Le Nouveau Passé-Présent avec Philippe Delorme - Pour une authentique histoire de France

  • il y a 10 heures
Bien des idées reçues circulent autour de l'Histoire de France, et jamais il n'a été plus nécessaire de les démentir. Notre Histoire est en effet redevenue un enjeu majeur du débat politique, sur fond de polémique sur l'identité nationale, de volonté de déconstruction et d'offensive de la cancel culture, un enjeu autour duquel se divise, parfois radicalement, l'opinion. Notre invité Philippe Delorme propose une "Contre-Histoire de France" qui prétend au contraire s'approcher au mieux de la vérité historique, en combattant les simplifications du roman national et en évitant les perpétuelles dérives de la repentance.

La Revue d'Histoire européenne : https://bit.ly/3MJpT57
Transcription
00:00Bonjour à tous. Bien des idées reçues circulent autour de l'histoire de France et jamais
00:26il n'a été plus nécessaire de les démentir. Notre histoire est en effet redevenue un enjeu
00:31majeur du débat politique sur fond de polémiques sur l'identité nationale, de volonté de
00:36déconstruction et d'offensive de la cancel culture, un enjeu autour duquel se divise
00:42parfois radicalement l'opinion. Notre invité de ce jour nous propose lui une contre-histoire
00:47de France qui prétend au contraire s'approcher au mieux de la vérité historique en combattant
00:52les simplifications du roman national et en évitant les perpétuelles dérives de la
00:57repentance. Philippe Delorme, bonjour. Vous êtes historien, journaliste et vous êtes spécialisé
01:05dans l'étude des dynasties royales, donc vous êtes un spécialiste reconnu. Vous publiez
01:09régulièrement une chronique dans Valeurs Actuelles et vous êtes l'auteur d'une trentaine de livres,
01:15je ne vais pas tous les citer, mais on va déjà quand même parler de votre Louis XVII,
01:20une biographie de Louis XVII parue chez Via Romana. C'est un sujet qui vous tient à cœur,
01:26sans faire de mauvais jeu de mots, vous avez été à l'origine des études génétiques sur le cœur
01:31de Louis XVII. Citons également une série sur les reines de France, date de Kiev à Marie-Antoinette,
01:38réédité dernièrement aux éditions Le Serre. Mais vous êtes là aujourd'hui pour parler de
01:44votre dernier ouvrage, comme je le disais en introduction, Contre-histoire de France,
01:50Ni Romance Ni Repentance, paru chez Via Romana. Alors Ni Romance Ni Repentance, je veux dire que
01:58ce titre me plaît beaucoup parce que c'est la ligne que nous essayons de suivre dans la revue
02:03d'histoire européenne et dans cette émission bien sûr. Alors comment vous est venue l'idée
02:09de cet ouvrage ? – Écoutez, comme vous disiez, j'écris une trentaine de livres, donc ça fait
02:14pratiquement 40 ans que je fais de l'histoire, donc j'ai quand même beaucoup labouré le champ de
02:21l'histoire générale et surtout de l'histoire de France, et donc ça m'est venu à l'idée de réunir
02:27en quelque sorte un petit peu des travaux que j'avais pu faire à droite à gauche et puis les
02:32enrichir en les structurant autour d'une histoire de France qui va depuis la très haute préhistoire
02:41jusqu'à aujourd'hui, donc essayer de brosser un petit peu la grande épopée, je dirais, de ce qui est
02:49devenu aujourd'hui la France. – Mais d'après ce que j'ai compris en lisant votre avant-propos,
02:54il y a eu un élément déclencheur qui est je crois la bronca contre l'avenue de Laurent Dolge qui n'est
02:59pas un historien mais un conteur. – Oui, oui, Laurent Dolge qui d'ailleurs ne se présente pas
03:03comme historien, il se dit conteur d'histoire et c'est vrai qu'il a donné quand même le goût,
03:07même s'il lui-même dit qu'il fait des erreurs très souvent et qu'il simplifie, enfin bon, peu
03:12importe, c'est pas ça le problème, c'est que c'est quelqu'un qui a quand même donné aux Français,
03:17aux Parisiens en particulier, avec son fameux bouquin sur Paris, voilà, donc l'idée d'aller
03:23voir, de sortir ensuite dans la rue, de voir les traces de l'histoire et ça c'est vraiment,
03:28je dirais, passionnant. Et donc Laurent Dolge avait été invité à Trappes, donc dans la banlieue de
03:34Yvelines, à côté de Versailles, une ville qui est très, très ancrée dans la, je dirais,
03:41dans la diversité comme on dit aujourd'hui, puisque même le maire, je crois, est d'origine musulmane,
03:46enfin et donc c'est un lieu un peu emblématique de tous les problèmes que la banlieue peut connaître
03:51aujourd'hui et des instituteurs se sont ligués à ce moment-là pour empêcher Laurent Dolge de
03:56venir parler. – Avec un argument quand même assez…
03:58– En disant, on n'est pas là pour faire aimer l'histoire de France, on est là pour, je sais pas
04:03pourquoi ils sont là, d'accord, mais… – Alors, moi je ne peux pas m'empêcher,
04:06enfin je ne sais pas ce que vous en pensez, mais est-ce que l'historien est là pour faire aimer,
04:10non, ils ont dit, le prof n'est pas là pour faire aimer la France, je crois, pas l'histoire.
04:14– Oui, mais l'aimer la France, oui, oui, c'est ça, oui. Alors, non, je pense que le professeur
04:19d'histoire ou l'historien, d'une manière générale, ce qui est un peu différent,
04:22n'est pas là pour faire aimer un pays ou une histoire, il est là pour d'abord établir des
04:29faits, des faits tangibles, essayer d'expliquer comment les choses se sont vraiment passées,
04:35c'est ce que disait Léopold von Ranke, qui était au 19ème siècle un Allemand,
04:38qui était, je dirais, le père de l'historiographie moderne, qui disait,
04:43un historien c'est déjà quelqu'un qui va essayer d'exposer comment les choses se sont
04:49vraiment passées, et c'est déjà un défi, déjà de prendre les sources, de les recouper,
04:56de les comparer, de voir ce qui doit être conservé ou pas dans les témoignages,
05:02enfin, en hiérarchisant les témoignages, les sources, etc., enfin, c'est tout un travail
05:06scientifique, en fait, qui est celui de l'historien, et donc, déjà, dans un premier temps,
05:09établissons les faits, et ensuite, on pourra aller les discuter, les analyser, etc.,
05:15mais déjà, établissons les faits. Donc, c'est vrai que l'historien n'est pas là pour faire aimer
05:19un pays ou quoi que ce soit, il est là pour le faire connaître.
05:23– Et à contrario, il n'est pas là pour le faire détester.
05:25– Il n'est pas non plus pour le faire haïr.
05:27Mais je dirais, quand on aime quelqu'un, vraiment, on voit ses défauts et ses qualités,
05:32enfin, donc, on n'est pas là pour faire un portrait idyllique,
05:35mais c'est vrai que la France, elle a eu ses défauts et ses qualités,
05:39il y a eu des périodes plus sombres, des périodes de gloire et de rayonnement,
05:44donc, tout ça, ça fait partie de l'histoire, il n'y a pas à faire, non plus,
05:49ce qu'on appelait un roman national, et c'est pour ça que je dis,
05:51ni roman, ni l'importance.
