• il y a 2 mois
Les ministres de l'Économie et de l'Industrie ont fait le déplacement hier à l'usine Sanofi de Lisieux, dans le Calvados. Antoine Armand a-t-il obtenu des garanties sur le maintien de la production du Doliprane dans l'usine normande ? Alors que Sanofi négocie le rachat de l'une de ses filiales Orpella par un fonds américain, le Ministre a promis aux salariés grévistes que le Doliprane continuerait à être fabriqué en France. Qu'en pensent les salariés ? Qu'attend le Maire du gouvernement ?
Sébastien Leclerc, maire Les Républicains de Lisieux, est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 15 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:027h43, l'invité de RTL Matin et Thomas, vous recevez aujourd'hui le maire de Lisieux, la ville qui redoute de perdre son usine Doliprane après l'annonce de Sanofi, il s'appelle Sébastien Leclerc.
00:14Bonjour et bienvenue sur RTL Sébastien Leclerc, monsieur le maire.
00:17Bonjour Thomas Soto.
00:19Suffit-il que des ministres fassent les gros yeux pour faire trembler ou reculer un groupe comme Sanofi ?
00:25On peut l'espérer pour la production du Doliprane à Lisieux, en tout cas leur réaction a été rapide après l'annonce de Doliprane de la vente à un fonds d'investissement américain.
00:37Il y a deux ministres qui sont du sud, l'économie Antoine Armand et celui de l'industrie Marc Ferracci.
00:42Antoine Armand a dit il n'y aura pas de myopie, on s'assurera du maintien du site de Lisieux, je ne m'interdirai pas de bloquer la vente.
00:49Merci, bonne journée, il n'y a plus matière à s'inquiéter ?
00:53Si, je pense qu'il y a encore matière à s'inquiéter.
00:55Ce qui est inquiétant c'est que tout le monde découvre que les négociations sont en cours depuis un an,
01:01que le sujet n'a pas été traité par l'ancien gouvernement alors que peut-être que Bruno Le Maire aurait pu le faire bien avant.
01:09Je pense que pour que l'État ait son mot à dire et entre rapidement dans la discussion et puisse faire contrepoids,
01:15il aurait fallu qu'il soit averti un peu plus tôt.
01:18On a l'impression que les deux ministres couraient un petit peu après le temps hier.
01:23On a l'impression que Bruno Le Maire, comme pour son budget d'ailleurs, a mis la poussière sous le tapis.
01:29C'est une négligence ou c'est une volonté de ne pas aider la ville et de laisser Sanofi faire ce qu'elle veut ?
01:35Certains syndicats parlent de trahison, vous vous mettez en cause Bruno Le Maire,
01:38comment vous analysez ce laissé-aller ou cette poussière qui a été planquée sous le tapis ?
01:43Je pense que peut-être que les choses vont mal en France depuis un petit moment.
01:49Peut-être que la dissolution a permis de masquer encore les choses
01:55et que c'est Michel Barnier et son gouvernement qui récupèrent les pots cassés et qui doivent tout réparer maintenant.
02:02Michel Barnier, il a un gros sujet en ce moment, c'est construire un budget pour l'année prochaine.
02:06Il doit faire 60 milliards d'économies. La vente partielle de l'usine coûterait 15 milliards.
02:12Quand vous entendez le gouvernement qui dit qu'on est prêt à mettre de l'argent public, c'est un geste fort.
02:16On se dit mais vous y croyez ou pas ?
02:19Je pense que ce qu'on peut regretter c'est que la France ne fasse pas de proposition à Sanofi.
02:25On aurait pu espérer un groupement puissance publique, capitaux privés avec des capitaux privés français peut-être ou européens.
02:33Et puis ainsi pouvoir dire aux Américains que la vente ne convient pas.
02:39Elle est contraire à notre conception de la souveraineté de la production du médicament.
02:43Oui, je pense que la France, l'État, pouvait encore bloquer les choses.
02:48On peut encore le faire, on peut encore agir sur le sujet avec l'aide de la BPI par exemple.
02:54En quoi c'est une atteinte à la souveraineté de la France ?
02:56Parce qu'on rappelle quand même que vous fabriquez le médicament mais que le composant chimique, il n'est pas fabriqué en France.
03:02Non, mais il allait l'être puisque la production de paracétamol arrive dans le Rhône, si mes informations sont bonnes, dans les semaines qui viennent.
03:15Donc on était là dans la conception du Président de la République de recentraliser, de ramener en France toute la chaîne de production de ce médicament
03:26qui est le produit préféré des Français, Doliprane.
03:32Doliprane, c'est 350 millions de boîtes à Lisieux.
