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MusiqueTranscription
00:00Bonjour Peter Cincotti.
00:02Bonjour Elodie.
00:04Pour mieux vous présenter, il suffit de lire le New York Times.
00:10Le journal new-yorkais vous considère comme, je cite, « l'un des chanteurs pianistes
00:14les plus prometteurs de la nouvelle génération ». Précisons que votre premier album a atteint
00:18la première place du classement jazz du Billboard, donc c'est le classement américain le plus
00:22prestigieux, faisant de vous à 18 ans, à ce moment-là, le plus jeune artiste à atteindre
00:27ce niveau.
00:28Précoce, vous l'avez donc toujours été, avec un apprentissage du piano entamé alors
00:32que vous n'aviez que 4 ans.
00:34Le premier à vous avoir repéré, c'est Harry Connick Jr, alors que vous étiez effectivement
00:39tout petit.
00:40Et vos concerts à New York dans les clubs faisaient salle-combe, vous êtes même produit
00:45à la Maison-Blanche, je crois que c'est un souvenir indélébile pour vous, avec toujours
00:49le regard et le soutien d'Harry Connick Jr.
00:51C'est d'ailleurs lui qui vous mettra le pied à l'étrier au début de cette carrière,
00:56aujourd'hui, après des collaborations avec Phil Ramon, David Foster, Andrea Bocelli
00:59ou encore David Guetta, vous êtes de retour avec un remix pop-électro-jazz réalisé
01:03avec le producteur français SoundClub.
01:05Cette collaboration ouvre-t-elle les portes, finalement, associées à cette tournée européenne,
01:11à la conquête de l'Europe, Peter ?
01:14Oui, d'abord, merci pour les gentils mots, mon dernier album c'est « All Alone », le
01:25remix bien sûr, c'est très différent de tout ce que j'ai fait, comme vous l'avez
01:29fait.
01:30C'est SoundClub qui l'a produit, et c'est une combinaison de styles, et oui, c'est
01:35le premier de d'autres sorties dans cette direction-là qui vont arriver, qui sont vraiment
01:41taillées en particulier pour la France.
01:42Ce qui est étonnant d'ailleurs, Peter, c'est que depuis que vous êtes arrivé sur
01:45le devant de la scène, il y a toujours eu ce soin à porter, à la fois la musique qui
01:49est au standard, qui vous ont bercé, qui vous ont donné envie de pratiquer et d'exécuter
01:54ce métier, mais aussi, vous avez toujours eu besoin d'apporter votre pierre à l'édifice,
01:58c'est-à-dire d'apporter vos propres compositions avec des nouveaux titres.
02:01Encore une fois, là, c'est un très bon combo, c'est une partie de votre personnalité ça,
02:07de mêler l'ancien et le renouveau ?
02:09Oui, merci encore pour ces noms, mais moi, je me considère comme un auteur-compositeur.
02:19Même très, très tôt, très jeune, avant de commencer sur la scène jazz, beaucoup
02:25de gens ne le savent pas, mais j'écrivais des chansons à 7-8 ans, et puis après, j'ai
02:30commencé avec le jazz et j'ai sorti mon premier album, et puis dans mon troisième album,
02:35je suis revenu à n'écrire que des morceaux originaux, dans un disque produit par David Foster.
02:42Mais au tout début, mon esprit, lui, est vraiment attaché à l'écriture et à la composition.
02:50Je joue et je chante juste pour faire sortir les chansons, et parfois, oui, j'utilise
02:54des grands classiques pour les réinterpréter, parce que j'aime tellement des vieux classiques,
02:59et puis j'adore essayer de trouver ma voix à l'intérieur de ces tubes.
03:02Dès le départ, vous avez commencé très jeune, à l'âge de 4 ans.
03:05Qu'est-ce qui fait que vous ayez eu envie de vous asseoir derrière cet instrument
03:08qu'est le piano, et de vous y donner un cœur ouvert ?
03:13En fait, j'avais 3 ans.
03:16Je dis ça parce que ma grand-mère m'a acheté un piano, un jouet, pour mon troisième anniversaire.
03:25Il y avait 10 touches dans cette boîte en bois, et puis elle m'a appris à jouer
03:29« Happy Birthday » dessus, et apparemment, je lui ai joué directement.
03:33Dès qu'elle me l'a montré, je lui ai rejoué immédiatement, et je suis devenu
03:37addict à cet objet.
03:39Puis à 4 ans, j'ai commencé à prendre des leçons, on a eu un vrai piano à la maison,
03:43mais j'étais vraiment attiré par ça.
03:46C'était inconscient, mais je ne pouvais pas arrêter d'y jouer.
03:49Et à ce moment où Harry Connick Jr. vous rencontre, il vous a toujours accompagné
03:53dans tout ce que vous avez pu faire, Peter.
03:55On va juste préciser que vous avez perdu votre père très jeune.
03:58Vous avez 13 ans quand votre père a disparu.
04:06Vous gardez quoi de ce père, justement ?
04:09Eh bien, mon père était une personnalité très forte, et j'ai vraiment beaucoup de
04:17chance de l'avoir eu pendant 13 ans.
04:19J'ai beaucoup appris de lui.
04:21Il est décédé au moment de mon premier concert professionnel à 13 ans.
04:29Il venait me voir dans le club.
04:31C'est quelque chose dont je n'ai jamais parlé auparavant, et surtout pas dans une
04:35interview, mais il se trouve que j'ai écrit une chanson sur cet album qui s'appelle
04:39« Close to my father ».
04:41Et ça raconte l'histoire de la perte de ce père, mais également le fait que quand
04:48on perd quelqu'un comme ça, on ne se répare jamais, on ne s'en remet jamais.
04:52La relation avec cette perte change au fur et à mesure du temps, mais ça ne s'en
04:56va jamais.
04:57Ce fantôme vous suit dans votre adolescence, dans votre jeune âge adulte, jusqu'à
05:02la quarantaine.
05:03Donc, la perspective sur cette perte change, mais il est avec moi tout le temps.
05:08Je me demandais comment vous arriviez à gérer la pression, finalement, parce que
05:12vous avez certes commencé très tôt.
05:15Est-ce qu'on arrive, avec le temps, Peter aussi, à se dire que tout ne peut pas être
05:20complètement parfait ?
05:23Je crois que le mieux que je puisse dire, c'est que d'une certaine manière, il y a
05:28une barrière de protection qui arrive à votre adolescence et à la vingtaine.
05:33Et l'innocence d'être jeune, et l'ignorance d'ailleurs, qui apporte le fait d'être
05:37jeune, ça arrête presque la pression, parce que vous dites que vous pouvez tout gérer.
05:44C'est plus tard dans la vie.
05:45Quand vous regardez en arrière, vous vous dites « mon Dieu, j'avais 13 ans, 21 ans
05:49quand j'ai fait ça ». On n'a pas cette perspective quand on est à l'intérieur
05:53dans l'œil du cyclone.
05:54Je ne sentais pas, moi, cette pression immense.
05:57J'avais juste l'impression d'être très chanceux de faire ce que j'aimais.
06:00C'est toujours le cas d'ailleurs, mais c'est vrai que les barrières de protection
06:04se sont un peu emballées avec le temps.
06:07Quand je me couche, je suis un petit peu plus conscient de ce que ça vous prend.
06:12Ça prend quand même beaucoup de choses.