05:53– Justement, à propos du roman national, ce fameux roman national,
05:56nous sommes à peu près de la même génération,
05:58vous et moi avons été biberonnés au roman national.
06:02– Oui, à l'école primaire, voilà.
06:04– D'un autre côté, c'est ce qui nous a fait aimer l'histoire.
06:06– Alors, là, il faut faire peut-être la différence entre deux choses,
06:09car le roman national, tel qu'on l'avait enseigné jusque dans les années 68-70,
06:16c'était quand même ce roman national hérité de la 3ème République
06:20qui était là pour, en quelque sorte, imposer la République,
06:24je dirais, c'est un récit de propagande,
06:28le fait de dire que la République était le meilleur des régimes,
06:32qu'il était le couronnement, en quelque sorte, de l'histoire de France,
06:35et que les rois, dans l'ensemble, étaient plutôt des personnages
06:40peu intéressants et assez critiquables,
06:46et donc ce roman national a été mis en place,
06:49on le sait, après 1870, après la défaite contre la Prusse,
06:55pour préparer la revanche, et d'ailleurs,
06:58cette génération va aller la fleur au fusil en 1914, pendant la guerre.
07:04Donc, ce roman national, si vous voulez, ce n'est pas non plus de l'histoire,
07:08c'est une espèce de récit propagandiste
07:10qui était là pour exalter le régime en place.
07:17À côté de cela, l'histoire telle qu'on nous l'a enseignée,
07:21elle avait un intérêt parce que c'était des tableaux,
07:24on présentait des tableaux chronologiques qui étaient intéressants,
07:28qu'on pourrait reprendre en les dépoussiérant, je dirais,
07:32et qui montraient bien l'évolution quand même de notre pays,
07:36depuis les origines jusqu'à aujourd'hui.
07:38– Et ça permettait de faire le carmental de l'histoire.
07:41– Voilà, pour des enfants de 7-8 ans, c'était bien,
07:44parce qu'on avait des images qui étaient fortes
07:48et qui permettaient de jalonner en quelque sorte l'histoire.
07:51Donc, on pourrait revenir à ça en révisant peut-être le contenu, je dirais.
07:56– Alors, vous parlez également de la mémoire,
08:00en disant que l'histoire ne doit pas être mémorielle.
08:05– Non, parce que la mémoire…
08:06– Mais l'historien fait appel à la mémoire, ne serait-ce que les témoignages.
08:10– Oui, alors la mémoire, bien sûr,
08:11doit être fait partie des sources qu'on peut enregistrer.
08:15Aujourd'hui, en plus, on a des moyens d'enregistrement sonore, audio, vidéo, etc.,
08:20qui permettent d'avoir des témoignages qui restent vivants,
08:23même après la mort de leurs auteurs.
08:26Mais, si vous voulez, la mémoire, au sens mémoriel du terme,
08:30c'est souvent un jugement sur l'histoire.
08:31C'est-à-dire, on va prendre un événement
08:34et on va expliquer en quoi cet événement était tragique,
08:40ce qui est juste en soi.
08:42Mais c'est pas l'histoire, l'historien n'est pas un juge,
08:44n'est pas quelqu'un qui va prendre un événement et dire
08:47c'est bien ou c'est mal, tel personnage était gentil ou méchant,
08:51enfin voilà, si vous voulez, l'historien, il expose les choses telles qu'elles sont.
08:55Et puis après, on peut se faire une idée en fonction de sa sensibilité
08:59et même de la réalité des choses.
09:00Quand on voit, je dirais, Staline, Hitler, des gens comme ça,
09:05quand on présente les faits, évidemment,
09:08le résultat n'est pas à leur avantage,
09:11mais je dirais, il n'y a pas un jugement à porter.
09:13On n'est pas des juges et le problème de ce qu'on appelle
09:17le wokïsme, la cancel culture, etc.,
09:20c'est de, je dirais, de battre notre coulpe en permanence
09:24sur la poitrine de nos ancêtres,
09:27en leur appliquant, d'ailleurs, des critères moraux, éthiques
09:31qui sont les nôtres et qui n'étaient pas les leurs.
09:34– Il y a une autre manière aussi.
09:36– Un anachronisme véritable à ce moment-là, oui.
09:39– Il y a aussi l'autre façon qui est, non pas de juger,
09:42mais de cacher, d'occulter.
09:44– Ou de cacher, bien sûr.
09:45Alors, évidemment, à partir du moment où quelque chose est
09:48« condamnable » au nom de la morale actuelle,
09:51eh bien, on va déboulonner les statues, etc.
09:55Donc, je ne pense pas que ce soit la solution de cacher l'histoire
10:00ou de la transformer.
10:02– Présentons les choses.
10:04– Le génocide vendéen qui, lui, on ne va pas développer le génocide.
10:07– Bien sûr, il y a le génocide arméniaque pour les turcs, etc.
10:13Il y a des éléments de l'histoire qui sont gênants
10:15et qui ont été mis sous le boisseau par l'histoire officielle.
10:18– Vous écrivez également que l'histoire doit être attentive à l'universel.
10:21Est-ce que ça veut dire, je vous provoque un peu,
10:22que vous êtes un tenant de l'histoire globale ?
10:25– Non, parce que je pense que l'histoire globale,
10:27telle qu'elle est présentée, en tout cas aujourd'hui,
10:30est une manière de diluer complètement toute identité
10:33dans une espèce de magma mondialiste où on ne s'y retrouve plus.
10:39Je pense que pour faire de l'histoire, déjà, au moins au niveau du grand public,
10:42il faut donner des cadres géographiques,
10:47temporels et géographiques, c'est-à-dire, déjà, donner une chronologie,
10:50que les choses soient bien claires dans le déroulement du temps
10:53et donner un cadre chronologique.
10:55Je dirais que, bien évidemment, l'histoire de France,
10:58elle s'inscrit dans l'histoire de l'Europe
10:59et, au plus largement, dans l'histoire du monde.
11:01Et qu'à certains moments, on va être obligé,
11:03en parlant de l'histoire de France, de parler de l'Angleterre,
11:06de l'Allemagne, des États-Unis, etc.
11:08Bien évidemment.
11:09Mais, je dirais, c'est bien, en tout cas, dans l'enseignement,
11:12tel qu'il peut être à l'école primaire ou au secondaire,
11:16de centrer quand même sur une réalité concrète.
11:20Et même, je dirais, dans certaines provinces de France,
11:23certaines régions qui ont une forte identité,
11:26je pense à la Bretagne, la Corse, l'Alsace, etc.,
11:28on pourrait donner un petit plus, je dirais, d'histoire locale
11:31pour ancrer les gens dans le terroir local.
11:35C'est vrai qu'on a une tendance, depuis 30 ou 40 ans,
11:42dans l'enseignement de l'histoire à l'école,
11:45de faire une espèce de grand gloubi-boulga, je dirais.
11:48– Oui, on n'est que dit de manière transversale, souvent.
11:51– Transversale.
11:51Je me souviens que j'ai été professeur pendant deux ans,
11:54il y a une trentaine d'années.
