• il y a 2 mois

Aujourd'hui, dans "On marche sur la tête", Cyril Hanouna et ses invités reviennent en compagnie de Marie Griessinger, sur la vie de Bernard Tapie, à l'occasion de la parution ce jeudi d'un livre, portrait de l'homme d'affaires.
Retrouvez "On marche sur la tête" sur : http://www.europe1.fr/emissions/on-marche-sur-la-tete

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Transcription
00:00Europain, 16h-18h, on marche sur la tête, Cyril Hanouna.
00:0517h42 sur Europain, on est en direct, on est ensemble jusqu'à 18h, merci Marie Grissinger, Tapie d'être avec nous, belle fille de Bernard Tapie.
00:12Vous sortez une biographie, Tapie comme Bernard, aux presses de la Cité, une biographie que vous avez écrite avec l'accord d'ailleurs de Bernard Tapie.
00:19Bernard Tapie donc pour vous c'était votre beau-père.
00:22Oui c'était mon beau-père, c'était presque un père parce que j'ai connu, j'avais 17 ans.
00:26Donc j'ai connu Bernard pendant 30 ans, de la même façon que c'était un père pour moi, mes parents étaient comme des parents pour mon mari.
00:33Mon beau-père m'a vu grandir en fait.
00:38Vous avez connu Laurent, que j'embrasse d'ailleurs, Laurent Tapie, que j'aime beaucoup, à l'âge de 16 ans.
00:43Et donc là vous rencontrez Bernard Tapie, très jeune.
00:46Oui je le rencontre très jeune, au début je ne fais pas trop attention à lui parce que moi j'arrive de Polynésie, je découvre la France.
00:53C'est la première fois que je quitte mes parents, je suis très amoureuse de Laurent.
00:58Donc son père est un peu un accessoire dans l'histoire et puis petit à petit je me rends compte qu'il prend beaucoup de place.
01:04Il a beaucoup de caractère moi aussi, donc ça commence de façon assez houleuse.
01:09Ah ouais, comment ça commence pour vous avec Bernard Tapie ?
01:12Ben ça commence qu'il se dit oh elle est mignonne, elle est jolie, elle ne va pas trop m'emmerder.
01:18Et puis rapidement j'y prends son fils, notamment quand ils regardent le foot tous les deux,
01:24j'interromps leur espèce de complicité fusionnelle devant les matchs et il me lance des regards noirs.
01:33Parfois il m'aboit dessus, donc je réponds, je n'avais pas l'habitude qu'on me parle comme ça.
01:37Et je finis systématiquement en larmes parce qu'à 17 ans être face à Tapie, je ne faisais pas le poids.
01:43Ah ouais, d'accord. Il était compliqué ou pas ? Difficile à vivre Bernard ou pas ?
01:48Il était super difficile à vivre, assez colérique.
01:51Alors c'est marrant parce que lui nous disait mais non je suis juste un peu sous-polé,
01:55mais bon vous pouvez imaginer que juste sous-polé ça ne correspond pas vraiment à Bernard.
02:01Il était beaucoup plus que ça, mais ça c'était la façade extérieure, c'était un peu les défauts super apparents.
02:08Et puis quand on enlevait tout ça, le fond était juste top, généreux, disponible pour sa famille.
02:19Alors justement, c'était quoi sa relation avec Laurent, un de ses fils ? Il y a aussi Stéphane que j'embrasse également.
02:25Laurent, comme je le disais tout à l'heure, complètement fusionnel avec Laurent.
02:30Laurent n'a pas du tout grandi dans l'ombre d'un père trop charismatique.
02:35Il était en admiration devant son père, il le suivait partout depuis tout petit, il assistait à tous ses exploits.
02:43Il était je pense un peu comme dans un film parce qu'il assistait aussi à tous les bastons,
02:48parce que Bernard était très bagarreur, il pouvait descendre de voiture pour se bagarrer.
