• il y a 2 mois
Jacques Pessis reçoit Valérie Perrin. « Changer l’eau des fleurs » s’est arraché à des millions d’exemplaires dans le monde. Elle a aussi écrit des scénarios avec Claude Lelouch, l’homme de sa vie. Son nouveau livre : « Tata » est déjà un best seller.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-10-24##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité, vos premiers succès littéraires
00:07auraient pu vous donner le sentiment que le roi n'était pas votre cousin.
00:10Finalement, c'est une tente qui vous permet aujourd'hui
00:13de retrouver la toute petite famille des Romarcières à succès.
00:17Bonjour Valérie Perrin.
00:18Bonjour.
00:19Alors, je vous avais accueilli au début des clés d'une vie,
00:22pour changer l'eau des fleurs.
00:23C'était encore une toute petite émission.
00:25Maintenant, vous savez qu'on a près d'un million d'abonnés sur la chaîne YouTube.
00:28Et on a presque autant d'auditeurs que vous avez de lecteurs.
00:32C'est formidable.
00:34Vous revenez avec Tata, un roman chez Albain Michel dont on va parler, bien entendu.
00:38Et le principe des clés d'une vie, c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:42Et la première que j'ai trouvée, elle a un rapport avec votre livre.
00:45C'est le 9 mars 1969, le jour où Gugnon rentre dans l'histoire de la Coupe de France
00:51en éliminant Nice par 2 à 0 au stade du Ray.
00:54C'est drôle, je l'ignorais complètement.
00:57Ils sont au stade du Ray, qui est un stade de 1927 qui a été démoli en 2016.
01:02Il est resté la Tribune Sud, la Rotonde, où il y a la billetterie en souvenir.
01:07Alors ça veut dire que mon père faisait forcément partie de l'équipe en 1969.
01:11Yvan Perrin a même dû marquer sûrement.
01:13Oui, exactement.
01:14En fait, c'est une équipe qu'on appelle les Forgerons.
01:17Et votre père, Yvan Perrin, est rentré l'année précédente, en 1968.
01:23Mais il n'a pas pu jouer pendant un an pour des raisons administratives, je crois.
01:26Ah bon ? J'en parlerai en sortant de l'émission.
01:29Et on l'appelle Yvan le Terrible, je crois.
01:31Oui, absolument.
01:32Parce qu'il arrive et il dribble.
01:34Ça marche très très bien.
01:36Et d'ailleurs, il a contribué à l'arrivée de Gugnon dans le championnat national en 1969, je crois.
01:40D'accord.
01:41C'était la deuxième division.
01:43Le monde du football, vous le connaissiez à l'époque ?
01:45Alors en fait, j'ai pas eu le choix, puisque mon père arrive à Gugnon pour le foot.
01:50Moi, j'allais au match quand j'étais petite.
01:53Mon père s'est blessé en 1972.
01:55Ensuite, il a été entraîneur.
01:57Et ensuite, il a été journaliste sportif très longtemps.
02:00Il était correspondant de presse, je crois, pour à l'époque, le Progrès, le Dauphiné Libéré.
02:05Après, je l'ai accompagné souvent dans les tribunes de presse.
02:08Et puis de toute façon, on allait au match.
02:10Il faut savoir que le football, c'était pas le football d'aujourd'hui.
02:13Moi, je me souviens de Yannick Noah, qui me racontait que son père est venu gagner la Coupe de France
02:18pour Sedan en 1962.
02:21Il est arrivé en deuxième classe, il est reparti en deuxième classe.
02:24Bien sûr, mais ça n'avait rien à voir.
02:26Non, mais ça n'avait rien à voir.
02:27Et puis, il faut recontextualiser.
02:29On se retrouvait au match le samedi soir.
02:31Toute la ville se retrouvait au match pour se réunir
02:33autour de ce ballon qu'on aime, qu'on aime moins, le football.
02:37C'était vraiment la réunion de tous.
02:39Oui, et le football est cher à Sud Radio,
02:41puisque avant nous, avant les clés d'une vie,
02:43il y a eu une émission régulièrement consacrée au football.
02:45D'accord.
02:46Il faut savoir que vous êtes née à Remirement et que vous avez grandi à Guegnon.
02:49Oui.
02:50Comment ça se fait ?
02:51Parce que mon père a été, je ne sais pas d'ailleurs comment,
02:54mais il a été repéré.
02:56Quelqu'un l'a repéré, lui a dit est-ce que ça vous intéresse de venir jouer à Guegnon ?
03:00Et donc, à l'époque, ce que je vous disais tout à l'heure,
03:02c'était des semi-professionnels.
03:03Ils travaillaient pour l'usine le matin, dans les fameuses forges de Guegnon,
03:07qui s'appelle aujourd'hui ArcelorMittal,
03:09qui est passé par un autre nom qui était Usinor.
03:12Et mon père est venu, donc j'avais un an.
03:15Guegnon, 9000 habitants.
03:16Et il se trouve qu'il y a eu jusqu'à 3750 salariés chez Usinor, aux forges de Guegnon.
03:22Et moi, quand j'avais 12 ans, on était 12000 habitants à Guegnon.
03:27Ça s'est désertifié, mais comme beaucoup de provinces, alas.
03:30Exactement.
03:31Alors, il y a quand même un générique que vous entendiez régulièrement à l'heure du déjeuner.
03:39Téléfoot, c'était obligatoire.
03:41Oui, c'est vrai.
03:43Plus tard, quand je me levais à midi,
03:45j'étais désespérée d'entendre qu'ils étaient déjà devant le foot.
03:49Mais il y avait d'autres choses à la télé ?
03:51Oui, bien sûr.
03:52Mais bon, c'est normal que mon père était journaliste sportif, il regardait.
03:55Il s'est toujours intéressé au foot, mais à tous les sports.
03:58Mais vous, je crois qu'il y avait un super gymnase,
04:01et que c'était plutôt le tennis, Valérie Peyron.
04:03Alors moi, j'allais faire des balles contre le mur au tennis.
04:06J'ai fait de la gym aussi, pas mal.
04:08Pas mal de gym, j'ai fait du hand.
04:10Mais c'était assez laborieux dans l'ensemble.
04:12Je n'étais pas une grande sportive.
04:14Non, mais les garçons jouaient au foot et vous au tennis,
04:16je crois qu'entre un mur, toute seule.
04:17Oui, j'aimais bien, beaucoup.
04:19Alors vous aimez aussi la musique,
04:20et je crois qu'il y a une chanteuse qui va vous parler en l'écoutant.
04:30Call Me, la chanson du film américain Gigolo par Debbie Harry.
04:33Debbie Harry, blondie.
04:35Avec mon amie Anne Triboux, elle avait une cave.
04:39Et dans la cave, son grand frère Laurent
04:41avait installé un micro, une sono, il faisait de la musique.
04:45Et nous, on y allait quand les garçons n'étaient pas là,
04:47et je chantais ça, je me souviens, dans le micro.
04:49C'est fou. Comment vous savez ça ?
04:51Je me suis un peu renseigné, c'est fou.
04:53En plus, elle est encore en activité, Debbie Harry.
04:55Extraordinaire.
04:56Elle a moins de succès qu'il y a 30 ans,
04:58mais elle continue à sortir des albums.
05:00Le dernier, je crois, est Pollinator en 2017.
05:02Absolument.
05:03Le point noir, quand même, c'est l'école, je crois.
05:06Ce n'est pas mon grand amour.
05:08Je n'ai jamais adoré l'école.
05:10Mais, avec le temps et le recul,
05:14on doit quand même tous les beaux textes qu'on a à découvrir.
05:18On doit aussi à l'école le fait de rencontrer ses amis,
05:22de se lier, de ses liens très forts avec nos amis d'enfance.
05:28Je trouve que c'est fondamental, l'école.
05:30Mais c'est vrai qu'à l'époque, je préférais l'école buissonnière,
05:32je préférais le samedi, je préférais le dimanche,
05:35je préférais les mercredis et les grandes vacances.
05:37Mais à l'école, ça se passait comment, Valérie Perrin ?
05:40D'abord, la primaire, c'était relativement doux,
05:43parce que les maîtresses étaient extrêmement gentilles.
05:46Et après, c'était plus dur.
05:48Je me souviens vaguement du collège,
05:51que je n'ai pas trop aimé.
05:53Et puis au lycée, j'ai tenu jusqu'en première.
05:56Et en première, je me suis dit, je veux partir, j'en ai marre.
05:59Ça ne m'intéressait plus du tout.
06:01Et vos parents n'étaient pas déboussolés, affectés ?
06:04Si, sans doute, mais comme j'ai quand même eu toujours beaucoup de caractère,
06:07et que j'ai toujours décidé de ce que j'allais faire,
06:09je pense qu'ils n'ont pas vraiment eu le choix.
