaçon et du parasitisme
00:08:09pour l'économie européenne est estimé à 119 milliards d'euros par an et donc ça
00:08:14représente les pertes de chiffre d'affaires d'emploi et de recettes fiscales causées
00:08:17par ces pratiques illégales.
00:08:18Quelle est la principale forme que peut prendre le parasitisme artistique via les promptes
00:08:22mi-journées ? A, la reproduction servile des œuvres d'un artiste connu ? B, l'utilisation
00:08:29parasitaire de son nom ou de son style dans les titres de génération d'images ? C,
00:08:34la création d'œuvres dérivées sans droit exploitant sa valeur économique ? C'est
00:08:37vraiment des questions pour Marc-Olivier ! D, toutes les réponses précédentes ? En
00:08:42fait c'est un peu toutes les réponses précédentes mais surtout d'un point de vue purement juridique
00:08:47la B et la C puisque la définition du parasitisme artistique c'est la captation de la valeur
00:08:54créative d'un tiers sans y mettre les mêmes investissements qui sont en matière économique
00:09:01des investissements purement financiers mais qui sont aussi des investissements de développement
00:09:05créatif. Alors moi ce que je pourrais même ajouter c'est que l'option A que tu as évoqué
00:09:10sur la reproduction en réel d'une œuvre d'origine normalement les LLM en tout cas
00:09:16telles qui sont conçues aujourd'hui n'ont pas normalement vocation à pouvoir régurgiter
00:09:20ce qu'ils ont appris donc normalement mais c'est des cas d'usage c'est ce qu'on appelle
00:09:25du hack aujourd'hui c'est à dire qu'on peut pirater des IA on essaye de le faire d'ailleurs
00:09:29parce que c'est assez marrant mais c'est de faire en sorte qu'ils régurgitent des choses
00:09:32qu'ils ont apprises et donc ils peuvent reproduire un élément qu'ils auraient vu tel qu'il était
00:09:40mais normalement le LLM n'est pas censé pouvoir reproduire une œuvre qu'il a prise.
00:09:45Et c'est exactement parce que c'est la définition le petit a de la contrefaçon,
00:09:51la contrefaçon c'est la reproduction servile sans autorisation à ne pas confondre avec le plagiat le
00:09:57piratage etc pour ça que c'est le plus proche de la réponse puisque le B et le C se rapprochent
00:10:01plus du parasitisme artistique en tant que tel qui est différent de la contrefaçon dans le
00:10:07dispositif et l'architecture juridique. Et alors justement on y reviendra mais les recours juridiques
00:10:12ils sont assez limités face à ces pratiques pour l'instant, il n'y a pas un cas juridique clair ?
00:10:18Alors ça il y a une sorte de fantasme de fantasmagorie c'est l'obsession du flou ou du vide juridique
00:10:24en fait il n'y a jamais de vide juridique donc contrairement à ce qu'on pense enfin en tout cas
00:10:29dans les cas l'état d'évolution du droit positif dans le système des économies occidentales il n'y a
00:10:36pas de vide juridique. Aujourd'hui si je prends l'exemple des failles et bien les failles qui se
00:10:40rapprochent beaucoup d'un régime qui date de 1895 qui est une loi relative aux faux artistiques et
00:10:46on est très proche des faux artistiques notamment dans le cas de l'utilisation de midi journée sur
00:10:49les images. Donc on a un dispositif du 19e siècle qui est applicable ensuite on a les lois sur la
00:10:56contrefaçon qui sont applicables et ensuite si on prend la musique la reproduction de la voix
00:11:01c'est du droit de la personnalité de même qu'il y a un droit sur l'image on peut pas mettre votre
00:11:05image en première de voici ou d'un autre magazine sans votre autorisation et bien la voix c'est un
00:11:11élément c'est un droit de la personnalité sur laquelle vous avez un droit et vous pouvez demander
00:11:15qu'elle ne soit pas reproduite sans votre accord et le quatrième et cinquième élément quatrième
00:11:21élément c'est le droit des marques vous avez dit oui il y a eu un duo tu as dit pardon un duo entre
00:11:26The Weeknd et Drake. The Weeknd et Drake ce sont des marques déposées c'est de la propriété
00:11:30industrielle et dernière chose auquel on pense pas parce qu'on pense toujours aux artistes mais
00:11:34aussi il faut penser à la filière les producteurs de disques qu'on appelle les labels qui ont
00:11:39investi pendant 20 25 30 ans sur des artistes mettons sur Oasis et puis il y a un étudiant
00:11:46qui sort de sa chambre en pyjama qui vient de faire un album de Oasis ça c'est de la concurrence
00:11:51déloyale parce que c'est deux acteurs de marché un hyper puissant et un moins puissant et à une
00:11:56sorte de paradoxe réversible c'est que le moins puissant fait beaucoup parler de lui parce que
00:12:00justement il s'inscrit dans une sorte d'environnement et d'actualité et de technique qui fait qu'on a
00:12:05un faux album d'Oasis qui est rempli de droits donc le dispositif il existe l'idée c'est pas savoir
00:12:12s'il existe c'est qu'est ce qu'il est réellement adapté et est ce qu'il faut un autre régime
00:12:17juridique qui soit calé sur la technique. On en reparlera. Continuons. Combien de vues la
00:12:22chanson du faux duo Drake et The Weeknd a-t-elle généré en seulement 48 heures après sa mise
00:12:28en ligne sur TikTok ? 5 millions de vues, 10 millions de vues, 15 millions de vues ou 100
00:12:34millions de vues ? 48 heures. Je serais sur 100 millions mais ouais je pense que c'est 100 millions
00:12:42effectivement. On en a entendu parler, ça a fait du bruit. 15 millions parce qu'effectivement c'est
00:12:5548 heures ils l'ont coté quand même assez vite néanmoins c'est 15 millions de vues enregistrées
00:13:00sur TikTok 48 heures après avoir été mis en ligne plus 9 et quelques millions d'écoutes sur les
00:13:06différentes plateformes de streaming donc vraiment 9 plus 15 au global avant d'être supprimé pour
00:13:11violation des droits d'auteur sur demande du label Universal Music Group. Alors maintenant qu'on
00:13:16est à peu près au point sur les chiffres et les derniers événements je vous propose d'écouter ce
00:13:21que les gens pensent de l'utilisation de l'IA et de son impact sur la propriété intellectuelle. On
00:13:27est allé faire un micro trottoir et on leur a demandé leur avis. Si une IA crée une oeuvre
00:13:31d'art en s'inspirant fortement du style d'un artiste célèbre, considères-tu ça comme un hommage ou
00:13:37comme du parasitisme ? Pourquoi ? Hommage ou parasitisme, si vraiment c'est repris mot
00:13:43pour mot on pourrait se poser la question mais si c'est juste s'inspirer de l'existant pour créer
00:13:49quelque chose de similaire ou en tout cas intégrer des codes dans sa propre production de
00:13:54production précédente, en fait c'est ce que fait l'être humain depuis des années et des années. Il y a
00:13:59plein d'artistes aujourd'hui qui sortent des musiques qui ne sont que des reprises d'anciennes
00:14:03musiques. C'est le propre des choses de s'inspirer et d'apprendre quelque part en fait qu'une IA
00:14:07utilise les chansons des uns des autres pour en créer. C'est la même chose, c'est comme si on
00:14:13commençait à reprocher à des artistes d'écouter des disques pour créer leur propre musique, ça
00:14:18n'a aucun sens. Penses-tu que les entreprises qui utilisent des IA pour générer du contenu comme
00:14:22des articles, des chansons, des dessins exploitent injustement le travail des créateurs qui ont
00:14:27formé ces IA ? Pour ma part je ne pense pas puisque c'est dans leur intérêt de voir leur IA se
00:14:34développer au maximum sur plusieurs sujets. Je pense qu'après il faut évoluer avec son temps et voir
00:14:39ce que ça donne. Si les moyens qu'on nous propose sont mis à disposition de tous et que ça reste
00:14:43honnête et qu'on fait de mal à personne, je pense que oui il faut y aller. Si une IA développe une
00:14:49nouvelle invention en s'appuyant sur des brevets existants, qui devrait être crédité pour cette
00:14:53invention selon toi ? L'IA, son programmeur ou les détenteurs des brevets originaux ? Alors j'ai
00:14:59tendance à dire que l'IA n'est qu'un assemblage de technologies déjà existantes. Typiquement le
00:15:04transformeur n'a pas forcément été inventé par la personne qui a fait l'IA, donc l'IA en elle-même
00:15:09c'est sa résultante des composants qui lui permet de créer quelque chose. Donc j'ai tendance à aller
00:15:14créditer l'IA. Et là dessus je te poserai une petite question ouverte, si demain tu as une IA qui
00:15:18trouve des nouveaux médicaments, qui crédites-tu ? Le laboratoire de recherche, celui qui a créé l'IA,
00:15:23ou les gens qui ont fait les composants ? Et c'est quelque chose qu'on va pouvoir apercevoir très
00:15:28bientôt. Alors qui répond à cette question ? Olivier, je veux te voir. Sur les médicaments oui,
00:15:33la question est vraiment pointue sur les médicaments parce que là on parle de choses
00:15:38un peu stratégiques. On a découvert grâce à l'IA une nouvelle molécule antibiotique, ça faisait 60
00:15:45ans qu'aucun laboratoire n'avait trouvé cette molécule. Et la question effectivement, à qui
00:15:51appartient le brevet de cette molécule ? On ne peut pas la laisser en brevet libre, on est dans
00:15:55une économie de marché. Donc à qui est-ce qu'elle appartient ? Et ça c'est une vraie question qui va
00:16:01falloir trancher sur ce segment de marché-là. Ensuite sur les précédents intervenants du
00:16:07micro-trottoir, j'ai vu mon voisin faire des gestes de la main, je pense qu'il a des choses à dire.
