François Bayrou, président du MoDem et maire de la commune de Pau, était l'invité de BFMTV ce dimanche 24 novembre.
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00:00Bonsoir François Bayrou, merci d'être avec nous ce soir dans C'est Pas Tous Les Jours Dimanche.
00:07Président du MoDem, maire de Pau, haut-commissaire au plan dans les moments politiques troubles,
00:12je le disais il y a un instant et je crois que nous y sommes.
00:14Il faut toujours tendre l'oreille et écouter attentivement vos analyses, vos coups de semence,
00:19c'est ce qu'on va essayer de faire ce soir alors que depuis que le Rassemblement National a haussé le ton
00:23et menace de censurer le gouvernement, ce gouvernement Barnier vit peut-être ses dernières semaines.
00:28Question simple pour commencer François Bayrou, est-ce que vous pensez que Michel Barnier sera encore Premier ministre en janvier ?
00:32Je l'espère, je pense qu'il n'y a personne de responsable dans le pays qui puisse souhaiter que tombe, que chute
00:44un gouvernement qui a été nommé il y a deux mois.
00:47Mis à part les oppositions ?
00:50Alors peut-être que vous allez me trouver un peu idéaliste mais je pense depuis longtemps que nous sommes co-responsables.
01:00Tous les citoyens, les organisations politiques et syndicales et les partis politiques de majorité et d'opposition.
01:08Bien sûr on peut avoir des désaccords, des désaccords forts, des confrontations
01:12mais en vérité nous sommes co-responsables de ce que les Français voient et entendent.
01:18Et je suis persuadé que si on les consultait au fond d'eux-mêmes, ils ne veulent pas la perpétuelle instabilité,
01:27on a déjà connu ça à d'autres époques.
01:30Donc je souhaite qu'on ait cet esprit, qu'on fasse face aux nécessités de l'heure
01:39et aux responsabilités que des politiques et des citoyens doivent exercer.
01:44Vous dites François Bayrou, au plus profond d'eux, les Français ne souhaitent pas l'instabilité.
01:48Quand ils sont interrogés, en l'espèce dans la tribune dimanche, ils sont une majorité, courte certes,
01:52mais une majorité, à souhaiter que le gouvernement de Michel Barnier soit censuré.
01:55Il n'y a pas un élan populaire souhaitant que Michel Barnier reste Premier ministre ?
01:59Je n'ai jamais dit ça. Mais ce sondage dont vous parlez c'est 50-50.
02:0353 ?
02:04Oui, c'est 50-50. Et sans qu'on ait approfondi les conséquences de tout ça.
02:11Donc à mes yeux, il n'est pas responsable, et je le dis à tous les parlementaires,
02:20quels que soient leurs bords et même leurs sentiments.
02:25Quelquefois ils sont agacés, ils ont le sentiment de ne pas être entendus,
02:29de ne pas pouvoir s'exprimer, de ne pas porter des idées nouvelles auxquelles ils sont attachés
02:34ou des idées personnelles auxquelles ils sont attachés.
02:36Mais sur le fond, c'est un risque qu'on ne doit pas prendre.
02:40On va bien sûr décliner les risques financiers, ce qui va se passer à l'Assemblée avec cette discussion budgétaire.
02:45Mais vous dites, François Bayraud, il y a assez peu d'étonnement.
02:47Je ne souhaite pas que Michel Barnier soit renversé.
02:49Mais vous avez suffisamment d'expérience dans la vie politique pour voir que la situation est critique.
02:54Que Marine Le Pen dit et ses proches expliquent qu'ils sont sur le chemin de voter la censure.
03:01Si le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National votent de concert, le gouvernement tombera.
03:05La situation est critique.
03:07Je ne vous demandais pas tant votre souhait que votre pronostic, si j'ose dire.
03:11Mon pronostic, mon souhait, c'est la même chose, j'espère.
03:16Je voudrais partager avec ceux qui nous écoutent l'idée qu'un grand pays comme la France,
03:23dans le moment de crise que nous vivons, ne peut pas se permettre des chutes de gouvernements successives.
03:30On a connu ça, ça a amené les Français à changer d'institution, à changer de République.
03:35Le risque, c'est ça ? C'est une crise de régime si Michel Barnier est censuré ?
03:39C'est une crise en soi.
03:42Ce n'est pas une crise de régime, c'est une crise de la vie politique.