06:10On ne peut pas forcer.
06:11À un moment, on ne peut pas forcer un enfant à travailler,
06:14à aller à l'école.
06:15Je voulais être indépendante, je crois.
06:17Ça a été quelque chose que j'ai ressenti très tôt.
06:20Et donc, à 17 ans, j'ai quitté l'école,
06:23j'ai dû travailler un an, j'ai fait des petits boulots,
06:25j'ai enchaîné des petits boulots en Bourgogne,
06:26et après, je suis partie à Paris.
06:27Oui, à 19 ans, vous arrivez, Valérie Perrin,
06:30pour bouffer du béton.
06:31Oui, vraiment, oui.
06:32J'en parle beaucoup dans mon troisième roman, Trois.
06:35On n'en parle jamais, ou très rarement,
06:38et en littérature, et partout,
06:41de la douleur et puis de la violence que ça peut représenter
06:44de grandir en province,
06:45et de devoir partir après ou après le bac,
06:48qu'on l'ait ou qu'on n'ait pas le bac,
06:49vers l'âge de 18 ans à la majorité,
06:51vers des grandes villes qu'on ne connaît pas.
06:53Et c'est vrai que moi, j'ai quitté ma petite province,
06:55on avait quand même une enfance très privilégiée,
06:58et je me suis retrouvée du jour au lendemain
07:00vivre à Vitry-sur-Seine, prendre le RER, travailler,
07:03et c'est vrai que c'était fou, quand même.
07:06C'était complètement fou, cette violence-là,
07:08de se retrouver dans les souterrains.
07:10C'était une violence inouïe.
07:13Mais on n'en parle pas, on n'en parle jamais, ou rarement.
07:15Oui, mais vous en aviez envie, en même temps.
07:17Bien sûr, c'est ce que je voulais.
07:18Mais entre ce qu'on rêve et ce qu'on vit,
07:21on sait toujours qu'il y a toujours une marge.
07:24Et là, c'était assez compliqué au début,
07:26et puis petit à petit, on s'habitue, évidemment.
07:28Oui, en même temps, ce n'était pas le Paris d'aujourd'hui, Valérie Perrin.
07:31C'était le Paris extrêmement facile.
07:33Quand je suis arrivée en octobre 1986 à Paris,
07:37j'ai pris le RER le matin,
07:40je suis allée au Forum des Halles, je me souviens très bien.
07:43Je ne connaissais absolument pas,
07:45je n'avais jamais mis les pieds au Forum,
07:46ni à Paris toute seule, jamais.
07:48J'étais avec mon père, mes parents, mais beaucoup plus petites,
07:52et j'ai poussé une porte,
07:54et le lendemain, j'avais du travail.
07:56En fait, j'ai été embauchée le jour même.
07:58Il faut savoir qu'à l'époque, on trouvait du travail comme ça,
08:01et qu'on pouvait vivre, je dirais, relativement normalement avec un SMIC,
08:05alors que je pense qu'aujourd'hui, c'est complètement impossible.
08:08C'est totalement impossible.
08:10Mais vous aviez un but en arrivant à Paris ?
08:12Est-ce que j'avais un but ?
08:13Je voulais déjà quitter vraiment la province,
08:16être plus dans quelque chose qui ressemblerait à de l'anonymat.
08:19Et puis, ça aussi, c'était possible à l'époque,
08:24ce qui n'est absolument plus possible aujourd'hui,
08:26avec ce petit salaire de misère.
08:28J'allais au cinéma tous les jours, tous les soirs.
08:30C'était votre formation pour l'avenir ?
08:32Oui, absolument.
08:33Avez-vous une passion pour le cinéma, déjà ?
08:34Passionnée absolument de cinéma, et aussi de littérature.
08:37Je me souviens, je lisais, je lisais tout le temps.
08:39Alors qu'à l'école, vous n'étiez pas passionnée de littérature.
08:42Et je pense que je dois beaucoup ça, en fait.
08:44Le fait d'avoir arrêté l'école si tôt.
08:46Quelque part, j'ai trimballé mon chagrin d'école,
08:48comme le dirait si joliment Daniel Pennac,
08:50et qu'en trimballant ce chagrin d'école,
08:52j'ai voulu rattraper toute ma vie,
08:54quelque chose qui me manquait.
08:56Et c'est vrai que j'ai toujours beaucoup lu.
08:58Il y a quelqu'un qui a beaucoup lu et beaucoup écrit,
09:00et qui passait enfin ses vacances à Gognon,
09:02c'est Gabriel Chevalier, l'auteur de Clochemerle,
09:05un livre très célèbre qui s'est vendu
09:07à plus de 2 millions d'exemplaires,
09:09en 26 langues,
09:11et c'était une sorte de vie quotidienne
09:13dans un village totalement parodique,
09:15et rablaisienne.
09:17Et il avait l'esprit de Gognon.
09:19Je l'ignorais complètement, c'est fou.
09:21Il se trouve aussi qu'à Paris,
09:23vous avez vendu des robes dans une boutique.
09:25Oui, j'ai fait un truc incroyable.
09:27J'étais dans le 16e arrondissement,
09:29dans une boutique qui s'appelait Franck & Fils,
09:31à Passy, et je vendais
09:33les premières robes de soirée
09:35pour les premiers rallies
09:37des jeunes filles qui venaient s'habiller avec leur maman.
09:39C'était incroyable.
09:41Parce que les rallies du 16e arrondissement,
09:43c'était le moyen de trouver un mari.
09:45Oui, un futur mari.
09:47Elles étaient toutes timides en plus, ces filles.
09:49C'était des très jolies robes.
09:51Elles venaient avec leur maman, leur grand-maman.
09:53Ça durait quelques heures,
09:55les essayages.
09:57C'était drôle. C'était il y a si longtemps.
09:59Il y avait la téléphonie mobile aussi.
10:01C'est fou, ça arrive beaucoup plus tard.
10:03Des années après,
10:05entre les robes de rallye
10:07et la téléphonie mobile, je me suis formée à l'informatique.
10:09Je maîtrisais pas mal
10:11de logiciels,
10:13et notamment Word,
10:15sur tous les PC, tous les Mac.
10:17J'avais beaucoup d'intérim, j'adorais ça.
10:19Beaucoup de missions d'intérimaire.
10:21Et puis, j'ai été engagée en 2002
10:23pour diriger une boîte de téléphonie mobile
10:25à Trouville-sur-Mer.
10:27On est passé de 5-6 employés
10:29à 40 personnes
10:31en 5 ans.
10:33Et c'était incroyable.
10:35Expérience extraordinaire, humainement
10:37extraordinaire.
10:39Et en même temps, Valérie Perrin, vous aviez envie d'écrire.
10:41J'écrivais déjà pour les autres.
10:43Quand les gens avaient
10:45besoin d'un texte, quel qu'il soit,
10:47pour un événement, on me demandait à moi de l'écrire,
10:49toujours. Et puis, j'avais écrit
10:51une nouvelle qui s'appelait La Mouette de Lucien
10:53dans les années, je dirais,
10:5598-99.
10:57Et ça a donné naissance
10:59aux Oubliés du Dimanche, mais qui est arrivée beaucoup plus tard.
11:01Voilà. Et il y a eu d'autres choses,
11:03et on va continuer à parler de tout cela avec une autre date
11:05importante dans votre vie,
11:07le 10 novembre 2021.
11:09A tout de suite sur Sud Radio, avec Valérie Perrin.
11:15Sur Sud Radio, les Clés d'une Vie, celle de mon invité,
11:17Valérie Perrin. Nous parlerons tout à l'heure
11:19de ce nouveau roman Tata,
11:21chez Albain Michel, un roman qui est déjà un succès,
11:23comme le précédent. Et on expliquera
11:25un peu tout ce qu'il y a dans ce
11:27livre exceptionnel,
11:29et qui a demandé beaucoup de travail. Et on revient
11:31à votre parcours, car c'est le principe des Clés d'une Vie,
11:33avec la date du 10 novembre
11:352021. Écoutez.
11:37Je suis arrivée à 2h du matin, je me suis garée
11:39devant les grilles du cimetière.
11:41A 7h du matin, je vis la lumière à l'intérieur du cimetière.
11:43De changer l'eau des fleurs au théâtre
11:45Le Pic.
11:47Et c'est à ce jour-là, début de ce spectacle.
11:49Et vous êtes dans la salle, toute émue, Valérie Perrin.
11:51Oui, je suis dans la salle, je n'ai rien vu.
11:53Je n'ai pas voulu
11:55savoir, parce que j'ai confiance aux deux
11:57metteurs en scène, que sont Salomé Lelouch
11:59et Mickaël Chirignan. Je sais
12:01que ça a été aussi adapté par la comédienne
12:03Caroline Rochefort. Et je ne sais
12:05rien. Je suis avec mes parents, avec Claude,
12:07avec mes enfants. Et je découvre
12:09la pièce, et c'est...