00:16:13Alors sur ce premier point, moi je rejoins effectivement l'invité parce qu'une IA dans
00:16:18sa manière d'apprendre, dans sa manière de construire son référentiel de connaissances,
00:16:22on est au final, si on reste sur l'exemple des tableaux, on est au final très proche d'un ou
00:16:28d'une jeune artiste qui passerait ses journées au Louvre à regarder comment est-ce qu'un Renoir,
00:16:34un Picasso et autres travaillent, et qui essaierait de reproduire ce genre de technique dans son
00:16:39travail à lui ou à elle. Donc je rejoins effectivement la personne, mais je t'ai vu
00:16:44Marc-Olivier, je t'ai vu. Non mais c'est parce qu'il y a justement une grande confusion et c'était
00:16:50un peu la confusion, il y a une série assez exceptionnelle qui est passée sur Netflix qui
00:16:53s'appelle The Playlist qui raconte l'histoire de Spotify. Et il y avait les tenants du tout
00:17:00gratuit. Il faut que la musique soit gratuite, il ne faut pas qu'il y ait de limites, etc. Donc
00:17:06il y avait tous ces mouvements, ce qu'on appelait les pirates du net. Juste au moment où on se
00:17:10rend compte que c'est une économie la musique, c'est-à-dire qu'une fois qu'on dit que tout est
00:17:15gratuit, quid du fonctionnement de la gestion collective, quid des redevances des artistes,
00:17:20et leurs copains à eux-mêmes aux pirates qui faisaient de la musique, d'un coup ils n'avaient
00:17:24plus de quoi vivre. Donc il faut penser la chose globalement. Je reviens sur cette question.
00:17:27Évidemment, comme disait Malraux, l'art se nourrit de l'art, et ça on ne revient pas dessus,
00:17:33c'est évident. Et d'une part c'est pas mécanisé, industrialisé, économisé, c'est quand même pas
00:17:38la même chose. C'est-à-dire qu'il y a une captation de richesse qui se fait sur des droits
00:17:42exclusifs qui apportent d'autres. Donc oui, il n'y a pas Picasso sans Cézanne, il n'y a pas Bacon
00:17:47sans Velázquez, et il y a même une revendication, même de manière paroxytique dans un mouvement
00:17:54qu'on appelle l'appropriationnisme, de dire oui, je m'inscris dans un style, dans un mouvement,
00:18:01je rends hommage, etc. Mais ça se fait de manière frontale. Et ça ne s'inscrit pas dans une volonté
00:18:08et c'est là que la fonction du droit est fondamentale, c'est l'élément moral. Il y a
00:18:14deux éléments moraux, c'est l'intention de nuire et la confusion dans l'esprit du public. Si on
00:18:20industrialise l'idée de faire de la confusion en faisant croire que c'est vraiment Drake, que c'est
00:18:25vraiment The Weeknd, que c'est vraiment Eminem qui chante sur le DJ set de Guetta, que c'est
00:18:32vraiment Angel, etc. Il y a une sorte de confusion qui crée une sorte de décrochage par rapport à la
00:18:39réalité économique et par rapport au respect des auteurs et de leurs origines. C'est-à-dire qu'aujourd'hui
00:18:44on aspire, au sens propre, on absorbe des centaines de millions d'informations, de créations, etc.
00:18:51Par exemple, c'est pour cette raison qu'il y a des éditeurs de presse qui se sont attaqués d'abord
00:18:57à Google News, puis ensuite aux outils d'intelligence artificielle. Il y a une valeur. La valeur, ça ne
00:19:04veut pas dire qu'on ne fait pas à la manière d'eux, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas s'inspirer,
00:19:09ça ne peut pas dire qu'on va changer les modèles créatifs, c'est-à-dire qu'il faut s'inscrire dans
00:19:14une certaine légitimité. Alors je peux paraître pour un regard, mais l'idée c'est que quand je dis ça,
00:19:20c'est la volonté de protéger les industries créatives, de protéger les créateurs, y compris les créateurs
00:19:27d'intelligence artificielle. Puisque je pense qu'à terme, vous vous souvenez, il y a 15 ans, on se demandait si les
00:19:32DJ étaient vraiment des artistes-interprètes. Puisque pour interpréter, il fallait jouer du piano,
00:19:37il fallait déclamer, il fallait chanter une oeuvre musicale. Or, appuyer sur un bouton jusqu'à
00:19:43nouvel ordre, ce n'était pas pratique. Aujourd'hui, est-ce qu'on se pose la question de savoir si les
00:19:47DJ sont réellement des artistes-interprètes ? Il y a un très bon documentaire sur YouTube qui
00:19:52montre cette nouvelle profession de personnes qui maîtrisent extrêmement bien l'outil et qui sont
00:19:58des sortes de créateurs d'IA. Pourquoi pas ce qu'on appelle des droits voisins pour ces personnes.
00:20:05Donc en fait, il faut à la fois garder la mesure et ne pas tout confondre. Et effectivement, c'est
00:20:11pour ça que ça m'a fait sursauter un peu cette idée que tout appartient à tout le monde. Non,
00:20:16ce n'est pas vrai et ce n'est pas une position sectaire, ce n'est pas une position autoritaire,
00:20:21c'est le maintien des industries créatives dont on fait tous partie. Donc le problème sur l'histoire
00:20:27de Drake et The Weeknd, ce n'est pas tant d'avoir une chanson avec la voix de Drake et The Weeknd,
00:20:31c'est le fait de l'avoir présenté comme étant un duo de personnes qui n'ont pas participé au
00:20:38projet. Exactement, et c'est pour ça que moi j'ai dit dans un article que le système juridique le
00:20:42plus proche était celui du faux artistique. Puisqu'un faux artistique, c'est, il y a deux
00:20:47choses. Moi, je vais dire, je vais faire quelque chose à la manière de Picasso. Je vais faire un
00:20:51cubisme synthétique à la manière de Picasso. C'est une chose, je revendique une filiation.
00:20:56Mais si je dis, tenez, c'est un Picasso, je l'ai trouvé dans le grenier de ma grand-mère. Vous
00:21:03avez vu, c'est signé Picasso et puis vous avez vu, ça correspond il y a une année, etc. Ça,
00:21:07c'est un faux. Et donc, quand je mets sur le marché un duo Drake et The Weeknd sans l'accord
00:21:13des ayants droits et sans la volonté de dire que c'est un hommage, oui, je suis dans un système de
00:21:19contrefaçon et de parasitisme. Toujours l'intention, l'élément moral et le risque de confusion.
00:21:26Alors, si on rembobine un tout petit peu et de manière très succincte, Marc-Olivier,
00:21:32c'est quoi la propriété intellectuelle ? Alors, la propriété intellectuelle, il y a deux grands
00:21:38pans. Et tout à l'heure, tu parlais du brevet. Ça, c'est la partie propriété industrielle. Il y en
00:21:45a deux, essentiellement, qui sont les marques et les brevets, donc qui protègent ce qu'on appelle
00:21:52les créations industrielles. Et ensuite, il y a les inventions, en réalité, et de l'autre côté,
00:21:57la propriété littéraire artistique. Donc ça, c'est le droit d'auteur qui protège ce qu'on
00:22:04appelle tout ce qui est issu d'un effort créatif et d'un apport créatif, c'est-à-dire des œuvres.
00:22:11Et on appelle ça des œuvres de l'esprit. Alors, les œuvres de l'esprit, c'est très intéressant
00:22:15parce qu'il y a à la fois une matérialité. On peut les toucher. On peut toucher un tableau. On peut
00:22:21toucher des sculptures. On peut toucher une partition. Et il y a une particularité, il y a
00:22:26une sorte de couche supérieure. C'est pour ça que les lois révolutionnaires ont, pour le coup,
00:22:30littéralement été révolutionnaires, en disant qu'il y a quelque chose de particulier dans cet objet.