03:48Ça serait une crise de la vie politique française et il n'y a rien de plus souhaitable que de l'éviter.
03:55Sur Marine Le Pen, je le disais tout à l'heure, elle sera reçue demain matin à Matignon par Michel Barnier à 8h30 pour évoquer le budget.
04:02Est-ce qu'il faut faire des concessions à Marine Le Pen pour éviter qu'elle décide de joindre ses voix à celles de la gauche
04:09et donc que le gouvernement de Michel Barnier tombe ?
04:11Puisque la situation politique fait que c'est elle qui détient dans ses mains le sort du gouvernement de Michel Barnier.
04:17Ce n'est pas une question d'enchères et de surenchères.
04:21C'est une seule question d'intérêt national.
04:25Si l'on ne mesure pas aujourd'hui la situation, après sept ans, et c'est pourquoi chacun peut exprimer ce qui le tracasse
04:39ou ce qui est important pour lui dans le budget, en sept ans on a réussi quelque chose de formidable.
04:45Malgré les crises incroyables et successives, on a réussi à redonner de la France l'image d'un pays favorable à l'entreprise
04:53et on a réussi à créer combien ? Deux millions d'emplois.
04:58En dépit des gilets jaunes, du Covid, de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique et de l'inflation.
05:06On a réussi ça avec des pas en avant pour que dans le pays ça se passe mieux.
05:14Il ne faut pas qu'on accepte que tout ça soit remis en cause.
05:21Il ne faut pas qu'on accepte que simplement pour des raisons qui s'expliquent, de difficultés qu'on traverse, on remette ça en cause.
05:31J'essaie de bien comprendre François Bayrou et on reviendra sur la question de Marine Le Pen,
05:35parce que vous n'avez pas tout à fait répondu à la question.
05:37Vous dites, attention à ce budget qui risque de faire voler en éclat le bilan, notamment économique, du président de la République ces sept dernières années ?
05:48Je ne parle pas du président de la République, je parle de la France.
05:52Et le président de la République, quand il en parle, il ne parle pas du président, il ne parle pas de lui-même, il parle du bilan de la nation.
06:00Le bilan de la nation, c'est ça.
06:03Il y a beaucoup de gens, c'est une tradition française depuis longtemps,
06:07qui considèrent qu'au fond, l'entreprise c'est incontribuable comme les autres.
06:14Et pour moi, ça n'est pas incontribuable comme les autres.
06:18Pour moi, ce qui est le plus frappant, c'est que c'est là qu'on produit les richesses et qu'on multiplie ou qu'on perd des emplois.
06:28Donc vous dites, François Bayrou, comme Antoine Armand, le ministre de l'économie, attention à l'impôt de trop dans ce budget ?
06:35Ce n'est pas l'expression que j'emploie, mais je dis, le cœur du cœur de notre préoccupation, ça doit être notre économie et nos entreprises.
06:45Et il faut qu'on sorte, on est dans un moment, vous voyez bien, à cause des débats multiples et variés,
06:52on est dans un moment où il y a assez souvent un sentiment de découragement de la part, y compris des entrepreneurs.
07:00Vous voyez bien, la période est difficile en France, en Allemagne, en Europe, avec l'Ukraine, avec ce que Trump s'apprête à faire aux États-Unis,
07:11qui est une fermeture des États-Unis. La période est difficile.
07:16On a le devoir de porter non seulement de l'attention, mais un sentiment de vitalité.
07:25Sentiment de vitalité. Est-ce que la copie actuelle qui est en débat au Sénat est satisfaisante, eu égard à ces objectifs-là, à cet objectif que vous fixez ?
07:35Si vous connaissez la copie actuelle, vous avez beaucoup de chance.
07:38Vous la connaissez comme vous ?
07:39Parce que la copie, comme vous le savez, tout ça est reparti au Sénat à partir du texte initial qu'avait présenté le gouvernement,
07:48qui avait été changé, amendé, renversé, tourneboulé. C'est reparti au Sénat. On va voir ce qui sort du Sénat.
07:54C'est là que la vraie discussion budgétaire aura lieu, et elle aura lieu au sein de ce qu'on appelle la commission mixte paritaire,
08:02c'est-à-dire petits groupes de sénateurs, petits groupes de députés qui vont essayer de...
08:06Vous avez raison sur le flou relatif concernant la copie gouvernementale.
08:10Prenons un exemple très précis. Il y a tout un débat aujourd'hui sur la question des exonérations de cotisations.
