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Transcription
00:00Il est 14h30 à Paris et bienvenue dans cette dernière séquence de Paris Direct.
00:04Et ce nouveau conseil européen qui s'est ouvert ce matin à Bruxelles,
00:08les dirigeants de l'UE se retrouvent pour les deux prochains jours
00:12avec à l'ordre du jour la question du Proche-Orient, la question ukrainienne,
00:17mais aussi en question centrale le dossier migratoire,
00:22la question de la gestion de l'immigration illégale.
00:26Le 27 donc essaye de répondre à cette problématique avec présent sur place
00:32le tandem Macron-Barnier, vous le voyez en raison de la coalition,
00:36et le président et le chef du gouvernement français sont présents.
00:40Plus étonnant, Marine Le Pen qui entend surveiller à distance
00:43la teneur des propos prononcés participe elle aussi à cette réunion
00:48dans la capitale belge.
00:50Voilà pour l'ambiance, c'est un sujet revenu à la une, vous le savez,
00:53depuis la formation du nouveau gouvernement.
00:55Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a fait de l'immigration son cheval de bataille
01:02depuis son ascension au poste de premier flic de France,
01:05il a multiplié les déclarations pour durcir la législation envers les étrangers
01:09en situation irrégulière.
01:11C'est l'objet du dernier L'Image du jour, on va en parler avec vous Charlotte Boitiot.
01:14Bonjour, journaliste pour le site Infomigrants,
01:17vous suivez depuis plusieurs semaines les déclarations du nouveau ministre.
01:21On va en parler par le biais d'une photo, un cliché qui fait sens et qui nous parle.
01:26Expliquez-nous.
01:27Oui, vous venez de voir cette photo qui s'est affichée.
01:29C'est donc Bruno Retailleau qui sortait d'un centre de rétention administrative.
01:33C'est une photo qui n'a pas été prise au hasard.
01:35Le centre de rétention, c'est le lieu où sont enfermés les étrangers.
01:38Voilà, vous la voyez à l'écran.
01:39Où sont enfermés les étrangers en situation irrégulière, en attente de leur expulsion.
01:43Ici, le ministre est au CRA, ça s'appelle un CRA, un centre de rétention administrative,
01:47au CRA du Ménil-Hamelot, en région parisienne.
01:50Évidemment, c'est une visite qui a suivi la fameuse affaire Philippine,
01:53que vous avez suivie, cette affaire qui a défrayé la chronique,
01:56puisqu'elle a du nom de cette jeune étudiante française qui a été assassinée le 21 septembre
02:01par un étranger en situation irrégulière qui se trouvait dans un centre de rétention administrative
02:06et qui a été libéré de ce centre de rétention et qui n'avait pas été expulsé vers son pays d'origine.
02:11Bruno Retailleau a donc fait de cette affaire Philippine un peu le fer de lance,
02:16le symbole de sa politique anti-immigration.
02:19La preuve par la portée trans-symbolique de cette photo, il visite un centre d'expulsion,
02:24pas un centre d'accueil et puis il avait surtout dit, il y a quelques jours, à nos confrères d'ETF1,
02:29je le cite, l'immigration n'est pas une chance pour la France
02:32et la phrase avait déjà été prononcée en 1995 par un certain Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front National.
02:38On l'a bien compris et c'est aussi sûrement pour ça qu'il a été nommé.
02:41Bruno Retailleau se place à la droite de l'échiquier politique,
02:43il a annoncé une nouvelle loi immigration pour 2025,
02:45alors même que l'actuelle loi asile et immigration a été promulguée, ça c'était il y a moins d'un an.
02:51Mais oui, c'était il y a dix mois une loi immigration promulguée en janvier dernier,
02:55donc l'annonce d'une nouvelle loi pour l'horizon 2025 fait un peu bondir dans les rangs de l'Assemblée
03:01jusque dans les rangs présidentiels.
03:03Était-ce vraiment nécessaire et prioritaire ?
03:05Evidemment oui, selon Bruno Retailleau, puisque le texte actuel n'est pas assez dur.
03:11Alors je m'explique, il voudrait reprendre toutes les mesures qui avaient été écartées en janvier dernier
03:15par le Conseil constitutionnel pour recréer une nouvelle loi immigration.
03:19Donc il pense notamment à fixer plusieurs combats,
03:23il veut rétablir le délit de séjour irrégulier, fixer des quotas migratoires,
03:28il veut aussi durcir les conditions du regroupement familial,
03:32vous voyez à l'écran, et aussi toucher au droit du sol.