11:55Mais enfin, par exemple, en 5e ou en 4e,
11:58on étudiait l'empire de Vijayanagar en Inde,
12:03au Moyen-Âge, ça ne disait rien aux gamins.
12:06Il aurait mieux valu leur expliquer d'abord bien l'histoire de France
12:09en leur disant, bah oui, autour, on pouvait faire quelques allusions
12:13à ce qui existait dans le monde à ce moment-là,
12:15mais pas en faire tout un chapitre
12:18complètement détaché en plus de tout le reste.
12:20Enfin bon, ça n'avait aucun sens.
12:21– Et vous pensez d'ailleurs qu'il vaut mieux enseigner l'histoire,
12:25ce qu'on appelle, l'histoire-bataille, l'histoire des grands hommes,
12:29des grandes dates, ou bien l'histoire des gens, pour simplifier ?
12:33– Oui, alors, je dirais un peu des deux,
12:36c'est-à-dire que dans l'idée d'une histoire chronologique,
12:39structurée, il faut établir un squelette, un petit peu,
12:43des grands événements, et les grands événements
12:45passent quand même par les grandes dates,
12:47même s'il ne faut pas apprendre des listes de dates,
12:50ça c'est tout à fait stupide, parce qu'on les oublie immédiatement.
12:52– Oui, mais ça permet peut-être quand même de structurer.
12:54– Oui, enfin, en tout cas, bien comprendre,
12:56faire comprendre aux enfants la succession des époques
13:00avec quelques grandes figures, effectivement,
13:02Napoléon, Louis XIV, Charles Magne,
13:05ce sont des grandes figures qui, quand même,
13:07voilà, sont des repères un peu utiles.
13:10À côté de ça, rien n'empêche de s'intéresser aussi
13:14quand même à la vie quotidienne.
13:16Moi, vous savez, quand j'ai fait mes biographies
13:18sur les reines de France, ça a été toujours l'occasion,
13:21à travers des personnages, justement, illustres,
13:23comme ça, de faire, de dresser le tableau d'une époque,
13:27ou de la société.
13:29Et lorsqu'on parle d'une reine, on parle de ses voyages,
13:32donc on parle des endroits où elle va passer,
13:35on va parler de l'artisanat de l'époque,
13:39de l'art, de la culture, etc.
13:40Donc, c'est un peu un prétexte, à travers un grand personnage,
13:44de parler d'une époque.
13:46Et puis, il y a aussi autre chose qui est la généalogie.
13:49Alors là, on sort un peu de l'histoire scolaire,
13:51mais c'est vrai qu'aujourd'hui, depuis même une trentaine d'années,
13:54il y a un regain extraordinaire de la généalogie familiale,
13:57c'est-à-dire que beaucoup de retraités,
13:59mais pas que des retraités, s'intéressent à établir,
14:02voilà, leurs ancêtres.
14:03Et là, ils vont au contact de gens humbles, de gens simples,
14:09dont ils vont découvrir les métiers.
14:11– Oui, il y a très grande diversité.
14:12– Voilà, et donc là, c'est aussi une manière
14:14d'aborder l'histoire qui est intéressante.
14:17– Alors, vous parliez de Trappes tout à l'heure.
14:21Effectivement, on assiste depuis une cinquantaine d'années
14:25à l'afflux de populations venues des quatre coins du monde.
14:29Beaucoup viennent aussi de nos anciennes colonies en Afrique,
14:35en Asie aussi, mais surtout en Afrique,
14:37Afrique noire ou Afrique du Nord.
14:38Est-ce que, pour vous, comment il faudrait aborder
14:43l'histoire pour ces jeunes-là, d'une manière non culpabilisante,
14:49donc sans repentance, mais face à une population
14:51où, dans les familles, on peut avoir, effectivement,
14:54un fort ressentiment contre la France ?
14:56Là, on est sur une ligne de crête où…
14:58– Oui, c'est compliqué parce que d'abord, il y a un premier problème
15:01qui est le problème de démographie.
15:02C'est-à-dire, lorsque vous, dans une classe,
15:03vous avez 95% des enfants qui sont d'origine maghrébine,
15:08par exemple, ou africaine,
15:10il va y avoir une pression sociale, psychologique, religieuse, etc.,
15:15qui fait que l'instituteur ou le professeur,
15:17même s'il veut faire la part des choses,
15:21il va avoir du mal…
15:22– C'est pour ça qu'il y a des sujets qu'on ne peut plus aborder.
15:23– Voilà, il va avoir du mal à sortir,
15:27enfin, à opposer quelque chose au discours rombiant.
15:33Maintenant, c'est vrai que la plupart des instituteurs,
15:35la plupart des professeurs vont dans le sens aussi de cette culpabilisation,
15:40en insistant de manière un peu excessive sur les « méfaits »
15:46de la colonisation, de la traite des Noirs, etc.,
15:52ou du régime de Vichy, enfin, des choses comme ça.
15:54Enfin, tous les côtés un peu qui existent,
15:58qu'il ne faut pas cacher d'ailleurs, de l'histoire de France,
16:02mais sans donner l'autre côté des choses.
16:05La colonisation, bien sûr, c'est une exploitation de certains pays,
16:12de certaines régions, mais en même temps un effort de développement.
16:16La France a aussi beaucoup développé les routes, les infrastructures,
16:20la santé, les écoles en Afrique noire.
16:23D'ailleurs, pourquoi est-ce qu'on parle français en Afrique noire
16:25ou en Afrique du Nord ?
16:27C'est assez drôle d'ailleurs,
16:28parce que ce sont des gens qui disent du mal de la France,
16:30mais ils le disent en français en général.
16:32Donc, vous voyez, s'il vous plaît, il faut faire la part des choses.
16:37Expliquer par exemple que la colonisation,
16:40ce n'est pas l'esclavage.
16:42Au contraire, on a commencé à coloniser l'Afrique
16:44à la fin du XIXe siècle, au moment,
16:46et à cause du fait qu'on avait supprimé l'esclavage,
16:49puisque l'esclavage était une réalité endémique en Afrique.
16:53Il y avait des royaumes esclavagistes
16:56qui vendaient d'ailleurs des esclaves à l'extérieur,
16:59aussi bien du côté du monde musulman que vers l'Amérique.
17:04Et donc, à partir du moment où on a interdit la traite,
17:07c'est les Anglais d'abord qui ont fait ça, puis les Français,
17:10eh bien, on s'est dit, on va s'installer aussi en Afrique
17:13pour faire respecter cette interdiction.
17:15Donc finalement, pourquoi est-ce que la France
17:17a aussi facilement intégré l'Afrique centrale,
17:21avec Brazza qui se balade avec son drapeau français,
17:25il disait embrasse-le et tu seras libre.
17:26Enfin voilà, parce que c'était des populations
17:29qui étaient en but aux radzias arabes de Zanzibar
17:32et des esclavagistes musulmans.
17:35Donc, d'une certaine manière, la colonisation a été aussi
17:40une émancipation pour certains peuples africains.
17:42Vous voyez, tout ça est extrêmement compliqué,
17:44il n'est pas aussi simple que ça.