12:11Pour moi, c'est une totale réussite.
12:13Vous voyez vivre vos personnages.
12:15C'est d'abord que je vois vivre mes personnages,
12:17mais surtout, je vois
12:19le choix qu'ils ont fait, parce que
12:21sur ce gros roman, ce gros
12:23pavé qui est changé l'eau des fleurs,
12:25ils n'ont gardé qu'une heure dix, et que
12:27trois personnages. Et ça, c'est formidable.
12:29Il faut savoir que le théâtre
12:31Le Pic a été,
12:33en 54, le théâtre le plus haut de Paris.
12:35Ce qui s'était au sommet de la butte Montmartre.
12:37Et que l'un des pensionnaires qui venaient
12:39faire du théâtre expérimental, c'était
12:41Eugène Ionesco.
12:43Et ensuite, c'est devenu le Ciné 13,
12:45avec Claude Lelouch.
12:47Cette adaptation, on vous l'a proposée
12:49un jour, ce qui vous a surpris ?
12:51En fait, c'est ma belle-fille
12:53qui m'a appelée. Ma belle-fille
12:55Salomé. Lelouch
12:57était à Avignon.
12:59Caroline Rochefort arrive de la gare de Lyon.
13:01Je venais d'avoir le prix de la Maison de la Presse.
13:03Et elle a trouvé ce roman.
13:05Elle l'a pris
13:07dans une boutique, je ne sais pas laquelle,
13:09on ne va pas donner de marque, à la gare de Lyon.
13:11Et quand elle est arrivée à Avignon,
13:13elle a dit à ma belle-fille, ça c'est un bijou,
13:15ça il faut l'adapter. Et Salomé a
13:17créé une blague. Et elle n'a pas
13:19compris, Caroline, pourquoi ça.
13:21Elle dit, mais c'est ma belle-mère.
13:23De temps en temps, Salomé
13:25parlait de sa belle-mère, mais elle ne savait pas que c'était Valérie Perrin.
13:27Et c'était magnifique. Donc Salomé m'a appelée
13:29et m'a dit, tu ne vas pas me croire, Caroline vient d'arriver
13:31et elle veut l'adapter. Et moi, ça m'a plu
13:33parce que je connaissais déjà le travail
13:35de Salomé et de Mickaël. J'avais vu
13:37des pièces et j'ai trouvé tous les deux exceptionnels.
13:39Et je me suis dit, il ne faut
13:41même pas réfléchir, il faut y aller.
13:43Et Caroline Rochefort, avant d'être comédienne,
13:45a fait des études en psychologie et criminologie.
13:47Ce qui a aussi contribué
13:49d'ailleurs à l'écriture de la pièce.
13:51Au départ, cette dernière de cimetière,
13:53vous l'avez imaginée
13:55un petit peu, presque par hasard ?
13:57Alors, je l'ai...
13:59Elle est arrivée dans ma tête,
14:01dans mon esprit, un jour
14:03au petit cimetière d'Auberville
14:05où reposent les parents
14:07de mon époux, Claude.
14:09Et je me suis assise
14:11sur la tombe parce qu'on a échangé de chaussures
14:13et
14:15on est ressortis de ce cimetière
14:17avec les chiens.
14:19J'ai fermé la grille et
14:21elle est arrivée dans mon esprit violette.
14:23Comme un cadeau, mais vraiment
14:25un merveilleux cadeau. Je dis toujours
14:27que ce sont les parents de Claude qui m'ont soufflé
14:29cette idée de l'au-delà,
14:31je ne sais pas.
14:33Et puis ça ne m'a pas lâchée et ça a vraiment, on peut vraiment dire,
14:35non seulement changé ma vie,
14:37ma propre vie, mon existence,
14:39je pense la vie de beaucoup de lecteurs,
14:41parce que les témoignages j'en reçois tous les jours,
14:43et puis surtout, elle l'est aujourd'hui dans 60 pays.
14:45C'est fou, hein ?
14:47Effectivement, beaucoup de gens ont découvert
14:49le métier de gardienne de cimetière.
14:51Alors, ce n'est pas ça. Déjà, on a découvert ce métier,
14:53d'une part, mais surtout,
14:55c'est un support aujourd'hui,
14:57parce qu'on a le recul, c'était 2018,
14:59c'est un support pour des médecins,
15:01pour les infirmiers, pour les psychologues.
15:03Beaucoup de gens travaillent
15:05le deuil ou le chagrin d'amour
15:07ou le burn-out avec ce
15:09livre en support.
15:11Comme s'il réparait.
15:13Impossible !
15:15J'aurais pu l'appeler, comme le merveilleux
15:17roman,
15:19« Réparer les vivants ».
15:21Quelque part, Violette Toussaint,
15:23ce personnage, a réparé beaucoup de vivants.
15:25C'est assez fou et vous avez des témoignages en permanence.
15:27Tout le temps.
15:29D'ailleurs, le spectacle reprend régulièrement.
15:31Il est repris.
15:33En alternance avec Caroline Rochefort
15:35et
15:37Ludivine de Chastenay,
15:39au Théâtre Lepic,
15:41depuis là, en ce moment.
15:43Jusqu'en janvier.
15:45Et toutes les générations sont là.
15:47C'est extraordinaire.
15:49Et puis, moi, mes lecteurs, quand je fais des signatures,
15:51j'ai repris le chemin des
15:53dédicaces.
15:55Mes lecteurs
15:57ont tellement aimé l'adaptation qu'ils sont allés
15:59voir plusieurs fois. Ils sont allés voir la pièce plusieurs
16:01fois. Elle est allée deux fois à Vignon, c'était
16:03complet. Ils sont allés jusqu'au
16:05Théâtre de la Renaissance aussi.
16:07Et ça repart au Lepic jusqu'en janvier.
16:09Il se trouve qu'il y a eu un entretien
16:11permanent des cimetières.
16:13Il y a des plaques volées pour le 1er novembre.
16:15Et le chant le plus écouté dans le Sud,
16:17dans les cimetières, c'est la
16:19Marseillaise. Étonnant.
16:21Je savais qu'on avait Cabrel.
16:23Je viens du ciel
16:25et voilà.
16:27Je viens du ciel,
16:29ne parle que de toi.
16:31Et puis aussi, puisque tu parles
16:33de Jean-Jacques Goldman.
16:35Et il se trouve que pour écrire ce livre, Valérie Perrin,
16:37vous avez mené une longue enquête dans les cimetières.
16:39Oui. D'abord, j'ai beaucoup marché
16:41dans beaucoup de cimetières
16:43pour retenir quelques épitaphes que je trouvais
16:45magnifiques.
16:47J'ai beaucoup parlé avec
16:49un homme qui était faux-soyeur
16:51pendant 30 ans dans la ville de Guignon.
16:53Norbert.
16:55J'ai aussi beaucoup échangé avec un monsieur
16:57qui a un magasin de
16:59pommes funèbres à Trouville-sur-Mer.
17:01Raphaël Fatou.
17:03Vous avez inventé en plus
17:05un lieu qui ressemble à Guignon.
17:07Oui, j'ai inventé un lieu qui ressemble à Guignon
17:09qui s'appelle Bransion-en-Chalon
17:11pour le situer en Bourgogne,
17:13le château de Bransion vers Mâcon
17:15et la ville de Chalon-sur-Saône.
17:17J'ai inventé, mélangé ces deux mots
17:19et puis surtout
17:21j'ai fait un copier-coller
17:23du cimetière de Violette dans le roman
17:25du cimetière de Guignon.
17:27C'est vraiment un copier-coller. En plus quand vous allez
17:29à Guignon, d'ailleurs je l'ai montré à Caroline Rochefort
17:31parce qu'ils sont venus jouer la pièce
17:33il y a quelques mois à Guignon
17:35et je l'ai amenée au cimetière.
17:37C'est très très émouvant. Il y a vraiment la maison
17:39à l'entrée, telle qu'elle est
17:41dans le roman et puis il y a toutes ses allées.
17:43Et ce qui était important Valérie Perrin
17:45c'est que ce roman ne soit pas triste.
17:47Oui, c'est un roman
17:49particulier. C'est un roman qui parle
17:51de l'amour,
17:53du chagrin
17:55du chagrin c'est vrai, mais aussi
17:57avec...
17:59Pour moi c'est fondamental dans tous mes romans
18:01en principe mes
18:03narrateurs ont beaucoup d'humour.
18:05J'essaye de... Parce que si
18:07on fait tout au premier degré c'est la fin du monde.