08:14Savoir si, au fond, il faut revenir sur 4 milliards d'euros d'allègements de charges pour les entreprises.
08:21Les macronistes souhaitent qu'on laisse tous ces allègements.
08:24Michel Barnier, le gouvernement, dit non, il faut faire des économies.
08:27A proposé une position médiane consistant à dire sur les quatre, on n'en garde que deux.
08:31Est-ce que là, par rapport à ce que vous dites sur la nécessité de protéger les entreprises,
08:34vous dites attention à tout ce qui aboutirait à une augmentation du coût du travail ?
08:38Les exonérations de charges sont entièrement justifiées, entièrement à défendre, dès lors qu'il s'agit des plus bas salaires.
08:46Après, on peut regarder un réglage. Et je crois, j'imagine, je pense que c'est ce que le gouvernement a à l'esprit.
08:55Mais vous voyez bien, on est en train d'entrer dans les détails.
09:01Pour moi, ce que je souhaite, c'est une orientation générale d'un pays et d'un gouvernement
09:07qui, après bien des années d'errance, respecte et soutient les entreprises et les entrepreneurs.
09:15On va essayer de dire les choses clairement.
09:17Si vous dites ça, c'est que vous considérez aujourd'hui que le discours actuel ne l'est pas suffisamment.
09:20Si je dis ça, c'est parce qu'il y a énormément de débats, dans tous les sens, sur ce sujet.
09:26Et pour moi, vous savez, il y a une chose qu'on oublie trop souvent.
09:31Quand on parle d'économie, le budget, ce n'est pas une question d'arithmétique.
09:37C'est d'abord une question de dynamique.
09:40Est-ce qu'on peut faire repartir l'activité ?
09:42Si l'activité repart, il y aura des rentrées fiscales et il y aura de la création d'emplois.
09:47Donc le message, François Bayrou, sur le budget, c'est attention à ne pas casser le moteur économique.
09:51Je le dis autrement, priorité à soutenir les entreprises et les entrepreneurs.
09:58On continue à décortiquer ces sujets, mais je reviens à ma question initiale sur le RN.
10:02Vous dites, on rentre dans les détails, peut-être que la question est trop pragmatique.
10:05Comment est-ce que vous pouvez convaincre Marine Le Pen de ne pas renverser le gouvernement ?
10:10Marine Le Pen qui dit, Michel Barnier ne m'a pas écouté.
10:12Moi, je suis opposé à toute augmentation d'une taxe sur l'électricité.
10:16Si le pouvoir d'achat des Français est renié, je censurerai.
10:19Concrètement, comment est-ce que le gouvernement, le Premier ministre, peuvent réussir à débloquer cette situation politique ?
10:25C'est l'objet de la rencontre que demain matin a juste titre.
10:31Parce que je n'ai jamais été favorable à l'exclusion d'un parti ou de l'autre de la discussion parlementaire.
10:40Et même des responsabilités parlementaires au sein du Parlement.
10:44Chacun doit avoir sa place.
10:46Le groupe de Mme Le Pen, c'est le premier groupe du Parlement aujourd'hui.
10:51Et donc, il est légitime qu'ils la reçoivent.
10:54Ils vont échanger leurs points de vue.
10:56Mais c'est vrai que, pour moi, l'essentiel, c'est le moteur.
11:04Si la voiture perd son moteur, si elle perd sa dynamique, il y a de très grands risques.
11:12On a entendu François Bayrou, des responsables de la majorité du Bloc central, dire attention si le gouvernement est censuré.
11:18Edouard Philippe dit crise financière.
11:20Maude Bréjon, la porte-parole du gouvernement dans les colonnes du Parisien ce matin, dit scénario à la grecque.
11:24Est-ce que c'est aussi ce que vous craignez, que la censure, l'éventuelle censure, aboutisse à une crise financière ?
11:31La censure présente un risque, mais je déteste la dramatisation excessive.
11:36C'est ce qui est fait.
11:37Ça présente un risque, parce qu'évidemment, la France est fragile, et tout le monde voit que la fragilité politique s'ajoute à la fragilité économique.
11:49Et donc, on a raison de montrer les risques et les conséquences des décisions éventuelles qui seraient prises.
12:01Mais je ne pense pas et n'imagine pas qu'on puisse évoquer un scénario à la grecque.
12:08La France et la Grèce, ce n'est pas la même chose.
