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00:00Il est 7h47, on s'intéresse ce matin aux dégâts faits par les sangliers.
00:04L'an dernier, en Bretagne, l'Adir ouest a dénombré 272 accidents de la route avec des sangliers,
00:09les deux tiers ayant lieu à l'automne.
00:11Et il n'y a pas que sur la route que les sangliers provoquent des dégâts, dans les campagnes aussi.
00:16On en parle avec le président de la Fédération départementale de chasse d'Ille-et-Vilaine
00:19et de la Fédération régionale de Bretagne.
00:21Bonjour André Doir.
00:23Bonjour.
00:24Alors dans certains départements français, le sanglier est considéré comme un nuisible,
00:28mais ce n'est pas le cas en Ille-et-Vilaine.
00:30Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi, alors qu'on l'a dit, il fait beaucoup de dégâts ?
00:35Alors ça, il faut remonter il y a quelques années, dans les années 2000 exactement.
00:39Si vous voulez, nous n'avions pas cette problématique importante sur les populations de sangliers en 2000.
00:43Et justement, nous avons voulu nous y intéresser quand même,
00:46parce que nous n'avions pas idée ce que nous prélevions, ce que nous tuions en fait réellement.
00:51Donc nous avons mis en place ce qu'on appelle un plan de chasse.
00:54Un plan de chasse avec des mesures d'estimation des prélèvements
00:58qui nous a permis, je dirais, d'obtenir des données.
01:01Mais pour ce faire, s'il y avait eu la qualification de nuisible,
01:05nous n'aurions pas pu mettre ce plan en place.
01:08Donc nous l'avons classé gibier,
01:11ce qui nous a permis de mettre ce plan de gestion en place
01:14et nous a permis d'avoir des données fiables.
01:16C'était ça le but en réalité.
01:18Sauf que dans les faits, c'est quand même un nuisible.
01:21Alors en tout cas, il nuit à la vie de pas mal de Bretons.
01:24Je pense aux agriculteurs, mais aussi à ceux malheureusement qui ont des accidents de la route,
01:28avec ces sangliers.
01:29Il y a même des usagers des trains qui ont été bloqués il y a quelques jours encore en Bretagne,
01:33des particuliers dans leur jardin.
01:35Vous en abattez beaucoup.
01:37Dites-nous ce nombre, ce chiffre que j'ai moi-même découvert hier soir en préparant cette interview.
01:42L'exercice passé, c'était 6100.
01:44Pour l'Île-et-Vilaine uniquement ?
01:46C'est 20 000 en Bretagne, 6100 en Île-et-Vilaine.
01:49Alors il faut dire que vous venez d'utiliser le terme nuisible,
01:52qui n'est plus...
01:53Je serais tenté de dire qu'il n'est plus d'actualité.
01:56Parce que nuisible, c'est une ancienne dénomination,
01:58et je dirais réglementairement aujourd'hui, et au niveau national,
02:01en tout cas les textes ont rebaptisé les espèces dites autrefois nuisibles
02:05en espèces susceptibles d'occasionner des dégâts.
02:08À mon sens, plus adaptées, puisqu'effectivement,
02:11le sanglier est véritablement une espèce susceptible d'occasionner des dégâts.
02:14Alors 6 000 sangliers abattus en Île-et-Vilaine l'année dernière, c'est ça ?
02:20On n'a pas d'idée par contre sur combien de sangliers,
02:24et c'est un peu tout le problème, justement, André Doir.
02:26Oui, c'est le problème partout en France notamment, et ailleurs qu'en France.
02:31Je dirais qu'il n'existe pas de protocole scientifique qui nous permette,
02:34de méthode en tout cas, qui nous permette de procéder à des estimations de population.
02:39Ce sont toujours des estimations très très vagues,
02:41mais ça s'explique par l'animal lui-même, par le comportement.
02:45Vous savez, c'est un animal qui se promène sur des surfaces importantes,
02:50dans l'ordre de plusieurs milliers d'hectares.
02:52Donc si vous voulez, une compagnie d'animaux d'une vingtaine sur un endroit à repérer,
02:56elle peut apparaître quelques instants plus tard, beaucoup plus loin.
02:59Donc on pourrait faire des doubles comptes et on ne sait pas.
03:03En plus, c'est un animal très particulier, parce que si vous voulez,
03:06autant d'autres espèces, on peut compter de manière nocturne, je dirais.
03:09On repère les animaux au phare ou autre.
03:12Autant le sanglier est un animal très particulier que la nuit, on ne voit quasiment pas.
03:16Et il a l'air de bien proliférer en ce moment, en tout cas le réchauffement climatique lui semble favorable.
