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Transcription
00:00L'Union européenne a déjà été avertie. L'Allemagne étend les contrôles à toutes ses frontières.
00:05Une mesure exceptionnelle au sein de l'espace Schengen, prise de manière unilatérale par Berlin.
00:10Cette mesure vise à limiter davantage l'immigration irrégulière
00:14et à se protéger contre les graves dangers que représentent la terreur islamiste et la grande criminalité.
00:19L'Allemagne est l'émitrofe de neuf pays.
00:22Aujourd'hui, des contrôles sont déjà en place sur plusieurs frontières avec la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et la Suisse.
00:29Ils vont donc s'étendre sur les frontières françaises, luxembourgeoises, néerlandaises, belges et danoises.
00:35Des contrôles qui commenceront le 16 septembre prochain pour une période, pour l'instant, de six mois.
00:41Berlin veut aussi faciliter l'expulsion de réfugiés ayant fait l'objet d'une condamnation pénale.
00:46Fin août déjà, 28 Afghans condamnés pour crime ont été renvoyés chez eux.
00:53Notre paquet sécurité prévoit entre autres l'expulsion conséquente des délinquants violents.
00:58Il prévoit l'interdiction des couteaux, l'extension des zones d'interdiction des armes, la reconnaissance faciale des délinquants,
01:04l'utilisation du taser par la police fédérale et l'autorisation des contrôles de police, sans soupçon raisonnable.
01:12Le débat outre-Rhin sur la politique migratoire était déjà houleux.
01:15Mais deux récents événements ont accéléré ces mesures d'urgence.
01:19Il y a d'abord le triple meurtre au couteau à Solingen. C'était le 23 août dernier.
01:24L'auteur présumé, un Syrien de 26 ans, aurait dû être expulsé.
01:28La chancellerie avait par la suite annoncé la suppression des aides pour les demandeurs d'asile,
01:32entrés dans un autre pays de l'UE avant de venir en Allemagne.
01:36Et puis, il y a eu début septembre cette force poussée du parti d'extrême droite aux élections régionales dans une partie de l'Allemagne de l'Est.
01:43Olaf Scholz a donc fait le choix de revoir sa politique d'asile et migratoire.
01:47Une décision qui devrait tendre ses relations avec ses voisins,
01:50qui, à coup sûr, ne veulent pas récupérer les exilés, refoulés par l'Allemagne.
01:56Bonjour Gozi Rybinski.
01:57Bonjour Pauline.
01:58En août 2015, Angela Merkel prononçait cette phrase, devenue célèbre,
02:03« Wir schaffen das, nous y arriverons »,
02:05elle qui avait décidé d'ouvrir grand les frontières de son pays pour répondre à la crise migratoire.
02:10Près de dix ans plus tard, c'est un pays qui fait le chemin inverse ?
02:14Oui, ce qu'on a montré à l'instant sur la fermeture, enfin le contrôle aux frontières, l'établissement,
02:19d'abord, c'est en creux un échec au sein de l'Europe.
02:22Ça veut dire qu'on n'arrive pas à s'entendre.
02:24Alors évidemment, l'Allemagne force le trait pour faire cavalier.
02:27Vous avez raison de rappeler cette époque.
02:29Parce que que s'est-il passé depuis ?
02:31Ce qui s'est passé, c'est que pour ce million de Syriens qui sont entrés,
02:35à une énorme majorité, la chose s'est bien passée.
02:38Mais pourquoi ?
02:39D'abord parce qu'on a imposé l'étude immédiate de la langue.
02:43En l'occurrence l'allemand.
02:44D'autre part parce que la localisation de ces personnes a évité qu'il y ait des ghettos qui se forment.
02:50Quand on connaît les ghettos français, on sait l'importance que ça a.
02:54Et puis, surtout, quand vous considérez ces personnes qui ont vécu la guerre,
02:59qui ont été parfois persécutées, torturées,
03:02ceux qui ont traversé la mer, ont eu affaire à des passeurs qui parfois ont violé les femmes, etc.
03:07Et vous voudriez que ces gens-là arrivent propre, sûre, en disant merci beaucoup ?
03:11Évidemment que ça pose problème.
03:13Mais qu'a fait l'Allemagne à l'époque ?
03:15Elle a mis le paquet, y compris financier, et surtout financier,
03:18sur l'aide psychologique apportée à ces gens.