17:49La difficulté, finalement, c'est d'apprendre des choses compliquées,
17:52parce qu'à l'école, ils ont quoi, trois heures d'histoire ?
17:55Oui, mais justement, un des rôles de l'histoire, je dirais,
17:57c'est aussi de donner des arguments,
18:01des outils de discernement.
18:03On est aujourd'hui dans une époque où on a un brevet
18:06de tonnes d'informations contradictoires
18:09par les médias, les réseaux sociaux, etc.
18:12L'histoire, c'est aussi une manière d'avoir...
18:16On devrait aussi apprendre aux enfants,
18:18à partir d'un document, de savoir comment l'analyser,
18:22comment le critiquer, comment le comparer à d'autres arguments.
18:25Évidemment, ça, ça serait intéressant aussi,
18:26parce que c'est aussi une manière d'apprendre l'histoire.
18:28Pas uniquement apprendre des événements ou des faits,
18:30mais aussi apprendre une méthode,
18:32une méthodologie de discernement par rapport à des faits
18:39qu'on le voit aujourd'hui avec la guerre en Ukraine, par exemple,
18:43où on a l'impression d'être revenu en 14-18.
18:46C'est-à-dire qu'on a deux discours complètement antagonistes,
18:50c'est-à-dire que c'était Patriota, etc.
18:54– Oui, les généraux des FN.
18:57– Et là, grâce à l'histoire, on peut comprendre
19:02comment décrypter tout ça, au mieux.
19:06– Cette contre-histoire de France, elle est divisée à peu près,
19:10il y a 45 chapitres.
19:13– Oui, 3 x 15, exactement.
19:14– Pardon ?
19:15– 3 x 15.
19:15– 3 x 15, divisée en 3 parties.
19:19J'ai trouvé le découpage intelligent
19:21parce que vous commencez au commencement,
19:23donc véritablement à la plus haute antiquité,
19:26voire à la préhistoire.
19:28Vous arrêtez à 1180, donc c'est Bouvines, on en reparlera.
19:33Et puis, c'est de 3e époque, 1180 à 1774,
19:42et puis on arrive ensuite à 1774.
19:45Après, avec Louis XVI, et puis la Révolution,
19:47et toute la partie des bouleversements.
19:50– On va remonter d'ailleurs, donc le chapitre 1er,
19:52ce sont les Gaulois réfractaires.
19:56J'ai entendu une publicité à la radio,
19:59on en parlait quand on préparait l'émission,
20:02sur une marque alimentaire qui fait des escalos de poulets
20:05qu'on peut trouver dans les supermarchés.
20:09Et leur publicité, c'était, nous sommes…
20:11J'ai trouvé gonflé, si vous voulez, pour l'époque,
20:15j'étais même plutôt content de l'entendre,
20:16mais je me dis, ils vont se faire taper sur le doigt,
20:18c'était, nous sommes 68 millions de Gaulois.
20:21– Encore, c'est du poulet, c'est pas du porc.
20:24– C'est du poulet.
20:26Un poulet d'ailleurs, un beau culet, un beau coq qui est en convertir.
20:30– Non mais je pense que cette histoire de Gaulois…
20:32– 68 millions de Gaulois, donc là ils reprenaient finalement
20:34nos ancêtres des Gaulois qu'on peut reprendre à toute une génération.
20:37– Voilà, qui fait partie du fameux roman national
20:39et qui est une simplification extrême parce que…
20:42– Qu'est-ce qu'il en est ?
20:43Est-ce que les escalopes de poulet gaulois ont raison ?
20:45– Non, je pense que, si vous voulez, la notion de Gaule, en fait,
20:49a été inventée par Jules César lorsqu'il a envahi
20:51et annexé cette grande région qui était très hétéroclite.
20:56Et d'ailleurs, il le dit lui-même, quand on fait du latin,
20:59la première phrase qu'on apprend, c'est dans la guerre des Gaules,
21:02la Gaule dans son ensemble est partagée en trois parties,
21:05la Gaule belgique, la Gaule celtique et la Gaule aquitaine.
21:08Et ces trois régions n'avaient pas grand-chose à voir, en fait.
21:11L'Aquitaine était peuplée de proto-basques,
21:14donc il parlait d'ailleurs une sorte de langue qui a donné le Basque aujourd'hui,
21:19ça allait jusqu'à Bordeaux, c'était une grande région.
21:23La Belgique était matinée aussi de germains, de populations germaniques,
21:28donc c'est aussi une population assez différente.
21:30Et puis au milieu, on avait la Gaule celtique,
21:33mais bon, qui était un peu aussi un ensemble de cités indépendantes
21:38et qui avait quand même des régimes et des traditions très différentes.
21:43Donc c'est vraiment la conquête romaine qui va fédérer tout ça,
21:47et qui va créer une espèce d'identité gauloise,
21:50ou gallo-romaine plus exactement.
21:52On installe d'ailleurs à Lyon la capitale,
21:55avec un temple, un sanctuaire fédéral des Gaules.
22:03En fait, c'est vraiment, je dirais, il faudrait dire,
22:06nos ancêtres les gallo-romains plus que les gaulois,
22:10parce que c'est à partir du moment où on devient romain,
22:12donc on va adopter la langue latine, un certain nombre d'habitudes, etc.,
22:18que se structure finalement cet ensemble qui correspond grosso modo à la France actuelle,
22:25même un peu plus large, c'est ce qu'on appelait les limites naturelles à une époque,
22:30jusqu'aux Rhin, etc.
22:31Bon, enfin, en tout cas, voilà, nos ancêtres les gaulois,
22:34je pense que c'est un raccourci un peu, et puis sur les gaulois eux-mêmes,
22:38alors on a tout un tas d'idées préconçues sur le fait qu'ils vivaient dans des huttes,
22:43qu'ils chassaient les sangliers, etc.,
22:45alors que c'était une civilisation qui était déjà assez avancée,
22:49avec des routes, des grands défrichements,
22:53je pense qu'il y avait, je crois qu'on estime maintenant
22:56qu'il y avait pratiquement moins de forêts à l'époque gauloise qu'aujourd'hui,
22:59puisqu'on en a replanté terriblement depuis un siècle,
23:03donc c'était une société,
23:06alors c'est une société qui n'était pas entrée complètement dans l'histoire,
23:09dans la mesure où elle n'avait pas de traces écrites, ou très peu,
23:12puisque les langues gauloises n'étaient pas écrites,
23:17et qu'ils utilisaient les caractères grecs ou les caractères latins
23:20lorsqu'ils voulaient, par hasard, inscrire quelque chose,
23:23ce qui fait qu'on n'a pas beaucoup de textes d'ailleurs,
23:25on n'a pas une connaissance grande sur ce qu'était cette langue celtique.
23:31Et donc, en plus, l'idée de celtes d'ailleurs est aussi un peu discutable,
23:35parce que finalement, c'est celtes qui sont...
23:38On est dans un finistère en fait, la France c'est le bout de l'Eurasie,
23:43donc on a eu toujours des vagues de colonisation et d'invasion,
23:47et donc les celtes finalement sont des gens qui sont arrivés...
