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Christophe Lemoine, porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, était l'invité de BFMTV ce samedi soir.

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00:00Bonsoir Christophe Lemoyne. Bonsoir. Merci de nous accorder une interview. Ce soir vous êtes le porte-parole du ministère de l'Europe et des affaires étrangères.
00:06A mes côtés pour vous interroger Ulysse Gosset. Bonsoir Ulysse. Bonsoir. Quelle est la position de la France
00:12au sujet de cette riposte
00:14israélienne contre l'Iran ?
00:15La position de la France elle est claire et elle a toujours été claire dans le cadre du conflit au Proche-Orient.
00:20La France a toujours appelé à la désescalade et à la retenue.
00:23Le point pour la France c'est surtout de trouver et de dégager une solution diplomatique au conflit. Ce qui
00:29commence par une première étape qui est le cesser le feu, l'arrêt des opérations pour pouvoir ensuite
00:34développer une solution diplomatique. Donc c'est la position qui a été redite ce matin suite aux tirs de l'armée israélienne sur
00:41l'Iran qui ont eu lieu tôt ce matin.
00:43Encore une fois, appel à la désescalade, appel à la retenue et faire en sorte que les opérations cessent.
00:49Avez-vous vraiment l'impression que tous ces appels
00:52en toute direction sont entendus ?
00:54Nous l'espérons et encore une fois nous le redisons. Les faits semblent prouver le contraire.
01:00Les faits semblent prouver le contraire. De semaine en semaine. Il y a effectivement une situation avec des tensions qui s'accroissent,
01:07qui s'accroissent notamment au Liban, qui s'accroissent maintenant avec l'Iran. Donc c'est une situation qui est extrêmement préoccupante.
01:14Mais il faut dans ces circonstances là,
01:17continuer à rappeler, et c'est ce que fait la France par la voix de son ministre, rappeler que ce qui est important c'est de trouver
01:23in fine une solution diplomatique à cette crise. Et cette solution diplomatique commence par un cessez-le-feu, un arrêt des opérations.
01:31C'est un message que l'on porte depuis le début. Effectivement, ça fait plusieurs mois que la France porte ce message, mais elle est constante
01:39dans le message qui est porté. Encore une fois, il faut un arrêt des opérations et arriver à une
01:44discussion qui amène à une solution diplomatique au conflit.
01:48Vous parlez d'appel à la désescalade, mais est-ce que l'on s'adresse de la même manière à Israël ?
01:52Et à l'Iran ?
01:53La France parle à tous les protagonistes de la situation.
01:57Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barreau, ainsi que le président de la République, échangent avec l'ensemble
02:03des autorités des États qui sont impliqués dans le conflit. C'est le cas bien évidemment avec Israël. Il y a un dialogue qui est
02:11régulier et soutenu entre le président de la République et le premier ministre Netanyahou.
02:16Il y a aussi des échanges avec le président de la République Pézéchkian, le président de la République iranienne.
02:22Dans cette désescalade, pour revenir à ma question, est-ce que vous mettez sur le même plan Israël et l'Iran ?
02:26Alors non, on ne leur dit pas la même chose à l'un et à l'autre, mais ce qui est important, c'est que ce sont deux parties.
02:31Que dites-vous à l'Iran ?
02:32Encore une fois,
02:34c'est un appel à la retenue, un appel à la non-riposte dans ce cas. Pour le coup, encore une fois,
02:40appeler à la désescalade, c'est appeler à la retenue de l'ensemble des partis.
02:45Est-ce que la France a été prévenue de cette attaque israélienne contre l'Iran ?
02:50Alors on en a pris note ce matin, on a effectivement vu qu'il y avait eu une attaque sur l'Iran ce matin et c'est ce qui a
02:57généré la réaction que nous avons eue ce matin d'appel à la désescalade.
03:00Est-ce que la France considère qu'Israël a fait preuve de retenue, justement, en attaquant, je dirais, seulement, entre guillemets,
03:07des sites de radars et non pas ni les installations nucléaires iraniennes, ni les sites pétroliers iraniens ?
03:14Est-ce qu'on peut considérer qu'Israël a fait preuve de mesure et
03:18s'est engagé dans une frappe, je dirais, limitée pour ne pas provoquer à nouveau une escalade ?