00:22:35C'est un droit de la propriété, mais on sent bien que ce n'est pas la propriété comme la
00:22:39propriété d'une maison. Est-ce que quand j'achète un Picasso, j'ai le droit de reproduire le Picasso
00:22:45comme il y a même, je l'ai acheté 40 millions de dollars chez Christie's ? Est-ce que quand j'achète
00:22:49une partition, ça me donne le droit de faire des disques avec cette partition, de l'interpréter
00:22:55à l'opéra comique, etc. Et on voit bien que cette deuxième couche, ce qu'on appelle la
00:23:00propriété incorporelle, donc on rentre presque dans quelque chose du ressort de l'abstrait,
00:23:05qui est complètement distinct de la matérialité. C'est pour ça qu'il y a un marché de l'art et que
00:23:12le marché de l'art est distinct des droits de la propriété intellectuelle. Donc, vous pouvez
00:23:17acheter un Van Gogh, ça n'a rien à voir avec le droit moral sur les œuvres de Van Gogh. Et de même
00:23:22qu'il y a un marché du disque en dur, il y a 15 ans en dur, maintenant en digital. Donc là,
00:23:29il y avait une matérialité, on peut toucher, mais quand on diffuse ce disque, là on est rattrapé
00:23:35par autre chose qui s'appelle la gestion collective, les droits de diffusion, les droits de
00:23:38représentation. Et là, les ayants droit, les auteurs compositeurs vont toucher par rapport à
00:23:43des systèmes et des dispositifs économiques et de flux financiers, etc. Mais voilà, c'est une chose
00:23:48très particulière. Donc la propriété intellectuelle, elle porte deux choses. Dans le terme propriété,
00:23:53elle parle de cette matérialité, mais elle parle de cette matérialité avec quelque chose en plus
00:23:58qui est intellectuel, puisque ce qui est intellectuel est abstrait et relève de quelque
00:24:02chose qui n'est pas de l'ordre du sensible. Alors, début 2024, on a vu apparaître l'IA Act. On en
00:24:11a parlé avant de commencer l'enregistrement. Donc l'IA Act, il est défini comme le premier cadre
00:24:18juridique complet sur l'intelligence artificielle au niveau européen. Il vise à encadrer le
00:24:23développement et l'utilisation de l'IA afin de garantir qu'elle soit digne de confiance,
00:24:27centrée sur l'humain, éthique et durable. Et donc ce cadre, il va aussi proposer des règles
00:24:32spécifiques pour les IA génératives qui produisent des images, des textes et des
00:24:37œuvres parfois. Et ça pose la question de l'origine de cette œuvre. Qui est le propriétaire, à qui
00:24:44appartient-elle et d'où vienne-t-elle ? Donc Marc-Olivier, selon toi, quels sont les nouveaux
00:24:49enjeux et problématiques qui sont soulevés par l'IA ? Alors, la première chose pour rebondir sur
00:24:57l'IA Act, contrairement à ce qu'on pense, il n'est pas complet. Alors d'une part parce qu'il est
00:25:02très orienté sur ce qu'on appelle les inputs. Les inputs, c'est ce dont on parle depuis le début de
00:25:10notre entretien, c'est ce qu'on met sur les bases d'entraînement, c'est-à-dire ce sont, et c'est
00:25:16sur quoi portait de manière subliminale le micro-trottoir, c'est les contenus sur lesquels
00:25:22il y a déjà de la propriété intellectuelle, qui sont avalés, absorbés par les systèmes
00:25:28d'exploitation d'intelligence artificielle. On verra si on considère que ce sont des outils ou pas,
00:25:32ou s'ils ne sont que des outils, et sur lesquels il y a déjà des droits privatifs, donc les fameux
00:25:38droits de propriété intellectuelle. Donc on se concentre là-dessus dans l'IA Act en fixant un
00:25:43principe de transparence. Le principe de transparence, c'est de dire quand vous
00:25:47absorbez quelque chose, il faut le déclarer. Et là, tout de suite, les acteurs des industries
00:25:52créatives ont dit oui, on a une chose qui s'appelle l'opt-out. L'opt-out, c'est dire non,
00:25:56vous n'avez pas le droit, il faut l'autorisation préalable. Parce qu'il y a une telle massification,
00:26:01une telle utilisation des catalogues préexistants, des bases de données, qui est presque vertigineux,
00:26:07il y a quelque chose de l'ordre du vertige encore une fois là-dessus. Parce que l'opt-out est venu
00:26:12en réponse à ce qu'était une exception juridique d'une directive précédente de 2019, qui disait
00:26:18qu'il y avait une exception DTM. C'est Data Mining, c'est-à-dire que vous pouvez utiliser ce qui
00:26:25existe dans les bases de données présentes et accessibles. Et là, les acteurs des industries
00:26:33créatives disent oui, mais il y a la propriété intellectuelle. Donc transparence, obligation,
00:26:37grosso modo déclaré. Mais ça implique que ce soit déclarable, si je puis dire. C'est qu'il y a
00:26:42des ensembles de métadonnées, des ensembles de systèmes de watermarking, d'identification,
00:26:48qui permettent d'identifier les contenus qui sont utilisés. Or là, on touche à quelque chose de
00:26:54fondamental, c'est à une sorte d'atomisation et d'autonomisation de ces contenus absorbés. C'est-à-dire
00:27:04autonomisation puisque l'AI générative, elle se crée sur elle-même. C'est un système
00:27:09autoréférent. C'est presque une sorte de folie de production effarante où vous tapez trois mots
00:27:16dans un prompt et vous pouvez avoir 300, 400 images de la musique, etc. Donc en termes de masse critique
00:27:22et de contenu produit, c'est très difficilement gérable. Mais c'est très difficilement gérable
00:27:26dans l'analyse de ce que ça a emprunté. Je prends l'exemple qu'on connaît dans l'histoire de la
00:27:30musique, celui du sample. Il y avait des dizaines et des centaines de procès dans le monde sur le
00:27:35sample. Puis il y avait quelqu'un qui arrivait, Marvin Gaye par exemple, sur Blurline ou X ou Y
00:27:41qui disait, tiens ça c'est ma ligne de basse, tiens ça c'est mon break de batterie, tiens ça c'est
00:27:46ma mélodie, contrefaçon, sample, soit on signe un accord, soit on est dans un procès même de
00:27:54contrefaçon. Là aujourd'hui, ce que j'appelle l'hyper atomisation, c'est-à-dire qu'il y a
00:27:58tellement de contenu, il y a tellement une sorte de mélange, mais moi je ne suis pas technicien,
00:28:03mais de ma compréhension, c'est qu'il devient presque impossible d'identifier les contenus
00:28:11qui sont utilisés pour générer ce qu'on appelle les outputs. Et les outputs, on va le traiter avec
00:28:20la contrefaçon, on va le traiter avec le parasitisme, mais en termes de charge de la preuve,
00:28:25il va falloir prendre son élan, parce que autant sur un sample, déjà c'était pas facile, mais de
00:28:31dire, ah là je peux démontrer, il y a des cas très faciles, je vais rentrer tous les tableaux de Van Gogh
00:28:37et je vais sortir un album de Van Gogh, je vais sortir tous les albums d'Oasis et je vais générer
00:28:43un album d'Oasis et on va retrouver les traits caractéristiques, les biais, les systèmes de
00:28:49l'écriture d'Oasis, les systèmes graphiques de la peinture de Van Gogh, on n'aura aucun problème à
00:28:55le prouver. Mais si je mets tout l'ensemble des albums de pop des années 90, est-ce que je vais
00:29:02retrouver Oasis ? Ou est-ce que je vais retrouver des systèmes qui sont attribuables ? Donc s'ils
00:29:06sont attribuables, il peut y avoir une emprise sur la propriété intellectuelle et sur les actions
00:29:11pour protéger la propriété intellectuelle. Alors du coup Bruno, d'un point de vue code,
00:29:16ça se pose aussi, c'est un peu différent, vous avez une autre façon de fonctionner.
00:29:22Donc c'est vrai que sur la partie dev, on a effectivement une approche un peu différente
00:29:26des LLM parce que pour nous, c'est un usage qu'on fait de manière assez régulière puisque d'un
00:29:32côté, on va l'utiliser notamment pour générer du code, en général du code qu'on n'a pas forcément
00:29:37envie de générer nous en tant que développeurs, donc des choses bêtes et méchantes, je prends un
00:29:41exemple tout bête, sur tous les sites que vous utilisez, il y a des formulaires d'inscription,
00:29:45il faut remplir tous les champs pour s'enregistrer sur le site, ça c'est des choses qu'on est obligé
00:29:50de faire sur chaque site, ça ne nous intéresse pas, c'est un peu basique et rudimentaire,
00:29:52donc avec les IA génératives, on va pouvoir comme ça générer un ensemble de codes qu'on
00:29:58appelle le boilerplate, donc il y a plein de codes comme ça qui est généré de manière automatique
00:30:01et on peut se concentrer sur la partie vraiment intéressante et intellectuelle du travail. On va
00:30:07l'utiliser aussi sur un autre aspect qui est parfois, quand on a un bout de code qu'on doit
00:30:12corriger, on ne sait pas vraiment comment il fonctionne, on va pouvoir demander à une IA
00:30:16générative ou dans certains cas des IA analytiques, mais en général aujourd'hui c'est plus des IA
00:30:21génératives, de nous expliquer comment ce bout de code fonctionne, ça nous permet du coup de nous
00:30:25aider sur la correction de ce qu'on a à faire et on a après dans tout ce qu'on appelle l'usine
00:30:32logicielle, donc c'est toutes les étapes qui vont au delà de la production du code, c'est comment
00:30:36est-ce qu'on va le mettre en ligne par exemple et déployer sur des serveurs, ce genre de choses.