12:11Il y a quand même un paradoxe, François Bayrou, puisque je retiens ce que vous dites là.
12:15Vous dites que le scénario à la grecque, c'est excessif, mais il y a cette dramatisation.
12:21Vous dites aussi, il y a quelques instants, qu'il y a un risque que le moteur, dites-vous, ce qui est essentiel pour l'économie, soit grippé.
12:29Qui est responsable de tout cela ? Ce ne sont pas les oppositions.
12:32C'est le Président de la République et les conséquences de la dissolution.
12:35Est-ce qu'on ne passe pas un peu vite sur la responsabilité de première du Président de la République,
12:39qui, dans le cas d'espèce, a pris le risque que ce moteur-là soit grippé ?
12:43Je ne crois absolument pas à cette lecture.
12:46Ah bon ?
12:47Parce que quand le Président de la République a pris cette décision, il avait à l'esprit que la dissolution et la censure devenaient inéluctables.
12:59Oui, donc le résultat, il va y avoir la dissolution et peut-être la censure.
13:03Le moment, on peut en discuter, mais ce n'est pas le gouvernement qui l'a formé, c'est le gouvernement qui a été formé.
13:11Et Michel Barnier insiste beaucoup en toute indépendance et même avec une certaine distance à l'égard du Président de la République.
13:19Trop grande distance ?
13:21Non, non, non. Je vois bien que vous essayez de me pousser à des déclarations d'incendiaire.
13:28Non, pas du tout. Essayez de... Je ressens que les choses soient compréhensibles pour ceux qui l'engagent.
13:32Je n'en ferai pas parce que je ne pense pas que ce soit le moment de faire ça.
13:36Et donc, je ne pense pas qu'il y ait de trop grande distance. Je pense qu'il est légitime dans un gouvernement, dans la période que nous traversons,
13:45qui est une période que je n'appelle pas de cohabitation, que j'appelle de co-responsabilité.
13:51Ce sont des responsables publics qui ne sont pas ennemis les uns avec les autres.
13:57Ils n'ont pas toujours été du même avis, mais ils ne sont pas ennemis.
14:00Vous voyez bien qu'il y a des correspondances et des proximités.
14:04Et je ne veux pas participer à une vie politique où on passe son temps à faire exploser les antagonismes.
14:14Ça, j'ai compris François Bayrou. Un mot quand même sur la...
14:17C'est déjà pas mal que vous ayez compris ça.
14:19Oui, c'est ma première étape. Sur le fonctionnement du collectif gouvernemental.
14:22Quand un ministre de l'économie, dans le cas d'Espèce, Antoine Armand, fait une grande interview dans les colonnes du Parisien en disant
14:28« attention à l'impôt de trop », où au fond il met en garde contre le budget qu'il a lui-même à défendre comme ministre de l'économie.
14:35Pardon, mais là je pense à ceux qui nous regardent et se disent « la politique c'est devenu n'importe quoi ».
14:40En tout cas c'est devenu, comment on va dire ça prudemment, il arrive qu'il y ait des moments d'une certaine confusion.
14:47Parce que ce type d'échange, le ministre de l'économie est jeune, très jeune et donc fougueux.
14:55Mais ce type d'échange, il doit avoir lieu à l'intérieur du gouvernement.
14:59On n'a pas à prendre, à créer dans l'opinion le sentiment que les responsables publics seraient en désaccord.
15:10S'ils sont en désaccord, c'est la responsabilité du Premier ministre que de les mettre sur la même ligne.
15:18François Bayrou, si le gouvernement tombe, malgré tout on est obligé de se projeter dans ce scénario,
15:23s'ouvre une grande période d'incertitude. Qu'est-ce qui peut se passer ?
15:27Le Président de la République renommerait Michel Barnier, un gouvernement technique.
15:32Certains évoquent même, j'ai écouté ce matin Philippe Ballard, député du Rassemblement National,
15:36évoquer la possibilité d'une démission du Président de la République.
15:39Il y a des tas de gens qui depuis des années rêvent de plaies et d'affrontements aussi dangereux que cela.
15:50Pourquoi il ne doit pas y avoir de démission jamais du Président de la République ?
15:54Parce que s'il y avait démission d'un Président de la République, son successeur, quel qu'il soit,
16:00serait immédiatement poussé dans les cordes pour l'amener à une démission aussi.
16:08Je me souviens très bien des impopularités successives.