03:23Encore une fois, la position de la France, c'est un arrêt des opérations, c'est-à-dire que
03:28on arrivera à
03:29quelque chose et on arrivera à une solution qui sera pérenne, à une solution qui permettra de garantir
03:34et la sécurité d'Israël et la sécurité de l'ensemble de la région si on arrive à obtenir
03:38une solution diplomatique qui soit négociée entre tout le monde.
03:41Donc pour le moment, la première des étapes, c'est déjà d'appeler à la retenue, d'appeler à la désescalade
03:47et d'obtenir un cessez-le-feu afin que ça puisse créer les conditions de la mise en oeuvre d'une situation plus diplomatique.
03:54Est-ce qu'on peut dire que l'Iran et Israël sont en guerre aujourd'hui ?
04:00Je ne sais pas si le terme est vraiment celui-là, mais en tout cas, il y a des échanges de tirs et des échanges de requêtes
04:07entre Israël et Liban, puisqu'évidemment, les tirs de ce matin étaient, selon l'armée israélienne,
04:12une réponse aux tirs iraniens.
04:17Évidemment, il y a une situation conflictuelle entre les deux qui est patente.
04:20Pour les États-Unis, les frappes d'Israël en Iran se représentent de l'auto-défense,
04:26ce que dit la Maison-Blanche. Est-ce que vous reprendriez ce terme-là ?
04:30Oui, c'est effectivement les mots qu'a employé la Maison-Blanche ce matin.
04:34Encore une fois, la France préfère voir ce qu'il y a devant et le processus qui doit être mis en place pour obtenir une désescalade.
04:41C'est pour nous l'essentiel, quelle que soit la nature de la frappe qui a été réalisée ce matin.
04:47C'est une frappe qui ne s'intègre pas bien dans cette logique qui devrait prévaloir,
04:53qui est une logique de discussion, une logique de négociation pour atterrir et pour arriver à une solution diplomatique au conflit.
05:00Un signe, un seul signe de désescalade que vous auriez identifié ces dernières semaines, j'oserais même dire ces derniers mois ?
05:09C'est difficile à dire. Encore une fois, la situation sur le terrain est complexe.
05:14Il y a différents fronts qui sont ouverts et c'est une situation qui est un peu protéiforme.
05:20Donc, des signes de désescalade, il est peut-être difficile d'en voir aujourd'hui.
05:25Encore une fois, on a espoir qu'on arrive à...
05:29Je reviens aux appels de la communauté internationale.
05:31On pourrait considérer, vous allez peut-être nous le dire d'ailleurs Ulysse, que les États-Unis ont, à travers la voix de Joe Biden,
05:37peut-être permis qu'Israël ne s'en soit pas pris au site nucléaire pétrolier.
05:42Non, mais les Américains ont demandé il y a une semaine à Netanyahou de ne pas lancer une attaque.
05:47C'était il y a une semaine. Et de mesurer vraiment l'ampleur de l'attaque, ce qui semble-t-il, pour la première fois, a été fait.
05:53C'est-à-dire qu'il y a une forme, je ne dirais pas de modération, parce qu'on est dans une situation de guerre,
05:58même si c'est une guerre limitée et que l'on redoute une guerre totale.
06:01Mais est-ce que, comme signe de désescalade, en tout cas de volonté désescalade,
06:05il n'y a pas le fait justement que cette attaque israélienne ait été de portée limitée ?
06:10Ce sera faire une interprétation de l'attaque israélienne de ce matin.
06:16Et je ne suis pas sûr qu'il m'appartienne de la faire.
06:19Mais simplement, encore une fois, il y a eu une frappe.
06:24Auriez-vous préféré qu'Israël ne riposte pas du tout ?
06:27Encore une fois, tout signe, ça aurait été un vrai signe de désescalade.
06:30Pour le coup, ça aurait été vraiment un signe de cessation d'opération
06:35qui risque de porter en elle le germe d'une escalade.
06:38Autre question, il y a moins d'un mois, l'Iran menait une attaque contre Israël.
06:45Que devait faire Israël en guise de réponse alors ?
06:48C'est justement l'engrenage que l'on cherche à stopper.
