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À 9h20, la romancière Delphine de Vigan est l'invitée de Charline Vanhoenacker. Elle vient de publier sa première pièce de théâtre "Les Figurants" chez Gallimard.

Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-28-octobre-2024-5360207

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Transcription
00:00Et Charline Vanhoenacker, vous recevez une romancière !
00:03Bonjour Delphine de Vigan !
00:05Bonjour Charline.
00:06Ça va, vous avez bien dormi ?
00:07Oui, très bien.
00:08Je pose cette question parce que je me dis en matinale on ne la pose jamais alors ça
00:11me paraît évident, n'est-ce pas ? Et puis les écrivains ont souvent un rapport spécial
00:17à la nuit.
00:18Oui, ça m'arrive d'avoir des nuits un peu compliquées mais ce n'était pas une trop
00:23mauvaise nuit.
00:24Alors allons-y ! Vous avez écrit plus d'une dizaine de romans et vous venez de publier
00:28votre premier texte de théâtre, « Les figurants » chez Gallimard.
00:33Cinq figurants sont réunis sur un tournage, sous la houlette d'un super assistant.
00:37Ils ignorent totalement de quel film il s'agit, ni ce qu'on va leur demander de faire.
00:41Les grands acteurs et le grand réalisateur n'apparaissent pas, ce sont des voix off.
00:46Donc dans ce texte, les figurants deviennent les personnages principaux, tandis que les
00:51grands acteurs s'effacent comme des figurants.
00:54Delphine de Vigan, faire de la figuration déjà, c'est faire partie du décor.
00:59Il faut en prendre son parti, ça ?
01:02Oui, tout à fait.
01:03Les figurants, c'est vraiment une forme de décor presque mouvant, humain.
01:08C'est-à-dire qu'il s'agit pour eux d'être là sans être là, ils rendent crédibles
01:12les scènes de cinéma.
01:13Si jamais vous tournez une scène dans une gare ou dans un restaurant, il faut qu'il
01:18y ait du monde derrière et en même temps, il faut que ces gens-là, on ne les voit pas
01:21trop.
01:22C'est un peu le paradoxe du figurant, il doit être là sans être là, il ne doit
01:25pas non plus attirer l'attention.
01:26Justement, ces figurants, ils se posent la question de donner du sens à ce qu'ils
01:31font alors ?
01:32Oui, en l'occurrence, dans la pièce, en effet, ils sont sur un tournage dont manifestement
01:38le réalisateur n'est pas très inspiré, ils ne sont pas très informés en règle
01:44générale.
01:45Sur les vrais tournages, on leur donne quand même un peu d'informations sur ce qui se
01:48passe, sur ce qui tourne.
01:49Mais là, en effet, ils sont dans un film un peu absurde et ils ne savent pas très
01:54bien quels sont les tenants et aboutissants de ce à quoi ils participent.
01:58Ils se disent un peu, qu'est-ce qu'on fout là ? Qu'est-ce que je fous là ?
02:00On peut prendre deux exemples, il y a Bruno qui est le figurant professionnel et Sylvie
02:05qui est l'ex-infirmière.
02:06Quel sens ils donnent chacun à la figuration ?
02:08En fait, ce sont des profils très différents et c'est vrai que les figurants viennent
02:12d'horizons très différents.
02:13Bruno, c'est le super, c'est l'archétype du figurant, ça fait 25 ans qu'il fait ça,
02:18il a fait tous les tournages, il a fait toutes les guerres, il a rencontré tous les acteurs,
02:22il a tourné avec Gérard, il a tourné avec Marion, il a tourné avec tout le monde, il
02:25est fier de montrer ses photos.
02:26C'est quelqu'un qui aime être dans la magie du cinéma, il aime faire partie de
02:32la magie du cinéma.
02:33Cécile, c'est une ancienne infirmière et de plus en plus dans la figuration, on rencontre
02:37des gens qui viennent d'horizons très différents, qui ne sont pas forcément des comédiens
02:41ou des intermittents qui cherchent à faire leurs heures, qui font ça plutôt pour boucler
02:46leur fin de mois, voire pour rompre une forme de solitude.