02:54Moi-même j'ai assisté à des bagarres assez impressionnantes, donc pour Laurent c'était tout pour lui.
03:03Et puis quand il a perdu son père, ça a été très très long de s'en remettre.
03:07Je ne pense pas qu'il sera un jour complètement remis d'ailleurs.
03:11C'est fou ce que vous dites parce que c'est vrai qu'on le sent, Laurent on le sentait très très proche de son père.
03:18Et moi je connais bien Stéphane moi aussi, c'était une autre relation.
03:22Stéphane et Laurent, ils étaient tout le temps avec leur papa ou c'était plus compliqué pour Stéphane ?
03:29Je sais qu'il y avait une relation très forte avec Stéphane aussi,
03:33qui était peut-être moins présent au quotidien, mais n'empêche que quand ça allait mal, Stéphane était toujours là.
03:39A la fin de la vie, Stéphane était toujours là, toujours à l'hôpital avec son père aussi.
03:44De toute façon c'est une famille où quand ça allait mal, le clan se ressoudait très très fort.
03:50Exactement, ils étaient très proches.
03:52Il m'appelait tout le temps pour Sophie, il me disait tout le temps Sophie, il me demandait d'autres trucs,
04:01mais c'est vrai que Sophie c'était aussi sa petite protégée.
04:04Il aimait beaucoup ce qu'elle faisait en musique, il s'intéressait beaucoup à elle.
04:08Il a beaucoup de points communs avec Sophie, d'ailleurs ils se ressemblent physiquement.
04:11C'est vrai, c'est vrai.
04:13Alors justement, pourquoi vous avez décidé d'écrire cette biographie sur Madame Tapie ?
04:17Vous avez eu d'ailleurs son accord, parce que c'est un matin au petit déjeuner,
04:20vous lui avez dit je vais faire ça, et il vous a dit allez-y.
04:23Alors déjà, Bernard ce qu'il aimait faire c'était encourager ses enfants à exploiter leurs talents.
04:29Il savait repérer les talents, on l'a vu dans le foot,
04:31et du coup il était le premier heureux que ses enfants développent leur qualité.
04:40Donc moi il avait trouvé que c'était l'écriture, et toute ma vie il m'a dit écrit, écrit,
04:44et quand je ne bossais pas il était fou de rage.
04:47Et donc je finis par sortir un premier roman chez Albin Michel qui concernait mes parents,
04:54et Bernard lisait le manuscrit au fur et à mesure,
04:57toujours très difficilement parce que dans l'histoire mon père était malade,
05:00et dans la vie aussi d'ailleurs,
05:02et donc ça émeuvait beaucoup Bernard,
05:05et il n'arrivait pas à lire plus de trois pages d'affilée,
05:08mais il adorait mon style, et il avait voulu à cette époque-là être dans mon premier livre.
05:13Il m'avait dit bon, c'est très bien, tu parles de ton père,
05:16mais ça pourrait être encore plus intéressant de mettre aussi ton beau-père dans l'histoire,
05:21et de comparer nos deux personnalités tellement différentes,
05:25ton père très discret, très effacé, un scientifique,
05:29avec ma personnalité, c'est un peu les deux pères de ta vie,
05:33mets-moi dans l'histoire, et je lui avais dit non Bernard,
05:35là je tiens vraiment à écrire sur mon père,
05:38et quand ça a été édité, un jour au petit déjeuner en vacances,
05:42parce qu'on était toujours ensemble en vacances,
05:44je lui ai demandé maintenant est-ce que je pourrais écrire un livre sur toi,
05:47et il était emballé.