00:30:39Aujourd'hui on a beaucoup d'IA aussi qui vont faire de la relecture de code et qui vont nous
00:30:43dire bah là ça correspond pas aux normes qu'on a dans l'entreprise ou ce genre de choses, donc
00:30:47là aujourd'hui ça passe beaucoup par des LLM. Et après je revenais du coup aussi sur ce que tu
00:30:54disais Marc-Olivier, c'était sur le fait qu'effectivement on ne peut pas remonter à une idée
00:31:00source dans une IA générative de par la conception aujourd'hui des réseaux de neurones qui font
00:31:06qu'on ne peut pas retrouver dans l'assemblage de l'output, l'assemblage de tous les inputs qui
00:31:13ont pu être à la source de l'idée. Exactement et dans une précédente conférence il y avait
00:31:18quelqu'un qui donnait cette image un peu triviale mais c'est vous faites une vinaigrette et à la fin
00:31:24vous demandez à quelqu'un de retrouver le vinaigre et la quantité précise de vinaigre et de retirer
00:31:30le vinaigre de la vinaigrette. Donc ça a l'air très simple dit comme ça mais l'image est assez
00:31:35bonne sur l'IA générative. C'est différent d'un sample parce que si on vous dit de retrouver le
00:31:41trait de vinaigre que vous mettez sur une assiette, vous le retrouvez, c'est le sample. Si on vous
00:31:45dit de retrouver le vinaigre dans la vinaigrette c'est autre chose. Et je rebondis là dessus parce
00:31:50que c'est très intéressant cette vision technicienne, c'est la grande division entre
00:31:57l'IA générative et l'IA analytique qui correspond moi dans mon système à l'analytique c'est l'outil,
00:32:05c'est la vision de ce que Martin Heidegger appelait les visions instrumentales. De l'autre côté de
00:32:13l'IA générative qui pose la question de la grande substitution de l'acte de création. Et donc c'est
00:32:22encore une fois c'est une question qui est presque d'ordre ontologique. Alors c'est très intéressant
00:32:28parce que moi je fais souvent référence à un auteur qui s'appelait Jacques Ellul qui écrivait
00:32:31sur le système technicien. On est au cœur d'une question qui est d'ordre purement technique. Alors
00:32:40cette distinction, cette grande distinction entre la vision d'un outil et la vision de la
00:32:47substitution d'un créateur concrètement ça a des conséquences socio-économiques. La
00:32:52disparition de certaines professions, les traducteurs. On avait besoin d'entreprises
00:32:59avec des types qui traduisaient. Ce n'est plus la peine. Les questions des voix off, les questions
00:33:04des doublages. Il va y avoir des professions qui vont disparaître. Il y a même une application
00:33:08qui s'appelle e-avocats où le type a fait sa promotion, il n'y a pas d'avocat derrière, il n'y a
00:33:13pas de juriste, en disant on est capable de rivaliser avec n'importe quel avocat. Donc ça c'est une
00:33:19conséquence réelle d'une grande substitution, d'une disparition des métiers. Mais c'est l'angoisse
00:33:24qu'on a eue à chaque révolution industrielle. On a dit à la fin du XIXe siècle, la mécanisation,
00:33:29je vous renvoie au temps moderne de Chaplin, c'est la disparition des ouvriers, la machine,
00:33:33etc. Mais la vision instrumentale, c'est-à-dire la vision en tant qu'outil, elle est assez
00:33:39intéressante. Je donne deux exemples qui étaient avant l'intelligence artificielle générative.
00:33:43Premier exemple, Christine and the Queen, il y a sept ans, ça a fait un scandale puisqu'on a
00:33:48découvert qu'elle avait composé un morceau uniquement avec des boucles qui étaient sur le
00:33:54logiciel GarageBand, qui est le logiciel d'Apple de composition assisté par ordinateur, etc.
00:33:59Et donc on remet en cause symboliquement sa capacité de création, son originalité, on remet
00:34:06en cause l'acte de l'apport créatif, donc de la propriété intellectuelle et du droit d'auteur.
00:34:13Récemment, il y a Dabon Albarn, il y a six mois, il a mis sur YouTube une image où l'un des plus
00:34:18grands tubes, qui s'appelle Clint Eastwood de Blur, était en réalité une boucle pré-programmée
00:34:24sur des petits synthétiseurs, mais du type de ce qu'on appelait en France les Botampi,
00:34:28qui étaient des Omnicord de chez Sony. Et l'ensemble du morceau, c'est l'intégralité,
00:34:32avec juste la voix dessus, qui formait le morceau Clint Eastwood de Blur, qui a fait des millions
00:34:41et des millions de ventes. Alors qu'est-ce que ça dit ? Ça interroge effectivement la
00:34:45fonctionnalité de l'outil. Est-ce que, et je parlais des DJ tout à l'heure, est-ce que ça
00:34:51affecte la condition de créateur ? Est-ce que ça affecte l'édifice du droit d'auteur ? Parce que
00:34:57le droit d'auteur, en France, je le rappelle, l'édifice, c'est qu'à la fin de l'histoire,
00:35:00il y a une personne physique. Alors ça se traduit très simplement. Si vous êtes une personne morale,
00:35:05vous ne pouvez pas déposer votre oeuvre à l'assassin. Eh bien, la question, c'est celle du
00:35:10curseur. Le curseur, c'est est-ce que Damon Albarn a pensé que ça, c'était un truc génial et que
00:35:17c'était un tube, alors qu'un million de personnes avec l'omnicorne n'avaient pas du tout percuté,
00:35:22s'étaient dit, si je rajoute une voix, ça ne va rien donner, de toute façon, c'est quelque chose
00:35:26d'industriel, de pré-consommé, de pré-maché. Et est-ce que l'acte créatif, il n'est pas là,
00:35:31dans la sélection, dans le choix, dans la pertinence, et pas forcément d'être le plus
00:35:36grand violoniste du siècle ? Eh bien, c'est la question que pose l'intelligence artificielle,
00:35:40parce qu'à la fin, si moi, demain, je crée une oeuvre musicale avec l'intelligence artificielle,
00:35:44en le disant ou disant pas, c'est moi, avec mon petit costume et ma cravate, qui va aller à
00:35:49l'assassin, qui va déposer l'oeuvre et qui va dire, j'en suis l'auteur. Donc, j'instrumentalise
00:35:53l'instrument et je reste dans la fonction du truc. Sur cette partie de substitution,
00:35:59moi, c'est un débat que j'ai de plus en plus sur mon podcast, où je reçois beaucoup de devs,
00:36:03et on a cette discussion en fait de, est-ce qu'on va encore continuer à développer dans une ère
00:36:08où il y a le fond de plus en plus à notre place ? Et en fait, quand on prend un peu de recul,
00:36:12on voit que, alors c'est peut-être très spécifique à notre métier, mais peut-être qu'on peut
00:36:15généraliser après d'autres aspects. Dans notre métier, on a eu de plus en plus d'abstractions.
00:36:19Ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a 50 ans, il y a 60 ans, quand on voulait faire du
00:36:25développement logiciel, on avait des équipes qui faisaient du développement directement sur un
00:36:31processeur. Ils faisaient du code en binaire ou en hexadécimal directement sur un processeur.