02:49C'est le cas par exemple de retraités qui maintenant participent à des figurations.
02:53En fait, on dit les figurants, mais en enquêtant un peu sur eux, je me suis rendue compte que
02:59vraiment il y avait des profils extrêmement divers.
03:01Oui, et Cécile, infirmière, certains lui disent « au moins toi, tu existes ». Vous
03:07inversez la hiérarchie d'un tournage de cinéma dans cette pièce, c'est-à-dire
03:12que vous retournez la hiérarchie comme une crêpe.
03:15C'était vraiment l'idée de départ, c'était en effet de mettre les figurants
03:18sur le devant de la scène, de leur offrir le premier plan, puisque par définition ils
03:22sont toujours à l'arrière, et à un moment donné de leur offrir le premier rôle et
03:30d'inverser totalement les choses avec cette idée bien sûr derrière ça que la figuration
03:35et d'une manière générale peut-être le plateau de cinéma est une sorte de métaphore
03:42de la hiérarchie sociale.
03:43Ils sont un petit peu en bas de l'échelle, ils le disent souvent, certains figurants
03:46disent « on est les prolos du cinéma ». Il me semblait qu'il y avait quelque chose
03:50à raconter à travers ça sur l'invisibilité de certains métiers, on en a beaucoup parlé
03:55au moment du Covid, des gens qui sont absolument indispensables à créer quelque chose, en
04:02l'occurrence à fabriquer du cinéma, et en même temps dont on ne parle pas et encore
04:06une fois qu'on relègue au second plan.
04:09Au-delà de ça, chemin faisant, je me suis rendue compte que parler de la figuration
04:14c'était un peu parler de nous, qu'en fait nous sommes tous des figurants, que nous appartenons
04:20à une histoire qui a commencé bien avant nous et qui se terminera je l'espère bien
04:24après nous, dont nous ne mesurons pas non plus complètement les tenants et aboutissants,
04:29et parfois dont nous ne comprenons pas tout à fait les enjeux.
04:32Et il me semblait que c'était assez existentiel finalement cette question.
04:34On le vit à chaque instant, regardez c'est comme dans ce studio, l'acteur principal
04:39de la matinale, Simon Le Baron, vous avez disparu, il est devenu figurant.
04:42Oui, je ne suis pas dans la scène, j'ai été coupé au montage de 9h20 à 9h15.
04:47Mais c'est très politique cette Delphine de Vigo, alors c'est peut-être une déformation
04:50professionnelle que j'ai de voir un peu de la satire politique partout, mais la magie
04:56du cinéma, elle repose sur le prolétariat, c'est-à-dire ceux qui se caillent les miches
05:00en mangeant du quatre-quarts avec du café froid.
05:03Oui, ça l'est tout à fait, et d'ailleurs je fais dire ça à un des personnages, Nora,
05:07qui est un petit peu la rebelle du plateau.
05:09On la sent syndicaliste elle.
05:11Oui, en fait elle a envie du collectif, elle a envie justement que les figurants à un
05:15moment donné prennent conscience de leur statut, de leurs droits, etc.
05:20Mais oui, bien sûr qu'il y a un fond politique en même temps, mon travail, c'est ce que
05:26j'ai fait jusque-là, c'est de l'aborder, je l'espère, encore une fois par la métaphore,
05:31par la nuance, par les personnages, etc.
05:33Mais quand elle dit, oui, des gens en effet qui se caillent les miches et qui mangent
05:38du quatre-quarts industriel dehors quand d'autres ont un repas chaud bien au chaud
05:43et qu'on leur apporte le parapluie pour arriver sur le plateau, ça ne vous rappelle pas quelque
05:47chose ? Bah oui, ça nous rappelle quelque chose.
05:48Si Bruno Retailleau, quand on lui porte son parapluie, il n'est pas capable de le porter
05:52tout seul.