16:12Je me souviens d'avoir vu ma circonscription et ma ville placardées d'affiches
16:18sur lesquelles était écrit « François Hollande n'est pas mon Président ».
16:22Il faut que le Président soit le Président du pays.
16:25Il est la clé de voûte. Il est fonctionnellement la fonction de Président de la République.
16:35C'est ce qui assure la stabilité et, comme dit la Constitution, le fonctionnement régulier des institutions.
16:43S'il est la clé de voûte des institutions, que se passe-t-il si Michel Barnier tombe ?
16:49Pas de dissolution possible avant juillet prochain.
16:52Je pense à ceux qui nous regardent et qui sont inquiets quant à la situation politique.
16:57Vous avez énoncé des options. On peut accorder du crédit ou pas de crédit à ces options.
17:02Le Président a la faculté de renommer le même gouvernement ou le même ministre avec des inflexions.
17:09C'est une option institutionnelle. Je n'ai pas dit que c'était celle qui serait crédible, je ne le crois pas.
17:17Ce ne serait pas crédible de renommer Michel Barnier si Michel Barnier tombait ?
17:20C'est possible. Ça dépend de ce que le Premier ministre est le Président de la République.
17:25Mais ce n'est pas évidemment la réponse.
17:28Il y a une deuxième réponse au gouvernement technique, comme vous avez dit.
17:32Je n'y crois pas beaucoup parce que je n'ai jamais vu un gouvernement technique.
17:37Un gouvernement, c'est par nature politique.
17:40Le gouvernement décide pour le pays et avec le pays.
17:45Ou il nomme un nouveau gouvernement. Ça fait trois options.
17:50S'il nomme un nouveau gouvernement, Emmanuel Macron a fait le choix de regarder vers la droite en nommant Michel Barnier.
17:56Si Michel Barnier échoue, Emmanuel Macron pourrait regarder du côté du Bloc central.
18:03Je ne vais pas vous demander si vous souhaitez être Premier ministre.
18:06Est-ce que vous êtes disponible si Michel Barnier tombe pour être Premier ministre et former un éventuel gouvernement ?
18:14Tout à l'heure dans le couloir, vous m'avez dit que je suis content de vous recevoir parce que chaque fois que vous venez chez moi, vous donnez un scoop.
18:21C'est vrai que vous avez l'habitude de ne pas faire de langue de bois. C'est un bon test.
18:26Si je disais que non, jamais, je ne serais pas à la hauteur des responsabilités qui sont les miennes.
18:34Mais si vous traitez cette question en passant par les uns ou les autres, les personnalités des uns ou des autres, vous vous condamnez à la catastrophe.
18:46Écoutez-moi bien. On en crève des guerres d'égo.
18:51Très bien François Bayrou, mais je retiens que vous ne dites pas que je ne suis pas disponible.
18:56Je suis un citoyen qui fait de la politique dans sa ville, dans sa région et dans son pays.
19:06Puisqu'on ne fait pas de guerres d'égo, on va aller sur le fond.
19:09La question qui se pose, François Bayrou, c'est est-ce que vous avez des idées quant à la possibilité, si vous étiez nommé, de faire en sorte de débloquer cette situation politique qui est totalement sclérosée.
19:19Si vous vous retrouvez au mois de janvier à la place de Michel Barnier, est-ce que vous avez une idée de la façon de conduire les affaires du pays pour que ça marche mieux ?
19:27Je pense que la situation est déblocable. Je l'ai dit à Michel Barnier en son temps.
19:34Je pense qu'elle ne peut être débloquée que par un gouvernement large dans son inspiration.
19:42Et je l'ai dit en son temps à Michel Barnier et au président de la République.
19:47Mais c'est une manière, présenter les choses comme ça, c'est une manière de dire je ferai mieux.
19:54Et moi, je ne dis pas ça.
19:56Vous diriez différemment ?
19:58Peut-être, mais aujourd'hui, je dis la priorité des priorités.
20:03C'est qu'on ne plonge pas le pays dans le chaos.
20:07Que le Premier ministre puisse s'appuyer sur les forces qui participent à son gouvernement.
20:13Je n'ai pas dit qu'ils le soutiennent parce qu'il arrive parfois qu'il y ait des forces qui participent et ne soutiennent pas.
20:20Mais donc, vous n'excluez pas, François Bayrou, une situation où, par la force des choses, vous vous retrouvez appelé à gouverner au mois de janvier ?