23:50Donc c'était une population qui venait d'Europe centrale,
23:53de la Bohème actuelle, etc.,
23:55et qui a recouvert en fait des populations qui existaient déjà auparavant,
23:59depuis le néolithique ou le paléolithique,
24:01et on voit ce qu'ont construit Karnak, enfin les Ménires et les Dolmens,
24:05qui ne sont pas du tout celtiques, il n'y avait pas des druides dessus, etc.
24:09Donc tout ça finalement fait que la France a aussi été une...
24:15Je dirais l'identité française, si on veut revenir à ce que serait l'identité française,
24:20se définit pas comme l'identité allemande par exemple,
24:24même si c'est à mon avis un petit peu un fantasme aussi,
24:27cette identité allemande du sang,
24:29c'est-à-dire qu'on serait allemand parce qu'on a du sang germanique dans les veines,
24:33non, l'identité française c'est plus l'idée d'un consensus,
24:36de l'idée d'un accord et d'une adhésion à une histoire justement,
24:42et c'est là que l'histoire est importante,
24:44là on revient à ce que vous disiez tout à l'heure sur les enfants des écoles,
24:48c'est par l'histoire qu'ils vont pouvoir devenir français,
24:50ou pouvoir s'incorporer autant que possible l'identité française,
24:56c'est pas par la naissance, les gènes, etc.,
24:58c'est vraiment par une adhésion personnelle
25:00et reprendre cette histoire dans un projet commun,
25:04c'est-à-dire on reprend un héritage et on est ensemble pour le faire fructifier.
25:09Ça c'est la notion française de la nation,
25:12mais bon c'est vrai que c'est plus fragile peut-être qu'une autre notion,
25:19ce qui fait que la France est très fragile.
25:20– Oui, c'est moins tangible et plus complexe.
25:22– Voilà, et que la France est une construction
25:25qui aurait pu ne pas exister et qui pourrait disparaître,
25:27c'est ce que dit Bainville d'ailleurs dans la préface,
25:31en tout cas dans l'exergue que j'indique dans mon livre,
25:35il dit la France est une construction fragile
25:39et elle pourrait très bien mourir un jour,
25:41donc on est là aussi les historiens pour essayer qu'elle ne meure pas.
25:46– Il y a à propos de citations, chaque chapitre en exergue,
25:50il y a une petite citation, je n'ai pas trouvé, elles ne sont pas signées.
25:54– Si, alors là c'est signé, à la première en fait c'est le fameux,
25:58vous savez c'est le fameux, le fameux justement,
26:02le fameux manuel qu'on utilisait tous de l'Avis,
26:05qui était donc le manuel justement,
26:09alors c'est un petit clin d'œil au roman national,
26:12puisqu'à chaque fois c'est la manière un peu traditionnelle
26:17qu'on avait de voir la période,
26:19et ensuite je décrypte par rapport à cela en faisant la part des choses.
26:25– Effectivement, donc 45 chapitres,
26:27on ne va pas avoir le temps de tous les passer en revue,
26:30mais j'aimerais quand même faire quelques,
26:32si vous permettez, quelques focus, quelques arrêts sur images.
26:35– Oui, je vous en prie.
26:36– Sur des sujets qui me tiennent à cœur,
26:40parce que ce sont des sujets qui sont souvent déformés,
26:43sur lesquels il y a soit des idées reçues,
26:45soit des idées, je disais déformées, mais d'une manière volontaire,
26:49par exemple je pense à la loi Salik,
26:50on nous dit que la loi Salik c'est une loi misogyne,
26:53parce qu'on ne jugeait pas les femmes capables de régner,
26:58il fallait les exclure du pouvoir.
27:00– Déjà la loi Salik c'est une invention des légistes du Moyen-Âge,
27:04– Ah non, vous racontez-nous ça.
27:05– Voilà, les légistes du Moyen-Âge,
27:08pour justifier le fait qu'on ait écarté les femmes du trône de France
27:13au moment de la succession des fils de Philippe le Bel,
27:17sont allés exhumer une vague loi qui était chez les françaliens,
27:21donc au 5ème, 6ème siècle,
27:24qui disait que les femmes ne pouvaient pas hériter de la terre ancestrale,
27:28enfin bon c'était quelque chose d'assez vague,
27:30mais qui ne correspondait pas vraiment à cela.
27:32Donc en fait l'idée, non, c'est que…
27:33– C'est après le mort de Philippe le Quatre.
27:36– Oui, après la mort de Philippe le Bel,
27:37donc Philippe le Quatre le Bel,
27:39on a trois fils qui vont se succéder
27:41parce qu'ils n'ont pas d'héritiers mâles.
27:45Alors pourquoi vont-ils se succéder ?
27:47D'abord, lorsque le premier fils, Louis le Huttin, meurt,
27:51il laisse une fille, enfin une fille qui a été un peu…
27:54qu'il a eue de la fameuse Marguerite de Bourgogne,
27:57qui avait été condamnée pour adultère,
28:00donc elle est un peu entachée d'un insoupçon,
28:04d'illégitimité cette fille, donc Jeanne, la petite Jeanne.
28:09Et donc à ce moment-là, très franchement,
28:13c'est le frère de Louis le Huttin qui va en profiter pour…
28:19– Mais ce n'est pas parce qu'on pensait que les femmes n'étaient pas capables de…
28:20– Non, parce qu'à la même époque on avait,
28:22vous vous souvenez tous des rois maudits,
28:25il y avait la fameuse Maraud d'Artois par exemple,
28:28qui était comtesse d'Artois, duchesse de Bourgogne, etc.
28:33Donc on avait des femmes qui avaient la haute main
28:36sur des fièvres très importants,
28:37donc ce n'était pas vraiment une interdiction,
28:40il n'y avait jamais eu…
28:41Le problème c'est que depuis Capet,
28:44il y avait eu une espèce de miracle capétien
28:46qui fait que chaque roi avait un fils en âge de lui succéder,
28:50et donc c'est extraordinaire.
28:52Donc on avait eu…
28:54il n'y avait jamais eu la question de ne s'était jamais posée.
28:56Donc quand elle s'est posée,
28:57on a écarté cette petite Jeanne qui était à peut-être bâtarde,
29:02et puis en plus le deuxième fils de Philippe le Bel,
29:06donc Philippe le Long, Philippe V le Long,
29:08on a profité pour prendre le pouvoir,
29:09et à ce moment-là on a intégré cette idée de l'exclusion des femmes.
29:17Mais après, lorsque les trois fils sont morts,
29:20à leur tour,
29:21donc après Philippe V a eu Charles IV son frère,
29:25donc là on se retrouvait à nouveau devant un problème
29:28puisque Philippe et Charles IV n'avaient que des filles.
29:30– Oui, ça va se retourner contre eux.
29:31– Donc on s'est dit, qui vient après ?
29:35Alors si on acceptait la…
29:39les femmes tombaient sur un prince anglais,
29:42donc Édouard III, Édouard III d'Angleterre,
29:44et donc là, je dirais que c'est un peu le début du sentiment national
29:48parce que les Français, les barons français se sont dit
29:51on ne veut pas d'un roi qui serait un prince étranger.
29:55Parce que là, on se serait retrouvé,
29:57puisque Édouard III était le fils de la fille de Philippe le Bel,
30:02donc là on se serait retrouvé,
30:03si on passe par les femmes, avec un roi étranger.