05:53Il n'est pas le seul et c'est vrai que cette idée de classe sociale qu'on retrouve
06:01aussi sur le plateau du cinéma.
06:03Est-ce qu'il s'agit d'une pièce de théâtre, les figurants, est-ce que le théâtre semble
06:08moins ingrat que le cinéma à cet égard ?
06:10Alors là, je ne saurais pas vous dire parce que c'est vraiment un univers que je connais
06:14très peu en fait.
06:15Je connais mieux d'une certaine manière le cinéma pour avoir été plusieurs fois
06:19sur des tournages.
06:20Et avoir réalisé un film aussi.
06:22Oui, il y a longtemps absolument.
06:25Et puis là, en l'occurrence, je me suis amusée à me faire embaucher comme figurante
06:28sur certains tournages.
06:29Mais bon, même en tant que romancière, j'ai été adaptée plusieurs fois, donc je connais
06:33mieux le plateau de cinéma que la hiérarchie du théâtre.
06:36Et est-ce que c'est le théâtre qui permet le mieux de mettre à nul cinéma comme vous
06:39le faites ?
06:40Là, je trouvais ça amusant en tout cas, cette idée de transposer le plateau de cinéma
06:43sur un plateau de théâtre, ça m'amusait.
06:46Et il y a aussi dans la pièce cette idée de faire jouer au public de théâtre le rôle
06:50des figurants.
06:51Puisque le super-assistant que vous avez évoqué s'adresse au public comme à des figurants.
06:57Alors lui, il est puissant parce qu'il a un talkie-walkie.
06:59Oui, il est trop content.
07:00C'est son jouet.
07:01Il est très fier.
07:02Delphine de Vigan, vous l'avez dit, vous vous êtes faite embaucher comme figurante.
07:06Donc incognito, en immersion sur des tournages.
07:09Quelle réponse vous êtes venue chercher en vous infiltrant parmi eux ?
07:12En fait, je voulais surtout voir comment ça se passe de plus près pour pouvoir le raconter.
07:17Parce que la pièce avait une vocation, une ambition documentaire, pas seulement métaphorique
07:24comme je l'ai évoqué, mais aussi documentaire.
07:26Donc je voulais trouver des informations et surtout rencontrer des figurantes et des figurants.
07:30Et ça a été l'occasion de beaucoup d'échanges.
07:33Voilà, parce qu'on attend énormément et d'ailleurs la pièce joue de ça, de cette
07:38attente.
07:39Tous ces temps un petit peu morts où les gens se racontent.
07:42Là, les personnages, Cécile, Orso, etc. qui vont se rencontrer pour la première fois
07:47sur ce tournage, dans l'attente, vont se confier, vont se dévoiler.
07:52Et c'est ce qui se passe.
07:53Donc j'attendais ça.
07:54J'avais envie d'entendre parler un peu les uns les autres et puis il y a certaines figurantes
07:59ou figurants que j'ai pu rencontrer par la suite.
08:01Je leur ai donné rendez-vous pour qu'on échange davantage et cette fois en tant que
08:04romancière.
08:05Qu'est-ce que vous auriez découvert de surprenant de la figuration et de son système ?
08:09Ce qui m'a amusé, c'est des termes par exemple qu'on emploie et dont je me suis
08:15amusée ensuite dans la pièce.
08:17Les recycler par exemple, ça m'a fait penser aux déplacés.
08:20Oh là là, figurants et recycler, double peine !
08:23Voilà, mais en fait, c'est-à-dire qu'ils sont dans une première scène avec un vêtement
08:28et puis on leur met un petit imperméable et on leur fait repasser dans une deuxième
08:31scène sans les reconnaître, un peu plus flou, un peu plus loin.
08:33On les recycle parce que ça coûte cher la figuration aussi.
08:36Et on découvre dans votre pièce Les figurants que quand on voit des scènes de boîte de
08:41nuit au cinéma, qu'est-ce qu'il y a ?
08:44Oui, c'est quelque chose qui m'avait beaucoup amusée sur mon film, c'est que
08:47les figurants dans des scènes de boîte de nuit, ils dansent sans musique.