18:09Donc ils ont quand même de l'humour sur tout
18:11et du recul. Oui et puis il y a une autre chose importante
18:13vous avez réussi à mêler plusieurs histoires
18:15un peu comme des poupées russes.
18:17Oui, ça c'est ce que j'aime le plus.
18:19Tata c'est ça, Change l'eau des fleurs c'est ça, Trois c'est ça.
18:21C'est comme ça.
18:23J'aime beaucoup, d'abord j'aime beaucoup
18:25être dans un présent et retourner très
18:27souvent dans le flashback, dans le passé
18:29pour faire un état
18:31des lieux et c'est vrai que j'aime
18:33mélanger les destins. Mais ça c'est
18:35inné ou vous l'avez appris Valérie Perrin ?
18:37J'en ai aucune idée. Je pense que
18:39il y avait quelque chose qui était inné
18:41et puis j'ai beaucoup travaillé
18:43avec Claude Lelouch
18:45au travail de scénario et je pense
18:47qu'on sent dans mes romans que je
18:49viens du cinéma. On sent
18:51que mes romans sont très cinématographiques
18:53et d'ailleurs ils sont extrêmement dialogués.
18:55D'ailleurs on le verra tout à l'heure dans Tata
18:57où il y a effectivement... Et puis il y a
18:59les cinéastes dans Tata. Exactement.
19:01Il y a aussi un déclin d'œil, il y a Clint Eastwood
19:03dans ce livre. Dans Tata ?
19:05Non dans L'eau des fleurs.
19:07Dans L'eau des fleurs oui parce que Clint Eastwood
19:09souvent parce que je parle
19:11souvent de la route de Madison
19:13et on a une histoire
19:15d'amour parallèle dans cette histoire-là.
19:17Gabriel Prudent qui est amoureux
19:19d'une femme qui s'appelle
19:21Irène Fayol et un soir en
19:23regardant sur la route de Madison
19:25il craque. Il craque complètement
19:27et sa vie va basculer. Et curieusement
19:29il a creusé des trous avant d'être comédien
19:31mais des trous pour des piscines. Clint Eastwood
19:33jusqu'à 29 ans vivait de ça.
19:35C'est fou. C'est extraordinaire.
19:37Alors il se trouve que le succès a été
19:39fait par les médias. Certains ont mis le succès
19:41sur le fait qu'il y avait une couverture qui attirait.
19:43D'autres que c'était soi-disant un roman
19:45feel-good ce qui n'avait rien à voir.
19:47Alors en fait c'est très particulier. Je pense qu'on s'est
19:49complètement planté sur l'idée
19:51de cette image
19:53en couleur rose et verte
19:55Changez l'eau des fleurs et
19:57je sais que les libraires m'ont dit
19:59qu'ils avaient du mal
20:01à ne pas le vendre parce que
20:03c'est pas du tout ça, on n'est pas dans ça mais
20:05à véhiculer l'idée que c'était
20:07un objet littéraire
20:09et pas quelque chose
20:11ça veut plus rien dire
20:13on met tout dans feel-good aujourd'hui dans cette expression
20:15hyper bizarre
20:17ça veut rien dire. Et donc du coup
20:19quand le
20:21livre de poche a repris
20:23Changez l'eau des fleurs
20:25ils ont changé la couverture.
20:27C'est très intéressant
20:29la couverture d'un roman.
20:31Et l'affiche aussi du film qui se prépare parce que
20:33après des années c'est Jean-Pierre Jeunet
20:35qui va tourner l'adaptation.
20:37Oui absolument. Alors il a fini d'écrire
20:39le scénario, ça y est.
20:41Il va rentrer en préparation
20:43je crois qu'il a une idée pour la
20:45comédienne principale mais pour l'instant personne n'a le droit
20:47de le dire. Et puis on cherche
20:49le Philippe Toussaint parfait
20:51on cherche le Julien Seul parfait
20:53on en parle souvent avec Jean-Pierre
20:55et puis après il y a tous les petits rôles
20:57les trois principaux, Julien Seul
20:59Philippe Toussaint et Violette
21:01et surtout j'ai envie de dire Violette
21:03cette histoire repose beaucoup sur les frêles
21:05épaules de notre garde-cimetière.
21:07Oui et en même temps vous avez un point commun avec
21:09Jean-Pierre Jeunet.
21:11C'est encore Guegnon, toujours Guegnon, c'est incroyable.
21:13Un jour je rencontre Jean-Pierre
21:15il y a une dizaine d'années je dirais. Je lui dis
21:17pourquoi est-ce que la mère d'Amélie Poulain dans le film
21:19Amélie Poulain est originaire de Guegnon ?
21:21Et là il me dit mais j'ai passé toute mon enfance
21:23toutes mes vacances en enfance
21:25chez mes grands-parents qui vivaient à Guegnon
21:27et là il sait même décrire toutes les rues
21:29c'était incroyable. Et c'est incroyable
21:31que ce soit lui qui adapte Jean-Gilaud des Fleurs.
21:33Très étrange tout ça,
21:35toutes ces ramifications. Mais c'est étonnant
21:37mais c'est le destin et il vous sourit.
21:39Une autre date importante dans votre vie
21:41mais pour d'autres raisons, c'est le 5 février
21:432024. A tout de suite sur Sud Radio
21:45avec Valérie Perrin.
21:47Sud Radio, les clés d'une vie,
21:49Jacques Pessis. Sud Radio, les clés d'une vie
21:51mon invité Valérie Perrin, nous parlerons
21:53tout à l'heure de votre nouveau livre
21:55Tata chez Alain Michel, un pavé
21:57passionnant et passionné je dirais.
21:59On revient à votre parcours, on a évoqué
22:01L'eau des fleurs qui a été un tournant
22:03et puis j'ai trouvé la date du 5 février
22:052024, c'est la nuit de la déprime
22:07à laquelle vous participez de façon étonnante
22:09il y a une affiche
22:11où on vous voit avec Raphaël
22:13Mizrahi et avec
22:15François Morel au milieu, un peu comme dans
22:17Les Deschiens. On a fait exprès,
22:19je dirais que c'était en 2023
22:21C'est en 2023, oui.
22:23J'ai jamais autant ri de ma vie et j'aurais voulu faire ça toujours
22:25en fait. On a fait Les Idiots,
22:27vous connaissez La nuit de la déprime de Raphaël Mizrahi,
22:29son engagement pour la cause animale
22:31comme la mienne et on s'est
22:33dit on va faire quelque chose de rigolo et c'est
22:35très très drôle ça. Qu'est-ce que vous avez fait ?
22:37Alors je me suis mise exactement à l'identique
22:39des Deschiens, j'étais
22:41à genoux, évité de me chacoter
22:43avec François Morel
22:45et Raphaël Mizrahi et
22:47il ne m'en laissait pas placer une, il me
22:49posait des questions sur mes romans mais il répondait à ma place
22:51et à chaque fois que je voulais ouvrir la bouche il me disait
22:53en gros tais-toi. Voilà, comme dans Les Deschiens.
22:55C'était très très drôle. Il faut savoir que cette nuit de la déprime
22:57elle est née pour une fois
22:59parce que Raphaël Mizrahi
23:01qui est totalement fou et génial avait décidé
23:03de lutter contre la morosité ambiante
23:05et puis ça a tellement marché, tout le monde est venu pour
23:07pleurer et qui recommence
23:09chaque année. C'est génial, à chaque
23:11fois c'est génial. C'est étonnant
23:13et Les Deschiens il faut savoir que c'est
23:15un spectacle avant d'être une émission de télé
23:17de Jérôme Deschamps qui est l'oncle de Jacques Tati.
23:19D'accord.
23:21Alors si effectivement vous êtes au
23:23liberger ce soir-là, c'est pour
23:25défendre la cause animale
23:27et je crois que vous avez ce point commun avec Raphaël Mizrahi
23:29qu'on peut résumer par une chanson.
23:31Le chat de la voisine qui mange
23:33la bonne cuisine et fait ses cro-cro-cro
23:35sur un valet de retondon
23:37le chat de la voisine.
23:39Chanson écrite par un receveur
23:41d'autobus qui l'a apporté à mon temps
23:43et qui l'a enregistrée.
23:45Et c'est vrai que Raphaël Mizrahi je crois
23:47a recueilli dans sa maison de Troyes
23:49tous les chats de la région.
23:51Tous les chats abandonnés sont
23:53stérilisés, nourris et il a fait
23:55construire une petite maison près de la sienne
23:57pour recueillir
23:59tous ces animaux abandonnés, absolument.
24:01Je crois même qu'il a mis un système vidéo.
24:03Oui, pour regarder comment ça va, les hérissons.