05:49Donc en 2015, c'est un livre que j'ai écrit,
05:53a vécu à mes côtés pendant six ans,
05:56en commençant sans m'imaginer que je finirais ce livre sans lui,
06:01quand j'ai commencé il n'était ni malade, ni ruiné,
06:05c'était juste un livre sur Bernard,
06:07et en fait il s'avère que c'est un livre écrit en instantané
06:10sur toutes les dernières années de sa vie,
06:13et puis que je pensais finir quand il est parti,
06:16et toute la deuxième partie est sur le deuil,
06:19parce que quand on perd un homme comme lui, un géant,
06:24ça laisse un vide immense.
06:27Alors justement, Bernard Tapie,
06:29vous dites que, vous semblez dire dans le livre,
06:31que la politique l'a tué,
06:33ça a été vraiment le début des emmerdes.
06:36Oui, en fait, c'est le début de la fin la politique,
06:41c'est le début des affaires,
06:43je pense qu'il représentait un vrai danger politique,
06:46il a commencé, il était au sommet,
06:49c'était les victoires de l'OM,
06:51donc la mairie de Marseille lui était quasiment acquise,
06:54puis après c'était un des hommes les plus populaires de France,
06:58donc il pouvait rêver d'être un jour président,
07:02et je pense qu'on l'a vu arriver de loin,
07:05et que des forces politiques se sont déchaînées contre lui,
07:10en tout cas il en était convaincu.
07:12Oui, c'est ça, alors il vous a dit avant de mourir,
07:15que s'il se rétablissait, il deviendrait président de la République.
07:18Oui, il nous a dit ça avant de mourir,
07:20comme quoi c'était vraiment le rêve de sa vie.
07:22Vous imaginez qu'il était, les dernières semaines,
07:25au fond de son lit, et qu'il dit à Laurent,
07:27tu sais Laurent, si je sors des portes de l'enfer,
07:31je me présente à la présidentielle,
07:34et Laurent, un peu plus lucide, lui dit,
07:37bon t'as pas de parti, t'es quand même pas très en forme,
07:40premier ministre peut-être,
07:43et Bernard lui dit, ah ouais,
07:45premier ministre ça aurait de la gueule.
07:47Justement, Bernard Tapie,
07:50qu'est-ce qu'il penserait aujourd'hui d'Emmanuel Macron,
07:53qu'est-ce qu'il pensait d'ailleurs d'Emmanuel Macron,
07:55qu'est-ce qu'il pense de Jean-Luc Mélenchon,
07:57parce que tu sais qu'il est en contact avec Jean-Luc Mélenchon.
07:59Il n'était pas emballé par Emmanuel Macron,
08:03voilà.
08:05Il disait quoi quand il le voyait à la télé ?
08:09Déjà, quand il l'a vu arriver,
08:11il avait dit, je crois publiquement d'ailleurs,
08:13il avait dit, on ne confie pas un Boeing 747
08:16à quelqu'un qui n'a jamais piloté que des avions à hélice,
08:21et puis après, je pense que quelqu'un
08:25qui parlait des gens qui ne sont rien,
08:27sachant que Bernard partait de rien,
08:30ça ne lui a pas trop plu, quoi.
08:33Donc voilà, pour Emmanuel Macron.
08:35Mélenchon, c'est différent,
08:37Mélenchon, c'est quelqu'un qu'il a toujours suivi,
08:41Mélenchon a vu arriver Tapie en politique,
08:44ils étaient proches tous les deux de Mitterrand,
08:47donc pour Bernard, c'était toute une époque, en fait, Mélenchon.
08:50Ça ne veut pas dire qu'il était adhérent à LFI
08:53parce qu'il a appelé Mélenchon en fin de vie,
08:56ça veut juste dire qu'ils avaient des souvenirs en commun,
08:59un respect mutuel, voilà.
09:01La seule référence de Tapie en politique,
09:04son seul coup de foude, c'est Mitterrand.
09:06Oui, on le sait.
09:07C'est Mitterrand qui l'a foutu dans la merde.
09:09Oui, on le sait, oui.
09:11Oui, on le sait, donc ce n'est pas la peine de le rappeler.
09:15C'est Mitterrand qui l'a envoyé dans le mur.