06:52On peut très bien entrer dans un engrenage d'attaque et de riposte à la riposte.
06:58L'idée que porte la France depuis le début,
07:01c'est d'avoir un cessez-le-fait et une cessation des opérations
07:04et une issue qui soit négociée de manière diplomatique.
07:08C'est vraiment tout le sens du message que porte la France depuis le début
07:13pour éviter de se retrouver dans une logique de riposte et de contre-riposte
07:18qui est de toute façon dommageable à la sécurité de la région
07:21et surtout qui porte en elle toujours le risque d'une escalade dans les opérations.
07:27Est-ce qu'on peut passer de l'Iran au Liban, si j'ose dire ?
07:30Il y a eu une conférence importante en France cette semaine,
07:33un milliard de promesses de dons et d'argent pour reconstruire le Liban.
07:38D'abord, très concrètement, les gens se disent que c'est un chiffre assez spectaculaire,
07:42un milliard, mais quand et comment cet argent va arriver au Liban ?
07:45Quelle est la suite, si j'ose dire ?
07:47Effectivement, cette conférence qui a été organisée jeudi dernier à Paris
07:51et qui a réuni 70 États et organisations internationales à l'initiative de la France
07:56a permis de réunir un ensemble d'un milliard de dollars de dons
08:01qui se répartiront sur différents chapitres.
08:06Il y a 800 millions de dollars qui vont être consacrés directement
08:12à l'aide humanitaire qui va être apportée aux populations libanaises.
08:17Encore une fois, les populations libanaises payent un lourd tribut à ces opérations.
08:21Il y a près d'un Libanais sur cinq qui est déplacé, ce qui est quand même énorme.
08:25C'est une population qui est en manque de toute une série de besoins,
08:28même les plus élémentaires.
08:30Ces 800 millions de dollars ont vocation à apporter le soutien nécessaire
08:35à la population civile pour amortir les effets des frappes.
08:39La deuxième partie, ce qui constitue 200 millions de dollars
08:43qui ont été levés jeudi dernier, ce sont des fonds qui sont destinés
08:47au renforcement et au soutien des forces de sécurité libanaises,
08:51tout particulièrement les forces armées libanaises.
08:53Effectivement, c'est un point aussi clé du règlement de ce conflit.
08:57Il faut avoir des forces de sécurité libanaises en mesure d'assurer
09:02leur mandat de manière effective pour être pleinement capables
09:05d'assurer un contrôle sur l'ensemble du territoire du Liban.
09:08Et donc, c'est un préalable qui permettra par la suite
09:12la mise en place d'une situation politique.
09:14Nouvelle réaction à l'instant, cette fois d'un ministre israélien
09:18d'extrême droite.
09:20Israël a une obligation historique de faire cesser la menace iranienne.
09:27Dans les faits comme dans les déclarations, on ne va pas encore une fois
09:29vers une désescalade.
09:31Dans la déclaration d'un ministre israélien, peut-être encore une fois,
09:35l'objectif, et c'est l'objectif qui a été redit jeudi lors de la conférence de Paris,
09:40et je pense que les 70 États qui étaient présents se sont accordés
09:44sur ce point-là.
09:45Il y a une nécessité extrêmement manifeste de faire cesser les opérations
09:49et d'obtenir un cessez-le-feu.
09:51C'est ce qui avait déjà été demandé pour Gaza,
09:53c'est ce qui est demandé pour le Liban maintenant.
09:55Encore une fois, ce sont des cycles de violence qui ne peuvent pas
09:58amener à une situation d'apaisement et de calme, et à terme,
10:02et à un règlement pacifique du conflit avec la mise en place
10:05de garanties de sécurité pour tout le monde, tant Israël que le Liban.
10:09Vous parliez de la conférence de Paris qui s'est tenue jeudi,
10:12la conférence internationale sur le Liban,
10:15durant laquelle Emmanuel Macron a eu des mots qui ont, j'oserais dire,
10:20encore fait polémique à propos d'Israël.
10:23On ne défend pas une civilisation en semant la barbarie, façon de répondre
10:26à Benyamin Netanyahou qui, la veille, avait évoqué, je cite,
10:29une guerre de civilisation contre la barbarie.