03:36Donc autant de mesures, comme je disais, qui avaient déjà été discutées par le précédent gouvernement
03:40et censurées par le Conseil constitutionnel.
03:42Mais pour lui, ces dispositifs avaient été surtout écartés pour des questions de forme, pas vraiment de fond.
03:47Donc selon lui, il est possible que le Conseil constitutionnel valide une nouvelle mouture de la loi immigration.
03:54Bon, il y a aussi une autre mesure chère à Bruno Retailleau qui n'est pas écrite ici,
03:57c'est la suppression de l'aide médicale d'État.
03:59Ah oui, c'est un véritable serpent de mer politique.
04:01À chaque gouvernement, il y a des pics qui sont lancés contre cette aide médicale d'État,
04:05elle est un panier de soins gratuits, accessibles pour les étrangers sans papier.
04:10Souvenez-vous, le précédent gouvernement avait déjà essayé de le supprimer.
04:14Le Conseil constitutionnel, là encore, avait mis son veto.
04:18Mais Bruno Retailleau revient à la charge, alors même que l'actuel ministre de la Santé s'y est opposé.
04:24Mais pour lui, l'AME, comme on dit l'aide médicale d'État, doit être réformée
04:28parce qu'il permet un prétendu appel d'air.
04:31Alors plusieurs questions se posent.
04:33Est-ce que beaucoup d'étrangers en France en bénéficient ?
04:35Ils sont, selon la Cour des comptes, 440 000.
04:38440 000 personnes à bénéficier de l'AME, c'est moins de 1% de la population française.
04:43Ensuite, en termes de santé publique, est-ce que ce serait vraiment pertinent de supprimer cette AME ?
04:48Alors évidemment non, selon les ONG d'aide aux étrangers.
04:51Je cite Médecins du Monde qui a déclaré, il y a quelques semaines,
04:54si on ne permet pas aux étrangers de se soigner, ils vont tomber malades.
04:57S'ils tombent malades, il y a de grandes raisons pour que la population française tombe malade elle aussi.
05:02Donc si les étrangers n'ont plus accès à l'AME, ils vont aller sursaturer les hôpitaux publics.
05:08Et enfin, juste d'un point de vue financier,
05:10le gouvernement parle souvent de faire des économies en touchant à l'aide médicale d'État.
05:15Je voudrais préciser que le budget de l'AME, c'est 0,5% des dépenses de la Sécurité sociale.
05:21Donc c'est vraiment une goutte d'eau dans le budget de l'État français.
05:25C'est un film, effectivement.
05:26Vous l'évoquiez en début de chronique, depuis l'affaire Philippine,
05:28Bruno Retailleau souhaite aussi expulser plus de délinquants étrangers sous OQTF,
05:32ses obligations de quitter le territoire français.
05:34Et pour cela, il pense à quoi ?
05:36Allonger la durée d'enfermement dans les centres de rétention administrative.
05:40Pour bien comprendre, il faut savoir comment fonctionnent ces centres de rétention.
05:44Seuls les étrangers sous OQTF, sous obligation de quitter le territoire français, peuvent y rentrer.
05:48L'administration dispose actuellement de 90 jours pour renvoyer un étranger vers son pays d'origine.
05:54Une durée maximale, rarement appliquée dans les faits.
05:57Il y a toujours beaucoup de recours.
05:58Mais c'est trop peu, estime Bruno Retailleau, qui voudrait allonger cette durée à 210 jours
06:03pour les personnes qui ont commis des délits.
06:05La notion de délit est assez floue juridiquement.
06:08Et surtout, cette durée de 210 jours existe déjà dans la loi française.
06:11Mais elle ne concerne que les étrangers coupables d'infractions terroristes.
06:15Il est vrai que très peu d'OQTF sont appliqués en France.
06:18Actuellement, seuls 12% sont exécutés.
06:21C'est peu.
06:22Mais est-ce qu'allonger la durée de rétention va changer quelque chose ?
06:24Pas vraiment, en fait.
06:25Les expulsions n'ont rien à voir avec la durée d'enfermement dans les centres de rétention
06:30ou avec le laxisme supposé de l'Etat français, comme le sous-entend souvent le ministre.
06:35Au contraire, les expulsions se font rares parce qu'elles se heurtent à la complexité du droit.