30:06C'est ce qui a existé d'ailleurs dans la plupart des monarchies d'Europe.
30:10En Angleterre, on est passé par les femmes,
30:13et aujourd'hui on est…
30:17ce sont des Oldenburg finalement, qui règnent en Angleterre,
30:20et puis en Espagne, on se retrouve avec des Bourbons, etc.
30:24Donc l'idée finalement de la loi Salix,
30:26ça n'a pas été de mettre les femmes à l'écart,
30:30parce qu'on ne les considérait pas nécessairement comme inaptes au trône,
30:34mais pour éviter que le trône de France
30:36ne tombe entre les mains d'un prince étranger.
30:40Et ça a été justement la force de la France,
30:44et la force de la lignée capétienne justement,
30:46et c'est un des ressorts, je dirais, de la construction française,
30:49c'est d'avoir eu la même famille depuis 987 jusqu'à Louis-Philippe.
30:58Et donc qui a structuré en fait, on disait autrefois,
31:02les 43 qui en 1000 ans ont fait la France,
31:04c'était le slogan de l'Action Française de Maurras.
31:07Bon, c'est un peu exagéré de dire qu'ils ont fait la France,
31:10mais disons qu'ils ont structuré en quelque sorte l'évolution vers cette nation en fait,
31:16et c'est autour de cette famille que cette nation s'est vraiment constituée,
31:22et a vraiment pris conscience d'elle-même.
31:24– Alors il y a un autre chapitre de l'histoire de France qui est assez mouvementé,
31:29qui fait partie peut-être des heures sombres,
31:31je ne sais pas si vous l'avez vu dernièrement,
31:33il est sorti dans le circuit public, une série Fortunes de France,
31:36d'après le roman de… – Je ne l'ai pas vu la série,
31:38mais j'avais lu le roman à l'époque, oui.
31:40– Moi aussi, roman pire.
31:42– Robert Merle. – Robert Merle.
31:45– J'ai regardé les deux premiers épisodes de la série, c'est caricatural,
31:49c'est-à-dire qu'on est dans les gentils protestants et les méchants catholiques,
31:54donc là on est vraiment…
31:56est-ce que là on est toujours dans le roman national,
31:58ou on est vraiment dans la manipulation ?
32:00Et qu'est-ce qu'il en était en réalité ?
32:02– Alors le roman national de la Troisième République,
32:04il était foncièrement anticlérical, ça faisait partie de la recette,
32:08donc évidemment les catholiques en prenaient pour leur grade si on peut dire,
32:12et donc les protestants nécessairement étaient présentés toujours dans le roman national
32:17comme un petit peu les précurseurs des Lumières,
32:19des gens qui avaient une religion plus éclairée,
32:21plus proche de l'introspection personnelle,
32:24du libre arbitre, de la libre conscience, etc.
32:28Donc ça c'est évidemment, on retrouve ça à travers ce genre de choses.
32:33Bien évidemment, lorsqu'on regarde l'histoire des guerres de religion,
32:38c'est l'affrontement impitoyable entre des factions
32:42qui sont aussi intolérantes les unes que les autres.
32:47Quelqu'un comme Calvin à Genève faisait brûler les hérétiques
32:52et tous ceux qui ne correspondaient pas non plus à sa vision de l'Évangile,
32:55donc on n'a pas des gentils protestants et des méchants catholiques.
32:58Ce qui a été finalement, peut-être le principal atout d'Henri IV finalement,
33:08c'est d'avoir été capable de, vous voyez c'est ce qu'on appelait les moyenneurs à l'époque,
33:13c'était des gens qui justement faisaient la part des choses en se disant
33:16tous ces dogmes, c'est quand même un peu excessif de se battre autour de ça,
33:20on va essayer de rétablir une paix.
33:24Avec l'édit de Nantes, il va non pas,
33:28alors là aussi l'édit de Nantes c'est aussi quelque chose qu'on n'a pas très bien compris parfois
33:31parce qu'on a l'impression qu'il accepte qu'il y ait des protestants.
33:36Je dirais qu'il tolère, c'est un édit de tolérance.
33:38Henri IV est devenu catholique et en tant que roi catholique,
33:41son idée c'est que tout le monde doit devenir catholique, c'était l'idée de l'époque.
33:45Même s'il avait été protestant catholique, il avait changé 5-6 fois de loi,
33:49l'idée c'était que le roi de France étant catholique, les français deviennent catholiques,
33:53mais en attendant qu'ils reviennent au Bercail,
33:57les protestants avaient le droit de professer leur religion dans certains endroits et de certaines manières.
34:07Et donc c'est pour ça que lorsque Louis XIV va abroger l'édit de Nantes finalement,
34:10il se place dans la logique de son grand-père qui était,
34:16au bout d'un moment les protestants vont avoir compris, ils vont se convertir,
34:20donc on va pouvoir revenir à l'unité de religion qui est quand même toujours la cuius religio,
34:27cuius religio eius religio, je ne sais plus dans quel sens c'est,
34:31enfin ça veut dire telle religion, telle région, telle religion,
34:37chaque prince impose sa religion à sa population et il n'y a pas de place pour les hérétiques.
34:44Et donc finalement, oui, cette période des guerres des religions a été un affrontement
34:51avec des massacres de catholiques du côté protestant,
34:56il y a eu plus de catholiques que de protestants donc peut-être qu'on voit plus d'une manière forte,
35:04d'ailleurs Henri IV avant de devenir roi de France étant roi de Navarre
35:08avait mené la guerre dans le sud de la France contre les catholiques
35:11et en avait estourbi un certain nombre.
35:14Donc tout ça, évidemment c'est une manière toujours de juger,
35:18comme je disais tout à l'heure, l'historien n'est pas là pour juger,
35:21de dire il y a les bons et les méchants,
35:23il présente les choses et après on voit bien, on comprend bien.
35:26– Mais le problème c'est qu'on ne présente que la Saint-Barthélemy
35:28et non pas les massacres de protestants.
35:30– Voilà, question dans d'autres, Saint-Barthélemy d'ailleurs
35:33qui n'a pas été ordonné directement par la famille royale.
35:38– Oui vous exonérez…
35:39– Il s'est passé qu'en fait à Saint-Barthélemy,
35:41l'idée était de se débarrasser des chefs du parti protestant,
35:45ça c'est certain, et puis la population de Paris
35:49qui était chauffée à blanc, qui était très catholique,
35:52va en profiter aussi pour tuer et massacrer un certain nombre d'ennemis
35:59comme on fait toujours dans ce genre de circonstances.
36:02On profite de l'impunité de l'émeute pour se débarrasser d'adversaires.
36:08– Alors, on continuerait bien, je voulais parler aussi quand même
36:13de… nous emmener à la veille de la guerre de 14,
36:17on en parlait un petit peu tout à l'heure
36:18avec justement l'apparition du roman national après la défaite de 70.
36:23Pareil, après la guerre de 14, effectivement on a toujours accusé
36:27les Allemands d'être les fauteurs de guerre,
36:28mais l'esprit revanchard finalement il était de ce côté-ci dur.
36:32– Oui, alors il y avait toujours cette idée de…
36:34– Les Allemands n'avaient pas d'intérêt particulier ?