24:05Mais il est très très impliqué aussi
24:07je sais que Raphaël Mizrahi et Claude Lelouch
24:09sont allés en fin d'année dernière
24:11à Basoche dans la fondation
24:13Brigitte Bardot aussi pour supplier
24:15les gens d'adopter
24:17de ne pas acheter un animal
24:19c'est plutôt de réfléchir
24:21avant de s'engager. C'est 15 ans
24:23et c'est merveilleux
24:25mais il y a aussi beaucoup de contraintes.
24:27Ré-fléchir.
24:29Je vous confie.
24:31Il se trouve que l'amour des animaux je crois
24:33c'est venu de vos parents, Valérie Perrin.
24:35Oui, je pense que mes parents ont toujours été très sensibles
24:37à la cause animale.
24:39Je dirais que mon premier chien, Niki, l'est arrivé
24:41je devais avoir 7-8 ans
24:43et
24:45ça me bouleverse parce que
24:47je pense que les animaux ont aussi
24:49leur place. Elle est fondamentale
24:51dans ce monde. Je pense que grandir
24:53avec des animaux pour un enfant c'est
24:55formidable parce que ça apprend l'empathie
24:57ça s'apprend à s'occuper de quelqu'un d'autre
24:59c'est un autre regard, c'est un autre langage
25:01c'est une autre connexion
25:03mais elle est magnifique aussi.
25:05Et donc vous avez eu des petits chiens
25:07comme ça tout au long de votre enfance ?
25:09Et ça vous a marqué ?
25:11Et un jour vous avez décidé de devenir marraine
25:13d'un refuge ?
25:15Oui.
25:17La directrice du refuge
25:19animal de Guegnon
25:21m'a contactée, je crois que c'est en 2017
25:23pour me dire, je viens de voir une émission
25:25Télématin, on avait fait Télématin
25:27avec William Lémergie, elle m'a demandé
25:29si j'accepterais d'être la marraine du refuge
25:31et j'ai bien évidemment tout de suite accepté.
25:33Je me suis aussi engagée auprès du Parti animaliste
25:35pour les élections européennes
25:37en 2019 pour défendre la cause animale
25:39et puis comme vous le savez Jacques, maintenant
25:41il y a beaucoup de choses qui existent
25:43il faut vraiment
25:45protéger la biodiversité, c'est très compliqué
25:47et surtout
25:49il y a une association qui s'appelle
25:51L214 et c'est la première fois que ça arrive depuis
25:53quelques années, des gens se font embaucher dans
25:55les abattoirs et
25:57postent des vidéos qui sont très compliquées
25:59très difficiles, insupportables
26:01à regarder, mais du coup ça nous
26:03aide aussi et ça aide à légiférer.
26:05Oui, parce que pour beaucoup
26:07de gens, le combat pour défendre
26:09les animaux ça relève de l'utopie.
26:11Ça relève de l'utopie, c'est super dur
26:13c'est très douloureux, mais il y a quand même des victoires.
26:15Heureusement.
26:17Moi j'en ai parlé il n'y a pas longtemps avec Brigitte Bardot
26:19qui elle est un peu désespérée
26:21Je sais qu'elle est désespérée, je sais.
26:23Elle a tout fait pour...
26:25Elle voudrait qu'on ne mange plus de cheval, déjà de viande de cheval
26:27que ce soit interdit en France, comme dans
26:29beaucoup de pays.
26:31On a Paul Watson qui est un lébaro, qui est un homme
26:33extraordinaire qui s'est battu toute sa vie
26:35pour sauver je sais plus combien de milliers de baleines
26:37c'est un scandale.
26:39Il y a des jours où on est désespérée, vous savez
26:41quand on en sauve un, on en voit
26:43trois qui sont martyrisées, qu'on retrouve dans des caves
26:45torturées. Je sais que c'est dur, je comprends
26:47pourquoi elle est fatiguée, Brigitte Bardot
26:49mais en même temps, la fondation Bardot
26:51est une fondation exceptionnelle. Il faut savoir
26:53qu'elle a un rayonnement mondial
26:55et que les équipes sont extraordinaires.
26:57Heureusement qu'ils existent ces gens-là.
26:59Heureusement. Et elle s'est battue toute sa vie
27:01pour que cette fondation
27:03devienne d'utilité publique. Elle a mis des
27:05années à y arriver, parce qu'aucun politique
27:07ne faisait rien. Ils en ont rien à faire.
27:09Rien à faire, les politiques.
27:11Et à ses débuts, elle a été aidée par un garçon
27:13qu'on a un peu oublié, qui était Jean-Paul Stégère
27:15qui était au journal Tintin
27:17et qui faisait une rubrique d'animaux. Ah je savais pas du tout.
27:19Et de défense des animaux.
27:21Et Bardot, alors il y a une chose qu'on ne sait pas, c'est que
27:23l'amour des animaux pour Bardot
27:25est né quand elle tournait un film, une parisienne
27:27un jour en allant déjeuner dans le midi
27:29elle voit un âne abandonné sur la route
27:31elle le recueille, elle l'accroche à sa voiture
27:33le soir à l'hôtel, elle parvient à le faire dormir
27:35dans un genre de garage
27:37et le lendemain, à la une des journaux
27:39il y a le maître de l'âne qui se plaint
27:41en disant on a volé mon âne.
27:43Et elle a retrouvé le maître et elle l'a sauvé.
27:45Et je crois qu'elle a toujours dit
27:47que l'amour des animaux est né ce jour-là.
27:49Et vous, vous avez continué à avoir des animaux, des chats, des chiens ?
27:51Oui.
27:53J'en ai toujours.
27:55J'ai une drôle de vie.
27:57Alors je dis toujours
27:59que c'est très compliqué, mais j'ai réussi
28:01à sauver deux chats de mon refuge qui étaient positifs
28:03au sida, à la leucose
28:05et qui vivent
28:07tranquillement au manoir
28:09en Normandie.
28:11Et puis on a Mystique
28:13qu'on a adopté à la SPA de Cabourg.
28:15Il y a déjà six ans.
28:17Et les chats et les chiens, ça cohabite ?
28:19Oh, sans aucun problème.
28:21Tout le monde s'entend.
28:23Tout le monde finit par s'entendre.
28:25Les chats commandent.
28:27Mais les chiens commandent à la maison aussi.
28:29Je vous confirme.
28:31Il y avait un roman qui s'appelait Troyes, justement.
28:33Il y avait une histoire d'amitié entre trois copains, Valérie Perrin
28:35et il y avait Nina qui recueillit
28:37des chats, des chiens et tous les animaux.
28:39En fait, Nina,
28:41elle dirige
28:43le refuge de la Comel.
28:45Ca s'appelle la Comel, ça ne s'appelle pas encore Guegnon, mais c'est Guegnon.
28:47Et je me suis complètement inspirée de la vie
28:49de Maude Collella qui, elle,
28:51est directrice du refuge de Guegnon.
28:53Donc j'ai beaucoup parlé avec elle
28:55de son quotidien. Qu'est-ce que c'est que le quotidien
28:57de ces gens qui travaillent dans les refuges
28:59pour les animaux, tous les bénévoles.
29:01Il y a beaucoup de bénévoles, des gens extraordinaires
29:03qui viennent les promener, qui viennent nettoyer.
29:05Il faut le faire tous les jours, dans le froid, dans la chaleur.
29:07C'est difficile aussi
29:09psychologiquement parce que les jeunes, les petits
29:11partent très facilement. Les vieux,
29:13beaucoup moins. Les gens ont peur et puis il faut
29:15savoir. On n'a pas encore évoqué ça,
29:17mais c'est très important. C'est pour ça que je dis toujours, réfléchissez.
29:19Un animal, ça coûte cher.
29:21Aujourd'hui, les gens ont vraiment beaucoup de difficultés.
29:23Le quotidien est très
29:25compliqué. Donc un animal, ça vieillit.
29:27Il faut aller chez le véto. Ça coûte des fortunes.
29:29C'est pour ça que je dis toujours, réfléchissez.
29:31J'ai vu
29:33une de vos homonymes, Valérie Perrin,
29:35ex-auxiliaire de vie,
29:37qui a fondé une micro-entreprise de gardiennage
29:39d'animaux à domicile qui s'appelle Patatruf.
29:41C'est drôle. C'est génial.
29:43Elle s'appelle Valérie Perrin.
29:45Il y a aussi le fait de garder les animaux.
29:47C'est très important. Même en vacances.
29:49Car ils nous comprennent parfaitement, les animaux.
29:51Bien sûr, ils comprennent tout.
29:53J'ai jamais eu de problème. J'ai toujours eu des gens
29:55qui venaient chez moi quand je partais.
29:57J'ai toujours fait des échanges comme ça.
29:59C'est vraiment ce qu'il y a de plus génial.
30:01Quand quelqu'un vient à la maison pendant que vous,
30:03vous partez.