03:36Sanofi prévoyait et a commencé à faire 20 millions d'investissements pour augmenter cette production de 140 millions de boîtes pour passer à 500 millions.
03:45Quand on voit Sanofi qui fait 20 millions de travaux, en général on ne fait pas 20 millions de travaux pour fermer une usine.
03:49Ça ne vous rassure pas ça ?
03:51Peut-être qu'ils ont habillé la mariée un petit peu pour la vendre plus facilement.
03:56On a entendu votre méfiance envers le gouvernement, notamment le précédent gouvernement.
04:02Et quand Sanofi dit que le médicament, le Doliprane, continuera à être fabriqué en France, on va maintenir l'emploi, vous y croyez ou pas ?
04:09Quel est votre degré de confiance ?
04:11Si la vente d'Opela se fait aux Américains, à court terme, je pense qu'il n'y aura pas de changement pour le Doliprane à Lisieux.
04:18Le site est rentable, mais le fonds d'investissement risque de chercher à le faire fructifier au maximum pour en tirer tous les bénéfices.
04:27Le risque, c'est qu'il n'y ait plus aucun investissement dans les années à venir sur l'outil de production, ni en recherche et développement.
04:33Et puis que dans 4 ou 5 ans, ce fonds d'investissement décide de revendre Doliprane, de revendre Opela à un autre fonds qui pourrait délocaliser les emplois, le savoir-faire.
04:46Évidemment, la production pour que le site devienne, pour que le Doliprane devienne à nouveau rentable, donc à très court terme, non.
04:52A 6, 7, 8 ans, on peut s'inquiéter.
04:55En gros, vous avez peur qu'on vous la fasse à l'envers, mais à terme, à moyen terme, c'est ça ?
04:59Oui, c'est ça. On ne pèse pas beaucoup, vous l'avez dit, ce fonds d'investissement amène 15 milliards.
05:06Lisieux est une tête d'épingle à côté de ces 15 milliards proposés par le fonds d'investissement.
05:12Quelles conséquences aurait la fermeture, on n'en est pas là du tout, de l'usine Doliprane à Lisieux ? Qu'est-ce que ça représente pour vous dans la ville Doliprane ?
05:20Doliprane, c'est un fleuron à Lisieux. On est reconnu à l'international pour la production du Doliprane.
05:28Évidemment, c'est un fleuron français de la production.
05:31Ce serait une perte de savoir-faire. Le site est rentable.
05:36Les salariés que j'ai rencontrés hier me le disaient, on n'a pas de revendications salariales.
05:40On est plutôt bien traité par Sanofi. Ce qu'on a peur, c'est de perdre notre travail, notre outil dans lequel on travaille pour presque 40 ans pour certains.
05:50J'ai vu un monsieur hier qui part à la retraite l'année prochaine après 40 ans de Sanofi.
05:55Ils sont inquiets pour ce magnifique outil qui est la production du Doliprane à Lisieux.
06:01Sébastien Leclerc, monsieur le maire de Lisieux, j'ai une dernière question.
06:04Ce qu'on ressent, c'est la formidable défiance ou l'absence de confiance totale entre les uns et les autres,
06:10entre les salariés et les politiques, les politiques et les grandes industries comme Sanofi.
06:14Comment vous expliquez cette défiance généralisée ?
06:18D'abord, vis-à-vis du gouvernement, je pense que les élus locaux sont très méfiants.
06:23Moi, j'ai vécu la fermeture de la sucrerie de Cani quand j'étais député.
06:29J'ai vu Elisabeth Borne l'année dernière venir à Lisieux et déplacer beaucoup de moyens sans qu'il nous en arrive derrière.
06:38Je pense qu'il y a cette méfiance qui se fait à l'égard du gouvernement.
06:43Et puis vis-à-vis des industriels et du monde de la finance.
06:49Je vous le disais tout à l'heure, on n'est pas sur les mêmes moyens.
06:55J'ai un budget municipal qui tourne autour de 35 millions d'euros par an pour faire vivre la mairie de Lisieux.
07:01Quand on achète Opéla pour 15 milliards, je vous laisse imaginer ce qu'on représente pour ce fonds d'investissement.
07:08Merci beaucoup Sébastien Leclerc. On précise que ce ne serait que 50% d'Opéla qui seraient vendus.
07:13Sanofi garderait 50% dans l'affaire.
07:16On a aussi une pensée pour l'usine Opéla de qu'on piègne, dont on imagine que les salariés doivent partager les mêmes inquiétudes que vous.
07:20Merci d'avoir été en direct de Lisieux avec nous.
07:22Merci également à Pierre-Yves Falson qui était à vos côtés.

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