06:40Il y a un vrai arsenal législatif qui encadre les expulsions en France.
06:44Et donc, ce n'est pas si simple d'expulser un étranger.
06:46Pourquoi ?
06:47Parce que, par exemple, pour expulser, il faut qu'un pays d'origine délivre ce qu'on appelle le fameux
06:51laissé-passer consulaire.
06:53C'est un document qui permet de reconnaître la personne à expulser.
06:57On demande au pays de confirmer l'identité de la personne à expulser, de reprendre son ressortissant.
07:01Mais si le pays d'origine refuse...
07:03Et c'est souvent le cas.
07:04Et c'est souvent le cas.
07:05On ne délivre pas ce laissé-passer consulaire, donc l'expulsion est impossible.
07:10Et il y a aussi des personnes qui ne sont tout simplement pas expulsables.
07:13Je pense notamment aux Syriens.
07:15C'est interdit d'expulser des Syriens parce que leur pays est toujours en guerre.
07:18Par exemple, d'expulser des étrangers comme les Afghans, dont le pays est actuellement sous régime taliban.
07:23Et enfin, juste avant de passer à la prochaine question, je voudrais rappeler aussi que
07:26l'écrasante majorité des étrangers qui se trouvent dans les centres de rétention administrative
07:31ne sont pas des délinquants avec un casier.
07:33En fait, la grande majorité, ce sont des étrangers qui n'ont pas de papier.
07:37Et jusqu'à présent, en France, ne pas avoir de papier, ce n'est pas un délit.
07:39C'est une irrégularité administrative.
07:41Alors, il veut aussi, Bruno Retailleau, régulariser moins.
07:44Il vise notamment les travailleurs sans papier.
07:47Oui, et à travers eux, il vise la fameuse circulaire VALS.
07:50Je ne sais pas si vous vous rappelez.
07:51Cette circulaire qui permet de régulariser à titre exceptionnel des travailleurs, par le travail notamment.
07:57Donc, là encore, il faut rappeler les chiffres.
07:59C'est une régularisation, comme son nom l'indique, exceptionnelle.
08:03Il n'y a eu que 11 500 personnes qui ont été régularisées par le travail en 2023.
08:10C'est les chiffres de l'intérieur.
08:11C'est donc extrêmement peu.
08:12Il n'y a pas d'immigration massive à ce sujet.
08:14Alors, pourquoi si peu de personnes sont régularisées par la circulaire VALS ?
08:18Parce qu'il y a de nombreux critères à remplir.
08:20Encore une fois, l'Etat est loin d'être laxiste sur le sujet de la régularisation.
08:24La régularisation, en France, elle est très dure à obtenir.
08:27Parce qu'il faut qu'un employeur, très concrètement, accepte de s'engager pour son salarié sans papier.
08:31Il faut qu'il remplisse des papiers.
08:33Il faut qu'il paye une taxe pour lui.
08:35Côté salarié, il faut que le salarié soit en France depuis une période bien précise.
08:41Il faut prouver qu'on est bien intégré.
08:43Il faut pouvoir fournir des fiches de paye.
08:45En fait, c'est un combat...
08:47Un chemin de croix.
08:48Un véritable chemin de croix.
08:49Et là, gestons peut-être à l'Europe.
08:51Maintenant, on a beaucoup parlé en cette journée de sommet européen.
08:54Bruno Rotaio envisage de nouer des accords avec des pays tiers pour freiner les flux migratoires.
08:58Ça nous fait quand même penser à ce qui se passe entre l'Italie et la Tunisie aujourd'hui.
09:01Oui, et encore une fois, c'est une déclaration qui peut sembler un peu en décalage avec la réalité des chiffres.
09:05Cette fois, on va citer Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes.
09:09Puisqu'il n'y a jamais eu aussi peu de passages clandestins détectés aux frontières de l'Europe.
09:13Il y a actuellement, en 2024, moins 64% d'arrivées clandestines par la Méditerranée
09:21et moins 80% d'arrivées clandestines par les pays des Balkans.
09:25En fait, c'est très peu.
09:26Mais malgré ces chiffres, qui sont encore une fois délivrés par une agence européenne, Frontex,
09:31Bruno Rotaio veut quand même trouver des solutions pour freiner l'immigration irrégulière.
09:35Et donc il a vanté, vous l'avez dit à ce propos, les résultats qui ont suivi l'accord entre l'Italie et la Tunisie à l'été 2023.