30:05Et dans Changer l'eau des fleurs, il y a également des animaux.
30:07Oui, il y a les chats du cimetière.
30:09Et puis un jour,
30:11Violette tombe nez à nez avec une chienne
30:13qui se laisse mourir sur la tombe de sa maîtresse.
30:15Et qu'elle finit par
30:17apprivoiser et qui va finir dans la loge
30:19par vivre avec
30:21Violette.
30:23Et comme Brigitte Bardot, vous menez ce combat
30:25contre les élites qui considèrent que les animaux
30:27ça n'a aucun intérêt.
30:29Comment on peut penser qu'aujourd'hui un animal n'a aucun intérêt ?
30:31Et de quel droit ?
30:33De quel droit surtout ?
30:35On fait n'importe quoi.
30:37Brigitte Bardot est allée au sommet.
30:39Elle est allée au sommet.
30:41Et puis en plus, Brigitte Bardot,
30:43elle est écoutée.
30:45Elle est écoutée par les grands de ce monde.
30:47Peut-être encore plus à l'étranger que dans son propre pays.
30:49C'est sûr. Elle en a rencontré des présidents.
30:51Et qui n'ont rien fait pour elle.
30:53Elle le dit elle-même.
30:55Aujourd'hui, je pense qu'il vaut mieux suivre
30:57des gens comme Cyril Dion,
30:59comme Hugo Clément,
31:01qui eux sont beaucoup plus impliqués que nos politiques.
31:03Je pense que c'est eux qu'il faut suivre.
31:05Ce sont des figures comme celle-ci, bien sûr.
31:07Sea Shepherd, One Voice,
31:09Greenpeace.
31:11C'est ces gens-là qu'il faut suivre et qu'il faut défendre.
31:13Et vous en avez parlé avec Brigitte Bardot ?
31:15Hélas, non, jamais.
31:17J'ai tellement de choses à lui dire.
31:19Pourquoi vous ne le faites pas ?
31:21Parce que je n'ose pas.
31:23On va essayer d'arranger ça.
31:25J'aimerais beaucoup parler avec elle.
31:27Les élections européennes,
31:29ce parti animaliste auquel vous avez adhéré,
31:31il y a eu quand même quelques voix.
31:33On a d'abord fait un très bon départ.
31:35Cette année, on a été extrêmement déçus.
31:37Les gens avaient tellement peur
31:39avec ce qui s'est passé sur les dernières législatives
31:41que quand ils se sont déplacés
31:43pour aller voter,
31:45ils n'ont pas soutenu le parti animaliste
31:47parce que les gens ont eu très peur
31:49de ce qui allait se passer.
31:51Et ils ont eu bien raison de le ressentir
31:53puisqu'après on a dissolu l'Assemblée.
31:55Et à Coluche aussi,
31:57il recueillait tous les chats errants du quartier.
31:59Il nourrissait tous les chats errants du quartier.
32:01Il a fait les Restos du Coeur, Coluche,
32:03et il nourrissait plein de chats chez lui tous les jours.
32:05C'était vraiment un coeur énorme.
32:07Cet homme merveilleux.
32:09Et il y avait Paul Léoto, on l'a un peu oublié,
32:11écrivain célèbre, qui habitait Châte-Nimaladrie.
32:13Il venait à Paris, donc il n'y avait pas de transport comme aujourd'hui.
32:15Il jetait la nourriture pour ses chats.
32:17C'est étonnant.
32:19Et il faut savoir qu'on n'a pas un coeur pour les gens
32:21et un coeur pour les animaux.
32:23Je pense que quand les gens ont un bon coeur,
32:25ils ont un coeur pour tous les êtres vivants.
32:27Ce qui est encourageant Valérie Perrin, c'est que la jeune génération vous suit.
32:29Ah oui, la jeune génération, oui.
32:31Et puis moi,
32:33pourtant je ne suis pas impliquée
32:35comme une femme comme Brigitte Bardot,
32:37qui est au top du top,
32:39mais je me rends compte que beaucoup de gens me remercient
32:41pour tout ça aussi.
32:43Je fais le mieux que je peux pour aider
32:45les gens que j'aime et que j'admire beaucoup.
32:47Il y a une façon aussi de découvrir les animaux
32:49quand on est enfant, c'est le cinéma.
32:51Il y a eu Lassie.
32:53Et on oublie que le premier chien à l'histoire du cinéma,
32:55c'est Rintintin, en 1923.
32:57C'était un chien, un berger allemand
32:59qui avait été recueilli par un soldat américain
33:01pendant la Première Guerre mondiale
33:03qui faisait des sauts incroyables.
33:05Daryl Zanuck l'a repéré.
33:07On a fait une vedette de cinéma
33:09et il est aujourd'hui
33:11au cimetière des chiens à Agnières-sur-Seine.
33:13Après Paris.
33:15C'est fou ça. Et vous vous souvenez,
33:17il y avait aussi Belle et Sébastien.
33:19C'était magnifique.
33:21Le cinéma, finalement,
33:23ça fait partie de votre vie.
33:25Au départ, ça a commencé par des scénarios
33:27avec Lelouch, avant que vous le rencontriez
33:29pour l'épouser.
33:31J'ai rencontré
33:33Claude en 2007,
33:35fin 2006, début 2007.
33:37A l'époque, j'ai travaillé encore dans ma boîte
33:39de téléphonie mobile.
33:41J'ai vite démissionné pour le suivre.
33:43J'ai commencé tout d'abord
33:45à faire des photos de plateau.
33:47Et puis,
33:49à partir de
33:512011,
33:53j'ai commencé à écrire.
33:55On avait déjà commencé à écrire autour de
33:57ces amours-là, et on a écrit
33:59pendant deux ans, moi j'ai écrit pendant deux ans
34:01pour le film qu'on a fait avec Johnny Hallyday
34:03et Dimitri Michel et Sandrine Bonnaire
34:05qui s'appelle Salon, on t'aime.
34:07C'est une école fondamentale pour moi,
34:09d'apprendre à construire un scénario.
34:11Parce qu'on dit toujours que Claude improvise,
34:13oui, mais sur des choses extrêmement
34:15écrites.
34:17C'est la base du travail, même pour le journalisme.
34:19Et je crois que le jour du mariage,
34:21il a même filmé votre mariage.
34:23Oui, je confirme.
34:25Il a réussi d'ailleurs dans le prochain film
34:27qui s'appelle finalement, avec Anne Merad,
34:29qui sort le 13 novembre prochain,
34:31il y a un petit extrait
34:33de la soirée de notre mariage.
34:35C'est très drôle, c'est pas grave.
34:37C'est Claude, il vit comme ça, il vivra toujours
34:39comme ça. Là en ce moment, il est déjà
34:41dans le prochain scénario, et du coup
34:43il est heureux parce qu'il me dit, oh là là,
34:45ça va être extraordinaire, ça va être encore plus fou que les autres.
34:47Et je trouve qu'il a beaucoup de chance d'être passionné
34:49comme ça. Et nous on a beaucoup de chance de vous recevoir,
34:51on en parlera d'ailleurs avec lui dans quelques jours dans Les Clés d'une Vie.
34:53Et on va revenir à cette date
34:55de sortie de Tata le
34:5719 septembre 2024. A tout de suite
34:59sur Sud Radio avec Valérie Perrin.
35:01Sud Radio, Les Clés d'une Vie.
35:03Sud Radio,
35:05Les Clés d'une Vie. Mon invité Valérie
35:07Perrin. On a parlé de tout votre parcours
35:09avec le succès de
35:11Changer l'eau des fleurs, avec tout ce que vous faites pour les animaux.
35:13Et le 19 septembre
35:152024 est sorti votre nouveau
35:17roman Tata chez Albin Michel.
35:19Un pavé de 600 pages.
35:21Et d'ailleurs il est déjà presque en tête des ventes, je crois,
35:23non ? Il est en tête des
35:25ventes. C'est incroyable. Depuis la sortie, oui.
35:27C'est incroyable. Et vous en revenez
35:29vous-même ? Non.
35:31Non parce que
35:33c'est pas possible. C'est comme un conte de fées.
35:35Plus, plus, plus.
35:37Alors l'histoire de Tata, c'est une femme
35:39qui est théoriquement sans histoire.
35:41Justement. Et vous en avez fait une histoire
35:43très particulière.
35:45Elle est théoriquement sans histoire mais il n'existe
35:47aucune personne qui n'ait pas d'histoire, en fait.
35:49Vous en êtes convaincue depuis toujours ?
35:51Je suis convaincue depuis toujours. Mais ce que Lelouch d'ailleurs
35:53dit aussi. Oui, c'est sûr. Bien sûr.
35:55Et puis je pense que tous les artistes,
35:57tous les auteurs pensent ça. Je pense.