00:36:36Sont apparus après des langages qu'on appelle notamment en premier l'Assembler, où on a commencé
00:36:41à voir l'apparition de langages. On pouvait écrire IF, on pouvait écrire THEN, on pouvait faire comme
00:36:47ça, donc vraiment écrire des fonctions de manière un peu plus développée. Et à mesure que la
00:36:51technologie a évolué, on a eu comme ça de plus en plus d'abstractions avec des langages qui
00:36:56permettent aujourd'hui d'écrire quasiment en langage français ou anglais, selon les langages
00:37:01qu'on choisit. Donc d'avoir, de gagner en abstraction. Et ce qu'on voit aujourd'hui avec
00:37:05l'IA arrivé, c'est que ce sont des outils qui vont nous permettre de gagner encore plus en
00:37:09abstraction, où du coup on va avoir un travail. Notre travail de développeur ne sera plus d'écrire
00:37:14des lignes de code, mais de concevoir l'agencement global de toutes ces fonctions, de tous ces
00:37:20différents appels, et de faire en sorte que l'ensemble fonctionne dans toutes les conditions
00:37:23qu'on peut imaginer. Ce qu'on voit par exemple aujourd'hui sur les gens qui utilisent trop
00:37:27facilement les LLM, les IAs génératifs, c'est qu'ils vont générer du code qui fonctionne de
00:37:32manière globale en faisant ce qui est demandé, mais qui vont poser des problèmes de sécurité,
00:37:36qui vont poser certains cas extrêmes qui ne fonctionneront pas, ou qui vont
00:37:42générer des bugs. Donc il y a encore ce travail on va dire de construction globale. Donc tu vois,
00:37:48nous la partie substitution, on ne voit pas ces outils là comme prenant notre place, mais comme
00:37:54nous permettant de nous concentrer sur des choses qui ont du coup plus de valeur ou plus d'intérêt,
00:38:00et qui permettent aussi à des gens qui n'ont pas cette formation de développeurs ou de développeuses
00:38:04de s'intéresser à ce métier et de commencer à faire des choses. Il y a un exemple ou une
00:38:10histoire que je raconte souvent aussi sur mon podcast pour expliquer l'intérêt de ces outils,
00:38:14c'est qu'il y a 30 ans, si tu voulais faire un film, il te fallait des caméramans, il te fallait des
00:38:19preneurs de son, il te fallait un producteur, il te fallait un diffuseur, il te fallait des
00:38:22scénaristes, des acteurs, il fallait une équipe, une quantité d'équipes colossales et d'entreprises
00:38:27diverses et variées pour pouvoir montrer ton film au monde entier. Aujourd'hui tu sors ton
00:38:30téléphone, t'appuies sur un bouton et tu as un film qui est disponible pour le monde entier et pour
00:38:35être visible. Ça ne veut pas dire qu'on a arrêté de faire du cinéma, ça ne veut pas dire que tout
00:38:39ce qui se fait sur YouTube c'est de la merde, il y a des contenus sur YouTube ou sur TikTok qui sont
00:38:43absolument brillants, qui sont hyper créatifs, c'est juste qu'avec ces outils là on a baissé la
00:38:49barrière à l'entrée et qu'aujourd'hui beaucoup plus de gens peuvent exprimer leur créativité
00:38:52sans avoir une compétence technique forcément hyper poussée de ces différents outils. Moi c'est
00:39:00ce que j'ai tendance à voir en fait sur l'intérêt de ces outils là pour reprendre ta discussion, moi
00:39:04je les vois vraiment comme un outil qui permet à des gens d'exprimer leur créativité au travers
00:39:09d'une certaine maîtrise de ces outils là. Je suis assez favorable à ça et c'est juste pour l'anecdote
00:39:14mais moi il y a 4-5 ans on m'interrogeait sur les NFT et les NFT c'était le nouvel Eldorado,
00:39:21le renouveau de l'art, le renouveau... Donc il y avait dans les éléments de langage et dans la
00:39:28sémantique quelque chose d'extrêmement positif et aujourd'hui dans les conférences qu'on m'invite
00:39:36c'est faut-il avoir peur de l'IA ? Un danger pour les industries créatives ? Faut-il craindre l'IA ?
00:39:43Donc déjà dans les éléments de langage, c'est pour ça que j'adhère vraiment à tes propos,
00:39:48c'est la façon d'envisager le progrès et pas un drame. Et l'IA est pas un drame. Le sujet c'est
00:39:56comment on va faire bosser des juristes, on va faire bosser des techniciens pour faire quoi ? Pour
00:40:00réguler. Pour réguler on est tous d'accord qu'il faut respecter les droits d'auteur, on est tous
00:40:06d'accord sur le fait qu'il faut respecter les droits voisins, on est tous d'accord qu'on est
00:40:10face à quelque chose et j'emploie beaucoup ce terme parce que ça me dit beaucoup de choses
00:40:14encore une fois vertigineux en termes de quantité. On n'a jamais été confronté à ça, c'est à la
00:40:19capacité de ne pas de produire mais d'hyper produire dans des quantités absolument phénoménales
00:40:26des contenus qui sont ou pas des créations et ça c'est moi mon grand dilemme ou ma grande
00:40:33réflexion, c'est qu'on génère du contenu, on produit de la norme, est-ce qu'il faut rattacher
00:40:40le droit d'auteur ? Le droit d'auteur court après. Est-ce qu'on n'a pas un objet juridique nouveau
00:40:46qui pour le coup va nécessiter une réflexion juridique et structurelle différente pour
00:40:56arriver à une régulation, une stabilité des industries créatives et pas tout remettre en
00:41:01cause en disant c'est le drame, c'est la fin, il n'y aura plus jamais de créateur, il n'y aura plus
00:41:06jamais etc. Et même si moi moi même très personnellement parce que j'avais beaucoup de
00:41:11réflexions comme ça, j'ai fait une intervention récemment et quelqu'un me disait oui mais il n'y
00:41:16aura jamais l'émotion, une machine ne reproduira jamais l'émotion d'un être humain. C'est
00:41:23impossible à démontrer, je suis même capable de démontrer le contraire. Donc on a tous des
00:41:27stéréotypes et on a des modèles qui font l'imagerie dont je parlais, Picasso, le génie créatif, le type
00:41:35qui est dans à la bougie à 4 heures du matin pour finir la comédie humaine etc. On a tous cette
00:41:39mais c'est en bleu parce que c'est la grandeur du génie créatif de l'homme mais est-ce que d'une
00:41:45part l'un n'empêche pas l'autre, l'un ne détruit pas l'autre et puis pouvoir réguler et pouvoir
00:41:51trouver des solutions à ça, c'est aussi ça le progrès. Le progrès c'est accompagner le progrès.
00:41:56Il y a juste un point sur lequel j'aimerais avancer parce que tu as évoqué un truc tout à l'heure,
00:41:59tu parlais d'intentionnalité dans la création d'oeuvres et là tu viens de parler de cette
00:42:03notion d'humanité. Tout à l'heure tu racontais l'histoire des premiers supercalculateurs avec
00:42:06Diblou et la victoire face à Kasparov. Ce que les gens savent assez peu c'est que la victoire de
00:42:11Diblou c'est une erreur. En fait c'était une rencontre en cinq matchs donc de Diblou versus
00:42:18Kasparov, grand champion d'échec indétrônable. Kasparov a gagné les deux premiers matchs et à
00:42:24la rencontre lors du troisième match, Diblou a fait une erreur, il y a eu un bug en fait. Diblou
00:42:30a fait une erreur sur le match et en fait ça a déstabilisé Kasparov qui ne comprenait pas le
00:42:37mouvement qui a été fait. Et du coup il s'est dit que le supercalculateur, s'il fait ce mouvement là,
00:42:42c'est qu'il a vu un truc que moi je n'ai pas vu. Et du coup Kasparov a abandonné sur ce match là et
00:42:47en fait ça l'a déstabilisé sur les matchs d'après et c'est ce qui fait qu'il a perdu sur les trois
00:42:51derniers matchs. C'est qu'en fait il a été perturbé par un bug, par une simple erreur. Cette humanité
00:42:57dont on parle, souvent on dit que l'erreur est humaine, il y a eu ce facteur-là aussi qui a joué
00:43:05dans cette victoire historique mais qui n'en est peut-être pas vraiment une au final. Oui, l'erreur
00:43:11dont tu parles, c'est le sacrifice de la reine qui effectivement n'est pas algorithmique dans le jeu
00:43:17d'échec et qu'on pensait réserver à l'humain. Faire le sacrifice de la reine dans une partie
00:43:23d'échec, c'était très difficile à l'époque de le mettre au fond de l'algorithme. Effectivement,
00:43:28quand il a fait le sacrifice de la reine, à un moment de la partie qu'il ne nécessitait pas,
00:43:32ça a un peu déstabilisé Kasparov, effectivement. C'est 96, à Deep Blue, c'était un très grand moment.
00:43:39Il y a cette chose du facteur humain, de qu'est-ce qui reste à l'homme, parce que moi mon frère est
00:43:45joueur d'échec et mon père était joueur d'échec et ils m'ont toujours dit que les grands joueurs
00:43:49d'échec, ils étaient créatifs. C'est génial parce qu'effectivement, à la fois, quand je les voyais
00:43:55jouer aux échecs, ils apprenaient des milliers, par exemple Magnus Carlsen, il connaît des centaines
00:44:01de milliers de parties par cœur. Donc on a l'impression que c'est juste un supercalculateur
00:44:05humain. Et les très très grands joueurs, Bobby Fischer, Spassky, etc., etc., on les distinguait
00:44:12justement par cette capacité de création. Alors évidemment, les supercréateurs, qu'est-ce qui fait
00:44:16qu'un artiste est bon ou mauvais ? C'est intéressant parce que la propriété intellectuelle ne juge pas
00:44:21le mérite. Alors ça, il faudrait qu'on ressorte cette jurisprudence, puisqu'il n'a pas à juger de
00:44:28la qualité d'une oeuvre à magistrat qui, in fine, va juger de l'appréhension par le droit d'auteur.
