ÉDITO - Gouvernement Michel Barnier: "L'immigration est quand même devenue une obsession"

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Le gouvernement souhaite présenter un deuxième texte en deux ans sur ce sujet, après que son précédent projet de loi a été voté par le RN qui parlait alors de "victoire idéologique". Avant cela, l'Assemblée nationale va étudier le budget pour 2025, examiné en commission ce mercredi.

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Transcription
00:00La politique, Mathieu Croissante ou la porte-parole du gouvernement, Maude Brézon, l'a annoncée hier sur BFMTV.
00:05Il y aura donc bien une nouvelle loi immigration ? On l'écoute.
00:10Il faudra une nouvelle loi immigration pour adapter un certain nombre de dispositions.
00:14On présentera ces propositions législatives plus tôt en début d'année 2025.
00:20Et on ne s'interdit pas au sein de ces propositions législatives d'y mettre d'autres dispositions
00:26qui, encore une fois, nous apparaîtraient au sein du gouvernement et avec les discussions qu'on aura avec les groupes parlementaires
00:32comme utiles pour protéger les Français.
00:35Michel Barnier avait pourtant semblé écarter cette hypothèse.
00:37Oui, c'était le 4 octobre dernier sur France 2.
00:40On vient de légiférer, on va appliquer les règles pour mieux maîtriser l'immigration, avait dit le Premier ministre,
00:45qui avait annoncé des mesures rigoureuses pour maîtriser les flux migratoires.
00:50Je rappelle quand même que la dernière loi a été promulguée il y a huit mois,
00:54que les décrets d'application qui permettent à cette loi d'entrer en vigueur ont été pris quand ?
00:58Le 14 juillet, donc il y a trois mois seulement.
01:01Alors, ça dit deux choses.
01:02D'abord qu'on peut faire des rapports, des collocs sur ce qu'on appelle en France l'inflation normative, l'inflation législative.
01:08On fait toujours beaucoup trop de lois.
01:11Et puis, la deuxième chose que ça dit, c'est que l'immigration est quand même devenue une obsession.
01:16Mais comment expliquer ce revirement en particulier ?
01:19En fait, il y a une double pression.
01:20Il y a d'abord une pression de la part du Rassemblement national qui la réclame,
01:24cette loi immigration, qui trouvait que la précédente n'était quand même pas assez dure selon lui.
01:28Et amadouer le parti de Marine Le Pen avec ce genre de phrase,
01:31avant les débats budgétaires où on se demande comment le RN va voter,
01:35c'est peut-être un des projets du gouvernement.
01:37Ensuite, il y a une pression à l'intérieur du gouvernement,
01:40de la part de celui qui se rêve en homme fort et qui est en train de prendre ses rêves pour des réalités.
01:44J'ai nommé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
01:46Alors, Michel Barnier, le 4 octobre, avait pris soin de dire
01:49c'est moi qui fixe la ligne en matière d'immigration.
01:51Mais la vérité, c'est que c'est Bruno Retailleau qui est en cuisine
01:54et que l'immigration, lui, alors là, à coup sûr, c'est son obsession.
01:57C'est lui qui avait truffé la précédente loi, dite d'art manin,
02:00de toute une série d'amendements il y a un an,
02:02avec la complicité silencieuse des macronistes qu'il tenait dans sa main.
02:07Je rappelle que la plupart de ces amendements avaient d'ailleurs été retoqués
02:10par le Conseil constitutionnel,
02:11essentiellement pour des questions de formes, d'ailleurs plus que de fonds.
02:14Donc, ce sont des amendements qui vont nécessairement réapparaître dans le nouveau texte de janvier ?
02:17Officiellement, il s'agit surtout, avec ce nouveau texte,
02:20de permettre la prolongation de la rétention administrative
02:23des étrangers clandestins jugés dangereux.
02:25Vous savez, c'était après la tragique histoire de Philippines.
02:30Donc, une des pistes, ce serait de faire passer la durée maximale de rétention
02:33de 90 à 210 jours, ce qui est autorisé seulement pour les cas en matière de terrorisme aujourd'hui.
02:39Mais Bruno Retailleau entend bien, oui, faire réapparaître
02:42ces quotas migratoires fixés par le Parlement,
02:44le rétablissement du délit de séjour irrégulier,
02:46la caution, tout ce qui avait été durci pour les étudiants étrangers,
02:49tout ce qui a été durci pour le regroupement familial
02:52et même toutes les restrictions sur le droit du sol.
02:54On imagine déjà la virulence des débats à l'Assemblée nationale sur ces mesures.
02:58Ça a des chances d'être voté, tout ça ?
03:00Alors, ça provoque déjà, évidemment, une levée de boucliers à gauche.
03:03On rappelle quand même que c'est le 32e texte depuis 1981.
03:08Mais ça touche aussi chez les macronistes,
03:10où la précédente loi avait provoqué une crise sans précédent.
03:12Il y a même eu une démission du ministre de la Santé qui est repassée à gauche.
03:16Depuis, le Rassemblement national, lui, qui avait voté la précédente
03:19pour saluer la « victoire idéologique » de son parti,
03:22vous vous souvenez des mots de Marine Le Pen,
03:23il devrait faire, évidemment, monter les enchères, haut, très haut.
03:26On verra avec Jordan Bardella tout à l'heure.
03:28Mais nous voilà repartis, au fond, alors que la France a plein d'urgences à régler.
03:32On va repartir pour des semaines, des mois de débats sur l'immigration.
03:35C'est un jour sans fin avec Bruno Rotaïo dans le rôle de la marmotte, j'ai envie de dire.
03:39Et je n'ai pas forcément très envie de regarder le film.

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