09:42Cet accord, il dit quoi ? Il dit qu'en échange d'une enveloppe d'une centaine de millions d'euros,
09:46le président tunisien s'engage à bloquer les départs de migrants depuis les côtes de son pays.
09:51Alors c'est vrai, cette alliance a porté ses fruits.
09:53Les arrivées de migrants vers l'Italie ont drastiquement chuté.
09:57Plus de 60%, enfin moins de 60% d'arrivées l'année dernière en Italie.
10:02Mais à quel prix cet accord est critiqué par les ONG ?
10:06Les Africains subsahariens qui vivent en Tunisie sont la cible de la violence des autorités.
10:10Et surtout, tous les migrants qui aujourd'hui sont interceptés dans la mer Méditerranée sont arrêtés par les autorités tunisiennes
10:16et envoyés dans les zones désertiques, à la frontière libyenne ou algérienne, où ils sont abandonnés.
10:22À l'heure où on parle, il y a déjà une centaine de personnes qui sont mortes de soif et d'épuisement dans les zones désertiques en Tunisie.
10:29On se souvient de ce numéro et de ces images saisissantes que vous nous aviez présentées il y a quelques semaines.
10:35Cet accord peut-être, parlons-en, accord qui suscite beaucoup d'intérêt auprès de Bruno Retailleau,
10:40mais il n'est pas le seul au sein de l'Union Européenne, celui dont on vous parle beaucoup depuis hier, entre l'Italie et l'Albanie.
10:46Oui, alors c'est le sujet qui fait l'actualité du moment, puisque c'est un accord qui vient tout juste d'entrer en action.
10:52Hier, on en a beaucoup parlé sur l'antenne de France 24,
10:55où l'Italie a permis le transfert d'un premier groupe de migrants vers l'Albanie.
10:59Alors concrètement, comment ça marche cet accord entre l'Albanie et la Tunisie ?
11:03La Tunisie autorise tous les migrants interceptés en mer dans ses eaux territoriales,
11:08autorise ses gardes-côtes à envoyer ces migrants en Albanie pour traiter leur demande d'asile.
11:14S'ils obtiennent un statut de réfugiés, ils peuvent être transférés vers l'Italie,
11:18mais s'ils sont déboutés du droit d'asile, ils seront renvoyés directement dans leur pays d'origine
11:23sans jamais avoir foulé le sol européen.
11:26Alors est-ce que c'est légal ?
11:27Selon Bruxelles, oui, puisque c'est la loi italienne qui sera appliquée à l'intérieur de ces centres albanais.
11:33Mais évidemment, selon les ONG internationales comme Amnesty International,
11:37c'est une grave remise en cause du droit d'asile.
11:39Voilà, ils sont en train de discuter de cet accord.
11:41Il y a Ursula von der Leyen, la chef de la Commission européenne,
11:44qui a même écrit une lettre en début de semaine au 27,
11:47demandant aux dirigeants de s'inspirer et de faire le point sur cet accord.
11:51C'est un peu une première en fait dans l'Union européenne.
11:53La présidente de la Commission a dit, je la cite, qu'elle souhaitait tirer les leçons de cet accord
11:58entre l'Albanie et la Tunisie et qu'elle voulait explorer les possibilités
12:02de développer des centres de retour en dehors de l'UE.
12:05C'est une déclaration qui a fait bondir certains eurodéputés,
12:08qui parlent d'une mesure tout simplement inadmissible et choquante.
12:11Ce serait la première fois qu'on permettrait l'externalisation des demandes d'asile
12:16et surtout des expulsions en dehors du territoire de l'UE.
12:19Les 15 Etats membres dont vous parlez poussent pour l'ouverture de ces centres d'expulsion
12:24en dehors du territoire européen.
12:27Pour eux, l'augmentation, je les cite, qui est insoutenable
12:30des arrivées irrégulières observées ces dernières années
12:33justifie qu'on puisse sortir des sentiers battus.
12:36Voilà, il en est question aujourd'hui, sujet à l'ordre du jour
12:39de ce Conseil européen qui ne manque pas de faire réagir.
12:43On se demande si ce mécanisme va ou non devenir la norme en Europe.
12:47Merci beaucoup Charlotte Arctique.
12:48Vous pouvez retrouver toutes les informations sur la politique migratoire française et européenne
12:52sur le site d'info-migrants.fr.

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