08:51Pour qu'on puisse entendre le dialogue des acteurs, il faut évidemment qu'il y ait
08:55du silence.
08:56Donc, on leur donne quelques mesures et qu'il y ait 30, enfin 10, 20, 30 figurants dans
09:00une même pièce.
09:01Ils vont commencer par danser en musique et ensuite on arrête la musique et pendant
09:06parfois une heure, voire plus, ils se trémoussent sans musique en essayant de s'accorder.
09:11Et pour moi, il y a une forme de poésie aussi dans cette image.
09:16Moi, ça me brise la magie, mais vous, vous avez de la poésie ?
09:19Mais moi, justement, une des raisons pour lesquelles j'avais envie d'amener cette
09:23histoire au théâtre, c'était vraiment cette image de voir des figurants danser sans
09:27musique.
09:28Et on leur dit « parle poisson » aussi.
09:30Alors, parler poisson, c'est quelque chose que j'ai appris sur un tournage parce que
09:33je dignerais que ça existait.
09:34C'est effectivement parler sans parler, donc parler en silence, ce qui est très difficile
09:39parce qu'en fait, il faut quand même avoir l'air de parler.
09:42Donc, il faut que ce soit une conversation, on parle l'un après l'autre.
09:45Mais si on fait semblant de parler, on a tendance à parler en même temps.
09:48Donc, c'est une espèce de balai qu'il faut créer, que je trouve assez fascinant.
09:51Quelque chose qu'on ne peut pas faire en radio, ça parle les poissons, sinon il n'y
09:54a pas d'émission.
09:55Delphine de Vigueux, pendant votre infiltration, est-ce qu'on vous a reconnue ?
09:59Ça m'est arrivé une fois, j'en ai fait quelques-unes.
10:01Donc, globalement, j'avais trouvé un moyen notamment de m'attacher les cheveux, mettre
10:06des lunettes, des choses comme ça.
10:07On vous reconnaît à vos cheveux, en fait !
10:09Oui, c'est souvent.
10:10On peut faire un petit coup de babilis !
10:11Voilà, et puis un petit foulard, ça faisait assez bien l'affaire et les gens n'imaginent
10:17pas forcément non plus que je puisse être là.
10:19Donc, une fois, une chef de film a dit qu'une figurante était venue lui dire, il y a quelqu'un
10:22qui ressemble énormément à une romancière, etc.
10:25Mais vous avez pu palper ce manque de considération ?
10:29En fait, oui et non, c'est-à-dire que c'est plutôt quelque chose dont les figurants témoignent.
10:36C'est vrai que les tournages sur lesquels j'ai été, on était quand même plutôt
10:39bien traités.
10:40Mais de fait, si vous voulez, il y a malgré tout deux points de mesure qui sont liés
10:44au nombre.
10:45S'il y a 50 figurants, on ne peut pas les traiter comme le grand acteur ou la grande
10:49actrice.
10:50Donc, il y a quelque chose.
10:51À un moment donné, vous êtes invisibilisé parce que vous êtes absorbé par le collectif.
10:56D'ailleurs, on dit la figure, vous faites si les figurants, vous allez là, vous n'avez
11:01pas de prénom.
11:03Vous êtes une espèce de masse dans laquelle on va extraire 4-5 personnes qui vont être
11:07à l'arrière du café.
11:084-5 autres seront devant la vitrine et vous n'existez pas en tant qu'individu.
11:13Et par définition, très souvent, on vous dit non mais là, ne faites pas trop de gestes
11:18parce qu'on vous voit un peu trop.
11:19Donc, on doit vous voir mais pas trop.
11:22C'est peut-être aussi ça le paradoxe du figurant, c'est être là sans être là.
11:25Et vous êtes arrivé dans votre vie professionnelle d'être en quête de sens ?
11:29Bien sûr, tout le temps.
11:32Même en écrivant ?
11:33Tout le temps, bien sûr.