00:44:34Il va juger de quoi ? Et ça, c'est fondamental. Le droit d'auteur est basé sur un principe qui est
00:44:40le principe de l'originalité. Le code de la propriété intellectuelle ne définit pas ce qu'est
00:44:45une oeuvre. Ça fait 1200 pages et c'est le sujet, mais ce n'est pas défini. Il ne définit pas ce qu'est
00:44:51un auteur. C'est la jurisprudence qui est venue expliquer que pour qu'une création humaine soit
00:45:00considérée comme une oeuvre et appréhensible par la propriété intellectuelle, il faudrait qu'elle
00:45:05soit marquée de l'empreinte de la personnalité de l'auteur. Qu'est-ce qui fait qu'un Picasso est
00:45:10un Picasso ? Qu'est-ce qui fait qu'un solo de Miles Davis est un solo de Miles Davis ? Qu'est-ce
00:45:14qui fait cette singularité ? C'est cet apport créatif qui est un peu magique qui fait accéder
00:45:22au droit d'auteur. Pour revenir à ce qu'on disait, c'est justement le facteur humain. C'est cette
00:45:27chose qu'on ne maîtrise pas. Or, l'hypermécanisation, l'hyperindustrialisation, cette façon de générer
00:45:34de la production qui était réservée aux créateurs, c'est-à-dire à ces êtres humains un peu sacrés,
00:45:41quoi qu'on veuille en penser, c'est là où notre édifice n'est plus du tout adapté,
00:45:47parce que notre édifice de droit d'auteur, c'est un droit d'auteur personnaliste basé sur la
00:45:52personne physique d'un créateur original et singulier qui s'exprime à travers une oeuvre
00:45:58d'art et que donc ça ne peut pas être une machine. On en revient donc au principe de l'outil. On a
00:46:06l'artiste, on a l'outil. Récemment, je t'ai entendu parler d'un divorce. Tu disais que quand on est
00:46:13dans le génératif, je te cite, j'ai trouvé ça intéressant dans une vidéo, dès lors qu'on est
00:46:20dans le génératif, on a encore une fois une autonomisation, une sorte de divorce symbolique
00:46:24et juridique entre la création, le créateur et donc les droits. Mais si on est sur l'outil d'un
00:46:30côté et le créateur, enfin l'outil au service du créateur, là on change aussi de façon de
00:46:36fonctionner. L'outil au service du créateur, tant qu'on est là-dedans, on ne change pas les modèles.
00:46:41On change les modèles justement avec l'autonomisation où on n'arrive plus à poser une
00:46:48personne physique. Et là, il y a des jurisprudences aux Etats-Unis. Les premières jurisprudences
00:46:53viennent fixer quel est le critère qui va permettre d'accéder à la protection de la
00:46:59propriété intellectuelle. Alors c'est d'autant plus intéressant que sont pour l'instant deux
00:47:04jurisprudences aux Etats-Unis, il va y en avoir d'autres, évidemment, sous le régime du copyright
00:47:09qui n'est pas vraiment le régime de droit qu'il met plus en avant le créateur, puisqu'il n'y a pas
00:47:13de droit moral par exemple. Et pourtant, la Cour fédérale est venue dire que telle création de
00:47:20l'IAG, l'intelligence artificielle générative, n'est pas protégeable faute d'intervention humaine.
00:47:28Il y a une sorte de dégradation du critère, puisque le critère c'était l'originalité,
00:47:32c'est-à-dire la marque de l'empreinte de la personnalité, et maintenant l'intervention
00:47:37humaine. Appuyer sur un bouton c'est une intervention humaine, jusqu'à nouvel ordre.
00:47:41Donc c'est à la fois le meilleur et le pire des critères, parce qu'à la fin de la chaîne
00:47:47alimentaire de l'acquisition technique, si je puis dire, il y a toujours un type qui lève la main et
00:47:51qui dit c'est moi. Et juste pour finir, puisque tu parlais des lignes de code, il va y avoir un
00:47:56séquençage des droits de propriété intellectuelle. Les créateurs de systèmes d'exploitation
00:48:01d'intelligence artificielle, ces entreprises-là, elles sont protégées par le droit des logiciels,
00:48:05très classiquement. Mais il y a une différence fondamentale, c'est Microsoft Word, c'est un
00:48:12logiciel. Est-ce qu'on va dire pour autant que tous les romans qui ont été écrits depuis 1984,
00:48:18la première version ou 85 de Microsoft Word, appartiennent en toute ou partie à Microsoft
00:48:24Word au titre de la propriété intellectuelle ? Est-ce que tous les romans qui ont été écrits
00:48:27avec Microsoft et avec Word appartiennent ? On sait bien que non, ce serait absurde. Ce serait la
00:48:33même chose d'attribuer une part de la propriété des romans des années 50 à telle ou telle marque
00:48:38de machine à écrire. Donc la vraie nouveauté au centre de ça, c'est la base d'entraînement. C'est
00:48:45à dire qu'on a un pôle technique et on a un pôle de contenu, et ce pôle de contenu c'est du contenu
00:48:50préexistant. Et à la sortie de la machine, on a de l'output. Et quel est le statut juridique
00:48:55et quelle va être la titularité des droits ? On a des solutions. On peut avoir la licence légale.
00:49:01On a en France un système qui s'appelle la rémunération équitable. On a d'autres solutions,
00:49:05la taxe du stream. C'est à dire que quand il y a trop d'informations à gérer juridiquement,
00:49:10à traquer juridiquement pour filer, si je puis dire, ou pour trouver le modèle économique,
00:49:17les flux de rémunération, on met des systèmes qui sont des systèmes de gestion collective ou de
00:49:21taxe, la taxe streaming, pour rémunérer les acteurs. Par exemple aujourd'hui, la répartition des sommes
00:49:29et des montants sur les abonnements dans la musique du stream, c'est très imparfait. Avant,
00:49:35si vous écoutiez que de la musique du jazz contemporain suédois, quand vous alliez à la
00:49:41FNAC acheter votre petit album à 20 euros, vous saviez qu'il y allait y avoir, je ne sais pas,
00:49:46deux trois euros qui partaient au label et puis un euro qui partait à l'artiste. Aujourd'hui,
00:49:51si sur Spotify, vous écoutez uniquement du jazz norvégien ou suédois, eh bien il y a une partie
00:49:58de votre abonnement à 9,90 ou presque 10 euros ou 10 dollars qui va partir chez Justin Bieber,
00:50:04chez Rihanna, chez Beyoncé, chez Taylor Swift, parce que c'est pas la mécanique de rémunération
00:50:10et des flux de rémunération est complètement différente. C'est la version Market Set Tricks
00:50:15versus User Set Tricks. Je ne rentre pas dans les détails, mais cette massification d'utilisation
00:50:21sur les bases de traitement de données ayant sur lesquelles il y a des droits privatifs et donc de
00:50:29la valeur économique et de la valeur créative, cette massification rend bien plus difficile la
00:50:36circulation et la gestion des flux de rémunération des ayants droit. Bruno, d'un point de vue plus
00:50:44code... Alors, toute cette discussion m'amène à reconsidérer beaucoup de choses dans ma perception.