35:59Et effectivement, Tata,
36:01c'est Colette Septembre, c'est une cordonnière
36:03née après la guerre
36:05et qui a eu une vie, ma foi,
36:07bien tranquille
36:09et qui est morte
36:11en 2007.
36:13Sauf qu'en 2010, on contacte
36:15sa nièce, Agnès,
36:17qui vit à Paris, pour lui dire
36:19« Votre tante vient de mourir. »
36:21Chose absolument impossible puisque ma tante
36:23est décédée en 2007, il y a trois ans.
36:25Elle est morte et enterrée au cimetière de Guignon.
36:27Eh bien non, madame. A priori,
36:29elle vient juste de partir à telle adresse.
36:31Et donc là, la nièce
36:33va retourner à Guignon
36:35pour reconnaître le corps de cette femme
36:37qui vient de mourir. Et si c'est bien sa tante
36:39qui vient de mourir, qui repose à sa place depuis
36:41trois ans ? Et surtout, pourquoi fait-elle croire
36:43qu'elle est partie depuis trois ans ? Comment peut-on
36:45gâcher sa vie et se faire croire
36:47qu'on est mort pendant trois ans ?
36:49Et là, j'ouvre beaucoup, beaucoup,
36:51beaucoup de boîtes.
36:53Alors, comment est née l'idée
36:55Valérie Perrin ? L'idée, elle est
36:57commencée par le mot « tata ».
36:59J'étais à l'Île-Adam
37:01avec Claude. J'avais commencé
37:03l'écriture de
37:05« Trois », donc ça doit être
37:072019, et j'ai entendu un petit garçon appeler
37:09sa tante, hurler « Tata ! Tata ! »
37:11Et ça m'a, je sais pas, ça m'a
37:13foudroyée. Et à partir de ce mot-là,
37:15à partir de cet instant, j'ai commencé à construire
37:17tout le personnage, peu à peu.
37:19Avec en plus, je crois, une découverte dans une brocante.
37:21Oui, mais alors à laquelle j'avais pas du tout
37:23pensé à l'époque où je l'ai trouvée.
37:25Une collection. La collection
37:27d'un fan de football
37:29qui a découpé
37:31tous les journaux,
37:33tous les articles
37:35concernant l'équipe de Guegnon
37:37pendant des années 60
37:39aux années 80.
37:41Et tout écrit au stylo plume.
37:43Enfin, c'est
37:45merveilleux. C'est une collection merveilleuse que j'ai découverte
37:47il y a une vingtaine d'années dans une brocante
37:49et que j'ai offert à mon père.
37:51Je lui ai dit, tiens ça, c'est sûrement quelque chose d'extraordinaire.
37:53Et du coup, j'ai réutilisé aussi
37:55cette belle collection
37:57pour faire croire dans mon roman
37:59que c'est Colette qui l'a faite.
38:01Elle est fan de football, donc vous retournez
38:03sur vos terres natales avec
38:05Guegnon. Oui, cette petite tante
38:07qui n'a l'air de rien, qui est cordonnière.
38:09Elle va le samedi voir
38:11son équipe favorite.
38:13Et il y a un événement très important
38:15qui a été très marquant pour nous à Guegnon.
38:17C'est qu'en 2000, au Stade de France,
38:19l'équipe de Guegnon a gagné la Coupe de la Ligue
38:21contre le Paris Saint-Germain.
38:23Et en fait, j'avais besoin,
38:25ça s'est passé en 2000, en avril 2000,
38:27et ce jour-là, la grande histoire
38:29on va dire, en tout cas l'histoire
38:31de ce football-là, rejoint la petite histoire
38:33parce qu'il se passe quelque chose de fondamental
38:35dans le roman pour deux personnages.
38:37Mais on n'en dira pas plus.
38:39Il faut savoir aussi qu'il y a l'ambiance du football,
38:41et ça vous l'avez connu dès vos jeunes années.
38:43Bien sûr, bien sûr.
38:45Oui, bien sûr.
38:47Comme je vous l'ai dit, on en parlait
38:49quand on a commencé cet échange.
38:51On passait beaucoup de temps.
38:53On allait tous au foot
38:55parce que c'était là où les vieux se retrouvaient,
38:57les jeunes se retrouvaient, les moyens se retrouvaient,
38:59les femmes retrouvaient des copines, les hommes se retrouvaient entre hommes.
39:01Et c'était aussi une réunion
39:03joyeuse.
39:05Oui, mais il y avait le but aussi, l'ambiance.
39:07C'est formidable, ça.
39:09C'était l'explosion de joie.
39:11Alors, dans le livre, il y a aussi une autre
39:13clé importante, Valérie Perrin.
39:15C'est l'artifice de vente magnétique que votre personnage retrouve.
39:17Oui, absolument.
39:19En fait, mon personnage, ma narratrice qui s'appelle Agnès,
39:21qui est cinéaste, qui a
39:2338 ans au moment des faits,
39:25elle a oublié
39:27quand elle était jeune, ado,
39:29son magnétophone chez sa tante.
39:31Et cette tante, elle a récupéré des cassettes vierges
39:33et elle dit
39:35à sa nièce, elle raconte sa vie,
39:37des morceaux de sa vie à sa nièce.
39:39Elle se livre à sa nièce à travers ses cassettes
39:41parce qu'elle était tellement timide, cette Colette,
39:43qu'elle n'aurait peut-être pas osé lui dire
39:45comme ça, les yeux dans les yeux.
39:47Et elle s'épanche pendant des heures et des heures
39:49sur des cassettes qu'Agnès va écouter.
39:51Et qui vont être le fil conducteur de l'histoire.
39:53Une histoire qui se déroule de 1956
39:55à 2011, Valérie Perrin.
39:57Alors oui, le présent, c'est vraiment
39:592010. Il y a un tout petit événement
40:01qui va se passer en 2011 et on peut même
40:03dire que je remonte
40:05aux années 30. Parce que justement,
40:07vous racontez la vie de l'héroïne
40:09et de la tante
40:11et l'héroïne va de surprise en surprise
40:13en découvrant sa vie. En découvrant
40:15les propres histoires de sa propre famille.
40:17Il y a des choses, ça arrive
40:19très souvent, qui ne sont pas dites.
40:21Qui sont tues.
40:23Pour le bien. Parfois.
40:25Parfois c'est pas bien, parfois c'est bien.
40:27Et Agnès, c'est vrai qu'elle va aller
40:29de surprise en surprise. C'est un
40:31roman où il y a beaucoup d'histoires d'amour
40:33et comme dans mes autres romans,
40:35j'ai envie de dire, il y a un fil
40:37conducteur de polar aussi.
40:39Et puis une héroïne qui est cinéaste.
40:41Donc il y a un point commun avec vous.
40:43Oui, bien sûr. Elle est cinéaste.
40:45Elle a
40:47connu de grands succès.
40:49Je parle beaucoup de scénarios
40:51aussi. De qu'est-ce qu'on
40:53fait
40:55d'après. Parce qu'il est très clair qu'elle
40:57ne veut plus réaliser. Alors qu'elle est
40:59une grande réalisatrice. Qu'elle est brisée
41:01par un chagrin d'amour. Elle a
41:03beaucoup de mal à s'en remettre.
41:05Et
41:07il faut savoir aussi que
41:09l'homme qu'elle filmait,
41:11c'était son mari. Que c'était sa muse.
41:13Que c'était ce qui la motivait. Et que maintenant
41:15qu'il n'est plus dans sa vie, elle a perdu le goût de
41:17filmer. Donc que va-t-elle devenir ? Que va-t-elle faire
41:19même de sa propre vie ? Et personnelle et professionnelle.
41:21Alors il y a aussi des points, je me demande
41:23si c'est des points qui se rapportent à votre enfance,
41:25de votre héroïne Valérie Perrin. Notamment
41:27elle passait ses vacances d'enfance
41:29chez elle alors que d'autres partaient
41:31à la mer. Oui, absolument. Alors ça
41:33c'était intéressant aussi
41:35parce qu'il faut savoir que ma narratrice, Agnès,
41:37ses parents sont deux
41:39musiciens virtuoses. Un père
41:41concertiste, un pianiste
41:43et une mère violoniste.
41:45Et c'est vrai que pour avoir
41:47beaucoup échangé, beaucoup préparé
41:49ces deux personnages avec Anne Gravoin
41:51qui est violoniste et Pascal Amoyel
41:53qui est un grand pianiste, je sais qu'ils
41:55ne sont jamais là. Et d'ailleurs les deux m'ont
41:57dit on a deux valises. Une
41:59qui est prête et une
42:01qu'on ramène avec le linge sale.