36:36– Non, enfin, je dirais qu'il y a eu une montée des nationalismes
36:42– De part et d'autre ?
36:42– De part et d'autre, et puis surtout le jeu des alliances,
36:45c'est-à-dire que c'est des…
36:47et là on le voit actuellement avec l'Ukraine,
36:49cette idée de l'OTAN qui pourrait intervenir et qui du coup entraînerait…
36:52voilà, c'est vraiment le cercle vicieux des alliances
36:57qui peut entraîner une guerre générale.
36:59Et donc on avait des alliances effectivement qui fait que
37:02lorsque ça a éclaté dans les Balkans, puisque c'était les Balkans
37:06qui étaient la fameuse poudrière de l'Europe,
37:07et bien ça a dégénéré petit à petit en guerre générale.
37:13– Il fallait quand même une population qui soit prête à accéder
37:14à ce qu'elle a vécu pendant ces années ?
37:15– Elle était prête parce qu'il y avait cette histoire d'Alsace-Lorraine
37:18qui à mon avis effectivement n'avait pas de raison d'être,
37:24c'est-à-dire que l'Alsace-Lorraine aurait très bien pu,
37:25d'ailleurs aujourd'hui l'Alsace je crois a un statut quasiment franco-allemand,
37:29donc on aurait très bien pu, ça ne te valait pas le coup
37:34pour récupérer l'Alsace je dirais, de faire plusieurs millions de morts
37:38comme ça a été le cas, d'ailleurs on le voit,
37:40et d'ailleurs j'en parle dans le livre,
37:41lorsque l'Alsace redevient française, ça n'a pas été évident
37:44pour les Alsaciens qui sont allemands depuis 40 ans ou quelque chose comme ça,
37:50oui presque 50 ans, de rentrer dans le moule jacobin français
37:57parce que le moule allemand avait plus d'autonomie,
38:00enfin bon, chaque région, chaque état avait ses particularités,
38:07alors on les place dans le moule français,
38:09on le repose dans la langue française,
38:10on en revoit des instituteurs français,
38:12donc ça n'a pas été évident nécessairement.
38:15– Et donc pendant 40 ans on a quand même boué le crâne de nos enfants,
38:19et c'est ça avec l'Histoire finalement,
38:21on a façonné une génération avec l'Histoire.
38:22– Voilà, c'est pour ça que je suis assez réticent
38:25à l'idée de roman national,
38:27parce que le roman national c'est aussi un travestissement d'histoire.
38:30Donc on peut raconter de l'Histoire d'une manière agréable
38:34sans en faire un roman, en tout cas un roman idéologique.
38:38Au contraire, comme je le disais, l'Histoire c'est une discipline
38:42qui est là pour nous apprendre le discernement,
38:44pour nous apprendre à réfléchir par nous-mêmes,
38:46si on fait de l'Histoire,
38:48ce que les instituteurs ou les professeurs devraient apprendre à leurs élèves,
38:52c'est à réfléchir par eux-mêmes,
38:53c'est-à-dire face à une information,
38:58comment, est-ce que je dois y croire ?
39:01Ce n'est pas parce que c'est écrit dans un livre
39:03ou écrit sur Internet que c'est vrai,
39:05et comment je peux contrôler, comment je peux vérifier,
39:08ça c'est ça aussi le rôle,
39:10à mon avis ça serait un des rôles principaux aujourd'hui
39:13d'un professeur d'Histoire.
39:15– D'un professeur d'Histoire,
39:16donc professeur d'Histoire à qui on peut conseiller votre livre,
39:20la consécutoire de l'Histoire.
39:21– C'est ce que dit d'ailleurs le professeur Tullard dans sa préface,
39:27voilà le livre que l'on devrait imposer à la place des manuels scolaires.
39:31Donc je vais laisser le dernier mot de l'Histoire à Jean-Philippe Tullard.
39:35– Je vais l'envoyer au propre nouveau ministre de l'Éducation.
39:39– Mais bien évidemment, il faut demander à Via Romana
39:41de faire un service de presse au ministère.
39:43Philippe Delors, merci infiniment.
39:45– Merci.
39:45– Via Romana, la contre-histoire de France,
39:49ni romance ni repentance,
39:51donc à mettre entre toutes les mains.
39:55– C'était Passer présent, l'émission historique de TVL
39:59réalisée en partenariat avec la revue d'Histoire Européenne.
40:03Vous allez maintenant retrouver Christophe Orlan et sa petite histoire.
40:07Avant de nous quitter, n'oubliez pas bien sûr de cliquer sur le pouce levé sous la vidéo
40:11et de vous abonner à notre chaîne YouTube.
40:13Merci et à bientôt.
40:15– Sous-titrage Société Radio-Canada
40:29Charlemagne, Charles le Grand, Carolus Magnus a régné de 768 à 814.
40:35Il est le petit-fils de Charles Martel,
40:38vous connaissez sûrement Charles Martel,
40:39vous savez, celui qui a repoussé l'invasion ottomane à Poitiers
40:43par la force et la ruse.
40:45C'est Charles Martel qui a fondé la dynastie des Carolingiens,
40:49bien que lui-même n'ait jamais régné.
40:51C'est son fils Pépin le Bresse qui a régné et qui a été sacré par le pape.
40:55Si le pape a sacré Pépin,
40:57c'est avant tout parce qu'il y voyait un allié face à Byzance
41:01et aussi face aux Lombards qui avaient des vues sur son royaume.
41:03Donc Pépin a été acclamé par les siens et désigné comme roi en 751,
41:09en lieu et place de l'ancien roi mérovingien,
41:12et ensuite, trois ans plus tard,
41:13le pape Zacharie s'est déplacé pour apporter le sacre.
41:17Son fils Charlemagne a été associé à ce sacre
41:20et c'est ainsi que la royauté franque a pu se poser en protectrice du Saint-Siège.
41:24Le petit-Charles a été élevé dans la langue tudesque,
41:27mais il parlait aussi très bien le roman et le latin.
41:30C'était quelqu'un de très cultivé
41:32et c'est ainsi que les historiens lui ont attribué la Renaissance,
41:35la fameuse Renaissance carolingienne au Moyen-Âge,
41:38qui est une véritable Renaissance intellectuelle.
41:40C'est ainsi également que c'est lui qui a eu cette idée folle.
41:44Un jour, non, il n'a pas inventé l'école,
41:45mais en tout cas, il a été le saint patron, le patron des écoliers.
41:49Ce qu'on lui doit également,
41:50c'est la propagation de la belle écriture caroline
41:53qui va structurer scripturalement le Moyen-Âge et l'Europe médiévale.
41:57Il créera l'Académie Palatine, sous l'impulsion d'Alquin,
42:01qui avait l'ambition d'être la Nouvelle Athènes,
42:03ou en tout cas de rassembler toutes les hautes autorités
42:07et de les former pour le Nouvel Empire carolingien.
42:09Faut vous en douter, la Renaissance carolingienne n'aura pas été qu'intellectuelle,
42:13elle aura été aussi une grande démonstration de puissance,
42:16d'autorité et aussi de puissance militaire.
42:18Et si cette armée a été si excellente,
42:20c'est justement grâce à l'invention et à la propagation de l'étrier sur les chevaux.