03:21Le résultat, c'est qu'aujourd'hui, il y a à peu près 95% de ces personnes
03:27qui sont dans des situations de travail, qui ont fondé une petite entreprise,
03:31et les choses, globalement, marchent bien.
03:33Que s'est-il passé avec ceux auxquels on reproche des faits de délinquance ou des crimes ?
03:39Simplement, ces gens-là, eux, sont arrivés et n'ont bénéficié d'aucune de ces mesures
03:43qui étaient de nature à la fois fédératrice au niveau de la population allemande
03:47et intégrationniste, si vous me permettez le néologisme.
03:50Donc, ces choses-là, si vous voulez, sont évidemment liées.
03:54Et de ce fait-là, aujourd'hui, l'extrême-droite et le parti de Zara Wagenknecht,
04:01qui se prétend de gauche, qui est une ex-marxiste-léniniste,
04:04ont beau jeu de dire stop à l'immigration, évidemment, si ce n'est pas les mêmes conditions.
04:08Si on ne met pas l'aide au niveau de l'attente que l'on a de personnes que l'on accueille,
04:14évidemment, ça ne se passe pas bien.
04:16Et du coup, vous avez un chancelier qui,
04:19ayant accompagné cette politique de brique de broc et un peu bancale,
04:24évidemment, se retrouve avec, j'allais dire, la nécessité des élections,
04:29de ce qui s'est passé la semaine dernière en Saxe et en Thuringe,
04:32mais se retrouve dans la panade.
04:34Et il vous voit vers ce genre de thèse, où il s'agit quand même de faire de la démonstration,
04:40parce que rien ne prouve que le contraire.
04:42Le contrôle aux frontières, vous l'avez dit, c'est, s'il l'a dit, neuf pays.
04:45C'est énorme. Contrôler l'ensemble des frontières de l'Allemagne, c'est compliqué, très compliqué.
04:51Et donc, il y a plus là un effet d'affichage
04:54contre une situation dans laquelle l'Allemagne se met elle-même.
04:57Donc, voilà le contexte dans lequel Scholz se met lui-même.
05:02Sachant que ça ne peut être que provisoire, parce qu'il y a bien sûr l'espace Schengen en Europe.
05:07Un chancelier, vous dites, dans la panade, Gauthier,
05:10qui louvoie sur d'autres sujets, et la guerre en Ukraine en est un autre.
05:15Évidemment, parce que, si vous voulez, le populisme d'extrême droite, de l'AFD,
05:20comme celui de ce parti de gauche dont je viens de parler, qui est aussi un populisme,
05:24dit, au fond, cette guerre, finalement, contre la Russie,
05:29cette guerre n'est ni faite ni à faire.
05:32Nous n'avons rien contre les Russes.
05:34Nous n'avons rien... Alors, pour Wagner, c'est l'héritage fantasmé de l'URSS
05:39qui s'incarnerait dans Poutine, alors qu'aujourd'hui,
05:42l'un des pays les plus capitalistes au monde est la Russie,
05:45avec un capitalisme, finalement, de profit et non pas d'investissement,
05:49de spéculation et non pas d'investissement.
05:51Et puis, de l'autre côté, vous avez, finalement, cette alliance
05:54avec ce qu'est l'autorité, ce que sont les dictateurs.
05:59Et Scholz est obligé de courir après ça en disant vivement qu'il y ait des négociations.
06:04Ça n'est pas nouveau dans sa bouche.
06:06Ce qui est nouveau, c'est que ça vienne à un moment où l'Ukraine,
06:09qui est d'accord aussi à terme pour négociations,
06:12mais pour arriver à ces négociations, elle a besoin d'un sursaut militaire
06:14qui la mette en position de force.
06:16Or, que dit Scholz aujourd'hui ? Il ne parle pas du sursaut,
06:19mais il dit qu'il faut des négociations.
06:21Et puis, de l'autre côté, ça n'empêche pas l'Allemagne de fournir des armes.
06:23Vous voyez que c'est vraiment une politique gribouille qui tire à U et à Diam,
06:27mais dont la substantifique moelle, finalement, on la cherche,
06:31et comme on ne la trouve pas, ça laisse perplexe.
06:33Perplexe. Merci beaucoup, Gauthier.

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