42:03En gros ils ne sont jamais là. Et je voulais
42:05aussi raconter ce que c'est que d'être l'enfant
42:07de grands artistes comme ça, un peu solitaire
42:09un peu seule et qu'on met chez la tata
42:11à Guignon le temps de partir
42:13au bout du monde. Alors c'est pas moi
42:15parce que nous
42:17on partait tous les ans en bord de la mer l'été
42:19c'est sûr, tous les ans. Ou dans le sud
42:21plutôt dans le Var ou en Bretagne.
42:23Et il y a aussi
42:25des livres qui berçaient l'enfance de votre héroïne
42:27qui sont Tintin au Tibet,
42:29le soleil est là aussi. Oui, moi j'adore Tintin moi.
42:31Je suis une fan absolue. Moi aussi quand j'étais petite
42:33je disais Tintin mais pas que petite, je continue
42:35toujours à lire Tintin. J'adore oui.
42:37Et Tintin au Tibet correspond à la période
42:39de dépression d'Hergé qui avait
42:41quitté sa première femme Germaine pour
42:43Fanny et il ne s'en remettait pas moralement.
42:45C'est fou ça. C'est pour ça qu'il a fait un album
42:47tout blanc. D'accord. C'est la raison.
42:49Il est beau le Tintin au Tibet, il est très beau. Magnifique.
42:51Mais tous les Tintins sont magnifiques. Magnifique.
42:53Alors il se trouve qu'on parle musique et il y a quelqu'un
42:55justement que vous affectionnez et
42:57vous parlez dans ce livre Valérie Perrin.
42:59Souchon, alors va savoir
43:01pourquoi. Ça c'est des bonnes
43:03questions qu'il faudrait poser à son inconscient.
43:05Il était tout le temps là dans ma tête
43:07pendant l'écriture de ce roman, Alain Souchon.
43:09D'ailleurs à un moment donné, du coup
43:11j'ai laissé complètement rentrer dans le roman.
43:13À un moment donné Agnès dit, c'est marrant j'ai le présent
43:15mon présent s'appelle Souchon.
43:17C'était vraiment mon présent s'appelait Souchon
43:19à ce moment là. Et dans le
43:21roman, à un moment donné
43:23plus sur la fin
43:25Agnès s'amuse à extraire
43:27une phrase par
43:29chanson. Et ça donne
43:31toutes les pépites qu'il a pu écrire. Et ça
43:33je l'ai réellement vécu avec Claude un soir. Je lui ai dit
43:35j'étais obsédée par
43:37Souchon vraiment. Et je lui ai fait
43:39écouter, je sais pas, on a écouté 30 chansons
43:41et à chaque fois je me suis amusée à aller chercher
43:43la plus jolie phrase des chansons. Et je l'ai
43:45mis dans mon roman. Voilà et moi je me souviens d'une rencontre
43:47avec Souchon débutant à la Pizza du Marais
43:49en 73. Il faisait
43:51L'Amour 18 ans 30 qui ne marchait pas du tout.
43:53Il disait je vais abandonner la chanson.
43:55Et heureusement il a rencontré Laurent Voulzy
43:57qui est devenu son frère. Et ça a donné
43:59les chefs-d'oeuvre qu'on connait. Alors
44:01il y a aussi petit à petit
44:03on retrouve des caractères très différents
44:05dans le roman. Et il y a
44:07un scénario qui s'écrit dans le roman.
44:09Avec des caractères différents.
44:11Je me suis sentie
44:13libre comme jamais j'ai été libre pour écrire ce roman.
44:15Et je me suis tout permis.
44:17Et à un moment donné
44:19effectivement il y a un scénario qui ressort.
44:21Un scénario d'Agnès et qui peu à peu
44:23va se fondre et va aller
44:25vers le roman. Parce que
44:27on sent que
44:29cette réalisatrice elle a
44:31envie d'aller vers l'écriture du roman.
44:33Et l'histoire se situe non loin de
44:35Parel Monial dont vous parliez.
44:37L'histoire se situe à Guegnon. Guegnon
44:39il y a 20 kilomètres qui séparent ces deux
44:41villes. Et vous savez que quelqu'un de très célèbre
44:43est né à Parel Monial dans la maison du garde-barrière
44:45c'est Jacqueline Maillan. Ah je ne savais pas du tout.
44:47En revanche je me souviens que le pape
44:49Jean-Paul II est venu à Parel Monial
44:51et qu'à ce moment-là je vendais
44:53je crois que c'était La Croix.
44:55J'étais très jeune.
44:57Alors il se trouve aussi que vous avez réussi une performance
44:59Valérie Perrin.
45:01Ce livre vous l'avez écrit sans connaître
45:03la fin.
45:05Alors je
45:07n'écris jamais un roman
45:09si je ne connais pas la fin. Je connaissais la fin
45:11en revanche je savais
45:13que tout reposait sur la fin.
45:15Donc c'était long, long, long parce que
45:17j'écris pendant deux ans et demi et j'écris tout au fur
45:19et à mesure. Je construis au fur et à mesure
45:21j'ai besoin d'arriver pleine de ce que j'ai
45:23dit la veille pour continuer à avancer
45:25et c'est vrai que quand je suis arrivée à la fin
45:27je me disais si je n'aime pas
45:29si ce que j'ai imaginé
45:31ça ne tient plus la route
45:33je ne rendrai pas ce manuscrit
45:35à mon éditeur. Mais je ne l'ai dit à personne.
45:37Et je l'ai fini.
45:39Chez moi dans ma maison en Bourgogne
45:41et je me rappelle je suis sortie
45:43il faisait beau, il y avait du soleil
45:45j'ai appelé Claude et je lui ai dit ça y est j'ai fini.
45:47Et la maison de Bourgogne est présente
45:49dans ce livre. C'est un endroit
45:51où vous vous recueillez pour écrire.
45:53C'est une maison dont je suis tombée amoureuse
45:55en 2021
45:57et je l'aime
45:59d'amour. Elle n'est pas très loin de Guegnon
46:01elle est à une quinzaine de kilomètres de Guegnon
46:03dans la campagne Sud-Bourgogne
46:05limite Morvan.
46:07Et là on peut écrire pendant des heures et des heures.
46:09Est-ce que vous imaginez ce parcours Valérie Perrin
46:11quand vous avez publié Les Oubliés du Dimanche ?
46:13Jamais de la vie, c'est impossible.
46:15Impossible.
46:17C'est pour ça que je vous le disais tout à l'heure
46:19ça faisait quatre jours que Tata existait
46:21et on m'a tout de suite appelée pour me dire elle est déjà première
46:23des ventes. J'ai beaucoup de mal à réaliser.
46:25Et l'avenir maintenant ?
46:27L'avenir, je porte déjà
46:29depuis très longtemps le prochain roman.
46:31Je commencerai
46:33à y travailler l'année prochaine.
46:35Je prends du temps, vous savez
46:37il y a trois ans d'écart entre mes quatre romans
46:39donc il n'y a pas de raison que ça aille plus vite.
46:41Je vais bien prendre le temps d'écrire,
46:43de réfléchir, de construire,
46:45puis après on verra.
46:47Et ça pourrait être un film Tata ?
46:49Je crois qu'il y a déjà pas mal de gens qui se sont positionnés.
46:51Il y a pas mal de producteurs qui sont intéressés par Tata.
46:53Et vous n'avez pas envie de réaliser un film ?
46:55On m'a posé la question.
46:57On m'a dit est-ce que tu veux le réaliser ?
46:59Parce qu'on a le sentiment que c'est toi qui vas le réaliser.
47:01D'abord je ne veux pas faire le même métier que mon mari
47:03et puis je suis sûre que j'en suis incapable.
47:05Quand je vois ce qu'il fait lui,
47:07les armées qu'il soulève,
47:09je suis extrêmement bien
47:11dans cette chose d'écriture,
47:13dans cette chose
47:15du secret, de la solitude.
47:17Ça me plaît beaucoup, de plus en plus d'ailleurs.
47:19Et je crois que vous plaisez de plus en plus
47:21aux lecteurs et ils sont de plus en plus nombreux.
47:23Ça s'appelle Tata,
47:25c'est sorti chez Albin Michel.
47:27C'est un pavé de 600 pages, c'est extraordinaire
47:29d'arriver à tenir une histoire sur 600 pages.
47:31Déjà trois étaient déjà pas mal.
47:33C'était un pavé,
47:35je crois bien que Changez-vous des fleurs
47:37était un pavé aussi.
47:39Dans le genre Les oublis du dimanche,
47:41c'était pas mal non plus.
47:43C'est vrai qu'il est très dense celui-là.
47:47Et on ne le lâche pas du début à la fin,
47:49je vous le confirme.
47:51Merci Valérie Perrin,
47:53merci d'avoir écrit Tata et rendez-vous pour le livre suivant.
47:55Avec plaisir Jacques.
47:57Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
47:59On se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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