09:17Je n'ai pas l'impression que...
09:19Non, je n'ai jamais vu qu'il disait du mal de Mitterrand.
09:22Oui, je sais, moi je peux en dire.
09:24Mais cela dit, il n'était pas rancunier, Bernard.
09:26Et nous, ça nous rendait fous,
09:28parce que même les gens qui lui faisaient les pires crasses,
09:30il revenait toujours vers eux.
09:32Moi, comme j'aime beaucoup Bernard...
09:34C'était un bon gars, Bernard.
09:36J'aime beaucoup Bernard, donc forcément Mitterrand,
09:38je pense qu'il l'a vraiment envoyé dans le mur.
09:40Vous avez une question ?
09:42Oui, ce qui est intéressant, c'est que malgré tout,
09:45sa grande histoire, c'est la politique.
09:47La politique qui l'a pourtant emmené vers des emmerdes,
09:51comme dirait Cyril, mais jusqu'au bout et au dernier moment,
09:54son grand espoir, et ce qui pouvait le maintenir encore,
09:57c'est de s'imaginer encore dans un monde politique.
10:00Oui, il avait une grande idée de la République, des institutions.
10:03Pour lui, c'était le but ultime.
10:05Il a quand même tout vendu.
10:07Il a vendu une des plus grosses marques mondiales
10:09pour être ministre de la ville.
10:11Qui fait ça ? C'est juste dingue.
10:13C'est incroyable.
10:15C'était vraiment son rêve.
10:17Pour lui, le business, et Adidas notamment,
10:19c'était juste être un marchand de pompes.
10:22Mais être ministre, servir son pays,
10:25c'était vraiment ce qu'il rêvait de faire,
10:27et très sincèrement.
10:29Fabien, très vite, il nous reste une minute.
10:31Il avait une passion surtout formidable, c'est la chanson,
10:33parce qu'il aurait voulu être chanteur.
10:35Il rêvait d'être Gilbert Bécaud.
10:36J'en ai parlé souvent avec lui, parce qu'il me posait des questions.
10:38La chanson qu'il aurait voulu faire et chanter,
10:40c'était « Et maintenant » de Bécaud.
10:42Quand je lui ai raconté l'histoire que la chanson s'est passée
10:44dans un avion avec une actrice qu'il avait croisée
10:46à six à côté, qui partait voir son fiancé
10:48quand elle est remontée de Nice au Paris,
10:50il s'est séparé de son fiancé.
10:52Et c'est comme ça qu'il a dit « Et maintenant, qu'est-ce que je vais faire ? »
10:54D'ailleurs, Bernard chantait à la maison beaucoup,
10:56il avait une voix extra,
10:58et quand même quand, vous savez,
11:00il avait tout le temps des nouvelles catastrophiques,
11:02on pouvait recevoir un recommandé
11:04où c'était une nouvelle amende de 50 millions
11:06pour le fisc, enfin à la fin
11:08il les jetait à la poubelle, bref.
11:10Et il était abattu, mais deux minutes après
11:12on l'entendait chanter dans les couloirs.
11:14Des chansons de Sophie souvent d'ailleurs.
11:16On embrasse également.
11:18Merci Marie Grissinger Tapie d'avoir été avec nous.
11:20Le livre s'appelle « Tapie comme Bernard »
11:22aux éditions Presse de la Cité.
11:24Merci d'avoir été avec nous sur Europe 1.
11:26C'était un plaisir, merci vraiment de me recevoir.
11:28Vous avez toujours été proche de la famille.
11:30Je les aime, bah oui, vous le savez.
11:32Merci en tout cas d'être là.
11:34C'est Laurence Ferrari, Punchline, sur c'est nous et Europe 1 tout de suite.
11:36Et merci encore Marie, le livre est magnifique.
11:38Merci, on se retrouve demain à nous sur Europe 1. Merci les chéris.

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