00:50:49Pour donner un peu de contexte, sur mon podcast, il y a beaucoup de gens qui viennent pour dire
00:50:54que le métier de dev est un métier d'artisan. C'est très manuel, on code les trucs avec nos
00:50:58mains, ce genre de choses. Moi, j'avais tendance à dire que le métier de dev était un métier
00:51:01d'artiste parce qu'on a un vrai travail de créativité, bien évidemment, mais aussi il
00:51:06y a cette notion d'inspiration, c'est-à-dire que parfois on va coder pendant des heures des trucs
00:51:10qui ne sont pas ouf et puis d'un coup on a une espèce d'épiphanie. Si vous connaissez des devs,
00:51:15vous avez tous connu des devs qui passent une nuit entière d'un coup à coder un truc parce
00:51:19qu'on a cette épiphanie, on a besoin d'exprimer quelque chose par ce biais-là et puis on a
00:51:23tout aussi un travail d'inspiration. Donc j'avais tendance à considérer que c'était un métier
00:51:27d'artiste. Et tu parles de cette notion d'intentionnalité, tu parlais aussi à l'instant
00:51:32de cette notion d'originalité, de l'œuvre créée. Nous, aujourd'hui dans le monde du dev,
00:51:38un truc qui est intéressant pour nous sur les LLM, notamment avec des outils comme Copilot,
00:51:43c'est qu'on peut faire en sorte que tous les devs codent de la même façon. Et ça, en fait,
00:51:47pour nous c'est hyper important parce que si tu es une équipe avec, si on prend Google, je crois
00:51:52que c'est 15 000 développeurs au total répartis à travers le monde, si tu as 15 000 personnes qui
00:51:56développent de 15 000 façons différentes, c'est impossible à maintenir le code. Dès que la
00:52:01personne qui a créé le code n'est plus là, qu'elle est en vacances, malade ou jusqu'à la démissionner,
00:52:05son code n'est plus maintenable. Et donc on essaie de faire en sorte que chacun code de la
00:52:11même façon. Et donc grâce à ces outils type Copilot, on peut aujourd'hui avoir des systèmes
00:52:16qui permettent de créer du code à la manière de la communauté, pour que du coup tout le monde code
00:52:22de la même façon et que le code soit maintenable, donc qu'il puisse être repris par n'importe quel
00:52:27autre développeur. Donc du coup, peut-être qu'au final, ce que je voyais comme un métier d'artiste
00:52:32n'est plus un métier d'artiste du coup. Mais c'est une vision presque collectiviste en fait,
00:52:39mais qu'on retrouvait dans les licences libres, j'allais dire presque communiste. Mais d'ailleurs
00:52:44c'est très intéressant parce que le droit d'auteur est très lié au système politique et économique
00:52:53dont on parle. Aujourd'hui, on parle de droit d'auteur en France, on est tous d'accord, et
00:52:59beaux marchés, et le droit moral, et le droit révolutionnaire, et la loi de 1957, on est très
00:53:05fier de ça. Bon, aux Etats-Unis, le propriétaire d'une œuvre, c'est celui qui l'a financée. Je
00:53:11résume à l'extrême, mais c'est un peu ça l'idée. Pourquoi ? Parce qu'il ne vous a pas échappé,
00:53:17c'était plutôt un système libéral les Etats-Unis. Je ne dis pas que la France ne l'est pas,
00:53:20mais elle était peut-être un peu moins en 1957. Et en Chine, quand je parlais de collectivisation,
00:53:26de mutualisation, en Chine, on ne travaille pas pour soi et pour son égo. La question de savoir
00:53:31si vous êtes un artiste, il y a cette intervention, j'avais fait une intervention au Maroc, il faut
00:53:36avoir une carte d'artiste pour être considéré comme un artiste. Donc il y a l'administratif
00:53:42qui vient décider est-ce que vous remplissez les conditions pour être un artiste. C'est marrant
00:53:47parce que dans l'esprit français, ça paraît complètement hallucinant. Je reviens à la Chine,
00:53:52la Chine, il y a un intérêt supérieur à votre petit égo d'artiste ou à votre petit égo de
00:53:58citoyen. C'est l'intérêt supérieur de la République de Chine, voire du parti. Et quand vous créez,
00:54:05vous ne créez pas pour vous, vous créez pour quelque chose qui vous dépasse. Donc ça veut
00:54:09dire quoi ? C'est-à-dire que le droit d'auteur, ça n'existe pas. Parce qu'un auteur, ça n'existe
00:54:13pas. Ce qui existe, c'est le parti et c'est l'intérêt supérieur de la République populaire
00:54:18de Chine. C'est très intéressant parce que par exemple, j'avais eu l'expérience professionnelle
00:54:22d'aller produire un film en Chine. Et bien quand vous produisez un film en Chine, automatiquement,
00:54:28il y a 50% de la coproduction déléguée qui est attribuée et affectée et financée par l'état
00:54:34chinois pour des raisons qui ne vous en repart échapper, pour rester dans la ligne du parti
00:54:37précisément. Donc les variables d'ajustement de l'appréhension du droit d'auteur, c'est marrant
00:54:43parce qu'on a parlé au moment donné de l'IA Act. On a dit tiens, c'est le gouvernement,
00:54:48la Start-up Nation qui essaye de s'opposer parce qu'elle veut marquer son empreinte et c'est la
00:54:52technologie avant l'homme, etc. Mais mine de rien, ce n'est pas idiot ces questions-là. C'est-à-dire
00:54:57qu'est-ce qu'on met en avant et comment on réfléchit et comment on essaye de changer nos modes
00:55:02de fonctionnement parce qu'on baigne dans des systèmes qui sont des préacquis en réalité.
00:55:07On en revient toujours à la géopolitique de l'IA. On en a fait dans tous les épisodes avec Olivier.
00:55:14Alors ce podcast a pour vocation d'acculturer mais aussi de donner des conseils pratiques aux
00:55:19auditeurs. Qu'est-ce qu'ils doivent retenir de notre conversation dans la compréhension ? Alors
00:55:25tu viens de parler justement du côté des droits d'auteur finalement. Ça dépend d'où on se situe
00:55:32aussi dans la planète. Mais en tout cas, parasitisme parce qu'on s'est aussi un petit peu éloigné de
00:55:40ça. Qu'est-ce qu'on doit retenir ? Qu'est-ce qu'on doit comprendre aujourd'hui de l'IA,
00:55:46l'outil, le parasitisme, la création ? Comment on s'en sort dans tout ça ?
00:55:55Alors il y a une sorte de paradoxe réversible. Je crois beaucoup à la pédagogie mais je crois
00:56:00beaucoup aussi que les gens concernés s'en moquent un peu. C'est-à-dire qu'il y a une
00:56:04sorte de spontanéité qui fait réessayer d'expliquer à un adolescent dans tel cas c'est
00:56:12de l'IA analytique, c'est ok. Dans tel cas c'est du génératif. Dans tel cas tu peux faire attention,
00:56:18il faut aller demander l'autorisation à machin parce qu'il a des droits. Ça se passe pas comme
00:56:22ça dans le monde réel. Dans le monde réel, on va déjà raisonner au-dessus de l'individu. On va
00:56:27raisonner sur les industries créatives notamment. Donc oui la pédagogie de dire jusqu'où on peut
00:56:34aller trop loin. Je prends toujours l'exemple de l'adolescent qui sort en pyjama de sa chambre
00:56:41en disant j'ai fait un album d'Oasis. Il y a un minimum d'éducation. Je parle pas au niveau moral,
00:56:47je parle d'éducation intellectuelle et juridique. Tu es posé la question de savoir si un album
00:56:53d'Oasis ça impliquait pas des droits privatifs et que Oasis était protégée. C'était une marque,
00:56:58il y avait une maison de disques derrière et qu'il y avait un type qui a le sang chaud qui
00:57:01s'appelle Liam Gallagher qui va trouver ça moyennement drôle. Donc d'avoir une sorte
00:57:05d'éducation globale sur qu'est-ce que la propriété intellectuelle, qu'est-ce que sont
00:57:10les droits privatifs. Mais les plus grands contre-facteurs c'est en fait les hyper
00:57:17industriels parce que ce sont les générateurs d'intelligence artificielle qui eux vont pas faire
00:57:25quelque chose comme ça d'instinctif etc. qui vont industrialiser, mécaniser l'absorption de droits
00:57:33privatifs. Le procès qu'a fait le New York Times contre Yabar je crois, là on parle d'enjeux de
00:57:42plusieurs millions et de plusieurs milliards. Donc faut pas se tromper d'ethnie, faut pas se tromper
00:57:48de circuit, faut pas se tromper d'enjeux. Et puis même les créateurs pensent parfois différemment.
00:57:53Je donne un exemple, il y a une chanteuse qui s'appelle Grimes. Grimes elle a dit c'est ok
00:57:58pour moi, l'intelligence artificielle. Donc j'ai, vous pourrez vérifier sur Spotify, je crée un
00:58:04avatar qui s'appelle Grimes intelligence artificielle IA. Et vous pouvez vous, Marc-Olivier
00:58:11Deblanc, Marine, tout le monde, créer des morceaux à partir de mes contenus. Je veux simplement deux
00:58:16choses. Petit un, que ce soit labellisé, qu'on sache à quoi on est à faire. C'est comme ces
00:58:22trucs dans les pubs pour la mode, retouchés, pour que les jeunes filles elles pensent pas que le
00:58:27monde entier pèse 52 kilos et qu'il y a un truc de prévention. Et bien là c'est la même chose.
00:58:33De préciser que c'est de l'intelligence artificielle, c'est ce qu'on appelle la
00:58:37labellisation. Et deuxième chose, excusez-moi du peu, mais qu'on partage les royalties. Donc ça
00:58:43c'est ce que j'appelle une sorte de morale d'utilisation. De non, tout n'est pas permis,
00:58:47mais c'est la même chose que pour l'utilisation de n'importe quel outil, y compris des armes.