42:25Avant l'étrier, les gens montaient à cheval comme des guignols.
42:28Maintenant, c'est fini tout ça, on passe aux choses sérieuses.
42:30Ainsi, l'armée de Charlemagne a été la première à vraiment institutionnaliser l'étrier
42:35et à s'en servir, formant la plus puissante cavalerie d'Europe.
42:39Musique d'ambiance
43:03Les guerriers francs étaient des combattants redoutables,
43:06mais aussi, on ne pourrait pas ce que dire, des chevaliers,
43:08car ils étaient mûs par un sens du devoir et de l'honneur
43:11qu'on retrouvera dans la geste de chevaleresque.
43:14Mais surtout, ces cavaliers étaient très bien équipés,
43:16avec une armure et des armes lourdes,
43:18ils étaient sans doute les meilleurs guerriers de l'époque.
43:20Ainsi, en 1804, l'empereur pouvait disposer idéalement de 1800 vassaux directs,
43:26ce qui n'est pas rien,
43:27une centaine d'évêques, 200 abbés, 500 comtes et un millier de vassi dominici,
43:32c'est-à-dire ses hommes de confiance,
43:34sa garde rapprochée, un peu comme Balkany avec Sarkozy.
43:38J'ai raté la comparaison, là. Oubliez-tout.
43:40Dans l'idéal, il aurait ainsi pu disposer d'une armée de 36 000 cavaliers et de 100 000 piétons.
43:48Hé !
43:48Bon certes, c'est un nombre théorique qui se bat sur le nombre de grands seigneurs qu'il avait sous son autorité,
43:54mais on a pu avoir une petite idée de cette armée lors de la campagne du Danube.
43:58La campagne du Danube, c'est en 796,
44:01et Charlemagne a alors repoussé les Avars, qui étaient des nomades asiatiques,
44:05loin, très loin de Vienne, vers leur contrée.
44:08Et à cette occasion, il a donc disposé de 20 000 cavaliers et 45 000 fantassins, ce qui n'est pas rien.
44:14Dès son avènement, Charlemagne avait déjà conquis la plus grande partie de l'Italie
44:18et avait même coiffé la couronne de fer des rois lombards.
44:21En revanche, pour ce qui est de la campagne au-delà des Pyrénées,
44:24eh bien là, il n'a pas eu de chance, c'était un demi-échec,
44:27marqué notamment par la bataille de Roncevaux en 778,
44:31où l'arrière-garde de l'armée de Charles a été massacrée par des Basques.
44:35C'est d'ailleurs lors de cette bataille qu'est tombé le fameux Roland.
44:38Décidément, la France, dans ses conquêtes, on peut dire qu'elle n'a jamais eu de chance avec l'Espagne,
44:42confère à la campagne d'Espagne sous Napoléon.
44:44Mais en 1801, ses hommes, les hommes de Charles, ont tout de même été libérés Barcelone
44:49et ont ainsi conquis la Catalogne.
44:51Cette même Catalogne a ensuite servi de marche-pied pour la reconquista.
44:55Pour ce qui est du Nord-Est, eh bien Charlemagne y a mené plusieurs campagnes très dures,
45:00et c'est ainsi qu'il a conquis la Frise et la Saxe.
45:02La conquête de la Saxe en 782 est l'un des points noirs du règne de Charlemagne.
45:07A cette occasion, il faut rappeler qu'il a massacré plus de 4500 nobles saxons,
45:12mais ce n'était pas d'une motivation religieuse, elle était avant tout politique.
45:16La preuve, c'est que Charlemagne a fait conserver leurs poèmes sacrés.
45:19Mais comme vous vous en doutez, l'unité religieuse va de pair avec l'unité politique,
45:24et c'est cela que Charles a compris.
45:32L'unité religieuse
45:38L'unité religieuse
45:44L'unité religieuse
45:51S'il l'a compris et qu'il l'a appliqué, et il y a une bonne raison,
45:53c'est le concile de Francfort en 794 qui le proclame rex et sacerdos, roi et prêtre.
46:01A partir de là, Charlemagne agit en véritable chef d'église et agit également sincère dans les affaires ecclésiastiques.
46:07D'ailleurs, lors de son sacre, le 23 décembre 800,
46:10c'est à regret qu'il s'est agenouillé devant le pape pour recevoir la couronne.
46:14Certes, il a grogné, mais il l'a fait, et c'est une modestie que n'a pas eu Napoléon lors de son sacre.
46:19Vous savez que lors du sacre de Napoléon, le pape avait été sommé de s'asseoir là,
46:23de ne pas bouger sur son trône et de bénir le sacre,
46:26mais c'est Napoléon lui-même qui s'est posé la couronne sur la tête.
46:29Le sacre de Napoléon
46:34Malgré tout, on ne peut pas dire que Charlemagne n'a pas eu cet orgueil, mais après le sacre,
46:38après le sacre, il ne faut pas oublier que Charlemagne a proclamé son fils en se passant des avis du pape
46:44et en se passant du pape tout court.
46:46Charlemagne, lui, qui avait été porté par les siens, acclamé par les siens, qui s'était construit seul,
46:51ne supportait pas le rôle que se donnait le pape.
46:54C'est d'ailleurs toute une longue histoire entre les rois de France, les rois en général, et le Saint-Siège.
46:59Disons maintenant pour finir un mot sur l'empire carolagien, territorialement parlant.
47:04Il s'agissait d'un immense espace, un immense empire qui comprenait la France, l'actuel Pénélux,
47:10la Suisse, l'Allemagne jusqu'à l'Elbe, l'Espagne jusqu'à la vallée de l'Ebre,
47:14mais aussi la plus grande partie de l'Italie, l'Autriche, la Slovénie et une partie de la Hongrie.
47:19Il est à noter également qu'au-delà des frontières orientales, il y avait neuf peuples slaves,
47:23dont les Tchèques, les Slovaques, les Croates, qui étaient tributaires de Charles,
47:27tout comme les royaumes anglo-saxons qui vivaient en bonne intelligence avec l'empereur.
47:31Vous connaissez la capitale de Charlemagne, la capitale qu'il a instaurée, Aix-la-Chapelle,
47:35et bien c'est parce que le centre de gravité de cet empire était situé entre la Meuse et le Rhin.
47:41On ne peut pas dire que Charlemagne régnait seul puisqu'il s'était entouré,
47:44un peu un mélange entre les traditions germaniques et les traditions de l'empire romain,
47:49d'une aristocratie puissante qui l'avait sous son autorité, mais qui à la fois régulait son pouvoir.
47:54Indéniablement, il fit de son royaume le centre, le pôle de la civilisation médiévale européenne.
48:00Ensuite, cette Europe qui était unie sous sa domination, comme elle l'avait été sous la domination des Césars,
48:06s'est divisée en deux parties, donnant grossièrement la France, le royaume de France d'un côté,
48:12et le Saint-Empire romain germanique de l'autre.
48:14Merci à tous d'avoir suivi ce nouvel épisode de La Petite Histoire,
48:17j'espère qu'il vous a plu, je vous retrouve dans une nouvelle vidéo sur TV Liberté et en audio sur Radio Liberté.

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