20:27Si vous m'avez invité à cette émission...
20:30Non, mais je pose des questions que ceux qui nous regardent se posent.
20:32Intéressante.
20:33C'est gentil.
20:34Pour me faire dire ce que vous avez envie que je dise, vous allez vous tromper parce que ce n'est pas mon état d'esprit.
20:39Mon état d'esprit est, je ne sais pas si vous le ressentez, de gravité devant les choses qui se passent,
20:47à mesurer des risques qui sont des risques considérables et à vouloir aider et pas remplacer.
20:55Mais je crois que la gravité de la situation fait aussi écho à la possibilité que des personnalités puissent se dire disponibles.
21:02Et vous faisiez référence à la discussion qu'on avait dans le couloir juste avant cette émission.
21:05C'est vrai que vous avez toujours répondu avec beaucoup de franchise sur vos ambitions, qu'elles soient pour Matignon ou pour les élections présidentielles à venir.
21:12Et donc, je constate que ce soir, vous ne dites pas la phrase telle quelle, mais en tout cas, vous dites la situation est déblocable et les choses veulent dire ce qu'elles veulent dire.
21:20Alors, arrêtons-nous une seconde.
21:24Nous vivons dans un pays, à l'heure où nous sommes, dans les jours où nous sommes, qui est envahi de désespérance et de fatalisme.
21:35Et les gens baissent les bras et ils passent leur temps à se rencontrer quand ils se croisent et à dire ça va mal et on ne voit pas comment on peut en sortir.
21:45Je pense exactement le contraire.
21:47Je pense que le devoir d'un responsable public, c'est au contraire de porter une espérance pour ceux avec qui, pour ceux qu'il représente.
21:55C'est de porter une vitalité, de dire écoutez, arrêtez, la France a traversé des périodes plus sombres, plus dangereuses que celles-là et on s'en est sortis.
22:07Et donc, je serai constamment du côté de ceux qui pensent que oui, on va s'en sortir, que oui, le chemin existe et que oui, les décisions peuvent être prises.
22:16À bon entendeur. Quelques questions d'actualité François Bayrou. L'actualité parlementaire, c'est cette proposition de loi portée par la France Insoumise qui fait polémique,
22:23qui veut abroger le délit d'apologie du terrorisme et considère que la loi de 1881 suffit, au motif que ce délit, disent-ils, empêcherait la liberté d'expression au nom de la lutte contre le terrorisme.
22:32Est-ce que ça vous choque cette proposition de loi ?
22:34C'est un scandale et c'est un scandale insupportable.
22:38On vit dans un monde, on en voit tous les jours les événements, on vit dans un monde dans lequel cette violence, cette haine et ce terrorisme s'imposent chaque jour un peu plus.
22:54Et quel est le message derrière cette proposition-là ? Le message, c'est c'est pas si mal que ça et nous, on est de votre côté.
23:03C'est pas ce que disent les responsables de la France Insoumise, ils disent au fond, ce délit, il est utilisé pour criminaliser un certain nombre de prises de parole politiques.
23:11Vous connaissez, c'est très simple, c'est ce verbe chinois qui dit, quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt.
23:22C'est qui l'imbécile, là ?
23:25C'est pas vous, mais c'est un message évidemment destiné à entrer en résonance avec des gens qui sont extrémistes et qui ne renient pas la violence.
23:38Une autre question sur l'actualité parlementaire, ce qui va se passer jeudi à l'Assemblée Nationale, la France Insoumise va utiliser ce qu'on appelle la niche parlementaire pour soumettre aux voix l'abrogation de la réforme des retraites.
23:48Et on lit ici ou là que le socle commun, vos députés par exemple, les députés du Modem, participeraient collectivement à une volonté d'éviter qu'il y ait un vote.
23:59Ils ont raison.
24:00Ah, il ne faut pas qu'il y ait un vote, c'est-à-dire quitte à faire de l'obstruction.
24:03Franchement, l'obstruction parlementaire sur la réforme des retraites, combien on a eu ? De milliers d'amendements.
24:10Et vous ne cessiez de dénoncer sur tous les plateaux que c'était un comportement pas acceptable.
24:14Et donc là, vous vous apprêtez à faire la même chose.
24:16Ce n'est pas vrai.
24:17On ne peut pas accepter qu'une question aussi grave que celle de la réforme des retraites qui est en liaison avec les finances publiques,
24:25on ne peut pas accepter qu'une question comme celle-là soit traitée par surprise à l'improviste.