00:58:52Je veux dire, la question de la fonctionnalité, c'est l'application. Un couteau, ça peut permettre
00:58:59de devenir du casse et de devenir un grand criminel. Vous voyez ce que je veux dire ? Donc
00:59:03ce truc d'éducation, de dire oui, un couteau, si tu l'utilises d'une bonne façon pour faire le
00:59:08bien et pour nourrir tes proches, c'est formidable. Si c'est pour attaquer quelqu'un dans un coin de
00:59:13rue, il va y avoir un problème. Donc c'est un peu plus compliqué quand on sort de l'humain
00:59:17et qu'on va dans la question de la création. Mais moi je crois beaucoup à l'éducation,
00:59:21un système normatif et mine de rien, par exemple la doppy a été un échec. Mais mine de rien à la
00:59:29fin de l'histoire, le marché de la musique qui s'était écroulé en 2005 jusqu'en 2010,
00:59:33aujourd'hui il progresse de 5,2 ou 3% par an, peu importe, entre 5 et 6%. Donc rien n'est perdu,
00:59:40le progrès c'est pas une fatalité, le progrès doit être accompagné et régulé. Donc il faut
00:59:46que les gens soient sensibles à ça et c'est vrai que j'ai été un peu choqué par le micro-trottoir
00:59:49parce que rien n'est grave, tout appartient à tout le monde et puis c'est pareil qu'eux et c'est
00:59:55identique qu'eux etc. Et ça c'est le discours de la sous-information. Face au discours de la
01:00:00sous-information, il faut avoir un discours pédagogique d'appréhension parce qu'on ne peut
01:00:06pas être totalement dans le mépris de l'ensemble de la filière parce qu'à la fin c'est des gens
01:00:11comme ceux qui sont interviewés qui n'auront pas de boulot parce qu'on n'aura pas traité la question
01:00:15de la pédagogie, de la régulation. Bruno ? Je ne sais pas trop ce que je pourrais ajouter. Moi ce que
01:00:24j'aurais tendance à dire, moi ce que j'ai beaucoup aimé dans tout ce qu'utilisait Marc-Olivier sur
01:00:27tout cet enregistrement, c'est cette notion d'intentionnalité qui pour moi est un beau
01:00:33principe et je pense que les IA génératives aujourd'hui, ou même les IA analytiques,
01:00:37c'est des IA qu'il faut utiliser, qu'il faut utiliser au quotidien et sur lesquelles surtout
01:00:41il ne faut jamais se limiter à la première réponse qui est fournie par ces systèmes là,
01:00:45il faut savoir insouffler un peu nous même dans ces outils et pour ce qui est de la partie de la
01:00:52substitution, moi j'ai déjà rencontré des directeurs techniques autour de moi qui me disaient ne pas
01:00:58recruter, ne plus recruter de développeurs qui n'utilisent pas un chat GPT ou un copilot au
01:01:02quotidien, qui considèrent ça comme une faute professionnelle. C'est en train de devenir un
01:01:06outil indispensable, en tout cas dans ma profession. Il peut que ce soit le cadre de
01:01:13profession plus tard mais ça ce ne sera pas à moi de le dire. Alors merci, merci à tous les deux,
01:01:19je vous propose maintenant d'ouvrir nos chakras de la réflexion avec l'excellente vision prospective
01:01:24d'Olivier. Olivier, nous t'écoutons avec la plus grande des attentions. Merci Marine.
01:01:28Éternel débat de la propriété intellectuelle et du parasitisme culturel où se trouve la limite
01:01:35entre inspiration et copie, entre production et reproduction. Le droit répond en grande partie à
01:01:40cette question et les belligérants près 2022 connaissaient bien les conséquences. Novembre
01:01:462022 a sonné comme un coup de tonnerre dans le ciel déjà encombré d'autres nuages comme le
01:01:50streaming, de l'industrie créative et de la musique. L'IA change le monde, la donne, les
01:01:56rapports de force dans une humanité globalisée. Si j'affirme au prisme de l'innovation technologique
01:02:01que l'IA générative offre de nouvelles façons de découvrir et de créer de l'art, je m'expose
01:02:06déjà à des critiques tant cette révolution technologique pose de sérieuses questions sur la
01:02:11propriété intellectuelle et l'impact sur les artistes humains. On en parlait justement à l'instant.
01:02:17La question posée à l'époque des Lumières a fondé la conviction que la propriété intellectuelle est
01:02:22le fruit du travail de l'auteur, ce qui lui confère le droit exclusif d'en jouer. Ainsi,
01:02:29si nous appliquons cette logique à l'IA qui détient la propriété intellectuelle des oeuvres
01:02:33créées par celle-ci, est-ce le programmeur qui a codé l'IA, est-ce l'IA elle-même ou personne ? Le
01:02:39consensus actuel qui va certainement évoluer a désigné personne comme propriétaire de l'oeuvre.
01:02:45Kant de son côté voyait dans l'art l'expression de la liberté de l'artiste. L'art selon lui est
01:02:52une manifestation de la créativité humaine, une qualité unique qui est inhérente à l'homme. Le
01:02:57droit d'auteur moderne est basé sur l'idée que l'auteur est un individu, il nous l'a rappelé,
01:03:02qui crée une oeuvre originale, ce qui n'inclut pas les IA. Pourtant, l'IA peut désormais produire
01:03:08des oeuvres qui ressemblent à s'y méprendre à des oeuvres créées par des humains, dans leur
01:03:13qualité d'exécution mais également dans leur originalité. L'IA en tant que produit de
01:03:19l'intelligence humaine est-elle capable d'atteindre le même niveau de créativité que la nôtre sans
01:03:24la compréhension émotionnelle et sensible que nous, êtres humains, possédons ? La question
01:03:30pourrait être complétée, si j'étais provocateur, par « jusqu'à quand ? ». L'IA générative enfin
01:03:36repose sur un apprentissage massif s'appuyant sur des millions d'oeuvres originales modélisées,
01:03:40capturées sur la toile par des robots. L'intégralité des gouvernements planchent activement sur le moyen
01:03:45de ménager la chèvre et le chou, entre la rémunération pour l'usage des ayants droit et
01:03:51ne pas mettre de frein à l'innovation, laissant les sachants œuvrer et formuler les textes de
01:03:56régulation ad hoc. Mais au-delà de la régulation, l'IA pose des défis majeurs pour les artistes
01:04:01humains. Leur place dans la société, l'art peut maintenant être produit en masse et à moindre
01:04:06coût sans artistes ou presque. Face à cela, les artistes humains peuvent se sentir menacés et
01:04:11dévalorisés. Mais il faut rappeler que l'IA n'est qu'un outil, un moyen et non une fin en soi,
01:04:16tout comme la liberté, disait un autre grand homme. L'IA pose des questions nouvelles et
01:04:22passionnantes dans le domaine de l'art, mais elle pose également des défis majeurs en matière de
01:04:26propriété intellectuelle et d'impact sur les artistes humains. C'est une question technique
01:04:30aux conséquences sociétales. L'IA a le potentiel de transformer l'art, mais elle ne doit pas le
01:04:36déshumaniser. En est-elle capable ? L'art reste un domaine d'expression, de créativité et de
01:04:42liberté, réservé jusqu'à présent aux humains. La société est-elle à l'aune de perdre son
01:04:47humanité ? Vous avez quatre heures. Des réactions ? Juste une réaction. Il ne faut pas prendre tout
01:04:54contenu pour une création ou n'importe quel contenu pour une création. Et on est dans une société du
01:05:01contenu, mais la création, c'est un privilège. Et je vais rebondir sur ce que vous disiez,
01:05:09simplement. Tu as dit d'une manière un peu impérative, on doit utiliser l'IA. On peut
01:05:15utiliser l'IA. On peut aussi continuer à jouer de la guitare avec ses doigts. On peut aussi
01:05:20continuer à écrire un poème avec un stylo. Et on peut continuer. Donc, tout est possible.
01:05:25Effectivement, c'est une des itérations, une des possibilités. Ce n'est pas un impératif.
01:05:30Bruno ? Moi, j'aurais peut-être juste envie de laisser une question en suspens pour l'auditeur.
01:05:38Est-ce que d'après, on était bien quatre humains autour de la table ou est-ce que l'un de nous
01:05:42était une IA générative ? C'est une excellente question. On va finir là-dessus. J'ai bien aimé
01:05:49aussi, Marc-Olivier, quand tu as dit que la création est un privilège. C'est vrai qu'il
01:05:52ne faut pas l'oublier. Merci à tous les trois d'avoir partagé votre temps, vos connaissances,
01:05:58votre vision. Moi, je vous dis à très vite pour un prochain épisode. Salut ! Merci Marine.
01:06:05Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendancy Know. Un grand merci pour
01:06:10votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante
01:06:14que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous
01:06:19pouvez retrouver Tendancy Know sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion.
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01:06:28commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes,
01:06:32suivez-nous sur les réseaux sociaux de Decaposte et de Wagmeetrends. A bientôt pour un nouvel épisode
01:06:38placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer,
01:06:44à innover et à créer.

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