03:21Nos changements aussi peut-être dans les façons de cultiver, ça aide à ce qu'il y ait de plus de sangliers, c'est ça ?
03:27Oui, oui, je dirais l'explication face à cette prolifération, elle n'est pas sur un seul élément.
03:34Je dirais, c'est un ensemble de paramètres qui font que ça s'est développé et que ça continue de se développer.
03:38D'abord, l'agriculture a profondément changé.
03:40Si vous voulez, autrefois, les sangliers étaient principalement dans les bois, les taillis, tout ce qu'on veut.
03:45Et puis, je dirais, à l'hiver, par exemple, là qu'arrive l'automne,
03:48que toutes les cultures ont été récoltées, les maïs en dernier, par exemple, la plaine, c'était le désert.
03:56Or, maintenant, avec tout le phénomène d'interculture et autres, il y a toujours du couvert.
04:00Ils ont toujours à manger ces sangliers, c'est ça ?
04:02À manger, mais surtout du couvert.
04:03Ah, pour se cacher, vous voulez dire.
04:05Oui, parce que le sanglier va toujours privilégier sa sécurité, sa tranquillité à son alimentation.
04:10Il peut faire des kilomètres pour se nourrir, mais pour être en toute tranquillité,
04:16il va se planquer, excusez-moi l'expression, il va se dissimuler dans presque rien.
04:20Et donc, André Doir, vous qui êtes président de la fédération départementale de chasse d'Île-et-Vilaine
04:23et de la fédération régionale de Bretagne, ça coûte cher, très cher, même aux chasseurs, ce sanglier.
04:29900 000 euros en 2023 ?
04:32Non, c'était 800 000 euros en 2023, mais actuellement, nous travaillons sur le budget de l'exercice 25-26
04:40et nous prévoyons 900 000 euros.
04:41Et encore, nous ne savons pas si nous serons en dessous ou en dessus.
04:45Et pourquoi ça vous coûte, expliquez-le à nos auditeurs, parce que vous devez payer les dégâts ?
04:49Oui, la loi nous oblige, c'est une loi qui date de 1969, de mémoire,
04:54elle nous oblige à indemniser les dégâts aux cultures agricoles.
04:5768, je crois, cette loi, mais pratiquement.
05:00Mais en application 69.
05:02D'accord. D'où vient cet argent ? Vous arrivez à payer des sommes aussi importantes,
05:07rien que pour la fédération d'Île-et-Vilaine des chasseurs ?
05:09Oui, pour l'instant, on y arrive encore, mais ça devient de plus en plus compliqué. Pourquoi ?
05:12Parce que, si vous voulez, forcément, c'est le chasseur qui doit payer.
05:16Donc, nous sommes obligés de mettre en place des contributions.
05:18Donc, nous disposons d'une batterie d'outils et différentes mesures pour collecter cet argent.
05:24Alors forcément, vous savez bien, quand vous prenez de l'argent,
05:27vous sollicitez les gens pour qu'ils payent toujours un peu plus.
05:29Surtout en ce moment. Oui, surtout en ce moment, ce n'est pas bien vu,
05:32puisque c'est la tendance générale, je serais tenté de dire.
05:34Donc, ça pourrait mettre en péril des fédérations de chasseurs, selon vous ?
05:37Tout à fait. Au niveau national, on estime que d'ici 2-3 ans, si rien n'est fait,
05:41il pourrait y avoir une quinzaine de fédérations de chasseurs en banqueroute.
05:45Des solutions pour faire diminuer cette population des sangliers ?
05:50À part les abattres ?
05:51Les abattres, il en existe, je n'en connais pas d'autres.
05:54Alors, on peut toujours, je dirais, être un peu rêveur, utopique, si vous voulez,
05:58puisqu'on parle souvent de stérilisation.
06:01Là, j'ai du mal, je veux bien, sur le papier, c'était sans doute pas une mauvaise solution.
06:06Mais sur le terrain, ça me semble une autre paire de manches, si vous voulez.
06:10Comment nous allons vacciner ?
06:11Surtout, d'autant plus quand on connaît la durée de vie d'un vaccin
06:14et connaissant le taux de reproduction des sangliers et la vitesse à laquelle ils se reproduisent.
06:19Ça me semble un combat perdu d'avance.
06:21Merci beaucoup, André Edouard, d'être venu nous donner toutes ces explications
06:25sur la prolifération des sangliers en Bretagne.
06:27Notamment, vous êtes président de la fédération de chasse d'Ille-et-Vilaine
06:30et de la fédération régionale de Bretagne.