24:30Par surprise, la niche parlementaire insoumise est prévue depuis plusieurs semaines.
24:34Donc ça veut dire que vous nous dites qu'il faut faire de l'obstruction pour éviter qu'il y ait un vote et que la réforme soit abrogée.
24:38Non, je pense que ce que les parlementaires vont faire, en empêchant un vote par surprise, est absolument fondé.
24:45On ne peut pas résoudre une question comme ça.
24:48Il y a une majorité à l'Assemblée nationale qui est opposée à cette réforme ?
24:51C'est une question qui se posera.
24:54Je suis absolument persuadé que la question des retraites est une question clé,
25:00y compris pour résoudre plus largement la question des finances publiques.
25:06Je m'arrête là-dessus.
25:07Vous dites qu'il est fondé d'empêcher qu'il y ait un vote, dites-vous par surprise,
25:11mais il y a une majorité à l'Assemblée nationale qui est opposée à cette réforme ?
25:14Oui, il y a peut-être une majorité, mais la question est que les mécanismes parlementaires
25:20font qu'on ne peut pas résoudre une question comme celle-là en douze heures de temps.
25:25Ça, ça serait de nature à provoquer des crises.
25:30C'est une grande question qu'on ne peut trancher qu'avec les citoyens.
25:35Deux questions encore rapidement, François Béraud.
25:37La première sur le Rassemblement national, suspendu à une décision de justice,
25:40qui pourrait empêcher Marine Le Pen, en cas de condamnation à une peine d'illégibilité,
25:43de concourir à l'élection présidentielle ?
25:45Condamnation avec exécution provisoire.
25:47Absolument. Est-ce que ce serait un problème démocratique si elle ne pouvait pas concourir en 2027 ?
25:51C'est un sujet sur lequel, vous le comprendrez, je m'exprime avec réserve et en pesant ce que je dis.
26:01Pourquoi ? Parce que nous avons été, nous-mêmes, j'ai été, moi-même,
26:09sept ans d'enquête et d'instruction et un procès qui a duré le même temps que celui,
26:14ou à peu près que celui du Rassemblement national, pour finir par obtenir une relax.
26:21Ce n'est pas évident d'obtenir une relax quand on est chef de parti et qu'on est ciblé par des accusations comme celle-là.
26:28Donc, je m'exprime avec prudence.
26:31Je pense que tout le monde dans cette affaire est prisonnier des mots.
26:36On s'est laissé entraîner à mettre sous les mêmes termes des réalités complètement différentes.
26:43Et on n'a pas su le dire.
26:46Alors, parce que je suis passé et que j'ai obtenu une relax, je peux le dire.
26:51On dit détournement de fonds publics.
26:54Et quand on dit détournement de fonds publics, tout le monde pense à l'action publique.
26:59L'école, construire des écoles, des universités, payer des...
27:04Ce n'est pas vrai.
27:06Les fonds dont il s'agit ne sont pas des fonds d'action publique.
27:10Ce sont des fonds dont le but est exclusivement le soutien aux parlementaires.
27:16Le soutien à l'action des parlementaires.
27:19Et qu'est-ce qui soutient les parlementaires ?
27:22Quelle est l'organisation qui soutient les parlementaires ?
27:28C'est les partis politiques auxquels ils appartiennent.
27:31Vous souscrivez à la défense qui a été celle du RN et de Marine Le Pen pendant le procès,
27:39qui est de dire qu'il n'y a pas de détournement de fonds publics,
27:41il y a simplement une différence de vision administrative
27:44dans la façon dont les fonds alloués aux assistants parlementaires sont utilisés.
27:49Je ne souscris pas, je n'aime pas l'injustice, même quand elle est faite à mes adversaires.
27:54Marine Le Pen subit une injustice.
27:56Je pense qu'on s'est tous laissés emprisonnés
28:01dans une utilisation qui est fallacieuse, fausse, déplacée ou biaisée
28:09des mots détournement de fonds publics.
28:12Les fonds dont il s'agit ne peuvent être utilisés qu'au soutien de l'action des parlementaires.
28:19Et les parlementaires, laissez-moi aller jusqu'au bout.
28:22Et un parlementaire, il est élu par son parti politique,
28:25il est élu parce qu'il porte l'étiquette de son parti politique
28:29et il ne peut être réélu que parce que son parti politique le soutiendra.