11:34C'est même assez obsessionnel si vous voulez.
11:37La vie serait plus confortable si j'avais le sentiment d'avoir trouvé le sens.
11:42Le théâtre, c'est un genre codifié.
11:45Vous avez trouvé comment, le moyen d'y déployer votre style ?
11:49Je ne sais pas si j'ai trouvé le moyen.
11:51En tout cas, ça m'amusait.
11:52Il y a une dimension qui est très ludique par rapport au roman.
11:55C'est un temps qui est ramassé.
11:57Là où le roman vous permet, évidemment, par la narration omnisciente ou par la focalisation
12:02interne d'avoir accès aux pensées des personnages, à leurs motivations profondes,
12:08à leurs inconscients, à leurs ressentis, le théâtre vous oblige à passer par autre chose.
12:12Notamment par ce qu'il se dit.
12:14Et là, c'était un vrai défi pour moi de parvenir à faire exister ces cinq figurants
12:21et le super assistant à travers juste le dialogue.
12:25Ce moment de la rencontre, puisqu'ils se rencontrent sur ce tournage, ils ont la journée
12:29à passer ensemble.
12:30Peut-être que, d'ailleurs, des choses vont naître entre eux, en tout cas des moments
12:34de confidence.
12:35Je me suis amusée de ça, mais il y a forcément quelque chose presque d'un peu frustrant
12:41puisqu'on est dans l'heure et demie ou dans l'heure 45 du théâtre.
12:46C'est réussir à faire exister des personnages, mais on ne pourra pas déployer sur 400 pages.
12:52Pourtant, vous réussissez quand même à déployer une certaine psychologie chez eux,
12:56vous ne pouvez pas vous en empêcher ?
12:57Non, bien sûr, parce que ce qui m'intéresse, moi, c'est la faille, c'est la fragilité.
13:03Donc, j'ai essayé de les faire exister et de les dessiner les uns par rapport aux autres
13:08parce que ce sont des personnalités très différentes.
13:10Il y a Joyce aussi, qui est cette jeune femme d'aujourd'hui, qui a envie d'exister,
13:15qui a envie d'être vue, qui se monte sur les réseaux, qui voudrait être comédienne.
13:21Voilà, qui est plus ou moins soi-disant australienne.
13:24Donc, je me suis amusée avec eux, avec leur profil.
13:28Oui, j'ai bien compris que vous étiez immergée et que vous aviez changé d'identité,
13:32usurpation d'identité d'Elphine de Vigan, c'est pas joli joli.
13:35Au fait, de Vigan, c'est très chic, ça sonne comme le nom d'un mousquetaire.
13:40Ah, merci.
13:41Oui, non, à ma connaissance, je n'ai pas d'ancêtre mousquetaire.
13:45Il n'y en a pas ?
13:46Non, non.
13:47Je pensais que vous faisiez des recherches à un moment pour voir s'il n'y avait pas
13:50un mousquetaire dans la famille.
13:51Ah non, j'ai fait assez peu de recherches, je dois dire, sur ce sujet.
13:55Bon, ça vous aurait plu.
13:56Je vous l'ai inventé pour vous, ce destin.
13:59Merci, merci.
14:00C'est un texte écrit pour être lu, Les Figurants.
14:04Mais ensuite, à qui allez-vous le confier pour qu'il soit joué ?
14:07En fait, j'avais envie des deux.
14:08Bien sûr, j'espère qu'il peut se lire.
14:10Pour ma part, j'aime beaucoup lire le théâtre, notamment le théâtre contemporain.
14:13Je trouve qu'il y a quelque chose…
14:14J'aime bien cette idée aussi de porosité entre les genres.
14:17Cette porosité à laquelle nous assistons maintenant entre le roman, la série, le cinéma,
14:22le théâtre.
14:23Donc oui, bien sûr, j'espère qu'il sera lu et j'espère qu'il sera mis en scène.
14:28Je le donne à lire précisément en espérant qu'il inspire une metteuse en scène ou un
14:34metteur en scène qui a envie de s'en emparer pour faire exister ses personnages.