10:33Les nouvelles déclarations d'Emmanuel Macron qui font polémique,
10:37qui choquent une partie de la communauté juive,
10:43comme d'autres déclarations en l'espace de peu de temps,
10:47est-ce que ces propos sont opportuns ?
10:49Le président de la République a été à l'initiative de cette conférence de Paris
10:52et de la réunion de la conférence de Paris, c'est lui qui en a eu l'idée,
10:55parce qu'évidemment, il a prononcé la session inaugurale
10:59dans laquelle il a rappelé tout le soutien que la France apportait
11:02à la population libanaise dans un premier temps,
11:05mais aussi ce que je vous disais, c'est-à-dire toute la position de la France
11:08qui consiste à avoir une posture de désescalade.
11:12Le CRIF dit que le président met symboliquement dos à dos
11:15les vrais barbares du Hamas et du Hezbollah et la riposte d'une démocratie attaquée,
11:18je le cite.
11:20Oui, je ne me reviens pas de commenter ces propos-là,
11:25mais encore une fois, l'exercice de la conférence du Liban jeudi
11:30était un exercice positif de soutien à la population libanaise,
11:34l'objectif a été pleinement rempli,
11:37et pour ça, je pense que nous pouvons nous en féliciter.
11:40Mais vous ne m'avez pas répondu à quand ce milliard, je dirais,
11:43est sur le sol libanais, comment en est concrètement les 1,5 millions de réfugiés,
11:47et puis surtout, comment on arrête la guerre ?
11:49Pour l'instant, Israël n'arrête pas du tout les bombardements
11:52et n'arrête pas non plus de cibler la finule, les casques bleus,
11:56alors que le président de la République a dit qu'il faudrait envoyer
11:586 000 casques bleus de plus.
12:00Donc on est dans une impasse, comment vous voyez d'abord le concret,
12:03l'aide, et puis comment arrêter la guerre ?
12:05Concrètement, l'aide qui a été collectée jeudi dernier à Paris
12:10et qui est une aide en numéraire va se transformer effectivement
12:13en chose extrêmement concrète, et cela va être fait et coordonné
12:17notamment par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères
12:19ici à Paris, au travers de partenaires locaux
12:22avec lesquels nous avons pleine confiance,
12:24pour pouvoir justement apporter une aide concrète aux populations
12:28sur le terrain.
12:29Ce qui veut dire que l'ensemble des fonds qui ont été récoltés
12:32vont se transformer plus ou moins rapidement dans des projets concrets,
12:37dans de l'aide humanitaire très immédiate au début,
12:40et puis ensuite dans des projets qui seront peut-être des projets
12:43plus de l'ordre de la reconstruction.
12:45Mais ça c'est le premier volet, et c'est le volet le plus immédiat,
12:48parce qu'il y a une situation qui, en termes humanitaires,
12:51est très inquiétante au Liban.
12:53Encore une fois, un Libanais sur cinq qui a dû quitter son domicile
12:56et qui est déplacé, c'est jamais vu et c'est énorme,
13:00et ça nécessite de mettre en place différents moyens.
13:03Le deuxième point, pour répondre à votre question sur la finule,
13:06on est plus dans un moyen terme.
13:08Encore une fois, lors de la conférence de Paris,
13:11il a été rappelé que le cadre dans lequel se cessait le feu
13:17et la mise en place d'une solution diplomatique,
13:20c'est la résolution 17-01 du Conseil des Nations Unies.
13:23C'est une résolution qui date du mois d'août 2006,
13:26mais qui fixe un cadre extrêmement complet
13:29pour une solution politique sur le terrain,
13:32puisque ce cadre fixe d'une part les conditions de sécurité d'Israël,
13:35et d'autre part le retour de la souveraineté des institutions libanaises
13:39sur l'ensemble du territoire libanais.
13:41Dans ce cadre, la finule est un élément extrêmement important,
13:45puisqu'elle joue ce rôle depuis sa création.
13:48Elle est là pour faire désintermédier les conflits
13:52et assumer une présence qui contribue au maintien du calme dans la région.
13:57C'est un point qui est extrêmement important dans l'ensemble du dispositif.
14:02Merci Christophe Lemoyne d'avoir accepté notre invitation ce soir.
14:06Merci Ulysse, à tout à l'heure.

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