28:35Et précisément, et en plus, quand vous êtes un parlementaire minoritaire,
28:41vous n'avez qu'un seul soutien, c'est le parti politique auquel vous appartenez.
28:46Et donc, je pense qu'on s'est laissés aller à désigner par des mots infamants
28:54une réalité sur laquelle on peut avoir des divergences administratives ou politiques
28:59mais qui ne relèvent pas de cette qualification infamante.
29:06Et d'ailleurs, j'ai une preuve, c'est qu'il n'y a aucun autre pays de l'Union
29:11dans lequel il y a eu des procès comme ça.
29:14François Bayrou, c'est intéressant ce que vous dites,
29:16parce que là, pour le coup, c'est une voix quelque peu dissonante
29:19par rapport à ce qu'on peut entendre dans votre socle commun Bloc central.
29:22Compte tenu de ce que vous venez de nous dire, je repose la question.
29:25Est-ce que ce serait un problème, compte tenu encore une fois de cette injustice,
29:29ouvrez les guillemets, que vous semblez dénoncer, que Marine Le Pen,
29:32soit frappée d'une peine avec exécution provisoire
29:34et donc soit empêchée de concourir à l'élection présidentielle ?
29:37Ce qui serait un problème, c'est l'exécution provisoire.
29:41Il y a eu plusieurs élus, il y en a eu dans mon équipe,
29:45qui ont été condamnés avec exécution provisoire,
29:48c'est-à-dire sans pouvoir faire appel de la décision.
29:53Or, dans une démocratie, on doit pouvoir faire appel de toutes les décisions.
30:00Et comme vous savez, j'ai combattu le Front national sans aucune interruption
30:06à toutes les élections et dans tous les débats,
30:10parce que je ne partage pas ses idées et je partage encore moins ses arrières-pensées.
30:15Mais je pense que la situation qui serait ainsi faite
30:23est une situation dans laquelle un certain nombre de citoyens, pas tous,
30:28parce qu'il n'y a pas eu le mouvement d'indignation que beaucoup attendaient,
30:34mais un certain nombre de citoyens considérerait qu'il y a quelque chose
30:38qui biaise la vie démocratique.
30:40Cela biaiserait la vie démocratique et l'élection présidentielle de 2027,
30:43si Marine Le Pen ne pouvait pas y concourir.
30:45Non, mais l'élection présidentielle de 2027,
30:47c'est un autre temps que le temps judiciaire immédiat.
30:50Un tout dernier mot, François Bayrou,
30:52puisque j'ai coutume de vous poser cette question quasiment à chaque fois que vous venez,
30:54mais la suite dans les idées.
30:56Ce week-end, il y a le congrès de Renaissance,
30:58Gabriel Attal va être élu, il est seul candidat, ça aide.
31:01Se posent des questions sur éventuellement les modes de désignation d'un candidat en 2027,
31:05on parle aussi de l'ambition éventuelle du ministre de l'Intérieur,
31:07Bruno Retailleau.
31:09Est-ce que vous êtes toujours au clair sur votre volonté
31:12de porter les idées du modem du centre à l'élection présidentielle ?
31:16Vous avez dit tout à l'heure,
31:18chaque fois que vous venez, je vous pose la même question,
31:21et au fond vous avez la même réponse,
31:23c'est que vous ne renoncez à rien.
31:25Donc vous avez fait la question et la réponse,
31:27et ça suffit pour que vos téléspectateurs,
31:30pour que ceux qui vous écoutent comprennent ce que j'ai à l'esprit.
31:33C'est simple.
31:36Je suis engagé pour l'avenir de mon pays
31:41depuis des années et jusqu'au bout de mes engagements, de mes mandats.
31:48Et ce n'est pas parce que je suis un élu,
31:51ce n'est pas parce que je suis président,
31:53c'est parce que je suis un citoyen.
31:56Un citoyen, c'est quelqu'un qui ne dépose jamais les armes,
32:00qui ne laisse pas tomber ses espoirs, ses idéaux et ses indignations.
32:05Peut-être donc en janvier à Matignon,
32:07ou plus tard, dans une éventuelle candidature à l'élection présidentielle.
32:10Merci François Bayrou d'avoir été l'invité de CEPAT tous les jours dimanche,
32:14de ne pas avoir fait trop de langue de bois sur Matignon un petit peu,
32:16mais on vous réinvitera.
32:18Merci beaucoup François Bayrou.