14:38D'autant que le grand acteur et le grand réalisateur, on ne les voit pas.
14:41Ils sont comme un peu cancels.
14:42Donc, c'est une pièce préservée d'un Me Too, quoi.
14:45C'est sûr.
14:46Je vous aide à la vendre.
14:48Delphine de Vigan, suite à cette immersion, dans quel film on va pouvoir vous voir comme
14:54figurante, alors ?
14:55Alors, on peut me voir dans le…
14:57Il faut vraiment être très, très rapide et avoir un œil de lynx.
15:00Viser les cheveux !
15:01On peut me voir dans « Le consentement » de Vanessa Philo.
15:03On peut me voir dans un film qui s'appelle « Ma France à moi » de Benoît Cohen.
15:07On peut me voir dans une série qui s'appelle « Tout va bien » qui est sur Disney.
15:13Et ce qui est drôle, c'est que j'ai fait comme tous les figurants.
15:15C'est-à-dire qu'en fait, je me suis cherchée, évidemment.
15:18Puisque je savais que j'étais dans telle ou telle scène.
15:20Et je me suis dit, tiens, on va voir si on me voit.
15:23Oui, évidemment.
15:24On est tenté.
15:25Delphine de Vigan, le secteur du livre, il est un peu bousculé ces derniers temps.
15:29Les écrans, les rachats de Bolloré, les écrans de Bolloré, les petites poussées
15:33de censure, parfois.
15:35Comment vous voyez tout ça ? Est-ce que vous êtes préservée ? Vous êtes au-dessus de
15:40tout ça ? Ou ça vous traverse aussi ? Ça vous chamboule un peu ?
15:43Moi, je suis très préservée là où je suis.
15:46Mais ça ne veut pas dire que ça ne m'intéresse pas ou que ça ne me concerne pas.
15:50C'est vrai que j'ai la chance aujourd'hui d'avoir une liberté dans mon travail qui
15:54est immense.
15:56Mais je sais bien que ça n'est pas le cas de tout le monde.
15:59Galimard, c'est encore une oasis de liberté.
16:01Oui, sans aucun doute.
16:03Ça me fait penser, il y a un figurant qui sort un livre aussi bientôt.
16:06C'est Bardella.
16:07Il est figurant au Parlement européen.
16:09Il vous fait concurrence là-dessus.
16:13Delphine de Vigan, j'ai une dernière question pour vous.
16:19Une question Paula Jacques qui a officié longtemps sur cette antenne.
16:23Elle finissait souvent ses interviews d'artiste ou d'écrivain en posant cette question.
16:30Est-ce que vous préférez laisser un grand chef-d'oeuvre ou vivre un grand amour ?
16:36Elle m'avait posé cette question quand j'étais…
16:38Oui, et vous n'y avez pas tout à fait répondu il y a une dizaine d'années.
16:41Je vais répondre… Je dirais vivre un grand amour.
16:48On ne la laissera pas en suspens pour une prochaine fois.
16:51Delphine de Vigan, je rappelle que « Les figurants » est donc publié chez Galimard,
16:56votre premier texte de théâtre.
16:58Et la série « Les enfants sont rois », adaptée de votre roman,
17:02est disponible en ce moment sur Disney+.
17:04Merci.
17:05Merci à vous.
17:06Et bonne journée.
17:07Merci, vous aussi.
17:08Et merci Charline Vanhoenacker.
17:10Cette pièce sur « Les figurants », ça m'a fait penser à un César parodique
17:13remis il y a une vingtaine d'années par les Robins des Bois.
17:15C'était le meilleur acteur de second plan.
17:16Oui, tout à fait.
17:17Vous vous en souvenez ?
17:18Absolument, c'était très drôle.
17:19Être acteur de second plan, c'est être au premier plan si la personne devant se pousse un peu.
17:25On la met en panteau sur le livre.
17:26Merci.
17:27Merci Delphine de Vigan.
17:28Merci Charline.
17:29A demain.

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